Albar avait été remis sur pied en un rien de temps par toute une flopée de guérisseurs de toute races confondues. Il y avait même une jeune et jolie elfe dans le lot, même si elle ne semblait guère apprécier d'être ici. C'était compréhensible : obligée de soigner avec la même ferveur, sans distinction aucune, démons et humains, loup-garous et vampires, etc... Que faisait-elle ici d'ailleurs ? Comment le Roi Démon avait-il recruté ces guérisseurs ? Que voilà une question inintéressante...
L'esprit pourtant occupé par ces interrogations, Albar émergea tout doucement de cette étrange torpeur qui l'avait saisie après le combat. Il avait été éprouvant, et son adversaire était de taille. Oh sa victoire n'avait pas été qu'une question de chance, soyons honnête, mais il avait rarement fait un combat aussi serré. Il faudrait qu'il retrouve cette Lunéra par la suite. Elle l'intéressait beaucoup désormais.
Enfin vint le moment de retourner dans l'arène. Rajustant sa tenue, et lançant un sourire charmeur à l'elfe – qui, il le savait, ne répondrait que par une moue méprisante – il entra dans sa zone, prêt à combattre. Il voyait toujours aussi bien Ayael de là où il était, et il lui envoya un baiser, d'une part, parce qu'il en avait envie – il lui dédiait ce combat et tous les autres – et d'autre part, parce que le public aimait beaucoup ce genre de mise en scène à partir du moment où l'on en faisait pas trop. Et avoir le public de son côté n'était jamais de trop. Cela lui rappelait le tournoi des Glaces qu'il avait remporté, devenant garde du corps de l'impératrice. Aujourd'hui il avait plus de public, mais pourtant il aurait préféré se battre à nouveau chez lui : à choisir entre la belle et jeune Issendra et le terrifiant Aile Ténébreuse, il n'y avait aucune hésitation à avoir.
Son adversaire entra alors, et Albar en resta muet un instant. Par les trois cent vingt et un virgule sept démons de l'enfer, qu'est-ce que c'était que cette chose ? Si Albar était au fait de l'existence d'à peu près toutes les races de Terra et de leurs caractéristiques majeures, il n'avait jamais rien vu qui ressemble à ce Brimstone, ni même entendu parler d'une telle chose. Ou tout du moins...
Cette chose de forme humaine était constitué de pierre, de métal, et de bois à ce qu'il semblait. Cela lui rappelait les vieilles légendes sur les golems. Cependant, son adversaire ne pouvait en être un : les golems n'ont pas de volonté propre – à ce que l'on raconte tout du moins – et son contrôlés à distance par un tiers. Ce genre de pratique n'aurait certainement pas été accepté lors d'un tournoi. Alors qu'était-ce ?
Peut-être était-ce tout simplement un golem, et que les légendes étaient fausses sur ce point. Ou bien peut-être était-il un dérivé du golem, le même mais capable de penser, bien qu'il n'y croyait pas trop : il en aurait sûrement entendu parler. Ou bien ce qu'il voyait n'était qu'une étrange armure et qu'à l'intérieur se trouvait un homme – ou un humanoïde quelconque – qui en tirait les ficelles... Aucune de ces situations ne lui semblait plus plausible l'une que l'autre.
Il salua son adversaire de la même façon qu'il l'avait fait pour Lunéra : il se tint droit et plaquait son épée contre lui, la lame devant son visage. Il l'en éloigna vivement en un mouvement tournant, avant de s'incliner, l'autre main derrière son dos. Il s'adressa alors à son adversaire, levant la voix pour que le maximum de personnes l'entendent, y compris le public. Il devait plaire, ne l'oublions pas.
« Eh bien eh bien, cette arène est un véritable palais. Tout d'abord, lors de mon précédent combat, j'affronte une demoiselle dont le beauté était une véritable œuvre d'art, et maintenant voilà que je dois affronter l'une des statues du hall d'entrée. A quand le vitrail de la chapelle ou la table de la salle à manger ? » - Citation :
- Il se mit alors en garde, dans la même posture de garde basse que contre Lunéra : le dos droit, les jambes légèrement fléchies et arquées, il avançait de profil, son épée pointée vers le bas se faisant l'extension de son bras tendu. Comment diable allait-il pouvoir vaincre cette chose avec sa petite rapière ? Il faudrait au moins une masse pour l'endommager. Ou alors brûler les parties en bois, mais il n'avait pas de feu sur lui.
Le faire tomber serait sans doute une bonne idée. Il devait être incroyablement lourd, et se relever ne serait pas chose aisée. A ce moment là, Albar pourrait tenter quelque chose, n'importe quoi. Peut-être pourrait-il s'en prendre à ses yeux...
Pour le moment tout du moins, il décrivait des cercles, à un peu plus de 4 mètres de son adversaire environ, prêt à bondir.