Ca lui était sortit de la tête. Enfin pas vraiment, il le savait mais il avait désespérément essayé d'oublier mais il avait fallu que la Reine le lui rappelle, comme un coup de poignard dans la nuque, avec un regard austère mais amusé. Le Bal... Ca satané Bal. Elle savait que Datar n'aimait pas les réceptions mondaines et elle semblait s'en amuser au plus haut point. Qu'elle se moque temps qu'elle le pouvait encore, ce serait nettement moins facile une fois la gorge tranchée... L'elfe avait fait bonne figure en l'apprenant. Un sourire évasif, une vague remarque sur les préparatifs qui étaient fin prêt et une flatterie a l'encontre de Sa Majesté, lui demandant de lui réserver une danse. Demande qu'elle accepta, comme chaque années. Réduit a devoir faire semblant d'être un sujet modèle... parfois Datar se donnait envie de vomir. Mais il n'avait pas le choix, pour le moment il devait tenir le rôle du fidèle chien obéissant. Plus tard il n'aurait qu'a mordre a la gorge mais pour l'instant il fallait donner la patte et accepter les caresses ... et surtout la muselière.

C'est donc de mauvaise humeur que l'elfe rentra dans ses pénates, claquant violemment la porte derrière lui en grognant comme un teckel qu'on aurait privé de sa promenade. Une domestique vint récupérer le manteau de son maitre, Datar le lui envoya carrément dans la figure sans un mot alors que la domestique s'inclinait en silence pour ne pas s'attirer les foudres de l'elfe. Tout le monde ici savait que quand le Seigneur des Glaces était de mauvaise humeur il valait mieux éviter de croiser son chemin, courber l'échine et s'en tenir a son rôle. Foutu bal! On ne fait pas plus débile, plus idot qu'un bal! Danser, manger, parler a des gens dont il n'avait strictement rien a faire et qu'il méprisait au plus haut point. Tout ça pour faire bonne figure et garder l'illusion des masques. Un bal réservé a la haute société elfique pour, sois disant, entretenir les relations solides des piliers de la société elfique. La bonne blague... la moitié de ceux qui seraient présent la bas en voulaient a sa vie, l'autre moitié avait déjà essayé de le tuer. C'était comme de demander a un gosse de mettre la main dans une ruche pleine d'abeilles furieuses en espérant qu'il s'en sorte sans égratignures.

Datar poussa un soupire en s'installant dans son fauteuil dans le grand salon. Rapidement la gouvernante lui apporta son verre de liqueur de narcisse et allait prendre congés quand Datar la rappela d'un claquement de doigt.

"Faite mander rapidement ma couturière... et appelez moi Dame Yaelle je vous prie. Veuillez noter que nous serons tout deux absents les deux prochains jours."

Fit-il sans même accorder un regard a la femme qui s’éclipsa après une légère révérence.

La vie suivait tranquillement son cours depuis une ou deux semaines déjà dans la demeure des K'tarsis. Yaëlle s'était rapidement habituée aux horaires de son nouveau maître et elle n'avait jamais été aussi contente de travailler. Elle veillait de loin sur le bel elfe car il n'aimait pas être suivit de trop près et parce qu'il savait déjà très bien se défendre seul. Le gros de son travail était de le maintenir en vie la nuit et dans les moments où il était le plus vulnérable. Soit assez peu puisqu'il était presque toujours sur le qui-vive. Alors en attendant elle lisait des livres de contes et légendes, s'instruisait sur différentes techniques de combat à main nue et s'entraînait de façon presque intensive pour les assimiler.
Elle était penchée sur son bureau en train de dessiner quand quelqu'un vint frapper à la porte. Posant la plume dans l'encrier, elle se leva avec un "j'arrive" serein et prit le temps d'aller jusqu'à la porte pour l'ouvrir. C'était la gouvernante elle même qui venait. Habituellement, celle femme évitait tout contact avec Yaëlle, chose que la demoiselle ne comprenait pas vraiment mais respectait.

« Monsieur souhaite s'entretenir avec vous. »

« Oh, je vois. C'est urgent ? »

« Oui, cela semble l'être. Je vous conseille de vous montrer aimable, il a eut une dure journée et sa patience à des limites.»

Façon polie et correcte de dire qu'il avait reçu de mauvaises nouvelles et qu'il était d'une humeur de chien. Donc pincettes et air docile en priorité.

« Merci. Je saurai m'en souvenir. »

La gouvernante hocha la tête et repartit. Elle avait l'air occupée. Yaëlle se précipita devant la galce et arrangea sa tenue: elle tira les pans de sa chemise pour défaire les plis, attacha ensemble ses cheveux de devant pour libérer son visage tout en les laissant flotter sur ses épaules. Elle n'aimait pas avoir une tête de sauvage devant son patron.
Puis, d'un pas mesuré mais rapide, elle traversa le couloir et descendit les escaliers. Dans le salon, Datar était assis dans le fond de son fauteuil, un verre à la main, le regard noir. Les nouvelles n'étaient vraiment pas bonne. Elle resta debout près du canapé en face de lui. C'était là qu'il l'avait accueillit la première fois. Il avait déjà un verre à la main mais semblait plus éméché. Yaëlle n'aimait pas trop quand il buvait trop, il devenait imprévisible mais elle ne pouvait rien dire et il semblait apprécier l'alcool de fleur. Elle se contenta donc de fixer le verre un court instant avant de revenir sur le visage de son maître qui, comme toujours, la fascinait.

« Vous m'avez fait appelé Monseigneur ? »

Elle parlait d'une voix douce et caressante pour ne pas le brusquer ou lui déplaire. Elle ne voulait pas s'attirer ses foudres.

En attendant la jeune fille, Datar réfléchissait un peu a toute cette situation. Si le bal était déjà a l'heure du jour alors ça donnait le signal de départ de tout son plan. Ca faisait plusieurs siècles maintenant qu'il y songeait mais son plan demandait du temps, beaucoup de temps et beaucoup de patience. Avant de prendre le trône des elfes, Datar devait affaiblir la Reine auprès du peuple, dégrader son image, la rendre aussi insignifiante qu'un cafard. Une fois que la chose serait faite il n'y aurait plus qu'a attendre que les choses s'enveniment. Le peuple gronderaient... et a ce moment là Datar pourrait envisager de l'assassiner. Il n'aurait qu'a dire que ça venait d'un groupe d'habitants en colère et a ce moment là il prendrait la régence... et finalement le trône. Il devrait remonter son image auprès de son peuple et donc éliminer ceux qui peuvent encore la ternir. Peut être même qu'il se rapprocherait d'avantage des démons pour s'assurer une protection valable. Il n'y aurait plus qu'a jouer double jeu... mais il avait encore le temps avant de penser a tout ça. Pour le moment il était surtout préoccupé par ce maudit bal de pacotille, qui l'agaçait plus qu'autre chose.

Il allait entrer dans une salle où la moitié des gens en voulaient a sa vie et dont l'autre moitié avait déjà essayé de la lui prendre. Il ne comptait pas y aller sans un minimum de protection. Et c'est là que Yaelle entre en scène! Une protection constante a ses côtés, il ne pouvait pas rêver mieux. Il serait occupé a gérer les invités, parler de ci de là de quelques affaires, il ne serait pas tout le temps sur le qui vive. Et même si la Garde du palais lui assurait déjà une sécurité plus de satisfaisante, il valait mieux pour lui qu'il prenne une assurance supplémentaire. D'ailleurs la jeune fille entra dans le salon, semblant particulièrement polie. Le mot de sa mauvaise humeur avait déjà fait le tour du manoir apparemment. Et bien tant mieux! Il inclina légèrement la tête en signe de salutation, on était bien loin du baise main habituel, mais Datar n'était vraiment pas d'humeur a tenir le rôle du gentleman pour le moment.

"Oui... Je vais avoir besoin de vos service en dehors de la demeure. Ma couturière va venir dans quelques instants, elle prendra vos mesures, veillez a vous mettre a sa disposition du mieux que vous le pourrez."

Fit-il le plus calmement possible en buvant une gorgée de liqueur, la boisson sucré l'apaisant légèrement pendant quelques instants.

"Demain nous partirons en début d'après midi... Tachez d'être présentable."

En voyant la tête que faisait sa garde du corps, Datar soupira légèrement. Il allait devoir être un peu plus clair que ça.

"Vous allez m'accompagner a un bal demain soir. La moitié de mes ennemis seront présents et ca m'ennuierais beaucoup de mourir avec une dague planté dans ma superbe tunique au beau milieu des nobles de Drayame...Vous serez donc mon rempart contre tout ces gens mal intentionnés a mon égard. Des questions?"

Il n'attendait pas vraiment de réponses de la part de la jeune fille, c'était un ordre non discutable et catégorique. Néanmoins si elle avait des questions a poser concernant le déroulement de la soirée il était tout prêt a y répondre.

Pour être de sale humeur, il était de sale humeur. Le regard sombre, le ton cassant, il se montrait aussi correct que possible mais tout juste. Au moins il conservait sa dignité en conservant son calme. La demoiselle ne pouvait qu'apprécier ce genre de retenue. Elle n'aimait pas les débordements de la part des gens de la haute société, ça lui semblait vulgaire. Bien entendu, certaines situations ne prêtaient qu'aux débordements mais pour une colère passagère, elle en connaissait beaucoup qui ne pouvait pas plus se contrôler qu'un enfant de six ans.

« Demain nous partirons en début d'après midi... Tachez d'être présentable. »

Elle resta de marbre. Mais au fond, elle aurait bien haussé un sourcil d'un air un peu vexé. Certes, ses tenues n'allaient pas jusqu'à avoir la classe ni la qualité de ceux que portait son hôte mais jamais elle n'était crasseuse, mal peignée ni mal fagotée. Présentable, elle l'était toujours. Mais en temps que garde du corps bien sur.

« Vous allez m'accompagner a un bal demain soir. La moitié de mes ennemis seront présents et ca m'ennuierais beaucoup de mourir avec une dague planté dans ma superbe tunique au beau milieu des nobles de Drayame...Vous serez donc mon rempart contre tout ces gens mal intentionnés a mon égard. Des questions? »

Ah, voila qui était plus clair. En effet, là il y avait de quoi lui demander d'être présentable. Elle n'était pas très féminine ni très habillée dans la vie de tous les jours. Des bottes lâches, un pantalon bien couvrant, des chemises ou des tuniques de facture basique et simple. Rien de transcendant en somme. Mais la demoiselle savait se tenir en haute société. Elle avait une petite sacoche contenant quelques objets précieux qui lui servaient pour ce genre d'occasions. Les hommes aiment s'amuser en soirée et ne font pas attention au reste. Elle était souvent là pour protéger leurs arrières, restant toujours sobre et attentive pour eux. Parfois elle était obligée de les traîner le lendemain matin jusqu'à leur voiture...Mais c'était une minorité de cas, encore heureux. De façon générale, elle appréciait les bals. Elle ne dansait pas mais elle regardait les autres le faire et ça lui suffisait. Elle ne pouvait pas manger beaucoup mais elle avait quand même droit à quelques plats de haute volée. Elle ne pouvait pas discuter avec d'autres personnes mais elle écoutait les conversations. L'ambiance était toujours agréable et ça la sortait de sa routine.
Elle fit non de la tête, ayant parfaitement saisit les grandes lignes. A ce moment, une personne arriva, faisant discrètement claquer le talon de ses chaussures à chaque pas. C'était une elfe, grande, mince et à l'air sévère. Ses cheveux noirs relevés en un chignon serré et ses vêtements amidonnés donnaient une impression de raideur générale assez étrange. Yaëlle se sentait bizarrement intimidée. L'elfe se présenta devant le maître de maison qui esquissa un vague geste de la main. La Yogaï comprit qu'il était temps de partir avec celle qui visiblement était la couturière.

Cette dernière guida Yaëlle dans une pièce avec de nombreux miroirs, un petit podium et de nombreux, très nombreux rouleaux de tissus. La demoiselle avait rapidement fait un tour et posé des pièges à toutes les immenses fenêtres qui tapissaient le mur du fond. Mais elle n'avait pas prêté plus attention que cela à l'intérieur et au mobilier. Un bataillon de servante se présenta, en ordre strict, telle une belle petite armée prête à entrer en guerre. La jeune femme se sentit encore plus inquiète.

« Retirez vos vêtements. Et grimpez là-dessus. »

Les ordres étaient secs, tranchants et ne souffraient pas d'être contre-dit. Aussi Yaëlle s'y plia-t-elle en serrant les dents. Elle aurait aimé ne pas être là...Le problème avec les grands bals c'était qu'il fallait une robe. Et elle, elle avait peur de la couture. Les ciseaux contre sa peau, les aiguilles qui s'enfoncent dans les plis sans hésitation, les rubans qui pour étranglent... Elle en frissonnait d'avance. Ce fut donc d'un pas traînant qu'elle partit se cacher derrière un paravent pendant que chaque soldat s'armait au mieux pour les heures à venir. Car si la tenue du maître de maison était prête, trônant déjà sur un mannequin et surement pensée et conçue depuis longtemps, il fallait faire une robe pour son accompagnatrice et de préférence un peu assortie. Et plus de tissu voulait dire plus de temps de travail. Une fois entièrement nue, les cheveux bien relevés, la jeune femme revint en plein milieu de la pièce, face aux miroirs, de profil par rapport à la porte et aux vitres qui déversaient autant de lumière naturelle que possible. D'un pas hésitant elle se jucha sur le podium, surplombant toutes les têtes, en proie aux regards de toutes. Déjà elle se sentait détaillée, habillée puis déshabillée tour à tour, estimée, pré-mesurée. Le cauchemar allait commencer d'un moment à un autre.

« Vous n'êtes pas facile à habiller... Notre seigneur ira tout en blanc avec quelques détails verts. Je pense que pour vous, moins il y aura de couleur et mieux ce sera. Vous êtes déjà assez bigarrée comme ça. »

Yaëlle étouffa un soupir d'agacement. Oui, elle avait les cheveux violets, un œil vert et un autre bleu, non ça ne lui facilitait pas la tâche mais elle n'avait pas choisi. Alors qu'on arrête de le lui faire remarquer tout le temps ! Avec une synchronisation effrayante, chacune des couturière sortit un ruban-mètre. La jeune femme inspira et se regarda droit dans les yeux grâce au reflet, écartant les bras pour laisser la place aux ouvrière de travailler sous le regard de leur reine. Bientôt un ruban lui serrait la poitrine, un autre la taille, un troisième les hanches et un dernier partant de la nuque jusqu'aux pieds. Elle n'était pas portée là-dessus mais elle devait pourtant se mordre la langue pour ne pas lâcher un soupir et rougir sous les fourmillements qui la parcouraient à cause de la pression sur ces endroits sensibles. Elle détestait les couturières, définitivement. Une fois les mesures prises, on commença à l'enrouler dans du tissu. On lui dessina un modèle, puis un autre, puis encore un autre jusqu'à ce que la grande patronne soit contente. Elle renvoyèrent Yaëlle derrière son paravent le temps de découper les patrons. Une heure plus tard, la demoiselle revint pour qu'on puisse lui faire essayer. La danse infernal des aiguilles commença.

« Aie ! Mais Aie ! Faites attention, c'est dans ma cuisse que vous AIE ! »

« Cessez de gémir de la sorte, on dirait une vierge qu'on ausculte. »

« Mais vous me plantez vos engins de torture dans le corps ! Et pour votre gouverne, je suis OUILLE ! »

La styliste poussa un gros soupir et demanda à ses assistantes plus de douceur préférant faire passer le calme de la demeure et du seigneur avant leurs heures de travail. Quand elles passèrent aux véritables essayages, la nuit commençait à à tomber. Et ce fut la guerre. Cette fois, c'en était trop pour Yaëlle. On lui épinglait presque sa robe sur le dos ! Elle se débattait, tentant d'échapper à ses bourreaux qui la maintenaient d'une main ferme.

« Laissez moi partir ! Ça suffit ! Lâchez-moi bande de harpies ! »

« Là, il manque un pli ! Et...Outch ! Doucement enfin, laissez nous faire notre travail ! »

« Non ! Bouchers ! Bourreaux ! Vautours ! Je vous ordonne de me lâcher ! »

La bataille se poursuivit jusque tard le soir.
Mais ce furent les démoniaques couturières qui la gagnèrent car finalement, il ne resta que quelques retouches qui ne requéraient pas la présence de la jeune femme en furie. Cette dernière était d'ailleurs épuisée et affamée. Ce fut donc avec un plaisir immense qu'elle sortit enfin de la pièce de l'enfer pour rejoindre les cuisines d'un pas fatigué et abattu. Elle avait mal partout et les cheveux en bataille. Mais c'était terminé ! Elle ne savait même pas à quoi ressemblerait vraiment la robe finale. Se laissant tomber à la petite table, elle prit son diner sans un mot, trop concentrée sur son envie de se plonger dans un bain bien chaud. Ce qu'elle fit dès qu'elle eut terminé. La vapeur et l'eau lui firent lâcher un soupir de soulagement et de bien-être.

« Le premier assassin qui ose m'interrompre en pénétrant dans la maison, je le découpe en morceaux ! » dit-elle pour elle même.

La couturière arriva, s'inclinant en guise de salut, Datar lui répondant d'un signe de la main assez vague et peu convainquant. Sa mauvaise humeur venait de monter d'un cran. Non pas qu'il n'aime pas sa couturière mais il avait toujours eu en horreur cette façon qu'elle avait de se tirer les cheveux a quatre épingles. Il regarda donc Yaelle partir en la suivant du regard pour finalement lever les yeux au ciel. Aucuns doutes que la pauvre couturière allait avoir du boulot avec la garde du corps. L'elfe termina paisiblement son verre de liqueur avant de se rendre a son bureau où l'attendaient quelques affaires plus ou moins importantes a régler. Pour le moment tout était calme dans la demeure, Datar prit plaisir a lire quelques parchemins intéressants avant de commencer a rédiger une réponse convenable pour la futur réunion auprès de Sa Majesté... mais un cri lui fit faire une magnifique tache d'encre sur sa feuille. Déjà que l'elfe n'était pas d'humeur joyeuse, si en plus on le dérangeait pendant son travail il y avait de fortes chances qu'il pète carrément un cable!

Il se leva d'un bond avec la ferme intention d'aller ordonner qu'on égorge l'impudent qui hurlait de la sorte dans le manoir.. et les cris de détresse le menèrent devant la porte de la salle d'essayage. Il s'arrêta un instant, hésita a entrer et finalement soupira. Il colla un instant son oreille contre la porte pour entendre Yaelle qui avait l'air de grogner et de pestiférer contre le manque de délicatesse des couturières. L'elfe sourit légèrement, il devait bien reconnaitre que parfois la couturière était un peu brute mais son travail valait bien quelques piqûres. Il soupira doucement et se recula d'un pas avant de reprendre la direction de son bureau. Il avait peut être fait une erreur en invitant sa garde du corps au bal mais il s'évitait ainsi la corvée déplaisante de se choisir une courtisane et il avait ainsi une protection valable a portée de main. Ce qu'il espérait surtout a ce niveau là c'était que la demoiselle ai un minimum de tenue devant les nobles de la haute société. Datar avait grandit parmi eux, il avait eu une éducation en conséquence avec son statut de jeune noble... mais pour Yaelle il faudrait éviter les fausses notes. L'elfe savait mieux que quiconque qu'un seul faux pas était sujet a toutes les railleries. Les nobles n'étaient pas du genre a excuser le manque d'élégance ou la moindre maladresse. Le monde de la haute société était brutal, sans pitié et implacable... Néanmoins Datar avait le pressentiment que tout se passerait au mieux, et en cas de soucis, il s'arrangerait pour faire rempart aux moqueries des invités contre sa garde du corps.

Il retourna enfin a son bureau, termina rapidement les quelques dossiers qu'il avait encore a traiter et prépara sa sacoche contenant bon nombres de documents qu'il devrait donner a Sa Majesté au plus tôt. Après quoi il souffla sur la bougie et quitta la pièce. Le couloir était encore éclairé par quelques torchèrent, permettant au maitre des lieux de retourner a sa chambre sans encombres. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps avant de se retrouver au lit, lisant un ouvrage traitant de la magie élémentaire pour finalement le fermer et se coucher après avoir soufflé sa bougie de sa table de chevet. La nuit se passa sans encombres, plongeant dans un sommeil un peu perturbé puisque l'elfe se retrouva bien vite au prise avec un cauchemar qui ne l'avait plus hanté depuis longtemps. Il se réveilla en sursaut au premières lueurs de l'aube, le front en sueur, le coeur battant. S'extirpant lentement de ses draps, il vint ouvrir le tiroir de son petit bureau où se trouvait là une petite peinture que le temps semblait avoir épargné. Il représentait une femme, belle comme le jour au regard pétillant de malice et au sourire tendre. Datar effleura la peinture du bout du doigt, le regard perdu dans le passé... Il fut rappelé a la réalité quand quelqu'un frappa a la porte, s'empressant de ranger la petite peinture dans le tiroir.

"Oui?"

"Seigneur K'Tarsis, vos bagages sont prêts, dois-je rajouter quelques choses dans la calèche?"

"Ho.. Oui.."

L'elfe s'empresse d'enfiler une robe de chambre avant d'aller ouvrir la porte pour décourvir le visage de sa gouvernante. Incline légèrement la tête en guise de salutations avant de lui tendre la sacoche contenant les documents.

"Et veillez a ne pas les égarer, c'est important."

"Bien sur Seigneur. Autre chose?"

"Ca ira... Ho! Est-ce que vous avez reçu la robe de Dame Yaelle?"

"Oui Seigneur, elle est arrivé de bonne heure ce matin. Les couturières ont travaillées toute la nuit pour qu'elle soit prête a temps."

"Très bien... donnez leur une petite compensation pour leurs efforts dans ce cas."

"Bien Seigneur. Votre tenue vous attends dans la salle de bain, celle de la jeune femme dans la sienne. Le petit déjeuner est servit. A quelle heure partirez vous?"

"Peu après le déjeuner, j'ai encore quelques affaires a finir et j'aimerais ne pas arriver trop tard."

"Bien Seigneur..."

La gouvernante s'inclina respectueusement avant de s'en aller et Datar retourna dans sa chambre. Il regarda un moment par la fenêtre avant de lancer un regard vers le tiroir de son petit bureau, où se trouvait la peinture, lachant un vague "j'aurais préféré que ce soit toi" avant de quitter sa chambre. Il descendit avant tout prendre son petit déjeuner pour éviter de se salir en mangeant avec ses vêtements de bal après quoi il fila au bain et enfila son costume qui lui tombait parfaitement bien. Il ne tarda pas pour le reste de la matinée et s'enferma de nouveau dans son bureau. Quand le soleil fut au zénith il decsendit prendre son repas et prit le temps de prendre son infusion dans le grand salon, attendant que Yaelle soit fin prête a partir elle aussi.

[Tenue de bal de Datar: http://browse.deviantart.com/?order=9&q=Heise&offset=72#/d1sty7x ]

La nuit avait été dure. Même si le bain avait grandement relaxé la demoiselle, elle restait tendue comme un arc et meurtrie par les heures de pose. De plus elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à tous les désagréments que provoquaient les bals. Ceux qu'elle avait oublié en journée. Elle avait apprit à se tenir en société comme une parfaite petite princesse. Elle pouvait mimer la noblesse avec une perfection étonnante. Mais ce n'était pas elle. Elle espérait pouvoir faire illusion cette fois encore et ne pas faire de faux pas. Elle ne voulait pas décevoir l'elfe, elle ne voulait pas lui faire honte, salir son nom, attirer les regards sur elle. Hors de question.
Quand le matin arriva, elle l'accueillit avec soulagement. Elle avait l'impression de ne pas avoir dormit de la nuit et pourtant, elle avait le teint frais comme une rose. A croire que les nuits les plus agitées sont parfois les meilleures... Rapidement elle rejoignit sa salle de bain. Une surprise l'attendait en l'objet de sa robe de bal. Elle resta bouche bée devant. Plus rien à voir avec celle de la veille ! Avec un respect presque religieux elle prit le vêtement et l'inspecta sous tous les angles. Une rapide toilette et elle était prête à enfiler son vêtement. En se tournant vers la glace, la jeune femme eut presque le souffle coupé. La robe était tout simplement sublime, la mettant en valeur comme aucune autre avant: un haut en bustier serré suivait avec grâce ses courbes, mettant en avant la minceur de sa taille. Chaque pli était pensé et étudié pour ne pas bouger. Une broderie fine à la naissance du bassin marquait la fin du bustier. A partir de là, un tissu satiné et brillant descendait en cascade autour de ses jambes, en plusieurs couches, plus court devant que derrière, laissant voir les pieds et la naissance du mollet de la jeune femme. Les chaussures à talon haut, aussi blanches que la robe, avaient des rubans pour lui enserrer la cheville et donner toujours cette impression de finesse. Elle avait à la fois la prestance d'une dame de la haute société et l'espace de mouvement pour assurer son travail. Parfait.

Spoiler:

Yaëlle se tourna et se retourna, un grand sourire aux lèvres qui se transforma en rire de joie. Elle n'avait jamais eut l'occasion de se voir si belle dans une robe. Ni dans aucune autre tenue. Elle aurait embrassé la couturière.
Il fallait qu'elle fasse honneur à la robe désormais. Alors c'est avec un soin particulier qu'elle attacha ses cheveux. Elle les brossa avec soin et fit quelques tresses lâches. Elle noua le tout avec adresse en un chignon épais qui laissait retomber des mèches dans son cou et sur ses tempes. Elle sortit alors sa sacoche spéciale. Dedans elle prit plusieurs épingles à cheveux ornées d'une fleur blanche en ivoire. Qui s'accordait parfaitement avec sa tenue.

Spoiler:

Elle était presque prête. On avait mit à sa disposition des montagnes de maquillage. Elle n'était pas une experte mais savait ce qu'il convenait de faire. Son teint pâle lui évitait la poudre mais ses yeux de deux couleurs l'empêchaient de pouvoir se maquiller comme elle l'aurait voulu. Alors elle prit simplement un pinceau et surligna son œil d'un trait noir gracieux. Elle était fin prête. Elle allait sortir quand elle vit le petit flacon posé sur une étagère. Elle aurait juré qu'il ne se trouvait pas là les autres jours. Aussi l'ouvrit-elle pour voir ce qu'il contenait. Il s'agissait simplement de parfum. Un parfum de fleur, à la fois épicé et léger. Elle apprécia de se laisser bercer par cette odeur et pensant qu'on avait laissé cela à son attention, elle s'en mit avec parcimonie. Elle était prête de la tête aux pieds. En retournant dans sa chambre elle vit qu'on lui avait déposé deux trois choses à manger. Son estomac se rappela à sa présence et avec milles précautions, elle avala son repas. Le nœud dans son ventre n'avait pas disparut aussi fut elle rapidement rassasiée.
Puis on vint doucement toquer à sa porte alors qu'elle venait de terminer de se brosser les dents. Il était déjà l'heure de partir ? Et oui. Elle avait mit très longtemps à se préparer mais ça en valait la peine. La domestique eut un temps d'arrêt en la voyant, semblant se demander un instant si elle avait bien à faire à Yaelle. Mais la couleur violette des cheveux ne trompait pas.

« Le seigneur vous attend en bas. »

« Je vous suis. »

Elle descendit à la suite de la femme de chambre. Le temps de traverser le couloir pour descendre, elle s'était glissée dans la peau d'une duchesse. Le port de tête atelier, le dos droit sans être raide, elle mesurait chacun de ses gestes sans sur-jouer. C'était excellent. Et elle espérait pouvoir être ainsi toute la soirée. Une main sur la rambarde, le regard transformé, elle descendit au salon. Arrivée devant Datar, elle lui offrit une révérence impeccable accompagné d'un léger sourire gêné. Lui la connaissait sous un autre jour...

« Bonjour Monseigneur. Puis-je avoir votre opinion quand à mon...apparence ? Est-ce satisfaisant ? »

Sa voix était douce, assez forte pour être entendue mais assez veloutée pour que depuis l'autre bout de la pièce on ne soit pas en mesure de la comprendre vraiment. Elle devait être exemplaire. Mais elle ne pouvait pas cacher la teinte légèrement rose de ses joues ni le sourire radieux qui se cachait dans ses yeux. Aller à un bal dans cette tenue serait assez facile à vrai dire: elle se sentait comme une princesse alors en emprunter les attitudes serait aisé.

Datar commençait a s'impatienter, pourtant ils n'étaient pas en retard... peut être qu'il n'aimait tout simplement pas attendre. Plus le temps passait et plus la simple idée de mettre les pieds a ce bal lui donnait la nausée. Il soupira, sentant déjà l'ennui pointer le bout de son nez alors que des bruits se faisaient entendre a l'étage. Ha enfin la jeune femme se décidait a descendre, ce n'était pas trop tôt! La calèche était prête depuis un bon moment, les bagages étaient chargés, il n'y avait plus qu'a se mettre en route et il y avait encore le trajet a faire. Ca allait être d'un ennui mortel. De quoi est ce qu'il allait bien pouvoir parler avec la demoiselle pendant les heures de route qui les séparaient du palais de Sa Majesté la Reine des Elfes. L'elfe soupira de nouveau, ça semblait être devenue une habitue chez lui pour montrer son ennui et son agacement. Il sentit la présence de la jeune fille sans vraiment lever les yeux vers elle, jusqu'a ce qu'elle ne lui adresse la parole. Lentement le regard du Conseiller dévie du vide sur lequel il s'était fixé jusque là pour se poser sur la demoiselle... Et il y eut comme une cassure dans le temps. L'espace d'un instant Datar eut l'impression de ne pas avoir la même personne sous les yeux. S'agissait-il bien de Yaelle? Ca changeait beaucoup de la combattante tachée de sang qu'il avait vu la dernière fois.

L'elfe resta un instant silencieux, son regard gris trahissant sa surprise mais aussi son enchantement. Il se leva lentement de son fauteuil et s'avança d'un pas vers la jeune femme, l'observant en silence de haut en bas. Il n'y avait décidément rien a redire sur sa tenue ou sa coiffure, pas même sur sa façon de se tenir... Elle était véritablement...

"Parfaite..."

Le mot lui avait échappé et il ne semblait pas vouloir se rétracter, se contentant de sourire légèrement en croisant le regard de la demoiselle. Lentement l'elfe attrapa la main de la jeune fille pour y déposer un baiser, effleurant a peine sa peau de ses lèvres comme s'il refusait de briser cette harmonie qui émanait d'elle. Il finit par se redresser sans pour autant lacher la main de la jeune fille, n'arrivant pas a détourner son regard d'elle.

"Tout simplement.. parfaite... dame Yaelle."

Il sourit un peu plus avant de l'entrainer vers le hall. Il enfila son manteau et déposa une cape blanche sur les épaules de la demoiselle avant de lui servir d'escorte jusqu'a la calèche qui les attendait bien sagement devant la porte de la grande bâtisse. Toujours galant, l'elfe aida la jeune fille a monter dans la calèche avant d'y prendre place a sin tour. Il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu'elle ne se mette en marche en direction de Drayame. Une fois correctement installé, en face de la demoiselle, Datar ne pouvait se résoudre a la quitter des yeux une seule seconde.

"Vous m'aviez caché cette partie de votre personnalité, Dame Yaelle... Moi qui pensait m'ennuyer durant ce bal, je crois que grâce a vous je viens de lui trouver un soudain intérêt..."

La jeune femme s'attendait à un hochement de tête satisfait, à un sourire ou a un simple oui évasif. Elle crut avoir mal entendu quand le verdict tomba et son expression se teinta d'étonnement sincère. On ne la complimentait pas beaucoup mis à part sur son travail et si elle elle se trouvait très bien, elle savait que ce n'était que l'avis d'une femme qui a l'habitude de dormir dehors et qui bat à plat de couture des gros bras tous les deux jours. C'était donc un avis avec relativement peu de valeur, idée renforcée par le fait qu'on lui avait toujours fait comprendre que son avis importait autant que celui du chien du voisin. Et a présent voila qu'un homme de haute naissance pensait d'elle qu'elle était parfaite ? C'était un peu comme de nager dans un rêve: c'est superbe, sublime, les personnages sont tous plus beaux les uns que les autres mais on a du mal à y croire tant c'est idyllique.
Yaëlle se sentit rougir comme une pivoine et frissonna quand il lui effleura la main. Ça, elle n'y était vraiment pas habitué. Et que ce soit Datar, encore moins. Elle lui adressa un sourire qu'elle ne pouvait plus retenir et se laissa guider jusqu'à la calèche. Avec une délicatesse mesurée, elle releva un peu ses jupes et monta dans la voiture qui devait les emmener au palais. Elle avait voir la demeure de la reine ! Avec un geste presque naturel elle ramena toute sa robe sous ses genoux et maintint les jambes l'une à côté de l'autre, légèrement de côté. Elle veilla a laisser assez de place à son maître pour qu'il puisse s'installer à son aise mais l'endroit était malgré tout très étroit. Les rideaux aux petites fenêtres maintenaient une pénombre entre coupée de raies ensoleillée. Il faisait un temps superbe qui annonçait une nuit toute aussi belle. La voiture se mit en mouvement dans une petite secousse. La jeune femme regardait pas la fenêtre, sentant peser sur elle le regard de l'elfe et préférant lui offrir son profil au risque de rougir encore. Elle l'impressionnait donc tant que ça ?

« Vous m'aviez caché cette partie de votre personnalité, Dame Yaelle... Moi qui pensait m'ennuyer durant ce bal, je crois que grâce a vous je viens de lui trouver un soudain intérêt... »

Elle ne pouvait pas fixer le paysage plus longtemps. Un sourire s'épanouit sur son visage comme on pouvait en voir peu et elle tourna ses yeux vairons vers son interlocuteur. Il pouvait se montrer aussi mauvais qu'une teigne quand il était de mauvaise humeur mais quand il était de bonne humeur, il était parfaitement charmant. Envoutant en fait et c'était ce dont elle se méfiait principalement. Mais cela ne l'empêchait pas de répondre avec amabilité et politesse, comme se doit de le faire une jeune femme de bonne famille.

« Je suis contente si je peux égayer votre soirée. Vous aviez l'air si contrarié d'y assister. Le sourire s'accorde bien mieux à votre personne. »

Elle était sincère, c'était bien plus agréable de le voir avec un air serein voir enjoué sur le visage. Même si à cet instant il était plus en train de sa dévisager pour chercher le subterfuge dont elle avait usé pour se transformer...

« Je...J'ai été éduquée afin de pouvoir être présentable en société et pouvoir assurer mon rôle même lors de grandes occasions. Je ne dois pas faire honte à mon maître. Je ne vous ferai pas honte seigneur K'Tarsis, je le jure sur ma vie, personne n'aura à redire de mes...manières. »

A dire vrai elle avait un peu honte en pensant qu'en temps normal, elle se conduisait comme n'importe quel mercenaire de bas étage simplement parce que prendre des pincettes la fatiguait. Mais peut-être qu'après cette soirée, Datar lui demanderait-il de toujours se tenir ainsi ? Elle le ferait surement.

« Cela fait longtemps que je n'ai pas assisté à un bal... Et la première fois que je suis conviée chez les elfes. »

Yaëlle se rendit alors compte qu'elle allait surement trop loin et rougit à nouveau avant de lever les mains et de rectifier d'une voix précipitée mais douce.

« Enfin non, je n'ai pas été conviée bien sur, je suis là pour assurer la sécurité enfin votre sécurité, au cas où il y aurait un problème, je ne suis là que pour ça, pour rien d'autre, je ne suis pas une invitée...»

Bon, mieux valait se taire et arrêter là les dégâts. Elle commençait bien... Tournant à nouveau son regard vers l'extérieur, ne pouvant supporter la déception qui ne tarderait pas à se lire dans les yeux de Datar, elle préféra fermer la bouche et attendre que son cœur arrête de cogner à tout rompre dans sa poitrine. Elle était ridicule...Pendant un court instant elle avait put penser qu'elle pouvait réellement attirer le regard de quelqu'un. Mais elle avait une place dont elle ne bougerait pas parce qu'on l'y avait mit dès la naissance. Elle resterait dans l'ombre, quelque soit ses manières et sa robe car elle ne pouvait pas faire illusion toute sa vie. La preuve étant qu'en quelques minutes elle venait certainement de ruiner sa belle entrée en jeu.

Datar écoutait paisiblement les paroles de la jeune fille, toujours aussi surprit par cette métamorphose de la part de sa garde du corps. Il la trouvait déjà jolie l de base, c'est ce qu'il c'était dit en la voyant pour la première fois... mais il n'aurait jamais cru qu'elle puisse devenir a ce point une femme dans toute sa splendeur. Maintenant Datar craignait de ne pas avoir suffisamment de vocabulaire pour la décrire. Éduquée pour être présentable en société? En voila une drôle d'idée pour une mercenaire, la plupart de ceux que Datar avait rencontré étaient a peine capable de trouver la bonne utilité a une fourchette! Évidemment il y avait de quoi être surprit en voyant que l'une d'entre eux était en réalité une véritable perle de nacre dans un panier de crabes. Peut être que le maitre de Yaelle estimait qu'elle aurait un jour ou l'autre affaire avec la haute société et qu'en tant que tel il fallait qu'elle soit un minimum présentable. Datar sourit un peu plus, elle avait du avoir un entrainement large et varié pour pouvoir ainsi parer a toutes éventualités au cours de son existence. Il agita légèrement la main devant lui en s'installant un peu plus confortablement sur le siège de la calèche.

"Mais personne n'aura rien a redire a vos manières Dame Yaelle... car si quelqu'un se le permet il aura l'amer privilège de se confronter a ma modeste personne.. Et croyez bien que ça, personne dans tout Drayame ne le souhaite, pas même a son pire ennemi."

Fit-il le plus calmement du monde en réajustant un de ses gants. A force de côtoyer les loups on finit par en devenir un soit même... et quand tout les loups son contre vous alors on devient un monstre que même les loups redoutent. Datar n'avait pas la meilleure réputation possible auprès de son peuple. Beaucoup d'entre eux pensent encore qu'il n'a pas sa place parmi les elfes et qu'il aurait mieux fait de rester là où il était pendant tout ces siècles d'absence. Les plus ancien garde de lui la vision d'un jeune enfant qui n'avait pas pleurer une seule larme a la mort de son père, allant jusqu'a traiter le défunt d'idiot. Les autres se souviennent de lui comme du traitre a sa race qui les a abandonné en temps de guerre, abandonnant également sa mère mourante et désespérée de l'absence de son fils. Pour les plus jeunes, il a cependant une place de sauveur. Celui qui revient auprès de son peuple emplit de connaissances. Celui qui a poussé a l'alliance entre les peuple pour assurer la survie de tous, celui qui a prit les armes lors de la bataille de Drayame et celui qui a soigner son peuple en grand alchimiste et grand médecin qu'il est. Beaucoup d'anciens sont mort durant la guerre, mais d'autres ont survécu et leur mémoire reste intacte. Ils allaient en voir énormément ce soir... ceux qui tentent encore de le tuer en lui envoyant des hordes d'assassins. Ce soir il devrait garder un visage de neutralité absolue et un sang froid a toute épreuve. Datar reposa son regard sur la jeune femme.. ce soir elle serait son rempart contre les dagues dans le dos, mais il devrait garder son rôle secret. Ne pas donner toutes les cartes a l'ennemi, telle était sa devise. Il sourit légèrement en voyant la jeune femme mal a l'aise de s'être autant avancé sur la cause de sa présence a ce bal.

"Ne soyez donc pas si protocolaire. Vous êtes mon invitée ce soir, ma cavalière qui plus est. Vous devrez certes assurer ma sécurité mais tachons de ne pas en informer ceux qui cherchent a me nuire. Qu'ils ne voient en vous qu'une simple compagne est surement la meilleure chose qui puisse nous arriver ce soir."

Fit-il en souriant en coin.

"Moins ils en savent et plus il sera aisé de leur faire croire ce que nous souhaitons. Aussi ce soir j'aimerais que vous vous présentiez comme ma cavalière et rien d'autre."

Fit-il en souriant un peu plus sereinement, se penchant légèrement en avant vers la jeune femme.

"Et peut etre m'autoriserez vous quelques familiarités envers votre personne pour que l'illusion soit totale..."

Le ton avenant de son hôte rassura Yaëlle qui se désempourpra. Elle trouva également un terrain connu quand il lui expliqua qu'elle devait assurer son rôle tout en se faisant passer pour autre. C'était du domaine du travail, ça avait quelque chose de rassurant de s'entendre donner des consignes. Elle en vint même à le regarde à nouveau, sans une trace de gène puisqu'ils se parlaient à présent comme un employeur à son garde du corps. Elle hocha simplement la tête pour montrer qu'elle avait comprit, faisant glisser une mèche mauve dans de son épaule à son cou. Elle pouvait parfaitement se faire passer pour une autre. Ça serait même surement plus agréable étant donné qu'elle serait ainsi parmi les invités et non dans un coin de la pièce à surveiller tout le monde. Elle pourrait assurer la protection de son maître de très près et...Passer la soirée à ses côtés. Étrangement ça lui faisait plutôt plaisir. En temps normal elle n'appréciait pas la compagnie des gens pour qui elle travaillait. Mais il se montrait si galant et si poli avec elle qu'elle ne pouvait que le trouver formidable. Il lui avait quand même donné une chambre à elle et une salle d'eau qu'elle pouvait utiliser quand elle le souhaitait. Alors si elle pouvait lui prouver sa gratitude en lui étant le plus agréable et utile possible, elle le ferait.
Elle voulait bien le croire quand il disait que personne ne voudrait s'opposer à lui. Après tout, il était le conseiller de la reine et quand il durcissait son regard, ça devait être assez désagréable d'être la cible de sa colère. Qu'il prenne sa défense...Elle ne s'y attendait pas du tout mais peut-être que c'était ainsi que devaient faire les hommes de la noblesse: défendre les femmes. Elle ne voyait pas Datar s'interposer devant une moquerie pour la tirer du pétrin, ce n'était pas un chevalier servant et elle n'était pas une princesse en détresse. Mais elle appréciait qu'il la rassure de la sorte.

« Et peut-être m'autoriserez vous quelques familiarités envers votre personne pour que l'illusion soit totale... »

La jeune femme ne comprenait pas exactement ce qu'il voulait dire. Elle ne voyait pas bien comment ils pourraient faire plus illusion qu'en se tenant côte à côte et en discutant ensemble.

« Je dois avouer que je ne comprend pas... Quel genre de familiarité serait le plus efficace d'après vous ? »

La jeune Yogaï pouvait se montrer d'une naïveté rare concernant certains domaines...D'une ignorance presque totale concernant les relations homme-femme au-delà de l'amitié, elle avait quelques maigres connaissances mais cela se limitait à ce que sait un jeune adolescent. Le reste, les subtilités du langage et des attitudes, elle ne l'avait ni apprit ni expérimenté et personne n'avait pensé à combler ces lacunes. Elle connaissait donc les grandes lignes d'une relation amoureuse et encore, quand celle-là était déjà établie mais tout ce qui pouvait la précédé n'était qu'un grand flou où seules ses intuitions pouvaient la guider. Donc quand d'autres auraient compris ce que le seigneur K'tarsis voulait dire, Yaëlle restait d'une indécrottable naïveté, préférant demander clairement pour s'instruire.
Il restait beaucoup de chemin à faire, plusieurs heures à vrai dire, ce qui lui laissait de temps d'apprendre jusqu'au soir comment elle pouvait être la cavalière parfaite devant le les invités.

A la réponse de la jeune femme, Datar ne pu s'empêcher d'éclater de rire. Non pas pour se moquer, ce n'était pas son but, mais bel et bien parce que la jeune fille venait de le remettre a sa place encore mieux que n'importe quelle autre demoiselle. Face a un mur de naïveté, Datar avait tendance a baisser les armes de la séduction. Loin de lui l'idée de pervertir les rares âmes encore immaculées de pureté par son aura malsaine et ses propositions douteuses. Enfin c'est surement ce qu'il aurait fait face a une jeune femme pour qui il n'avait pas beaucoup d'intérêt... pour Yaelle c'était tout autre. Impossible de dire pourquoi mais il semblerait que l'elfe soit irrémédiablement attiré vers la jeune femme. Dans l'esprit de l'elfe ce ne devait être qu'une petite passade, sans doute lié avec la surprise de la découvrir sous un autre jour et qui la rendait si attirante. Mais il avait beau essayer de se raisonner... l'hypothèse de la passade devenait de plus en plus compromise au fur et a mesure qu'il se rendait compte qu'il avait vraiment envie de se rapprocher d'elle, pour une raison qui lui échappait complètement. N'étant pas le genre d'homme a croire aux coups de foudre, Datar aurait plutôt tendance a mettre ca sous le coup de l'euphorie du bal... si du moins euphorie il y avait, ce qu'il doutait fortement. Pour ne pas malmener ses pauvres petits neurones qui avaient déjà plus de mille ans d'existence, il préféra mettre cette question de côté, pas la peine d'y songer pour le moment il verrait bien après le bal s'il en était toujours question.

Pour répondre a la demoiselle, Datar se rapprocha de nouveau d'elle en se penchant en avant, immobile et silencieux alors que son regard d'acier se plongeait dans le sien. Ses yeux, d'une étrange dualité, étaient sans aucuns doutes la chose la plus mystérieuse qu'il pouvait voir de la demoiselle. Le regard de glace de l'elfe dériva lentement jusqu'aux lèvres roses de la jeune fille alors qu'il leva lentement la main pour venir dégager le front de Yaelle d'une mèche parme qui y avait trouvé refuge. Sa main glissa ensuite vers la joue de la demoiselle, son pouce dévia pour venir effleurer avec douceur la commissure de ses lèvres attirantes avant de s'en éloigner presque a regret. Quand sa main glissa sur le cou de la belle, elle s'immobilisa finalement au niveau de son épaule gracile qu'il serra doucement pour l'attirer vers lui. Son visage, tout proche de celui de la yogaï a présent, restait indéniablement neutre et serein, son regard empli d'une certaine lueur qui le rendait si sur de lui. Il se stoppa néanmoins sans chercher a avancer d'avantage. Non seulement parce que ce n'était ni le lieu ni le moment pour s'adonner a ce genre de choses, mais aussi parce qu'il n'avait pas l'intention de forcer la jeune fille, ni de l'effrayer.

"Hé bien quelques caresses, quelques rapprochements un peu plus intimes... et peut être quelques baisers si cela vous est acceptable..."

Jamais jamais JAMAIS personne n'avait eut avant la prétention de pouvoir la faire chavirer. Parce que c'était bien un naufrage dans ses moindres détails que la jeune femme était en train de vivre. Son assurance avait volé en éclat, sa raison se noyait sous les déferlantes de ses sensations, son cœur sombrait dans les abîmes profondes de sentiments nouveaux.
Elle était restée figée, comme fascinée par Datar quand il s'était penché vers elle. Étant donné sa taille, il venait de réduire l'espace entre eux de moitié sans que son visage fut pour autant plus bas que celui de la jeune demoiselle. Yaëlle accueillit sa main avec un léger frisson, plus chaud et plus agréable encore que ceux qu'elle pouvait avoir quand il la saluait d'un baise-main. Elle ne pouvait pas détacher son regard de lui, respirant à peine tant elle avait peur que cet instant vole en éclat. Docilement elle le laissa glisser un doigt sur sa joue, presque sur sa lèvre, puis dans son cou avant de lui saisir l'épaule en douceur. Le mouvement l'entraîna vers l'avant, approchant encore son visage de celui du jeune homme. Elle n'avait même pas sentit à quel point ses joues pouvaient s'être enflammées, à quel point son cœur pouvait battre à tout rompre, à quel point elle le regardait comme on regarde un homme et pas comme on regarde un employeur.

« Hé bien quelques caresses, quelques rapprochements un peu plus intimes... et peut être quelques baisers si cela vous est acceptable... »

Des caresses ? Des baisers ? Un peu comme ce qu'il venait de faire ? Elle avait peur de rester pétrifiée à chaque fois qu'il s'approcherait d'elle. Ce serait l'attitude la plus ridicule qu'elle puisse avoir mais elle n'avait pas l'habitude de ces attentions. A vrai dire, elle n'y avait jamais eut droit. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi tendue en présence d'une personne, tendue mais tellement bien. C'était enivrant...Et totalement déraisonnable. Elle lui répondit, plus dans un murmure que d'une vraie voix:

« Ça me semble très acceptable. Mais vous devez savoir: je n'ai jamais...Embrassé personne. Peut-être faudrait-il... »

Soit elle perdait la raison, soit elle était plus pragmatique que jamais. Elle ne pouvait pas accepter de recevoir un baiser comme une chose banale, surtout si c'était son premier. Elle voulait choisir au moins le moment et la façon. Et au milieu d'inconnus plus ou moins hostile, de façon rapide et éphémère, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle était aux ordres de son maître mais sa vie lui appartenait quand même. Et à ce moment, il lui demandait de faire se rejoindre sa vie et son travail. Alors elle voulait encore pouvoir choisir comment.
Oui, c'était presque lui demander de l'embrasser. Mais pas tout à fait puisqu'elle n'arrivait pas à terminer sa phrase. Elle sentait bien que si elle n'y connaissait encore rien, elle en avait envie. Et sans pouvoir se l'expliquer d'ailleurs.

Elle se dit qu'elle devait être un peu ridicule de n'avoir jamais embrassé personne à son âge. Lui il avait surement plus d'années derrière lui que ne le laissait supposer son visage et elle ne doutait pas qu'il soit déjà au courant de tout ce que peut-être un baiser. Et le reste. Elle devait être la seule créature de son âge à être aussi ignorante. Quand tous les adolescents étaient déjà passés par là, elle elle en était tout juste à regarder les garçons. Sacré retard.

Datar restait immobile, n'ayant aucunes envies de se dégager de cette proximité, après c'est bien lui qui l'avait créée, et il ne le regrettait pas. Irrémédiablement attiré vers la belle, il avait toutes les peines du monde a se retenir et a se contenir pour ne pas bruler les étapes et sauter sur la demoiselle. Inconsciemment il espérait un signe du destin qui le pousserait a poursuivre la manoeuvre sans remords, mais pour le moment il avait les yeux rivés sur la demoiselle, ses yeux alternant des pupilles vairons de la jeune fille aux lèvres de celle ci. Et puis comme s'il avait pensé a haute voix, la jeune fille lui tendit enfin la perche qu'il attendait. Une demande a demi voilé, pour un esprit tel que le sien c'est comme ca que l'elfe percevait la chose en tout cas. La phrase avait beau être resté en suspens, elle avait beau ne pas avoir trouvé de fin, Datar allait lui en trouver une a son avantage.

Il sourit a la jeune fille avec une infinie douceur avant de venir poser sa deuxième main sur sa joue, la caressant légèrement en l'effleurant du bout des doigts pour finalement venir se glisser sous son menton, l'obligeant a garder la tête lever vers lui, afin que ses lèvres ne lui échappe pas au moment voulu. Sans quitter des yeux le regard de la yogaï, Datar se sentait lui même submergé par un désir qu'il avait toutes les peines du monde a contenir et a maitriser. Il reprit doucement un légère inspiration alors qu'il s'avança encore un peu plus vers elle sans pour autant toucher les lèvres de la demoiselle.

"Alors peut-être faudrait-il... s'entrainer... un peu... avant..."

Fit-il dans un murmure, alors que son regard devenait plus sur de lui. Il parcouru les quelques centimètres qui séparaient leurs lèvres et lui donna un premier baiser tout ce qu'il y a de plus chaste, gardant quelques instants ses lèvres pressées contre les siennes. Sa main glissa doucement vers la nuque de la belle pour la rapprocher de lui, mêlant ses doigts a sa magnifique chevelure parme. Quand le baiser prit fin, Datar détacha lentement ses lèvres de celles de la jeune fille. Il l'observait toujours, la contemplais d'un air serein et tranquille et il finit par lentement se reculer, lui rendant sa liberté.

"... Pardonnez mon audace..."

Envoutée, figée, pétrifiée, Yaëlle ne pouvait pas bouger d’un muscle. Elle savait parfaitement comment réagissent les victimes de l’hypnose et se sentait comme l’une d’elles : sans défense, exposée à tout et ne pouvant rien. Les yeux de Datar étaient comme deux flammes froides dont elle ne pouvait détacher son regard. Un long frisson descendit dans son dos pour venir nouer une tension exaltante quelque part dans son ventre quand elle comprit sa proposition. Un murmure caressant et chaud qui ne pouvait que la convaincre. Elle l’avait demandé après tout non ? Pas de façon explicite mais il était clair qu’elle l’avait demandé et qu’il avait comprit. Pourquoi voulait-elle l’embrasser lui ? C’était un mystère qu’elle n’avait pour l’instant pas la tête à résoudre.
Pour un premier baiser, elle ne pouvait pas rêver mieux. Son esprit se mit aux abonnés absents le temps de ce qui sembla être une éternité. Elle retiendrait de cet instant deux impressions : la chaleur et la douceur. Peut-être était-ce son habitude ou peut-être était-ce par égard pour elle, quoi qu’il en soit le jeune homme fut la perfection incarnée. Le cœur complètement affolé, le feu aux joues, Yaëlle le laissa mener d’un bout à l’autre, profitant simplement de ce lot de sensations nouvelles et excitantes. Parmi tout cela, une pointe de satisfaction car elle avait obtenu ce que son cœur désirait : goûter aux lèvres du seigneur sur lequel elle veillait chaque nuit. Il était bien le premier à lui donner cette envie.

Quand il quitta ses lèvres, elle redescendit sur terra. Le bal, le rôle qu’elle devait tenir et le fait que pour passer pour sa cavalière elle devait être proche de lui. D’où ce baiser. Elle en était retournée, surement parce que c’était le premier mais lui ne semblait pas plus ému que cela même si son sourire augurait qu’il avait certainement apprécié. Ou s’en c’était amusé, allez savoir, ce n’était pas elle qui lui demanderait.

« ... Pardonnez mon audace... »

Il était plus que pardonné et le savait. Mais la politesse l’obligeait à tenir ce discours. Elle s’écarta à son tour sans aller trop loin cependant, restant bien droite sur son siège. Il l’avait libéré mais elle gardait le souvenir de sa main qui lui avait semblé brûlante dans son cou. Elle avait envie tout à coup de se pencher en avant à nouveau, de prendre appui sur ses genoux, de se saisir de ses lèvres à nouveau pour y retrouver les sensations qu’elle venait de vivre. Mais elle ne pouvait pas, ne le devait surtout pas. C’était un désir incompréhensible pour elle qui, elle le sentait, n’était que le début de beaucoup d’autres qu’elle ne pouvait pas contrôler. Alors à défaut de pouvoir avoir la maîtrise, elle préférait oublier. La jeune femme se donna un peu de contenance en remettant une mèche de cheveux en place.

« J’aurai l’air moins ébahie une fois là-bas, rassurez-vous. C’était…Enfin…M-merci. »

Ça semblait un peu étrange de remercier pour cela. Mais rien ne l’en empêchait après tout. Un sourire timide et gêné naquit sur ses lèvres où elle se retenait de passer une langue discrète pour vérifier qu’il ne reste pas la saveur entêtante de celles de l’homme face à elle.

« J’espère qu’il n’existe pas de danse spéciale à votre peuple, je ne connais que celles des humains. Je ne voudrais pas vous écraser un pied à cause de mon ignorance. »

Partir sur un autre sujet lui permettrait d’oublier qu’elle avait du feu dans les veines, qu’un ouragan grondait dans sa tête et qu’elle se sentait fébrile. Et désireuse de retenter l’expérience. Qu’elle se contente donc de ce coup de chance bon sang !

Datar resta paisiblement installé sur son siège, regardant toujours la demoiselle en face de lui, de temps a autre son regard déviait involontairement sur les lèvres de la belle avant de remonter vers les yeux vairons de la demoiselle. Il regrettais déjà de s'être détaché de ses lèvres, son être entier ne demandait qu'une seule chose: recommencer. Mais son éducation et sa bienséance lui interdisait ce genre de procédé. Rien que le fait d'avoir gouter aux lèvres de la demoiselle de manière peu conventionnelle était déjà une entorse au règlement de gentleman qu'il s'était promis de suivre. Il fit donc tout son possible pour ne pas paraitre trop expressif dans son regard ou de laisser transparaitre qu'il avait encore envie de poursuivre un peu leur échange intime. L'elfe garda un fin sourire aux lèvres, son regard légèrement intense qu'il posait sur la jeune fille trahissait bien malgré lui ce qui se passait dans sa tête. Il sourit un peu plus a la remarque de la jeune fille.

"Ho... si vous pensez vous être habitué a mes baisers juste avec une seule de mes attentions, je vais être obligé de monter un peu le niveau la prochaine fois, vous voila prévenue."

Fit-il en riant légèrement. Avant de reprendre un tantinet son sérieux. Des danses elfiques? Il y en avait bien une ou deux mais il n'y avait rien de bien compliqué a retenir les pas de danses pour les cavalières, juste a suivre le cavalier et sans plus. Il attrapa de nouveau la main de la jeune femme, se contentant juste de la serre légèrement dans la sienne.

"N'ayez pas d'inquiétudes, vous n'aurez qu'a me suivre et tout se passera pour le mieux. Et si cela peut vous rassurer, je n'ai pas vraiment l'intention de passer la soirée a danser, peut être même que nous n'aurons pas a effleurer la piste de danse. Je ne suis pas un grand fan des démonstrations en public."

Garde la main de la jeune fille dans la sienne et tourne son regard d'acier vers la fenêtre. A l’extérieur le soleil commençait a décliner lentement, teintant le ciel de quelques touches de couleurs orange, violette et rose. Ca faisait longtemps que Datar n'avait pas prit le temps de regarder un peu le ciel. Le nez constamment perdu dans ses dossiers ou ses expériences il en avait presque perdu la notion du temps. Parfois il lui arrivait d'aller se coucher alors que le soleil venait a peine de se lever, complètement déconnecté d'un rythme de vie normal. Et il tenait ce rythme de vie depuis la mort d'Harmony, depuis qu'il avait remit les pieds dans sa patrie, un peu comme s'il essayait d'oublier en se noyant sous le travail. Et voial que depuis que Yaelle était arrivé dans sa vie, il se surprenait a se rendre aux soirées mondaines alors qu'avant il se serait juste contenté d'y faire une vague apparition avant de s'en aller discrètement. Il se surprenait même a regarder le ciel, a prendre le temps de parler avec les autres... comme s'il se rendait compte tout a coup qu'il y avait un monde autour de lui a présent. Il reposa de nouveau son regard sur a jeune fille pour ne plus le dévier, gardant le silence.

La jeune femme piqua littéralement un fard en l’entendant parler ainsi. S’il faisait plus, elle avait peur de sa propre réaction. Soit elle tomberait dans les pommes, soit elle lui sauterait au cou sans plus pouvoir retenir son envie brûlante, soudaine et mystérieuse d’au moins se blottir dans ses bras. Dans les deux cas ce serait une catastrophe. Au mieux elle ferait une attaque et mourrai rapidement et sans douleur pour ne pas avoir à regarder une nouvelle fois cet homme dans les yeux. Il avait un regard trop intense pour pouvoir être soutenu. Surtout en ce moment. Mais heureusement qu’elle avait changé de sujet assez rapidement pour ne plus y penser.
Sa main avait quelque chose de rassurant. Elle ne songea pas à retirer la sienne, elle était bien comme ça. Ce bal se passerait bien. Elle ne ferait pas d’erreurs et tout le monde pourrait affirmer que Datar avait une charmante cavalière ce soir. Lui faire honneur, lui faire plaisir et le protéger, voilà ses trois objectifs. Elle se rendit compte qu’elle ne l‘avait presque jamais vu sourire comme il le faisait depuis qu’il était dans le carrosse. Elle avait déjà vu des sourires polis, fatigués, un peu forcés en général et le reste du temps, il semble éternellement triste. Pourtant ce soir il arborait un sourire naturel et charmant qu’elle se surprit à adorer. Elle voulait le voir sourire de la sorte plus souvent.

A son tour elle laissa son regard divaguer par la fenêtre. Le crépuscule étalait un camaïeu de couleurs sublimes dans le ciel, allant d’un mauve aussi intense que celui de sa chevelure à un rouge sang unique. Un sourire serein et épanouit illumina ses traits. Quand elle était plus jeune, elle se souvenait qu’en montant dans le pigeonnier on avait une vue imprenable sur les campagnes des environs. En été, elle montait de temps en temps avec sa cousine pour admirer le coucher de soleil et regarder les gens s’affairer à rentrer les récoltes ou les outils avant la nuit. Mais en grandissant, elle perdit cette habitude. Trop de choses à faire, trop de surveillance, elle n’avait plus le temps pour ces moments calmes qui n’appartenaient qu’à elle. C’était agréable de les retrouver bien que le cadre ait beaucoup changé.
Elle serrait doucement la main de son hôte, tentant d’imaginer ce que serait le bal et d’oublier le baiser qu’il lui avait donné. Se troubler à ce point pour une si petite chose… Il fallait être une enfant, non ? Pourtant cela lui tenait à cœur et elle n’arrivait pas à le concevoir comme un geste anodin. Bien qu’il le soit surement en réalité puisqu’un noble de la société elfique avait embrassé une petite mercenaire ancienne esclave. Elle avait vraiment beaucoup de choses à apprendre dans ce domaine et réalisait seulement à cet instant à quel point des lacunes pareilles pouvaient jouer des tours dans la vie courante.

Yaëlle ne se rendit pas compte tout de suite que Datar la fixait aussi intensément. Elle finit tout de même par sentir un frisson dans son cou et tourna la tête. Son cœur manqua un battement tandis qu’elle se prenait de plein fouet ce regard gris acier. Elle se sentait analysée, observée et l’objet de pensées qu’elle ne pouvait pas concevoir. Mais ce qui était sur c’est qu’à cet instant elle l’aurait embrassé sans hésitation s’il n’avait pas été son patron. Sans se rendre compte sa respiration s’accéléra doucement. Pourquoi, non de Nayris, se comportait-elle de cette façon ? Elle n’avait jamais été comme ça les jours d’avant. Mais elle ne l’avait presque pas vu dans un sens. Il était toujours enfermé dans une pièce et elle ne devait pas le déranger, mangeant et s’entraînant à des heures où lui n’était pas présent. Elle avait bien cette douce admiration quand elle le croisait mais rien qui ne puisse être aussi…fort. Alors pourquoi si soudainement ? A cause de leur proximité ? Du fait qu’elle allait passer sa soirée avec lui ? De son sourire ? De son baiser ? Peut-être à cause de tout cela à la fois. Quoi qu’il en soit, elle se sentait différente avec lui qu’avec ses autres employeurs. Ou même qu’avec les autres hommes. C’était grisant et effrayant à la fois.

« S-si vous me regardez de la sorte encore longtemps, je…je… »

De nouveau elle n’arrivait pas à terminer sa phrase. Elle n’en connaissait pas la suite pour être exacte. La belle avait pensé tout haut et n’était pas certaine qu’il l’ait même entendu. Il semblait très concentré. Son regard vairon glissa sur la joue lisse du jeune homme puis jusqu’à ses lèvres avant de remonter vers ses yeux. Elle se serait penchée en avant doucement si elle avait put, pour prendre possession de ses lèvres encore une fois. Pour qu’il mettre la barre plus haut comme il le lui avait promit. Si elle avait put elle aurait surement eut le courage ou la bêtise de le faire. Mais à cet instant la voiture s’arrêta et détourna leur attention. C’était étrange comme le temps avait passé. Ils étaient partis le midi et voyagé toute la journée et pourtant, il semblait à la jeune femme que cela ne faisait que quelques minutes. La calèche s’était arrêtée devant une allée pavée qui menait jusqu’au plus beau bâtiment que Yaëlle ait jamais vu. Tout de tours élancées et de fenêtres brillantes. La végétation semblait faire partie intégrante de la structure, s’harmonisant parfaitement avec les lignes gracieuses de la construction. Un nombre incalculable de lampions était allumés et accrochés le long d’une allée large qui menait à un escalier blanc. En haut des marches, une porte deux fois plus haute que large était ouverte et laissait passer une lumière chaude. Dans les pelouses et les jardins de part et d’autre de l’allée, de nombreuses bougies parsemaient buissons en fleur et sculptures végétales C’était impressionnant et charmant. La soirée promettait d’être belle.

Un valet en tenue de cérémonie tenait la porte pour les laisser sortir. La demoiselle sut qu’il était temps de jouer son rôle. L’air frais chassa la rougeur de ses joues et elle endossa son rôle avec un plaisir évident, quittant sa timidité pour l’assurance tranquille de la noblesse. Elle lâcha en douceur la main de Datar, avec une pointe de regret tout de même. Elle pourrait prendre son bras en sortant mais se tenir la main n’était pas très correct pour une première en public et surtout en haute société. Elle attendit donc qu’il sorte puisqu’il avait la priorité et en profita pour remettre de l’ordre dans ses vêtements et sa coiffure. Que rien ne vienne ternir l’image qu’elle se donnait tant de mal à monter de toute pièce. Quand il fut sortit, elle se leva à son tour, prenant garde de ne pas se cogner la tête et s’aida de la main qu’il lui tendait pour descendre. D’un regard et d’un sourire elle remercia le valet et glissa sa main dans le creux du coude de son compagnon. Ils étaient les seuls dans ce décor parfait mais déjà leur calèche repartait et une autre arrivait un peu plus loin. Visiblement ils étaient bien à l’heure. C’était normal pour le conseiller de la reine d’être là le plus tôt possible. Yaëlle inspira et expira doucement pour calmer son cœur, serrant imperceptiblement le bras de l’elfe. Sa présence rassurante et chaude à ses côtés serait un soutient non négligeable pour cette épreuve car elle sentait que la haute noblesse elfique était encore moins tolérante que celle des humains. Et ce certainement en raison de l’âge avancé que pouvaient atteindre les elfes. A cette pensée, la jeune femme se demanda quel âge pouvait avoir Datar. Il semblait avoir entre 23 et 28 ans mais rien ne disait qu’il n’en avait pas le triple. Ce fut donc sur cette interrogation banale que la jeune garde du corps emprunta l’allée menant au palais royal.

[PS: la tension était trop forte, fallait un truc pour la briser x) Je te laisse le soi de détailler leur entrée et les invités pour me calquer sur toi après. Ce bal va être chaud ♥]

Aux paroles de la jeune femme Datar sentit une nouvelle sensation dans le creux de son estomac. Malgré la mise en garde de la demoiselle, l'elfe ne détourna pas son regard, curieux de voir finalement ce qu'elle risquait de faire face a ça.. et voyant qu'elle ne semblait pas motivée a faire le premier pas, il alla meme jusqu'a se pencher en avant légèrement. Il allait entre ouvrir ses lèvres pour dire quelque chose mais la calèche ralentie doucement et finit par s'immobiliser tout simplement, brisant ainsi le moment que Datar avait espéré. Il maudit silencieusement les chevaux d'avoir galopés si vite; il maudit également le cocher de ne pas avoir prit son temps et tant qu'a faire il maudit également le palais de ne pas s'être trouvé plus loin. Après avoir maudit la majeur partie des choses qui avait un rapport de près ou de loin avec le bal de ce soir, il se décida enfin a descendre de la calèche, lançant un regard noir au valet qui avait ouvert la porte. Il tendit sa main a la demoiselle, son regard s'adoucissant considérablement avant de l'aider a descendre. La valet observa la demoiselle avant de regarder de nouveau le Conseiller puis finalement détourna les yeux sans commentaires. La calèche s'éloigna sous le bruit des sabots des chevaux claquant doucement contre le sentier pavé. Au loin d'autre calèches arrivaient, Datar grogna légèrement avant d'emmener la demoiselle avec lui le long de l'allée. Il ne pu s’empêcher de lui lancer quelques regards avant de sourire plus sereinement et de continuer a avancer das l'allée.

"Je vais faire des jaloux ce soir en votre compagnie... Si la moitié des invités ne voulaient pas encore ma mort, après ce soir ils la voudront..."

Fit-il en posa sa main sur celle de la demoiselle, montant les marches lentement et avec une prestance évidente. A peine furent-ils en haut des marches que Datar chagea légèrement de comportement. Se redressant de toute sa hauteur, se tenant droit a la perfection, la tête haute, aucuns sourires sur ses lèvres mais pas pour autant un air désagréable. L'elfe tenait son rôle de Conseiller a la perfection. Il accorda quelques regards a certaines personnes, parfois un hochement de tête courtois en guise de salutation mais sans plus. Arrivé au bout du corridor il passa une grande porte en bois a double battant qui était grande ouverte sur une salle déjà pleine de monde. Des buffets étaient installés de chaque côté de la salle qui était tout simplement gigantesque. Au fond de la pièce, une petite estrade sur laquelle se trouvait un trône encore vide pour le moment, la Reine ferait son apparition plus tard dans la soirée. Le lieux était décoré de sculptures de cristal et de fleurs blanches. Quelques lierres passaient de ci de là pour donner une touche de verdure sur les façades de bois. Des branches décorés de lampions sortaient des murs comme si on se trouvait dans un arbre géant. Des chandeliers se trouvaient un peu partout pour éclairer la salle alors qu'au plafond une gigantesque lustre de cristal semblait irradié d'une lumière vive, sans doute alimenté par magie. La salle disposait de quelques balcons privés, des sortes de boudoirs en hauteur, avec des rideaux épais rouge vifs pour que les occupants puissent avoir un peu d'intimité. La salle de bal se trouvait un peu en contre bas d'un escalier devant lequel se trouvait Datar et Yaelle, immobile. Le valet a côté de l'entrée annonça comme il se doit leur arrivé après que Datar ai présenté la demoiselle.

"Le Seigneur Datar de K'Tarsis, Conseiller Royal de Sa Majesté, et sa cavalière, Dame Yaelle!"

Datar s'attendait a ce que les regards se tournent vers eux, certains souriants, d'autre nettement moins. L'elfe et sa compagne descendirent les quelques marches, Datar gardant la jeune femme a son bras, descendant avec une élégance sans nom. Et ce fut le début du ballet des salutations. Datar retrouva ses habitudes de Conseiller, jouant de courbettes et de baises mains pour saluer les grands de la cour et présentant chaleureusement sa cavalière comme il se devait de le faire. Il prit le temps d'entretenir quelques conversations avec certaines personnes... avant qu'un autre noble ne vienne le saluer. L'air austère, le regard aussi froid que celui de Datar mais avec l'air beaucoup moins sympathique. Le Conseiller resta cependant d'un calme parfait alors que l'homme venait le saluer, un sourire narquois au coin des lèvres.

"Sir K'Tarsis... Quelle surprise de vous voir ici ce soir..."

"Surprise? ... Y aurait-il une raison qui aurait fait que je ne puisse pas assurer ma présence parmi vous ce soir, Lord Arkos?"

"Non si ce n'est que je me suis laissé dire que votre quotidien était pour le moins ... mouvementé en ce moment. Particulièrement vos nuits."

"En effet.. il semblerait que mon domaine soit devenu un lieu très en vogue pour la pire racaille de Terra. Il semblerait également que je sois capable de m'en débarrasser... Mais je vous remercie de vous inquiéter a ce point de ma santé, Lord Arkos."

"Oui... quelle tragédie cela serait pour Drayame de perdre un homme tel que vous...."

"Je suis persuadé que bon nombres de mes concitoyens retrouverais rapidement le moral après ma tragique disparition."

"Nous ne sommes après tout que de passage en ce monde...certains font juste un passage plus court que les autres..."

"Je pense qu'après 1200 ans d'existence, le "court" n'est plus d'actualité pour ma personne. Ho mais je manque a tout mes devoirs! Laissez moi vous présenter ma compagne, Dame Yaelle. Yaelle, je vous présente Lord Arkos, un des plus noble représentant de Drayame, fidèle partisant du peuple et de Sa Majesté."

Lord Arkos accorda un signe de la tête a l'attention de Yaelle avant de regarder de nouveau Datar.

"Votre compagne n'est pas inquiété de votre situation? ... Il serait dramatique qu'il lui arrive malheur en restant proche de vous."

"N'ayez crainte, Lord... J'ai en ce moment un moyen radicale de me débarasser de la vermine en tout genre avant meme que celle ci ne n'approche. Ma dame n'est nullement en danger, merci de vous en inquiéter. Si vous voulez bien m'excuser..."

Nouvelle courbette et le Conseiller emporte Yaelle un peu a l'écart, laissant Lord Arkos seul avec ses frustration. Datar en profite pour attraper deux coupes de liqueur, en tendant une a la jeune femme.

"Comme vous l'aurez sans doute comprit, Lord Arkos ne me porte pas vraiment dans son coeur... Il fait d'ailleurs partit de ceux qui attente a ma vie depuis quelques temps. Cependant, faute de preuves, je ne peut malheureusement rien faire contre lui a part quelques remarques cyniques...J'espère que ca n'entache en rien la soirée que vous passez en ma compagnie?"

[image de Lord Arkos: http://orpheelin.deviantart.com/gallery/9770643#/d419kx8 ]

La jeune femme avait sourit à sa remarque. Elle doutait que cela soit vrai mais elle appréciait le compliment comme n'importe quelle femme. En temps normal elle aurait certainement démentit et rougit mais elle était actuellement dans la peau d'une princesse habituée à recevoir ce genre de fleur. Si elle voulait jouer son rôle, elle devait en épouser tous les aspects jusque dans les moindres détails. C'était peut-être subtile mais sans cette rigueur, elle finirait par être rapidement démasquée et Datar tenait vraiment à ce que personne ne connaisse son rôle.
Arrivée dans la salle de bal, elle se retint tant bien que mal d'ouvrir des yeux émerveillés, se contentant d'un coup d’œil appréciateur à la décoration. Mais au fond d'elle même, elle s'extasiait et trouvait l'endroit superbe. La lumière était douce et claire, tout était étudier pour que piste de danse et tables de buffet soient assez proches sans trop se côtoyer pour autant. le lieu était magique. La foule qui s'étendait un peu en contre-bas était elle aussi à ouvrir des yeux étonnés: tous y étaient plus beaux les uns que les autres, bijoux, robes, coiffures, jabots et manteaux rivalisaient en finesse et richesse. Soudain la demoiselle se sentie bien moins belle. Elle ne portait qu'une chaine discrète autour du cou, une petite perle de métal à chaque trou de ses oreilles et aucune bague. Toutes les dames présentaient respiraient la noblesse et la beauté elfique. Yaëlle se tenait du mieux qu'elle pouvait mais ressentait une pointe de déception envers elle-même: Datar n'avait pas été tout à fait franc avec elle, elle était bien moins jolie que ces dames.

On les annonça d'une voix forte et l'elfe dont elle tenait le bras la guida vers la foule scintillante. L'air sereine, la jeune femme fit tout de même son travail sans en avoir l'air. Très vite elle repéra ceux qui ne semblaient pas enchantés par la présence du seigneur K'Tarsis et ceux qui au contraire s'illuminaient en le voyant. Elle remarqua également de nombreux regards étonnés sur sa personne. Peut-être à cause de la couleur inhabituelle de ses cheveux ? Ou parce qu'elle accompagnait le Conseiller de la reine et n'était pas dans les standards de celles qui l'accompagnaient normalement. Quoi qu'il en soit, elle n'était pas encore regardée avec haine, envie, amusement ou sympathie. Juste avec curiosité.
La tournée des salutations commença alors. C'était un ballet incessant de va et vient policés et
de discussions sans intérêt. Chacun voulait ou devait saluer le Conseiller royal, lui offrir un compliment ou lui demander de ses nouvelles sans que cela ne s'éternise. La jeune femme repérait chaque visage et mettait rapidement un nom dessus. Son esprit fonctionnait à toute allure, répétant sans cesse les mêmes procédure de mémorisation qu'on lui avait injecté de force dans son enfance. Elle notait tous les détails, se tenait silencieuse et attentive sans en avoir l'air, vérifiant d'un regard que personne ne s'approchait avec la démarche raide ou trop rapide des assassins de bas étages. Les nobles n'étaient pas des tueurs discrets et habitués. Enfin en grande majorité. Elle restait sur le qui vive, prête à se lancer en avant au moindre signe suspect de la part des invités. Mais tout semblait bien se passer. Yaëlle se tenait à côté de lui en silence, adressant de temps à autre un sourire charmant à qui voulait bien porter les yeux sur elle. Mais pour le moment, seul son compagnon était le centre de toutes les attentions, elle n'était que l'accompagnatrice.

Quand le lord s'approcha, elle se crispa. Il avait la démarche assurée des grands fauve sur leur terrain de chasse et pourtant, une certaine raideur dans la nuque qui témoignait d'une tension. Il allait s'adresser au conseiller et c'était un adversaire de taille. La jeune yogaï sentit très bien ce qui pouvait se passer dans sa tête car malgré son air froid et austère, ses yeux en exprimait bien plus qu'il ne le voulait. Il brûlait de colère, de ressentiment, de mépris et de respect à la fois. Un respect que l'on témoigne à un adversaire aussi fort que soi voir plus.
Quand elle lui fut présentée, Yaëlle fit une élégante révérence et sourit avec douceur. Elle passait surement pour une petite écervelée à sourire autant alors que deux hommes se gonflaient d'hormones masculines juste à côté pour tenter de s'impressionner et se menacer mutuellement. Mais c'était aussi le but de sa manœuvre. Être belle et idiote. Quand son compagnon annonça son âge au détour d'une phrase, elle se retint à l'ultime seconde de se tourner vers lui avec un air parfaitement ahurit. 1200 ans ?! Il était à peine moins âgé que ses propres parents... Mais il avait l'air pourtant si jeune. Yaëlle avait toujours eut l'impression que ses parents étaient plus vieux que la vingtaine parce qu'ils étaient ses parents justement. C'étaient donc des adultes plus âgés, même quand elle même eut atteint l'âge adulte. Pourtant en faisant remonter ses souvenirs à la surface, elle se rendit compte qu'ils n'avaient pas l'air si vieux...La trentaine tout juste, rayonnants de santé et de jeunesse. Et pourtant ils approchaient tout les deux des 2000 ans. Il ne fallait vraiment pas se fier aux apparences. Elle avala donc son commentaire et resta sereine, apaisant sa surprise par une maîtrise parfaite de son apparence.

Après que Datar ait affirmé qu'ils étaient en sécurité, elle sourit plus largement et posa une main sur son bras en le regardant avec une sorte d'admiration niaise. Niaise mais charmante toujours, jamais ridicule. Juste un peu trop enfantine pour être prise au sérieux par cette noblesse elfique si protocolaire. Puis ils partirent un peu plus loin et l'elfe lui proposa une coupe, elle l'accepta avec une forme de soulagement. Elle n'avait pas beaucoup mangé et mourrait de soif. Elle porta la coupe à ses lèvres et prit une petite gorgée avec la distinction qu'on attendait bien qu'elle ait eu envie de la vider d'une traite. Oubliant que l'alcool lui montait très vite à la tête.

« Charmant personnage, en effet. Au moins il est franc avec vous si je peux dire. Ne vous en faites pas pour ma soirée, elle se déroule parfaitement. Tant qu'il ne vous arrive rien, que personne ne tente d'action stupide, alors ce sera une soirée parfaite. »

Elle lui adressa un sourire désarmant de sincérité. C'était vrai, elle n'espérait qu'une chose: que tout se passe au mieux. Si c'était le cas alors elle pourrait affirmer que tout allait au mieux pour elle.
L'orchestre choisit ce moment pour se mettre à jouer. Visiblement tout le monde était arrivé et la soirée pouvait vraiment démarrer. Les danseurs entrèrent sans hésiter en piste et entamèrent une valse simple parfaite pour commencer. Yaëlle se surprit à connaitre les pas. Reprenant une nouvelle gorgée de sa boisson, elle remarqua cette fois qu'il s'agissait d'un goût sucré proche d'un parfum de fleur. Le même que celui que buvait Datar ? Peut-être, elle n'avait pas fait très attention. Le liquide lui embrasait la gorge puis descendait dans son ventre où la chaleur se diluait lentement dans ses veines pour parcourir tout son corps. Ce devait être un alcool assez fort car elle n'en avait absolument pas l'habitude. Elle regarda sa coupe avec un léger sourire.

« Je ne devrais pas boire. Je ne tiens pas assez l'alcool pour être efficace après une deuxième coupe. Y a-t-il quelque chose de plus...Doux ? Sans alcool en fait. Je ne voudrais pas paraitre impolie en ne prenant rien mais si je continue, je vais avoir trop chaud et me mettre à rougir de façon assez peu avantageuse. Je ne voudrai pas que cela arrive. »

Elle se connaissait, l'alcool lui donnait trop chaud, lui donnait un teint de pivoine et elle se mettait à sourire et rire à tout va. Au-delà, elle ne voulait pas savoir ce qu'elle était capable de faire comme bêtise. Datar lui semblait coutumier des soirées et de ce qu'on y proposait comme tous les autres. Alors elle n'avait pas à contrôler sa consommation. La musique montait avec légèreté dans toute la salle et la demoiselle semblait, comme beaucoup de convives, captivée par la danse. C'était harmonieux et fluide, agréable à regarder. Rapidement cependant elle se reconcentra pour balayer la salle du regard.

Datar fut rassurer d'apprendre que Yaelle passait une bonne soirée. Il avait eu un peu peur qu'elle ne s'ennuie ou qu'elle ne s'adapte pas vraiment a l'environnement du bal qui devait être bien différent de autres endroits où elle avait du aller jusque là. Ainsi donc l'elfe fut plus serein en sachant que la demoiselle ne s'ennuyait pas. Il sourit même légèrement a sa réflexion concernant Lord Arkos. Franc? Oui il l'était. S'il ne devait pas faire preuve d'un minimum de retenue en publique, Arkos lui cracherait probablement a la figure. Ce n'était pas le genre de noble a se cacher derrière une rangée de gardes armés, non. Arkos avait fait ses preuves au combat durant les nombreuses guerres qui avaient secouées Drayame. Plus âgé que Datar, le Lord n'avait pas sa langue dans sa bouche et disait souvent tout haut ce que les autres pensaient tout bas. S'il n'y avait pas cette haine viscérale entre eux, Datar et lui auraient pu bien s'entendre. Mais c'était sans compter sur la perfidie du Conseiller et le patriotisme maladif d'Arkos. Datar tenait le mauvais rôle, il était le manipulateur, le calculateur, l'ennemi du peuple, caché sous le masque de la perfection. Mais Arkos avait vu clair dans son jeu... et c'est bien ça qui inquiétait le Conseiller. S'il voulait un jour que son plan aboutisse, il faudrait qu'il tue ce gêneur... mais le Lord était un adversaire de taille, et ça Datar le savait. Le jour où il devrait se débarrasser d'Arkos, Datar mettrait sa vie en jeu. A moins qu'il n'envoie Yaelle a sa place, mais il lui faudrait trouver d'ici là un plan parfait pour que la jeune fille crois en lui en toutes circonstances et lui obéisse sans poser de questions.

Pour le moment, le temps n'était pas aux manigances, Datar voulait profiter de sa soirée avec la belle. D'ailleurs plus il l'observait plus il commençait a regretter le calme de la calèche, là où ils n'y avaient qu'eux deux. Ici, en plein milieu de cette foule, impossible de tenter quoi que se soit, il devait mesurer chacun de ses gestes et contrôler la moindre ses pulsions. Les rumeurs naissaient souvent dans ce genre de réunions et a Drayame, la noblesse s'en donnait a coeur joie pour défaire les réputations. S'il est d notoriété publique que les gens deviennent plus sages en vieillissant, force est de constater que pour certains ce serait plutôt le contraire. Datar sourit a la demoiselle quand elle lui demanda quelque chose sans alcool. Sans vraiment s'en rendre compte, l'elfe s'approcha d'elle, passant une main autour de sa taille pour la rapprocher de lui. Après tout ne faillait-il pas que les gens les prennent pour un simple couple comme les autres? Certes, Datar profitait un peu de la situation, se permettant quelques familiarités avec la belle sous de faux prétextes mais qu'importe u moment que ca allait dans son sens.

"Je serais assez attristé de devoir boire tout seul, hum? Quelques verres ne vous feront surement pas de mal, et puis, nous dormirons ici cette nuit, la sécurité au palais est au maximum avec ce genre de festivités, vous n'aurez aucunes craintes a avoir pour ma sécurité. Buvez donc, Dame Yaelle... Et puisse ce nectar vous embrumer suffisamment l'esprit pour que je me permette d'abuser de vous en toute impunité...."

Fit-il en souriant en coin. Il n'allait pas se le cacher.. s'il devait la faire un peu boire pour qu'elle baisse sa garde, il le ferait. Pour voir quel genre de jeune femme elle devient une fois la barrière des protocoles envolée. La valse commença mais Datar ne quitta pas la jeune fille des yeux, continuant de l'observer, son regard glissant indéniablement sur les lèvres pulpuse de sa cavalière. Voyant que la jeune fille regardait avec attention la piste de danse, Datar sourit un peu plus en reposant son verre et celui de la demoiselle. Il lui proposa sa main avec grâce, attendant qu'elle la lui donne.

"Peut être avez vous l'esprit déjà suffisamment embrumé pour m'accorder une danse?"

Dit-il avec un sourire des plus charmeur, alors qu'il l'entrainait déjà vers les autres danseurs... et que lentement la musique changeait pour un rythme plus doux, plus tendre, plus feutré.[ Musique qui se joue: https://www.youtube.com/watch?v=Q6hJqI5BEW8&feature=related ]. L'ambiance devint soudain plus apaisante et dans ce décor, plus féérique. Prenant la hanche de la jeune fille, la ramenant contre lui, e l'autre il retenait sans la serrer la main légère de la belle. Tournoyant en douceur sur la piste, Datar ne pouvait s'empêcher de la dévorer des yeux, sans trouver quoi que se soit a lui dire. Il ne voyait plus les autres, juste les yeux vairons de la demoiselle et les volutes rosées de sa chevelure encadrant son visage de nacre. Ses lèvres étaient une torture a laquelle il souhaitait céder... mais son esprit lui ordonnait de résister encore, lui promettant que sa chute n'en serait que plus douce quand de nouveau il se permettrait de les effleurer, dans une pulsion folle, dans un désir incontrôlable. Loin.. très loin des autres... loin de leur regard et de leur chuchotements. Dans ces instants là, Datar navait plus rien du vil calculateur et manipulateur dont parle ses ennemis. Dans ses moments uniquement Datar montrait une partie de lui qu'il pensait disparu depuis bien longtemps et qui lentement refaisait surface au contact de Yaelle. Continuant de danser en douceur, suivant la musique de ses pas assurés, l'elfe se rapprochait imperceptiblement de sa cavalière, son visage se rapprochant sa cesse du sien, ses yeux ne quittant plus ceux de la demoiselle. Sa main se glissa un peu plus dans le dos de sa compagne, la ramenant davantage contre son torse jusqu'au sentir sa poitrine se presser contre lui. Son souffle léger et chaud, trahissait bien malgré lui le désir qui lui brulait les lèvres.

« Je serais assez attristé de devoir boire tout seul, hum? Quelques verres ne vous feront surement pas de mal, et puis, nous dormirons ici cette nuit, la sécurité au palais est au maximum avec ce genre de festivités, vous n'aurez aucunes craintes a avoir pour ma sécurité. Buvez donc, Dame Yaëlle... Et puisse ce nectar vous embrumer suffisamment l'esprit pour que je me permette d'abuser de vous en toute impunité... »

La jeune femme se crispa soudainement mais continua de fixer les danseurs. Il était sérieux ? Non, ça devait être un trait d'humour pour la détendre...D'un autre côté, il n'était pas du genre à goûter à cet humour là. Donc c'était sérieux ? Sérieusement sérieux ? La jeune femme n'était sur de rien. Ni de la sincérité des paroles de l'elfe ni de ce qu'elle ressentait car si d'une part elle craignait cette situation inconnue qui se profilait dans l'ombre d'un futur proche, d'une autre elle s'en réjouissait presque. Parce que c'était lui qui le lui disait. Son verre presque vide lui échappa des mains pour aller se poser sur un plateau avec celui de Datar. Elle le suivit des yeux jusqu'à croiser le regard de son cavalier. Soudain happée par le gris tranchant de ses iris, elle lui donna sa main avec douceur et se laissa guider sur la piste de danse. Danser, ce n'était pas sa tasse de thé. Elle devait toujours penser à où mettre les pieds et n'aimait pas sentir le regard des autres peser sur ses épaules. Pourtant son bras trouva sans mal la bonne position et sa main se posa sur l'épaule de son partenaire avec un naturel déconcertant. La musique envahissait le poindre espace autour d'eux pour les envelopper totalement, cocon de notes douces les coupant de la réalité. Pas un instant Yaëlle ne pensa à ses pieds. Elle se contentait de suivre le mouvement et trouvait facilement quels pas faire. Comme plus tôt dans la journée, Datar la regardait fixement, comme s'il cherchait quelque chose dans ses yeux et sur son visage. Elle avait l'impression de sentir des picotements sur sa peau quand il glissait de ses iris impaires à ses lèvres.

La pression qui la poussa contre lui survint au moment même où elle même l'avait souhaité inconsciemment. Finalement, sa proposition ne semblait plus si irréaliste. Peut-être que la jeune femme devait se détendre un peu et prendre une nouvelle coupe...Il lui en fallait peu, encore quelques gorgées et elle ne saurait plus distinguer les assassins et les convives. Encore quelques gorgées et elle ne trouverait pas choquant qu'il l’emmène à l'écart et tire sur le lacet de son corsage pour le desserrer jusqu'à l'enlever. Encore quelques gorgées et elle perdrait ses derniers bribes de timidité pour se laisser aller comme lui demandait son corps.
Ce n'était pas correct. Elle ne devait surtout rien faire. Il était son maître, non son amant et ils étaient en plein bal. Mais comme elle aurait aimé saisir ces lèvres une nouvelle fois...La musique semblait lui murmurer à l'oreille que tôt où tard elle finirait par le faire. L'instant était comme suspendu, tendu dans l'espace et bouillant d'une tension qu'elle n'avait pas cherché à provoquer mais qu'elle adorait, il fallait le reconnaitre. Un éclair de lucidité lui permit de noter le regard différent de Datar. Il la dévorait littéralement des yeux. Avec une avidité à la fois intimidante et flatteuse. Elle était bien plus petite que lui mais baisser la tête ne semblait pas le déranger si c'était pour la regarder. Et en retour elle levait la tête pour continuer de le fixer. Elle aurait été bien incapable de dire de quelle façon, elle espérait juste que ce ne soit pas ridicule ou étrange. Ça ne l'était pas bien sur. Presque aussi insistante que lui, elle avait cependant ce voile de timidité et de retenue gênée qui l'empêchait d'avoir autant d'assurance que son partenaire, affichant clairement son état de novice dans ce jeu subtile.

La musique prit fin en douceur et avec le rythme les danseurs ralentirent. Un instant encore Yaëlle resta dans les bras du seigneur K'Tarsis, redescendant doucement sur terre. Elle y était si bien pourtant. Son cœur battait à tout rompre, elle était tellement contre lui qu'il devait le sentir à travers sa poitrine, à travers sa robe. Cette danse plus encore que le baiser qu'il lui avait donné l'avait ébranlé avec la force d'une éruption volcanique. Quand enfin ils se séparèrent, elle eut toute les peines du monde à détourner les yeux.
Mais un murmure suivit d'un silence attira son attention. Un bref instant elle crut qu'elle avait manqué de délicatesse au point de choquer toute la salle et que tout le monde la regardait. Mais non, tout le monde regardait vers le fond de la salle. Une haute silhouette venait d'entrer, habillée de la robe la plus élégante et fabuleuse que Yaëlle ait jamais vu. A côté, la sienne faisait bien pâle figure. Un masque délicatement ouvragé recouvrait le visage de la dame mais le diadème sur son front ne trompait pas: c'était la souveraine de ces terres, la Reine du peuple elfe. Avec un grâce aérienne elle monta sur la petite estrade où reposait son trône. Chacun s'inclina dans une révérence respectueuse. La demoiselle en fit autant. C'était donc elle, la reine ? C'était pour cette femme que travaillait son cavalier du soir ?

D'un geste de la main elle pria l'assistance de retourner à ses occupations. La musique reprit, plus entraînante. La jeune yogaï efflera le bras de Datar pour quêter ses directives. Il était le conseiller privé de la reine, il devait surement aller la saluer ou quelque chose comme ça. Mais elle, que devait-elle faire ?

Alors que Datar commençait lentement mais surement a se pencher vers la jeune fille, cédat un peu plus de terrain a son envie... il fut interrompu par les chuchotements de la foule alors que la musique s'estompait doucement. Il grogna imperceptiblement et se redressa, regardant vers le trône a son tour. La Reine venait de faire son entrée, comme toujours son visage était couvert d'un masque ne laissant apparaitre que ses lèvres pulpeuses teintées de vermeille. Datar resta immobile et son regard, emprunt d'un certain détachement, scrutait sa monarque. Il soupira légèrement avant de regarder Yaelle, lui offrant un léger sourire avant de venir saisir sa main sur laquelle il déposa un baiser chaste. Il devrait malheureusement se contenter de cela pour le moment, ses lèvres ne pouvant pas se permettre de se presser contre les siennes pour l'instant. Il guida la main de la jeune fille jusqu'a son bras où il l'y déposa avant de regarder en direction de la Reine qui recevait déjà quelques salutations de la part des plus hauts nobles de Drayame... y comprit Lord Arkos qui semblait être en pleine conversation avec Sa Majesté. Un vrai patriote cet Arkos, il n'hésiterait pas a donner sa vie pur la sienne si on e lui demandait. Un abruti de plus... Datar sourit faiblement a cette idée avant de regarder de nouveau Yaelle.

"J'aurais préféré continuer notre danse mais je crois que le moment est venu pour moi d'aller saluer Sa Majesté. Venez, je vais vous présenter."

A ces mots Datar se dirigea vers l'estrade, les invités semblant naturellement s'écarter sur son passage, comme s'il était évident que le Conseiller se devait d'aller saluer sa Reine. Une fois devenant l'estrade, l'elfe mit un genoux a terre, inclinant la tête respectueuse avant de se relever et de sourire de manière tout a fait neutre a sa Souveraine. La Reine semblait d'ailleurs avoir eu un léger sourire a l'arrivée de son Conseiller.

"Mes hommages, Majesté..."

"Seigneur K'Tarsis, il me semble que cela fait une éternité que je ne vous est pas vu."

"A peine quelques jours, Majesté, je ne vois pas l'intérêt de venir vous déranger sans raisons valables."

"Et c'est tout a votre honneur. Allons bon, vous êtes donc accompagné ce soir? Moi qui avait prit l'habitude de vous voir seul, j'avais finit par croire que personne ne trouverait grâce a vos yeux."

"La perfection a-t-elle réellement besoin de s'accompagner de la médiocrité?"

La Reine éclata d'un rire léger et cristallin avant de regarder Yaelle.

"Dois-je comprendre que cette personne est suffisamment parfaite pour se tenir a votre bras?"

"A mes yeux elle l'est, le reste m'importe peu. Je vous présente Dame Yaelle, ma compagne. Dame Yaelle, j'ai l'honneur de vous présenter Sa Majesté, Souveraine du peuple elfique."

La Reine inclina légèrement la tête en guise de salutations polie.

"Vous avez du courage, mademoiselle. Très peu de gens ici s'aventureraient dans la sombre intimité du Seigneur K'Tarsis. Puisse votre lumière dissiper ses ténèbres... Fort heureusement pour moi c'est un Conseiller de valeur."

Datar sourit légèrement et hocha la tête.

"Le plus fidèle qu'il vous sera possible d'avoir, Majesté. A ce propos j'ai bien peur de devoir venir demander un peu de votre précieux temps dès demain. Quelques paperasses qui demandent votre signature et quelques affaires dont j'aimerais m'entretenir en privé avec vous..."

"... Et bien soit. Voyons nous demain dans la matinée. Je vous rejoindrais dans la salle de réunion."

Datar s'inclina de nouveau avant de s'éloigner de quelques pas, entrainant Yaelle avec lui vers une grande fenêtre ouverte sur un balcon vide. L'air frais fit voler légèrement la chevelure d'ébène du Conseiller alors qu'il s'arrêta devant la balustrade de bois finement sculptée, observant Yaelle de nouveau.

"Alors? Vos impressions sur la noblesse de Drayame?"

Décontenancée, Yaëlle posa sa main sur le bras de son compagnon pour le suivre jusqu'au trône. Elle s'attendait plutôt à ce qu'il s'excuse platement de l'abandonner pour ses obligations de conseiller...Elle n'était certainement pas assez noble pour approcher la Reine, pour lui parler ou même lui être présentée. Mais il semblait que Datar en ai décidé autrement. Le couple s'avança donc à la rencontre de la souveraine. La jeune femme s'inclina avec tout le respect qu'il fallait mettre dans son geste et attendit simplement que la conversation se termine, sage et silencieuse au bras de l'elfe. Quand le seigneur K'Tarsis fit son éloge, elle ne put s'empêcher de rosir, mortellement gênée d'être ainsi présentée. C'était un mensonge éhonté qu'il servait à la Reine et cela sans sourciller. Elle pouvait apprécier les compliments mais là, il y allait un peu fort. Cependant le monarque sembla s'en amuser et s'en attendrir de façon plutôt sincère et souhaita bonne chance à la demoiselle qui se fendit d'un sourire parfaitement factice reflétant sa timidité et son bonheur. Elle en voulait un peu à Datar de lui avoir joué ce tour mais il était plus habitué qu'elle aux manigances politiques et elle se devait de le suivre dans ses jeux. Pas question de le contrarier ou de le ridiculiser.

L'entrevue prit fin et le Conseiller royal entraîna Yaëlle à l'écart. Elle n'avait rien contre et fut heureuse de pouvoir respirer l'air frais de la nuit. Les vapeurs de l'alcool, le trop plein d'émotions bouillonnantes et la danse lui avait donné plus chaud qu'elle ne l'aurait pensé et ce fut une bénédiction quand une brise légère caressa sa peau. Sans hésiter elle gagna le bord du balcon pour y poser les mains et fermer les yeux un instant, savourant ce calme soudain et le retour à des espaces ouverts. C'était étrange mais depuis quelques années déjà elle supportait de moins en moins les lieux clos, se sentant enfermée comme une bête jetée dans une cage. Il lui fallait un horizon ouvert, un ciel dans lequel se plonger et des terres à pertes de vue.

« Alors? Vos impressions sur la noblesse de Drayame ?»

En voila une étrange question. Et pourquoi cette manie de toujours lui demander son avis ? Est-ce que ça avait la moindre importance ? Mais puisqu'il souhaitait le savoir alors elle répondrait. Avec franchise.

« Je m'attendais à autre chose à vrai dire. Mais finalement, toutes les noblesses se valent et se ressemblent à peu de chose près. Une chance pour moi quelque part, j'aurai été bien démunie si mes manières humaines avaient été trop décalées ici. »

Étrange paradoxe. Elle était soulagée de pouvoir faire aussi bien illusion chez les elfes que chez les humains et pourtant elle était déçue de ne pas avoir autre chose à regarder. Son regard se tourna vers Datar et son cœur se serra un peu. Oui, les elfes étaient des êtres indéniablement beau. Et lui l'était plus encore mais d'une beauté presque effrayante. De la même façon que l'on trouve beau un grand fauve en chasse, Yaëlle trouvait son hôte d'une beauté terrible et sombre, à la fois attirante et inquiétante. Ce mélange doux et acide convenait tout à fait à sa personne si mystérieuse.

« Vous n'avez pas été très charitable de me dépeindre d'une telle façon devant la Reine. Mon droit à l'erreur s'est désormais réduit à une marge minimum flirtant avec le néant. Cela vous amurait-il de me voir me débattre avec les règles du protocole ? »

Son sourire espiègle témoignait bien de sa plaisanterie. Oui, elle lui en voulait un peu mais pas assez pour gâcher la soirée ou le plaisir qu'elle avait d'être en sa compagnie. Elle le découvrait à chaque instant un peu plus car depuis qu'elle était à son service, elle le voyait bien peu souvent.

« Vous semblez habile en politique, loin de moi l'idée de critiquer vos méthodes. Mais je dois avouer que je n'ai pas compris votre manoeuve. »

Elle était un peu plus sérieuse, le regard cette fois perdu dans les jardins. Elle aurait aimé y descendre pour s'y promener, loin de la salle de bal, des invités et des regards. Pouvoir se glisser dans l'ombre, profiter de plus près de la lumière discrète des bougies et des lumières dans les bassins et entre la végétation. Un labyrinthe de végétation s'ouvrait un peu plus loin. Un valet arriva avec deux nouvelles coupes pour les leur servir en silence, repartant dès qu'ils les eurent en main. Personne ne devait manquer de boisson, ça devait être la consigne. Et celle de Datar revint à la mémoire de la belle. Aussi porta-t-elle sa coupe à ses lèvres pour en prendre deux gorgées. Le liquide de feu glissa dans sa gorge, laissant un sillon chaud et palpitant de sa langue au creux de son ventre puis la chaleur se dispersa à nouveau. Une petite voix lui souffla qu'elle n'aurait pas dut car ce goût sucré était très agréable et poussait à terminer son verre.
Doucement, une étrange torpeur s'empara de son esprit, atténuant ses angoisses et la rendant plus sereine. Elle avait bien envie d'aller dans ce labyrinthe...Peut-être qu'elle pourrait s'esquiver plus tard dans la soirée pour y faire un tour ?

Datar hocha la tête, au moins ils étaient d'accord là dessus. La noblesse, peu importe l'espèce, restait la même. Les mêmes défauts, les mêmes manigances, les mêmes masques qui cachent bien souvent la même perfidie. Plus on est proche du pouvoir et plus on devient pourri a son contact. C'est comme un ver qui ronge peu a peu une pomme, rien ne parait a l’extérieur, la pomme reste toujours aussi appétissante... mais quand on creuse un peu dans sa chair on découvre le désastre. Datar était une pomme verreuse. Une très belle pomme, certes, mais magnifiquement pourri et pervertit par le ver du pouvoir dont il était si avide. Heureusement pour lui la jeune femme ne semblait pas s'en rendre compte mais elle finirait bien par s'en apercevoir un jour ou l'autre, et ce jour là, Datar savait pertinemment qu'elle s'en irait, car personne ne souhaite rester aux côtés d'un démon a l'apparence humaine. Elle était bien trop pure pour être ternie par son monde... bien trop belle et bien trop douce pour qu'il se permette de la souiller. Il était l'ombre, elle était la lumière. Elle avait beau l'éclairer, il se se dissipait pas pour autant. Et plus la lumière était vivace, plus l'ombre devenait grande. Mais pour le moment, Datar n'avait peut etre pas encore totalement prit conscience de la situation... peut être pensait-il avoir droit a un peu de répit ce soir, un peu de temps pour être lui même, être celui qu'il n'avait pas pu être depuis bien longtemps maintenant. Juste pour ce soir...
Il sourit un peu plus aux paroles de la belle, attrapant a son tour une coupe de liqueur qu'il gouta de plusieurs gorgées.

"Vous vous en sortez très bien avec les règles du protocole. Je crois que personne ne trouvera quoi que se soit a redire a votre conduite... Et je vous prie de bien vouloir pardonner mes malencontreuses paroles qui vous ont mise mal a l'aise, là n'était nullement mon intention."

Datar prit le temps de poser son verre sur le rebord de la balustrade, observant un peu plus intensément la demoiselle devant lui.

"Cependant, gardez en mémoire que l'illusion doit rester totale... Cela implique indéniablement quelques petites supercheries desquelles je me porte seul garant, vous n'avez strictement rien a vous reprochez. Et puis..."

L'elfe vint doucement passer sa main sur la joue rosie de la demoiselle avant de glisser lentement ses doigts vers sa nuque, les entremélant a sa chevelure violette.

"Je n'ai pas vraiment mentit... a mes yeux ce soir vous êtes de loin la plus parfaite des créature qui m'ai été donné de voir.. Cela vous gênerait-il que j'en fasse la remarque a haute voix? ..."

Datar s'approcha d'un pas vers elle, son autre main venant doucement se poser sur la taille de la belle qu'il attira contre lui avec douceur, ne la quittant pas des yeux. Comment aurait-il pu d'ailleurs? Impossible. Il semblerait qu'il ai enfin décidé de laisser ses instincts dominer un peu ses mouvements, ne serait-ce que pour quelques instants.

"Préfèreriez vous que je garde pour moi toutes mes pensées? ... Car si tel est le cas, je serais dans l'obligation de vous les transmettre autrement que par des mots... "

Yaëlle mit sur le compte de l'alcool le fait qu'elle accepte si bien la caresse dont il la gratifiait. Elle lui sourit en douceur, sans se dérober. Quelle étrange sensation..Elle avait l'impression de se voir de l'extérieur, remarquant les actions mais sans avoir vraiment le contrôle.

« Je n'ai pas vraiment mentit... a mes yeux ce soir vous êtes de loin la plus parfaite des créature qui m'ai été donné de voir.. Cela vous gênerait-il que j'en fasse la remarque a haute voix? ...»

Elle baissa un instant les yeux, gênée par le compliment de taille. Il était sincère ? Qu'il mente devant un public c'était possible mais pourquoi le faire en privé alors qu'il n'y avait qu'elle pour l'entendre ? A l'entendre parler si habilement à tous ces gens, à la Reine et à Lord Arkos, Yaëlle en avait rapidement tiré la conclusion qu'il ne fallait pas se fier à ses mots. De façon générale elle ne croyait les affirmations des gens. Elle n'avait pas assez confiance pour cela. De la part d'un politicien comme Datar, c'était beau à entendre mais pouvait-elle lui faire confiance pour dire la vérité ? En temps normal elle se serait défendue, aurait nié ou reculé mais le parfum entêtant de sa liqueur et la chaleur réconfortante qui courait dans son corps l'engourdissait.
Le temps qu'elle relève les yeux, il était contre elle, une main sur sa taille comme pour la garder là, l'empêcher de fuir. Par un geste naturel la jeune femme avait posé ses mains contre son torse, sans le repousser mais sans le prendre dans ses bras.

« Préfèreriez vous que je garde pour moi toutes mes pensées? ... Car si tel est le cas, je serais dans l'obligation de vous les transmettre autrement que par des mots... »

Peut-être que l'alcool avait ses avantages finalement puisqu'elle comprenait parfaitement ce qu'il venait de dire. Pas les mots en eux même bien sur mais ce qui se cachait derrière, la proposition atrocement délicieuse qu'il laissait entre-voir. Ils étaient loin des invités et de leurs murmures indescents... Elle avait très envie de céder à la tentation. Cependant on ne se refait pas en une nuit. Intimidé face à cet homme qui savait parfaitement où il allait pendant qu'elle errait à l'aveuglette, elle ne put que virer au rouge assez soutenue et murmurer dans un souffle:

« Ça ne serait pas correct seigneur... »

C'était ridicule...Elle disait cela le visage levé vers lui, plus proche que ce qu'il aurait dut être. Poussée par une force qu'elle ne pouvait pas maîtriser, son corps était irrésistiblement attiré par celui de l'homme contre elle. La frustration de ne pas pouvoir céder à cause des règles en vigueur avait un goût à la fois déplaisant et addictif. Ses doigts se serrèrent un peu sur le vêtement de Datar comme pour évacuer un trop plein d'indécision.
Elle voulait se hisser sur la pointe des pieds, lui prendre la nuque et l'attirer à elle, plaquer ses lèvres sur les siennes dans un baiser plus passionné que le premier, sentir son corps chaud contre le sien, sentir ses mains sur elle, dans ses cheveux ... Elle n'avait jamais eut ce genre de pensée jusqu'à maintenant et soudain, en un éclair une série d'image toutes plus affreusement gênantes les unes que les autres défila dans son esprit. Morte de honte elle eut un mouvement de recul, baissa les yeux au sol avec la certitude absurde qu'il avait tout vu dans ses yeux.

« Pardon je...Je suis désolée...Je ne sais pas ce qui m'a prit...»

Quelle idiote elle faisait... Elle ne s'était pas dégagée de l'étreinte du seigneur mais avait augmenté la distance entre leurs corps. La tête baissée, elle fixait résolument les plis de sa robe dans l'attente de ce qui serait surement la leçon de moral de sa vie. Elle était coupable mais coupable de quoi au juste ? D'avoir laissé ses désirs prendre le pas pour une fois, d'avoir laissé un rêve traverser son regard...Un rêve concernant l'homme qu'elle devait servir.

Datar observait la jeune femme et malgré les mots qu'elle pouvait bien lui dire, l'elfe n'en croyait aucuns. Pourtant il se refusait encore a lui forcer la main et si la jeune femme rester indéniablement sur ses gardes, Datar ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout il venait de lui dire ouvertement que ses talents de menteur et de manipulateur n'était plus a refaire... Comment pourrait-il lui expliquer qu'il n'avait pas besoin de mentir pour lui faire des compliments, il ne faisait là que des constatations. Pas correct? Oui surement, ca ne serait pas correct, mais dans un moment comme celui ci, Datar n'avait absolument pas envie d'être correct. Il en avait assez d'être correct! Il avait été calme et posé depuis bien trop longtemps, maintenant il était temps pour lui de laisser un peu plus de place a ses pulsions. Aussi, même quand la demoiselle remit un semblant de distance entre eux, Datar ne se démonta pas pour autant, alors que toutes les règles de convenance lui ordonnaient de relacher Yaelle... il n'en fit rien. Gardant sa main sur la hanche de la jeune fille, il passa son autre main sous le menton de la demoiselle pour l'obliger a relever les yeux vers lui, lentement, alors qu'il plongeait de nouveau son regard dans le sien.

"Vous n'avez pas a vous en excuser..."

Fit-il en la regardant le plus intensément possible, sa main se pressant sur sa taille pour de nouveau la ramener contre lui. Cette fois pas question de la laisser s'échapper. Par mesure de sécurité il passa lentement sa main dans le dos de la belle, son autre main l'obligeant toujours a garder la tête lever vers elle. Son regard glissa sur les lèvres de la belle avant de remonter vers ses yeux. Impossible de résister, il faudrait être dénué de toute attirance pour pouvoir repousser une telle opportunité. Datar reprit un peu de contenance alors qu'il se penchait de nouveau vers la jeune femme, en douceur.

"Laissez moi être incorrect... laissez moi être déraisonnable... Et puissiez vous vous perdre avec moi..."

Fit-il dans un simple chuchotement alors que doucement l'elfe posait ses lèvres sur celles de la belle. Le baiser fut chaste, comme le premier qu'il avait pu lui offrir. Mais comme il l'avait promis, celui ci fut un peu moins retenu, si bien qu'au bout de quelques instants la langue du Conseiller vint forcer la barrière des lèvres de Yaelle a la recherche de sa jumelle... qu'il finit par trouver. Le baiser devint fougueux, fièvreux. Les deux corps collés l'un a l'autre dégageaient déjà une intense chaleur qui ne tarda pas a faire tourner la tête de l'elfe, pourtant habitué a garder son calme. Il ne put retenir sa main qui caressait déjà le dos de sa cavalière, suivant le tracé délicat de sa colonne vertébrale. L'autre glissa contre la joue douce de Yaelle pour venir caresser sa nuque en douceur, ses doigts s'entremêlant dans les longues mèches de cheveux violets. Leur langue se liaient dans un ballet étrange mais envoutant, Datar le rendant sans cesse plus fougueux au fur et a mesure qu'il sentait la poitrine de sa cavalière se presser contre son torse, comme une promesse silencieuse d'une tendre étreinte future.

Il ne relacha pas les lèvres de la belle avant longtemps, d'ailleurs il lui avait semblé que le temps c'était arrêter. Lentement il libéra sa langue, et finit par libérer ses lèvres, reculant son visage pour croiser de nouveau les yeux de la belle dans lesquels il se perdait, lui et sa raison. Il vint caresser sa joue avec une douceur dont lui même ne se savait pas capable, souriant légèrement au coin de ses lèvres, profitant du léger silence qui venait de s'installer avant de le briser sans le moindre scrupule.

"... Je ne suis absolument pas désolé de ce que j'ai fait... et je recommencerais sans la moindre hésitation... Vous pouvez hurler. Les gardes ne sont pas loin, ils m'arrêteront...Ou tuez moi..."