Allongée dans l'herbe fraîche, à l'ombre d'un arbre, dans une clairière, Aywana sous sa forme lupine, laissait son esprit vagabonder. Elle aimait de temps à autre penser que son clan était encore présent. Elle s'imaginait faire la course avec Jonar, l'homme qui était devenu son mari et qui l'avait transformé par la même occasion, ou alors les entraînements aux combats avec Marvik l'Alpha de la meute qui l'avait accueilli.

Elle pensait aussi à son ami Arthag. Cela faisait plusieurs mois qu'elle ne l'avait pas vu, mais elle savait qu'il allait bien. De tant à autre, ils s'échangeaient des missives. Ces derniers temps, le mage avait rejoint l'académie de magie, afin d'enseigner aux jeunes mages le développement de leurs dons. Aywana savait aussi que parfois son ami partait en mission, mais elle n'en savait pas plus.

La belle baillait, elle s'étira avec lenteur, ainsi elle sentit chaque muscle du loup se réveiller doucement. Elle c'était octroyé une journée « glandouille » comme elle les appelait. Passé la journée sous sa forme lupine, se dégourdir les pattes, chasser un peu, se rouler dans l'herbe fraîche... Une journée de repos, pour se ressourcer et recharger les batteries.

Aywie roulait sur son flanc droit, puis sur son flanc gauche. Plutôt dans la journée, elle avait trouvé un morceau de bois. Il était plutôt gros et de la mousse apparaissait par endroits. La louve le prit et jouait avec. Elle secouait sa gueule, sa puissante mâchoire refermé sur le morceau de bois. Tel un chiot qui malmène son jouait ou un chausson. Comme un boomerang, la louve le lança avec toute la puissance de son corps. Le morceau de bois s'envola à grande vitesse et ainsi Aywana commençait sa course pour le rattraper au vol. Ces pattes arrière lui donnaient toute la puissance dont elle avait besoin pour réussir cet exercice. La gueule ouverte en plein saut, elle le rattrapait avec brio. Elle recommença une nouvelle fois l'exercice, mais cette fois avec plus de puissance. La louve ne réussissait pas à le rattraper cette fois. Le morceau de bois se perdit dans la forêt. Aywana entreprit alors de le chercher, mais à peine avait- elle fait quelques foulées que celle-ci s'arrêta net. Elle n'était pas seule. Elle avait senti une présence, un lycan. La louve ne connaissait pas l'odeur de celui-ci. Son corps en alerte, les oreilles aplatit, les babines retroussées et en appui sur ses pattes arrière, elle attendit que l'autre loup se manifeste.

Après son saut à Sahawi, où elle avait récupéré ses plantes et son matériel avant de plier boutique de manière définitive, Iryo avait repris le chemin du retour vers Sen'tsura, là où l'attendait sûrement son compagnon, Trataïr Erubon.

Pendant plusieurs jours, elle avait marché, chevauché jusqu'à la forêt de Drayame, où elle avait décidé de se poser quelques temps avant de repartir pour la capitale de l'Empire. En posant le pied dans la forêt ancestrale des Elfes, la nouvelle lycan sentit un souffle d'air frais emplir ses poumons ; l'angoisse du voyage s'était envolée sitôt le pied posé dans la forêt.

S'installant dans une clairière, elle se prépara un petit campement comme elle avait appris à le faire à force de bouger de son pied-à-terre en Feu, puis elle se rendit compte qu'elle avait fini son stock de viande séchée pendant le voyage ; bon, bah elle se mettrait en chasse avant la nuit...

Poussant un soupir, elle se transforma en louve et se mit en chasse, reniflant le sol et l'air à la recherche de nourriture. Après quelques minutes de recherche, elle finit par débusquer un lièvre, et le suivit à la trace, se fondant dans le décor et n'étant pas dans le vent pour se faire repérer par le lièvre.

Ce qu'elle n'avait pas prévu, cependant, c'était de se retrouver nez-à-nez avec un autre loup. Lorsqu'elle vit à qui elle avait affaire, elle laissa filer le lièvre et fit face à l'animal en grondant légèrement, comme pour demander avec méfiance ce qu'il était. Et pourquoi il l'empêchait de chasser tranquillement, accessoirement.

Aywana vit un loup sortir des bois. Magnifique pelage ambré, brillant, comme le sien. Cela signifiait qu'il était en pleine santé. Par contre, il était rare de voir un loup au pelage du corps d'une couleur et sa tête d'une autre. Ce loup en face d'elle qui grondait avait une tête noire, comme le pelage d'Aywie.

La belle était bien ancrée sur ces appuis, mais avait cessé de montrer les crocs. Aywana pouvait sentir que ce n'était pas un loup ordinaire. Il était comme elle, ou plutôt elle était comme elle. C'était une femme, un lycan. Apparement la nouvelle venue chassait et avait interrompu son activité car, elle s'était retrouvé nez à nez avec Aywie.

Sans quitter l'autre loup, la belle se détendit un peu et cherchait dans ces affaires de quoi mangé. Elle trouva un sachet de viande séchée qu'elle avait apporté pour sa journée de « glandouille ». Elle le prit dans sa gueule et s'approcha doucement de l'autre loup et lui lança le paquet. Celui-ci atterrit sur ces pattes avant. Aywana s'allongeait sur l'herbe fraîche observant l'autre canidée. Sa taille était aussi conséquente que celle de la belle. Malgré sa posture hostile et ces grognements, Aywie sentait qu'elle n'avait rien à craindre de cette autre créature. Cela faisait longtemps que la belle n'avait pas rencontré un des siens sous sa forme lupine et elle était d'humeur au jeu,

Elle attendit donc impatiente que sa rencontre accepte son offre au moins pour ce faire pardonner de lui avoir gâché sa chasse

Iryo regarda l'autre louve avec méfiance, mais s'arrêtant de gronder, se contentant de se tenir prête à détaler si elle venait à l'agresser, ou à attaquer. Elle fut surprise de la voir farfouiller dans une sacoche et lui envoyer, quelques instants plus tard, de la viande séchée qui atterrit au pied de ses pattes antérieures.

La danseuse jeta alternativement un œil à l'autre louve, puis aux morceaux de viande séchée, avant de renifler cette dernière. Ce devait être un cadeau, ou quelque chose pour se faire pardonner de la part de l'autre louve pour l'avoir arrêtée dans sa chasse. Ma foi, c'était une preuve de courtoisie pour Iryo, qui, se sentant un peu plus en confiance, décida de reprendre doucement forme humaine. Quelques instants plus tard, elle était en position debout, ayant gardé ses vêtements d'avant sa transformation, et affichait un sourire poli. Elle s'accroupit et, tendant la main vers la louve pour lui montrer sa bonne foi, continua de sourire avant de murmurer :

Merci, petite louve. Mais tu ne dois pas être une louve normale, loin de là... Une vraie louve ne se promène pas avec une besace et de la viande séchée. Tu peux reprendre forme humaine à ton tour, je ne te ferai rien, c'est promis.

Elle resta immobile, sachant que cela rassurerait un peu plus la louve face à elle sur ses intentions. Toujours souriante, elle reprit :

Au fait, je m'appelle Iryo. Et toi ? Que fais-tu ici ? Drayame n'est pas forcément un lieu de passage ouvert à tous...

L'autre loup se méfia de ce qu'Aywana lui avait lancé. Apparemment, la louve à la tête noire ne se sentait pas menacée, car celle-ci reprit sa forme humaine. Debout devant Aywie, elle apparaissait. Une belle brune au visage rond, aux yeux topaze et la peau hâlée. Aywana la trouvait belle. Elle était fine et musclée comme Aywie.
La jeune femme s'accroupit vers la louve et lui tendit la main un sourire convivial.

- Merci, petite louve. Mais tu ne dois pas être une louve normale, loin de là... Une vraie louve ne se promène pas avec une besace et de la viande séchée. Tu peux reprendre forme humaine à ton tour, je ne te ferai rien, c'est promis.

Puis la jeune femme se présenta sous le nom d'Iryo. Aywana approcha son museau humide des mains de l'humaine. Elle se laissa emporter par la voix douce et tendre de sa nouvelle connaissance. Bizarrement Aywie voulait profiter de cet instant. Elle se sentait au contact d'Iryo de la bienveillance envers elle  et du calme. La louve baissa sa tête et ferma les yeux un petit moment. Comme une mère qui réconforte son enfant après un gros chagrin. C'était l'image qui lui apparaissait, un souvenir lointain peut-être.

Doucement pour ne pas faire peur à Iryo, Aywana se mit sur ces pattes, s'étira et fît quelques petites foulées. Elle n'aimait pas se transformer à froid. Ce n'était pas la même sensation. Elle reprit sa forme humaine en quelques secondes. Avec un sourire radieux jusqu'aux oreilles, elle se présenta à Iryo

- Bonjour Iryo, je suis Aywana. J'aime me retrouver ici quelques fois. C'est un peu comme un retour aux sources.

Aywana ne voulait pas se laisser aller au souvenir douloureux. Donc elle s'empressa d'ajouter.

- Et toi que fais-tu ici?  A par chasser? A ce sujet, je suis navrée. Ce n'était pas mon intention de ruiner ta chasse.


Aywana était vraiment sincère et surtout embêté de l'avoir privée de son repas. Puis elle se souvint de sa mésaventure quelques semaines auparavant. Il fallait qu'elle prévienne sa nouvelle amie.

- Je dois te mettre en garde. Il y a des braconniers qui traînent dans la forêt, ils posent des pièges. Moi-même je me suis fait piéger. Je comptais en avertir les autorités compétentes, mais je ne préférais pas y aller seule.

Aywana espérait rester un moment en compagnie d'Iryo. En vérité elle pouvait y aller seule, mais la présence de sa nouvelle rencontre l'apaisait. Peut-être dans sa façon d'être ou de s'exprimer. La belle ne saurait dire pourquoi, mais elle voulait passer un peu de temps en sa compagnie.

Très vite, une jeune femme prit la place de la louve : une jeune femme aux yeux dorés, aux cheveux châtains et à la peau typique des habitants de Terre, une peau pas trop blanche mais pas trop mate non plus, jolie à regarder.

La jeune femme se présenta et lui répondit :

Bonjour Iryo, je suis Aywana. J'aime me retrouver ici quelques fois. C'est un peu comme un retour aux sources. Et toi que fais-tu ici? A par chasser? A ce sujet, je suis navrée. Ce n'était pas mon intention de ruiner ta chasse.

Hé bien, je m'apprête à rejoindre la capitale Sen'tsura, après un saut chez moi, en Feu. Et pas de souci, ça peut arriver, répondit Iryo avec un sourire.

Sourire qui se figea un peu lorsqu'Aywana reprit pour la prévenir :

Je dois te mettre en garde. Il y a des braconniers qui traînent dans la forêt, ils posent des pièges. Moi-même je me suis fait piéger. Je comptais en avertir les autorités compétentes, mais je ne préférais pas y aller seule.

Des braconniers, à Drayame ? Iryo en toucherait deux mots à Trataïr Erubon lorsqu'elle arriverait à Sen'tsura, il était vrai que c'était quelque peu étrange que le peuple des Elfes se livre au braconnage, ou ferme les yeux sur les exactions en ses terres. Le gouvernement était-il débordé ? Possible...

La jeune femme répondit à Aywana :

Entendu, nous irons demain voir les gardes qui doivent traîner dans les parages. Mais en attendant, on peut rejoindre mon petit campement, qui n'est pas très loin, nous y serons en sécurité.

Puis elle lui fit signe de la suivre jusqu'au campement, souriante. Elle était curieuse d'en connaître un peu plus sur la jeune femme qu'elle venait de rencontrer.

Aywana était contente. Elle resterait avec Iryo au moins jusqu'au lendemain. C'est donc tout sourire que la belle suivit sa nouvelle amie jusqu'à son campement. La journée touchait bientôt à sa fin et il était vrais qu' Aywana n'avait pas encore pensé à chercher un endroit où passé la nuit.  Les deux femmes arrivèrent au campement. Iryo était bien organisé, elle avait dissimulé une tente dans les fougère. Personne ne pouvait savoir que quelqu'un ici avait élus domicile. Même si sa nouvelle amie était un lycan elle aussi, cela ne l’empêchait pas de vouloir un petit confort. En voyant cela, Aywie se sentit mal. Elle prit une profonde inspiration, elle ne voulait pas que la panique l'envahit. En acceptant de rester avec Iryo, elle en avait oublier ces nuits agitées et elle ne voulait pas que sa nouvelle amie en patisse. A cause de son voyage celle-ci devait être fatigué et Aywana l’empercherait de dormir c'était certain.


Aywana fit un sourire timide à Iryo. En chemin elle avait ramassé du bois mort pour nourrir un feu. La belle le préparait. Elle fit en emplacement pour le sécurisé avec des pierres qu' Iryo avait caché également.


Tout en s'occupant du feu Aywana déclara

- Nous ne sommes pas obligé d'aller chasser. Il me reste un morceau de viande de ma chasse de ce matin. On peu se le faire cuire sur le feu et se le partager.


Aywie de racla la gorges.


Je … Je ne veux pas te déranger cette nuit Iryo... Comment tu dire … J'ai des nuits agitées. Tu as fait un long voyage et tu dois être épuisée.


Elle évita soigneusement de regarder son amie, prétextant faire la cuisine. Elle ne voulait pas s'expliquer sur le sujet. Même après tout se temps, elle avait du mal a parlé de sa. Elle voulait juste prévenir sa nouvelle amie, rien de plus. Aussi elle changea de sujet.


Tu préfère la via...


Aywana ne termina pas sa phrase, elle se releva d'un coup porta ses main à ses dagues. Elle regarda Iryo inquiète. Elle lui chuchotta :


- Tu attend du monde ?

Les deux femmes finirent par arriver au campement d'Iryo, Aywana ayant ramassé du bois mort pour le feu. Et ce fut elle qui s'en occupa, pendant que l'herboriste de Feu préparait le camp pour la nuit.

Aywana lui lança :

Nous ne sommes pas obligé d'aller chasser. Il me reste un morceau de viande de ma chasse de ce matin. On peu se le faire cuire sur le feu et se le partager.

Je … Je ne veux pas te déranger cette nuit Iryo... Comment tu dire … J'ai des nuits agitées. Tu as fait un long voyage et tu dois être épuisée.

Comme tu le sens. Et ne t'inquiète pas, j'ai le sommeil assez lourd, je doute que ce soit toi qui me réveille, répondit Iryo avec un sourire.

Elle sentait qu'Aywana était gênée et ne voulait pas plus en parler que ça, aussi Iryo n'insista pas, fixant le feu et tendant les mains pour se réchauffer. Aywana allait lui demander quelque chose concernant la viande lorsqu'elle se tut, ayant entendu quelque chose. La danseuse, intriguée, activa ses sens pour tenter de repérer quelque chose, pendant que sa compagne chuchotait, inquiète :

Tu attend du monde ?

Pas du tout... Mais je n'entends plus rien, celui ou ceux qui ont fait du bruit ont dû s'immobiliser en attendant d'être sûrs qu'on ne vienne pas voir. Restons près du feu, nous y sommes plus en sécurité, mais tiens-toi prête à grimper dans un arbre au cas où.

L'herboriste garda ses sens en alerte tout en reportant son attention sur le feu, signalant à Aywana :

Fais attention, ça risque de brûler, et ni toi ni moi ne tenons à manger du charbon.

Elle esquissa un sourire, toujours attentive à ce qui l'entourait. Quelque chose lui disait que ce n'était pas anodin, si elles n'étaient pas toutes seules dans cette région de la forêt des Elfes....