- Citation :
- « Il se lia d'amitié à deux soldats qui le sauvèrent lors d'une de ses premières confrontations et se vantèrent d'être toujours en vie malgré toutes leurs batailles : le semi-démon Yvan et le lycan Gaï. »
Raconte nous cette fameuse bataille et dans quelles circonstances les deux soldats sont venus à ton secours...
«
Cotte de mailles, viens par ici. »
Le sergent Brebert venait de l'appeler. Barth posa son marteau et remit l'épée sur laquelle il travaillait dans les braises. Puis il s'approcha du colosse démoniaque et levant la tête comme à son habitude quand il parlait à ses supérieurs :
«
Oui, vous n'êtes pas satisfait de mon travail sur votre lame ?−
Tu participeras à la prochaine charge. » lacha le sergent avant de tourner les talons.
Encore ! Ce sera le troisième combat auquel il allait participer. Non pas qu'il en était fier, mais il préférait de loin rester dans sa forge. Sur le champ de bataille, il risquait sa vie à chaque instant et de par sa petite taille, personne ne le verrait s'il était blessé. Après chaque escarmouche, seul un tiers des blessés pouvait espérer être vraiment soigné, les autres étaient destinés à trouver une solution par eux même ou agoniser parmi les corps du carnage. Enfin, c'était les ordres et puis se défouler un peu ça ne lui ferait pas de mal. Il lui restait deux heures avant la bataille, suffisamment pour se préparer et réaffuter sa hache.
Vêtue de son éternelle cotte de mailles, source de son surnom, de son casque nanique et de ses jambières métalliques, Brath est nerveux. Il attend, accroché fermement à sa hache à deux mains. Planté dans le sol elle le dépasse d'une demi-tête, ce qui lui valait plus d'une raillerie, notamment de la part des démons de plus de deux mètres. Il faut aussi remarquer qu'ils n'étaient que trois nains dans le bataillon. Ses deux confrères affichaient des armes moins ostentatoires, mais elles n'en étaient pas moins redoutables. En première ligne, il voyait l'armée de rebelle face à lui qui n'attendait qu'une seule chose : les éparpiller aux quatre vents. C'est dans ces moments-là qu'il regrettait d'avoir quitté son clan.
«
Ne serre pas ta hache comme ça. Tu ne vas attraper que des douleurs dans la main et ce n'est pas recommandé avant une bataille»
La voix provenait d'un géant à sa gauche. Tous les soldats paraissaient géants pour Brath, mais celui-là était plus grand que les autres. Il devait faire une tête de plus que son sergent. Une musculature très prononcée, une chevelure assez longue d'un noir d'ébène, une mâchoire carrée, il devait sans doute être d'origine Lycan.
«
Je suis un peu tendu. C'est la découverte du champ de bataille. −
Ne t'inquiète pas, tu vas vite apprendre à le connaître. Sinon, c'est que tu es mort, lâcha le lycan dans un rire. Moi c'est Gaï.−
Brath, le forgeron du camp.−
Quoi, on envoi même les forgerons. C'est qu'il manque beaucoup d'hommes. Il faut dire qu'avec la défaite qu'on a subie la semaine dernière, c'était à prévoir. Si aujourd'hui on est victorieux, la prochaine ville, à trois jours de marche, nous est livrée sur un plateau d'argent. Et à nous les femmes, la bière et un bon lit !Gaï du interrompre son commentaire enjoué sur les plaisirs que lui offrirait la victoire, car l'ordre d'attaquer avait été donné.
Toute la troupe avançait du même pas ferme sur l'ennemi alors que Brath devait trottiner pour maintenir le rythme. Sa hache le handicapait beaucoup. C'est que normalement il marchait à son rythme de nain ou qu'il chargeait en courant, soit plus vite que maintenant.
Une salve de flèches leur tombait dessus. Personne ne ralentit, les boucliers furent sortis pour offrir un abri de fortune, quelques hommes tombèrent, mais tous continuèrent. Certains supportaient la douleur des flèches plantées en eux, la espérant rendre à leur ennemi. Brath fut chanceux, le gros des flèches ayant touché l'arrière du bataillon.
Ils étaient maintenant suffisamment proche de l'autre bataillon pour voir leurs yeux. Ils se mirent à charger tandis que leurs adversaires les attendaient sans bouger, les lances tendues. Juste avant de se faire dépasser par tout son bataillon, Brath entendu Gaï lui crier dans un rire :
«
Tâche de garder la tête sur les épaules !»
Et voilà, encore une fois il se trouvait être le dernier à rejoindre le champ de bataille.
Arrivant enfin à proximité du maelström de la bataille, il fit tournoyer sa gigantesque hache avant de l'abattre sur les jambes d'un ennemi. Elles furent coupées nettes. Il acheva l'homme d'un coup sur la poitrine qui lui écrasa les cottes.
Brath continua son avance dans la bataille tout en faisant tournoyer sa hache, technique élémentaire, mais qui avait l'avantage d'éloigner tout ennemi potentiel de peur de se faire faucher par la lame aiguisée. Seul au centre de son petit cercle, il vit un géant, qui accusait facilement les deux mètres et demi, s'approcher de lui et observer la hache. Une fois celle-ci passée juste devant l'homme, il s'avança rapidement pour mettre un terme à la vie du nain. Cependant, Brath connaissait la parade, aussi il s'accroupit et tourna sur lui-même avec son arme pour lui augmenter son inertie et terminer plus rapidement sa rotation avant de frapper vers le haut. L'impact fut violent, la lame fendit littéralement l'armure de l'homme et s'enfonça dans sa cage thoracique. Il s'écroula sans avoir compris comment le nain l'avait terrassé. Brath du lâcher son arme, coincée dans le corps qui chutait. Il se dépêcha de la retirer, mais sans succès. Absorbé par sa tâche, il ne vit pas l'homme dans son dos qui, ayant repéré une proie facile, se préparait à le tuer. Il ne vit pas non plus le semi-démon qui décapita l'homme dans son dos. Il chuta alors sous le poids du cadavre qui lui tomba dessus. C'est alors que le semi-démon aida Brath à se relever en repoussant sa victime.
«
C'est toi le nain forgeron ? −
Oui, mais...−
Gaï m'a dit de garder un oeil sur toi. Il parait que t'es nouveau sur le champ de bataille. Alors, laisse-moi te donner un conseil, laisse ton arme où elle est et prends-en une autre. Ce n'est pas ce qui manque à terre !Le nain s'exécuta et ramassa la rapière de son défunt assassin.
«
Maintenant tu surveilles mes arrières et moi les tiens. Ça augmentera nos chances de survie à tous les deux.−
Heu oui, sans problème. » Brath était surpris par le comportement du démon, mais enchanté d'avoir quelqu'un avec qui partager le combat.
Ainsi accompagné, le nain ne vit pas le temps passer ni les morts tomber. Sans s'en apercevoir, 2h après le début des hostilités, ils remportèrent la victoire voyant les survivants du camp adverse s'enfuirent. Mais les soldats de l'AT n'étaient pas de cet avis et les fuyards durent éviter un certain nombre de flèches et de poursuivants à la recherche de toujours plus de sang.
La victoire acquise, les soldats pillaient le champ de bataille et achevaient les blessés. De son côté, Brath parti récupérer sa hache toujours plantée dans le mort. Il essaya encore sans succès de la retirer quand le semi-démon qui ne le quittait pas l'écarta et arracha l'arme du corps dans un bruit d'os brisés. Tenant l'arme au dessus du nain, il l'examina en vantant ses qualités.
«
C'est une très belle hache que tu as là. −
En effet, c'est une œuvre naine. Maintenant, si tu pouvais me la rendre. −
Minutes, c'est pas tous les jours qu'on peut admirer une si belle arme. −
Yvan, rends-lui sa hache.»
Gaï, d'un ton autoritaire, revenait d'un pas décidé vers nos deux compères avec quelques trophées en mains.
«
Tu me donnes des ordres toi maintenant ! répliqua Yvan
−
Il n'y a que ça que tu comprends espèce de démon sanguinaire. Mais si tu veux, je peux te couper quelques doigts en plus ?−
Et bien viens, je t'attends. lâcha-t-il la hache pointée vers Gaï et brandissant son épée.
−
Tu tiens si peux que ça à ta misérable vie que tu la mets en jeux contre moi ?−
Arrêtez, intervint Brath. Il y a eu assez de morts pour aujourd'hui. −
On rigole le nain, répondit Gaï après avoir laissé s'installer un climat de haine entre eux.
Puis il envoya une tape dans le dos du semi-démon. Tape qui aurait mis à terre n'importe quel nain, mais le géant ne bougea pas et renvoya la pareille à son compagnon dans un éclat de rire :
«
Ça fait trois ans qu'on se connait et qu'on fait cette guerre ensemble. Tu ne trouveras nulle part ailleurs de meilleurs vétérans que nous. Toujours sur le champ de bataille, toujours en vie et avec tous nos membres. Au fait, je me présente, Yvan, semi-démon…−
Tu noteras le semi, qui lui laisse une certaine humanité. l'interrompis Gaï.
−
Et voici Gaï, un lycan à la mâchoire relativement puissante. reprit le démon.
−
Moi c'est Brath et je suis aussi le forgeron du camp, mais la plupart des gens m'appelle Cotte de mailles à cause de mon métier.−
En tout cas, permets-moi de te donner un conseil. Continua-t-il en rendant sa hache à Brath. Si tu la perds dans la bataille ne la cherche pas. Tu risques simplement de te faire tuer sans voir ton adversaire. À la place, ramasse une arme qui traine et continue de te battre. Si tu survis aux cinq premières minutes du carnage, tu en trouveras à la pelle.
−
Le mieux c'est d'avoir une seconde arme à la ceinture, ça t'évite de chercher. −
Merci pour le conseil, je tâcherais de ne pas l'oublier.−
Vaut mieux pour toi que tu ne l'oublies pas Cotte de mailles, il n'y a pas de seconde chance ! railla Yvan. Un forgeron c'est super important pour le camp, si tu veux, avec Gaï, on peut se faire les prochaines batailles ensemble et se protéger mutuellement. T'as pu le remarquer, la coopération n'est pas vraiment de mise au cœur de la bataille.−
Ça me parait une bonne idée, répondit le nain enchanté.
−
Bon, alors laisse-moi te donner quelques conseils pour qu'on n’ait pas un boulet avec nous lors de la prochaine bataille, plaisanta Gaï
Et ils retournèrent ensemble au camp, en forgeant cette nouvelle amitié.