J’erre sans but. Je ne sais même plus qui je suis. J’ai cru que me réveiller dans ce monde une deuxième fois m’offrirait un nouveau chemin. Le sang s’est caché dans les fissures de mes mains, et ne s’effaceront donc jamais. J’ai perdu pieds… Je ne sais pas plus ou j’avance. Les jours sont les mêmes, identiques. Je n’ai pas eu la force d’aller dans une ville, retrouver une vie descente, et libre.

Au contraire, j’ai préféré errer dans la nature, sentir la faune et la flore dansaient dans une myriade de lumière. Je ne suis pas plus la fille qui jadis marchait droit, prisonnière de ce qu’elle était. J’avais disparu, personne n’avait entendu parler de me retour… Oh peut – être une ou deux mais si éphémère comme rencontre, comme échange que j’en oubliais les détails. On me nomma dans certaines contrées comme le monstre qui hanta la noirceur des chambres d’enfants. Pourtant, j’ai une âme, un cœur qui bat, une essence au fond de moi.

Je ne demandais que la liberté, que la souffrance cesse, que je n’existe plus en tant que flèche de l’armée… Mes souvenirs ne s’effacent pas, mon cœur se craquèle toujours en silence… Cependant cette renaissance n’est que le début de cette liberté que je prendrais avec rage. Je ne voulais plus marcher, avancer, tuer sous les ordres d’êtres qui ne veulent qu’une parcelle de terre en plus.

C’est comme si j’avais grandi dans ma mort. Que mon cœur avait compris l’importance de ma vie, que je ne devais plus être le pantin des mains monstrueuses mais être le chef des battements de ma vie. J’avais pris mon envol, et j’errais dans la forêt. Je n’étais plus la petite fille aux cheveux noirs. J’étais le renard au pelage blanc comme la neige, orné de 7queues.


On me voyait. On percevait alors que je sillonnais la nature. Je n’étais pas chez moi, je le savais. J’étais pourtant ce que j’aurais toujours dut être. Une Kitsune. Je refusais n’est –ce que quelques mois d’être une humaine. J’en avais besoin, c’était essentiel ! Je chassais les lapins, et autres petits animaux. Je les mangeais crus, sans me soucier des bonnes manières. J’ai même côtoyé mes cousins, les renards roux. C’est plaisant. Ils sont simples, et par moment compliqués.

J’apprenais les méandres de la nature, et les endroits à éviter. Je vivais dans le creux d’un tronc, mon terrier comme j’aime l’appeler. J’y étais bien. Je me retrouvais. J’avais donc trop vécu sous les traits d’un humain ?

Par moment, la neige tomba. J’en étais la responsable mais cela me plaisait, et me donnait le goût de ma terre natale. Ma famille serait fière de moi, si elle vivait encore. Je suis sûr que personne ne me cherche sinon il m’aurait déjà trouvé. J’essaye d’éviter tout être intelligent qui marcherait dans cette forêt. Je ne suis pas discrète avec mon pelage blanc.

J’appris à apprécier cette pluie, ces nuages gris dans le ciel. J’étais si bien, et j’aimerais que cela ne change jamais. Les créatures féroces, j’appris à les connaitre, à savoir leur caractéristique, et comment les éviter. J’avoue qu’au début, cela fut très dur, et pourtant après quelques mois, je réussissais enfin à les éviter.

J’aime la vie, et je faisais tout pour préserver la mienne. Je ne rentrais jamais dans les détails de cette vie, mais ce fut la plus belle période de ma renaissance. Et je faisais tout pour la préserver du monde de dehors, de ceux qui ne comprennent pas mère nature.

Ca faisait des mois que je n’avais pas pris forme humaine. Et cela ne me manquait pas. D’ailleurs, je ne manquais à personne. On m’a oublié comme je les ai oubliés.

Est –ce que je regrette ? Non.

Je suis allongée sur l’herbe fraiche, regardant les yeux à demi clos, l’horizon qui dessine devant moi. Qu’est- ce que je suis bien ici ! Le vent qui caressait agréablement ma fourrure ! Ca ne pouvait que faire du bien !

On pouvait dire que je m’étais mise au vert !

C’est là que j’entendis un drôle de bruit, je redressais mes oreilles. Je ne bougeais pas. Ne fait pas de mouvement, et on te repéra pas tout de suite, voilà ce que j’avais tendance à penser. Je ne faisais écouter. Je n’arrivais pas à savoir quel genre de bruit cela pouvait être. J’espérais juste que ce ne soit pas un danger. Oui, espérons ! Je relevais un peu la tête, fixant un peu au loin. Rien, aucun mouvement.

Juste ce bruit comme si une clochette sonnait dans un tintement monstrueux. Je me méfiais …. Sur mes gardes, j’attendais

Drayame, la forêt des Elfes. Chioné était émerveillée et impressionnée par la beauté de l'endroit ; elle se sentait fourmi, par rapport à l'immensité des arbres feuillus au pied desquels elle évoluait.

Elle avait passé quelques jours dans une ville proche du domaine de sa famille paternelle, Umusk, attendant avec impatience l'appel qui précédait son entrée officielle dans la famille Féral. Bon, ils avaient pris leur temps, mais au final, elle avait pu être tatouée. Enfin ! Elle y avait laissé quelques morceaux de peau, mais cela en valait le détour... Toujours est-il qu'elle n'avait totalement attendu que ça cicatrise pour partir à la découverte de son environnement, et elle avait envie de passer par Drayame. Un peu de nature, ça n'a jamais fait de mal...

Arrivée à la forêt des Elfes, la Reine des Neiges marchait tranquillement, sans se douter qu'elle était observée. Elle avait pris une clochette, comme le lui avait conseillé l'Elfe qui l'avait accueillie, pour repousser les éventuels orcs qui se baladaient en liberté dans la forêt. Et au ton qu'il avait usé, ça lui plaisait moyen comme situation...

La cloche sonnait encore. Enfin était – ce une chose ? Je ne pouvais pas le dire. Cependant quelqu’un était dans cette forêt, et ce n’était pas une très bonne chose. Je m’étirais. Les pattes en avant, baillant un coup. J’étais finalement bien curieuse, et je voulais savoir d’où se venait. Je m’assis, en écoutant les moindres bruits. Un écureuil monta un arbre fixant à droite et à gauche. Avait – il peur de ce que je pouvais bien être ?

Et si j’allais voir de plus près ce qui en était de ce bruit particulièrement étrange ?
J’étais bien tentée de voir, même si cela pouvait dangereux. Quelle importance après tout. Je peux bien m’y perdre pour mieux voir.
Je me levais. Je me dirigeais tout doucement vers sur ce bruit, en posant mes pattes là ou je ne me ferais pas remarqué. Je ne voulais qu’on me voie sous les traits d’un renard. Je préférais être discrète. Je me faufilais entre les arbres tranquillement.

Le bruit se faisait plus fort, j’approchais. J’en étais sûr. Je vis alors une femme qui marchait. Elle visitait la forêt ? Elle ne paraissait pas dans son élément naturel. Je me cachais derrière un arbre pour qu’elle ne me voie pas. Je la laissais marcher. Pourquoi elle faisait le son d’une cloche ? C’était étrange. Trop étrange pour moi !

Je regardais. Et je me disais que si je voulais l’interpeller, il valait mieux que je le fasse en forme humaine. Quittée cette enveloppe m’était pas arrivée depuis des mois. Je me plaquais contre l’arbre, et je pris ma forme humaine, mais avec beaucoup de mal.

Je me retrouvais en forme telle que je devais toujours être. Une femme aux longs cheveux noirs, avec une robe blanche mais pieds nus. Je restais un instant contre cet arbre. Je ne savais pas si c’était une mauvaise idée, mais je devais comprendre ? Et un peu de distraction ne fait pas de mal.

Je penchais un peu la tête sur le côté pour mieux voir. Cette femme était étrange. Et puis je me mis derrière elle sur le chemin.

- Pourquoi fais – tu autant de bruit ?

Je l’avais interpellé. Je n’attendais pas grande chose de cette interpellation. Cependant j’avais essayé. Je verrais bien ce que cela donnera

Faisant toujours tinter sa clochette à chacun de ses pas, Chioné marchait tranquillement. Elle se sentait en sécurité, la probabilité pour qu'elle rencontre un ennemi quelconque n'était, après tout, pas très grande. Et puis, si besoin, elle avait sa magie de glace pour l'aider. Elle commençait à maîtriser ses émotions de façon à ne plus congeler son environnement à tout va, autant en profiter.

Elle sursauta cependant lorsqu'elle entendit une voix féminine derrière elle lui demander, intriguée :

Pourquoi fais – tu autant de bruit ?

Elle se retourna : la jeune femme qui venait de l'interroger avait de beaux cheveux noirs, une taille menue, se baladant pieds nus et en robe blanche. Plutôt mignonne, à la regarder ainsi... Chioné lui sourit et lui montra sa clochette :

Pour la clochette ? C'est censé repousser les orcs qui se baladent en liberté ici. L'Elfe qui me l'a donnée ne les porte pas dans son cœur non plus, apparemment...

Sans avancer, la Reine des Neiges reprit :

Je m'appelle Chioné, et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ?

Il y avait en effet de quoi se poser la question ; après tout, peut-être que la jeune femme aussi se promenait...

Je la regardais, sans montrer le moindre sentiment sur mon visage. Elle était étrange. Elle m’intriguait. Et puis c’est quoi cette histoire d’orcs et de clochette. Je trouvais cela bizarre. Je n’avançais pas.
Je me demandais si elle avait l’habitude de se balader en forêt. De plus, les elfes ne sont pas fiables. Je ne les aime pas. Je les hais. Ils pouvaient bien lui mentir pour mieux la détruire. Ils sont fourbes. J’aurais pu rire de ses explications mais je ne fis rien. J’étais comme une poupée, immobile. Seuls mes yeux reflétaient la vie.


- Je n’ai jamais entendu cela. Ce qui est sûr, tu attires d’autres bêtes bien plus féroces que les trolls.

Ca me faisait étrange d’être sur mes deux pieds. La fraicheur de la terre caressant mes pieds nus étaient comme un souvenir lointain. Ce n’était pas désagréable. J’aimais plutôt ça. Un léger vent souffla, faisant voleter mes cheveux.

Elle se présenta. Chioné ? Quel prénom étrange ! Elle voulait savoir le mien. Je décidais de mentir. Je décidais de prendre un nom différent du mien, comme si mon esprit, ce qui fais que je suis moi, n’existais pas.

Je pris pour nom, le nom d’une fleur cousine du nénuphar.

- Euh… Je suis Nymphaea.

J’aime cette fleur qui nage dans l’eau, telle une douceur perdue. J’aime l’enfermer dans la glace pour la garder le plus longtemps dans son habille de printemps.

Elle me demandait ce que je faisais ici. Je la regardais, intriguée. En quoi cela la regardait ? Et j’allais aussi mentir.

- Je me balade discrètement dans la nature pour voir comme le monde grandit en silence.

Ce n’était pas totalement un mensonge. J’aime m’assoir, et regardais la nature. C’est reposant et relaxant.

- Et toi ? Tu te balades ?

Je regardais la cime des arbres un instant puis descendis mon regard sur elle.

- Avec ta cloche, tu cries ta présence dans cette forêt !

Je n’ai jamais entendu cela. Ce qui est sûr, tu attires d’autres bêtes bien plus féroces que les trolls.

Ah, tiens, une autre version de l'histoire avec les orcs. Chioné commençait à se douter que l'Elfe lui avait dit une bêtise, voire plus. Pourtant, ce n'était pas écrit sur son front qu'elle était une Féral, son tatouage se trouvait dans le bas du dos et elle avait pris soin de couvrir tout son corps en s'habillant...

Bref, toujours est-il qu'elle ignorait le nom de la demoiselle et le pourquoi de sa présence en ces lieux.. La jeune femme aux cheveux noirs lui répondit donc, avec quelque hésitation :

Euh… Je suis Nymphaea. Je me balade discrètement dans la nature pour voir comme le monde grandit en silence. Et toi ? Tu te balades ?

Elle regarda la cime des arbres un instant, avant de reprendre une fois son regard posé à nouveau sur la Reine des Neiges :

Avec ta cloche, tu cries ta présence dans cette forêt !

Chioné poussa un soupir et arracha sa clochette avant de la jeter au loin et de lancer :

Je me souviendrai de ce conseil d'Elfe... Bref, je découvre mon environnement. Et je note que les Elfes ne sont guère aimables, alors qu'ils sont censés être les champions de l'hospitalité...

Elle siffla avant de s'asseoir, face à la jeune femme aux cheveux noirs, et lui dit doucement :

Et je me souviendrai également du fait que tu es tellement méfiante que tu me mens sur ton nom. Je sais quand on me ment et quand on me dit la vérité.

Elle était restée très calme, et n'avait nullement l'intention de se battre contre la jeune femme.

Je ne changeais pas d’expression. Je restais neutre. Je la fixais tout simplement. Elle m’accusa de mentir. Elle avait raison et alors ? Je n’allais pas lui confirmer. J’allais continuer le jeu comme si j’avais vraiment dit la vérité. Elle n’a pas besoin de savoir la réalité des choses. Je la regardais s’assoir sur le sol.


- Vraiment ? Il doit être rouillé.

Je me demandais ce qu’elle avait comme intention dans sa tête. Elle était étrange.

- J’ai ma réponse. Je m’en vais.


Je me retournais et commençais à partir dans le sens opposé de la jeune femme. Je ne préférais pas rester. Elle avait fait assez de bruit pour attirer quelque chose de dangereux. Je ne voulais pas voir sa chute avoir lieu. J’avançais.

- Halte !

Je me figeais. Qu’est-ce que c’est cela encore ? Je me retournais. Un elfe aux longs cheveux bruns sur son cheval tout aussi brun, était derrière cette Chioné. Cet elfe était intriguant ! Je ne bougeais pas. Je regardais simplement.

- Je peux savoir ce que vous faites là ? Demanda l’elfe, alors que sa main était sur le manche de son épée.

Je n’étais pas menaçante, ni agressive dans mes expressions ou dans mes gestes. Je ne bougeais pas vraiment. Un vent passa dans mes cheveux, les faisant voleter, ainsi que ma robe.

Son cœur battait au grès du vent, et j’avais envie de le prendre dans mes mains, d’y enfoncer mes ongles, de lui arracher, et d’en faire une jolie poupée que je garderais pour toujours. Est-ce que cela me manquer ? Est –ce que tuer me faisait défaut ? Je ne sais pas mais le cœur de cet elfe me tentait bien !
Est – ce que je le ferais ? Je jouerais avec la glace pour mieux lui prendre ?

Causerais – je un problème dans cette forêt pour mon plaisir à moi seule ?
Et est – ce que je pourrais faire que je ne suis que la victime ?

Je réfléchissais mais ne se voyait pas sur mon visage. J’étais impassible. Je voulais aussi savoir pourquoi il était là. J’attendrais ! Et qui sait, je réussirais à avoir ce que je désire. Détruire la vie d’un elfe ! Suis – je donc un monstre ?

Chioné ne broncha pas lorsque la demoiselle lui lança :

J’ai ma réponse. Je m’en vais.

La Reine des Neiges haussa les épaules lorsque Nymphaea s'en alla de façon à s'éloigner d'elle. Elle se doutait bien qu'elle ne se ferait pas que des amis, en quittant sa famille, mais elle était loin de penser que ce serait un sentiment général. En tout cas, elle sentait bien que la jeune fille ne l'appréciait pas et pourrait ne jamais l'apprécier. Tant pis...

Elle ne sursauta pas lorsqu'une voix masculine retentit derrière elle :

Halte ! Je peux savoir ce que vous faites là ?

La Reine des Neiges se tourna en haussant un sourcil : c'était un Elfe aux cheveux bruns, chevauchant un cheval de la même couleur, la main sur la garde de son épée, qui venait de parler. Et il n'avait pas l'air vraiment sympathique... Chioné se releva, s'épousseta et lui adressa avec froideur :

En ce qui me concerne, je me promène. Que je sache, ce n'est pas interdit, aux dernières nouvelles. Mais comme apparemment, je dérange avec vos conseils idiots, je m'en vais. Je me souviendrai de la pseudo hospitalité des Elfes, vous préférez plutôt vous débarrasser des voyageurs en leur donnant des clochettes pour signaler aux orcs qui hantent cette forêt qu'ils sont des proies de choix !

Elle avait levé un doigt accusateur vers l'Elfe avant de lancer un regard presque déçu à la demoiselle et de s'en aller. Cette forêt n'était plus ce qu'elle était autrefois, et Chioné fut déçue. Ce voyage sera à marquer d'une croix noire...

Je me rappelle de la brise sur mon visage, de la tranquillité de ces bois. J’espérais à ce qu’elle dure, se perpétue dans le calme de la nature…

Cependant une cloque brisa la vie sereine de ce lieu… Et une rencontre poussait par ma curiosité brisa mon camouflage dans cette forêt.
Je pensais partir, me retransformer dans les profondeurs de la flore. J’aime être sous les traits d’un renard, et ca me manquait de ne plus le faire comme je veux. Toujours obéir… Toujours baisser la tête, ne pas se rebeller sinon… Le coup de fouet caressera ma peau comme les épines d’une rose avec ardeur et cruauté…

J’avais enfin découvert le vrai sens du mot « Liberté ». Et j’aimais cette nouvelle sensation…. Une sensation qui fut gâché par la venue d’un elfe.
Les elfes sont amis des pro A.T. J’avais peur qu’il découvre qui je suis, qu’il le rapporte à mon père adoptif. Je ne voulais même pas imaginer la folie de sa colère… Et les sévices qui s’en suivraient.

Il nous demanda ce qu’on faisait ici. Il avait peur qu’on vieille dans son tipi et qu’on le tue ? En fait, un elfe, ça vit dans quoi ?
Je n’ai jamais voulu rencontrer cette espèce…. Elle a quelque chose de flippant, avec son amour pour la nature et son gout de la polygamie …

Chioné partit après avoir répondu… Je ne sais pas pourquoi mais l’elfe n’aimait pas cela. Il galopa vers elle, et se braqua devant elle. Le cheval hennit. Je regardais la scène sans rien dire. Je savais que si je bougeais, il risquait de m’attaquer.

Un elfe, c’est con !

- Arrête-toi ! C’est moi qui décide quand on peut partir…. Qui es – tu ?


Je reculais de quelques pas. Il me fixa d’un air méchant.

- Si tu bouges, je te tue toi la fille en robe blanche…
- Non ! Je n’ai rien fait !
- Si tu salis la nature…
- Ca ne va pas la tête !

Il cria un bon la ferme avant de se concentrer à nouveau sur Chioné. Il était peut être intrigué par cette femme…. C’est vrai qu’elle faisait fausse dans ce décor.

Il devenait légèrement impatient. Ca ne présageait rien de bon. Je soufflais d’agacement.

L'Elfe n'apprécia pas l'initiative de Chioné. Il fit bouger sa monture de façon à se placer devant la Reine des Neiges pour l'empêcher d'avancer. Le cheval hennit avant que son cavalier ne lance à la demoiselle :

Arrête-toi ! C’est moi qui décide quand on peut partir…. Qui es – tu ?

Chioné le fusilla du regard : elle n'avait aucun compte à rendre à un Elfe, surtout quand elle avait une idée bien en tête. En l'occurrence, quitter cet endroit. L'Elfe releva la tête et lança un regard méchant à Nymphaea avant de reprendre :

Si tu bouges, je te tue toi la fille en robe blanche…

La jeune femme répliqua son innocence avant de recevoir un ordre de la part de l'Elfe, qui reporta son attention sur la Reine des Neiges. Sauf qu'il ignorait qu'il valait mieux ne jamais mettre en colère une demie-démone Élémentale de Glace. Elle tendit les mains et laissa son pouvoir sortir de ses doigts sous forme de blizzard qui se solidifia de façon à empêcher le cheval et son cavalier de s'enfuir. Ceci fait, elle siffla :

Que ceci vous serve de leçon, monsieur l'Elfe. On n'embête pas une Élémentale de Glace sans risque.

Sauf qu'en levant les bras, sa tunique courte s'était relevée de façon à laisser apparaître son tatouage révélant sa filiation aux Féral...

L’elfe était à moitié gelé. La femme l’avait simplement gelé. Elle maitrise la glace donc. Je soupirais. Une élémental… Je hais ça. Je me demandais bien dans quel merdier, je me suis mise encore. L’elfe rageait, insultant sans souci. Le cheval quant à lui paniqua. Il gesticulait dans tous les sens voulant se dégager de cette glace.

Son cavalier tapa avec son épée la glace en continuant de nous insulter. Il me mit dans le lot. Pour une fois que je n’ai rien fait… Je suis maudite ! Trop maudite !
Je soupirais. Je pars ou je reste ? Je ne savais pas quoi faire… C’est là que je remarquai son tatouage. Je le connais. J’ai vu le crétin qui me sert de père avec le même. Une Féral ? Cette famille est une plaie. Je devais décidément m’en aller…

Je ne voulais pas qu’elle rapporte ma rencontre à ce cher Balthazar. Il risquait surement de vouloir me récupérer etc. Je craignais soudainement le pire pour ma vie, pour mon corps, pour mon esprit. J’en frissonnais d’avance. Et si je la tuais ? Non ce serait trop flagrant… J’aurais encore plus de souci.
Et si je tuais cet Elfe ?

Chioné me faisait dos, donc elle ne verrait pas mon geste. Au point, ou j’en suis. Je jouais à faire apparaitre de la glace entre mes mains, créant un pic type flèche de glace. Elle sera moins puissante sous ma forme humaine mais comme je sais viser, ça ne doit pas poser trop de problème.

Je balançais le pic droit dans le cœur qui le transperça. Le cavalier elfique s’affala sur son cheval, et mourut. Le pic fondit aussitôt. Aucune trace de mon forfait.

- Tu l’as tuée ?

Je fis la petite fille qui n’avait rien fait. Je suis innocente ! Ou pas ! Du moins, je le paraissais. Le cheval bougeait encore dans tous les sens, pour se déloger de la glace.

Et puis l’elfe avait mérité de mourir ! Donc donc, j’ai bien fait !!!

Chioné resta de glace - sans mauvais jeu de mot - pendant que l'Elfe tentait de les noyer toutes les deux, elle et Nymphaea, sous le flot d'injures qui se déversait de sa bouche. Non seulement leur sens de l'hospitalité avait failli, mais également leur politesse légendaire...

La patience de la Reine des Neiges finit par atteindre grandement ses limites : si l'Elfe ne se taisait pas rapidement, elle l'enverrait dans les Limbes et fissa. Au final, elle fut devancée par quelqu'un qui envoya un... un quoi donc ? Un pic très fin ? Quelque chose qui n'était pas visible à l’œil nu ? Toujours est-il que l'Elfe finit par rendre son dernier soupir. Quelques secondes plus tard, la voix de Nymphaea retentit derrière la Reine des Neiges :

Tu l’as tuée ?

Chioné se retourna : la jeune femme faisait l'innocente, mais quelque chose lui disait qu'elle n'était pas totalement étrangère à la mort de l'Elfe. La Reine des Neiges poussa un soupir et se détourna :

Non, ce n'est pas moi. Ne traînons pas davantage dans le coin. Je suppose que tu veux aller de ton côté ?

Elle avait parlé doucement, sans savoir qu'elle avait vu son tatouage et qu'elle était encore plus méfiante qu'elle ne l'était au départ...

Je savais qu’elle disait la vérité. Après tout, c’est moi la meurtrière. Et comme j’avais décidé de ne pas me dévoiler en tant que telle, je ne peux pas récupérer son cœur. Je ferais une poupée avec un autre cœur alors ! Elle eut une bonne idée. Une très bonne idée. Partir !

- Oui chacun de notre côté, et le plus vite possible…. Mais pourrais – tu libérer le cheval ? Le pauvre, il doit souffrir.

La nature, ma seule bonté d’âme. Je n’aime pas voir un animal souffrir. Après tout, je faisais partie de cette nature. J’étais moi- même un animal, certes j’étais magique, mais quand même. Je la regardais. Je ne montrais pas ma méfiance tant qu’elle resterait à distance. Je reculais puis je me mis à courir dans l’autre sens. Je voulais me cacher parmi les arbres, regarder de loin ce qu’elle fera, et si elle ne le libère pas, je reviendrais pour le faire moi – même. Je n’attendais pas qu’elle le fasse car je ne voulais pas que d’autres elfes se pointent et voient l’horreur de leur ami.

Il vaut mieux se sauver. Je disparus donc dans la forêt et quand je fus certaine qu’elle ne puisse pas me voir, je repris ma forme originale. Dès que je fus de nouveau en renard à 7 queues, je marchais doucement vers le lieu de ma rencontre. Puis à une distance assez lointaine, j’observais pour voir.

J’étais cachée, elle ne pouvait pas me voir. Et dès qu’elle a fini, je partis pour de bon. Fin !

Nymphaea apprécia l'idée de partir d'ici :

Oui chacun de notre côté, et le plus vite possible…. Mais pourrais – tu libérer le cheval ? Le pauvre, il doit souffrir.

Chioné tourna la tête vers le cheval en poussant un léger soupir : la demoiselle avait bien des exigences, mais bon, Chioné pouvait la comprendre si elle aimait profondément la nature. Elle posa sa main droite sur la glace pendant qu'elle caressait le cheval de la main gauche pour le calmer, et aspira la glace qui l'emprisonnait, récupérant au passage un peu plus de forme physique.

Lorsqu'elle eut libéré le cheval, elle se retourna : la demoiselle avait disparu entre temps... Tant pis. La Reine des Neiges haussa les épaules et s'empressa de quitter cette maudite forêt pour retourner chez elle. Quelle déception elle en tirerait de ce voyage chez les Elfes....

Elle sortit de la forêt en revenant sur ses pas, sans croiser un seul Elfe sur lequel s'acharner pour leur inhospitalité. Elle emprunta une monture sitôt arrivée à l'entrée de la forêt, et se dépêcha de quitter l'endroit pour retourner au domaine des Féral. Là-bas, au moins, si on faisait partie de la famille, on y était bien.