[TERMINE] Perdu? Non! En manque de repère visuels! [PV Phalène] | |
| Dim 14 Oct - 14:51 | | | | Bon, d'accord je le savais. On m'a prevenu, averti, mis en garde, ... "Attention, cet foret est un veritable labyrinthe pour les visiteurs" "Etann, evite d'aller la bas si tu veut revenir avec toute ta tête!". On me l'a dit, et moi j'ai fais le fier et j'y suis allé. Cretin. Si pour le moment je n'ai pas l'impression que cette foret rende fou ou prenne mes souvenirs... Mais en revanche, impossible de retrouver mon chemin. Ou toute autre sentier pouvant me mener quelque part. Bien sur, je suis le seul fautif. Mais en meme temps, qui a eut l'idée de creer pareil lieu! Errer, errrer, errer. Depuis combien de temps? Je ne sais pas vraiment, la brume enlève la notion de temps en meme temps que les repères visuels. Je dirais approximativement 3 jours... Peut-être moins, mais le temps parrait si long quand le paysage est recouvert d'un fin film gris. Pas ou peu de vie, pas de vent, pas de soleil... Et dire que j'ai economiser toute une année pour pouvoir partir des Montagnes pendant mon congé! La prochaine fois j'irais cuire au Feu plutot que de remettre les pieds ici. Et encore, il faudrait que j'en sorte... Un arbre, un de plus mais qui m'attire particulièrement... "Toi et moi on va bien s'entendre!" Le tapis de mousse que je discerne a ses pieds semble m'appeler "Etann... viens dormir, viens te reposer, tu le merite!" Après tout, pourquoi pas? Une petite pause bien meritée...
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| | Dim 14 Oct - 17:28 | | | | Un cri rauque perça le silence, mais fut vite étouffé par l'épaisseur de la brume entre les arbres. Munin cria encore, deux, trois fois, et puis se tut comme s'il comprenait enfin qu'aucune voix ne pouvait porter dans ce paysage molletonné. Phalène sifflotait un air guilleret, manifestement peu inquiétée par l'étrangeté du lieu. Son regard bleuté se portait autour d'elle, et c'était comme une promenade anodine, dans un endroit certes joli mais dont l'intérêt restait franchement limité. Sa petite silhouette se promenait entre les rideaux de brouillard, entre les fins tracés des arbres, alors que sur son épaule la forme noire du corbeau s'agitait d'un air grognon.
Toujours chantonnant, Phalène poursuivit son chemin, écartant de son bâton les feuillages qui entravaient sa progression. Le sol était presque invisible, couvert de brume, mais elle distinguait à peu près où elle mettait les pieds. Heureusement le sol était plutôt égal, et la marche assez aisée pour quelqu'un qui avait l'habitude d'aller dans des montagnes où la neige s'amusait à couvrir de traîtresses crevasses et où on ne pouvait jamais vraiment se fier au terrain.
Arrivée dans ce qui semblait être une petite clairière dévoilant un coin de ciel gris et uniforme, elle aperçut ce qui ressemblait à la silhouette de quelqu'un qui, de toute évidence, s'apprêter à siester sous un de ces grands arbres au tronc noueux dont les noeuds de bois semblent dessiner des visages tortueux.
La jeune femme s'arrêta non loin, frappant le sol de son bâton pour chasser les fumerolles blanches qui affluaient autour d'elle.
-Si j'étais vous, nous ne ferions pas un somme sous cet arbre, soldat.
Sa voix douce, teintée de son fort accent des Montagnes, résonna dans le silence, vite étouffée par la brume. Sur son épaule, Munin crapahuta pour observer l'étranger de ses petits yeux sombres, le fixant avec le même regard impénétrable que celui de sa maîtresse.
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| | Phalène
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| | Lun 15 Oct - 14:45 | | | | -Si j'étais vous, nous ne ferions pas un somme sous cet arbre, soldat.
Etann se retourna rapidement. Une silhouette se dessinait dans le brouillard. Bien que petite et visiblement pas menaçante physiquement, ses étranges drapés sombre donnait une connotation mystique à l'inconnu qui s'avançait. La voix en revanche, indiscutablement féminine, sonnait à ses oreilles comme un souvenirs recent. Les Montagnes. Il ne s'était jamais aperçut de cet accent si spécifique à leur contrée et était apaisé de le retrouver. Hesitant sur la conduite a tenir il jeta à nouveau un regard a la mousse. "Viens dormir Etann! Tu ne crains rien, tu n'en sera que plus fort après un bon sommeil!" Il se retourna vers la femme - Qui etes vous?
Question stupide et si niaise. Qui pourrait en quelque mot dire qui il est? Bien que la réponse attendue soit souvent un prenom, on pouvait douter que toute une existence ce resume ainsi. Mais Etann n'y pensait pas, trop concentré a regler le dilemme entre la mousse et l'inconnue. -Et Pourquoi ne devrais-je pas m'y reposer?
Demanda-t-il, une pointe d'agressivité dans sa voix.
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| | Sam 20 Oct - 17:12 | | | | Phalène sourit. Simplement, doucement, cette expression de madone qui lui faisait imperceptiblement baisse le long rideau de ses paupières cernées, comme si elle riait secrètement à une farce qu'elle seule comprenait. Un instant, son regard se détourna de l'inconnu et se perdit au loin, pensif, attentif, également; et puis, après un moment de silence, elle le fixa à nouveau de ses grands yeux bleus.
-Qui je suis? Ce que je suis?
Elle fit une pause, et son sourire s'élargit.
-Je suis Phalène.
La jeune femme était probablement la seule personne au monde qui pouvait répondre ainsi; elle ne donnait pas son nom, ça n'était pas ce qui était demandé, elle disait en un mot ce qu'elle était. Phalène, c'était un concept en soi.
-Les brumes sont traîtresses, soldat, reprit-elle d'un ton plus grave. On dit qu'il ne faut pas prendre de repos sous les arbres de la forêt, on dit qu'ils volent vos souvenirs et votre esprit.
Ses paroles furent ponctuées par de petits coups frappés sur le sol du bout de son bâton. Sur son épaule, le corbeau immobile comme une statue ne cessait de fixer l'homme de son regard sombre. Drôle de tandem, tous les deux... Et puis, un fin sourire étira la bouche de Phalène alors qu'elle couvait l'homme d'un regard compatissant.
-Vous n'entendez rien, sans doute... Ah, c'est bien dommage. Les voix dans la brume ont tant de choses à raconter! Vous devriez y prêter l'oreille, comme nous.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Sam 20 Oct - 21:48 | | | | -Qui je suis? Ce que je suis? La jeune femme sourie et repris. Je suis Phalène. Il y eut un instant de silence, que le soldat utilisa pour noter le nom dans un coin de sa tête. -Les brumes sont traîtresses, soldat. On dit qu'il ne faut pas prendre de repos sous les arbres de la forêt, on dit qu'ils volent vos souvenirs et votre esprit. Le regard de l'oiseau, le sourire de la femme, son aspect irrel et la brume des lieux assurèrent a Etann qu'il avait déjà perdu ses esprits. La scène semblait issue d'allucination dont aurait été victime un soul. Il jeta un regard au parterre et soupira. "Autant garder mes souvenirs maintenant que mon bon sens s'en est allé..." Il fit donc un pas sur le coté, comme pour montrer à la femme qu'il suivrait ses conseils. -Vous n'entendez rien, sans doute... Ah, c'est bien dommage. Les voix dans la brume ont tant de choses à raconter! Vous devriez y prêter l'oreille, comme nous.
Cette fois ci, il se demanda si ce n'était pas Phalène elle même qui avait perdu la tête. Des voix? Nous? Il avait perdu toute agressivité et considera la jeune femme avec inquietude, tachant de mettre dans ses mots douceur et delicatesse pour ne pas la véxée. - Bonsoir Phalène. Je me nomme Etann.
Il sourit legerement et continua - Je prendrais garde desormais, dans la mesure du possible, à ne pas m'allonger sous ces arbres...
Etann se tu et fit mine de tendre l'oreille. - Je n'entends rien. Que vous dit la brume?
Il jeta un regard mefiant au corbeau qui ne se decidait pas a le lacher du regard. "Qu'est ce que tu me veut toi?"
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| | Sam 27 Oct - 16:40 | | | | Phalène souleva un sourcil perplexe en percevant le changement de ton soudain du personnage. Bon, au moins, il n'avait plus l'air de la cataloguer parmi les ennemis potentiels, c'était déjà ça. A vrai dire elle n'était même pas tout à faire sûre qu'il soit réel; il y avait tant de choses qu'elle croyait voir, surtout sous les frondaisons pâles de ces bois étranges...
Munin ne le lâchait pas des yeux, car lui savait très bien ce qu'il avait en face de lui, et comme toujours, il mettrait encore un long, très long moment avant de décider si cela constituait un danger pour lui ou pour sa maîtresse. Comme souvent, c'était l'oiseau qui semblait avoir les pieds sur terre, et non la jeune femme. Elle finit par sourire, doucement, levant les yeux en l'air.
-Oh, des choses et d'autres. Sa voix se mêle à celles des arbres. Ils chantent, parfois.
Son regard bleu se posa de nouveau sur lui.
-On m'a mise en garde. De toute manière, ami, croyez-vous prudent de vous endormir ici? Regardez la brume. Voyez comme elle bouge.
Ce disant, elle souleva le bout de son bâton, et des lambeaux vaporeux y restèrent accrochés, se tortillèrent un instant avant de se diluer dans l'air. Autour d'eux la masse mouvante, blanche, sillonnée de silhouettes sombres et immobiles, ressemblait à un océan, vivant, mouvant, animé d'un lent et long flux dont on peinait à distinguer l'ordre et le sens. Elle frappa le sol de quelques petits coups, et les vapeurs s'écartèrent d'elle brusquement, comme dérangées par le bruit.
-Voyez, nous avions raisons. La brume n'est pas hostile, elle est seulement... Elle-même, comme nous sommes tous.
Un haussement d'épaules fit cliqueter les ornements de perle et d'os glissés dans ses cheveux et dans son vêtement. Munin, immobile comme une statue, veillait sans bouger un cil de ses petits yeux sombres.
-Mais que faites-vous là, soldat? Êtes-vous perdu? Il me semble que ces bois ne sont pas bon terrain pour vos activités guerrières. Vous n'apparetenez pas ces lieux, je le sens.
Et puis, histoire d'en être certaine, elle franchit la distance qui les séparait en quelques pas agiles qui firent s'entrechoquer les multiples colifichets qu'elle portait. Son manteau s'ouvrit quand elle tendit le bras vers lui, dévoilant sa robe sombre, usée, couverte comme sa cape de motifs compliqués brodés de fil bleu. Les doigts qui se déployèrent pour effleurer son visage étaient usés, petits, couturés de cicatrices et couverts de tatouages. Elle s'écarta vite, alors que le corbeau sur son épaule faisait gonfler ses plumes d'un air hostile.
-Au moins vous êtes vivant, c'est déjà un début, reprit-elle d'un ton guilleret en hochant les épaules. Racontez donc. Pourquoi vous, pourquoi ici?
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Lun 29 Oct - 20:14 | | | | Convaincu d'être face à une personne victime des tourments des bois, Etann l'écouta avec politesse. Certes les lieux étaient étranges, mais il avait déjà passé plusieurs heures et dormit a deux reprise et ne se sentait pas diminué pour autant. Quand la jeune femme se rapprocha, il resta interdit, tant sa présence semblait irreel. Il en était tellement préocupé qu'il ne vit pas tout de suite la main qui s'approchait vers lui. Quand il compris ce qu'elle cherchait à faire, il se tendit, refusant de voir une fois de plus son corps etre traverser comme de la fumée. Ce serait lui qui passerait pour un fou etrange, un maudit, un... Des doigts fins vinrent se poser sur son visage. Ils étaient là, en contact avec la peau tannée du jeune homme des montagnes. Une infinité de souvenirs reprirent forme, et envahirrent l'esprit d'Etann. Les mains rugueuses de son père, les caresses de sa mère, les langues rapeuses des chiens, ... Mais déjà, Phalène avait reculé et tout s'effrita. La sensation n'était plus qu'un vague souvenir indescriptible. Amer. -Au moins vous êtes vivant, c'est déjà un début. Racontez donc. Pourquoi vous, pourquoi ici? Il resta un moment immobile. Qui était-elle? Etait-ce elle qui pouvait le toucher? Ou bien avait-il perdu son pouvoir? Etait-ce définitif? Phalène s'était-elle rendu compte de ce qui s'était passé? - Je suis perdu.Finalement, cette phrases résumait aussi bien ce qu'il faisait ici que l'état actuel de ses pensées. - Je suis en congé, je voulais voyager. Mais qui étes-vous? Pourquoi avez vous réussit à... D'ou venez vous vraiment? Il se mordit les lèvres, les phrases qu'il débitaient étaient incapable de faire comprendre l'état d'incompréhension dans lequel il se trouvait.
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| | Mar 30 Oct - 13:00 | | | | Phalène, fixant l'homme d'un air attentif, s'assit. Ou plutôt, elle se laissa tomber sur son séant, en tailleur, enveloppée de son long manteau. Son baton fut déposé au sol, entre eux deux, et elle lui adressa un sourire doux avant de parler. Sa voix était lente et mesurée, son regard soudain plus vif, plus attentif, et animé de cette gaieté légère et diffuse, comme si elle était au-dessus de tout ça, comme si elle comprenait autre chose. En réalité, elle profitait d'un rare éclair de lucidité, comme il lui en venaient parfois, fugaces comme l'éclaircie après l'orage.
-Perdus, nous le sommes tous un peu, soldat. Vous semblez l'être plus que tout autre.
Une pause, elle le laissa poursuivre et son visage s'éclaira d'un franc sourire.
-Alors nous venons du même lieu, ami. Je viens des montagnes. Loin, à l'est. Mes pères et les pères de mes pères y vivent depuis que le monde est monde.
Sa mine se fit espiègle, et elle cessa alors d'utiliser la langue commune pour parler celle que les tribus des montagnes utilisaient entre elles.
-Mais je devine un autre sens à votre question, reprit-elle avec plus de sérieux.
Elle continuait à fixer le soldat avec un imperceptible sourire, et toujours cette étincelle vague au fond de ses jolis yeux bleus. Le trouble soudain de l'homme, et la question qu'il n'avait pas voulu poser en entier n'avaient pas échappé à son attention. Elle était curieuse, maintenant, curieuse car elle sentait quelque chose, chez lui; le malaise léger, persistant, qu'elle ressentait en restant proche de lui trahissait la chose.
Munin restait perché sur son épaule et sembla se désintéresser du personnage, veillant en silence, les yeux à demi clos.
-D'où je viens vraiment?
Elle pencha la tête sur le côté, curieuse.
-Si la question est de savoir si je suis humaine, je peux vous la retourner.
Et soudain, d'un geste d'une vivacité suprenante, elle plonga vers lui et lui saisit le poignet. Sa main était si petite que ses doigts rongés par les engelures ne parvenaient qu'à peine à faire le tour de son bras et il pouvait tout à fait s'en défaire, s'il le voulait. Là n'était pas l'important. L'important était le frisson qui lui venait, ce pressentiment qui lui pionçonnait la colonne vertébrale, quelque chose... Un murmure? Quelque chose clochait. Une voix chuchota dans sa tête, quelque chose s'agita, un vent glacé venu du fin fond des ténèbres, un tourbillon, tout emporté.
Les yeux de Phalène se voilèrent, soudain, et son esprit se disloqua de nouveau; l'éclaircie était passée.
Elle voulut le tirer à elle, et rapprocha son visage du sien. Ses yeux profonds comme des gouffres étaient des puits d'eau claire, limpides, si clairs, et pourtant si troublés...
-Je viens d'où l'ombre vient, chuchota-elle. J'ai la laissé la chair et le sang et l'âme aux frontières des brumes, je suis morte, et deux fois née.
Et puis elle s'écarta, comme si de rien n'était, le corbeau sur son épaule crapahutant de-ci de-là pour garder sa stabilité, se nichant dans ses cheveux quand elle se tint de nouveau droite.
-N'est-ce pas un endroit un peu étrange pour se reposer?
Sa question vint, suspendue dans l'air infusé de brume, prononcée d'une voix douce, paisible, comme si elle poursuivait une conversation qui n'avait pas eu lieu.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Mar 30 Oct - 19:13 | | | | Elle venait bien des montagnes, cette nouvelle ramena Etann sur terre. Car tout, depuis son entrée dans la foret, le faisait douter un peu plus. La limite entre le reel et l'ireel devenait si floue... -Si la question est de savoir si je suis humaine, je peux vous la retourner.
Elle s'était assise et lui paraissait encore plus fragile. Presque inhumaine. "Je peux vous la retourner". Au fond lui aussi etait "presque inhumain". Sauf qu'il refusait à quiconque le droit de le lui faire remarquer sa différence. Parce que s'il n'était pas humain, il n'était plus rien. Aucune race, aucun clan, aucune famille a laquelle rattacher sa nature. Elle attrapa son poignet et il tressallit a nouveau. Il sentait doucement le sang venir par a-coup dans ses doigts, etrange sensation. -Je viens d'où l'ombre vient, chuchota-elle. J'ai la laissé la chair et le sang et l'âme aux frontières des brumes, je suis morte, et deux fois née.
Il fronça les sourcils. Les limbes? Déjà, elle avait repris un air normal, comme s'ils conversaient du temps, assis a un café de Sen'stura -N'est-ce pas un endroit un peu étrange pour se reposer? Il s'assit a coté d'elle et regardant dans le vide - Etrange... Oui, très etrange. Tellement different de nos montagnes. Mais ici tout est brumeux, alors je me suis que peut être...Il laissa sa phrase en suspent et passa sa main au travers de l'étrange oiseau noir perché sur l'épaule de sa maitresse. Avec un soupir, il ramena sa main devant lui et agita ses doigts, comme pour s'assurer qu'ils étaient encore la. - Que peut etre un etre brumeux comme moi serait à sa place ici. Mais c'était sans doute une erreur. Il detacha son regard de ses doigts et toucha du bout de l'index l'épaule de Phalène - Ou peut etre pas...
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| | Mer 31 Oct - 13:08 | | | | Phalène ne dit mot en voyant la main du jeune homme transpercer Munin comme s'il n'existait pas. Elle ne dit rien non plus quand elle sentit le contact, bien matériel cette fois, de ses doigts sur son épaule, ne fit que regarder, écouter, comprendre. Ses yeux bleutés le fixaient avec une espèce de fascination à peine dissimulée, tandis qu'elle savait maintenant la cause du trouble certain qu'elle avait constaté chez lui quand elle l'avait touché. Alors, doucement, lentement, avec cette étrange sérénité qu'elle avait parfois, et parla.
-Nous avons tous notre place quelque part, dit-elle. La vôtre ne semble pas ici.
Elle le regardait dans les yeux, et on pouvait y voir dans leurs limpides remous comme une compassion sincère, et quelque chose d'infiniment doux. Sa petite main couverte de tatouages se posa très délicatement sur son épaule dans un geste rassurant. Son contact était étrange, une sensation fugitive, comme un fourmillement sous ses doigts. Il semblait pourtant tout à fait normal, elle sentait la chaleur, elle sentait battre son sang et son pouls, et pourtant... Phalène était curieuse, et ça n'était pas la première fois, loin de là, que ses yeux contemplaient quelque chose que son esprit ne saisissait pas. Elle était patiente, et savait que les réponses viendraient quand elles le voudraient bien.
-Nous appartenons de corps et de sang à la terre qui nous a vu naître, reprit-elle d'une voix paisible, à peine plus élevée que le murmure des feuilles dans le vent. Vous avez votre place en ce monde comme chaque créature, Etann. Tout comme nous. Un jour vous comprendrez laquelle vous est échue, tout comme nous l'avons compris nous-même il y a bien longtemps, et ce jour-là vous serez en paix.
Son sourire s'accentua imperceptiblement, et elle posa le bout de ses doigts sur son front.
-Peu importe ce que vous êtes en vérité, peu importe même si vous n'existez qu'à mes yeux seuls, il y a un rôle pour vous.
Phalène garda un instant le contact, et puis ôta sa main, qui disparut aussitôt dans les replis de son manteau.
-Croyez-moi, reprit-elle en souriant. Un jour vous verrez que j'ai raison.
Elle resta un moment silencieuse, observant autour d'eux le paysage de brumes mouvantes. Etrange lieu, étrange monde. Elle avait longtemps, longtemps marché pour venir jusqu'ici, poussée par les vents étranges de sa raison à géométrie variable. Quelque chose l'avait poussée jusqu'ici et à vrai dire, elle aimait cet étrange lieu d'ombres fugaces, drapé de blancs suaires et peuplé de murmures fugitifs. Il y avait de la vie, là; elle sentait fourmiller les choses, autour d'elle. Murmures, frissons, tout se mouvait et tout remuait autour de la clairière où ils se tenaient. Même l'arbre vénérable au pied duquel le soldat avait voulu s'endormir semblait s'animer, vivant, bien plus qu'il n'aurait dû l'être, peut-être.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Ven 2 Nov - 17:51 | | | | -Nous avons tous notre place quelque part, dit-elle. La vôtre ne semble pas ici.La voix douce de Phalène était apaisante, réconfortante. Elle semblait énoncer des vérités sans vraiment les comprendre, comme des faits indiscutables. Et c'était rassurant de sentir qu'il existait des cadres dans ce monde qui lui paraissait de plus en plus incertain. Pour la troisième fois il sentit le contact de sa main sur lui. Mais il tressaillit pas, tendant tout son esprit pour graver cette sensation. A présent, au même titre que sa voix, sa main était source de réconfort. Passé les souvenirs, elle le ramenait dans le présent, le rattachait a la terre. -Nous appartenons de corps et de sang à la terre qui nous a vu naître. Vous avez votre place en ce monde comme chaque créature, Etann. Tout comme nous. Un jour vous comprendrez laquelle vous est échue, tout comme nous l'avons compris nous-même il y a bien longtemps, et ce jour-là vous serez en paix.Sa voix s’élevait comme un murmure, parfaitement adaptée au lieu. Si sa voix lui donnait l'origine des montagnes, il était indéniable qu'elle était passée par d'autres étapes au cours de sa vie. -Peu importe ce que vous êtes en vérité, peu importe même si vous n'existez qu'à mes yeux seuls, il y a un rôle pour vous. Croyez-moi, Un jour vous verrez que j'ai raison.En parlant, elle avait posé son doigt sur son front, geste qui avait tiré un sourire au jeune soldat. Dans son esprit, il remettait de l'ordre. - Je vous fait confiance. Puisse ce jour venir rapidement. Et vous, êtes vous en paix? Il la dévisagea un instant. Elle n'avait pas l'air en conflit avec elle même, mais elle semblait perdu au point de ne plus s'en rendre compte. A moins qu'elle ne soit lucide au point de ne plus le supporter....
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| | Sam 10 Nov - 19:08 | | | | Phalène eut à nouveau l'une de ces douces expression de madone sereine, alors que ses paupières se baissaient légèrement sur ses yeux bleus. Son apparence et ses expressions étaient déroutantes, car parfois elle affectait des gestes ou des mimiques de petite filles, tandis que d'autres fois, lorsqu'elle semblait plus lucide, il semblait que son visage devenait soudain plus mature et se teintait d'une étrange douceur maternelle. Elle était sans âge, mais on devinait, dans les ridules au coin de ses yeux, dans l'usure de ses mains et de son être, l'âge qui s'en venait, et la fatigue lasse d'une vie d'errance.
En paix? Elle sourit. Vaste question, trop complexe, et Phalène ne pouvait y répondre simplement.
-Nous avons trouvé notre place, si cela peut répondre à votre question. Cela nous suffit. Nous savons quel rôle nous est échu, et nous nous y tenons. Rien de plus.
Revenant à la vie dans le monde qu'elle avait quitté au coeur de l'hiver, Phalène s'était longtemps demandé quelle pouvait être la place d'une orpheline qui avait tout perdu, y compris la raison? La réponse était venue, peu à peu, et s'était dessinée à ses yeux, jusqu'à ce qu'elle eut compris ce que le destin lui réservait. Même elle, même elle qui n'aurait pas dû vivre, qui n'aurait pas dû être là, même l'anomalie qu'elle était avait trouvé son chemin, alors pourquoi pas lui? Elle savait où menait sa route, au fond d'elle: osciller entre les mondes, un pied ici et un pied de l'Autre Côté, soumise aux vents contraires de son esprit tourmenté, elle savait. Qu'importent les mondes, les royaumes et les cités, les pouvoirs, les démons et les rois. Elle était mémoire, et cette mémoire se devait d'engendrer, d'ensemencer, de se perpétuer, pour des siècles et des siècles.
-Nous sommes la voix de notre peuple, reprit-elle de la même voix chantante. Nous sommes ses souvenirs, sa mémoire vivante et nous chantons chaque jour pour que cela ne se perde pas. Nous sommes un peu de toutes les rumeurs, de toutes les chansons, de tous les contes. Et nous les faisons vivre, pour toujours, nous les répandons de par le monde pour qu'ils ne meurent jamais.
Sa bouche tatouée s'étira dans un sourire franc et joyeux.
-Et nous aimons cela. Nous savons notre importance, même si beaucoup disent que nous ne servons de rien. Peu nous importe, justice nous sera un jour rendue.
Que oui, elle connaissait son importance... Elle portait en elle l'héritage de tout un peuple et toutes les chansons, tous les mots, toutes les histoires qu'elle avait entendues. Elle était plus importante que les rois, les princes, que les puissants et les riches. Sa fortune ne s'épuisait jamais, ne cessait de croître et ne pouvait être dérobée. Elle était un trésor, pour les souvenirs qu'elle portait.
-Et vous soldat, quel est votre rôle, dans cette histoire? Car je devine que même si vous dites n'avoir votre place nulle part, vous appartenez bien à quelque chose, n'est-ce pas?
Son regard se fit inquisiteur, le détaillant des pieds à la tête. Elle plissa légèrement le nez en voyant les armes qu'il portait, comme si celles-ci lui inspiraient du dégoût.
-Portez-vous les couleurs d'un seigneur? S'enquit-elle en penchant la tête sur le côté.
Une pause, et son regard s'égara soudain par-dessus l'épaule d'Etann alors que sa voix se réduisait à un murmure.
-Quelle paix peut-donc trouver un homme dont le métier est de tuer?
Elle se secoua, cligna des yeux d'un air confus et sourit.
-Nous n'aimons pas les guerriers, et tenons la guerre en horreur. Ils font de grandes histoires, de bons héros, ils font et défont les contes et les épopées, mais nous ne les aimons point, savez-vous? Je n'en ai guère vu qui ne fasse grand cas des gens de notre sorte, ils ne professent que dédain pour nous. Nous le leur rendons bien, croyez-nous, mais nous n'avons point le pouvoir que leur donne l'acier et le fer aigu et dont ils abusent, à notre humble avis.
Une pause, elle regarda le corbeau sur son épaule qui se tourna alors vers elle, comme s'ils échangeaient un regard.
-Non, Munin, non, nous ne les aimons pas.
Phalène secoua vivement la tête, et dans un geste d'excuse, tendit la main vers lui, alors que son visage prenait une expression légèrement désolée.
-N'y voyez pas d'insulte, Etann. Chacun suit la voie qu'il choisit, qu'elle soit faite pour tuer ou pour guérir. Nous nous permettons seulement de désapprouver.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Mar 13 Nov - 22:07 | | | | Elle ne lui semblait plus folle a présent. Très differente, certes. Comme venue d'un autre monde... Mais pas folle. Sa raison était differente de celle qui agitait parfois les esprits les plus communs, mais ce n'était pas de la folie qui se lisait dans ses yeux troubles. Etann s'emerveilla du sourire qui naquit sur les lèvres de Phalène quand elle évoqua sa mission. On peut donc avoir vécu plus qu'une vie et garder des joies...Quand elle reporta son attention sur lui, il fixa deliberement son regard sur un arbre lointain. Il n'aimait pas qu'on lui mette la realité en face. Bien qu'une partie de lui soit reconnaissante à Phalène de le forcer a assumer ses choix et éventuellement les re-ajuster, il restait un être humain avec toute leur difficulté a accepter leur faiblesse. Et que quelqu'un vous pointe du doigt l'une d'elle n'est jamais très agréable. Pourtant, son interlocutrice le faisait avec douceur et quand elle lui assura qu'elle n'y mettait aucune insulte il reporta son regard sur elle. - Au service de l'armée du Demon de ces terres. Répondit-il simplement avant de voir la main qu'elle tendait vers lui. Sans doute n'avait-elle pas l'intention de prolonger son geste mais il saisit l'opportunité. Comme une drogue, maintenant qu'il retrouvait la possibilité d'un contact, il voulait encore sentir cette impression. Il attrapa le poignet de Phalène et passa son index sur le dos de sa main, dans sa paume, tenta de sentir son pouls, fit bouger les fins doigts de la jeune femme. - Excusez moi. Murmura-t-il. Mais il ne put se résoudre à lacher Phalène et continua son jeu tout en parlant. - Je comprend que vous désapprouviez la guerre. Mais le combat est une forme d'existence pour moi et, qu'on le veuille ou non, la guerre découle naturellement du combat. De même que vous avez votre... "mission", il est de mon devoir de servir ceux qui m'ont permis de trouver une place dans ce monde. Je ne serait pas grand chose sans cette armée, un certain sens du devoir veut donc que je lui rende ce quelle me donne; mon existence. Il se tut un instant, repliant et repliant successivement le pouce, l'index, le majeur et l'annuaire de Phalène avec fascination. - Excusez moi, repetat-il.
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| | Mer 28 Nov - 13:42 | | | | Le visage de Phalène se figea un instant quand Etann lui répondit. Au service du Démon? Comment? Phalène avait ressenti le mal à de nombreuses reprises, quand elle avait parcouru les terres aux pieds des montagnes, et au-delà. Elle avait vu ses soldats, les démons et les êtres qu'il avait à son service, et chaque fois avait ressenti la même impression de malaise qui l'avait marquée jusqu'aux tréfonds de son être. Il y avait le Mal, là; la malice et le désir de nuire, de dominer, de détruire. Phalène ne pouvait admettre que l'on rompe l'ordre du monde; elle ne pouvait admettre que l'un prenne le pas sur l'autre et que l'équilibre se brise sur la volonté d'un seul. Son univers ne pouvait admettre cela. Elle n'avait pas choisi la guerre et la rébellion, car sa nature même l'empêchait de prendre parti pour l'un ou pour l'autre, et son devoir de neutralité dans tout conflit était en réalité plus qu'un obligation, c'était un sacerdoce, la promesse la plus sacrée que l'on gravait à même la peau des skalds au jour de leur initiation. Phalène ne prenait pas parti, elle se contentait de désapprouver, sans agir. On l'avait taxée de lâche, mais le véritable courage était sans doute de garder l'équilibre, ne pas pencher en faveur de l'un ou de l'autre, c'était bien plus difficile de d'embrasser une cause corps et âme.
Elle l'écouta, attentive, quand le soldat s'expliqua. Sans gêne, elle le laissait toucher sa main, s'habituant à son contact, au léger fourmillement qui courait dans ses os, à cette torsion interne qui faisait naître des remous dans son esprit, ranimait des murmures, des voix, des échos, un souvenir vague... Il y avait de la magie, ou autre chose en lui et elle le sentait. C'était assez faible pour ne pas trop la perturber mais elle voyait son champ de vision se tordre, lentement, à mesure qu'il gardait sa main dans la sienne. Sous ses doigts couraient les tatouages, les symboles, les signes, les cicatrices. Toute la vie de Phalène pouvait se lire à fleur de peau, pour peu que l'on sache déchiffrer, lire les récits inscrits à l'encre et les blessures profondes qui avaient rongés ses doigts potelés et emporté quelques phalanges.
Sa tête s'inclina légèrement sur le côté alors qu'elle lui sourait avec indulgence.
-Je juge votre cause valable, dit-elle d'une voix douce. Nous n'avons point rancune envers vous, si telle est la mission qui vous est échue. Soyez loyal à ceux qui vont ont donné une place et à ceux qui vous ont aidé, fussent-ils animés d'intentions que d'aucuns jugeraient mauvaises.
Ses yeux se baissèrent un instant et son sourire s'estompa.
-Je ne vois pas de mal en vous, reprit-elle. Mais que la loyauté envers vos maîtres ne vous pousse pas à commettre de viles actions. J'ai connu de grands soldats, de grands hommes, braves et plein de valeurs, mais ils ont souillé leurs mains, leurs mémoires et leurs noms à cause de cette même loyauté. N'écoutez pas uniquement les ordres, écoutez aussi ce que dicte votre tête, c'est bien le seul conseil que nous pouvons vous donner. Il n'y a point d'autre juge que votre conscience, et nul ne vous punira plus durement, si vous vous égarez.
Elle croyait fermement ce qu'elle disait; il ne semblait pas mauvais homme, mais elle savait fort bien que la guerre peut tout changer. Elle savait fort bien également qu'un soldat, fut-il paré de toutes les vertus, ne pouvait qu'obéir, même aux pires ordres. Entre les mains d'un mauvais chef, il pouvait devenir le pire. Tout pouvait arriver, lorsqu'on manipule les autres à sa guise, tout peut arriver quand on place sa loyauté entre les mains d'un tyran.
Peut-être craignait-elle de voir cette bonne âme tourner au cauchemar, peut-être bien, et peut-être était-ce pressentiment qui l'attristait soudain... Ses yeux s'étaient voilés, alors qu'elle fixait son visage comme pour y chercher une réponse. La voix qui ne s'était jamais tue au fond d'elle haussait le ton de nouveau et chuchotait d'obscures prophéties à son oreille, couvrant un instant tous les bruits alentours, tous les chants d'oiseaux, et le murmure du vent dans les feuillages. Il n'y eut plus alors que la note grêle et persistante du silence, et la voix qui prononçait les funestes paroles d'un sombre, sombre destin... Tout se glaçait autour d'elle, et le frisson des brumes s'insinuait de nouveau pour couvrir d'un voile gris le paysage autour d'elle. Les brumes l'appelaient, les brumes chantaient pour elle, les brumes se souvenaient. Elle venait du pays obscur, deux-fois née, morte déjà, et ce pays encore lui parlait.
Phalène, revenant peu à peu à elle, serra entre les siennes la main rêche du soldat.
-Oh, murmura-elle dans un souffle tremblant. Oh, pauvre âme...
Elle ne pouvait rien dire. Que ferait-il, s'il savait? Là était le fardeau de Phalène, voir et ne point dire, voir sans savoir si ses prophéties se réaliseraient, sentir le vent tourner sans savoir s'il soufflait déjà. Les remous obscurs du destin s'ouvraient parfois à son esprit, sans jamais qu'elle ne sache si cela était vérité, ou simplement fruit des errements de son âme tourmentée.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Mer 28 Nov - 21:52 | | | | Etann écouta avec attention Phalène. Qu'il puisse servir le mal par son engagement auprès de l'Aile n'était pas une idée etrangère. Le regard de son père lui avait fait comprendre qu'il desapprouvait ce choix. Et il avait suffisament voyagé pour trouver des lieux où l'on ne censure pas la verité des agissement de l'armée du démon. Non, il n'était pas de ceux qui croient servir une grande cause pacificatrice, il était conscient qu'il y avait quelque chose d'amoral dans ses actes. Pour autant, il n'avait pas de choix a faire, sa route était là, déjà tracée et jamais il n'avait songé a s'en detourner tant il semblait avoir été conçut pour y evoluer. Son pouvoir seul était déjà une manifestation de la volonté des dieux, ou du destin, ou quelque soit le nom de cette chose qui dirige le monde. Il écoutait Phalène, sans lacher sa main, et souriait doucement. Il souriait d'abord parce que les paroles de Phalène faisaient éco en lui, il comprenait le message qu'ils délivraient et voyait se dessiner, non pas une issue de secours sur sa route, mais un paysage plus coloré que celui qui l'entourait depuis sa naissance. Oui, elle avait sans doute raison, il n'y avait pas qu'un choix a faire entre l'armée et son père, il y avait aussi un troisième acteur qui pouvait l'orienter entre les deux, avec impartialité. Oui, sa conscience pouvait sans doute arbitrer de façon plus vraie ses actions. Il souriait aussi parce qu'il se rendait compte a quel point le simple contact de la main de Phalène rendait leur discussion plus concrète dans sa tête. Etann comprenait pourquoi il se désintéressait rapidement des paroles des gens, pourquoi les conversations en société lui paraissaient comme des brouhahas flous et lointain. Parce que ce simple toucher venait appuyer la voix, même celle fragile de Phalène. Il regardait sans mot ce visage énigmatique quand les yeux pales de la jeune femme se troublèrent et son regard se perdit dans un autre monde. Elle ne lui parraissait plus folle. Non, l'intensité de ce qui venait de capturer ses yeux ne pouvait pas être seulement issue d'une divagation de son cerveau. Non, la main qui serrait la sienne ne pouvait pas reagir ainsi face à un démon imaginaire. Oh... Oh, pauvre âme...
Par reflexe, il serra aussi sa main autour des doigts de Phalène. Elle ressemblait à ces vieux sages qui voient se dessiner un avenir terrible pour les leurs, mais seul son regard trahissait cette vieillesse illuminé mais douloureuse. - Qu'avez vous? Qu'avez vous vu? Sa voix n'était pas pressante, il s'efforçait de la rendre rassurante bien qu'il ne soit pas habitué à ce genre d'attention aux autres.
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| | Mer 26 Déc - 14:38 | | | | Etann se trompait sur un point: personne, pas même Phalène, ne pouvait juger de la véracité des visions qui lui venaient parfois et là était bien tout le problème. Car le sombre destin qu'elle entrevoyait pour le jeune homme semblait tellement réel, soudain; comment lui dire? Et que lui dire, aussi? Elle avait une responsabilité, comme chaque fois qu'elle avait conscience de choses qui restaient cachées au yeux des autres; dévoiler le futur d'un homme c'était aussi, un peu, l'y condamner, ou bien défaire ce que le Destin avait prévu et Phalène ne pouvait endosser seule le poids de ce devoir, de cette action si lourde qu'elle pouvait compromettre l'existence même de quelqu'un. Alors, que faire, sinon se taire? Elle ne pouvait rien dire, il ne devait rien savoir.
Phalène ferma les yeux, respirant longuement, luttant contre le vertige qui venait. Des ombres rampaient aux limites de sa conscience, et comme chaque fois qu'elle était prise d'une vision quelconque, il lui semblait que quelque chose cherchait à l'atteindre, quelque chose dont elle ignorait la nature mais qu'elle percevait comme une menace confuse, là-bas dans les Limbes. De froids murmures distillés dans le vent se faisaient entendre à ses seules oreilles, se tordaient et chuchotaient d'inquiétante façon. Elle frissonna, comme prise d'une fièvre, et son coeur battait, si fort qu'elle se sentait suffoquer lentement.
Sa voix s'étrangla dans sa gorge mais elle se reprit, péniblement.
-Je ne peux rien dire, chuchota-elle avec effort alors que sa silhouette se courbait en avant dans un lent mouvement de balancier.
Voyant le trouble soudain de sa maîtresse, le corbeau qui jusque là baguenaudait autour d'eux en poursuivant les fantômes dans la brume revient très vite se poser sur son épaule, l'air agité. Un lien étrange semblait unir les deux, et une fois de plus, une connivence silencieuse qui se trahit dans un regard, dans le geste de l'oiseau inquiet qui se préoccupait d'elle bien plus que de la présence de l'étranger. Lentement, l'esprit de Phalène s'effrittait, usé et rongé par ce qui puisait directement dans ses forces vitales et sa santé mentale. Et son visage, hagard, ses yeux hantés, cherchaient dans les brumes une échappatoire. Hélas, le paysage vaporeux autour d'eux ne serait d'aucune aide, et nulle délivrance dans les remous étranges de la forêt irréelle. Mais Phalène avait coutume de voyager seule et ces troubles soudains survenaient souvent alors qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même; se raccrochant aux quelques vestiges de lucidité, quelques îlots perdus dans la marée tourmentée de la déraison, elle fouilla en hâte dans les replis de son manteau, et sortit d'on ne sait où une petite bourse de cuir dont elle respira avidement le contenu. Une odeur forte, de sels et de résines mêlées, se répandit alors qu'elle en absorbait les effluves afin de rester consciente. Ces drogues n'étaient pas sans danger mais aux grand maux les grands remèdes, dit-on.
Il fallut un moment à Phalène pour retrouver ses esprits et son corps s'était courbé sur lui-même, les épaules voûtées, alors que Munin sur son épaule restait silencieux mais surveillait avec attention les faits et gestes de sa maîtresse. Au bout d'un certain moment, le trouble passa et elle se redressa, encore faible, encore tremblante, et enfoui le sachet nauséabond dans les replis secrets de son manteau.
-Nous voyons des choses, des choses qui seront peut-être ou bien ne seront jamais, dit-elle d'une voix faible, levant un regard plus apaisé vers lui. Nous ne pouvons dire.
Une pause, un sourire léger revint planer sur son visage.
-Il n'est pas bon pour les hommes de connaître le destin qui les attend, et puis je ne suis prophétesse que par hasard, et rien n'est jamais certain. Ne vous tourmentez point avec ce que j'ai pu voir, oubliez donc.
Un rire soudain, suraigu comme celui d'un enfant, éclata dans l'air brumeux avec une brusquerie désarmante.
-Nous ne somme qu'une pauvre folle, après tout. Barde et sans esprit. N'est-ce pas, Munin?
Elle s'adressa cette fois au corbeau, murmurant quelques paroles dans sa langue, lui pinçant le bec. Tout semblait revenu à la normale mais il y avait comme une lueur dans ses yeux aux pupilles soudain dilatées, un étrange éclat, fiévreux, une incandescence presque malsaine. Son entrain soudain n'était pas naturel, on pouvait le percevoir à ses gestes trop empressés, à son regard qui allait et virait comme un insect prit de folie. Oh, s'il ne la croyait pas folle jusque là, il avait bien des raisons d'y croire, à présent.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Lun 31 Déc - 12:20 | | | | En realité, tout cela n'était qu'un reve. Il n'en etait pas possible autrement. Les lieux etranges, le silence pesant, la perte de repère, l'arrivée de Phalène, le contact de ses doigts sur ma peau, son oiseau fou, ses yeux perdus dans un autre monde, ... Un simple reve ou bien une rencontre des plus extraordinaire, hors du commun des mortels.
Mais Phalène est-elle seulement mortelle? Etann restait plongé dans ses interrogations en attendant la réponse de l'etrange femme. Mais Phalène sembla alors perdre conscience du reel, entrer dans une transe etrange et oppressante. Assistée par son sombre volatille, elle finit par se sortir elle meme de cette situation, sans qu'Etann n'ai oser esquisser le moindre mouvement. Quelque chose chez Phalène incitait au respect, forçait l'admiration du jeune soldat. Tout juste agée de vingt ans, il n'avait connu que le monde des rues et celui de l'armée de terrain. Lui meme parfois considéré comme un fantome par ses pairs, le jeune homme homme n'avait aucune difficulté à croire aux phenomènes paranormaux. Pour cette raison, il fut particulièrement inquiété par la réponse de Phalène. Ce qu'elle avait vu... etait-ce... "il n'est pas bon pour les hommes de voir leur destin". Avait-elle vu... "Oh, pauvre âme" Etann sentit son coeur s'emballer. Quel homme pouvait resister a la tentation de connaitre son avenir? Meme en sachant que le futur n'est jamais figé, il hantait les rêves de toute personne censé. Le seul vrai savoir après lequel courrait tout les chercheurs, meme les pus grands historiens. C'était peut etre une prophete qui se tenait a ses cotés, et il se sentait insignifiant face à elle. Pourtant, il voulait, il devait savoir ce que Phalène avait entrevu. - Etes vous une envoyé des Dieux? Etes vous... Il hesita une instant, considerant les consequences si l'idée qui venait de lui traverser l'esprit s'averrait vraie. Etes vous une déèsse? Vous avez vu l'un de mes futurs n'est-ce pas? Je vous en prie, dites moi...
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| | Sam 5 Jan - 20:58 | | | | Phalène ferma un instant ses yeux cernés. Un tiraillement à l'extrémité de sa conscience cherchait à se faire entendre d'elle, comme un avertissement, un pressentiment, comme l'annonce d'une chose encore à venir. Munin sur son épaule s'agita, comme s'il sentait également quelque chose, et il lâcha un bref croassement rauque qui résonna avec force d'échos dans la forêt silencieuse. Les bois s'agitèrent et un murmure se propagea parmi les arbres silencieux, comme une brise, une vague, qui s'élançait de branches en branches.
La barde rouvrit les yeux et lança un pauvre sourire à Etann.
-Croyez-nous, nous sommes bien plus mortelle que vous. Nous ne sommes qu'une pauvre barde sans raison, nous l'avons dit. Vous verrez pas vous même que nous ne somme rien de plus.
Un hurlement sinistre perça le silence. Phalène se leva d'un bond, guettant les environs avec inquiétude, et Munin s'envola en flèche dans la direction d'où venait le bruit. Elle saisit fermement le poignet d'Etann et chuchota:
-Courez, soldat! Courez! Car l'ombre est à nos trousses, et elle nous mangera!
Phalène ne voulait pas savoir quelle créature sauvage, quel monstre brumeux s'était lancé dans la chasse, et elle s'en fut à toute vitesse. Elle ne lâchait pas la main d'Etann, autant pour ne pas le perdre que pour garder son allure, même si cela lui était bien difficile de progresser aussi rapidement qu'un jeune soldat en pleine forme, et qui plus était à travers les buissons de la forêt. Elle savait où le mener, et c'était elle, même si elle peinait à le suivre, qui indiquait la direction. Les brumes se déchiraient à leur passage, et dévoilaient un mince sentier qui serpentait entre ajoncs et ronciers, entre les troncs tordus d'arbres anciens qui cachaient la lumière de leur feuillage. Le corbeau avait disparu et le silence retombé n'en était que plus inquiétant.
Courant à perdre haleine, le souffle court et la respiration sifflante, Phalène conduisit Etann jusqu'au campement sommaire qu'elle avait occupé ces derniers jours. Logé dans une anfractuosité du rocher, à peine visible, les restes d'un foyer éteint avoisinaient avec quelques effets disposés ça et là, aussi improbables que des bouquets d'herbes sèches et des instruments de musique, des tas de couvertures, et de petits ossements disposés sur les rochers autour de la petite caverne. Phalène lâcha enfin la main du soldat et tituba jusqu'à un rocher pour reprendre son souffle. Le silence oppressant ne trahissait plus rien de la proximité de leur poursuivant, à peine le frisson d'un feuillage, un murmure dans les arbres, rien de plus, sans que l'on sache d'où cela venait.
-Prudence, chuchota la jeune femme qui peinait à reprendre son souffle. Prudence et silence, soldat. ça nous cherche.
Elle frissonnait de nouveau, confuse et inquiète. Les joues rougies par l'effort, elle n'avait plus grand chose de la nymphe éthérée qu'elle semblait être parfois... En hâte, elle rassembla ses affaires, entassant le tout dans les sacs qu'elle portait, bouclant sangles et cordelettes, sans cesser de guetter avec angoisse les frondaisons calmes qui les entouraient. Phalène ressemblaient à tous ceux qui allaient sans feu ni lieu et portait toute sa vie sur son dos, en définitive. Cela ne semblait pas tant entraver sa marche, et on devinait une bonne endurance chez cette femme qui passait son temps sur les routes. Cependant, on pouvait deviner que c'étaient les dons obscurs qu'elle possédaient, qui puisaient à même sa force vitale et l'épuisaient peu à peu.
-Allons, allons vite, dit-elle à voix basse, guettant les alentours.
Alors qu'elle parlait, Munin réapparut, et vint se poser sur son épaule, l'air agité. Sans tarder, Phalène frappa légèrement le sol de son bâton et entraîna le soldat avec elle.
-Quand les ombres s'animent dans les bois, il en faut pas rester là. Ce pays n'est ni pour vous, ni pour personne. Les contrées du Ciel sont bien étranges et je doute que vous y soyez à votre place, soldat.
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| | Phalène
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Ivor le Silencieux - MessalineVitesse de réponse : Lente
| | Sam 12 Jan - 14:09 | | | | [dsl, je repondait déjà pas très vite mais je serait absent jusqu'a vendredi prochain.... Toutes mes excuses grande déèsse!] Il l'avait suivit, confiant. Il n'avait pas peur, ne craignait plus car elle n'avait visiblement pas d'intention hostile envers lui. Et quand un etre divin ne vous veut pas de mal, qu'avez vous a craindre? Il avait courut, tenant cette main qui, il en était sur a présent, le maintenait en contact avec le monde d'en haut et non celui des vivants. Il l'avait regarder rassembler ses biens venants des quatres coins du monde, preuve qu'elle faisait fit de l'espace. A present il la suivait dans la brume des lieux, sans doutes. Quelle chance que d'avoir une telle protectrice! Ses paroles n'étaient pas celles d'une folle mais bien d'une sage surnaturelle dont les paroles ne se révéleraient qu'un jour futur, restant floues pour les hommes qui ne savait décrypter les paroles divines. Le decors se mit a onduler, les arbres semblaient fondre à leur passage, la lumière refusant toujours de s'y frayer un passage, les ombres prenaient formes et s’exclaffant en regardant passer les deux humains, encore qu'il aurait fallut que Phalène en fut une. Perdait-il la tete? Ou peut etre que cette foret vivait reelment... On parlait bien d'un château volant dans le ciel... La déesse avait sans doute raison, le Ciel n'était pas un endroit sur... Le temps n'existait plus, parfois arrêté, parfois accéléré, finissant par s'annuler de lui même. Quand, d'un coup tranché, la foret s'arreta, le soleil venant bruler ses yeux, Etann s'arreta. - Phalène, articula-t-il, la voix chargé de respect en se tournant vers elle. Merci Lui même ne savait pas ce qu'il mettait derrière ce mot. Son intervention alors qu'il allait s'allonger dans un lieu dangereux, ses paroles attentives, sa main vivante qu'elle avait abandonné a son extase pendant quelques minutes, la fuite où elle avait dirigé ses pas...
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