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 "Ich höre deine Stimme in dem Wind" - Epreuve de Phalène

 
"Ich höre deine Stimme in dem Wind" - Epreuve de Phalène  Sand-g10Mer 10 Oct - 19:56
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Le jour se levait. Là-haut, loin, un soleil clair et vif éclairait la vallée encore enfouie sous un linceul de neige, éparse, profonde encore par endroits mais qui cédait lentement, grignotée par l'ardeur précoce d'un printemps qui se hâtait d'éveiller la vie. Perce-neiges, crocus et fleurs précoces parsemaient déjà les parterres, les rives du ruisseau de montagne qui dévalait la pente, et les longs pâturages encore déserts. Dans les bois, quelques oiseaux faisaient résonner leur chant joyeux; on entendait le frémissement léger des petits animaux qui s'agitaient sous les feuillages et dans l'humus tandis que toutes parts on entendait ruisseler la neige et la glace qui fondaient en hâte. Trop long hiver, printemps précoce, pâle encore mais si vif soudain, et la tiédeur de l'air, agité d'une brise froide, annonçait des jours de douceur à venir. L'arrivée soudaine du beau temps avait surprit tout le monde, et la montagne tout d'un coup s'était secouée, tirée de sa torpeur, jetant à l'eau tous ses voiles de neige, ses épaisses draperies et ses festons de givre, et c'était comme si chaque être vivant, chaque rocher essayait de rattraper son retard, se réveillait soudain, animé d'une énergie nouvelle après tant de mois d'hibernation.

Eivar et les siens s'étaient hâtés sur les routes, dès que la neige avait libéré les cols de haute montagne, et désenclavé les vallées les plus isolées. Il y avait des nouvelles à chercher, des nouvelles à porter, des gens à voir, tant de choses à faire, tant de morts à compter, tant de choses qui avaient changées... L'hiver, partout, avait été meurtrier. Eivar craignait chaque jour, craignait chaque fois d'aborder un village décimé, de voir chaque visage porter les stigmates sinistres de ces mois de froidure. Lui et les siens avaient été épargnés, mais c'était loin d'être le cas de tous, et les familles isolées, les clans qui vivaient dans les sommets avaient tous perdus des leurs. Aussi, quand ils arrivèrent en vue de la vallée frileusement blottie entre les monts acérés, le paisible marchand et ses compères savaient à quoi s'attendre et ça n'était pas la joie au coeur, qu'ils menèrent leur petite caravane sur le maigre sentier dégagé par la fonte des neiges.

Le groupement de huttes en terre et en bois, groupées et serrées comme des animaux frileux était en mauvais état, et semblait presque abandonné, encore couvert de neige ça et là, silencieux et figé dans un calme mortuaire. Des tombes s'alignaient, couvertes de pierres, bien trop nombreuses pour que ce soit de bonne augure et pas âme qui vive, pas d'animaux domestiques, rien.
Trop accoutumés à ces sinistres spectacles, Eivar et les siens ouvrirent les maisons, une à une. Elles étaient remplies de cadavres. On avait entreposé les corps durcis par le gel dans les petites pièces obscures, où rien n'avait bougé depuis que leurs habitants, un à un, s'étaient laissés dévorer par l'hiver. On les avait laissés là, sans les enterrer, sans doute qu'on n'en avait même plus la force et peu à peu le froid avait tout recouvert. Morts de froid plus que de faim, semblait-il, et Eivar ne voulut même pas se demander pourquoi cette certitude lui venait. Patients, compatissants peut-être, lui et ses compagnons confièrent au ventre froid de la montagne tous les cadavres des villageois, priant leurs dieux de prêter une oreille compatissante à leurs paroles, d'accueillir ailleurs ces pauvres hères.

Il fallut bien vite chercher des survivants; il y en avait toujours, plus ou moins chanceux, plus ou moins vivants. Toujours de l'espoir. Ils trouvèrent deux hommes, autrefois sans doute de grands gaillards, qui n'avaient même plus eu la force de se lever, de parler, quand ils avaient entendu venir à eux le bruit insensé de ces voix, de ces êtres, bien vivants, qui par leur simple présence écartaient l'horreur.
Délaissant ces malheureux aux bons soins de sa famille qui avait dressé leur campement assez loin du village mué en nécropole, Eivar inspecta une dernière fois le hameau. C'est là qu'il trouva Phalène, et il l'aurait cru morte, s'il n'avait pu sentir le battement confus d'un vestige de vie, dans son petit corps glacé. Elle était couchée sur le lit qu'elle partageait avec le cadavre de sa mère qui fixait le plafond d'un regard vide. Eivar ne préféra pas se demander depuis combien de temps la jeune fille avait partagé la couche d'une morte, essayant de réchauffer ses maigres os près d'un feu moribond, mâchant une branche de bouleau pour tromper sa faim.
La peau de son visage, tendue sur ses os, avait la blancheur bleuâtre des cadavres et ses yeux, profondément enfoncés dans leurs orbites, fixaient le vide avec une expression vacante, mais elle dégageait encore une infime tiédeur quand il l'ôta de sa gangue de fourrures raides de crasse et de givre et qu'il l'emporta loin de la cahute puante.

Comme les autres survivants, elle fut placée près du feu, et les femmes entreprirent de la réchauffer, lui ôtant ses hardes crottées pour l'envelopper de linges tièdes et de bonnes fourrures. Comme les autres, les engelures avaient rongé sa peau, ses doigts, ses pieds. Mais si le corps vivait encore, l'esprit en était bien loin. Eivar avait parmi les siens une vieille femme, une sorcière notoire qu'on surnommait la Femme Pluie. C'est elle qui, à force de chansons, à force de soins et de paroles, réussit à convaincre Phalène de revenir parmi les vivants.

Phalène avait erré dans le noir depuis trop longtemps. Il neigeit, encore, et le vent soufflait, sifflait, s'acharnait en hurlant, et ce bruit, ce bruit infâme la rendait folle. Phalène avait regardé mourir sa mère, sans bruit. Il y avait longtemps que tout le monde s'était tu, dans le village, longtemps que plus personne n'avait la force de se lever, de marcher, de se réfugier chez un autre et elle ne savait même pas si quelqu'un d'autre qu'elle respirait encore, ici. Son univers s'était réduit à l'espace exigu de leur hutte, à la lumière vague du feu nourri de tourbe et de bois sec, à la puanteur de l'air confiné, au froid, au froid qui rongeait tout et au vent. Ce vent, le vent qui hurlait toujours, sans arrêt, n'apportait que la désolation, et les voix qui criaient dans les rafales, criaient la mort et la fin de tout espoir.

Phalène, couchée près de sa mère, avait écouté battre leurs coeurs. Elle avait chanté, d'une toute petite voix qui se faufilait au travers de ses lèvres gercées, et qui avait fait sourire la femme allongée près d'elle. Dans la nuit gémissante elles avaient chanté, toutes les deux, et Phalène avait fermé les yeux en espérant voir la fin de ce cauchemar, en espérant partir avec elle. Mais au matin, Phalène s'était éveillée, et elle était restée près de sa mère qui avait mit les voiles vers un ailleurs plus riant que cet enfer de glace.

Alors, Phalène était restée. Elle avait attendu. Elle avait écouté mourir son corps, s'échapper son esprit érodé par l'obsessante fin qui lui tordait les entrailles, qui lui brûlait le corps tout entier et faisait danser les ombres mouvantes devant ses yeux. Elle avait regardé ses mains, ses doigts meurtris, noircis, brûlés par la neige et le froid. Elle était restée, allongée près de sa mère, morte. Elle s'était laissée crever pour voir la fin de son calvaire.
Alors, son esprit s'était elevé, son esprit s'en était allé dans l'ombre où vont les morts une fois leur trépas arrivé. Elle avait vu, alors. La brume, sombre, grise, et ceux qui étaient de l'autre côté. Elle avait entendu leurs voix, avait erré près de la limite, au bord du gouffre, elle était restée là sans savoir qu'au-dehors les jours s'écoulaient et que l'hiver peu à peu refluait... Loin, loin de tout espoir et de toute vie, Phalène avait marché dans le noir, sur la sombre route des morts, dans la cendre et la poussière.

Là, le silence. Eteinte, l'horrible chanson du vent qui promettait la désolation, envolés les cris et les hurlements dans le blizzard et la brûlure incessante de la faim, la brûlure du froid qui l'avait dévorée jusqu'à l'os.

Et puis, quelque chose l'avait rappelée à son corps encore vivant; il lui avait semblé, au travers des brumes et de l'obscurité du rêve, ressentir comme une tiédeur douce, comme si elle se souvenait soudain de quelque chose d'oublié, comme si elle se rappelait d'autre chose que les tourments de l'hiver. Une voix. Douce, caressante comme la brise d'été, fanée comme les fruits de l'automne, quelque chose de déclinant, mais encore plein de force. Une voix qui de ses mots traçait un long chemin qui la ramenait chez elle, qui la rappelait auprès des siens, qui rappelait à son esprit les joies d'être en vie, les joies de la terre et des hommes. Alors, Phalène se détourna de la brume et des Limbes, tourna le dos aux murmures qui l'appelaient de l'autre côté; elle écouta, écouta les paroles et les mots qui résonnaient dans la langue qu'elle chérissait.

Elle dit: "Parle moi encore."

La voix obéit. Doucement, lentement, Phalène se laissait bercer de musiques et de récits, alors que la Femme Pluie lui racontait la terre et le printemps qui venait, le ruissellement des eaux nouvelles sur les pierres, les ruisseaux et les fleuves gonflés par l'ardeur nouvelle et les neiges envolées. Elle lui raconta les chants d'oiseaux, le fourmillement des créatures dans l'air, la terre, dans les feuillages et les herbages, les premières récoltes et les agneaux nouveau-nés, les fêtes des villages et les mariages célébrés. Elle lui raconta la vie, les danses autour des grands feux, parla de la lumière, et du soleil qui jouait au travers des feuillages jeunes, les reflets des eaux courantes et la couleur du ciel. Les draperies de brume, le velours sombre des bois de sapins. Les chants des bergers sur les versants des monts, les tricoteuses qui s'en allaient dans les alpages veiller sur les troupeaux et les nuits claires et vives où les étoiles rivalisaient d'éclat en se reflétant dans le miroir des eaux profondes de grands lacs perdus... Inlassable, patiente, elle rappelait à Phalène, à sa mémoire effacée, qu'il y avait du bon, en cette terre, et qu'elle y avait encore sa place.

Alors un jour, Phalène revint à son corps, et son regard s'anima de nouveaux, ces yeux morts qui ne s'étaient jamais clos dans l'absence. Elle n'avait pas dormi, elle était juste partie, abandonnant un corps sans substance. Et elle revint. Lentement, elle avait quitté les ombres, la brume et la cendre; elle avait reprit le chemin de chez elle, appelée par cette voix qui l'avait abreuvée de la musique du monde.
Peu à peu, chacun de ses sens s'éveilla. D'abord le toucher. Aveugle, muette et sourde, Phalène n'eut d'abord que le truchement de ses doigts pour appréhender le monde qui s'offrait à elle, comme une seconde naissance. Les phalanges amputées de ses mains se crispèrent, se refermèrent sur quelque chose. C'était doux, imprégné d'humidité, frémissant. Glissant, un peu, et les longs brins vivants qu'elle saisit chatouillaient la paume inerte de ses mains. Plongeant plus profond, elle toucha quelque chose d'autre, ce sur quoi tout ça se dressait, comme un pelage. C'était froid, encore, lourd et mouillé, mais ce contact était étrangement rassurant, étrangement chargé de vie, comme une chair vivante qui s'émiettait entre ses doigts.
Et puis, elle sentit autre chose. Un picotement. Une caresse, imperceptible, quelque chose de léger, quelque chose de chaud... Elle sentait sa chair frémir, frissonner, se tendre vers ce qui déposait là, à fleur de peau, un très doux baiser d'air pur. C'était doux, ça brûlait, aussi, mais c'était quelque chose de rassurant, quelque chose qui, ô, Dieux! lui avait tant manqué! C'était comme les premières gouttes dans la bouche d'un assoiffé, c'était comme l'annonce de la libération promise, soudain, oh, enfin la chaleur, enfin le feu qui semblait ranimer son coeur moribond qui soudain battait, si vite, si fort, comme pour rattraper le temps perdu, comme s'il se souvenait enfin de ce que c'était que de vivre!

Il y eut autre chose, soudain, et c'était un son. Le silence fut rompu par la très, très douce musique de quelque chose qui fredonnait. Est-ce que c'était une voix? Non, c'était plus subtil encore, jamais gorge humaine ne pouvait produire un son si modulé, si clair, si merveilleux, comme un million de petites cymbales, comme si on avait façonné un instrument fait de feuilles d'or qui s'entrechoquaient dans une soyeuse musique d'étoffe remuée, dans la rumeur paisible de la brise. Enfin, le vent avait modulé sa complainte, cessé de hurler, apprivoisé, si suave soudain! Plus de hurlements, plus de voix stridentes.
Une grande gorgée d'air tiède s'engouffra dans sa gorge et souleva sa poitrine décharnée, animant tout son corps d'un long frémissement auquel répondit un doux murmure qu'elle ne comprit pas, d'abord. Elle reconnut la voix, ensuite; une voix humaine, une voix de femme. Il y en avait plusieurs, elles se répondaient, quelle musique étrange, ils faisaient. L'obscurité régnait toujours mais peu à peu les sons se précisèrent. Elle entendait toujours le vent, la brise, le long frémissement mélodieux qu'ils produisaient, et par-dessus les mots. Ils parlaient? Ils se parlaient. C'était clair et vif, c'était rassurant. Elle avait envie d'aller vers eux, de les écouter, encore et encore, qu'ils lui apprennent à faire de même. Quel usage merveilleux c'était, produire des sons pareils! Quelqu'un rit, et ce fut un son si joli qu'elle n'eut qu'une envie, en faire de même. Son esprit enflammé par la hâte nouvelle pressa son corps de réagir, de s'éveiller, il y avait soudain tant à faire, à voir, à découvrir! Tant à apprendre, à commencer par l'usage merveilleux de la voix.

Avec effort, elle essaya de se rappeler de quelque chose: car quelque chose manquait, ah, pourquoi tant d'obscurité? C'était si peu pratique... Ne voyait-elle donc rien? N'y avait-il que de l'ombre, partout? Elle se souvint qu'elle avait des paupières et les fit battre, sans effet. Comment cela marchait-il, déjà? Elle essaya de se rappeler de ce que c'était que de voir, et puis des formes commencèrent à se dessiner. Lentement, elle réussit à distinguer des choses, des silhouettes, un mouvement, et la lumière. Oh, comment avait-elle pu oublier tout ça? Peu à peu, Phalène réussit à distinguer où elle se trouvait, allongée sur un drap, au pied d'un arbre immense qui se balançait dans la brise tiède. C'était donc ça... Elle vit les feuillages, un million de petites choses vertes qui s'agitaient au bout des grands bras tordus, des longs doigts noueux couleur d'écorce. Le ciel était bleu, autour, d'un bleu pur infusé de longues draperies nuageuse, et le soleil brillait fort et haut. Elle voyait la lumière passer en transparence au travers des rideaux de feuillages, sentait la tiédeur tomber sur elle comme une averse de pièces d'or, regarder l'ombre courir et remuer comme le passage d'une onde, comme les remous à la surface d'un ruisseau. Le paysage alentour se dessina peu à peu, aveuglant, noyé d'une clarté printanière. Des montagnes aux dents acérées, des collines et des forêts, des champs verdoyants où s'agitaient des silhouettes plus sombres, et l'herbe chantante, courbée en vagues luisantes, qui courait, faisait le dos rond sous le vent murmurant, s'étendait de toutes parts comme des dunes vertes. Baissant les yeux, Phalène s'aperçut qu'elle serrait entre ses doigts meurtris une poignée d'herbe et de terre.

Et puis, quelqu'un assis, près d'elle. Le vent jouait dans les très longs cheveux blancs qui lui couvraient la tête et les épaules comme une capuche de fils de soie, et ils couraient, ondoyaient, vivants, alors qu'elle éprouvait l'envie fugace de s'y réfugier et d'y enfouir son visage. La chevelure encadrait un visage noueux et sec comme l'écorce de l'arbre au pied duquel elle était assise; des rides, un milliard de ridules qui creusaient son beau visage tout plissé à force de sourires, et encadraient des yeux dont le vert était le même que celui des jeunes feuilles de hêtre, quand le soleil passe au travers. De sa vieille bouche aux lèvres presque inexistantes s'échappait un doux murmure, une chanson, alors qu'elle tordait de ses doigts experts une épaisse pelotte blanchâtre et cottoneuse qui se transformait docilement en un joli fil très fin. Fascinée, Phalène l'observa, longuement. Il y avait de la douceur dans ces traits anciens, dans ce céleste sourire de vieille dame qui étirait sa bouche, dans le modelé des mains dont les articulations usées étaient comme des noeuds dans les branches d'un arbre. Elle chantait, d'une voix un peu rauque, psalmodiait, fredonnait tour à tour quelque chose dont le sens lui échappait totalement mais dont l'agréable sonorité lui donnait envie de l'imiter pour à son tour produire de si jolis sons.

Oh, c'était si doux, soudain. Sentir la vie, la chaleur, sentir les choses vivre, autour de soi. Tout était soudain si étrange à ses yeux, à ses oreilles, qu'il fallut tout redécouvrir. Apprendre, à nouveau. Tenir debout, marcher. Réapprivoiser un corps épuisé, rongé, réduit à presque rien par les mois de faim et de froid. Retrouver des forces et puis vivre, encore, tout voir, tout goûter, tout sentir. Oublier l'avant, oublier la peur et le calvaire, et juste vivre, encore.

Phalène, deux fois née, une fois morte, garda pour toujours secret ce qu'elle avait vu dans les Limbes, enclos en son coeur les sombres rêves qui prenaient là-bas racine, les longs murmures et les voix, réelles ou imaginées, qui susurraient parfois à son oreille. Parce qu'il fallait bien vivre, parce qu'il fallait oublier.

Mais elle n'oublia jamais l'instant de l'éveil. La première gorgée d'air, la première poignée de terre. Chaque sensation ressentie pour la première fois. Le vent dans l'arbre et la lumière sur son visage. Ne jamais oublier, pour ne jamais perdre de vue ces minuscules merveilles, insensées, ordinaires et pourtant si précieuses, qui faisaient chaque jour que la vie valait la peine d'être vécue. Que le monde et ses anodines splendeurs méritait qu'on y souffre et qu'on y meure, parce que c'était ainsi, partout, pour tous, tout le temps, et pour toujours. Il y a un dessein plus grand encore que les soubresauts des civilisations, des peuples, des rois. Il y a quelque chose encore qui englobe tout cela, quelque chose qui est, et sera pour toujours, quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, ces choses seront pour toujours même quand plus rien ne sera là pour les regarder. Phalène le sait. C'est ce qui la fait vivre, encore, et jusqu'à sa seconde fin.

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