-Il fait trop froid! Vivement qu'on arrive en Vennà, ou même en Kelrenn! Pfff et après il fera trop chaud... Pourquoi le climat est-il si dur?

Gwandyr venait de terminer un travail de basse besogne et se retrouvait à la porte. Elle se fichait de faire des travaux dont personne d'autre ne voulait, tant qu'elle avait un toit et à manger. Surtout pendant la saison froide.
Elle aimait le froid et ne supportait pas tellement la chaleur, mais quand on vit dehors, les changements climatiques et les températures plus ou moins extrêmes deviennent vite un obstacle assez grand.
La fillette sortit de ses pensées et revint à la dure et froide réalité en poussant un soupir, puis elle commença à marcher. La nuit commençait déjà à tomber et elle n'avait pas d'endroit où dormir. Elle se mit en quête d'un logement, et trouva une étable ouverte. Elle profita de cette opportunité et s'engouffra sans plus attendre à travers la porte entrouverte. La chaleur (qui était encore moindre par rapport à la température d'un foyer, mais c'était mieux que rien) l'enveloppa et elle sourit. Elle ne resterait là que cette nuit, mais de savoir qu'elle pourrait dormir un peu lui donnait déjà de la force mentale, ce qui était indispensable pour survivre. Elle s'installa donc dans un coin derrière une botte de paille et se plongea dans les bras de Morphée.

[Le lendemain]
Le soleil se levait et ses rayons vinrent éclairer le visage de Gwandyr, encore endormie, en passant à travers les fentes du bois. La rousse se réveilla avec quelques courbatures, mais elle en avait tellement l'habitude qu'elle n'y prêtait même plus attention. Aujourd'hui était un nouveau jour et elle devrait chercher un autre village qui voudrait bien l'accueillir (même si des fois elle imposait sa présence plutôt que de l'"offrir"). Elle s'étira et se leva silencieusement tout en baillant puis observa la grange. Personne à part elle et les chevaux étaient dans la bâtissse, et elle s'en alla donc en veillant à ne pas se faire attraper.
Une fois sortie de là et du patelin, elle se mit en route vers le nord-est, en direction de Drayame. Elle espérait y être mieux protégée du froid par la masse dense des arbres, et profiter de l'hospitalité des Elfes, qu'elle imaginait plus grande que celle de ses semblables les Hommes. La jeune fille s'orientait grâce au soleil et remerciait les dieux (malgré qu'elle n'y croyait pas tellement) chaque fois qu'il était présent pour la guider et la réchauffer un peu.
Les heures et les kilomètres passaient, et la journée touchait bientôt à sa fin, quand Gwandyr aperçut enfin un village. Elle commençait à désespérer de trouver des habitations et fut soulagée en voyant des maisons et leurs cheminées. Tandis qu'elle s'avançait vers les chaumières, pensant à quoi elle pourrait peut-être manger si les gens se trouvaient être accueillants, elle se fit interpeller et sursauta. En se tournant vers la voix, elle vit une homme de forte stature qui se dirigeait vers elle.

-Hé petite, que fais-tu là? Je ne t'ai jamais vue auparavant, tu es perdue?

La rouquine n'avait jamais eu affaire à quelqu'un qui l'avait abordée et n'était pas sûre de ce qu'il fallait faire, surtout que l'homme avait une hache à la main. Ce dernier, voyant que la petite fille semblait plutôt apeurée, se sentit gêné.

-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal. La hache que tu vois là m'a servi à aller couper un peu de bois afin de mieux supporter Silldalunà et ses températures basses.

Puis il lui sourit en espérant qu'elle lui parle, ce qui fonctionna.

-En fait je cherche un toit où passer la nuit, et à manger. Je suis prête à faire n'importe quel travail en échange.

L'homme parut attendri et à la fois inquiet de ce que lui disait son interlocutrice.

-Tu veux dire que tu es toute seule et que tu n'as pas de maison?

Gwandyr tourna la tête d'un air gêné. Elle n'aimait pas que les gens aient trop pitié d'elle.

-Viens chez moi, il y a de quoi te nourrir et te loger!

Et c'est ainsi que la fillette se trouva entraînée à la suite d'un inconnu chaleureux.
Après quelques minutes de marches, ils arrivèrent au village et s'arrêtèrent à la première construction.

-Au fait, je m'appelle Jack, et toi?

-Gwandyr...

-C'est un joli nom que tu portes là! Entre seulement!

Le dénommé Jack accompagna le geste à la parole et ouvrit la porte de ce qui devait être sa maison.

*Je me demande ce qu'il va me faire faire comme travail pour pouvoir habiter là...*

Mais le temps passait, et l'homme ne demandait rien à son invitée, à part de lui parler d'elle et de son histoire, qu'il trouvait tragique.
Et puis un jour passa, puis un autre, et enfin une semaine, un mois, une année, et tout ça avec chaque jour une nouvelle découverte pour Gwandyr, qui avait été adoptée par Jack. Le forgeron avait toujours rêvé d'avoir un enfant, et la mort de sa femme l'avait rendu triste et seul, et la venue de cette petite fille perdue lui avait redonné la joie de vivre. Et la jeune fille, qui d'ailleurs grandissait, le lui rendait bien.
C'est ainsi qu'eut lieu la rencontre entre Jack et Gwandyr, destinés à revivre heureux, ensemble, tels un père et sa fille.