Terra Mystica

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 [Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1

 
[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Mer 6 Avr - 20:14
Suite de recherches à Sen Tsura

Comme son nom l'indique, l'archevêque tient sa résidence fastueuse dans un palais. Ce n'est pas pour autant qu'il reçoit là ses exécuteurs de basses œuvres, il préfère les faire poireauter dans le sous-sol insalubre qui lui sert de geôles, salle de torture classique, salle d'aveux raffinés, salle de Grande et Petite Question, chambre funéraire et accessoirement, une excellente cave à vins du fait d'une température constante et d'un taux d'humidité adéquat. TAUX DE QUOI ?

- Oh putain… regarde moi ça, ce fumier le fait exprès j'en suis sûr.

Hexandre est sur les dents depuis qu'elles sont entrées dans le souterrain. De l'eau. De l'eau ! Elle suinte le long des murs, on l'entend, on la voit, on la sent. Encore une fourberie. Rien d'étonnant à ce que l'archevêque se soit élevé si haut dans la hiérarchie d'Aile Ténébreuse. Libidineux, gras, malveillant, caricature même du bonhomme rondouillard qu'on maltraitait pendant l'enfance et qui s'est juré de se venger. Bref, il a la haine et il en profite. Inutile de préciser que le célibat ne fait pas partie de ses vertus, pas plus que la monogamie d'ailleurs.

Hexandre s'arrête devant un premier garde, un type somnolent sous sa cuirasse rouillée, et lui tapote le pectoral.

- On vient voir Sa Graisse.
Le gonze ouvre un oeil rouge. Pas alcoolisé. Non véritablement rouge. Il ne faut pas se fier à son apparence, c'est un démon sous les traits d'un soudard. Encore une ruse.
- MmHein, z'avez… mot de passe ?
- Ah…

La salamandre se tourne vers sa comparse et lui lance un regard interrogateur.

- Hé c'est toi qui l'a non ? Donne lui son os histoire qu'on bouge de là rapidement.

__________________H

Alors que jusqu'à maintenant j'avais tranquillement suivi Hexandre, me voilà soudain bloquée. Déjà qu'elle à l'air mal à l'aise, et paradoxalement énervée, voilà que je devais donner un mot de passe. Et zut ! Je réfléchis à toute vitesse à la façon de me sortir de là, et finis par songer à en inventer un... bien trop dangereux. Cette maudite salamandre n'hésiterait pas à me griller. Et cette espèce de garde... il dégageait une odeur bien étrange. Non, il fallait que je trouve autre chose... pourquoi pas une semi-vérité ? Je pris un air blasé, et soupirais.

-J'en sais rien, fis-je alors. On est venu me chercher dans les sous-terrains en disant que le Chasseur des Cieux avait besoin de mon aide. On m'a indiqué le lieu, et c'est tout. Aucun mot de passe.

Bon, c'était pas glorieux, mais c'est tout ce que je pouvais donner. Maintenant, restait à voir comment allait-il réagir, et déjà dans ma tête se former un plan de fuite. Comme si j'attendais simplement une réaction de la part du garde, je fis deux pas vers la droite et me plaçais sur l'ombre d'Hexandre. Si elle voulait me calciner, je saurais l'arrêter. Quand au garde, il me rester assez d'énergie pour me camoufler dans l'ombre et déguerpir aussi vite que possible. Bien, maintenant que tout était mis en place, il ne me restait plus qu'à attendre la réponse en jetant un coup d'oeil interrogatif à Hexandre.

_____________________L

L'espace d'un instant, c'est le flottement général. Aucun mot de passe ? Comment ça aucun mot de passe ?! Le garde ouvre complètement son œil brillant et Hexandre, interloquée, commence à se retourner sur le talon.
Et la respiration d'après, tout change.
Non conforme égale menace. Les instructions sont simples. Le démon-planton empoigne sa pique d'un geste beaucoup plus ferme que ne le laisse deviner son allure. La salamandre se dresse sur la pointe des sandales lorsque la pointe s'abaisse. La pique tente de se frayer un chemin pour mordre le flanc de la vampire, ce qui revient à menacer directement la salamandre qui se trouve devant.

Hexandre achève de pivoter sur le coté, sa main se lève et le temps d'un battement de cil, empoigne le manche et le claque contre la paroi du tunnel où il se brise net. Le garde, pris par surprise, rugit de plus belle :
- MOT DE PASSE !
- Arrête ça ! Elle te dit qu'elle l'a pas ! On s'en fout de ton mot de passe connard !
- MOT DE PASSE !
Il grogne comme un vrai porc ! Il triture son ceinturon, Hexandre l'immobilise immédiatement et l'empêche de tirer son épée en plaquant sa main sur la sienne.
- FERME LA !

Il se débat. Un claquement sec, elle lui brise le poignet et tente de lui déboiter l'épaule sans succès. L'armure et la résistance naturelle ! Saleté.
La salamandre relève sa main en arrière à la manière d'un dard de scorpion et regroupe ses doigts en cornet. Une brève étincelle remonte le long de ses cornes, elle se concentre, elle sent le brasier et… rien.

Rien ! Il fait trop humide, elle ne parvient pas à émettre assez de chaleur pour claçiner. Le garde ne comprenant visiblement pas exactement ce à quoi il vient d'échapper mais concient de ce que lui dicte son maître se baisse et enfonce son casque cornu dans le ventre de la jeune démone qui se fait ejecter en arrière, le souffle court et l'abdomen déchiré.

____________________H

Je restais stupéfaite de la tournure que prenait les évènements, mais réagis avec ma rapidité habituelle lorsqu'Hexandre se fit éjecter. Pourquoi je la défendais alors qu'elle n'était pas une alliée ? Bonne question, et pour tout dire, c'était plus un réflexe qu'une véritable volonté. Je sortis mes cimeterres de leur fourreau, et me mis en garde. La bestiole en face de moi demanda le mot de passe à nouveau et je clignais des yeux. Mais il avait un problème lui !

-Ma très chère comparse t'a dit qu'on l'avait pas. Et je crois qu'elle a agrémenté sa réponse d'un subtile ferme la que tu ferais mieux de respecter en nous laissant passer tranquillement.

Une lueur inquiétante traversa ses yeux. Même pas impressionné par le son menaçant de ma voix. Et bien, il me faudrait me battre. Le guerrier eu le temps de sortir un poignard qu'il tenait avec son autre main. Le combat serait plus facile que prévue grâce à Hexandre. Elle lui avait brisé son poignet droit : celui qu'il utilisait d'ordinaire. Il fit tourner la lame dans sa main avec pourtant beaucoup de facilité, et s'approcha de moi qui ne bougeais plus, attendant patiemment qu'il m'attaque, ce qu'il ne tarda pas à faire. Sa lame décrit une courbe parfaite vers ma gorge, mais déjà, j'avais pivoté sur moi et, me baissant, je guidais mes lames vers le ventre de mon assaillant qui s'ouvrit au niveau d'une ouverture sur son armure. Un gargouillement horrible raisonna, et pour m'assurer de la mort du garde, je plantais un de mes cimeterres entre ses deux yeux. Je me précipitais ensuite vers Hexandre, et me penchais au dessus de ses blessures.

-Il t'a pas raté, grommelais-je. Tu veux qu'on sorte pour que tu te réchauffe un peu ou on continue ?

Je finis ma phrase en fouillant dans mon sac afin d'en sortir une fiole que je lui tendis.

-Tiens, c'est un alcool très fort fait à Volcania. Je crois que sa production a été arrêter parce qu'il brûlait certains estomac... tu ne devrais pas avoir ce problème toi.

J'avais conscience que je parlais pour meubler, et en plus que je m'inquiétais pour une alliée d'Ailes ténébreuses. Je crois bien que je me serais giflée, mais c'était plus fort que moi : je m'attachais rapidement au personne que je fréquentais.

-Bref, finis-je alors par dire en lui tendant ma main pour l'aider. On fait quoi ?

____________________________L

Hexandre reste estomaquée au sol, trop surprise par ce retour de manivelle. Etonnée, elle l'a moins été quand elle vu la dénommée Obscura prendre les armes à son tour. C'est dans la nature des serviteurs d'Aile Ténébreuse de toujours de bouffer le nez, au propre comme au figuré.

Mais ce qui la saisit littéralement de stupeur, c'est de voir cette main tendue ! C'est bien la première fois que… Elle fronce les sourcils et grimace soudainement. Poisse, c'est vrai qu'il ne l'a pas loupée. La salamandre contracte son ventre sous la douleur, pressant la blessure de sa main droite d'où suinte déjà son sang bouillonnant en bulles vermillonnes.

Sans ce petit coup de sabre salvateur, elle aurait aussi bien pu y rester ! Néanmoins, Hexandre étant ce qu'elle est, elle refuse de s'avouer affaiblie. Rejetant l'assistance de la vampire, elle se relève tant bien que mal en s'appuyant sur la paroi, faisant effort sur ses traits pour n'en laisser paraître aucune faille.

- Hé t'emballes pas hein… lâche t-elle entre ses dents serrées. Maintenant, on va aller voir le gros lard et sacrifier au rituel pour qu'il daigne amener son cul potelé.

Elle s'avance vers la porte enjambant le cadavre du planton sans un regard.

- Tsss c'est toujours pareil. Ils te filent des missions sans préparations et tu te retrouves face à un demeuré au retour. Ils ont encore oublié de te faire un topo hein –taaah- (moment de douleur, elle se rattrape de justesse contre la porte). Les enfoirés, un peu plus et on se faisait écharper. Je te jure, si seulement on me donne une SEULE occasion, je fais frire ce gros porc d'archevêque.

Fière mais pas cabocharde à ce point, la salamandre se retourne une fraction de seconde avant d'actionner le loquet.

- Du vrai alcool hein ?

Son regard brillant en dit plus long qu'un discours. Elle s'approche à nouveau avec une mimique presque animale et s'empare précautionneusement du flacon, non pas tant par égard que pour ne pas brusquer ses mouvements.
Le bouchon rend un plop triomphant, elle hume le breuvage un court instant, juste le temps de se faire inonder des vapeurs éthérées à haute densité. Elle renverse la tête et penche le flacon sur sa bouche.

- Ouh (elle secoue la tête et se passe une nouvelle fois la langue sur les lèvres). OUAH ! Ça c'est du bon !

Et ni une ni deux, elle engloutit une rasade au goulot sans même prendre le temps de respirer. Immédiatement, elle a l'impression d'avoir moins froid. Et même si sa blessure continue de saigner, la douleur est reléguée dans un second plan brumeux. Parfait ! Effectivement, ça brûle le ventre, c'est idéal !

- Bon, allons y !

Sans plus attendre, la salamandre ouvre la porte et s'engage dans le corridor ténébreux qui respire silencieusement derrière. C'est sans aucune hésitation qu'elle s'oriente dans le dédale de croisements et d'escaliers qui s'enfilent sans cohérence. Une bonne dizaine de minute plus tard, elles arrivent dans une petite salle ronde éclairée par un unique brasero (bien trop seul à son goût).
Il y a là deux fauteuils, une petite table sur laquelle trône un misérable calice en fer et – détail pittoresque – une roue dentée maculée de tâches brunes sèches.

- Bon il faut appeler sa sainteté. (Se tournant vers Obscura). Vu mon état, vaudrait mieux que tu fasses le rituel… (Elle désigne du doigt la roue de torture qui, malgré la rouille, semble avoir servi récemment.). Et le laisse pas s'exciter hein ! Une mesure de sang, pas plus… pas envie qu'il arrive avec ses envies lascives, grommelle t-elle d'un ton rogue.

____________________________H

Mais j'ai décidément beaucoup de chance ! Après un mot de passe, voilà qu'il faut maintenant appeler l'archevêque en donnant du sang. Aie... problème. Je soupirais et me tournais vers Hexandre en la regardant un peu comme si elle était idiote.

-Je suis morte, rappelais-je en soupirant. J'ai pas de ce liquide rouge en moi. La seule chose que j'ai c'est une fiole de sang, soit, mais pas humain. Et puis tu ne vas pas te présenter devant sa sainteté dans un état pareil ! Il serait bien trop heureux de voir qu'il a réussi à t'avoir.

Et encore une fois, je m'inquiétais, mais pas de son honneur : elle s'en occupait très bien seule ! De sa santé plutôt : sa blessure saignait. Même si la douleur ne semblait plus la toucher, et je dois avouer que rien que la vu du sang laisser imaginer la difficulté qu'elle devait avoir à se tenir debout. Evidemment, je pris grand soin de ne laisser paraître aucune pitié ou inquiétude. Hexandre semblait avoir un caractère enflammer et je n'osais imaginer ce qui se passerait si je faisais mine de l'aider. Est-ce que tout les allié d'Ailes ténébreuses étaient aussi fier ? Je baissais la tête pour cacher un sourire ironique en attendant une réponse de la part de la salamandre.
____________________L

Piatre ! Elle se rebiffe elle aussi. Son argument est valable mais Hexandre fait la moue. Que devrait-elle faire ? Qui est exactement cette Obscura qu'on sort des catacombes ? Peut-être une alliée proche de l'archevêque. Après tout, elle l'a appelé "Sa Sainteté"… à moins que ce ne soit ironique. Oui, ça l'était forcément. Mais…
La démone cornue réalise pour la première fois de sa rencontre avec Obscura qu'elle ferait peut-être bien de mesurer ses paroles.

Elle se crispe à cette idée. Et puis quoi encore ?? Pourquoi pas lécher les bottes de ce gros vicieux pendant qu'on y est ! Le poing serré, Hexandre se redresse contre le mur et examine le visage de la vampire avec intensité.

- Tu as raison enfoirée, finit-elle par avouer, ça lui ferait trop plaisir.

Hexandre ne peut pas faire appel à son pouvoir de calcination dans ce sous-sol, mais elle supporte toujours aussi bien le feu. Elle s'avance donc vers le brasero et plonge la main dedans sans hésitation pour en retirer une poignée de braises grésillantes qu'elle plaque contre son abdomen. Le tissu de sa tunique se noirci.
La cautérisation a pour effet immédiat d'arrêter temporairement le saignement et – dans son cas précis – de lui procurer un bien être qui compense bien la vilaine cicatrice que ce traitement lui vaudra.

Là-dessus, contournant la vampire d'un pas fier, elle attrape la roulette dentée et s'entaille le poignet sans passion. Son ichor coule dans le calice de métal où il ne tarde pas à se figer.

- Voilà, le démon est appâté… garde tes canines aiguisées, lance t-elle dans un abandon momentané à l'esprit de camaraderie, on pourrait en avoir besoin.


______________H

La jeune femme qu'il était en train d'explorer se voit brusquement rejetée au sol. Un fumet délicat vient d'interrompre sa besogne. Une fragrance que lui seul peut sentir et reconnaître à cette distance. Oh oui…
L'odeur du sang. L'odeur de son sang ! Cette fieffée allumeuse est donc de retour. L'archevêque, noyé dans une débauche de tissus criards et de bagues clinquantes frappe des mains pour prévenir ses praetoriens, sa garde personnelle. Noire, très noire.
Les soldats cuirassés de ténèbres aux heaumes inquiétants entourent leur maître et soulèvent sa litière pour le conduire au sous-sol. Le pontife a un sourire gourmand aux lèvres tandis qu'il rajuste sa mise. Peut-être que cette fois, l'opportunité lui sera donnée de posséder cette ensorcelante salamandre.
Depuis qu'il l'a vue, il fantasme sur ses courbes, il se dresse la nuit, en sueur et fait venir double moisson d'esclaves pour assouvir ses pulsions. Un jour, il la prendra en défaut. Un jour il la forcera, et elle ne pourra lui opposer ni sa force ni ses pouvoirs diaboliques.
Ce jour pourrait bien arriver bientôt. Peut-être maintenant, peut-être cette nuit. Il suffirait qu'elle soit affaiblie… Il pourrait alors… lui faire… tout ce qu'il a toujours rêvé de faire…

Ces agréables pensées l'occupent pendant la descente lente et délicate aux geôles. Il est nécessaire de confiner cette furie dans un endroit humide, sans quoi il ne fait nul doute que l'archevêque serait déjà réduit à l'état de bouillon graisseux depuis longtemps. Non mais franchement, penser que cette bedaine magistrale dont il s'enorgueillit pourrait être liquéfiée aussi facilement que ça…
Elle le hait. Il le sait, elle est loin d'être aussi subtile qu'elle le pense. Il se nourrit de cette rancœur, il la savoure et la givre sur ses sourires replets. Ce sera encore mieux, lorsqu'il la regardera droit dans les yeux, alors même qu'elle sera là, allongée et incapable de repousser les ultimes outrages.

La dernière porte grince sur ses gonds. La lumière de brasero, la table et… deux jeunes femmes ? Voilà qui est inattendu. Les praetoriens silencieux et plus noirs que la nuit se glissent en cliquetant le long des murs. Leurs armures de plates ne reflètent rien. Leurs yeux même ne reflètent rien. Ils sont ce que la mort laisse derrière elle lorsqu'elle est repue. Ils sont ce que le temps refuse de ronger. Ils sont ce que la lumière refuse d'embrasser. Pire que des damnés, froids comme la haine, mortels comme le poison.

L'archevêque se laisse installer dans le fauteuil le plus confortable – celui qui se trouve de son coté – et interroge silencieusement l'inconnue du regard. C'est ce regard même qui dénude les femmes, effraie les enfants et fait se signer les hommes. Ces yeux sombres, enfoncés dans leurs replis de chair qui semblent vouloir tout posséder, tout avoir, tout engloutir.
Il savoure le silence quelques instants, et, sans même se soucier de la présence d'Hexandre pour le moment, sourit avec cruauté :

- Et bien très chère, vous m'offrez là un présent dont je ne suis pas coutumier. Votre présence est admirablement obscure jeune demoiselle. Croyez moi, je sais reconnaître l'ombre quand je la contemple. Surtout quand elle est aussi bien dotée par la nature. Et je lis dans ce regard une intelligence aigue et acérée comme la lame d'un poignard… qualité qu'on conjugue trop rarement avec la beauté.

La voix du pontife est mielleuse, délicate et vénéneuse. Il la travaille assidûment pour cet effet. Il veut que ses auditeurs n'oublient jamais le son de sa voix. Qu'ils la craignent, qu'ils la détestent et qu'ils en redemandent.

- Vraiment je suis comblé. Mais je vous en prie, très chère, prenez place dans ce modeste siège. Je regrette de ne pas avoir plus de confort terrestre à vous offrir pour le moment. Si j'avais eu vent de votre venue, c'est mon palais tout entier qui ce serait tenu prêt à vous accueillir. Et pourtant, j'ai l'intuition que cette cave vous sied mieux que le plus lumineux des marbres… ai-je tors ?

Sans même lui laisser l'opportunité de répondre, il poursuit de son ton ampoulé :

- Allons, ne me faites donc pas languir plus longtemps, je salive déjà de la soif d'en connaître plus à votre sujet. Qui êtes-vous donc belle invitée et qu'est ce qui vous amène ici ?

Puis d'un ton plus dur, il aboie :

- Hexandre, assise !

________Aile Ténébreuse

J'eus énormément de difficulté à rester aussi neutre. C'était quoi ces paroles flatteuses qu'il m'accordait ? Par précaution, et car Hexandre me l'avait conseillé, je pris grand soin à ne laisser paraître que mon visage vampirique. Dans quel pétrin m'étais-je encore fichue ? Sa voix était particulière. Elle aurait pu me faire peur, seulement, avec mon âge, ma mémoire me rappela qu'il ne s'agissait que d'un stratagème. Je retins tout de même un frisson. Cette homme puait la traîtrise, le sexe et le pouvoir. Il voulait obtenir, et obtenait ce qu'il voulait. Tout les moyens semblaient bon. Je jetais un coup d'oeil à Hexandre, surprise de la différence de ton qu'il y avait entre mes instructions et les siennes. Cependant, si je ne faisait ne serait-ce que mine de refuser son invitation, créature de l'ombre ou non, je ne donnais pas cher de ma peau. Je m'avançais, détachée de tout ce qui m'entourait, et pourtant en étant effrayée à l'idée que la peau de cet être gras me frôle. Je retint mon dégoût dans un sourire aimable, et m'installais là même ou il me le proposait.

-Vous avez tout à fait raison en ce qui concerne la lumière votre sainteté, répondis alors d'une voix douce qui montrait que j'acceptais la domination. Quand à qui je suis, c'est sous le nom d'Obscura que l'on me connaît. J'ai été appelé des sous-terrain pour m'allier à notre seigneur Ailes ténébreuses, et j'ai rencontré Hexandre lors d'une... altercation. Voici mon histoire.

Simple, sans trop de mensonges, et avec humilité. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais vraiment peur de ce qu'il risquait d'arriver si je disais un mensonge. Mon regard balaya la pièce, en évitant pourtant les gardes de sa Graisse comme le disais Hexandre, pour tomber sur cette dernière. Je ne savais plus quoi faire, et j'espérais vivement que l'archevêque ne me toucherait pas. Je me rendis alors vraiment compte dans quel bazar je m'étais fichue. Restait plus qu'à prier je ne sais quel dieu pour que je sortes d'ici en un seul morceau et que je retrouve Lya. Lya... mais où était-elle donc ? Que faisait-elle ? Je me repris alors et décidais que regarder le vide était plus prudent que de chercher de l'aide dans les flamboyantes prunelles de la salamandre.

___________________________L

La délicate jeune fille s'assied non sans prudence en face de lui. L'archevêque arbore une nouvelle fois ce sourire si détestable. Délectable !

- Votre Sainteté ! Vraiment je suis admiratif de votre maîtrise des courtoisies. Bien peu de gens ont assez de sang froid pour rester de marbre face à moi. Ah… mais j'oubliais que c'est dans votre nature.

Ce n'est pas pour rien qu'il s'entretient avec autant de débauche. L'hypocrisie et le mensonge sont les deux armes préférées des courtisans. Mais face à tant d'ignominie, il devient difficile d'utiliser son masque. Ce ne semble pas être le cas de celle-ci. Elle pourrait, il en est certain, devenir une alliée de choix ou bien tout au contraire une adversaire redoutable.
L'excitation procurée par cette situation le démange le long de la colonne vertébrale au point de lui picoter les orteils. Le gros légat se redresse mollement sur son siège et croise les mains potelées devant la bouche.

- Damoiselle Obscura… avez-vous déjà songée à être anoblie ? Une prestance telle que la votre siérait mieux avec un titre et un domaine. Vous plairait-il d'être baronne ? Ou peut-être même comtesse ? L'empire manque cruellement d'élite depuis la passation de pouvoir.

Il y a évidemment beaucoup de chance pour qu'elle refuse. S'il l'a correctement jugée, la pâle créature a sa fierté. Mais sera t-elle en position de négocier lorsqu'il aura achevé sa petite démonstration ?
Son regard mou glisse alors sur la silhouette de la salamandre défiante jusqu'au bout des cornes. Depuis l'arrivée de cette vampire, il en a presque perdu tout son intérêt pour la séduisante démone. Presque… mais pas tout à fait.
Et c'est avec une joie non feinte qu'il constate que cette dernière est blessée ! Sa tunique rongée par les flammes arbore encore une vilaine tâche de sang. Se pourrait-il que la sauvageonne soit en position de faiblesse ?
La coïncidence est trop crémeuse, c'est exactement ce qu'il lui fallait pour asseoir sa proposition !

- Saisissez vous d'elle, lâche t-il d'un ton parfaitement neutre en désignant la rousse du menton. Hexandre, Hexandre… il semblerait que nous n'ayons plus besoin de tes services maintenant. J'espère que tu apprécieras le cachot qui t'es destiné… un ancien puits je crois.

La carotte et le bâton.

______________________Aile ténébreuse

Hexandre est restée debout, ferme et immobile malgré l'injonction avilissante de ce gros porc ! Elle lui aurait volontiers enfoncé ses paroles dans la gorge mais Obscura lui ravit le crachoir et c'est là que le rideau tombe.

Celle là ! Elle n'est pas du tout envoyée par l'archevêque ! Elle l'a suivie ici, elle… elle… Hexandre réalise qu'une fois de plus, elle s'est laissée manipuler. Les gens profitent si aisément de son impulsivité.
Sa colère flambe avec une ardeur nouvelle, elle serre les dents sous l'examen lascif de l'archevêque. Le désir et la concupiscence se lisent dans ces yeux porcins. Il croit l'impressionner ?

Mais loin de lui demander des faveurs, il la jette au contraire comme un vieux torchon ! L'emprisonner ?! La remplacer ? Tout est clair maintenant, l'archevêque n'attendait en fait qu'une occasion de se débarrasser d'elle. Comment a-t-elle pu rester aussi peu attentive ?

- TRAITRE ! JE VAIS TE…

Ses paroles meurent dans sa gorge lorsqu'un des praetoriens lui enfonce brutalement son poing dans le creux de l'estomac. Juste là où sa cicatrice commençait à se refermer ! La salamandre tombe à genoux et crache un filet de sang entre ses dents. L'humidité ! Saloperie d'humidité ! Le brasero est trop loin.
Deux poignes solides lui tombent sur les épaules pour la relever. On lui remonte les bras dans le dos. Un bruit de fer.
Mais ce n'est pas terminé. Hexandre se débat et inflige un sérieux coup de tête à l'un des heaumes à sa portée. Elle renchérit d'un coup de genou et parvient à se libérer une main. Le sang ruisselle maintenant d'une nouvelle coupure au front, elle s'en moque. La Passion se déchaîne en elle, le garde de droite qui lui tient toujours le bras oscille, il se fait immédiatement contaminer et relâche sa captive pour tirer son épée contre ses frères d'armes.
Hexandre crie quelque chose et pointe son poing revanchard en direction du faciès impavide du gros tas. Une seconde après, elle se fait assommer implacablement par derrière et tombe sur la table. L'image danse, elle tente de se raccrocher au plateau de bois mais roule bientôt au sol où la cohorte s'empresse de l'ensevelir sous une dégelée de maillons assez solides pour contenir la charge d'un taureau.

_______________________H

Je ne cillais pas, et pourtant dans ma tête, c'était un vrai champs de bataille. Mes dents grincèrent tandis qu'Hexandre se débattait, et c'est alors que tout se passa à la vitesse d'un éclair. Me servant de mon pouvoir, je disparaissais dans l'obscurité. Mais qu'est-ce que je faisais ? Pas le moment de réfléchir. Agir ! Je sortis mes deux cimeterres, toujours invisible et frappais le garde le plus près. J'avais l'avantage de la surprise, et en oubliais même l'archevêque. Un coup m'arriva droit vers la taille. J'esquivais et m'approchais encore de la salamandre en grimaçant. J'avais été touchée, mais je tiendrais. Mais qu'est-ce que je faisais bon sang. J'arrivais enfin jusqu'à Hexandre, et plantais mes deux pieds dans les ombres réunis des praetoriens. Je les immobilisais et réapparue. J'étais fatiguée, et je savais pertinemment que je ne pourrais pas me battre contre tous, mais je n'en laissais strictement rien paraître.

-Si vous en savez autant que vous semblez le dire sur ma race, dans ce cas vous devez savoir aussi que je suis extrêmement à cheval avec les politesses, et ce que vous me proposez là, en plus d'être lâche ne me plaît pas du tout !

Ma voix était cassante et un brin ironique. Peut être pouvais-je gagner un peu de temps pour pouvoir réutiliser mon invisibilité. Rien n'était sur, mais tout n'était pas perdu ! Je repris alors.

-Vous vous servez de la faiblesse des autres pour en venir à bout. C'est une pratique qui est répudiée parmi les miens. Laissez Hexandre en paix ! Elle n'a rien à voir avec moi, et les démonstrations de pouvoir ne m'affecte pas, pas plus que les condamnations.

J'avais parler d'une voix claire et assurée qui était pourtant l'inverse de mon état d'esprit. En vrai, j'étais terrorisée, et je me haïssais d'avoir agis sans réfléchir plus que cela. Pourrais-je m'échapper avec Hexandre ? Ou bien m'était-il possible de négocier sa libération ? Je ne savais vraiment plus quoi faire.

___________________________________L

Très impressionante démonstration ! Difficile de parer un coup qui vient de nulle part. Difficile également de comprendre les motifs qui motivent la réaction de la fille de la nuit mais c'est une opportunité qu'il convient de ne pas gâcher !
Les praetoriens touchés agonisent sans bruit par terre. Disciplinés par l'obscurité, les autres s'apprêtent à attaquer mais un claquement de doigts les arrête. Les lames se figent en arrêt, dangereuses lames barbillonnées, vicieuses et mordantes.
L'archevêque fronce les sourcils. Un moment de silence plus dangereux que l'immobilité fixe d'une vipère. Puis c'est un raclement métallique sur le sol.

- Hé hé… on dirait que tu viens de te faire coincer les doigts gros PORC !

Hexandre achève de se relever, les maillons qui l'enserrent rougissent déjà aux extrémités. Elle se tortille langoureusement, faisant choir un à un les morceaux de chaîne en fusion. Ses yeux reluisent plus férocement que jamais.

- Et alors, qu'est ce que vous allez faire maintenant ? Comme il est regrettable de voir de jeunes passionnées faire preuve d'aussi peu de clair…
- La FERME fils de verrat !
Hexandre rejette la tête en arrière et prend une profonde inspiration. Elle penche la tête sur la droite vers la vampire.
- Je ne le dirai qu'une seule fois. Merci Obscura. Je vais en finir.
- Ah aha aha aha ah. Bravo, vraiment bravo. Naïve vampire et stupide salamandre, vous êtes épuisées. Je le lis dans vos yeux.
- Tu ne sais rien de moi, le coupe Hexandre avec un rictus diabolique. Je n'ai pas besoin d'aide pour rôtir toute ta petite bande de cuirassés.
- Ah oui ?

Un nouveau claquement de doigts. Les deux praetoriens positionnés de chaque cotés de la salamandre passent à l'attaque. Leurs lames semblent soudainement glisser sur le coté dans une volute d'air chaud. Avant même qu'ils ne puissent réagir, ils croisent le fer dans un espace vide.
Dans le même temps, Hexandre atterrit sur la table, un genou replié et les bras déployés de chaque cotés.

- Tu ne sais rien de la Fureur des Sables de Dahalia !

Et soudainement, c'est comme une décharge de magma dans la petite pièce. La température monte en flèche ! Les hommes reculent par réflexe pour s'éloigner du centre même de ce brasier volcanique : le corps de la salamandre environné de flammes dansantes. La table sur laquelle elle est juchée prend feu immédiatement. L'archevêque, brûlé au visage hurle de douleur. Il couine ce goret !

- Tuez la ! Tuez laaaaa !

La table s'écroule, les praetoriens se retrouvent à tailler la braise ardente. Plus rapide dans cet environnement incandescent, Hexandre attrape une des lames à pleine main et la repousse vers son propriétaire.

- Imbécile, sous cette forme, ma calcination est dix-neuf fois plus puissante. Mange ça homme en métal !

L'épée à moitié fondue se fait enfoncer impitoyablement dans la fente oculaire qui barre le heaume du guerrier qui trébuche en arrière pour arracher cette horreur collante de son visage.
Repoussant le soldat sur ces frères d'armes et profitant de l'inévitable confusion qui s'en suit, elle bondit à nouveau et atterrit cette fois sur le pesant pontife, enserrant sa bedaine entre ses jambes.

- L'humidité ! Tu ne peux pas...
- C'est ton erreur mon gros. Ce petit espace m'est favorable. En plein air je n'aurais pas eu l'ombre d'une chance ! Ah aha ah !
- Nan ! Tu ne t'en tireras pas comme çaaa, gargouille t-il tandis qu'elle commence à lui serrer la gorge à deux mains.
- Je m'en cogne. Adieu gros lard.

Sous l'emprise de la Fureur, le corps de l'archevêque ne met que quelques secondes à s'embraser, se consumer et finalement dégouliner de manière répugnante sur le sol.
Alors même que la vie quitte ce corps corrompu dans un bouillonnement graisseux, les praetoriens semblent hoqueter comme des pantins sans fils. Ils trébuchent, tombent les uns sur les autres et finalement cascadent au sol comme une vieille pile de casseroles.

Il faut encore quelques minutes d'extase passionnée et de folie meurtrière à la rouquine pour reprendre emprise sur ses nerfs et savourer le calme grésillant qui suit le massacre.
Les flammes se résorbent dans de petites écharpes de fumée, Hexandre se relève et époussette les restes de sa tenue maintenant sévèrement endommagée… légèrement indécente pour le coup.

- Haaaaaa… ça fait du bien. Hé la saigneuse, ça va ?

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Pour le coup, et vu la puissance, je devais bien avouée que j'étais autant surprise que soufflée. Heureusement que je résistais à tout ce qui concernait la chaleur et le feu. Hexandre avait réduit à elle seule tout ceux qui nous encerclaient à l'état de cendre.

- Haaaaaa… ça fait du bien. Hé la saigneuse, ça va ? S'enquit alors la salamandre.

Je regardais le corps gras et mort de l'archevêque, puis lui adressais un sourire admiratif.

-Oui, tout va bien pour ma part, répondis-je presque joyeusement, même si l'épuisement s'exprimait par un petit tremblement.

Je m'approchais d'un des praetoriens et l'examinais avec beaucoup de curiosité. Ils étaient tombés à l'instant même où Hexandre avait brûlé l'archevêque. Vraiment étrange. Et je ne parlais même pas de la haine qu'il y avais entre les chiens d'Ailes ténébreuses. Cela était plus amusant qu'autre chose.

-Ce mollusque était important au yeux d'Ailes ténébreuses ? M'enquis-je.

C'est pas tellement que c'était un problème pour moi, mais Hexandre risquait de charger si c'était le cas. On venait tout de même de liquider l'archevêque. J'eus un sourire ironique. Je n'avais pas réussi à trouver la rébellion, et j'avais pourtant quelques morts et une information à livrer, sans compter que depuis quelques heures je suivais une alliée d'Ailes ténébreuses. Je me retournais finalement vers la salamandre, lassée de regarder une armure vide.

-Mais avant cela, ça va pour toi aussi ? Demandais-je. Autrement, il dois me rester un peu d'alcool si tu veux.

Pas de doute la dessus, le caractère et les manières d'Hexandre me plaisait, et je m'étais attachée à elle. Bas, tant pis, je mesurerais l'idiotie de mon attachement plus tard. Là, je n'avais qu'une envie : m'éloigner de ce trou à rat, et le plus vite possible.

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Hexandre regarde longuement cette étrange complice survenue de nulle part et qui s'avère après tout, de bien meilleure compagnie que les sbires habituels qui hantent ses pas.
Elle détaille cette ténébreuse vampire au sourire d'adolescente, ses mèches sombres et ses manières délicates. La façon dont elle se penche pour examiner les restes de la garde avec, dans le fond des yeux, un intérêt purement clinique. L'étrange absence de mouvement pour soulever sa poitrine et la pâleur trop mortelle de ses traits.
Puis, baissant les yeux sur les restes de son tortionnaire et maître, chose inhabituelle, elle sourit avec douceur :

- Bien sûr que ça va. Je me suis rarement sentie aussi bien depuis que je suis coincée dans cette ville où il flotte un jour sur deux.

Le déchaînement incroyable de fureur qui a eu lieu quelques instants plus tôt semble avoir rassasié la sempiternelle soif de destruction de la salamandre pour quelques temps.
Quelques instants de lucidité et de calme, si rare pour une créature du feu qu'elle même sait que c'est maintenant qu'elle doit jouer les bonnes cartes avant de replonger dans sa pyromanie doublée de trucidomanie.

- Tu ne sais pas non plus qui ont vient de massacrer ? Bien étrange… Dans ce cas tu ne te rends pas compte du danger non plus. Hmmm. Et bien pour faire simple : nous sommes mortes.

Franche et directe comme d'habitude, Hexandre se penche à son tour sur les carcasses encore tièdes et commence à déboucler les attaches d'une armure noire.

- Les autres archevêques vont faire tout ce qu'ils peuvent pour nous coincer, peut-être même le grand démon lui-même. Il n'y a qu'une seule manière d'éviter de se faire écorcher vives et on va aller au plus direct : tu vas prendre sa place.

La salamandre empile des bouts de cuirasse dans un coin de la pièce puis revêt l'une des tuniques noires matelassée que portent les praetoriens.

- Il y a d'autres larbin là haut. Il faut en profiter maintenant, ça marche comme ça ici. Une fois assise sur le trône de l'archevêque, personne ne contestera plus rien et à ce moment là. On pourra faire ce qu'on veut.

La salamandre examine un gantelet avec une grimace de dégoût puis glisse sa main à l'intérieur de l'étroite coquille de métal. Boucler le pectoral et les épaulières toute seule n'est pas évident mais elle veut y arriver seule et ne demande pas l'aide de sa comparse. Quelques grincements plus tard, elle coiffe finalement le heaume et rabaisse la visière. Sa voix filtrée à travers le ventail devient plus froide :

- Je te servirait de protection rapprochée pendant que tu règles les… formalités.

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-Pr... prendre... prendre sa place ? M'exclamais-je.

Je faillis poursuivre en glapissant, mais pris une grande inspiration pour me calmer. Je fis un peu d'ordre dans ma tête, et résumais en gros les évènement qui venait de se produire. Tout d'abord, j'avais rencontré Hexandre, et m'étais attachée à elle. Nous nous étions battues contre un garde du corps qui hurlait mot de passe dès qu'il ouvrait la bouche, puis nous avions été confrontées au premier mollusque en chef d'Ailes ténébreuses. Hexandre l'avait tué, et je venais d'apprendre que techniquement, nous étions mortes... sauf si je remplaçais le mollusque...

-C'est un peu vexant tu sais ? Dis-je alors. Je veux bien avoir un peu grossi, mais pas à ce point...

Et me revoilà en train de meubler le vide alors que j'étais totalement terrifiée. Comment Hexandre voulait-elle que je joue le rôle d'un archevêque alors que j'étais de un une femme, et de deux contre Ailes ténébreuses et ses chiens ! Et puis, je ne comprenais pas tout. Que voulait-elle faire une fois que je serais à la place de notre ami l'archevêque ? Tout ce que nous voulions ? Bon sang, mais comment, et pourquoi donc ?

-Bon, plus sérieusement, comment veux-tu que quelqu'un comme moi prenne la place de... ça ! Demandais-je alors en désignant l'homme du doigt. J'ai l'apparence d'une adolescente, je ne rentrerais jamais dans ses habits, je n'ai pas l'air d'une riche personne et je ne suis pas alli... pas à l'aise si je dois donner des ordres.

Un peu plus et je me vendais. Manquerait plus que ça, mais Bon sang Lara ressaisis toi ! Je m'approchait du corps de l'archevêque, récupérait les bagues à ses doigts, et en essayait une. Celle qui lui allait à l'auriculaire, était trop grande pour mon pouce. Je soupirais et regardais la salamandre bien harnachée dans son armure de praétoriens.

-Bref, on va être repéré, d'autant plus que d'autre personne le connaisse sûrement, que va-t-il se passait s'il se rende compte que je ne suis pas lui ?

Une vraie trouillarde. Voilà ce que j'étais. En même temps, je trouvais que j'en avais assez fait en une seule et même journée ! Je n'allais pas en plus me jeter dans la geule du loup, aussi béante et tentante soit-elle ! Comment faire pour rejoindre les rebelles ? Et... et Lya ? Cela faisait un bon moment que je ne l'avais pas vu. Tout était tellement compliqué ! Mais dans quoi m'étais-je donc lancée ?

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Mystica

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Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:54
Je ne peux pas, je ne veux pas… hé mais elle flippe la donzelle ! Hexandre fait mine de se frotter la nuque, butte contre sa nouvelle carapace, retente une seconde fois puis renonce.

- Tu ne m'as pas comprise je vois.

Elle s'avance vers Obscura, consciente que son harnachement la rend plus menaçante et satisfaite de ce fait car il n'est pas question de faire demi-tour maintenant !

- Il ne s'agit pas de te faire passer pour "ça" ! Il s'agit de lui succéder selon la grande tradition de la hiérarchie instaurée par Aile Ténébreuse : celui qui mange son prochain gagne le droit de prendre sa place.

Elle s'est maintenant avancée à un point où un pas de plus serait soit indécent, soit gênant, soit agressif. Hexandre s'arrête et relève sa visière pour révéler l'éclat doré de ses yeux.

- Mais il faut le revendiquer ce droit ! D'accord tu vas me dire que c'est moi qui ai tué ce gros lard mais je ne peux pas prendre sa place. Tu comprends, je ne peux pas ! Il faut que ce soit quelqu'un de plus… enfin de moins… enfin bon tu corresponds mieux. Et avec moi derrière, tes fesses ne craignent rien ! Evidemment qu'on va être repérées, ils vont même contester. Dans ce cas, tu leur colles l'anneau seigneurial sous le nez et je me charge des récalcitrants. A force, ils seront forcés d'obéir !

La salamandre se presse, elle le sent, ses arguments prennent l'eau (greuh) à mesure que son hésitation augmente. Qu'est ce qu'elle va faire si Obscura tourne les talons ? Enfin, à part la plaquer contre un mur pour la forcer à revenir – ce qui ne marcherait sans doute pas vu qu'elle peut se rendre invisible – qu'est ce qu'elle pourrait lui dire ? Cette mignonne ne se rend pas compte de ce qui se passera quand la mort de l'archevêque sera rendue publique. Il n'y aura plus un endroit de sûr. La prime sera trop grosse, les risques trop… Qu'une pluie passe, Hexandre se transforme en salamandre et devient totalement vulnérable à toute forme de vengeance tardive. Non… non… non !
En désespoir de cause, la jeune démone prend une inspiration profonde au fond de son heaume et avance de ce dernier pas fatidique.

Elle attrape la main de la vampire entre ses doigts cuirassés et la regarde intensément. Sa bouche formule muette une supplique qu'elle ne s'autorisera jamais à prononcer :

S'il te plaît. Si tu ne le fais pas c'est foutu.

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Je fixais la main d'Hexandre. La chaleur qui en émanait face à mon corps de morte-vivante était douce et agréable. Devais-je poursuivre avec elle ? Je baissais la tête, m'éloignais un peu de son imposante stature dans cette étrange armure, et la dévisageais. M'étais-je trompée ? Je ne pensais pas qu'Hexandre pouvait avoir une moue aussi suppliante ! Je soupirais, secouais la tête comme pour signifie que c'était une folie.

-C'est d'accord, je te suis, répondis-je alors. Mais euh... il faut absolument que tu saches quelque chose avant.

Je m'asseyais sur ce qu'il restait de la table, et pris une grande inspiration. Il fallait que je lui fasse comprendre que je n'y connaissais rien, sans trop en dire.

-Eh bien, je viens... disons de me réveiller, fis-je en choisissant mes mots avec précaution. J'ai dans les environs de deux cent ou trois cent ans. Peut être même plus, je ne me souviens pas de mon passé.En fait, dès qu'il se passe quelque chose que mon subconscient refuse, je m'endors. Un peu comme si je tombais dans les pommes... dans le coma plutôt. Personne n'est venue me chercher dans les sous-terrain. Je m'y suis réveillée après je ne sais combien d'année de sommeil. Je ne connais rien de la hiérarchie d'Ailes Ténébreuses, des convenances, des lois, je suis un peu comme un enfant qui vient de naître.

Je baissais la tête un peu honteuse. J'avais menti. Je m'étais endormi suite à la prise de pouvoir du despote, mais il valait mieux ne pas trop en parler. Cela risquait de me dénoncer.

-Bref, si tu veux que ton plan fonctionne, il va falloir me briffer un peu...

Je repliais mes jambes contre ma poitrine, et y posais ma tête, attendant les explications de la salamandre.

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Des explications…des ex-pli-ca-tions. Le problème c'est que ce n'est pas tellement la spécialité d'Hex-andre. Et pourtant, si Obscura veut monnayer son aide pour le prix de quelques phrases, c'est son droit et c'est peu non ? Oui, de la même manière que la salamandre pourrait choisir la méthode dure.
Une démone faite pour l'action pas pour les discussions choisirait sans aucun doute de lui forcer la main et d'aviser ensuite.

Mais Hexandre décide de faire autrement. Elle se cambre en arrière et inspire profondément.

- D'accord, voilà ce qu'on va faire. On grimpe et je te raconte l'histoire en chemin.

Sans attendre d'assentiment, La salamandre fait sauter un manche de lance avec le pied et l'attrape à pleine main, faisant quelques moulinets pour en juger l'équilibre. Le fer affûté sur toute une longueur semblait assez tranchant et vicieux.

- Bon ça fera l'affaire. On y va.

Rabaissant sa visière, elle cale la lance sous son aisselle et ouvre la lourde porte renforcée. Encore de l'ombre et de l'humidité. Personne. Grimaçant, Hexandre entame la lente ascension qui les mènera dans les corridors du palais de l'archevêque. Et en chemin elle lui explique. En substance, par phrases hachées, parfois décousues.

- Le gouvernement d'Aile Ténébreuse est basé sur un modèle clérical. Les neufs archevêques sont à la tête de tout. A leur service direct, tu as les Zélotes qui forment une sorte de confrérie d'assassins, de conseillers de l'ombre et d'espions. Ils sont dangereux… j'en fait partie. Tu as également leur petite garde personnelle, chaque archevêque leur donne un nom différent. Le gros appelait les siens praetoriens je crois… Tu les reconnaîtra facilement, c'est ceux qui chercheront à nous tuer coûte que coûte.

Un escalier en colimaçon, une lueur semble émaner des hauteurs. De noire, la pierre devient grise, moins rugueuse et plus sèche.

- On est au niveau des cuisines. Encore deux étages et on pénètre dans le corps du palais. Sous les archevêques, il y a les vicaires-noirs qui gèrent les rituels, les satrapes pour l'étiquette et les prêtres pour les tâches courantes.

Les premiers serviteurs qu'ils croisent n'émettent visiblement aucune objection à leur présence. Même le premier garde qu'ils doublent ne réagit pas. Sans doute parce qu'il tient à la main un pichet de vin.

- Prend l'air sûre de toi maintenant ! Noble, arrogante, tout ce que tu veux. Et ensuite tu as l'armée. Généraux-des-enfers, Commandants-des-fosses, Capitaines-damnés, etc. En général on s'encombre pas à les appeler par leur grade complet. D'ailleurs, en tant qu'archevêque, tu peux juste les traiter de soldats, ils ne peuvent rien te dire.

Enfin, elles débouchent à l'air libre. Une petite cour intérieure étonnement coquette. Marbre, buissons, graviers, torches fichées dans des vasques remplies de terre noire. Des décorations suspendues aux branches des quelques arbustes. Le fumet d'une viande rôtie plane dans l'air.
Et –ça c'est moins coquin aux yeux d'Hexandre- une fontaine de quartz bleu qui brumise une fraîcheur poisseuse et collante de gouttelettes !!

Dans la cour, il y a du monde. Des nobliaux qui caquettent entre eux, des enfarinés, des courtisanes… une débauche de tissus chamarrés et criards.

Un étrange petit homme se présente alors à elles et détaille Obscura d'un air suspicieux. Sa livrée noire et or suggère qu'il fait partie des Satrapes. Un des membres chargés de l'étiquette, de la malséance, des règles. Un procédurier.

- Qui êtes vous ? Praetorien ! Pourquoi escortez vous cette femme ici ? Ce n'est pas le lieu des esclaves ni des captives. Veuillez sortir

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Un étrange petit homme se présenta alors à nous et me détailla de façon fort peu courtoise. L'homme avait beau être plus petit que moi, son regard me transférait un tel dégoût que j'exécutais le conseil d'Hexandre naturellement. Je le regardais de haut, avec une moue dédaigneuse.

-Qui êtes vous ? Praetorien ! Pourquoi escortez vous cette femme ici ? Ce n'est pas le lieu des esclaves ni des captives. Veuillez sortir.

Pas si impressionné que ça tout de même. Je le dévisageais comme s'il était fou et émis un petit rire sarcastique.

-De quel droit vous permettez vous de me parler sur ce ton ? Claquais-je d'une voix sèche.

Selon l'explication de la salamandre, les archevêques étaient à la tête de tout. Juste en dessous d'Ailes Ténébreuses. Je pouvait donc me permettre de prendre cet homme de haut dans le sens où je remplaçais l'ancien archevêque. Mais là, j'étais un peu bloquée. Pour cacher mon trouble, je sortis de ma poche une des bagues de l'archevêque que j'avais récupérées, et la fit tourner entre mes doigts.

-Veuillez décliner votre identité, lui ordonnais-je alors sans même le regarder.

Je me concentrais sur la bague pour m'éviter de lever les yeux. Je savais pertinemment que si je regardais autre chose, j'aurais un air trop neutre pour quelqu'un de "noble". La bague par contre, était assez jolie. C'était la plus fine de toutes et elle avait pour ornement un petit rubis d'une couleur rouge sang particulièrement alléchante. J'eus un sourire un peu inquiétant en levant les yeux de la bague, et dévisageais le petit homme de haut en bas. J'affichais ensuite un sourire un peu semblable à celui de l'archevêque qui baignait dans son sang.

-Préférez-vous que mon praetorien vous l'arrache de façon plus, je dirais, convaincante ? M'enquis-je avec cette voix mielleuse et douceâtre.

Cette petite bague m'avais permit de me ressaisir un peu et d'agir comme je l'aurai fait avec une proie. Je savais que mes pupilles brûlaient d'une lueur assez étrange et inquiétante pour un humain. Je fis tourner la bague entre mes doigts à nouveau, en attendant la suite.

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Elle s'en sort mieux que prévu ! Hexandre sourit quelque chose de méchant sous son heaume et réagit avec plaisir à la suggestion d'Obscura. Déplaçant le manche de sa lance d'un mouvement fluide, elle écrase les orteils du petit inconsistant et le bouscule en arrière pour qu'il s'étale dans les gravillons.
Là, sans proférer un mot, fidèle au personnage qu'elle incarne, elle lui plante la lame sous la gorge et se fige telle un golem de métal en attente. Evidemment, ce "renversement" de situation n'a pas l'heur de plaire au Satrape qui n'ose même plus déglutir pour ne pas se faire taillader la pomme d'adam. Ses sourcils deviennent nettement plus suppliants d'un coup.

- A-attendez… le sceau de Sa Grâce… je reconnais bien entendu… je ne pensais pas que… enfin, Votre Eminence, je suis à vos ordres bien sûr.

Hexandre ne bouge pas pour autant. Quand on est méchant, on prend du plaisir à piétiner plus faible que soit. Et puis c'est marrant. Autour, les gens se sont figés, conscients que le dénouement de cette petite rixe pourrait bien déterminer la manière dont ils devront se comporter pendant les prochaines minutes. Aucun d'entre eux n'est armé mais ils pourraient ameuter d'autres types qui eux, le seront.
D'ailleurs, déjà trois gardes s'approchent, l'air perplexe et méfiant. Hallebarde en travers du buste, ne sachant trop s'il faut pointer le petit à terre ou l'élégante devant. Quand à menacer l'armure noire entre les deux… non mais menacer un praetorien ?!

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C'était maintenant que tout devait se jouer. Tous attendaient une réaction de ma part, et c'est par rapport à cela même qu'ils agiraient pour ou contre nous deux. Trois gardes s'approchèrent de nous, hésitant sur l'attitude à adopter. Si je ne me montrais pas ferme, c'était sûrement pire que la mort ce qu'il m'attendait. Je relevais la tête, et regardais les trois gardes.

-Qu'attendez-vous donc ? M'enquis-je d'une voix impérieuse. Ne voyez vous pas que cet homme m'a manqué de respect ?

Hexandre jouait son rôle à la perfection. Elle s'y prenait bien mieux que moi qui était obligée d'afficher un visage vampirique pour garder mon calme. Je pris une grande inspiration, et eus un rire un peu sadique.

-Enfermez-le donc, poursuivis-je de cette voix douceâtre.

Je me penchais vers le satrape et fis claquer mes canines tout contre son oreille avant de continuer.

-Sauf si tu préfères me servir de repas, susurrais-je un brin amusée avant de me relever.

J'espérais que tout aller se passer comme l'avait prévue Hexandre, et que cet homme qui allait me servir d'exemple pour ma "suprématie" allait largement suffire. Moins je devrais participer à des jeux de pouvoirs, mieux je me porterais. ce que les humains sont... immature. Quand est-ce qu'ils comprendront que le pouvoir n'est pas la chose la plus importante ? Dire que j'allais contre mes principe dans le seul but de soutenir une alliée d'Ailes Ténébreuses. Enfin... maintenant que j'y étais dedans jusqu'au cou, autant poursuivre...

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Habitués, par la force des choses, à obéir aux ordres d'une écrasante supériorité dégoulinant de mépris, les gardes hésitent à peine avant de saisir le Satrape par les aisselles. Ce dernier n'arrive plus à articuler correctement. Il se laisse traîner sur les chevilles, avachi dans sa stupeur. Les lanciers l'entraînent bientôt par la porte qu'elles viennent de franchir, ce qui fait déjà pas mal de gêneurs en moins.

Mouvements des bras, mouvements des coudes, des lacérations dans le vent. Hexandre en fait des caisses en ramenant la lance devant son pectoral d'acier noir. Décidément, ce truc lui plaît.

Ceci ajouté à cela, tout autour c'est le tombeau des carpes… ou bien des lucioles, vu la débauche de tissus criards à l'étalage. Les courtisans restent bouche bée. Et c'est maintenant que tout va se jouer ! Dès que le premier mot sera gargouillé, il signera la victoire… ou la défaite de cette petite mascarade au débotté.
Mais Hexandre n'est pas inquiète, Obscura s'en tire à merveille. A croire qu'elle a fait ça toute sa vie. A croire qu'elle aime ça… et c'est peut-être vrai. Qui ne serait pas grisé par la perspective d'écraser toutes ses larves sous les semelles de ses sandales ? La salamandre reste donc tranquille, la lance appuyée contre l'angle formé par sa nuque et son épaulière crénelée et le regard fixé sur ses bottes inconfortables. Pas la peine de regarder, elle sait déjà ce qu'il en sera.
Un classique du genre :
"- Votre Grâce, nous rampons devant vous !"
Ou bien pour en rajouter dans le coté limace :
''- Votre Eminence, laissez moi baver sur vos bagues en guise de soumission !"
Ou encore le pré-orgasmique qui dérape dans les aigus:
"- Ma Dame, nous sommes bénis de vous voir ici !"

Et blablabla. Hexandre compte mentalement. Trois… Deux…. Uuuuuun….

- Saleté de vampire…

Mais, mais, mais… c'est très décevant ça ! Elle redresse la tête, identifie le petit malin, fait sauter sa lance dans sa main droite, relève son bras et décoche le trait d'un coup sec. Le projectile profilé siffle méchamment et s'enfonce dans la cuisse de sa cible avec un bruit sec.

- AAAaaarrggh !!

Cliquetant des rivets, bousculant sans vergogne les encombrants qui traînent, Hexandre se fraie un chemin vers sa victime. Elle file un méchant coup d'épaule à une donzelle qui s'écarte en comprimant la dentelle déchirée de sa robe en mousseline et attrape la lance qui cloue au sol l'importun.

- Je…Ghe… heu…

Presque badine, elle tourne le manche d'un quart de tour pour agrandir la plaie. Ça craque, ça pisse deux fois plus. Les spectateurs médusés se consultent, quelques uns hochent la tête et finalement ce sont les murmures ventripodes :

- Moi je trouve ça plus distingué une vampire…
- Oui, dans le fond on gagne en raffinement.
- Elle est très convaincante.
- Oui.
- Absolument, il faut penser aux protections et…
- Dans tous les cas nous restons dans du bon coté.

Lamentable…
Une fille au teint poudré s'avance finalement vers Obscura avec un sourire timide. Elle la gratifie d'une profonde révérence et relève à moitié son buste décolleté pour demander :

- Votre Gracieuse Eminence est bien entendue ici chez Elle. Comment aurons nous l'honneur de Vous nommer ?

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Après que mon ordre ai été donné, les gardes s'exécutèrent immédiatement, puis un silence tomba sur l'assemblée. J'attendis une réaction quelconque, puis enfin :

-Saleté de vampire, siffla un homme dans le regroupement.

Tiens, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendue celle là. Alors que je m'apprêtais à répondre à l'inconscient qui venait de prononcer ces paroles, Hexandre me prit de vitesse. Je ne n'étais pas pour la violence gratuite, mais la vue d'un peu de sang suite à l'insulte que l'homme venait de me faire, n'était pas détestable. Si il y a bien quelque chose dont j'ai horreur, c'est qu'on s'en prenne à moi en raison de ma race. Je n'ai jamais demandé à être un vampire, et même si désormais, je représente fièrement ma lignée, ce genre de réaction a le don de m'irriter ! Hexandre en rajouta dans la douleur de mon importun, et les personnes autour de nous, se firent une raison, craignant le même sort.

- Moi je trouve ça plus distingué une vampire…
- Oui, dans le fond on gagne en raffinement.
- Elle est très convaincante.
- Oui.
- Absolument, il faut penser aux protections et…
- Dans tous les cas nous restons dans du bon coté.

Tiens donc, beaucoup plus doux ! Décidément, tant que je ne retrouverais pas mes souvenirs en ce qui concerne ma période humaine, je ne les comprendrais jamais ! Cela dit, Ailes Ténébreuses n'a pas dû avoir trop de mal à s'imposer ! On dirait des moutons ! Alors que j'étais perdue dans mes réflexions, une fille maquillée comme c'est de coutume s'approcha et me fis une révérence si profonde qu'elle touchait presque ses pieds avec sa tête. Elle releva la tête légèrement, et me fis un sourire timide. Elle sentais drôlement bon !

- Votre Gracieuse Eminence est bien entendue ici chez Elle. Comment aurons nous l'honneur de Vous nommer ? S'enquit-elle d'une voix aussi timide que son sourire.

J'étais donc devenue Vôtre Gracieuse Eminence ? Bizarrement, le titre me paraissait sympathique. Cependant je ne perdais pas de vue mon objectif premier, et redressais mon port de tête d'une façon qu'ont les femmes de la haute cour pour se mettre en valeur. Ridicule, mais tellement attendue...

-Je m'appelle Obscura, répondis-je d'une voix forte pour me faire bien entendre.

Je lançais un regard à l'assemblée, les défiant de réagir contre ma prise de pouvoir. Mais la prestation d'Hexandre ayant fait son effet, personne ne sembla vouloir se rebeller. Je fis signe à la jeune fille de se relever.

-J'ai besoin d'un guide pour me faire visiter mes nouveaux appartements, dis-je hautaine. Accompagnez moi donc.

J'avais encore un peu de mal à donner des ordres directs, cela dit, j'aimerais vraiment que la fille se dépêche parce que le matin n'était plus loin, et que décidément j'avais horreur de la lumière. Je me tournais vers Hexandre.

-Praetorien, suivez nous !

J'espérais que le ton que j'allais employer avec elle quand nous serions en "public" n'attaquerai pas sa fierté, mais je n'avais vraiment pas d'autre choix.


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La cour de feu l'archevêque (c'est le cas de le dire) était habituée à se lever tôt pour profiter des premières lueurs de l'aube pâteuse de l'archiprélât afin de lui soutirer des faveurs.
Il est clair à présent qu'avec une douairière de la lune, il leur faudrait s'accoutumer aux nuits blanches. C'est sans doute mieux. Les petites trahisons, les complots, les sueurs froides et les énigmes en sous-sol ne se trament elles pas mieux dans les recoins sombres ?

Yep, beaucoup de choses vont changer. Mais pas tout.

C'est également l'avis d'Hexandre qui se rend compte avec une acuité de l'avenir saisissante qu'elle vient ni plus ni moins que de se mettre elle-même entre les mains d'une autre maîtresse. Et maintenant… elle réalise que cette vampire manipulatrice au doigté ténébreux pourrait faire absolument ce qu'elle veut de sa petite personne ! C'est comme si elle venait de se passer ses propres menottes.

Et pour le moment… elle n'a pas le choix. Elle inspire donc profondément et emboîte docilement le pas à Obscura. Allons, tout n'est pas perdu, elle aurait aussi pu dire "viens gentil toutou".

Quelques pas encourbettés devant, la jeune fille est littéralement dégoulinante d'un orgueil bouffi et visqueux. Elle suinte, la pétasse, d'avoir été nommé favorite dès les premiers mots !
Une chose qu'Obscura ne pensait probablement pas mais qui se révèle capital dans la pyramide sociale des courtisans : celle ou celui qui se voit choisi pour passer la nuit avec le prélat est distingué parmi ses pairs. De là, il gagne l'influence, le statut et le prestige. Les autres se presseront autour de l'élue pour s'octroyer son amitié, son respect ou sa mansuétude. Les moins chanceux n'auront que la condescendance et le mépris.

Et puisque pour une vampire les heures diurnes composent le repos, alors il suffit d'inverser la vapeur. Le système reste le même.

Hexandre remâche tout ça avec un peu plus de confusion et de dédain pendant que les deux jeunes femmes s'engouffrent de couloirs en escaliers, grimpant les marches du palais de marbre et foulant ses tapis fauves pour atteindre le sanctuaire du sanctuaire. Hexandre n'est jamais montée ici, elle découvre les lieux tout autant que sa complice de circonstance. Mémorisant, analysant, détaillant portes et fenêtres. La moindre erreur pourrait être fatale.

La minette ouvre les portes et annonce la maîtresse, la Grâcieuse Eminence à s'écorcher le larynx.

Voilà donc l'endroit où se prélassait l'archi-limace. L'endroit où l'on trouve ses appartements, ses salles de dégustation de chair jeune et tendre, ses salles de détente, son petit bureau (très petit), son vaste bassin.

Hexandre toussote subitement.

C'est aussi, et c'est un autre point qui fait grincer des dents, l'endroit où l'on trouve le reste de sa garde praetorienne. Une bonne vingtaine de cuirassés, musclés, lourdement armés, prêts à répondre à la première injonction de leur maître et… parfaitement vivants ceux là. Quelque soit le sort qui ait affecté leurs confrères dans la cave, ceux-ci ont été épargnés.

Et contrairement aux courtisans versatiles, ils sont inébranlablement loyaux à leur maître défunt. Enfin en théorie…

La courtisane s'immobilise avec l'aplomb d'un rat coincé dans la souricière lorsque les ténébreux en armure s'ébranlent et pointent leurs divers instruments tranchants dans leur direction.
Hexandre réagit avec l'instinct d'une démone de feu ! En un battement de cil, elle s'interpose entre Obscura et les hommes, lance en arrêt et… le cœur aussi.

Armure noire contre armureS noireS. Le cas est délicat. La fille protégée uniquement de dentelle couine un truc lamentable du genre :

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !

Un heaume empanaché de crins de cendre lui répond d'une voix étonnement creuse :

- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Vingt contre deux… et des poussières. Vingt ! Hexandre ne cesse de papillonner d'un costaud à l'autre. Sa langue d'ordinaire si tranchante ne cesse de passer et repasser sur ses lèvres. Une part, lointaine, de son organisme lui souffle qu'il vaudrait mieux aller se planquer sous une feuille et s'enduire le corps de samandrin en attendant que la menace soit passée.

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Suite à mon ordre, la jeune fille se fit un plaisir de me montrer le chemin, passant la tête haute au milieu de ses compagnons de cour, si je puis les appeler ainsi. Je crois qu'elle n'a pas bien saisi ce que signifie passer la nuit avec un vampire. Si elle voyait le jour demain, elle aurait de la chance ! Elle sentait tellement bon ! Elle nous montra chaque pièce tour à tour, finissant par la dernière, lieu où les praetoriens attendaient les ordres. A peine m'aperçurent-ils que nous nous retrouvâmes menacer par cette armée d'armures noires. La réaction d'Hexandre me surprit. Elle se plaça entre les praetoriens et moi. Mais elle est folle !

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !
- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Génial ! Je fais quoi maintenant ? Je fis apparaître mes cimeterres, et me postais à côté d'Hexandre, le regard froid et calculateur du prédateur que j'étais.

-On m'appelle Obscura ! Lançais-je avec dédain. Et je suis bien décidée à revendiquer ce trône que vous défendez ! Si vous ne craignez pas la mort, alors confrontez-vous à moi.

J'allais donc mourir ici, dans un palais ennemi, pour des raisons stupides et que je regrettais amèrement. Si Hexandre et moi sortions vivantes de ce combat, je lui remets tout les pouvoirs et retourne m'endormir dans les Sous-Terrain ! Quoique, si je pouvais toucher à la place d'un archevêque, je pourrais joindre plus facilement la résistance, et sûrement leur être plus utile que si j'étais encore dans la rue. Un regain d'espoir me vint. de toute façon, je ne pouvait pas me permettre de mourir ici ! Je me mis en garde, bien décidée d'en découdre avec les armures noires, et alors que le silence surplomba notre assemblée, un rugissement se fit entendre, et Lya arriva en courant jusqu'à nous. Elle m'avait retrouvée ! Ou plutôt, elle ne m'avait jamais quittée, veillant au grain à ce qu'il pouvait m'arriver, et m'avait rejointe, sentant le danger grâce à ses merveilleux sens félin. Tout n'était pas perdu. Nous étions trois contre vingts. Trois guerrières possédant des facultés particulières, face à vingts soldats de l'ombre, parfaits au combat, dressés pour tuer. Bah, cela faisait une bonne moyenne pour chacune. Si mes pouvoirs étaient faibles à cause du jours naissant, ils étaient toujours présent cependant. Quand à Hexandre, elle devait pouvoir se débrouiller. Où tout cela allait nous mener ? Allions nous mourir ?

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peine Obscura produit-elle à son tour une paire de lames que la danse s'engage.

- Tuez les.

Sous le couvert d'un grognement inattendu, les Praetoriens fouettent, piquent, lardent, dilacèrent, se fendent et taillent. Hexandre y met une énergie sombre et déterminée. Bien moins flamboyante que ses habituelles pointes de rage mais bien plus précise. Elle pare et dévie du manche et des avants bras. Ses coups portent souvent et rudement mais le fauchard ne parvient que très rarement à s'insinuer sous les armures lourdes. Donnant un méchant coup de manche dans un casque trop proche, elle reçoit un choc sourd sur l'épaule, dévie une pique, amortit un autre coup de l'arête de son heaume et recule d'un pas.

Sa propre lance ripe sur une armure crénelée et manque de s'y coincer. Elle se retourne et tente de bondir mais son armure pèse trop lourd pour ce genre d'acrobatie !

- Saleté !

Profitant de sa position, un des praetoriens parvient à la faucher au niveau du bassin. Ils connaissent les failles de leurs cuirasses. La salamandre sent la lame glacée pénétrer au dessus de ses reins. Elle hoquette et trébuche. La lance lui glisse des mains. Elle tombe sur un genou et relève la tête.
Quelque chose fait tomber le praetorien qui menaçait de la tuer. Elle se redresse péniblement et titube vers l'arrière, arrachant son casque pour respirer. Poing, pied, lame, choc droit et direct. Ouch. Un court répit. Son regard enfiévré tombe sur une forme féline. Mais… c'est un lynx noir ? Non trop gros…

Un des gardes parvient à contourner Obscura pour l'engager avec une vilaine claymore au tranchant dentelé d'éraflures. Affaiblie mais pas vaincue, c'est le goût du sang qui redonne à Hexandre la véritable ardeur sauvage qui lui permet de combattre. Faisant sauter ses gants d'un geste sec, elle attrape la lame de l'épée à mains nues. Calcination. Le métal se met immédiatement à fumer. Le soldat bien entraîné tire d'un coup sec pour dégager son arme, lacérant les deux paumes de la salamandre et faisant jaillir une gerbe de sang qui crépite sur les dalles.
Hexandre reçoit un double impact sur le pectoral. Les dents serrées, elle balance la pointe de sa botte dans un entrejambe et fait sauter les rivets qui retiennent sa cuirasse. Il faut qu'elle se débarrasse de cette foutue coquille !!
Et là, à quelques pas, elle identifie une menace dans le dos de la vampire.

- Derrière !

A son tour, elle n'a que le temps de se jeter en arrière. Paume à plat, elle colle une peigne dans un ventail qui se plie et projette un peu de son sang bouillant dans les ouvertures. Le guerrier brûlé recule, d'autres prennent sa place…

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Mystica

Mystica


Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:54
Le combat s'engage alors. Les praetoriens se jettent dans la bataille, sûr de vaincre. Je me contente de me défendre, analysant leur armure le plus rapidement possible. Une ouverture est alors notée : au niveau des reins. Je pare un autre coup, et enfonce mon second cimeterre dans cette faiblesse inespérée. L'odeur du sang envahi alors la pièce, et mes canines claque juste à côtés du visage du guerrier qui venait de perdre son liquide vitale. Un des praetoriens se glisse dans mon dos, afin de me prendre par surprise, mais malheureusement pour lui, il met son ombre sous mes pieds, l'immobilisant pour l'occasion. je souris, éloigne un guerrier d'un coup de pied, et sens une épée mordre mon épaule. Je retiens un gémissement, fais volte face, et enfonce mes deux lames dans l'armure dans mon dos. Mon pouvoir mets donc désormais inutile. le jour s'est levée, je ne peux plus rien sur les ombres. Lya de son côtés, est carrément enragée. Ses griffes ne passant pas à travers l'armure noire, elle se jette sur les guerriers, faisant plier le métal dans des angles inquiétants. Elle paraît insaisissable à ainsi sauter partout. heureusement qu'elle nous à retrouver. Un sourire trouve sa place sur mon visage, et à mon tour, je redouble d'ardeur, lorsque je sens une bouffée de chaleur à côté de moi. Eloignant les praetoriens de moi, en me servant de mes cimeterres comme un bouclier meurtrier, je regarde ou en est Hexandre. Elle essaie de se débarrasser de l'armure encombrante qu'elle porte. C'est sûr que ce ne doit pas être léger cet affaire. C'est alors que...

-Derrière !s'écrit-elle.

Par réflexe, j'exécute un saut, et m'approche de Lya pour voir la menace. Un guerrier se tient la. Devant l'entrée. Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Il reste là, regardant les autres se faire tuer, parce qu'on commence à éclaircir les rangs, sans rien faire. Je cherche le regard d'Hexandre sans trop savoir que faire, puis donne un coup de pied rageur dans le torse d'un praetorien qui désirait attaque Lya. L'armure s'enfonce, et j'achève l'homme grâce à mes lames. Pourquoi n'attaque-t-il pas avec les autres ?

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Le pectoral sonne comme une cloche fendue sur les dalles au moment où Hexandre était sur le point de se faire décapiter. Effet inattendu, l'attaquant croyant à une feinte spéciale recule au dernier moment, loupant sa chance pour ce qui restait sans doute comme la dernière grosse ouverture de la salamandre.
Maintenant libérée du plus gros de sa cuirasse, cette dernière bondit dans la mêlée comme une tempête de sable. Frappant partout sans rester nulle part. La vivacité de ses gestes achève de déloger les quelques bricoles qui pendouillent au bas de ses poignets et sur ses épaules.
A chaque fois qu'un morceau claque sur le sol, c'est un poing, un pied, une manchette sèche qui s'écrase sur un praetorien. Malheureusement, même si c'est lourd, la principale utilité d'une armure consiste à protéger son porteur… particulièrement s'il s'agit d'attaques à mains nues.

La salamandre l'apprend assez rapidement lorsqu'une lame achève de lui écorcher l'épaule et qu'elle retombe, ensanglantée mais fiévreuse au pied d'une plante verte.
Sa fureur reprend un peu en intensité, la plante se dessèche à ses cotés tandis qu'elle serre les dents de défi. Trois adversaires. Non deux… l'un d'entre eux trébuche sous l'attaque du lynx-noir. Non un seul. Le second vient de se faire hacher par un cimeterre d'Obscura. Non à nouveau deux. Un autre vient épauler son frère.

Elle attaque ! Poing ferme. Les bras et cuisses bandés. Les muscles dégorgeants d'une adrénaline animale. L'empoignade est brutale, Hexandre cherchant le contact rapproché là où les praetoriens excellent à l'éviter. Mais elle est plus rapide. Sa frappe ricoche durement contre un brassard dentelé. Les phalanges raclées, elle évite une lame d'une cabriole et se porte sur le coté pour un coup de genou au hasard. Sa tunique se fait encore malmener lorsqu'une épée parvient à lui emporter un bout de tissu mais pas de chair.

Rien à faire, sans lame, ses coups sont encore moins performants qu'avant. Elle fatigue, elle le sent. Et il reste encore trop de soldats ! Qu'en est-il d'Obscura ? Pas le temps. Pas le temps ! Parer, éviter, frapper, sauter, rebondir, surprendre et tordre ! Mordre ! Crier de douleur ! Tomber au sol…

Haletante, la rousse relève la tête et croise le regard effaré de la nobliotte pétrifiée de stupeur et de tremblements dans un coin. La salamandre lacérée d'entailles plus ou moins graves a besoin d'un répit. Sa main tâchée de sang se referme sur le poignet de la donzelle frivole.

- Nooooooooon !!!!

Hexandre ne lui accorde même pas un regard lorsqu'elle la jette en avant dans les jambes de ses adversaires. Les praetoriens ne sont ralentis qu'une fraction de seconde par cette encombrante oisive qui se fait littéralement scier en deux. Sang et vicères explosent sur le dallage raffiné dans une mare excessivement rouge et visqueuse, signe d'une alimentation indéniablement trop riche et grasse.
Visiblement excédés, les guerriers se regroupent au centre pour en finir. Hexandre en a amoché quelques uns, les morts sont principalement à attribuer à la vampire. De la belle résistance mais il en reste quand même plus de la moitié !
Moitié qui charge d'un bloc simultanément Obscura, l'étrange familier noir et Hexandre. Cette dernière suspend son souffle et les battements de son cœur démoniaque.

Une botte dérape et soudain elle sourit. Détail qu'ils ne pouvaient sans doute pas prévoir. Le sang sur le marbre, ça glisse…

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Je n’avais plus d’espoir. A quoi bon poursuivre alors nous allions mourir ici même ? Mais la rage de perdre si prés du but me revint, et je décidais de donner jusqu’à mes dernières forces. Bien qu’épuisée suite à cette éprouvante nuit, je me jetée à corps perdue dans la bataille, multipliant les acrobaties pour lesquelles j’avais un faible. Entre Hexandre Lya et moi, les praetoriens ne savaient plus ou se donner de la tête. Lorsqu’une frappait, c’en était une autre qui esquivait l’attaque. Cela aurait très bien pu continuer longtemps, si la fatigue n’était pas si présente, et Hexandre essuyait une blessure assez impressionnante à son épaule, lorsque soudain, un cri retentis dans la pièce.


- Nooooooooon !!!!




Je fis volte face, juste à temps pour voir Hexandre jeter la jeune fille qui nous avait accompagnées jusqu’ici sur les praetoriens. Les soldats la tuèrent sans ménagement, et le sang gicla dans la pièce, inondant le sol, et éclaboussant mon visage. Mes yeux, désormais pupilles, se dilatèrent. Cette fille avait une odeur vraiment tentante, et je venais de la goûter. Mon tatouage avait beau me brûler, je n’avais qu’une envie : boire encore. Perdue dans les méandres de pensées purement vampiriques, je ne vis que trop tard les praetoriens charger. Alors qu’ils s’étaient rassemblés au centre, ils nous chargèrent sans scrupule. Je sentis la respiration d’Hexandre s’arrêter, tandis que son cœur avait redoublé de vigueur. Lya poussa un petit gémissement, et alors que je n’osais plus y croire, un des guerriers glissa, puis tomba, en entraînant d’autres dans sa chute. Mais bien sûr ! Le marbre était couvert de sang, et cela le rendait glissant. Délicieusement glissant ! Je repartis aussitôt à l’attaque, visiblement suivit de Lya et de la salamandre. Seulement, une chose avait changé : nous savions que nous pouvions vivre. Bondissant par-dessus le tas de guerrier, j’enclenchais la garde de mes cimeterres, et plantais l’épée double désormais formée dans un des praetoriens. Plus que douze. Ah non, dix. Un venait de périr sous le poids assez impressionnant de Lya, et Hexandre s’était occupée de l’autre. Les lourdes armures noires étaient désormais un handicap auprès des praetoriens qui n’étaient pas habitués à se battre sur une patinoire. Le sang redoublait mon ardeur au combat, me rendant rageuse de ne pouvoir mordre un de ces guerriers. A nous trois, nous pûmes venir à bout des guerriers noirs. Je soupirais, et m’appuyais sur le mur, fortement épuisée. Nous avions dû notre peau qu’au sang, et notre style de combat acrobatique.


-Je pense dormir pendant quatre bons jours avant de me lever à nouveau ! M’exclamais-je alors.


Un praetoriens qui n’était visiblement pas mort s’approcha de nous, mais Lya l’acheva en lascérant son ventre. Bizarrement, j’éclatais de rire. Je crois que j’étais en train de péter un cable. Le sang, la mort, et la peur m’avait obligés à laisser ma nature vampirique prendre le dessus comme rarement auparavent, et Hexandre toute proche et drôlement blessée me tentait plutôt pas mal. Lya grogna, et se frotta contre moi.


-Oh, voici Lya ! M’exclamais-je en regardant Hexandre avec une envie de mordre presque intenable. Et puis… excuse moi !


Je sortis de la pièce dont l’odeur était saturé de sang, et m’allongeais sur le mabre froid un peu plus loin. La fraicheur de la dalle me remis un peu les idées en place.


-On fait quoi maintenant, m’enquis-je d’une voix forte pour que la salamandre m’entende.

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Obscura a encore de l'énergie pour parler ?! C'est bien… ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Alors que le silence retombe petit à petit sur la scène du carnage, une main écorchée relâche un bout de métal brisé qui devait sans doute appartenir à une épée. Le morceau tinte au sol. Une paire de bottes glisse lentement dans la flaque de sang alors qu'Hexandre, essoufflée, se laisse doucement tomber sur ses genoux.
La vampire s'est éclipsée aussi net après la chute du dernier adversaire. Pudeur soudaine ? C'est le cadet de ses soucis. La salamandre est véritablement épuisée. Tétanisée par l'effort et la déprise soudaine de toute cette adrénaline.
Sa tête baissée oscille au rythme de ses respirations brusques et fortes qui tentent de ramener un peu d'air dans le canal brûlant de ses poumons. Elle serre le poing, une rigole de son sang s'écoule entre ses phalanges.

C'était très serré. Très.

Néanmoins, parce qu'elle est fière et parce qu'elle refuse de rester vautrée dans tout ce fluide vital (ce n'est pas de l'eau mais ça reste liquide !), la démone des flammes prend laborieusement appui sur un banc pour se relever. Elle y parvient au troisième essai… ce qui est honorable d'une certaine manière.

Mettant un peu de distance entre cette tripaille et sa personne, elle trouve un coin de mur à peu près épargné où elle s'adosse, retombe sur les fesses et lèche pensivement une vilaine coupure au poignet. Sa joue lui fait mal… en passant ses doigts dessus elle n'est pas surprise de les retrouver (encore) rouges. Elle grimace.

- On fait quoi maintenant ?
La voix pas très lointaine d'Obscura résonne sous la voûte sculptée.
- On prie pour qu'il n'y en ait pas une autre garnison dans cet étage, lâche t-elle mollement, toujours dos au mur, le regard dans la vague.

Car il y en a d'autres. Hexandre ne l'a pas révélé à sa comparse pour ne pas la faire fuir mais à la belle époque, ces praetoriens qui veulent les trucider à tout prix formaient une garde d'une centaine d'hommes/créatures/choses noires.
Donc elles en ont tué… à peu près un cinquième. Poisse. Il n'y a plus de place dans la combativité d'Hexandre pour une seule armure noire. Il faut absolument trouver une solution définitive pour asseoir définitivement le derrière de la vampire sur le trône de l'archiprélature.

Dans son malheur tout n'est pas perdu, il reste, sur une table basse, un petit flacon de verre miraculeusement intact. Sans même réfléchir, Hexandre qui a l'impression de s'être faite découper absolument partout tend un bras faible pour attraper le petit récipient. Elle le débouche et renifle son contenu par acquis de conscience malgré la couleur ambrée prometteuse. L'odeur puissante et musquée aurait de quoi mettre un cheval à genou ! Un soupir d'aise s'échappe de ses lèvres fendues et gonflées : Du distillat Grenat.

Une gorgée pour se remettre les idées en place.

- Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un commandant.

Une autre gorgée pour raviver son brasier. Les coupures qui sillonnent son corps pulsent plus vivement. Le sang s'écoule d'abord plus vite… puis semble se tarir doucement.

- Pas question qu'on se tape encore tout le boulot toutes seules alors que ton rang te donne le droit de diriger toute la garnison de…

Mais bon sang oui ! Quelle andouille de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Hexandre se frappe le front. Elle se relève d'un bond et se présente dans l'ouverture de la pièce sombre où Obscura s'est retirée. C'est à ce moment là qu'elle prend conscience que sa tunique est déchirée en plusieurs endroits assez indécents mais bon… entre femmes on ne va pas chipoter pour un bout de poitrine ou de cuisse trop dénudée.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! Révèle t-elle, les yeux brillants. C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. (Désignant le tas de viande du pouce) Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

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Toujours allongée au sol où je tentais tant bien que mal de récupérer, je tournais la tête vers Hexandre lorsqu'elle me déballa son idée. J'essayais de me relever pour être au moins assise, puis renonçais après m'être cognée au sol deux fois en retombant. Je fermais alors les yeux, et réfléchis calmement à ce qu'elle venait de dire.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

D'accord, une tour d'alarme, monter des escaliers... minute... comment ça des escaliers ? Pas maintenant, j'en pouvais plus là ! Lya revint vers nous, et posa à côté de moi un petit sac à besace. Mon sac ! Il était plein de sang, et la moitié du contenue était soit brisée, soit inutilisable. Bon à jeter, génial ! Ma dernière fiole de sang y était, et ça m'aurait éviter de vouloir mordre Hexandre. Surtout qu'elle avait bu de l'alcool. Résultat, elle n'en était que plus alléchante. Pensons à autre chose. Oui, la tour d'alarme ! M'appuyant contre le mur, je me redressais afin de faire face à la salamandre.

-Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? M'enquis-je en grimaçant de douleur.

Le praetorien ne m'avait pas raté, et je mettrais longtemps à me soigner. tel était l'inconvénient de n'avoir ni de sang, ni de cellule à proprement dite vivante. Mon corps était plus lent à réagir.

-Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Je savais que je posais beaucoup de question, seulement, dans notre état, nous ne pouvions nous permettre de laisser la chance et l'unique chance décider de notre destin. Je crispais mon point, et dévisageais Hexandre. dans son combat, sa tenue avait été drôlement endommagée. C'est vraie que cela la rendait assez indécente, cependant, ayant le même problème, je m'en fichais plutôt pas mal. Mais ce fichue sang ! Je lâchais le mur, et titubais un peu avant de pouvoir m'assurer sur mes deux jambes.

-Mais avant cela, il va falloir se soigner... et se changer ! Dis-je avant de réfléchir. J'ai une question un peu bizarre, mais ne le prends pas mal ! Hum... Tu pourrais te laver aussi s'il te plaît ? C'est pas que tu sens mauvais... c'est que au contraire, tu sens très, mais vraiment très bon...

J'espérais être assez claire, parce que lui dire très franchement que je n'avais qu'une envie, la vider de son sang, c'était pas forcément bon pour les relations ! En tout cas, nous avions aussi besoin de repos. Lya émit un ronronnement très doux en nous regardant à tour de rôle. J'avais vraiment envie de lui parler, seulement, les choses étant telles qu'elles sont, je ne pouvait pas me le permettre, et mon lynx l'avait parfaitement compris. Je pris une grande inspiration, et lui caressait la tête attendant les idées de la salamandre, ses réponses, et surtout qu'elle réagisse.

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Hexandre se retourne à peine lorsqu'elle entend un pas griffu sur le dallage. Le lynx noir la dépasse. "Lya" a annoncé Obscura un peu plus tôt… quelle est donc la relation entre cet animal et la vampire ? Un familier ? Un compagnon ? Une source éventuelle de sang ?

Cette pensée lui rappelle d'ailleurs qu'avec les goûts de la vampire en matière de nourriture il est étonnant qu'elle ne se soit pas jetée sur la flaque qui se répand sur le sol derrière.
Peut-être qu'elle n'aime pas le sang mort… peut-être qu'elle ne veut pas se salir… peut-être qu'elle a des goûts particuliers quand au choix de ses victimes. Quoiqu'il en soit, ça doit exercer une certaine attraction sur elle. Sinon pourquoi ce serait-elle retirée dans cette autre salle ?

- Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Woha que de questions ! Hexandre n'a pas l'habitude de fonctionner avec autant d'entraves à l'action. Elle se contente donc de hausser les épaules et commence à se détourner lorsque les dernières suggestions de sa complice atteignent finalement ses oreilles.

La salamandre se fige, l'air pincé et presque hérissée de dégoût à sa dernière remarque. Elle se retourne lentement sur les talons pour toiser Obscura de son regard brillant d'un feu infernal. Si elle n'était pas aussi faible, elle se serait volontiers jetée sur elle !

- Me… laver… je te demande pardon ?

La proposition la plus indécente qu'on lui ait faite de toute sa vie ! Même son ancien patron, Syllas, n'avait pas poussé le bouchon aussi loin. Insultée jusqu'au bout des ongles, Hexandre griffe l'air de dépit en réalisant qu'Obscura ne l'a sans doute pas faite exprès.

- Très bien, dit-elle lentement, je vais m'essuyer si tu y tiens.

Crissant des semelles sur le dallage, elle attrape un rideau de velours épais d'une facture exquise et l'arrache d'un coup sec pour se frictionner les jambes et les bras.

- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir…

Et sans rien dire de plus, elle jette le tissu souillé de coté et s'engage dans un couloir à la recherche de la tour d'alarme. Ce petit coup de sang aura eu le mérite de lui redonner un peu de vigueur !

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- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir… grommela Hexandre.

Je levais les yeux au ciel alors qu'elle se détournait. Elle avait beau être une salamandre, soit un être de feu, il valait mieux pour elle que je ne la mordes pas ! Enfin. Je soupirais, et entrepris de la rattraper, Lya à mes talons. Il était vrai que je n'avais pas l'habitude des salamandres, et selon ce qu'il me restait de mémoire, Hexandre devait même être la première que je rencontrais. Peuple fort intéressant si tout les spécimen étaient comme cette flamboyante jeune fille. Mais en y pensant, quel âge avait-elle ? C'est ainsi que perdue dans mes pensées, j'en vint à me rappeler que le pourcentage de chance que je soit plus vieille qu'elle été assez impressionnant, et cela me fit rire. Enfin, je retins de justesse mon exclamation, car il n'était pas nécessaire que je ris toute seule. C'est à ce stade de réflexion, que mon regard accrocha un escalier un peu à la dérobée, cachée derrière deux grands rideaux en velours semblable à celui dont Hexandre s'était servi pour essuyer le sang qui la souillait.

-Quand tu parle d'escalier en colimaçon, commençais-je avec un sourire. Est-ce que celui là fait l'affaire, ou il doit y avoir une pancarte où est écrit : "Tour d'alarme" ?

Mon ton était ironique, mais j'étais encore plongée dans mon étude de l'âge de la salamandre. Depuis le début, je me comportais avec elle comme si j'étais une gamine. Bien qu'y ressemblant grâce (ou à cause) de mon apparence d'adolescente, ma fierté avait été joué de son air si indifférent aux autres. je m'approchais un peu de l'escalier, et regardais autour en tirant un peu le rideau.

-Ne devrait-il pas y avoir des gardes pour garder un tel accès ? M'enquis-je alors soucieuse de m'être trompée.

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Hexandre se rapproche à son tour du rideau et en soulève en coin pour se pencher dans l'ouverture :

- Non, peut-être en haut mais il n'est pas nécessaire de signaler la présence des endroits importants en y plaçant des plantons. Enfin c'est la philosophie du lardon qui habitait ici.

Puis, décochant un sourire à Obscura, la vive salamandre tire complètement le rideau :

- Bien joué. On y va, les femmes d'abord !

Wah ! Est-ce la grâce d'une bonne nouvelle ? Le fait de s'être un peu dégourdie les jambes dans le couloir ? Le fait d'avoir enfin réalisé qu'elle est débarrassée du gros lard pour toujours ? C'est assez rare de voir Hexandre de bonne humeur. Vraiment. En général ça n'arrive qu'à Dahalia, quand il fait chaud et que le soleil est au zénith. Peut-être un effet secondaire de la gniole trouvée dans la salle des praetoriens.

L'ascension se révèle longue et difficile pour des muscles déjà malmenés mais c'est bien le seul défaut du parcours.
En effet, pour couronner le tout, lorsqu'elles débouchent en haut, pas l'ombre d'un garde. Rien. Juste le gong, le brasero éteint et le grand panoramique sur Sen Tsura endormie. La salamandre respire intensément les bourrasques de vent qui, à cette altitude, ne sont pas chargées des lourdes odeurs urbaines .

Un peu de calme, un peu d'air…
L'impétueuse rousse s'accoude à la balustrade en bois brut et se laisse aller à un instant de rêverie en s'imaginant loin d'ici, très loin, dans le brasier revigorant d'un volcan ou dans les fumerolles ardentes d'un geyser du désert.

- Un jour je retournerai là bas… murmure t-elle à mi-voix. Et pendant ce bref instant, une paille de la sagesse de son dragon créateur la touche. Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ?

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Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ? S'enquit Hexandre une fois l'escalier vaincu.


Je restais un peu en retrait, peu désireuse de voir le soleil levant. Ce que je suis venue chercher à Sen'Tsura ? Mais la rébellion bien sûr !


- Je t'ai expliqué que je m'étais réveillée il y a peu d'un long sommeil, dis-je d'une voix un peu éraillé par la fatigue. Et que cela a abîmé mes souvenirs. Je les cherche donc depuis. C'est frustrant de ne pas... savoir.


Je ne mentais pas. Mes souvenirs étaient l'origine de ma quête. Même si je désirais aussi parler aux rebelles d'une invasion futur et possible par les bandits de Kinshae. Je soupirais, et m'approchais du gong, veillant tout de même à rester un maximum dans l'ombre. La lumière ne me faisait rien. Je ne l'appréciais pas pour autant. M'appuyant contre un mur, je regardais la salamandre qui me tournais le dos.


- J'aimerais tellement trouver mon nom et mon origine, poursuivis-je un brin mélancolique. Ma famille pourquoi pas ! Bien que je me vois mal expliquer que je suis une arrière grande-tante.


Je soupirais et secouais négativement la tête comme si l'idée même était d'une pure folie. Lya ronronna doucement, et s'appliqua à passer sa tête sous ma main. Je souriais et lui caressais sa magnifique fourrure en réfléchissant. Mon nom, je le connaissais. Encore heureux. Mais en y pensant bien. Pourquoi Hexandre me posait une telle question ? Doutait-elle de moi ? Je n'avais pourtant rien fait pour !


- Et toi Hexandre ? M'enquis-je alors. Qu'est-ce qui t'a éloignée de la chaleur ? Pas Hayamae tout de même !


Quand je pense que ce gars blond était à l'origine de cet étrange parcours ! C'était tout de même assez particulier. j'eus un sourire ironique, et regardais le gong que je savais salvateur pour nous deux. Il suffisait qu'on le sonne, et nous remportions la partie. Seulement, que se passerait-il dès lors ? Hexandre n'aurait plus besoin de moi ! Allait-elle se débarrasser de moi comme elle pouvait changer d'humeur ? Je me mordis la lèvre en réfléchissant à tout cela. Qu'allait-il se passer ?


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- Hayamae ? Le type que tu m'as vue tuer ce soir ? Non, je ne le connais pas et je n'ai rien à voir avec lui. C'était juste une mission pour "boule-de-gras".

Hexandre s'accroupit à présent au pied du brasero éteint. Il y a là une pile de combustible, un allume-feu, de la poudre noire et un petit baril de feu grégeois. De quoi faire une sacrée flambée !
La salamandre commence à empiler du charbon dans le creuset, saupoudrant le tout d'une généreuse couche de poudre. Tout en se salissant, elle continue sur sa lancée loquace, puisqu'elle semble d'humeur à ça.

- Nan je suis arrivée ici il y a longtemps… bon sang, ça fait une éternité que je me traîne dans ce trou humide ! On m'a forcée à venir, soumise, enchaînée à un maître qui m'a conduit ici.

Hexandre soulève le couvercle du tonnelet et hume succinctement le liquide verdâtre qui stagne à l'intérieur. Attrapant la louche accrochée au cerclage, elle en rajoute deux bonnes doses à sa préparation.

- C'était il y a un an à peu près… bon sang, j'étais encore toute jeune à l'époque… enchaîne-t-elle avec un petit rire.

Hexandre a évidemment toujours le physique d'une jeune femme énergique et séduisante. Pourtant, les intonations de sa voix laissent entendre qu'il ne s'agit pas d'une ironie mais véritablement d'un pas de temps considérable. L'espérance de vie d'une salamandre n'étant que de cinq à six ans… ceci explique sans doute cela.

Aux antipodes donc de l'éternité d'Obscura qui lui parle de concepts qu'elle a du mal à comprendre. Arrière grande tante ? Les relations familiales sont souvent compliquées chez les créatures qui ont la peau dure. Quel âge pouvait donc avoir Obscura pour parler ainsi ? Depuis quand dort-elle et pourquoi ? Et le gros chat là dedans, il dormait lui aussi pendant tout ce temps ?

Bah… les questions ça complique la vie. La démone se relève, s'époussette les mains sur le bord de sa tunique déchirée et désigne le gong de l'index.

- Maintenant il ne reste qu'à frapper un grand coup là dedans. Je te laisse faire, moi je vais mettre le feu à ce truc. La poudre noire va colorer les flammes en rouges, ce qui correspond au niveau d'alerte qu'on recherche. Ensuite et bien… finie la tranquillité. Tu n'auras plus qu'à foutre ton sceau sous le nez de tout ceux qui le demanderont et on devrait pouvoir se débarrasser de tout ce qui reste.

Puis, dédaignant naturellement le silex et l'amadou, Hexandre plaque sa main directement au cœur du brasero et lance une calcination rapide et efficace. Le feu crépite en un quart de seconde, projetant une vive luminosité sans doute visible à des kilomètres à la ronde.

- Faudra quand même tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent, lance la salamandre par-dessus le rugissement des flammes voraces dont elle ne fait pas mine de s'éloigner.

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-Faudra quand même tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent, me lança la salamandre, la main plongée dans le brasero.


Retenant un sourire, je regardais le gong, et grimaçais quelque peu en voyant qu’il me faudrait sortir de l’ombre. Je me dirigeais alors vers ce qui pourrait nous sauver à en croire Hexandre, et attraper le manche avant de donner un grand coup dedans. Le son résonna et sembla s’envoler au loin, survolant la ville et se répercutant dans les rues encore vides du matin naissant. Je savais que faire ce geste nous permettait autant de nous sauver que de nous enterrer vivante. Sauf peut être pour Hexandre qui semblait prendre un plaisir sans nom à maintenir sa main dans le feu rougeoyant. Je me rappelle alors une phrase qu’elle a dite pendant que je m’escrimais à rester dans l’ombre.

-C’était il y a un an à peu près… bon sang, j’étais encore toute jeune à l’époque…

Suite à cela, elle avait rie avec une voix qui ne montrait strictement aucune ironie. Il y a un an de cela, elle se trouvait jeune ? Je retins un sourire en laissant ma tête se plaquer contre le mur frais dû à la fraîcheur de cette douce matinée. Si pour elle un an était long, pour moi, il équivalait pratiquement à une heure, ou voir même une minute humaine !

-Dis moi Hexandre, m’enquis-je alors. Si c’est pas indiscret, quel âge as-tu ?

Je ne connaissais rien de la vie des salamandres. C’était la première fois que j’avais affaire à quelqu’un comme elle. Et je ne pensais pas qu’elle avait une façon de vivre si différente des humains ! Quoiqu’en y pensant bien, elle était incapable de toucher de l’eau, et devait sûrement s’abreuver d’alcool ou bien de… de quoi d’autre que l’alcool ?? Je soupirais et regardais le gong qui bougeait encore du coup que je lui avais donné, attendant la réponse d’Hexandre qui bouclerait certainement une brève, très brève ère de paix pour nous deux. J’espérais vraiment ne pas retomber sur des praetoriens ! Lya descendit les escaliers avec la ferme intentions de faire le guet et de nous avertir d’un feulement au moindre praetoriens en vue. Heureusement qu’elle était là !

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Mystica

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Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:55
Les yeux perdus dans les flammes incandescentes, Hexandre se surprend en répondant sans hésiter à la question d'Obscura :

- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ?

Il est une chose innée chez les créatures éphémères dotées de raison : c'est la mesure instinctive du temps passé. Hexandre sait qu'il lui reste approximativement entre 28 et 16 mois à vivre. A moins d'un évènement extraordinaire, comme la fusion avec une source de pouvoir assez importante pour raviver son brasier intérieur. Et il y aussi la possiblité d'une mort prématurée… Un brin nostalgique, la démone détourne les yeux vers la ville.

En bas, le son ondoyant du gong couplé à la luminescence intense du brasier rouge fait naître une certaine agitation dans la capitale endormie : une farandole de points lumineux s'agglutine en contrebas. De plus en plus dense, la rigole de torches enfle et coule telle un gigantesque serpent de feu en direction du palais archevêchal. Une bonne nouvelle.
Mais le répit s'annonce hélas déjà de courte durée… ce qui s'entend à l'autre bout de la ville est probablement assourdissant dans le bâtiment. Un grondement menaçant monte de l'entrée des escaliers. Le lynx-noir d'Obscura émet sa mise en garde sourde et ronflante à l'attention d'une force caracolante qui grimpe les marches quatre à quatre.

Hexandre recule contre la balustrade et referme sa main autour d'un montant.

- Les Praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent pied sur la plateforme sinon ils auront l'avantage !

Réunissant le peu de pouvoir qu'il lui reste, elle consume l'extrémité haute du bout de bois et l'arrache d'un coup sec avant de le plonger dans les flammes. Puis, munie de cette arme pointue et noircie, elle se poste à droite de l'ouverture. La sueur perle déjà à ses tempes, cette fois, c'est un cul-de-sac, pas question de céder la moindre parcelle de terrain.

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Des explications…des ex-pli-ca-tions. Le problème c'est que ce n'est pas tellement la spécialité d'Hex-andre. Et pourtant, si Obscura veut monnayer son aide pour le prix de quelques phrases, c'est son droit et c'est peu non ? Oui, de la même manière que la salamandre pourrait choisir la méthode dure.
Une démone faite pour l'action pas pour les discussions choisirait sans aucun doute de lui forcer la main et d'aviser ensuite.

Mais Hexandre décide de faire autrement. Elle se cambre en arrière et inspire profondément.

- D'accord, voilà ce qu'on va faire. On grimpe et je te raconte l'histoire en chemin.

Sans attendre d'assentiment, La salamandre fait sauter un manche de lance avec le pied et l'attrape à pleine main, faisant quelques moulinets pour en juger l'équilibre. Le fer affûté sur toute une longueur semblait assez tranchant et vicieux.

- Bon ça fera l'affaire. On y va.

Rabaissant sa visière, elle cale la lance sous son aisselle et ouvre la lourde porte renforcée. Encore de l'ombre et de l'humidité. Personne. Grimaçant, Hexandre entame la lente ascension qui les mènera dans les corridors du palais de l'archevêque. Et en chemin elle lui explique. En substance, par phrases hachées, parfois décousues.

- Le gouvernement d'Aile Ténébreuse est basé sur un modèle clérical. Les neufs archevêques sont à la tête de tout. A leur service direct, tu as les Zélotes qui forment une sorte de confrérie d'assassins, de conseillers de l'ombre et d'espions. Ils sont dangereux… j'en fait partie. Tu as également leur petite garde personnelle, chaque archevêque leur donne un nom différent. Le gros appelait les siens praetoriens je crois… Tu les reconnaîtra facilement, c'est ceux qui chercheront à nous tuer coûte que coûte.

Un escalier en colimaçon, une lueur semble émaner des hauteurs. De noire, la pierre devient grise, moins rugueuse et plus sèche.

- On est au niveau des cuisines. Encore deux étages et on pénètre dans le corps du palais. Sous les archevêques, il y a les vicaires-noirs qui gèrent les rituels, les satrapes pour l'étiquette et les prêtres pour les tâches courantes.

Les premiers serviteurs qu'ils croisent n'émettent visiblement aucune objection à leur présence. Même le premier garde qu'ils doublent ne réagit pas. Sans doute parce qu'il tient à la main un pichet de vin.

- Prend l'air sûre de toi maintenant ! Noble, arrogante, tout ce que tu veux. Et ensuite tu as l'armée. Généraux-des-enfers, Commandants-des-fosses, Capitaines-damnés, etc. En général on s'encombre pas à les appeler par leur grade complet. D'ailleurs, en tant qu'archevêque, tu peux juste les traiter de soldats, ils ne peuvent rien te dire.

Enfin, elles débouchent à l'air libre. Une petite cour intérieure étonnement coquette. Marbre, buissons, graviers, torches fichées dans des vasques remplies de terre noire. Des décorations suspendues aux branches des quelques arbustes. Le fumet d'une viande rôtie plane dans l'air.
Et –ça c'est moins coquin aux yeux d'Hexandre- une fontaine de quartz bleu qui brumise une fraîcheur poisseuse et collante de gouttelettes !!

Dans la cour, il y a du monde. Des nobliaux qui caquettent entre eux, des enfarinés, des courtisanes… une débauche de tissus chamarrés et criards.

Un étrange petit homme se présente alors à elles et détaille Obscura d'un air suspicieux. Sa livrée noire et or suggère qu'il fait partie des Satrapes. Un des membres chargés de l'étiquette, de la malséance, des règles. Un procédurier.

- Qui êtes vous ? Praetorien ! Pourquoi escortez vous cette femme ici ? Ce n'est pas le lieu des esclaves ni des captives. Veuillez sortir

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Un étrange petit homme se présenta alors à nous et me détailla de façon fort peu courtoise. L'homme avait beau être plus petit que moi, son regard me transférait un tel dégoût que j'exécutais le conseil d'Hexandre naturellement. Je le regardais de haut, avec une moue dédaigneuse.

-Qui êtes vous ? Praetorien ! Pourquoi escortez vous cette femme ici ? Ce n'est pas le lieu des esclaves ni des captives. Veuillez sortir.

Pas si impressionné que ça tout de même. Je le dévisageais comme s'il était fou et émis un petit rire sarcastique.

-De quel droit vous permettez vous de me parler sur ce ton ? Claquais-je d'une voix sèche.

Selon l'explication de la salamandre, les archevêques étaient à la tête de tout. Juste en dessous d'Ailes Ténébreuses. Je pouvait donc me permettre de prendre cet homme de haut dans le sens où je remplaçais l'ancien archevêque. Mais là, j'étais un peu bloquée. Pour cacher mon trouble, je sortis de ma poche une des bagues de l'archevêque que j'avais récupérées, et la fit tourner entre mes doigts.

-Veuillez décliner votre identité, lui ordonnais-je alors sans même le regarder.

Je me concentrais sur la bague pour m'éviter de lever les yeux. Je savais pertinemment que si je regardais autre chose, j'aurais un air trop neutre pour quelqu'un de "noble". La bague par contre, était assez jolie. C'était la plus fine de toutes et elle avait pour ornement un petit rubis d'une couleur rouge sang particulièrement alléchante. J'eus un sourire un peu inquiétant en levant les yeux de la bague, et dévisageais le petit homme de haut en bas. J'affichais ensuite un sourire un peu semblable à celui de l'archevêque qui baignait dans son sang.

-Préférez-vous que mon praetorien vous l'arrache de façon plus, je dirais, convaincante ? M'enquis-je avec cette voix mielleuse et douceâtre.

Cette petite bague m'avais permit de me ressaisir un peu et d'agir comme je l'aurai fait avec une proie. Je savais que mes pupilles brûlaient d'une lueur assez étrange et inquiétante pour un humain. Je fis tourner la bague entre mes doigts à nouveau, en attendant la suite.

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Elle s'en sort mieux que prévu ! Hexandre sourit quelque chose de méchant sous son heaume et réagit avec plaisir à la suggestion d'Obscura. Déplaçant le manche de sa lance d'un mouvement fluide, elle écrase les orteils du petit inconsistant et le bouscule en arrière pour qu'il s'étale dans les gravillons.
Là, sans proférer un mot, fidèle au personnage qu'elle incarne, elle lui plante la lame sous la gorge et se fige telle un golem de métal en attente. Evidemment, ce "renversement" de situation n'a pas l'heur de plaire au Satrape qui n'ose même plus déglutir pour ne pas se faire taillader la pomme d'adam. Ses sourcils deviennent nettement plus suppliants d'un coup.

- A-attendez… le sceau de Sa Grâce… je reconnais bien entendu… je ne pensais pas que… enfin, Votre Eminence, je suis à vos ordres bien sûr.

Hexandre ne bouge pas pour autant. Quand on est méchant, on prend du plaisir à piétiner plus faible que soit. Et puis c'est marrant. Autour, les gens se sont figés, conscients que le dénouement de cette petite rixe pourrait bien déterminer la manière dont ils devront se comporter pendant les prochaines minutes. Aucun d'entre eux n'est armé mais ils pourraient ameuter d'autres types qui eux, le seront.
D'ailleurs, déjà trois gardes s'approchent, l'air perplexe et méfiant. Hallebarde en travers du buste, ne sachant trop s'il faut pointer le petit à terre ou l'élégante devant. Quand à menacer l'armure noire entre les deux… non mais menacer un praetorien ?!

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C'était maintenant que tout devait se jouer. Tous attendaient une réaction de ma part, et c'est par rapport à cela même qu'ils agiraient pour ou contre nous deux. Trois gardes s'approchèrent de nous, hésitant sur l'attitude à adopter. Si je ne me montrais pas ferme, c'était sûrement pire que la mort ce qu'il m'attendait. Je relevais la tête, et regardais les trois gardes.

-Qu'attendez-vous donc ? M'enquis-je d'une voix impérieuse. Ne voyez vous pas que cet homme m'a manqué de respect ?

Hexandre jouait son rôle à la perfection. Elle s'y prenait bien mieux que moi qui était obligée d'afficher un visage vampirique pour garder mon calme. Je pris une grande inspiration, et eus un rire un peu sadique.

-Enfermez-le donc, poursuivis-je de cette voix douceâtre.

Je me penchais vers le satrape et fis claquer mes canines tout contre son oreille avant de continuer.

-Sauf si tu préfères me servir de repas, susurrais-je un brin amusée avant de me relever.

J'espérais que tout aller se passer comme l'avait prévue Hexandre, et que cet homme qui allait me servir d'exemple pour ma "suprématie" allait largement suffire. Moins je devrais participer à des jeux de pouvoirs, mieux je me porterais. ce que les humains sont... immature. Quand est-ce qu'ils comprendront que le pouvoir n'est pas la chose la plus importante ? Dire que j'allais contre mes principe dans le seul but de soutenir une alliée d'Ailes Ténébreuses. Enfin... maintenant que j'y étais dedans jusqu'au cou, autant poursuivre...

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Habitués, par la force des choses, à obéir aux ordres d'une écrasante supériorité dégoulinant de mépris, les gardes hésitent à peine avant de saisir le Satrape par les aisselles. Ce dernier n'arrive plus à articuler correctement. Il se laisse traîner sur les chevilles, avachi dans sa stupeur. Les lanciers l'entraînent bientôt par la porte qu'elles viennent de franchir, ce qui fait déjà pas mal de gêneurs en moins.

Mouvements des bras, mouvements des coudes, des lacérations dans le vent. Hexandre en fait des caisses en ramenant la lance devant son pectoral d'acier noir. Décidément, ce truc lui plaît.

Ceci ajouté à cela, tout autour c'est le tombeau des carpes… ou bien des lucioles, vu la débauche de tissus criards à l'étalage. Les courtisans restent bouche bée. Et c'est maintenant que tout va se jouer ! Dès que le premier mot sera gargouillé, il signera la victoire… ou la défaite de cette petite mascarade au débotté.
Mais Hexandre n'est pas inquiète, Obscura s'en tire à merveille. A croire qu'elle a fait ça toute sa vie. A croire qu'elle aime ça… et c'est peut-être vrai. Qui ne serait pas grisé par la perspective d'écraser toutes ses larves sous les semelles de ses sandales ? La salamandre reste donc tranquille, la lance appuyée contre l'angle formé par sa nuque et son épaulière crénelée et le regard fixé sur ses bottes inconfortables. Pas la peine de regarder, elle sait déjà ce qu'il en sera.
Un classique du genre :
"- Votre Grâce, nous rampons devant vous !"
Ou bien pour en rajouter dans le coté limace :
''- Votre Eminence, laissez moi baver sur vos bagues en guise de soumission !"
Ou encore le pré-orgasmique qui dérape dans les aigus:
"- Ma Dame, nous sommes bénis de vous voir ici !"

Et blablabla. Hexandre compte mentalement. Trois… Deux…. Uuuuuun….

- Saleté de vampire…

Mais, mais, mais… c'est très décevant ça ! Elle redresse la tête, identifie le petit malin, fait sauter sa lance dans sa main droite, relève son bras et décoche le trait d'un coup sec. Le projectile profilé siffle méchamment et s'enfonce dans la cuisse de sa cible avec un bruit sec.

- AAAaaarrggh !!

Cliquetant des rivets, bousculant sans vergogne les encombrants qui traînent, Hexandre se fraie un chemin vers sa victime. Elle file un méchant coup d'épaule à une donzelle qui s'écarte en comprimant la dentelle déchirée de sa robe en mousseline et attrape la lance qui cloue au sol l'importun.

- Je…Ghe… heu…

Presque badine, elle tourne le manche d'un quart de tour pour agrandir la plaie. Ça craque, ça pisse deux fois plus. Les spectateurs médusés se consultent, quelques uns hochent la tête et finalement ce sont les murmures ventripodes :

- Moi je trouve ça plus distingué une vampire…
- Oui, dans le fond on gagne en raffinement.
- Elle est très convaincante.
- Oui.
- Absolument, il faut penser aux protections et…
- Dans tous les cas nous restons dans du bon coté.

Lamentable…
Une fille au teint poudré s'avance finalement vers Obscura avec un sourire timide. Elle la gratifie d'une profonde révérence et relève à moitié son buste décolleté pour demander :

- Votre Gracieuse Eminence est bien entendue ici chez Elle. Comment aurons nous l'honneur de Vous nommer ?

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Après que mon ordre ai été donné, les gardes s'exécutèrent immédiatement, puis un silence tomba sur l'assemblée. J'attendis une réaction quelconque, puis enfin :

-Saleté de vampire, siffla un homme dans le regroupement.

Tiens, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendue celle là. Alors que je m'apprêtais à répondre à l'inconscient qui venait de prononcer ces paroles, Hexandre me prit de vitesse. Je ne n'étais pas pour la violence gratuite, mais la vue d'un peu de sang suite à l'insulte que l'homme venait de me faire, n'était pas détestable. Si il y a bien quelque chose dont j'ai horreur, c'est qu'on s'en prenne à moi en raison de ma race. Je n'ai jamais demandé à être un vampire, et même si désormais, je représente fièrement ma lignée, ce genre de réaction a le don de m'irriter ! Hexandre en rajouta dans la douleur de mon importun, et les personnes autour de nous, se firent une raison, craignant le même sort.

- Moi je trouve ça plus distingué une vampire…
- Oui, dans le fond on gagne en raffinement.
- Elle est très convaincante.
- Oui.
- Absolument, il faut penser aux protections et…
- Dans tous les cas nous restons dans du bon coté.

Tiens donc, beaucoup plus doux ! Décidément, tant que je ne retrouverais pas mes souvenirs en ce qui concerne ma période humaine, je ne les comprendrais jamais ! Cela dit, Ailes Ténébreuses n'a pas dû avoir trop de mal à s'imposer ! On dirait des moutons ! Alors que j'étais perdue dans mes réflexions, une fille maquillée comme c'est de coutume s'approcha et me fis une révérence si profonde qu'elle touchait presque ses pieds avec sa tête. Elle releva la tête légèrement, et me fis un sourire timide. Elle sentais drôlement bon !

- Votre Gracieuse Eminence est bien entendue ici chez Elle. Comment aurons nous l'honneur de Vous nommer ? S'enquit-elle d'une voix aussi timide que son sourire.

J'étais donc devenue Vôtre Gracieuse Eminence ? Bizarrement, le titre me paraissait sympathique. Cependant je ne perdais pas de vue mon objectif premier, et redressais mon port de tête d'une façon qu'ont les femmes de la haute cour pour se mettre en valeur. Ridicule, mais tellement attendue...

-Je m'appelle Obscura, répondis-je d'une voix forte pour me faire bien entendre.

Je lançais un regard à l'assemblée, les défiant de réagir contre ma prise de pouvoir. Mais la prestation d'Hexandre ayant fait son effet, personne ne sembla vouloir se rebeller. Je fis signe à la jeune fille de se relever.

-J'ai besoin d'un guide pour me faire visiter mes nouveaux appartements, dis-je hautaine. Accompagnez moi donc.

J'avais encore un peu de mal à donner des ordres directs, cela dit, j'aimerais vraiment que la fille se dépêche parce que le matin n'était plus loin, et que décidément j'avais horreur de la lumière. Je me tournais vers Hexandre.

-Praetorien, suivez nous !

J'espérais que le ton que j'allais employer avec elle quand nous serions en "public" n'attaquerai pas sa fierté, mais je n'avais vraiment pas d'autre choix.


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La cour de feu l'archevêque (c'est le cas de le dire) était habituée à se lever tôt pour profiter des premières lueurs de l'aube pâteuse de l'archiprélât afin de lui soutirer des faveurs.
Il est clair à présent qu'avec une douairière de la lune, il leur faudrait s'accoutumer aux nuits blanches. C'est sans doute mieux. Les petites trahisons, les complots, les sueurs froides et les énigmes en sous-sol ne se trament elles pas mieux dans les recoins sombres ?

Yep, beaucoup de choses vont changer. Mais pas tout.

C'est également l'avis d'Hexandre qui se rend compte avec une acuité de l'avenir saisissante qu'elle vient ni plus ni moins que de se mettre elle-même entre les mains d'une autre maîtresse. Et maintenant… elle réalise que cette vampire manipulatrice au doigté ténébreux pourrait faire absolument ce qu'elle veut de sa petite personne ! C'est comme si elle venait de se passer ses propres menottes.

Et pour le moment… elle n'a pas le choix. Elle inspire donc profondément et emboîte docilement le pas à Obscura. Allons, tout n'est pas perdu, elle aurait aussi pu dire "viens gentil toutou".

Quelques pas encourbettés devant, la jeune fille est littéralement dégoulinante d'un orgueil bouffi et visqueux. Elle suinte, la pétasse, d'avoir été nommé favorite dès les premiers mots !
Une chose qu'Obscura ne pensait probablement pas mais qui se révèle capital dans la pyramide sociale des courtisans : celle ou celui qui se voit choisi pour passer la nuit avec le prélat est distingué parmi ses pairs. De là, il gagne l'influence, le statut et le prestige. Les autres se presseront autour de l'élue pour s'octroyer son amitié, son respect ou sa mansuétude. Les moins chanceux n'auront que la condescendance et le mépris.

Et puisque pour une vampire les heures diurnes composent le repos, alors il suffit d'inverser la vapeur. Le système reste le même.

Hexandre remâche tout ça avec un peu plus de confusion et de dédain pendant que les deux jeunes femmes s'engouffrent de couloirs en escaliers, grimpant les marches du palais de marbre et foulant ses tapis fauves pour atteindre le sanctuaire du sanctuaire. Hexandre n'est jamais montée ici, elle découvre les lieux tout autant que sa complice de circonstance. Mémorisant, analysant, détaillant portes et fenêtres. La moindre erreur pourrait être fatale.

La minette ouvre les portes et annonce la maîtresse, la Grâcieuse Eminence à s'écorcher le larynx.

Voilà donc l'endroit où se prélassait l'archi-limace. L'endroit où l'on trouve ses appartements, ses salles de dégustation de chair jeune et tendre, ses salles de détente, son petit bureau (très petit), son vaste bassin.

Hexandre toussote subitement.

C'est aussi, et c'est un autre point qui fait grincer des dents, l'endroit où l'on trouve le reste de sa garde praetorienne. Une bonne vingtaine de cuirassés, musclés, lourdement armés, prêts à répondre à la première injonction de leur maître et… parfaitement vivants ceux là. Quelque soit le sort qui ait affecté leurs confrères dans la cave, ceux-ci ont été épargnés.

Et contrairement aux courtisans versatiles, ils sont inébranlablement loyaux à leur maître défunt. Enfin en théorie…

La courtisane s'immobilise avec l'aplomb d'un rat coincé dans la souricière lorsque les ténébreux en armure s'ébranlent et pointent leurs divers instruments tranchants dans leur direction.
Hexandre réagit avec l'instinct d'une démone de feu ! En un battement de cil, elle s'interpose entre Obscura et les hommes, lance en arrêt et… le cœur aussi.

Armure noire contre armureS noireS. Le cas est délicat. La fille protégée uniquement de dentelle couine un truc lamentable du genre :

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !

Un heaume empanaché de crins de cendre lui répond d'une voix étonnement creuse :

- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Vingt contre deux… et des poussières. Vingt ! Hexandre ne cesse de papillonner d'un costaud à l'autre. Sa langue d'ordinaire si tranchante ne cesse de passer et repasser sur ses lèvres. Une part, lointaine, de son organisme lui souffle qu'il vaudrait mieux aller se planquer sous une feuille et s'enduire le corps de samandrin en attendant que la menace soit passée.

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Suite à mon ordre, la jeune fille se fit un plaisir de me montrer le chemin, passant la tête haute au milieu de ses compagnons de cour, si je puis les appeler ainsi. Je crois qu'elle n'a pas bien saisi ce que signifie passer la nuit avec un vampire. Si elle voyait le jour demain, elle aurait de la chance ! Elle sentait tellement bon ! Elle nous montra chaque pièce tour à tour, finissant par la dernière, lieu où les praetoriens attendaient les ordres. A peine m'aperçurent-ils que nous nous retrouvâmes menacer par cette armée d'armures noires. La réaction d'Hexandre me surprit. Elle se plaça entre les praetoriens et moi. Mais elle est folle !

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !
- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Génial ! Je fais quoi maintenant ? Je fis apparaître mes cimeterres, et me postais à côté d'Hexandre, le regard froid et calculateur du prédateur que j'étais.

-On m'appelle Obscura ! Lançais-je avec dédain. Et je suis bien décidée à revendiquer ce trône que vous défendez ! Si vous ne craignez pas la mort, alors confrontez-vous à moi.

J'allais donc mourir ici, dans un palais ennemi, pour des raisons stupides et que je regrettais amèrement. Si Hexandre et moi sortions vivantes de ce combat, je lui remets tout les pouvoirs et retourne m'endormir dans les Sous-Terrain ! Quoique, si je pouvais toucher à la place d'un archevêque, je pourrais joindre plus facilement la résistance, et sûrement leur être plus utile que si j'étais encore dans la rue. Un regain d'espoir me vint. de toute façon, je ne pouvait pas me permettre de mourir ici ! Je me mis en garde, bien décidée d'en découdre avec les armures noires, et alors que le silence surplomba notre assemblée, un rugissement se fit entendre, et Lya arriva en courant jusqu'à nous. Elle m'avait retrouvée ! Ou plutôt, elle ne m'avait jamais quittée, veillant au grain à ce qu'il pouvait m'arriver, et m'avait rejointe, sentant le danger grâce à ses merveilleux sens félin. Tout n'était pas perdu. Nous étions trois contre vingts. Trois guerrières possédant des facultés particulières, face à vingts soldats de l'ombre, parfaits au combat, dressés pour tuer. Bah, cela faisait une bonne moyenne pour chacune. Si mes pouvoirs étaient faibles à cause du jours naissant, ils étaient toujours présent cependant. Quand à Hexandre, elle devait pouvoir se débrouiller. Où tout cela allait nous mener ? Allions nous mourir ?

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peine Obscura produit-elle à son tour une paire de lames que la danse s'engage.

- Tuez les.

Sous le couvert d'un grognement inattendu, les Praetoriens fouettent, piquent, lardent, dilacèrent, se fendent et taillent. Hexandre y met une énergie sombre et déterminée. Bien moins flamboyante que ses habituelles pointes de rage mais bien plus précise. Elle pare et dévie du manche et des avants bras. Ses coups portent souvent et rudement mais le fauchard ne parvient que très rarement à s'insinuer sous les armures lourdes. Donnant un méchant coup de manche dans un casque trop proche, elle reçoit un choc sourd sur l'épaule, dévie une pique, amortit un autre coup de l'arête de son heaume et recule d'un pas.

Sa propre lance ripe sur une armure crénelée et manque de s'y coincer. Elle se retourne et tente de bondir mais son armure pèse trop lourd pour ce genre d'acrobatie !

- Saleté !

Profitant de sa position, un des praetoriens parvient à la faucher au niveau du bassin. Ils connaissent les failles de leurs cuirasses. La salamandre sent la lame glacée pénétrer au dessus de ses reins. Elle hoquette et trébuche. La lance lui glisse des mains. Elle tombe sur un genou et relève la tête.
Quelque chose fait tomber le praetorien qui menaçait de la tuer. Elle se redresse péniblement et titube vers l'arrière, arrachant son casque pour respirer. Poing, pied, lame, choc droit et direct. Ouch. Un court répit. Son regard enfiévré tombe sur une forme féline. Mais… c'est un lynx noir ? Non trop gros…

Un des gardes parvient à contourner Obscura pour l'engager avec une vilaine claymore au tranchant dentelé d'éraflures. Affaiblie mais pas vaincue, c'est le goût du sang qui redonne à Hexandre la véritable ardeur sauvage qui lui permet de combattre. Faisant sauter ses gants d'un geste sec, elle attrape la lame de l'épée à mains nues. Calcination. Le métal se met immédiatement à fumer. Le soldat bien entraîné tire d'un coup sec pour dégager son arme, lacérant les deux paumes de la salamandre et faisant jaillir une gerbe de sang qui crépite sur les dalles.
Hexandre reçoit un double impact sur le pectoral. Les dents serrées, elle balance la pointe de sa botte dans un entrejambe et fait sauter les rivets qui retiennent sa cuirasse. Il faut qu'elle se débarrasse de cette foutue coquille !!
Et là, à quelques pas, elle identifie une menace dans le dos de la vampire.

- Derrière !

A son tour, elle n'a que le temps de se jeter en arrière. Paume à plat, elle colle une peigne dans un ventail qui se plie et projette un peu de son sang bouillant dans les ouvertures. Le guerrier brûlé recule, d'autres prennent sa place…

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Le combat s'engage alors. Les praetoriens se jettent dans la bataille, sûr de vaincre. Je me contente de me défendre, analysant leur armure le plus rapidement possible. Une ouverture est alors notée : au niveau des reins. Je pare un autre coup, et enfonce mon second cimeterre dans cette faiblesse inespérée. L'odeur du sang envahi alors la pièce, et mes canines claque juste à côtés du visage du guerrier qui venait de perdre son liquide vitale. Un des praetoriens se glisse dans mon dos, afin de me prendre par surprise, mais malheureusement pour lui, il met son ombre sous mes pieds, l'immobilisant pour l'occasion. je souris, éloigne un guerrier d'un coup de pied, et sens une épée mordre mon épaule. Je retiens un gémissement, fais volte face, et enfonce mes deux lames dans l'armure dans mon dos. Mon pouvoir mets donc désormais inutile. le jour s'est levée, je ne peux plus rien sur les ombres. Lya de son côtés, est carrément enragée. Ses griffes ne passant pas à travers l'armure noire, elle se jette sur les guerriers, faisant plier le métal dans des angles inquiétants. Elle paraît insaisissable à ainsi sauter partout. heureusement qu'elle nous à retrouver. Un sourire trouve sa place sur mon visage, et à mon tour, je redouble d'ardeur, lorsque je sens une bouffée de chaleur à côté de moi. Eloignant les praetoriens de moi, en me servant de mes cimeterres comme un bouclier meurtrier, je regarde ou en est Hexandre. Elle essaie de se débarrasser de l'armure encombrante qu'elle porte. C'est sûr que ce ne doit pas être léger cet affaire. C'est alors que...

-Derrière !s'écrit-elle.

Par réflexe, j'exécute un saut, et m'approche de Lya pour voir la menace. Un guerrier se tient la. Devant l'entrée. Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Il reste là, regardant les autres se faire tuer, parce qu'on commence à éclaircir les rangs, sans rien faire. Je cherche le regard d'Hexandre sans trop savoir que faire, puis donne un coup de pied rageur dans le torse d'un praetorien qui désirait attaque Lya. L'armure s'enfonce, et j'achève l'homme grâce à mes lames. Pourquoi n'attaque-t-il pas avec les autres ?

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Mystica

Mystica


Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:55
Le pectoral sonne comme une cloche fendue sur les dalles au moment où Hexandre était sur le point de se faire décapiter. Effet inattendu, l'attaquant croyant à une feinte spéciale recule au dernier moment, loupant sa chance pour ce qui restait sans doute comme la dernière grosse ouverture de la salamandre.
Maintenant libérée du plus gros de sa cuirasse, cette dernière bondit dans la mêlée comme une tempête de sable. Frappant partout sans rester nulle part. La vivacité de ses gestes achève de déloger les quelques bricoles qui pendouillent au bas de ses poignets et sur ses épaules.
A chaque fois qu'un morceau claque sur le sol, c'est un poing, un pied, une manchette sèche qui s'écrase sur un praetorien. Malheureusement, même si c'est lourd, la principale utilité d'une armure consiste à protéger son porteur… particulièrement s'il s'agit d'attaques à mains nues.

La salamandre l'apprend assez rapidement lorsqu'une lame achève de lui écorcher l'épaule et qu'elle retombe, ensanglantée mais fiévreuse au pied d'une plante verte.
Sa fureur reprend un peu en intensité, la plante se dessèche à ses cotés tandis qu'elle serre les dents de défi. Trois adversaires. Non deux… l'un d'entre eux trébuche sous l'attaque du lynx-noir. Non un seul. Le second vient de se faire hacher par un cimeterre d'Obscura. Non à nouveau deux. Un autre vient épauler son frère.

Elle attaque ! Poing ferme. Les bras et cuisses bandés. Les muscles dégorgeants d'une adrénaline animale. L'empoignade est brutale, Hexandre cherchant le contact rapproché là où les praetoriens excellent à l'éviter. Mais elle est plus rapide. Sa frappe ricoche durement contre un brassard dentelé. Les phalanges raclées, elle évite une lame d'une cabriole et se porte sur le coté pour un coup de genou au hasard. Sa tunique se fait encore malmener lorsqu'une épée parvient à lui emporter un bout de tissu mais pas de chair.

Rien à faire, sans lame, ses coups sont encore moins performants qu'avant. Elle fatigue, elle le sent. Et il reste encore trop de soldats ! Qu'en est-il d'Obscura ? Pas le temps. Pas le temps ! Parer, éviter, frapper, sauter, rebondir, surprendre et tordre ! Mordre ! Crier de douleur ! Tomber au sol…

Haletante, la rousse relève la tête et croise le regard effaré de la nobliotte pétrifiée de stupeur et de tremblements dans un coin. La salamandre lacérée d'entailles plus ou moins graves a besoin d'un répit. Sa main tâchée de sang se referme sur le poignet de la donzelle frivole.

- Nooooooooon !!!!

Hexandre ne lui accorde même pas un regard lorsqu'elle la jette en avant dans les jambes de ses adversaires. Les praetoriens ne sont ralentis qu'une fraction de seconde par cette encombrante oisive qui se fait littéralement scier en deux. Sang et vicères explosent sur le dallage raffiné dans une mare excessivement rouge et visqueuse, signe d'une alimentation indéniablement trop riche et grasse.
Visiblement excédés, les guerriers se regroupent au centre pour en finir. Hexandre en a amoché quelques uns, les morts sont principalement à attribuer à la vampire. De la belle résistance mais il en reste quand même plus de la moitié !
Moitié qui charge d'un bloc simultanément Obscura, l'étrange familier noir et Hexandre. Cette dernière suspend son souffle et les battements de son cœur démoniaque.

Une botte dérape et soudain elle sourit. Détail qu'ils ne pouvaient sans doute pas prévoir. Le sang sur le marbre, ça glisse…

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Je n’avais plus d’espoir. A quoi bon poursuivre alors nous allions mourir ici même ? Mais la rage de perdre si prés du but me revint, et je décidais de donner jusqu’à mes dernières forces. Bien qu’épuisée suite à cette éprouvante nuit, je me jetée à corps perdue dans la bataille, multipliant les acrobaties pour lesquelles j’avais un faible. Entre Hexandre Lya et moi, les praetoriens ne savaient plus ou se donner de la tête. Lorsqu’une frappait, c’en était une autre qui esquivait l’attaque. Cela aurait très bien pu continuer longtemps, si la fatigue n’était pas si présente, et Hexandre essuyait une blessure assez impressionnante à son épaule, lorsque soudain, un cri retentis dans la pièce.


- Nooooooooon !!!!




Je fis volte face, juste à temps pour voir Hexandre jeter la jeune fille qui nous avait accompagnées jusqu’ici sur les praetoriens. Les soldats la tuèrent sans ménagement, et le sang gicla dans la pièce, inondant le sol, et éclaboussant mon visage. Mes yeux, désormais pupilles, se dilatèrent. Cette fille avait une odeur vraiment tentante, et je venais de la goûter. Mon tatouage avait beau me brûler, je n’avais qu’une envie : boire encore. Perdue dans les méandres de pensées purement vampiriques, je ne vis que trop tard les praetoriens charger. Alors qu’ils s’étaient rassemblés au centre, ils nous chargèrent sans scrupule. Je sentis la respiration d’Hexandre s’arrêter, tandis que son cœur avait redoublé de vigueur. Lya poussa un petit gémissement, et alors que je n’osais plus y croire, un des guerriers glissa, puis tomba, en entraînant d’autres dans sa chute. Mais bien sûr ! Le marbre était couvert de sang, et cela le rendait glissant. Délicieusement glissant ! Je repartis aussitôt à l’attaque, visiblement suivit de Lya et de la salamandre. Seulement, une chose avait changé : nous savions que nous pouvions vivre. Bondissant par-dessus le tas de guerrier, j’enclenchais la garde de mes cimeterres, et plantais l’épée double désormais formée dans un des praetoriens. Plus que douze. Ah non, dix. Un venait de périr sous le poids assez impressionnant de Lya, et Hexandre s’était occupée de l’autre. Les lourdes armures noires étaient désormais un handicap auprès des praetoriens qui n’étaient pas habitués à se battre sur une patinoire. Le sang redoublait mon ardeur au combat, me rendant rageuse de ne pouvoir mordre un de ces guerriers. A nous trois, nous pûmes venir à bout des guerriers noirs. Je soupirais, et m’appuyais sur le mur, fortement épuisée. Nous avions dû notre peau qu’au sang, et notre style de combat acrobatique.


-Je pense dormir pendant quatre bons jours avant de me lever à nouveau ! M’exclamais-je alors.


Un praetoriens qui n’était visiblement pas mort s’approcha de nous, mais Lya l’acheva en lascérant son ventre. Bizarrement, j’éclatais de rire. Je crois que j’étais en train de péter un cable. Le sang, la mort, et la peur m’avait obligés à laisser ma nature vampirique prendre le dessus comme rarement auparavent, et Hexandre toute proche et drôlement blessée me tentait plutôt pas mal. Lya grogna, et se frotta contre moi.


-Oh, voici Lya ! M’exclamais-je en regardant Hexandre avec une envie de mordre presque intenable. Et puis… excuse moi !


Je sortis de la pièce dont l’odeur était saturé de sang, et m’allongeais sur le mabre froid un peu plus loin. La fraicheur de la dalle me remis un peu les idées en place.


-On fait quoi maintenant, m’enquis-je d’une voix forte pour que la salamandre m’entende.

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Obscura a encore de l'énergie pour parler ?! C'est bien… ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Alors que le silence retombe petit à petit sur la scène du carnage, une main écorchée relâche un bout de métal brisé qui devait sans doute appartenir à une épée. Le morceau tinte au sol. Une paire de bottes glisse lentement dans la flaque de sang alors qu'Hexandre, essoufflée, se laisse doucement tomber sur ses genoux.
La vampire s'est éclipsée aussi net après la chute du dernier adversaire. Pudeur soudaine ? C'est le cadet de ses soucis. La salamandre est véritablement épuisée. Tétanisée par l'effort et la déprise soudaine de toute cette adrénaline.
Sa tête baissée oscille au rythme de ses respirations brusques et fortes qui tentent de ramener un peu d'air dans le canal brûlant de ses poumons. Elle serre le poing, une rigole de son sang s'écoule entre ses phalanges.

C'était très serré. Très.

Néanmoins, parce qu'elle est fière et parce qu'elle refuse de rester vautrée dans tout ce fluide vital (ce n'est pas de l'eau mais ça reste liquide !), la démone des flammes prend laborieusement appui sur un banc pour se relever. Elle y parvient au troisième essai… ce qui est honorable d'une certaine manière.

Mettant un peu de distance entre cette tripaille et sa personne, elle trouve un coin de mur à peu près épargné où elle s'adosse, retombe sur les fesses et lèche pensivement une vilaine coupure au poignet. Sa joue lui fait mal… en passant ses doigts dessus elle n'est pas surprise de les retrouver (encore) rouges. Elle grimace.

- On fait quoi maintenant ?
La voix pas très lointaine d'Obscura résonne sous la voûte sculptée.
- On prie pour qu'il n'y en ait pas une autre garnison dans cet étage, lâche t-elle mollement, toujours dos au mur, le regard dans la vague.

Car il y en a d'autres. Hexandre ne l'a pas révélé à sa comparse pour ne pas la faire fuir mais à la belle époque, ces praetoriens qui veulent les trucider à tout prix formaient une garde d'une centaine d'hommes/créatures/choses noires.
Donc elles en ont tué… à peu près un cinquième. Poisse. Il n'y a plus de place dans la combativité d'Hexandre pour une seule armure noire. Il faut absolument trouver une solution définitive pour asseoir définitivement le derrière de la vampire sur le trône de l'archiprélature.

Dans son malheur tout n'est pas perdu, il reste, sur une table basse, un petit flacon de verre miraculeusement intact. Sans même réfléchir, Hexandre qui a l'impression de s'être faite découper absolument partout tend un bras faible pour attraper le petit récipient. Elle le débouche et renifle son contenu par acquis de conscience malgré la couleur ambrée prometteuse. L'odeur puissante et musquée aurait de quoi mettre un cheval à genou ! Un soupir d'aise s'échappe de ses lèvres fendues et gonflées : Du distillat Grenat.

Une gorgée pour se remettre les idées en place.

- Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un commandant.

Une autre gorgée pour raviver son brasier. Les coupures qui sillonnent son corps pulsent plus vivement. Le sang s'écoule d'abord plus vite… puis semble se tarir doucement.

- Pas question qu'on se tape encore tout le boulot toutes seules alors que ton rang te donne le droit de diriger toute la garnison de…

Mais bon sang oui ! Quelle andouille de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Hexandre se frappe le front. Elle se relève d'un bond et se présente dans l'ouverture de la pièce sombre où Obscura s'est retirée. C'est à ce moment là qu'elle prend conscience que sa tunique est déchirée en plusieurs endroits assez indécents mais bon… entre femmes on ne va pas chipoter pour un bout de poitrine ou de cuisse trop dénudée.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! Révèle t-elle, les yeux brillants. C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. (Désignant le tas de viande du pouce) Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

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Toujours allongée au sol où je tentais tant bien que mal de récupérer, je tournais la tête vers Hexandre lorsqu'elle me déballa son idée. J'essayais de me relever pour être au moins assise, puis renonçais après m'être cognée au sol deux fois en retombant. Je fermais alors les yeux, et réfléchis calmement à ce qu'elle venait de dire.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

D'accord, une tour d'alarme, monter des escaliers... minute... comment ça des escaliers ? Pas maintenant, j'en pouvais plus là ! Lya revint vers nous, et posa à côté de moi un petit sac à besace. Mon sac ! Il était plein de sang, et la moitié du contenue était soit brisée, soit inutilisable. Bon à jeter, génial ! Ma dernière fiole de sang y était, et ça m'aurait éviter de vouloir mordre Hexandre. Surtout qu'elle avait bu de l'alcool. Résultat, elle n'en était que plus alléchante. Pensons à autre chose. Oui, la tour d'alarme ! M'appuyant contre le mur, je me redressais afin de faire face à la salamandre.

-Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? M'enquis-je en grimaçant de douleur.

Le praetorien ne m'avait pas raté, et je mettrais longtemps à me soigner. tel était l'inconvénient de n'avoir ni de sang, ni de cellule à proprement dite vivante. Mon corps était plus lent à réagir.

-Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Je savais que je posais beaucoup de question, seulement, dans notre état, nous ne pouvions nous permettre de laisser la chance et l'unique chance décider de notre destin. Je crispais mon point, et dévisageais Hexandre. dans son combat, sa tenue avait été drôlement endommagée. C'est vraie que cela la rendait assez indécente, cependant, ayant le même problème, je m'en fichais plutôt pas mal. Mais ce fichue sang ! Je lâchais le mur, et titubais un peu avant de pouvoir m'assurer sur mes deux jambes.

-Mais avant cela, il va falloir se soigner... et se changer ! Dis-je avant de réfléchir. J'ai une question un peu bizarre, mais ne le prends pas mal ! Hum... Tu pourrais te laver aussi s'il te plaît ? C'est pas que tu sens mauvais... c'est que au contraire, tu sens très, mais vraiment très bon...

J'espérais être assez claire, parce que lui dire très franchement que je n'avais qu'une envie, la vider de son sang, c'était pas forcément bon pour les relations ! En tout cas, nous avions aussi besoin de repos. Lya émit un ronronnement très doux en nous regardant à tour de rôle. J'avais vraiment envie de lui parler, seulement, les choses étant telles qu'elles sont, je ne pouvait pas me le permettre, et mon lynx l'avait parfaitement compris. Je pris une grande inspiration, et lui caressait la tête attendant les idées de la salamandre, ses réponses, et surtout qu'elle réagisse.

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Hexandre se retourne à peine lorsqu'elle entend un pas griffu sur le dallage. Le lynx noir la dépasse. "Lya" a annoncé Obscura un peu plus tôt… quelle est donc la relation entre cet animal et la vampire ? Un familier ? Un compagnon ? Une source éventuelle de sang ?

Cette pensée lui rappelle d'ailleurs qu'avec les goûts de la vampire en matière de nourriture il est étonnant qu'elle ne se soit pas jetée sur la flaque qui se répand sur le sol derrière.
Peut-être qu'elle n'aime pas le sang mort… peut-être qu'elle ne veut pas se salir… peut-être qu'elle a des goûts particuliers quand au choix de ses victimes. Quoiqu'il en soit, ça doit exercer une certaine attraction sur elle. Sinon pourquoi ce serait-elle retirée dans cette autre salle ?

- Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Woha que de questions ! Hexandre n'a pas l'habitude de fonctionner avec autant d'entraves à l'action. Elle se contente donc de hausser les épaules et commence à se détourner lorsque les dernières suggestions de sa complice atteignent finalement ses oreilles.

La salamandre se fige, l'air pincé et presque hérissée de dégoût à sa dernière remarque. Elle se retourne lentement sur les talons pour toiser Obscura de son regard brillant d'un feu infernal. Si elle n'était pas aussi faible, elle se serait volontiers jetée sur elle !

- Me… laver… je te demande pardon ?

La proposition la plus indécente qu'on lui ait faite de toute sa vie ! Même son ancien patron, Syllas, n'avait pas poussé le bouchon aussi loin. Insultée jusqu'au bout des ongles, Hexandre griffe l'air de dépit en réalisant qu'Obscura ne l'a sans doute pas faite exprès.

- Très bien, dit-elle lentement, je vais m'essuyer si tu y tiens.

Crissant des semelles sur le dallage, elle attrape un rideau de velours épais d'une facture exquise et l'arrache d'un coup sec pour se frictionner les jambes et les bras.

- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir…

Et sans rien dire de plus, elle jette le tissu souillé de coté et s'engage dans un couloir à la recherche de la tour d'alarme. Ce petit coup de sang aura eu le mérite de lui redonner un peu de vigueur !

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- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir… grommela Hexandre.

Je levais les yeux au ciel alors qu'elle se détournait. Elle avait beau être une salamandre, soit un être de feu, il valait mieux pour elle que je ne la mordes pas ! Enfin. Je soupirais, et entrepris de la rattraper, Lya à mes talons. Il était vrai que je n'avais pas l'habitude des salamandres, et selon ce qu'il me restait de mémoire, Hexandre devait même être la première que je rencontrais. Peuple fort intéressant si tout les spécimen étaient comme cette flamboyante jeune fille. Mais en y pensant, quel âge avait-elle ? C'est ainsi que perdue dans mes pensées, j'en vint à me rappeler que le pourcentage de chance que je soit plus vieille qu'elle été assez impressionnant, et cela me fit rire. Enfin, je retins de justesse mon exclamation, car il n'était pas nécessaire que je ris toute seule. C'est à ce stade de réflexion, que mon regard accrocha un escalier un peu à la dérobée, cachée derrière deux grands rideaux en velours semblable à celui dont Hexandre s'était servi pour essuyer le sang qui la souillait.

-Quand tu parle d'escalier en colimaçon, commençais-je avec un sourire. Est-ce que celui là fait l'affaire, ou il doit y avoir une pancarte où est écrit : "Tour d'alarme" ?

Mon ton était ironique, mais j'étais encore plongée dans mon étude de l'âge de la salamandre. Depuis le début, je me comportais avec elle comme si j'étais une gamine. Bien qu'y ressemblant grâce (ou à cause) de mon apparence d'adolescente, ma fierté avait été joué de son air si indifférent aux autres. je m'approchais un peu de l'escalier, et regardais autour en tirant un peu le rideau.

-Ne devrait-il pas y avoir des gardes pour garder un tel accès ? M'enquis-je alors soucieuse de m'être trompée.

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Hexandre se rapproche à son tour du rideau et en soulève en coin pour se pencher dans l'ouverture :

- Non, peut-être en haut mais il n'est pas nécessaire de signaler la présence des endroits importants en y plaçant des plantons. Enfin c'est la philosophie du lardon qui habitait ici.

Puis, décochant un sourire à Obscura, la vive salamandre tire complètement le rideau :

- Bien joué. On y va, les femmes d'abord !

Wah ! Est-ce la grâce d'une bonne nouvelle ? Le fait de s'être un peu dégourdie les jambes dans le couloir ? Le fait d'avoir enfin réalisé qu'elle est débarrassée du gros lard pour toujours ? C'est assez rare de voir Hexandre de bonne humeur. Vraiment. En général ça n'arrive qu'à Dahalia, quand il fait chaud et que le soleil est au zénith. Peut-être un effet secondaire de la gniole trouvée dans la salle des praetoriens.

L'ascension se révèle longue et difficile pour des muscles déjà malmenés mais c'est bien le seul défaut du parcours.
En effet, pour couronner le tout, lorsqu'elles débouchent en haut, pas l'ombre d'un garde. Rien. Juste le gong, le brasero éteint et le grand panoramique sur Sen Tsura endormie. La salamandre respire intensément les bourrasques de vent qui, à cette altitude, ne sont pas chargées des lourdes odeurs urbaines .

Un peu de calme, un peu d'air…
L'impétueuse rousse s'accoude à la balustrade en bois brut et se laisse aller à un instant de rêverie en s'imaginant loin d'ici, très loin, dans le brasier revigorant d'un volcan ou dans les fumerolles ardentes d'un geyser du désert.

- Un jour je retournerai là bas… murmure t-elle à mi-voix. Et pendant ce bref instant, une paille de la sagesse de son dragon créateur la touche. Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ?

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Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ? S'enquit Hexandre une fois l'escalier vaincu.


Je restais un peu en retrait, peu désireuse de voir le soleil levant. Ce que je suis venue chercher à Sen'Tsura ? Mais la rébellion bien sûr !


- Je t'ai expliqué que je m'étais réveillée il y a peu d'un long sommeil, dis-je d'une voix un peu éraillé par la fatigue. Et que cela a abîmé mes souvenirs. Je les cherche donc depuis. C'est frustrant de ne pas... savoir.


Je ne mentais pas. Mes souvenirs étaient l'origine de ma quête. Même si je désirais aussi parler aux rebelles d'une invasion futur et possible par les bandits de Kinshae. Je soupirais, et m'approchais du gong, veillant tout de même à rester un maximum dans l'ombre. La lumière ne me faisait rien. Je ne l'appréciais pas pour autant. M'appuyant contre un mur, je regardais la salamandre qui me tournais le dos.


- J'aimerais tellement trouver mon nom et mon origine, poursuivis-je un brin mélancolique. Ma famille pourquoi pas ! Bien que je me vois mal expliquer que je suis une arrière grande-tante.


Je soupirais et secouais négativement la tête comme si l'idée même était d'une pure folie. Lya ronronna doucement, et s'appliqua à passer sa tête sous ma main. Je souriais et lui caressais sa magnifique fourrure en réfléchissant. Mon nom, je le connaissais. Encore heureux. Mais en y pensant bien. Pourquoi Hexandre me posait une telle question ? Doutait-elle de moi ? Je n'avais pourtant rien fait pour !


- Et toi Hexandre ? M'enquis-je alors. Qu'est-ce qui t'a éloignée de la chaleur ? Pas Hayamae tout de même !


Quand je pense que ce gars blond était à l'origine de cet étrange parcours ! C'était tout de même assez particulier. j'eus un sourire ironique, et regardais le gong que je savais salvateur pour nous deux. Il suffisait qu'on le sonne, et nous remportions la partie. Seulement, que se passerait-il dès lors ? Hexandre n'aurait plus besoin de moi ! Allait-elle se débarrasser de moi comme elle pouvait changer d'humeur ? Je me mordis la lèvre en réfléchissant à tout cela. Qu'allait-il se passer ?


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- Hayamae ? Le type que tu m'as vue tuer ce soir ? Non, je ne le connais pas et je n'ai rien à voir avec lui. C'était juste une mission pour "boule-de-gras".

Hexandre s'accroupit à présent au pied du brasero éteint. Il y a là une pile de combustible, un allume-feu, de la poudre noire et un petit baril de feu grégeois. De quoi faire une sacrée flambée !
La salamandre commence à empiler du charbon dans le creuset, saupoudrant le tout d'une généreuse couche de poudre. Tout en se salissant, elle continue sur sa lancée loquace, puisqu'elle semble d'humeur à ça.

- Nan je suis arrivée ici il y a longtemps… bon sang, ça fait une éternité que je me traîne dans ce trou humide ! On m'a forcée à venir, soumise, enchaînée à un maître qui m'a conduit ici.

Hexandre soulève le couvercle du tonnelet et hume succinctement le liquide verdâtre qui stagne à l'intérieur. Attrapant la louche accrochée au cerclage, elle en rajoute deux bonnes doses à sa préparation.

- C'était il y a un an à peu près… bon sang, j'étais encore toute jeune à l'époque… enchaîne-t-elle avec un petit rire.

Hexandre a évidemment toujours le physique d'une jeune femme énergique et séduisante. Pourtant, les intonations de sa voix laissent entendre qu'il ne s'agit pas d'une ironie mais véritablement d'un pas de temps considérable. L'espérance de vie d'une salamandre n'étant que de cinq à six ans… ceci explique sans doute cela.

Aux antipodes donc de l'éternité d'Obscura qui lui parle de concepts qu'elle a du mal à comprendre. Arrière grande tante ? Les relations familiales sont souvent compliquées chez les créatures qui ont la peau dure. Quel âge pouvait donc avoir Obscura pour parler ainsi ? Depuis quand dort-elle et pourquoi ? Et le gros chat là dedans, il dormait lui aussi pendant tout ce temps ?

Bah… les questions ça complique la vie. La démone se relève, s'époussette les mains sur le bord de sa tunique déchirée et désigne le gong de l'index.

- Maintenant il ne reste qu'à frapper un grand coup là dedans. Je te laisse faire, moi je vais mettre le feu à ce truc. La poudre noire va colorer les flammes en rouges, ce qui correspond au niveau d'alerte qu'on recherche. Ensuite et bien… finie la tranquillité. Tu n'auras plus qu'à foutre ton sceau sous le nez de tout ceux qui le demanderont et on devrait pouvoir se débarrasser de tout ce qui reste.

Puis, dédaignant naturellement le silex et l'amadou, Hexandre plaque sa main directement au cœur du brasero et lance une calcination rapide et efficace. Le feu crépite en un quart de seconde, projetant une vive luminosité sans doute visible à des kilomètres à la ronde.

- Faudra quand même tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent, lance la salamandre par-dessus le rugissement des flammes voraces dont elle ne fait pas mine de s'éloigner.

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-Faudra quand même tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent, me lança la salamandre, la main plongée dans le brasero.


Retenant un sourire, je regardais le gong, et grimaçais quelque peu en voyant qu’il me faudrait sortir de l’ombre. Je me dirigeais alors vers ce qui pourrait nous sauver à en croire Hexandre, et attraper le manche avant de donner un grand coup dedans. Le son résonna et sembla s’envoler au loin, survolant la ville et se répercutant dans les rues encore vides du matin naissant. Je savais que faire ce geste nous permettait autant de nous sauver que de nous enterrer vivante. Sauf peut être pour Hexandre qui semblait prendre un plaisir sans nom à maintenir sa main dans le feu rougeoyant. Je me rappelle alors une phrase qu’elle a dite pendant que je m’escrimais à rester dans l’ombre.

-C’était il y a un an à peu près… bon sang, j’étais encore toute jeune à l’époque…

Suite à cela, elle avait rie avec une voix qui ne montrait strictement aucune ironie. Il y a un an de cela, elle se trouvait jeune ? Je retins un sourire en laissant ma tête se plaquer contre le mur frais dû à la fraîcheur de cette douce matinée. Si pour elle un an était long, pour moi, il équivalait pratiquement à une heure, ou voir même une minute humaine !

-Dis moi Hexandre, m’enquis-je alors. Si c’est pas indiscret, quel âge as-tu ?

Je ne connaissais rien de la vie des salamandres. C’était la première fois que j’avais affaire à quelqu’un comme elle. Et je ne pensais pas qu’elle avait une façon de vivre si différente des humains ! Quoiqu’en y pensant bien, elle était incapable de toucher de l’eau, et devait sûrement s’abreuver d’alcool ou bien de… de quoi d’autre que l’alcool ?? Je soupirais et regardais le gong qui bougeait encore du coup que je lui avais donné, attendant la réponse d’Hexandre qui bouclerait certainement une brève, très brève ère de paix pour nous deux. J’espérais vraiment ne pas retomber sur des praetoriens ! Lya descendit les escaliers avec la ferme intentions de faire le guet et de nous avertir d’un feulement au moindre praetoriens en vue. Heureusement qu’elle était là !

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Les yeux perdus dans les flammes incandescentes, Hexandre se surprend en répondant sans hésiter à la question d'Obscura :

- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ?

Il est une chose innée chez les créatures éphémères dotées de raison : c'est la mesure instinctive du temps passé. Hexandre sait qu'il lui reste approximativement entre 28 et 16 mois à vivre. A moins d'un évènement extraordinaire, comme la fusion avec une source de pouvoir assez importante pour raviver son brasier intérieur. Et il y aussi la possiblité d'une mort prématurée… Un brin nostalgique, la démone détourne les yeux vers la ville.

En bas, le son ondoyant du gong couplé à la luminescence intense du brasier rouge fait naître une certaine agitation dans la capitale endormie : une farandole de points lumineux s'agglutine en contrebas. De plus en plus dense, la rigole de torches enfle et coule telle un gigantesque serpent de feu en direction du palais archevêchal. Une bonne nouvelle.
Mais le répit s'annonce hélas déjà de courte durée… ce qui s'entend à l'autre bout de la ville est probablement assourdissant dans le bâtiment. Un grondement menaçant monte de l'entrée des escaliers. Le lynx-noir d'Obscura émet sa mise en garde sourde et ronflante à l'attention d'une force caracolante qui grimpe les marches quatre à quatre.

Hexandre recule contre la balustrade et referme sa main autour d'un montant.

- Les Praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent pied sur la plateforme sinon ils auront l'avantage !

Réunissant le peu de pouvoir qu'il lui reste, elle consume l'extrémité haute du bout de bois et l'arrache d'un coup sec avant de le plonger dans les flammes. Puis, munie de cette arme pointue et noircie, elle se poste à droite de l'ouverture. La sueur perle déjà à ses tempes, cette fois, c'est un cul-de-sac, pas question de céder la moindre parcelle de terrain.

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Mystica

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Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:56
La cour de feu l'archevêque (c'est le cas de le dire) était habituée à se lever tôt pour profiter des premières lueurs de l'aube pâteuse de l'archiprélât afin de lui soutirer des faveurs.
Il est clair à présent qu'avec une douairière de la lune, il leur faudrait s'accoutumer aux nuits blanches. C'est sans doute mieux. Les petites trahisons, les complots, les sueurs froides et les énigmes en sous-sol ne se trament elles pas mieux dans les recoins sombres ?

Yep, beaucoup de choses vont changer. Mais pas tout.

C'est également l'avis d'Hexandre qui se rend compte avec une acuité de l'avenir saisissante qu'elle vient ni plus ni moins que de se mettre elle-même entre les mains d'une autre maîtresse. Et maintenant… elle réalise que cette vampire manipulatrice au doigté ténébreux pourrait faire absolument ce qu'elle veut de sa petite personne ! C'est comme si elle venait de se passer ses propres menottes.

Et pour le moment… elle n'a pas le choix. Elle inspire donc profondément et emboîte docilement le pas à Obscura. Allons, tout n'est pas perdu, elle aurait aussi pu dire "viens gentil toutou".

Quelques pas encourbettés devant, la jeune fille est littéralement dégoulinante d'un orgueil bouffi et visqueux. Elle suinte, la pétasse, d'avoir été nommé favorite dès les premiers mots !
Une chose qu'Obscura ne pensait probablement pas mais qui se révèle capital dans la pyramide sociale des courtisans : celle ou celui qui se voit choisi pour passer la nuit avec le prélat est distingué parmi ses pairs. De là, il gagne l'influence, le statut et le prestige. Les autres se presseront autour de l'élue pour s'octroyer son amitié, son respect ou sa mansuétude. Les moins chanceux n'auront que la condescendance et le mépris.

Et puisque pour une vampire les heures diurnes composent le repos, alors il suffit d'inverser la vapeur. Le système reste le même.

Hexandre remâche tout ça avec un peu plus de confusion et de dédain pendant que les deux jeunes femmes s'engouffrent de couloirs en escaliers, grimpant les marches du palais de marbre et foulant ses tapis fauves pour atteindre le sanctuaire du sanctuaire. Hexandre n'est jamais montée ici, elle découvre les lieux tout autant que sa complice de circonstance. Mémorisant, analysant, détaillant portes et fenêtres. La moindre erreur pourrait être fatale.

La minette ouvre les portes et annonce la maîtresse, la Grâcieuse Eminence à s'écorcher le larynx.

Voilà donc l'endroit où se prélassait l'archi-limace. L'endroit où l'on trouve ses appartements, ses salles de dégustation de chair jeune et tendre, ses salles de détente, son petit bureau (très petit), son vaste bassin.

Hexandre toussote subitement.

C'est aussi, et c'est un autre point qui fait grincer des dents, l'endroit où l'on trouve le reste de sa garde praetorienne. Une bonne vingtaine de cuirassés, musclés, lourdement armés, prêts à répondre à la première injonction de leur maître et… parfaitement vivants ceux là. Quelque soit le sort qui ait affecté leurs confrères dans la cave, ceux-ci ont été épargnés.

Et contrairement aux courtisans versatiles, ils sont inébranlablement loyaux à leur maître défunt. Enfin en théorie…

La courtisane s'immobilise avec l'aplomb d'un rat coincé dans la souricière lorsque les ténébreux en armure s'ébranlent et pointent leurs divers instruments tranchants dans leur direction.
Hexandre réagit avec l'instinct d'une démone de feu ! En un battement de cil, elle s'interpose entre Obscura et les hommes, lance en arrêt et… le cœur aussi.

Armure noire contre armureS noireS. Le cas est délicat. La fille protégée uniquement de dentelle couine un truc lamentable du genre :

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !

Un heaume empanaché de crins de cendre lui répond d'une voix étonnement creuse :

- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Vingt contre deux… et des poussières. Vingt ! Hexandre ne cesse de papillonner d'un costaud à l'autre. Sa langue d'ordinaire si tranchante ne cesse de passer et repasser sur ses lèvres. Une part, lointaine, de son organisme lui souffle qu'il vaudrait mieux aller se planquer sous une feuille et s'enduire le corps de samandrin en attendant que la menace soit passée.

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Suite à mon ordre, la jeune fille se fit un plaisir de me montrer le chemin, passant la tête haute au milieu de ses compagnons de cour, si je puis les appeler ainsi. Je crois qu'elle n'a pas bien saisi ce que signifie passer la nuit avec un vampire. Si elle voyait le jour demain, elle aurait de la chance ! Elle sentait tellement bon ! Elle nous montra chaque pièce tour à tour, finissant par la dernière, lieu où les praetoriens attendaient les ordres. A peine m'aperçurent-ils que nous nous retrouvâmes menacer par cette armée d'armures noires. La réaction d'Hexandre me surprit. Elle se plaça entre les praetoriens et moi. Mais elle est folle !

- Mais-qu'est-ce-que-vous-faites… c'est l'archevêchesse !
- Nous ne reconnaissons pas celle qui à l'audace de revendiquer le trône de notre Seigneur et Maître. Et nous ne te reconnaissons pas non plus, faux-frère et traître qui brandit le fer contre nous.

Génial ! Je fais quoi maintenant ? Je fis apparaître mes cimeterres, et me postais à côté d'Hexandre, le regard froid et calculateur du prédateur que j'étais.

-On m'appelle Obscura ! Lançais-je avec dédain. Et je suis bien décidée à revendiquer ce trône que vous défendez ! Si vous ne craignez pas la mort, alors confrontez-vous à moi.

J'allais donc mourir ici, dans un palais ennemi, pour des raisons stupides et que je regrettais amèrement. Si Hexandre et moi sortions vivantes de ce combat, je lui remets tout les pouvoirs et retourne m'endormir dans les Sous-Terrain ! Quoique, si je pouvais toucher à la place d'un archevêque, je pourrais joindre plus facilement la résistance, et sûrement leur être plus utile que si j'étais encore dans la rue. Un regain d'espoir me vint. de toute façon, je ne pouvait pas me permettre de mourir ici ! Je me mis en garde, bien décidée d'en découdre avec les armures noires, et alors que le silence surplomba notre assemblée, un rugissement se fit entendre, et Lya arriva en courant jusqu'à nous. Elle m'avait retrouvée ! Ou plutôt, elle ne m'avait jamais quittée, veillant au grain à ce qu'il pouvait m'arriver, et m'avait rejointe, sentant le danger grâce à ses merveilleux sens félin. Tout n'était pas perdu. Nous étions trois contre vingts. Trois guerrières possédant des facultés particulières, face à vingts soldats de l'ombre, parfaits au combat, dressés pour tuer. Bah, cela faisait une bonne moyenne pour chacune. Si mes pouvoirs étaient faibles à cause du jours naissant, ils étaient toujours présent cependant. Quand à Hexandre, elle devait pouvoir se débrouiller. Où tout cela allait nous mener ? Allions nous mourir ?

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peine Obscura produit-elle à son tour une paire de lames que la danse s'engage.

- Tuez les.

Sous le couvert d'un grognement inattendu, les Praetoriens fouettent, piquent, lardent, dilacèrent, se fendent et taillent. Hexandre y met une énergie sombre et déterminée. Bien moins flamboyante que ses habituelles pointes de rage mais bien plus précise. Elle pare et dévie du manche et des avants bras. Ses coups portent souvent et rudement mais le fauchard ne parvient que très rarement à s'insinuer sous les armures lourdes. Donnant un méchant coup de manche dans un casque trop proche, elle reçoit un choc sourd sur l'épaule, dévie une pique, amortit un autre coup de l'arête de son heaume et recule d'un pas.

Sa propre lance ripe sur une armure crénelée et manque de s'y coincer. Elle se retourne et tente de bondir mais son armure pèse trop lourd pour ce genre d'acrobatie !

- Saleté !

Profitant de sa position, un des praetoriens parvient à la faucher au niveau du bassin. Ils connaissent les failles de leurs cuirasses. La salamandre sent la lame glacée pénétrer au dessus de ses reins. Elle hoquette et trébuche. La lance lui glisse des mains. Elle tombe sur un genou et relève la tête.
Quelque chose fait tomber le praetorien qui menaçait de la tuer. Elle se redresse péniblement et titube vers l'arrière, arrachant son casque pour respirer. Poing, pied, lame, choc droit et direct. Ouch. Un court répit. Son regard enfiévré tombe sur une forme féline. Mais… c'est un lynx noir ? Non trop gros…

Un des gardes parvient à contourner Obscura pour l'engager avec une vilaine claymore au tranchant dentelé d'éraflures. Affaiblie mais pas vaincue, c'est le goût du sang qui redonne à Hexandre la véritable ardeur sauvage qui lui permet de combattre. Faisant sauter ses gants d'un geste sec, elle attrape la lame de l'épée à mains nues. Calcination. Le métal se met immédiatement à fumer. Le soldat bien entraîné tire d'un coup sec pour dégager son arme, lacérant les deux paumes de la salamandre et faisant jaillir une gerbe de sang qui crépite sur les dalles.
Hexandre reçoit un double impact sur le pectoral. Les dents serrées, elle balance la pointe de sa botte dans un entrejambe et fait sauter les rivets qui retiennent sa cuirasse. Il faut qu'elle se débarrasse de cette foutue coquille !!
Et là, à quelques pas, elle identifie une menace dans le dos de la vampire.

- Derrière !

A son tour, elle n'a que le temps de se jeter en arrière. Paume à plat, elle colle une peigne dans un ventail qui se plie et projette un peu de son sang bouillant dans les ouvertures. Le guerrier brûlé recule, d'autres prennent sa place…

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Le combat s'engage alors. Les praetoriens se jettent dans la bataille, sûr de vaincre. Je me contente de me défendre, analysant leur armure le plus rapidement possible. Une ouverture est alors notée : au niveau des reins. Je pare un autre coup, et enfonce mon second cimeterre dans cette faiblesse inespérée. L'odeur du sang envahi alors la pièce, et mes canines claque juste à côtés du visage du guerrier qui venait de perdre son liquide vitale. Un des praetoriens se glisse dans mon dos, afin de me prendre par surprise, mais malheureusement pour lui, il met son ombre sous mes pieds, l'immobilisant pour l'occasion. je souris, éloigne un guerrier d'un coup de pied, et sens une épée mordre mon épaule. Je retiens un gémissement, fais volte face, et enfonce mes deux lames dans l'armure dans mon dos. Mon pouvoir mets donc désormais inutile. le jour s'est levée, je ne peux plus rien sur les ombres. Lya de son côtés, est carrément enragée. Ses griffes ne passant pas à travers l'armure noire, elle se jette sur les guerriers, faisant plier le métal dans des angles inquiétants. Elle paraît insaisissable à ainsi sauter partout. heureusement qu'elle nous à retrouver. Un sourire trouve sa place sur mon visage, et à mon tour, je redouble d'ardeur, lorsque je sens une bouffée de chaleur à côté de moi. Eloignant les praetoriens de moi, en me servant de mes cimeterres comme un bouclier meurtrier, je regarde ou en est Hexandre. Elle essaie de se débarrasser de l'armure encombrante qu'elle porte. C'est sûr que ce ne doit pas être léger cet affaire. C'est alors que...

-Derrière !s'écrit-elle.

Par réflexe, j'exécute un saut, et m'approche de Lya pour voir la menace. Un guerrier se tient la. Devant l'entrée. Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Il reste là, regardant les autres se faire tuer, parce qu'on commence à éclaircir les rangs, sans rien faire. Je cherche le regard d'Hexandre sans trop savoir que faire, puis donne un coup de pied rageur dans le torse d'un praetorien qui désirait attaque Lya. L'armure s'enfonce, et j'achève l'homme grâce à mes lames. Pourquoi n'attaque-t-il pas avec les autres ?

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Le pectoral sonne comme une cloche fendue sur les dalles au moment où Hexandre était sur le point de se faire décapiter. Effet inattendu, l'attaquant croyant à une feinte spéciale recule au dernier moment, loupant sa chance pour ce qui restait sans doute comme la dernière grosse ouverture de la salamandre.
Maintenant libérée du plus gros de sa cuirasse, cette dernière bondit dans la mêlée comme une tempête de sable. Frappant partout sans rester nulle part. La vivacité de ses gestes achève de déloger les quelques bricoles qui pendouillent au bas de ses poignets et sur ses épaules.
A chaque fois qu'un morceau claque sur le sol, c'est un poing, un pied, une manchette sèche qui s'écrase sur un praetorien. Malheureusement, même si c'est lourd, la principale utilité d'une armure consiste à protéger son porteur… particulièrement s'il s'agit d'attaques à mains nues.

La salamandre l'apprend assez rapidement lorsqu'une lame achève de lui écorcher l'épaule et qu'elle retombe, ensanglantée mais fiévreuse au pied d'une plante verte.
Sa fureur reprend un peu en intensité, la plante se dessèche à ses cotés tandis qu'elle serre les dents de défi. Trois adversaires. Non deux… l'un d'entre eux trébuche sous l'attaque du lynx-noir. Non un seul. Le second vient de se faire hacher par un cimeterre d'Obscura. Non à nouveau deux. Un autre vient épauler son frère.

Elle attaque ! Poing ferme. Les bras et cuisses bandés. Les muscles dégorgeants d'une adrénaline animale. L'empoignade est brutale, Hexandre cherchant le contact rapproché là où les praetoriens excellent à l'éviter. Mais elle est plus rapide. Sa frappe ricoche durement contre un brassard dentelé. Les phalanges raclées, elle évite une lame d'une cabriole et se porte sur le coté pour un coup de genou au hasard. Sa tunique se fait encore malmener lorsqu'une épée parvient à lui emporter un bout de tissu mais pas de chair.

Rien à faire, sans lame, ses coups sont encore moins performants qu'avant. Elle fatigue, elle le sent. Et il reste encore trop de soldats ! Qu'en est-il d'Obscura ? Pas le temps. Pas le temps ! Parer, éviter, frapper, sauter, rebondir, surprendre et tordre ! Mordre ! Crier de douleur ! Tomber au sol…

Haletante, la rousse relève la tête et croise le regard effaré de la nobliotte pétrifiée de stupeur et de tremblements dans un coin. La salamandre lacérée d'entailles plus ou moins graves a besoin d'un répit. Sa main tâchée de sang se referme sur le poignet de la donzelle frivole.

- Nooooooooon !!!!

Hexandre ne lui accorde même pas un regard lorsqu'elle la jette en avant dans les jambes de ses adversaires. Les praetoriens ne sont ralentis qu'une fraction de seconde par cette encombrante oisive qui se fait littéralement scier en deux. Sang et vicères explosent sur le dallage raffiné dans une mare excessivement rouge et visqueuse, signe d'une alimentation indéniablement trop riche et grasse.
Visiblement excédés, les guerriers se regroupent au centre pour en finir. Hexandre en a amoché quelques uns, les morts sont principalement à attribuer à la vampire. De la belle résistance mais il en reste quand même plus de la moitié !
Moitié qui charge d'un bloc simultanément Obscura, l'étrange familier noir et Hexandre. Cette dernière suspend son souffle et les battements de son cœur démoniaque.

Une botte dérape et soudain elle sourit. Détail qu'ils ne pouvaient sans doute pas prévoir. Le sang sur le marbre, ça glisse…

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Je n’avais plus d’espoir. A quoi bon poursuivre alors nous allions mourir ici même ? Mais la rage de perdre si prés du but me revint, et je décidais de donner jusqu’à mes dernières forces. Bien qu’épuisée suite à cette éprouvante nuit, je me jetée à corps perdue dans la bataille, multipliant les acrobaties pour lesquelles j’avais un faible. Entre Hexandre Lya et moi, les praetoriens ne savaient plus ou se donner de la tête. Lorsqu’une frappait, c’en était une autre qui esquivait l’attaque. Cela aurait très bien pu continuer longtemps, si la fatigue n’était pas si présente, et Hexandre essuyait une blessure assez impressionnante à son épaule, lorsque soudain, un cri retentis dans la pièce.


- Nooooooooon !!!!




Je fis volte face, juste à temps pour voir Hexandre jeter la jeune fille qui nous avait accompagnées jusqu’ici sur les praetoriens. Les soldats la tuèrent sans ménagement, et le sang gicla dans la pièce, inondant le sol, et éclaboussant mon visage. Mes yeux, désormais pupilles, se dilatèrent. Cette fille avait une odeur vraiment tentante, et je venais de la goûter. Mon tatouage avait beau me brûler, je n’avais qu’une envie : boire encore. Perdue dans les méandres de pensées purement vampiriques, je ne vis que trop tard les praetoriens charger. Alors qu’ils s’étaient rassemblés au centre, ils nous chargèrent sans scrupule. Je sentis la respiration d’Hexandre s’arrêter, tandis que son cœur avait redoublé de vigueur. Lya poussa un petit gémissement, et alors que je n’osais plus y croire, un des guerriers glissa, puis tomba, en entraînant d’autres dans sa chute. Mais bien sûr ! Le marbre était couvert de sang, et cela le rendait glissant. Délicieusement glissant ! Je repartis aussitôt à l’attaque, visiblement suivit de Lya et de la salamandre. Seulement, une chose avait changé : nous savions que nous pouvions vivre. Bondissant par-dessus le tas de guerrier, j’enclenchais la garde de mes cimeterres, et plantais l’épée double désormais formée dans un des praetoriens. Plus que douze. Ah non, dix. Un venait de périr sous le poids assez impressionnant de Lya, et Hexandre s’était occupée de l’autre. Les lourdes armures noires étaient désormais un handicap auprès des praetoriens qui n’étaient pas habitués à se battre sur une patinoire. Le sang redoublait mon ardeur au combat, me rendant rageuse de ne pouvoir mordre un de ces guerriers. A nous trois, nous pûmes venir à bout des guerriers noirs. Je soupirais, et m’appuyais sur le mur, fortement épuisée. Nous avions dû notre peau qu’au sang, et notre style de combat acrobatique.


-Je pense dormir pendant quatre bons jours avant de me lever à nouveau ! M’exclamais-je alors.


Un praetoriens qui n’était visiblement pas mort s’approcha de nous, mais Lya l’acheva en lascérant son ventre. Bizarrement, j’éclatais de rire. Je crois que j’étais en train de péter un cable. Le sang, la mort, et la peur m’avait obligés à laisser ma nature vampirique prendre le dessus comme rarement auparavent, et Hexandre toute proche et drôlement blessée me tentait plutôt pas mal. Lya grogna, et se frotta contre moi.


-Oh, voici Lya ! M’exclamais-je en regardant Hexandre avec une envie de mordre presque intenable. Et puis… excuse moi !


Je sortis de la pièce dont l’odeur était saturé de sang, et m’allongeais sur le mabre froid un peu plus loin. La fraicheur de la dalle me remis un peu les idées en place.


-On fait quoi maintenant, m’enquis-je d’une voix forte pour que la salamandre m’entende.

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Obscura a encore de l'énergie pour parler ?! C'est bien… ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Alors que le silence retombe petit à petit sur la scène du carnage, une main écorchée relâche un bout de métal brisé qui devait sans doute appartenir à une épée. Le morceau tinte au sol. Une paire de bottes glisse lentement dans la flaque de sang alors qu'Hexandre, essoufflée, se laisse doucement tomber sur ses genoux.
La vampire s'est éclipsée aussi net après la chute du dernier adversaire. Pudeur soudaine ? C'est le cadet de ses soucis. La salamandre est véritablement épuisée. Tétanisée par l'effort et la déprise soudaine de toute cette adrénaline.
Sa tête baissée oscille au rythme de ses respirations brusques et fortes qui tentent de ramener un peu d'air dans le canal brûlant de ses poumons. Elle serre le poing, une rigole de son sang s'écoule entre ses phalanges.

C'était très serré. Très.

Néanmoins, parce qu'elle est fière et parce qu'elle refuse de rester vautrée dans tout ce fluide vital (ce n'est pas de l'eau mais ça reste liquide !), la démone des flammes prend laborieusement appui sur un banc pour se relever. Elle y parvient au troisième essai… ce qui est honorable d'une certaine manière.

Mettant un peu de distance entre cette tripaille et sa personne, elle trouve un coin de mur à peu près épargné où elle s'adosse, retombe sur les fesses et lèche pensivement une vilaine coupure au poignet. Sa joue lui fait mal… en passant ses doigts dessus elle n'est pas surprise de les retrouver (encore) rouges. Elle grimace.

- On fait quoi maintenant ?
La voix pas très lointaine d'Obscura résonne sous la voûte sculptée.
- On prie pour qu'il n'y en ait pas une autre garnison dans cet étage, lâche t-elle mollement, toujours dos au mur, le regard dans la vague.

Car il y en a d'autres. Hexandre ne l'a pas révélé à sa comparse pour ne pas la faire fuir mais à la belle époque, ces praetoriens qui veulent les trucider à tout prix formaient une garde d'une centaine d'hommes/créatures/choses noires.
Donc elles en ont tué… à peu près un cinquième. Poisse. Il n'y a plus de place dans la combativité d'Hexandre pour une seule armure noire. Il faut absolument trouver une solution définitive pour asseoir définitivement le derrière de la vampire sur le trône de l'archiprélature.

Dans son malheur tout n'est pas perdu, il reste, sur une table basse, un petit flacon de verre miraculeusement intact. Sans même réfléchir, Hexandre qui a l'impression de s'être faite découper absolument partout tend un bras faible pour attraper le petit récipient. Elle le débouche et renifle son contenu par acquis de conscience malgré la couleur ambrée prometteuse. L'odeur puissante et musquée aurait de quoi mettre un cheval à genou ! Un soupir d'aise s'échappe de ses lèvres fendues et gonflées : Du distillat Grenat.

Une gorgée pour se remettre les idées en place.

- Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un commandant.

Une autre gorgée pour raviver son brasier. Les coupures qui sillonnent son corps pulsent plus vivement. Le sang s'écoule d'abord plus vite… puis semble se tarir doucement.

- Pas question qu'on se tape encore tout le boulot toutes seules alors que ton rang te donne le droit de diriger toute la garnison de…

Mais bon sang oui ! Quelle andouille de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Hexandre se frappe le front. Elle se relève d'un bond et se présente dans l'ouverture de la pièce sombre où Obscura s'est retirée. C'est à ce moment là qu'elle prend conscience que sa tunique est déchirée en plusieurs endroits assez indécents mais bon… entre femmes on ne va pas chipoter pour un bout de poitrine ou de cuisse trop dénudée.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! Révèle t-elle, les yeux brillants. C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. (Désignant le tas de viande du pouce) Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

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Toujours allongée au sol où je tentais tant bien que mal de récupérer, je tournais la tête vers Hexandre lorsqu'elle me déballa son idée. J'essayais de me relever pour être au moins assise, puis renonçais après m'être cognée au sol deux fois en retombant. Je fermais alors les yeux, et réfléchis calmement à ce qu'elle venait de dire.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

D'accord, une tour d'alarme, monter des escaliers... minute... comment ça des escaliers ? Pas maintenant, j'en pouvais plus là ! Lya revint vers nous, et posa à côté de moi un petit sac à besace. Mon sac ! Il était plein de sang, et la moitié du contenue était soit brisée, soit inutilisable. Bon à jeter, génial ! Ma dernière fiole de sang y était, et ça m'aurait éviter de vouloir mordre Hexandre. Surtout qu'elle avait bu de l'alcool. Résultat, elle n'en était que plus alléchante. Pensons à autre chose. Oui, la tour d'alarme ! M'appuyant contre le mur, je me redressais afin de faire face à la salamandre.

-Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? M'enquis-je en grimaçant de douleur.

Le praetorien ne m'avait pas raté, et je mettrais longtemps à me soigner. tel était l'inconvénient de n'avoir ni de sang, ni de cellule à proprement dite vivante. Mon corps était plus lent à réagir.

-Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Je savais que je posais beaucoup de question, seulement, dans notre état, nous ne pouvions nous permettre de laisser la chance et l'unique chance décider de notre destin. Je crispais mon point, et dévisageais Hexandre. dans son combat, sa tenue avait été drôlement endommagée. C'est vraie que cela la rendait assez indécente, cependant, ayant le même problème, je m'en fichais plutôt pas mal. Mais ce fichue sang ! Je lâchais le mur, et titubais un peu avant de pouvoir m'assurer sur mes deux jambes.

-Mais avant cela, il va falloir se soigner... et se changer ! Dis-je avant de réfléchir. J'ai une question un peu bizarre, mais ne le prends pas mal ! Hum... Tu pourrais te laver aussi s'il te plaît ? C'est pas que tu sens mauvais... c'est que au contraire, tu sens très, mais vraiment très bon...

J'espérais être assez claire, parce que lui dire très franchement que je n'avais qu'une envie, la vider de son sang, c'était pas forcément bon pour les relations ! En tout cas, nous avions aussi besoin de repos. Lya émit un ronronnement très doux en nous regardant à tour de rôle. J'avais vraiment envie de lui parler, seulement, les choses étant telles qu'elles sont, je ne pouvait pas me le permettre, et mon lynx l'avait parfaitement compris. Je pris une grande inspiration, et lui caressait la tête attendant les idées de la salamandre, ses réponses, et surtout qu'elle réagisse.

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Hexandre se retourne à peine lorsqu'elle entend un pas griffu sur le dallage. Le lynx noir la dépasse. "Lya" a annoncé Obscura un peu plus tôt… quelle est donc la relation entre cet animal et la vampire ? Un familier ? Un compagnon ? Une source éventuelle de sang ?

Cette pensée lui rappelle d'ailleurs qu'avec les goûts de la vampire en matière de nourriture il est étonnant qu'elle ne se soit pas jetée sur la flaque qui se répand sur le sol derrière.
Peut-être qu'elle n'aime pas le sang mort… peut-être qu'elle ne veut pas se salir… peut-être qu'elle a des goûts particuliers quand au choix de ses victimes. Quoiqu'il en soit, ça doit exercer une certaine attraction sur elle. Sinon pourquoi ce serait-elle retirée dans cette autre salle ?

- Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Woha que de questions ! Hexandre n'a pas l'habitude de fonctionner avec autant d'entraves à l'action. Elle se contente donc de hausser les épaules et commence à se détourner lorsque les dernières suggestions de sa complice atteignent finalement ses oreilles.

La salamandre se fige, l'air pincé et presque hérissée de dégoût à sa dernière remarque. Elle se retourne lentement sur les talons pour toiser Obscura de son regard brillant d'un feu infernal. Si elle n'était pas aussi faible, elle se serait volontiers jetée sur elle !

- Me… laver… je te demande pardon ?

La proposition la plus indécente qu'on lui ait faite de toute sa vie ! Même son ancien patron, Syllas, n'avait pas poussé le bouchon aussi loin. Insultée jusqu'au bout des ongles, Hexandre griffe l'air de dépit en réalisant qu'Obscura ne l'a sans doute pas faite exprès.

- Très bien, dit-elle lentement, je vais m'essuyer si tu y tiens.

Crissant des semelles sur le dallage, elle attrape un rideau de velours épais d'une facture exquise et l'arrache d'un coup sec pour se frictionner les jambes et les bras.

- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir…

Et sans rien dire de plus, elle jette le tissu souillé de coté et s'engage dans un couloir à la recherche de la tour d'alarme. Ce petit coup de sang aura eu le mérite de lui redonner un peu de vigueur !

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- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir… grommela Hexandre.

Je levais les yeux au ciel alors qu'elle se détournait. Elle avait beau être une salamandre, soit un être de feu, il valait mieux pour elle que je ne la mordes pas ! Enfin. Je soupirais, et entrepris de la rattraper, Lya à mes talons. Il était vrai que je n'avais pas l'habitude des salamandres, et selon ce qu'il me restait de mémoire, Hexandre devait même être la première que je rencontrais. Peuple fort intéressant si tout les spécimen étaient comme cette flamboyante jeune fille. Mais en y pensant, quel âge avait-elle ? C'est ainsi que perdue dans mes pensées, j'en vint à me rappeler que le pourcentage de chance que je soit plus vieille qu'elle été assez impressionnant, et cela me fit rire. Enfin, je retins de justesse mon exclamation, car il n'était pas nécessaire que je ris toute seule. C'est à ce stade de réflexion, que mon regard accrocha un escalier un peu à la dérobée, cachée derrière deux grands rideaux en velours semblable à celui dont Hexandre s'était servi pour essuyer le sang qui la souillait.

-Quand tu parle d'escalier en colimaçon, commençais-je avec un sourire. Est-ce que celui là fait l'affaire, ou il doit y avoir une pancarte où est écrit : "Tour d'alarme" ?

Mon ton était ironique, mais j'étais encore plongée dans mon étude de l'âge de la salamandre. Depuis le début, je me comportais avec elle comme si j'étais une gamine. Bien qu'y ressemblant grâce (ou à cause) de mon apparence d'adolescente, ma fierté avait été joué de son air si indifférent aux autres. je m'approchais un peu de l'escalier, et regardais autour en tirant un peu le rideau.

-Ne devrait-il pas y avoir des gardes pour garder un tel accès ? M'enquis-je alors soucieuse de m'être trompée.

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Hexandre se rapproche à son tour du rideau et en soulève en coin pour se pencher dans l'ouverture :

- Non, peut-être en haut mais il n'est pas nécessaire de signaler la présence des endroits importants en y plaçant des plantons. Enfin c'est la philosophie du lardon qui habitait ici.

Puis, décochant un sourire à Obscura, la vive salamandre tire complètement le rideau :

- Bien joué. On y va, les femmes d'abord !

Wah ! Est-ce la grâce d'une bonne nouvelle ? Le fait de s'être un peu dégourdie les jambes dans le couloir ? Le fait d'avoir enfin réalisé qu'elle est débarrassée du gros lard pour toujours ? C'est assez rare de voir Hexandre de bonne humeur. Vraiment. En général ça n'arrive qu'à Dahalia, quand il fait chaud et que le soleil est au zénith. Peut-être un effet secondaire de la gniole trouvée dans la salle des praetoriens.

L'ascension se révèle longue et difficile pour des muscles déjà malmenés mais c'est bien le seul défaut du parcours.
En effet, pour couronner le tout, lorsqu'elles débouchent en haut, pas l'ombre d'un garde. Rien. Juste le gong, le brasero éteint et le grand panoramique sur Sen Tsura endormie. La salamandre respire intensément les bourrasques de vent qui, à cette altitude, ne sont pas chargées des lourdes odeurs urbaines .

Un peu de calme, un peu d'air…
L'impétueuse rousse s'accoude à la balustrade en bois brut et se laisse aller à un instant de rêverie en s'imaginant loin d'ici, très loin, dans le brasier revigorant d'un volcan ou dans les fumerolles ardentes d'un geyser du désert.

- Un jour je retournerai là bas… murmure t-elle à mi-voix. Et pendant ce bref instant, une paille de la sagesse de son dragon créateur la touche. Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ?

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Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ? S'enquit Hexandre une fois l'escalier vaincu.


Je restais un peu en retrait, peu désireuse de voir le soleil levant. Ce que je suis venue chercher à Sen'Tsura ? Mais la rébellion bien sûr !


- Je t'ai expliqué que je m'étais réveillée il y a peu d'un long sommeil, dis-je d'une voix un peu éraillé par la fatigue. Et que cela a abîmé mes souvenirs. Je les cherche donc depuis. C'est frustrant de ne pas... savoir.


Je ne mentais pas. Mes souvenirs étaient l'origine de ma quête. Même si je désirais aussi parler aux rebelles d'une invasion futur et possible par les bandits de Kinshae. Je soupirais, et m'approchais du gong, veillant tout de même à rester un maximum dans l'ombre. La lumière ne me faisait rien. Je ne l'appréciais pas pour autant. M'appuyant contre un mur, je regardais la salamandre qui me tournais le dos.


- J'aimerais tellement trouver mon nom et mon origine, poursuivis-je un brin mélancolique. Ma famille pourquoi pas ! Bien que je me vois mal expliquer que je suis une arrière grande-tante.


Je soupirais et secouais négativement la tête comme si l'idée même était d'une pure folie. Lya ronronna doucement, et s'appliqua à passer sa tête sous ma main. Je souriais et lui caressais sa magnifique fourrure en réfléchissant. Mon nom, je le connaissais. Encore heureux. Mais en y pensant bien. Pourquoi Hexandre me posait une telle question ? Doutait-elle de moi ? Je n'avais pourtant rien fait pour !


- Et toi Hexandre ? M'enquis-je alors. Qu'est-ce qui t'a éloignée de la chaleur ? Pas Hayamae tout de même !


Quand je pense que ce gars blond était à l'origine de cet étrange parcours ! C'était tout de même assez particulier. j'eus un sourire ironique, et regardais le gong que je savais salvateur pour nous deux. Il suffisait qu'on le sonne, et nous remportions la partie. Seulement, que se passerait-il dès lors ? Hexandre n'aurait plus besoin de moi ! Allait-elle se débarrasser de moi comme elle pouvait changer d'humeur ? Je me mordis la lèvre en réfléchissant à tout cela. Qu'allait-il se passer ?


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Mystica

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Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:57
- Hayamae ? Le type que tu m'as vue tuer ce soir ? Non, je ne le connais pas et je n'ai rien à voir avec lui. C'était juste une mission pour "boule-de-gras".

Hexandre s'accroupit à présent au pied du brasero éteint. Il y a là une pile de combustible, un allume-feu, de la poudre noire et un petit baril de feu grégeois. De quoi faire une sacrée flambée !
La salamandre commence à empiler du charbon dans le creuset, saupoudrant le tout d'une généreuse couche de poudre. Tout en se salissant, elle continue sur sa lancée loquace, puisqu'elle semble d'humeur à ça.

- Nan je suis arrivée ici il y a longtemps… bon sang, ça fait une éternité que je me traîne dans ce trou humide ! On m'a forcée à venir, soumise, enchaînée à un maître qui m'a conduit ici.

Hexandre soulève le couvercle du tonnelet et hume succinctement le liquide verdâtre qui stagne à l'intérieur. Attrapant la louche accrochée au cerclage, elle en rajoute deux bonnes doses à sa préparation.

- C'était il y a un an à peu près… bon sang, j'étais encore toute jeune à l'époque… enchaîne-t-elle avec un petit rire.

Hexandre a évidemment toujours le physique d'une jeune femme énergique et séduisante. Pourtant, les intonations de sa voix laissent entendre qu'il ne s'agit pas d'une ironie mais véritablement d'un pas de temps considérable. L'espérance de vie d'une salamandre n'étant que de cinq à six ans… ceci explique sans doute cela.

Aux antipodes donc de l'éternité d'Obscura qui lui parle de concepts qu'elle a du mal à comprendre. Arrière grande tante ? Les relations familiales sont souvent compliquées chez les créatures qui ont la peau dure. Quel âge pouvait donc avoir Obscura pour parler ainsi ? Depuis quand dort-elle et pourquoi ? Et le gros chat là dedans, il dormait lui aussi pendant tout ce temps ?

Bah… les questions ça complique la vie. La démone se relève, s'époussette les mains sur le bord de sa tunique déchirée et désigne le gong de l'index.

- Maintenant il ne reste qu'à frapper un grand coup là dedans. Je te laisse faire, moi je vais mettre le feu à ce truc. La poudre noire va colorer les flammes en rouges, ce qui correspond au niveau d'alerte qu'on recherche. Ensuite et bien… finie la tranquillité. Tu n'auras plus qu'à foutre ton sceau sous le nez de tout ceux qui le demanderont et on devrait pouvoir se débarrasser de tout ce qui reste.

Puis, dédaignant naturellement le silex et l'amadou, Hexandre plaque sa main directement au cœur du brasero et lance une calcination rapide et efficace. Le feu crépite en un quart de seconde, projetant une vive luminosité sans doute visible à des kilomètres à la ronde.

- Faudra quand même tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent, lance la salamandre par-dessus le rugissement des flammes voraces dont elle ne fait pas mine de s'éloigner.

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-Faudra quand même tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent, me lança la salamandre, la main plongée dans le brasero.


Retenant un sourire, je regardais le gong, et grimaçais quelque peu en voyant qu’il me faudrait sortir de l’ombre. Je me dirigeais alors vers ce qui pourrait nous sauver à en croire Hexandre, et attraper le manche avant de donner un grand coup dedans. Le son résonna et sembla s’envoler au loin, survolant la ville et se répercutant dans les rues encore vides du matin naissant. Je savais que faire ce geste nous permettait autant de nous sauver que de nous enterrer vivante. Sauf peut être pour Hexandre qui semblait prendre un plaisir sans nom à maintenir sa main dans le feu rougeoyant. Je me rappelle alors une phrase qu’elle a dite pendant que je m’escrimais à rester dans l’ombre.

-C’était il y a un an à peu près… bon sang, j’étais encore toute jeune à l’époque…

Suite à cela, elle avait rie avec une voix qui ne montrait strictement aucune ironie. Il y a un an de cela, elle se trouvait jeune ? Je retins un sourire en laissant ma tête se plaquer contre le mur frais dû à la fraîcheur de cette douce matinée. Si pour elle un an était long, pour moi, il équivalait pratiquement à une heure, ou voir même une minute humaine !

-Dis moi Hexandre, m’enquis-je alors. Si c’est pas indiscret, quel âge as-tu ?

Je ne connaissais rien de la vie des salamandres. C’était la première fois que j’avais affaire à quelqu’un comme elle. Et je ne pensais pas qu’elle avait une façon de vivre si différente des humains ! Quoiqu’en y pensant bien, elle était incapable de toucher de l’eau, et devait sûrement s’abreuver d’alcool ou bien de… de quoi d’autre que l’alcool ?? Je soupirais et regardais le gong qui bougeait encore du coup que je lui avais donné, attendant la réponse d’Hexandre qui bouclerait certainement une brève, très brève ère de paix pour nous deux. J’espérais vraiment ne pas retomber sur des praetoriens ! Lya descendit les escaliers avec la ferme intentions de faire le guet et de nous avertir d’un feulement au moindre praetoriens en vue. Heureusement qu’elle était là !

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Les yeux perdus dans les flammes incandescentes, Hexandre se surprend en répondant sans hésiter à la question d'Obscura :

- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ?

Il est une chose innée chez les créatures éphémères dotées de raison : c'est la mesure instinctive du temps passé. Hexandre sait qu'il lui reste approximativement entre 28 et 16 mois à vivre. A moins d'un évènement extraordinaire, comme la fusion avec une source de pouvoir assez importante pour raviver son brasier intérieur. Et il y aussi la possiblité d'une mort prématurée… Un brin nostalgique, la démone détourne les yeux vers la ville.

En bas, le son ondoyant du gong couplé à la luminescence intense du brasier rouge fait naître une certaine agitation dans la capitale endormie : une farandole de points lumineux s'agglutine en contrebas. De plus en plus dense, la rigole de torches enfle et coule telle un gigantesque serpent de feu en direction du palais archevêchal. Une bonne nouvelle.
Mais le répit s'annonce hélas déjà de courte durée… ce qui s'entend à l'autre bout de la ville est probablement assourdissant dans le bâtiment. Un grondement menaçant monte de l'entrée des escaliers. Le lynx-noir d'Obscura émet sa mise en garde sourde et ronflante à l'attention d'une force caracolante qui grimpe les marches quatre à quatre.

Hexandre recule contre la balustrade et referme sa main autour d'un montant.

- Les Praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent pied sur la plateforme sinon ils auront l'avantage !

Réunissant le peu de pouvoir qu'il lui reste, elle consume l'extrémité haute du bout de bois et l'arrache d'un coup sec avant de le plonger dans les flammes. Puis, munie de cette arme pointue et noircie, elle se poste à droite de l'ouverture. La sueur perle déjà à ses tempes, cette fois, c'est un cul-de-sac, pas question de céder la moindre parcelle de terrain.

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- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ? Me dit alors Hexandre, les yeux toujours plongés dans le brasier.

3 ans ?! je lui aurais donné facilement 20 ans ! Elle avait l'air jeune, soit, mais pas à ce point ! Et bien, elle n'avait pas dû vraiment comprendre ma manière très longue de voir les choses. Tu m'étonne qu'elle soit impulsive ! Si toute sa vie se passe en accéléré ! Je la dévisageais alors, consciente de mon raisonnement. Allait elle mourir dans 2 ou 3 ans ? Si une salamandre grandi si vite... ne peut elle pas continuer sa vie ? Je me promit de faire quelque recherche sur cet intéressant peuple... dés que possible.

-Houlà, c'est un peu flou tu sais, répondis-je avec un petit sourire. Je sais que je suis morte lorsque j'avais 16 ans. Après, peut être 200 ou 300 ans... Je ne suis même plus à une décennie près.

J'étais BEAUCOUP plus vieille qu'elle, et je la suivais bien gentiment. Pour le coup, ma fierté fut bien silencieuse. Je retins un éclat de rire en me rendant compte de la situation. C'est alors que Lya pousse un grondement menaçant qui me fit sursauter bien que je m'y attendais. je savais qu'elle avait déjà dû s'occuper d'au moins un des soldats, mais combien y en avait-il en bas ? Hexandre recula contre la balustrade et referma sa main autour du montant que je fixais. Je levais mes yeux vers elle.

-Les praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent le pied sur la plate-forme, sinon ils auront l'avantage !

Elle se "fabriqua" alors une arme à l'aide d'un bout de bois, et attendit que la menace vienne vers nous. Je sortie mes cimeterres et enclenchais leur garde ensemble afin d'avoir une épée double que je jugeais plus favorable au lieu ou nous combattions. Nous ne devions pas perde ne serait-ce q'un mètre de terrain, sinon, les gardes noirs se déploieraient et nous serions finit. Lya remonta l'escalier, son poil luisant de sang, et se posta dans notre deux à nous deux, en boitant légèrement. Elle était blessée, et fatiguée. Je dardais mes yeux dans le petit couloir et eut un sourire. Cet étroit passage n'allait pas sans me rappeler les tunnels de Kinshae : petit, fin, et surtout, contraignant pour les combats. L'espoir de vaincre me sembla alors plus proche, et plus sûr. Hexandre et moi avions l'avantage du terrain, eux avaient celui du nombre. Le premier praetorien s'approcha alors. Je fit tournai mes cimeterres désormais épée double dans mes mains, et l'attendit de pied ferme.

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A peine le premier casque s'encadre t-il dans l'ouverture qu'il se ramasse un objet lourd dans la visière qui fait plier le métal et lui atteint sans doute les yeux.

- Brûle !

Hexandre invoque sa calcination pour enflammer le bout de bois à moitié enfoncé dans le heaume du guerrier. Pas un cri, rien. Ce dernier doit se savoir perdu et pourtant il attaque ! Son bras armé profite de la garde haute de la salamandre pour se détendre avec une vivacité hors du commun.

- AHHHHg !

Le rousse n'a que le temps de glisser sur le coté tandis que la brûlure glaciale de la lame d'acier se propage dans son flanc gauche. La gorge nouée par la douleur, elle serre les dents et tente de ne pas tomber. Les deux combattants luttent pied à pied. L'un pour monter et laisser la place à ses frères qui se pressent derrière, l'autre pour l'en empêcher.
Hexandre grimace, elle relève son coude et frappe ce bras meurtrier à gestes saccadés. Elle frappe ! Encore et encore à se faire éclater l'articulation. Sous les chocs répétés et affaibli par l'épieu enflammé qui lui dévore le visage, le guerrier cuirassé lâche finalement son épée et Hexandre, haletante, arrache la lame de son flanc et la retourne pour la claquer sur la tête du Praetorien.
Le soldat noir tombe en arrière, avalé par les ténèbres et immédiatement remplacé par un autre. Il y a juste assez de place pour laisser passer un guerrier à la fois.

Malgré sa nouvelle arme acquise pour un prix de sang, Hexandre est incapable de lui faire face. Une blessure de trop. Elle recule et s'affale sur un genou, un filet de sang entre les dents. Sa main appuyée sur l'épée dont la pointe crisse sur le sol est agitée de tremblements tandis qu'elle essaie vainement de se relever.

- Obscura… t'es plus vieille que moi… c'est toi qui dois te sacrifier…

Manière de dire pour une démone : "vas-y fonce et ne t'occupe pas de moi !".


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- Obscura… t'es plus vieille que moi… c'est toi qui dois te sacrifier… souffla Hexandre au sol et bien blessée.

Je sentais bien qu'il ne fallait pas prendre sa phrase au premier sens, mais plutôt qu'elle me demandait de ne pas me préoccuper d'elle. Je voulu lui répondre d'aller se faire voir, mais sa phrase se répercuta en moi de façon assez étrange. Comme dans un souvenir... un souvenir ! C'est exactement ça ! Cette situation me rappeler quelque chose !


-Lara, tire toi de là, il faut que tu vives ! S'exclama un jeune homme d'environ vingt ans.
-J'étais justement en train d'y penser, répliqua une jeune fille d'apparence seize ans, assez ironiquement.

Les deux adolescents étaient en train de se battre contre des soldats à la solde d'Ailes ténébreuses. Les guerriers étaient plus nombreux qu'eux, et le garçon étaient déjà bien blessé. Le combat avait l'air perdue d'avance, pourtant aussi bien Lara que le jeune homme se battaient comme deux beaux diables.

-Lara bon sang ! pars !
-Pour le meilleur et pour le pire Djidane ! Rétorqua-t-elle. C'est toi même qui l'a dit.

Le jeune homme évita une épée, et poussa Lara de façon à ce qu'elle s'éloigne. L'adolescent se rapprocha pour parer un coup d'estoc, mais Djidane se mit devant elle pour l'éloigner encore. Seulement, il avait mal prévue sa défense, et lorsque l'épée lui traversa le ventre, le jeune homme cracha du sang.

-Dji ! s'écria Lara en s'approchant à nouveau.

Seulement les soldats étaient déjà en train de l'achever, et Lara s'obligea à fuir.


Je me ressaisis assez vite, et évitais lestement une lame qui m'ouvrit tout de même au flan. Djidane... je refusais qu'il arrive de même à Hexandre ! Je raffermis ma prise sur mes cimeterres, ceux la même qui m'avait permit de m'échapper de cette horrible journée, ceux la même que Dji m'avait offert, et donnais tout ce qui me restais comme force, me moquant de la douleur que je pouvais ressentir aussi bien physiquement que mentalement. Lya s'était remise dans la bataille, ne cédant pas un seul centimètre de terrain pour empêcher les praetoriens d'atteindre Hexandre. Pour ma part, je me battais comme une furie, espérant plus que tout l'arrivée des gardes. Je ne me rendis compte qu'alors que des larmes glissaient doucement de mes yeux. Cela faisait longtemps...

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Avachie contre le muret de la tour, Hexandre se fait la réflexion que toute cette affaire judicieusement orchestrée par ses propres coups de tête les a menées tout droit dans une impasse : comment vont-elle se signaler aux soldats maintenant que les Praetoriens barrent le passage ?
Evidemment… les tuniques rouges ne vont pas directement harponner ceux qui, jusqu'à ce qu'Obscura leur annonce le contraire, constituent la protection la plus efficace de l'archevêque.

C'est idiot mais il fallait y penser. Et pour le moment, penser n'est pas dans les attributions de la salamandre blessée à mort dont les doigts crispés sur le flanc égrainent de petites gouttes fumantes qui roulent sur sa peau crasseuse.
La rouquine essaie à nouveau de se relever en pure perte. C'est comme si les muscles de ses cuisses étaient directement reliés au centre de la douleur. Elle ne peut même pas basculer par-dessus la balustrade pour tenter un saut de l'ange improbable.

Elle peut juste rester là, baignant petit à petit dans son fluide vital à regarder Obscura lutter puis, probablement se faire écharper par la garde noire.

- Merde, c'est trop bête… après tout ce temps… thha.

Grimaçant jusqu'aux oreilles, Hexandre se cambre en arrière et allonge la jambe droite, poisseuse de sang, vers le trépied du brasero. Trop court. Au prix d'un effort supplémentaire, elle parvient à s'allonger complètement sur le dos et à relever les deux pieds contre le bord rebondi de la cuve brûlante, genoux repliés. La chaleur bienfaitrice du foyer se transmet déjà par la corde de ses sandales. Elle pousse et rugit d'un coup :

- RESTE PAS LA !

Et –BLACAdAAMADAM- dans une dégringolade de casserole surchauffée, les braises ardentes se déversent dans l'ouverture de la porte, arrosant la troupe de centaines de projectiles crépitants qui se logent dans les interstices, les fentes et les défauts. Sans oublier le brasero lui-même qui après avoir hésité sur le seuil bascule ses 110 kilos de fonte dans l'escalier.

De quoi acheter un court répit. Quant à Obscura ou son lynx noir… impossible de savoir ce qu'il en est quand on regarde la voûte rosissante d'une aube naissante, incapable de relever la tête après cet effort infernal.


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Au cri d'Hexandre, je m'éloignais d'un bond me coûtant une vilaine ouverture sur mon ventre avant que le brasero n'emporte avec lui les praetoriens. Au vu des bruits de craquement d'os ou autre, j'en déduisit que Hexandre avait réussi à nous accorder un bon répits. Je passais la main sur mes bras pour faire tomber les braises qui avaient brûlé le cuir de ma tenue, mais pas ma peau, et cherchais Hexandre des yeux. Je la vis enfin, avachis sur le sol, incapable de faire autre choses que respirer par accoups.

-Hex... Hexandre ? M'enquis-je inquiète.

Je m'approchais d'elle doucement, et me penchais au dessus d'elle, obstruant sûrement sa contemplation du plafond. Lya s'assit pour lécher ses plaies, aussi fatiguée que moi.

-Tu penses arriver à te relever ? Demandais-je désireuse de quitter cette infernale tour. Faudrait qu'on aille à la rencontre des soldats qui viendront nous aider...

Ce que je disais, c'était plus pour me convaincre qu'annoncer les directives. J'étais exténués, mon corps roué de coup, et mon cerveau ne m'envoyait qu'un seul message : repos ! Il fallait pourtant qu'Hexandre se relève et que nous avancions. Pour la deuxième fois depuis que je l'avais rencontrée, je lui tendis ma main pour l'aider à se relever, prête à essuyer un nouveau refus, bien que dans le cas présent, je la voyais mal marcher sans mon aide.


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Le premier réflexe d'Hexandre, indépendante jusqu'au bout des ongles, est effectivement de déloger la main d'Obscura d'une claque sèche.

Sauf que…

… lorsqu'elle veut procéder ainsi, elle réalise qu'elle ne peut même pas bouger le bras ! Sa poitrine s'agite de manière plus chaotique tandis qu'elle réalise qu'elle est effectivement en train de mourir. Elle prend peur, la petite salamandre, si éphémère, si insignifiante dans ce monde d'éternités.

Ses yeux dorés palpitent, elle tressaille mollement, suffoquée par sa propre panique. Et finalement elle se rend à l'impuissance. Elle capitule :

- D'accord…

Du calme, tout son flanc gauche est insensibilisé par la blessure mais elle devrait pouvoir bouger l'autre coté. Elle lève avec succès le bras droit et enlace ses doigts écorchés autour du poignet de la vampire y laissant des traces de son sang encore chaud.

- … HAN !

Elle se tracte brutalement en avant et s'appuie lourdement sur l'épaule de sa comparse, incapable de gérer son équilibre elle-même. Poisse ! Ses yeux se rivent à la ligne d'horizon où la clarté orange du soleil matinal commence à colorer la voûte nuageuse.

Soleil… le soleil… la seule issue de ce conflit interne entre dévastation de sa chair et la combustion ardente de sa combativité. Hexandre garnit son rictus d'une férocité cisaillée de souffrance. Elle alimente ses veines de haine pure à l'égard des vivants qui l'ont placée dans cette situation. Elle se promet intérieurement de se venger. Maintenant elle est prête.

- Allons-y.

Il n'y a pas d'autre choix que d'emprunter le seul escalier disponible, l'autre alternative consistant à sauter dans le vide. Laissant Obscura passer devant, elle se laisse glisser contre le mur arrondi, gardant une main posée sur l'épaule de la vampire pour assurer sa démarche pataude.
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Je n’avais plus d’espoir. A quoi bon poursuivre alors nous allions mourir ici même ? Mais la rage de perdre si prés du but me revint, et je décidais de donner jusqu’à mes dernières forces. Bien qu’épuisée suite à cette éprouvante nuit, je me jetée à corps perdue dans la bataille, multipliant les acrobaties pour lesquelles j’avais un faible. Entre Hexandre Lya et moi, les praetoriens ne savaient plus ou se donner de la tête. Lorsqu’une frappait, c’en était une autre qui esquivait l’attaque. Cela aurait très bien pu continuer longtemps, si la fatigue n’était pas si présente, et Hexandre essuyait une blessure assez impressionnante à son épaule, lorsque soudain, un cri retentis dans la pièce.


- Nooooooooon !!!!




Je fis volte face, juste à temps pour voir Hexandre jeter la jeune fille qui nous avait accompagnées jusqu’ici sur les praetoriens. Les soldats la tuèrent sans ménagement, et le sang gicla dans la pièce, inondant le sol, et éclaboussant mon visage. Mes yeux, désormais pupilles, se dilatèrent. Cette fille avait une odeur vraiment tentante, et je venais de la goûter. Mon tatouage avait beau me brûler, je n’avais qu’une envie : boire encore. Perdue dans les méandres de pensées purement vampiriques, je ne vis que trop tard les praetoriens charger. Alors qu’ils s’étaient rassemblés au centre, ils nous chargèrent sans scrupule. Je sentis la respiration d’Hexandre s’arrêter, tandis que son cœur avait redoublé de vigueur. Lya poussa un petit gémissement, et alors que je n’osais plus y croire, un des guerriers glissa, puis tomba, en entraînant d’autres dans sa chute. Mais bien sûr ! Le marbre était couvert de sang, et cela le rendait glissant. Délicieusement glissant ! Je repartis aussitôt à l’attaque, visiblement suivit de Lya et de la salamandre. Seulement, une chose avait changé : nous savions que nous pouvions vivre. Bondissant par-dessus le tas de guerrier, j’enclenchais la garde de mes cimeterres, et plantais l’épée double désormais formée dans un des praetoriens. Plus que douze. Ah non, dix. Un venait de périr sous le poids assez impressionnant de Lya, et Hexandre s’était occupée de l’autre. Les lourdes armures noires étaient désormais un handicap auprès des praetoriens qui n’étaient pas habitués à se battre sur une patinoire. Le sang redoublait mon ardeur au combat, me rendant rageuse de ne pouvoir mordre un de ces guerriers. A nous trois, nous pûmes venir à bout des guerriers noirs. Je soupirais, et m’appuyais sur le mur, fortement épuisée. Nous avions dû notre peau qu’au sang, et notre style de combat acrobatique.


-Je pense dormir pendant quatre bons jours avant de me lever à nouveau ! M’exclamais-je alors.


Un praetoriens qui n’était visiblement pas mort s’approcha de nous, mais Lya l’acheva en lascérant son ventre. Bizarrement, j’éclatais de rire. Je crois que j’étais en train de péter un cable. Le sang, la mort, et la peur m’avait obligés à laisser ma nature vampirique prendre le dessus comme rarement auparavent, et Hexandre toute proche et drôlement blessée me tentait plutôt pas mal. Lya grogna, et se frotta contre moi.


-Oh, voici Lya ! M’exclamais-je en regardant Hexandre avec une envie de mordre presque intenable. Et puis… excuse moi !


Je sortis de la pièce dont l’odeur était saturé de sang, et m’allongeais sur le mabre froid un peu plus loin. La fraicheur de la dalle me remis un peu les idées en place.


-On fait quoi maintenant, m’enquis-je d’une voix forte pour que la salamandre m’entende.

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Obscura a encore de l'énergie pour parler ?! C'est bien… ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Alors que le silence retombe petit à petit sur la scène du carnage, une main écorchée relâche un bout de métal brisé qui devait sans doute appartenir à une épée. Le morceau tinte au sol. Une paire de bottes glisse lentement dans la flaque de sang alors qu'Hexandre, essoufflée, se laisse doucement tomber sur ses genoux.
La vampire s'est éclipsée aussi net après la chute du dernier adversaire. Pudeur soudaine ? C'est le cadet de ses soucis. La salamandre est véritablement épuisée. Tétanisée par l'effort et la déprise soudaine de toute cette adrénaline.
Sa tête baissée oscille au rythme de ses respirations brusques et fortes qui tentent de ramener un peu d'air dans le canal brûlant de ses poumons. Elle serre le poing, une rigole de son sang s'écoule entre ses phalanges.

C'était très serré. Très.

Néanmoins, parce qu'elle est fière et parce qu'elle refuse de rester vautrée dans tout ce fluide vital (ce n'est pas de l'eau mais ça reste liquide !), la démone des flammes prend laborieusement appui sur un banc pour se relever. Elle y parvient au troisième essai… ce qui est honorable d'une certaine manière.

Mettant un peu de distance entre cette tripaille et sa personne, elle trouve un coin de mur à peu près épargné où elle s'adosse, retombe sur les fesses et lèche pensivement une vilaine coupure au poignet. Sa joue lui fait mal… en passant ses doigts dessus elle n'est pas surprise de les retrouver (encore) rouges. Elle grimace.

- On fait quoi maintenant ?
La voix pas très lointaine d'Obscura résonne sous la voûte sculptée.
- On prie pour qu'il n'y en ait pas une autre garnison dans cet étage, lâche t-elle mollement, toujours dos au mur, le regard dans la vague.

Car il y en a d'autres. Hexandre ne l'a pas révélé à sa comparse pour ne pas la faire fuir mais à la belle époque, ces praetoriens qui veulent les trucider à tout prix formaient une garde d'une centaine d'hommes/créatures/choses noires.
Donc elles en ont tué… à peu près un cinquième. Poisse. Il n'y a plus de place dans la combativité d'Hexandre pour une seule armure noire. Il faut absolument trouver une solution définitive pour asseoir définitivement le derrière de la vampire sur le trône de l'archiprélature.

Dans son malheur tout n'est pas perdu, il reste, sur une table basse, un petit flacon de verre miraculeusement intact. Sans même réfléchir, Hexandre qui a l'impression de s'être faite découper absolument partout tend un bras faible pour attraper le petit récipient. Elle le débouche et renifle son contenu par acquis de conscience malgré la couleur ambrée prometteuse. L'odeur puissante et musquée aurait de quoi mettre un cheval à genou ! Un soupir d'aise s'échappe de ses lèvres fendues et gonflées : Du distillat Grenat.

Une gorgée pour se remettre les idées en place.

- Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un commandant.

Une autre gorgée pour raviver son brasier. Les coupures qui sillonnent son corps pulsent plus vivement. Le sang s'écoule d'abord plus vite… puis semble se tarir doucement.

- Pas question qu'on se tape encore tout le boulot toutes seules alors que ton rang te donne le droit de diriger toute la garnison de…

Mais bon sang oui ! Quelle andouille de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Hexandre se frappe le front. Elle se relève d'un bond et se présente dans l'ouverture de la pièce sombre où Obscura s'est retirée. C'est à ce moment là qu'elle prend conscience que sa tunique est déchirée en plusieurs endroits assez indécents mais bon… entre femmes on ne va pas chipoter pour un bout de poitrine ou de cuisse trop dénudée.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! Révèle t-elle, les yeux brillants. C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. (Désignant le tas de viande du pouce) Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

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Toujours allongée au sol où je tentais tant bien que mal de récupérer, je tournais la tête vers Hexandre lorsqu'elle me déballa son idée. J'essayais de me relever pour être au moins assise, puis renonçais après m'être cognée au sol deux fois en retombant. Je fermais alors les yeux, et réfléchis calmement à ce qu'elle venait de dire.

- Obscura… il suffit qu'on s'introduise dans la tour d'alarme ! C'est quelque part dans ce palais... cherche un escalier en colimaçon qui grimpe. Il y aura peut-être des charbons alors faudra faire gaffe mais ensuite, on sonne l'alarme et tous les soldats de Sen Tsura viendront nous épauler.

D'accord, une tour d'alarme, monter des escaliers... minute... comment ça des escaliers ? Pas maintenant, j'en pouvais plus là ! Lya revint vers nous, et posa à côté de moi un petit sac à besace. Mon sac ! Il était plein de sang, et la moitié du contenue était soit brisée, soit inutilisable. Bon à jeter, génial ! Ma dernière fiole de sang y était, et ça m'aurait éviter de vouloir mordre Hexandre. Surtout qu'elle avait bu de l'alcool. Résultat, elle n'en était que plus alléchante. Pensons à autre chose. Oui, la tour d'alarme ! M'appuyant contre le mur, je me redressais afin de faire face à la salamandre.

-Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? M'enquis-je en grimaçant de douleur.

Le praetorien ne m'avait pas raté, et je mettrais longtemps à me soigner. tel était l'inconvénient de n'avoir ni de sang, ni de cellule à proprement dite vivante. Mon corps était plus lent à réagir.

-Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Je savais que je posais beaucoup de question, seulement, dans notre état, nous ne pouvions nous permettre de laisser la chance et l'unique chance décider de notre destin. Je crispais mon point, et dévisageais Hexandre. dans son combat, sa tenue avait été drôlement endommagée. C'est vraie que cela la rendait assez indécente, cependant, ayant le même problème, je m'en fichais plutôt pas mal. Mais ce fichue sang ! Je lâchais le mur, et titubais un peu avant de pouvoir m'assurer sur mes deux jambes.

-Mais avant cela, il va falloir se soigner... et se changer ! Dis-je avant de réfléchir. J'ai une question un peu bizarre, mais ne le prends pas mal ! Hum... Tu pourrais te laver aussi s'il te plaît ? C'est pas que tu sens mauvais... c'est que au contraire, tu sens très, mais vraiment très bon...

J'espérais être assez claire, parce que lui dire très franchement que je n'avais qu'une envie, la vider de son sang, c'était pas forcément bon pour les relations ! En tout cas, nous avions aussi besoin de repos. Lya émit un ronronnement très doux en nous regardant à tour de rôle. J'avais vraiment envie de lui parler, seulement, les choses étant telles qu'elles sont, je ne pouvait pas me le permettre, et mon lynx l'avait parfaitement compris. Je pris une grande inspiration, et lui caressait la tête attendant les idées de la salamandre, ses réponses, et surtout qu'elle réagisse.

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Mystica

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Maître du Jeu


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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:58
Hexandre se retourne à peine lorsqu'elle entend un pas griffu sur le dallage. Le lynx noir la dépasse. "Lya" a annoncé Obscura un peu plus tôt… quelle est donc la relation entre cet animal et la vampire ? Un familier ? Un compagnon ? Une source éventuelle de sang ?

Cette pensée lui rappelle d'ailleurs qu'avec les goûts de la vampire en matière de nourriture il est étonnant qu'elle ne se soit pas jetée sur la flaque qui se répand sur le sol derrière.
Peut-être qu'elle n'aime pas le sang mort… peut-être qu'elle ne veut pas se salir… peut-être qu'elle a des goûts particuliers quand au choix de ses victimes. Quoiqu'il en soit, ça doit exercer une certaine attraction sur elle. Sinon pourquoi ce serait-elle retirée dans cette autre salle ?

- Qu'est-ce qui nous dit que les soldats de Sen'Tsura nous épaulerons ? Est-ce que d'autre praetoriens sont ici ? Si oui, comment faire pour les éviter ? Et s'il nous empêche de sonner l'alarme ?

Woha que de questions ! Hexandre n'a pas l'habitude de fonctionner avec autant d'entraves à l'action. Elle se contente donc de hausser les épaules et commence à se détourner lorsque les dernières suggestions de sa complice atteignent finalement ses oreilles.

La salamandre se fige, l'air pincé et presque hérissée de dégoût à sa dernière remarque. Elle se retourne lentement sur les talons pour toiser Obscura de son regard brillant d'un feu infernal. Si elle n'était pas aussi faible, elle se serait volontiers jetée sur elle !

- Me… laver… je te demande pardon ?

La proposition la plus indécente qu'on lui ait faite de toute sa vie ! Même son ancien patron, Syllas, n'avait pas poussé le bouchon aussi loin. Insultée jusqu'au bout des ongles, Hexandre griffe l'air de dépit en réalisant qu'Obscura ne l'a sans doute pas faite exprès.

- Très bien, dit-elle lentement, je vais m'essuyer si tu y tiens.

Crissant des semelles sur le dallage, elle attrape un rideau de velours épais d'une facture exquise et l'arrache d'un coup sec pour se frictionner les jambes et les bras.

- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir…

Et sans rien dire de plus, elle jette le tissu souillé de coté et s'engage dans un couloir à la recherche de la tour d'alarme. Ce petit coup de sang aura eu le mérite de lui redonner un peu de vigueur !

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- Franchement, avec la chaleur que je dégage, toute cette crasse aurait bientôt séchée tu vois. Enfin, je suppose que tu ne pouvais pas savoir… grommela Hexandre.

Je levais les yeux au ciel alors qu'elle se détournait. Elle avait beau être une salamandre, soit un être de feu, il valait mieux pour elle que je ne la mordes pas ! Enfin. Je soupirais, et entrepris de la rattraper, Lya à mes talons. Il était vrai que je n'avais pas l'habitude des salamandres, et selon ce qu'il me restait de mémoire, Hexandre devait même être la première que je rencontrais. Peuple fort intéressant si tout les spécimen étaient comme cette flamboyante jeune fille. Mais en y pensant, quel âge avait-elle ? C'est ainsi que perdue dans mes pensées, j'en vint à me rappeler que le pourcentage de chance que je soit plus vieille qu'elle été assez impressionnant, et cela me fit rire. Enfin, je retins de justesse mon exclamation, car il n'était pas nécessaire que je ris toute seule. C'est à ce stade de réflexion, que mon regard accrocha un escalier un peu à la dérobée, cachée derrière deux grands rideaux en velours semblable à celui dont Hexandre s'était servi pour essuyer le sang qui la souillait.

-Quand tu parle d'escalier en colimaçon, commençais-je avec un sourire. Est-ce que celui là fait l'affaire, ou il doit y avoir une pancarte où est écrit : "Tour d'alarme" ?

Mon ton était ironique, mais j'étais encore plongée dans mon étude de l'âge de la salamandre. Depuis le début, je me comportais avec elle comme si j'étais une gamine. Bien qu'y ressemblant grâce (ou à cause) de mon apparence d'adolescente, ma fierté avait été joué de son air si indifférent aux autres. je m'approchais un peu de l'escalier, et regardais autour en tirant un peu le rideau.

-Ne devrait-il pas y avoir des gardes pour garder un tel accès ? M'enquis-je alors soucieuse de m'être trompée.

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Hexandre se rapproche à son tour du rideau et en soulève en coin pour se pencher dans l'ouverture :

- Non, peut-être en haut mais il n'est pas nécessaire de signaler la présence des endroits importants en y plaçant des plantons. Enfin c'est la philosophie du lardon qui habitait ici.

Puis, décochant un sourire à Obscura, la vive salamandre tire complètement le rideau :

- Bien joué. On y va, les femmes d'abord !

Wah ! Est-ce la grâce d'une bonne nouvelle ? Le fait de s'être un peu dégourdie les jambes dans le couloir ? Le fait d'avoir enfin réalisé qu'elle est débarrassée du gros lard pour toujours ? C'est assez rare de voir Hexandre de bonne humeur. Vraiment. En général ça n'arrive qu'à Dahalia, quand il fait chaud et que le soleil est au zénith. Peut-être un effet secondaire de la gniole trouvée dans la salle des praetoriens.

L'ascension se révèle longue et difficile pour des muscles déjà malmenés mais c'est bien le seul défaut du parcours.
En effet, pour couronner le tout, lorsqu'elles débouchent en haut, pas l'ombre d'un garde. Rien. Juste le gong, le brasero éteint et le grand panoramique sur Sen Tsura endormie. La salamandre respire intensément les bourrasques de vent qui, à cette altitude, ne sont pas chargées des lourdes odeurs urbaines .

Un peu de calme, un peu d'air…
L'impétueuse rousse s'accoude à la balustrade en bois brut et se laisse aller à un instant de rêverie en s'imaginant loin d'ici, très loin, dans le brasier revigorant d'un volcan ou dans les fumerolles ardentes d'un geyser du désert.

- Un jour je retournerai là bas… murmure t-elle à mi-voix. Et pendant ce bref instant, une paille de la sagesse de son dragon créateur la touche. Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ?

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Dis moi Obscura, qu'est ce que tu venais chercher exactement à Sen Tsura ? S'enquit Hexandre une fois l'escalier vaincu.


Je restais un peu en retrait, peu désireuse de voir le soleil levant. Ce que je suis venue chercher à Sen'Tsura ? Mais la rébellion bien sûr !


- Je t'ai expliqué que je m'étais réveillée il y a peu d'un long sommeil, dis-je d'une voix un peu éraillé par la fatigue. Et que cela a abîmé mes souvenirs. Je les cherche donc depuis. C'est frustrant de ne pas... savoir.


Je ne mentais pas. Mes souvenirs étaient l'origine de ma quête. Même si je désirais aussi parler aux rebelles d'une invasion futur et possible par les bandits de Kinshae. Je soupirais, et m'approchais du gong, veillant tout de même à rester un maximum dans l'ombre. La lumière ne me faisait rien. Je ne l'appréciais pas pour autant. M'appuyant contre un mur, je regardais la salamandre qui me tournais le dos.


- J'aimerais tellement trouver mon nom et mon origine, poursuivis-je un brin mélancolique. Ma famille pourquoi pas ! Bien que je me vois mal expliquer que je suis une arrière grande-tante.


Je soupirais et secouais négativement la tête comme si l'idée même était d'une pure folie. Lya ronronna doucement, et s'appliqua à passer sa tête sous ma main. Je souriais et lui caressais sa magnifique fourrure en réfléchissant. Mon nom, je le connaissais. Encore heureux. Mais en y pensant bien. Pourquoi Hexandre me posait une telle question ? Doutait-elle de moi ? Je n'avais pourtant rien fait pour !


- Et toi Hexandre ? M'enquis-je alors. Qu'est-ce qui t'a éloignée de la chaleur ? Pas Hayamae tout de même !


Quand je pense que ce gars blond était à l'origine de cet étrange parcours ! C'était tout de même assez particulier. j'eus un sourire ironique, et regardais le gong que je savais salvateur pour nous deux. Il suffisait qu'on le sonne, et nous remportions la partie. Seulement, que se passerait-il dès lors ? Hexandre n'aurait plus besoin de moi ! Allait-elle se débarrasser de moi comme elle pouvait changer d'humeur ? Je me mordis la lèvre en réfléchissant à tout cela. Qu'allait-il se passer ?


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- Hayamae ? Le type que tu m'as vue tuer ce soir ? Non, je ne le connais pas et je n'ai rien à voir avec lui. C'était juste une mission pour "boule-de-gras".

Hexandre s'accroupit à présent au pied du brasero éteint. Il y a là une pile de combustible, un allume-feu, de la poudre noire et un petit baril de feu grégeois. De quoi faire une sacrée flambée !
La salamandre commence à empiler du charbon dans le creuset, saupoudrant le tout d'une généreuse couche de poudre. Tout en se salissant, elle continue sur sa lancée loquace, puisqu'elle semble d'humeur à ça.

- Nan je suis arrivée ici il y a longtemps… bon sang, ça fait une éternité que je me traîne dans ce trou humide ! On m'a forcée à venir, soumise, enchaînée à un maître qui m'a conduit ici.

Hexandre soulève le couvercle du tonnelet et hume succinctement le liquide verdâtre qui stagne à l'intérieur. Attrapant la louche accrochée au cerclage, elle en rajoute deux bonnes doses à sa préparation.

- C'était il y a un an à peu près… bon sang, j'étais encore toute jeune à l'époque… enchaîne-t-elle avec un petit rire.

Hexandre a évidemment toujours le physique d'une jeune femme énergique et séduisante. Pourtant, les intonations de sa voix laissent entendre qu'il ne s'agit pas d'une ironie mais véritablement d'un pas de temps considérable. L'espérance de vie d'une salamandre n'étant que de cinq à six ans… ceci explique sans doute cela.

Aux antipodes donc de l'éternité d'Obscura qui lui parle de concepts qu'elle a du mal à comprendre. Arrière grande tante ? Les relations familiales sont souvent compliquées chez les créatures qui ont la peau dure. Quel âge pouvait donc avoir Obscura pour parler ainsi ? Depuis quand dort-elle et pourquoi ? Et le gros chat là dedans, il dormait lui aussi pendant tout ce temps ?

Bah… les questions ça complique la vie. La démone se relève, s'époussette les mains sur le bord de sa tunique déchirée et désigne le gong de l'index.

- Maintenant il ne reste qu'à frapper un grand coup là dedans. Je te laisse faire, moi je vais mettre le feu à ce truc. La poudre noire va colorer les flammes en rouges, ce qui correspond au niveau d'alerte qu'on recherche. Ensuite et bien… finie la tranquillité. Tu n'auras plus qu'à foutre ton sceau sous le nez de tout ceux qui le demanderont et on devrait pouvoir se débarrasser de tout ce qui reste.

Puis, dédaignant naturellement le silex et l'amadou, Hexandre plaque sa main directement au cœur du brasero et lance une calcination rapide et efficace. Le feu crépite en un quart de seconde, projetant une vive luminosité sans doute visible à des kilomètres à la ronde.

- Faudra quand même tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent, lance la salamandre par-dessus le rugissement des flammes voraces dont elle ne fait pas mine de s'éloigner.

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-Faudra quand même tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent, me lança la salamandre, la main plongée dans le brasero.


Retenant un sourire, je regardais le gong, et grimaçais quelque peu en voyant qu’il me faudrait sortir de l’ombre. Je me dirigeais alors vers ce qui pourrait nous sauver à en croire Hexandre, et attraper le manche avant de donner un grand coup dedans. Le son résonna et sembla s’envoler au loin, survolant la ville et se répercutant dans les rues encore vides du matin naissant. Je savais que faire ce geste nous permettait autant de nous sauver que de nous enterrer vivante. Sauf peut être pour Hexandre qui semblait prendre un plaisir sans nom à maintenir sa main dans le feu rougeoyant. Je me rappelle alors une phrase qu’elle a dite pendant que je m’escrimais à rester dans l’ombre.

-C’était il y a un an à peu près… bon sang, j’étais encore toute jeune à l’époque…

Suite à cela, elle avait rie avec une voix qui ne montrait strictement aucune ironie. Il y a un an de cela, elle se trouvait jeune ? Je retins un sourire en laissant ma tête se plaquer contre le mur frais dû à la fraîcheur de cette douce matinée. Si pour elle un an était long, pour moi, il équivalait pratiquement à une heure, ou voir même une minute humaine !

-Dis moi Hexandre, m’enquis-je alors. Si c’est pas indiscret, quel âge as-tu ?

Je ne connaissais rien de la vie des salamandres. C’était la première fois que j’avais affaire à quelqu’un comme elle. Et je ne pensais pas qu’elle avait une façon de vivre si différente des humains ! Quoiqu’en y pensant bien, elle était incapable de toucher de l’eau, et devait sûrement s’abreuver d’alcool ou bien de… de quoi d’autre que l’alcool ?? Je soupirais et regardais le gong qui bougeait encore du coup que je lui avais donné, attendant la réponse d’Hexandre qui bouclerait certainement une brève, très brève ère de paix pour nous deux. J’espérais vraiment ne pas retomber sur des praetoriens ! Lya descendit les escaliers avec la ferme intentions de faire le guet et de nous avertir d’un feulement au moindre praetoriens en vue. Heureusement qu’elle était là !

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Les yeux perdus dans les flammes incandescentes, Hexandre se surprend en répondant sans hésiter à la question d'Obscura :

- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ?

Il est une chose innée chez les créatures éphémères dotées de raison : c'est la mesure instinctive du temps passé. Hexandre sait qu'il lui reste approximativement entre 28 et 16 mois à vivre. A moins d'un évènement extraordinaire, comme la fusion avec une source de pouvoir assez importante pour raviver son brasier intérieur. Et il y aussi la possiblité d'une mort prématurée… Un brin nostalgique, la démone détourne les yeux vers la ville.

En bas, le son ondoyant du gong couplé à la luminescence intense du brasier rouge fait naître une certaine agitation dans la capitale endormie : une farandole de points lumineux s'agglutine en contrebas. De plus en plus dense, la rigole de torches enfle et coule telle un gigantesque serpent de feu en direction du palais archevêchal. Une bonne nouvelle.
Mais le répit s'annonce hélas déjà de courte durée… ce qui s'entend à l'autre bout de la ville est probablement assourdissant dans le bâtiment. Un grondement menaçant monte de l'entrée des escaliers. Le lynx-noir d'Obscura émet sa mise en garde sourde et ronflante à l'attention d'une force caracolante qui grimpe les marches quatre à quatre.

Hexandre recule contre la balustrade et referme sa main autour d'un montant.

- Les Praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent pied sur la plateforme sinon ils auront l'avantage !

Réunissant le peu de pouvoir qu'il lui reste, elle consume l'extrémité haute du bout de bois et l'arrache d'un coup sec avant de le plonger dans les flammes. Puis, munie de cette arme pointue et noircie, elle se poste à droite de l'ouverture. La sueur perle déjà à ses tempes, cette fois, c'est un cul-de-sac, pas question de céder la moindre parcelle de terrain.

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- 3 ans, 264 jours et cette nuit et toi ? Me dit alors Hexandre, les yeux toujours plongés dans le brasier.

3 ans ?! je lui aurais donné facilement 20 ans ! Elle avait l'air jeune, soit, mais pas à ce point ! Et bien, elle n'avait pas dû vraiment comprendre ma manière très longue de voir les choses. Tu m'étonne qu'elle soit impulsive ! Si toute sa vie se passe en accéléré ! Je la dévisageais alors, consciente de mon raisonnement. Allait elle mourir dans 2 ou 3 ans ? Si une salamandre grandi si vite... ne peut elle pas continuer sa vie ? Je me promit de faire quelque recherche sur cet intéressant peuple... dés que possible.

-Houlà, c'est un peu flou tu sais, répondis-je avec un petit sourire. Je sais que je suis morte lorsque j'avais 16 ans. Après, peut être 200 ou 300 ans... Je ne suis même plus à une décennie près.

J'étais BEAUCOUP plus vieille qu'elle, et je la suivais bien gentiment. Pour le coup, ma fierté fut bien silencieuse. Je retins un éclat de rire en me rendant compte de la situation. C'est alors que Lya pousse un grondement menaçant qui me fit sursauter bien que je m'y attendais. je savais qu'elle avait déjà dû s'occuper d'au moins un des soldats, mais combien y en avait-il en bas ? Hexandre recula contre la balustrade et referma sa main autour du montant que je fixais. Je levais mes yeux vers elle.

-Les praetoriens ! Il ne faut pas qu'ils prennent le pied sur la plate-forme, sinon ils auront l'avantage !

Elle se "fabriqua" alors une arme à l'aide d'un bout de bois, et attendit que la menace vienne vers nous. Je sortie mes cimeterres et enclenchais leur garde ensemble afin d'avoir une épée double que je jugeais plus favorable au lieu ou nous combattions. Nous ne devions pas perde ne serait-ce q'un mètre de terrain, sinon, les gardes noirs se déploieraient et nous serions finit. Lya remonta l'escalier, son poil luisant de sang, et se posta dans notre deux à nous deux, en boitant légèrement. Elle était blessée, et fatiguée. Je dardais mes yeux dans le petit couloir et eut un sourire. Cet étroit passage n'allait pas sans me rappeler les tunnels de Kinshae : petit, fin, et surtout, contraignant pour les combats. L'espoir de vaincre me sembla alors plus proche, et plus sûr. Hexandre et moi avions l'avantage du terrain, eux avaient celui du nombre. Le premier praetorien s'approcha alors. Je fit tournai mes cimeterres désormais épée double dans mes mains, et l'attendit de pied ferme.

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A peine le premier casque s'encadre t-il dans l'ouverture qu'il se ramasse un objet lourd dans la visière qui fait plier le métal et lui atteint sans doute les yeux.

- Brûle !

Hexandre invoque sa calcination pour enflammer le bout de bois à moitié enfoncé dans le heaume du guerrier. Pas un cri, rien. Ce dernier doit se savoir perdu et pourtant il attaque ! Son bras armé profite de la garde haute de la salamandre pour se détendre avec une vivacité hors du commun.

- AHHHHg !

Le rousse n'a que le temps de glisser sur le coté tandis que la brûlure glaciale de la lame d'acier se propage dans son flanc gauche. La gorge nouée par la douleur, elle serre les dents et tente de ne pas tomber. Les deux combattants luttent pied à pied. L'un pour monter et laisser la place à ses frères qui se pressent derrière, l'autre pour l'en empêcher.
Hexandre grimace, elle relève son coude et frappe ce bras meurtrier à gestes saccadés. Elle frappe ! Encore et encore à se faire éclater l'articulation. Sous les chocs répétés et affaibli par l'épieu enflammé qui lui dévore le visage, le guerrier cuirassé lâche finalement son épée et Hexandre, haletante, arrache la lame de son flanc et la retourne pour la claquer sur la tête du Praetorien.
Le soldat noir tombe en arrière, avalé par les ténèbres et immédiatement remplacé par un autre. Il y a juste assez de place pour laisser passer un guerrier à la fois.

Malgré sa nouvelle arme acquise pour un prix de sang, Hexandre est incapable de lui faire face. Une blessure de trop. Elle recule et s'affale sur un genou, un filet de sang entre les dents. Sa main appuyée sur l'épée dont la pointe crisse sur le sol est agitée de tremblements tandis qu'elle essaie vainement de se relever.

- Obscura… t'es plus vieille que moi… c'est toi qui dois te sacrifier…

Manière de dire pour une démone : "vas-y fonce et ne t'occupe pas de moi !".


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- Obscura… t'es plus vieille que moi… c'est toi qui dois te sacrifier… souffla Hexandre au sol et bien blessée.

Je sentais bien qu'il ne fallait pas prendre sa phrase au premier sens, mais plutôt qu'elle me demandait de ne pas me préoccuper d'elle. Je voulu lui répondre d'aller se faire voir, mais sa phrase se répercuta en moi de façon assez étrange. Comme dans un souvenir... un souvenir ! C'est exactement ça ! Cette situation me rappeler quelque chose !


-Lara, tire toi de là, il faut que tu vives ! S'exclama un jeune homme d'environ vingt ans.
-J'étais justement en train d'y penser, répliqua une jeune fille d'apparence seize ans, assez ironiquement.

Les deux adolescents étaient en train de se battre contre des soldats à la solde d'Ailes ténébreuses. Les guerriers étaient plus nombreux qu'eux, et le garçon étaient déjà bien blessé. Le combat avait l'air perdue d'avance, pourtant aussi bien Lara que le jeune homme se battaient comme deux beaux diables.

-Lara bon sang ! pars !
-Pour le meilleur et pour le pire Djidane ! Rétorqua-t-elle. C'est toi même qui l'a dit.

Le jeune homme évita une épée, et poussa Lara de façon à ce qu'elle s'éloigne. L'adolescent se rapprocha pour parer un coup d'estoc, mais Djidane se mit devant elle pour l'éloigner encore. Seulement, il avait mal prévue sa défense, et lorsque l'épée lui traversa le ventre, le jeune homme cracha du sang.

-Dji ! s'écria Lara en s'approchant à nouveau.

Seulement les soldats étaient déjà en train de l'achever, et Lara s'obligea à fuir.


Je me ressaisis assez vite, et évitais lestement une lame qui m'ouvrit tout de même au flan. Djidane... je refusais qu'il arrive de même à Hexandre ! Je raffermis ma prise sur mes cimeterres, ceux la même qui m'avait permit de m'échapper de cette horrible journée, ceux la même que Dji m'avait offert, et donnais tout ce qui me restais comme force, me moquant de la douleur que je pouvais ressentir aussi bien physiquement que mentalement. Lya s'était remise dans la bataille, ne cédant pas un seul centimètre de terrain pour empêcher les praetoriens d'atteindre Hexandre. Pour ma part, je me battais comme une furie, espérant plus que tout l'arrivée des gardes. Je ne me rendis compte qu'alors que des larmes glissaient doucement de mes yeux. Cela faisait longtemps...

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Avachie contre le muret de la tour, Hexandre se fait la réflexion que toute cette affaire judicieusement orchestrée par ses propres coups de tête les a menées tout droit dans une impasse : comment vont-elle se signaler aux soldats maintenant que les Praetoriens barrent le passage ?
Evidemment… les tuniques rouges ne vont pas directement harponner ceux qui, jusqu'à ce qu'Obscura leur annonce le contraire, constituent la protection la plus efficace de l'archevêque.

C'est idiot mais il fallait y penser. Et pour le moment, penser n'est pas dans les attributions de la salamandre blessée à mort dont les doigts crispés sur le flanc égrainent de petites gouttes fumantes qui roulent sur sa peau crasseuse.
La rouquine essaie à nouveau de se relever en pure perte. C'est comme si les muscles de ses cuisses étaient directement reliés au centre de la douleur. Elle ne peut même pas basculer par-dessus la balustrade pour tenter un saut de l'ange improbable.

Elle peut juste rester là, baignant petit à petit dans son fluide vital à regarder Obscura lutter puis, probablement se faire écharper par la garde noire.

- Merde, c'est trop bête… après tout ce temps… thha.

Grimaçant jusqu'aux oreilles, Hexandre se cambre en arrière et allonge la jambe droite, poisseuse de sang, vers le trépied du brasero. Trop court. Au prix d'un effort supplémentaire, elle parvient à s'allonger complètement sur le dos et à relever les deux pieds contre le bord rebondi de la cuve brûlante, genoux repliés. La chaleur bienfaitrice du foyer se transmet déjà par la corde de ses sandales. Elle pousse et rugit d'un coup :

- RESTE PAS LA !

Et –BLACAdAAMADAM- dans une dégringolade de casserole surchauffée, les braises ardentes se déversent dans l'ouverture de la porte, arrosant la troupe de centaines de projectiles crépitants qui se logent dans les interstices, les fentes et les défauts. Sans oublier le brasero lui-même qui après avoir hésité sur le seuil bascule ses 110 kilos de fonte dans l'escalier.

De quoi acheter un court répit. Quant à Obscura ou son lynx noir… impossible de savoir ce qu'il en est quand on regarde la voûte rosissante d'une aube naissante, incapable de relever la tête après cet effort infernal.


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Au cri d'Hexandre, je m'éloignais d'un bond me coûtant une vilaine ouverture sur mon ventre avant que le brasero n'emporte avec lui les praetoriens. Au vu des bruits de craquement d'os ou autre, j'en déduisit que Hexandre avait réussi à nous accorder un bon répits. Je passais la main sur mes bras pour faire tomber les braises qui avaient brûlé le cuir de ma tenue, mais pas ma peau, et cherchais Hexandre des yeux. Je la vis enfin, avachis sur le sol, incapable de faire autre choses que respirer par accoups.

-Hex... Hexandre ? M'enquis-je inquiète.

Je m'approchais d'elle doucement, et me penchais au dessus d'elle, obstruant sûrement sa contemplation du plafond. Lya s'assit pour lécher ses plaies, aussi fatiguée que moi.

-Tu penses arriver à te relever ? Demandais-je désireuse de quitter cette infernale tour. Faudrait qu'on aille à la rencontre des soldats qui viendront nous aider...

Ce que je disais, c'était plus pour me convaincre qu'annoncer les directives. J'étais exténués, mon corps roué de coup, et mon cerveau ne m'envoyait qu'un seul message : repos ! Il fallait pourtant qu'Hexandre se relève et que nous avancions. Pour la deuxième fois depuis que je l'avais rencontrée, je lui tendis ma main pour l'aider à se relever, prête à essuyer un nouveau refus, bien que dans le cas présent, je la voyais mal marcher sans mon aide.


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Le premier réflexe d'Hexandre, indépendante jusqu'au bout des ongles, est effectivement de déloger la main d'Obscura d'une claque sèche.

Sauf que…

… lorsqu'elle veut procéder ainsi, elle réalise qu'elle ne peut même pas bouger le bras ! Sa poitrine s'agite de manière plus chaotique tandis qu'elle réalise qu'elle est effectivement en train de mourir. Elle prend peur, la petite salamandre, si éphémère, si insignifiante dans ce monde d'éternités.

Ses yeux dorés palpitent, elle tressaille mollement, suffoquée par sa propre panique. Et finalement elle se rend à l'impuissance. Elle capitule :

- D'accord…

Du calme, tout son flanc gauche est insensibilisé par la blessure mais elle devrait pouvoir bouger l'autre coté. Elle lève avec succès le bras droit et enlace ses doigts écorchés autour du poignet de la vampire y laissant des traces de son sang encore chaud.

- … HAN !

Elle se tracte brutalement en avant et s'appuie lourdement sur l'épaule de sa comparse, incapable de gérer son équilibre elle-même. Poisse ! Ses yeux se rivent à la ligne d'horizon où la clarté orange du soleil matinal commence à colorer la voûte nuageuse.

Soleil… le soleil… la seule issue de ce conflit interne entre dévastation de sa chair et la combustion ardente de sa combativité. Hexandre garnit son rictus d'une férocité cisaillée de souffrance. Elle alimente ses veines de haine pure à l'égard des vivants qui l'ont placée dans cette situation. Elle se promet intérieurement de se venger. Maintenant elle est prête.

- Allons-y.

Il n'y a pas d'autre choix que d'emprunter le seul escalier disponible, l'autre alternative consistant à sauter dans le vide. Laissant Obscura passer devant, elle se laisse glisser contre le mur arrondi, gardant une main posée sur l'épaule de la vampire pour assurer sa démarche pataude.

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[Sen'tsura]Entrechats ténébreux V1  Sand-g10Ven 8 Avr - 18:58
Allons-y, dit alors Hexandre.

Elle se laissa glisser sur le mur des longs escalier, et ne garda que sa main posée sur mon épaule. Lya se leva tant bien que mal et passa devant moi, un air bien trop humain sur le visage. Je savais ce qu'elle aurait préféré : Que j'abandonne Hexandre pour m'en sortir seule. Cependant, cela m'étais impossible. pas après l'avoir vu se battre à mes côtés, pas après avoir appris qu'il ne lui restait plus qu'un an ou deux, pas après avoir récupéré un souvenir aussi sanglant.

A ce stade là de mes pensées, je suivis Lya précautionneusement, retenant par moment ma respiration faute de mieux face à ce sang abondant. La main d'Hexandre posée sur mon épaule n'était sûrement pas là pour m'aider ! Pourtant, je serrais les dents, et forçais sur mes muscles leur réclamant ce qui me restait de force. Enfin l'escalier fut vaincu, et nous fîmes face à l'abominable spectacle crée par la salamandre. Elle nous avait sauvé avec ce brasero. Malgré l'aspect repoussant de la scène qui se présentais à nous, je ne pus que sourire. Les nerfs, sûrement. C'est alors que plusieurs bruits se firent entendre, venant du corridor de droite. Je me crispais, et me tournais vers Hexandre.

-Vers la droite, plusieurs hommes en armure, murmurais-je. Ils sont nombreux à en juger le bruit qu'ils font.

Peut être ne les entendait-elle pas. En tout cas, le cliquetis de leur armure me vrillait les tympans dans cet instant où je ne contrôlais plus rien de mon aspect vampirique. Mes sens trop développés devenaient une gène pour moi désormais. Je m'appuyais contre le mur, respirant avec difficulté, et attendant la marche à suivre.

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Hexandre se surprend à avoir une pensée altruiste en découvrant la faiblesse subite d'Obscura, malgré sa propre souffrance. Mal en point toutes les deux, si les hommes en arme qui galopent dans cette direction ne sont pas les bons… cette fois c'en sera terminé.

La salamandre veut s'appuyer contre le mur mais ne parvient qu'à glisser au sol. Le menton avachi sur la poitrine, elle tente de respirer laborieusement. Il n'y a rien à faire, juste à espérer…
Fermant les yeux, Hexandre se relâche complètement, ses muscles se détendent. L'impression de quitter son corps est-elle un signe précoce de la mort ? Elle entrevoit des lueurs chaudes et chatoyantes alors même que ses paupières sont closes. Elle ressent le martèlement sourd de bottes… la vision fugitive de cuirasses étincelantes et plus difficile à discerner, le rouge sombre de tabards…
Qu'est ce que ?! Elle sursaute subitement, le regard fixé droit devant elle. Non, il n'y a rien mais… Reprenant emprise sur ses sens, elle tourne la tête vers Obscura et articule d'une voix rendue rauque par le sang qui empâte sa langue :

- Le sceau, le sceau, se sont les bons !

Une étincelle d'excitation lui parcourt l'échine au moment où les premiers gardes tournent à l'angle et tombent sur les deux fugitives amochées. Ce sont des humains. De simples humains de garnison capable de discernement et d'adaptation. Le plus galonné d'entre eux repère alors la bague. Il se raidit, réfléchit un court instant et se rend à l'évidence ; cette créature ensanglantée n'est autre que l'Archevêchesse. Quiconque porte le sceau possède le pouvoir, ainsi sont proclamées les règles du Démon.

- Votre Eminence ! Tenez bon.

Par gestes rapides, il commande à ses hommes de venir soutenir Obscura. Les soldats rouges se précipitent. Quelques autres s'intéressent alors au cas d'Hexandre mais dans son cas ce sont des piques et non des mains qui se tendent dans sa direction.

Les hommes se déploient avec une efficacité un peu brouillonne. Certains couvrent les accès, d'autres se bousculent autour des jeunes femmes et de cet étrange animal noir. Quelqu'un appelle un guérisseur. Le capitaine reprend :

- Capitaine Fertus. Compagnie Ecarlate. A Vos ordres Votre Eminence. Est-ce elle qui vous a mis dans cet état ?

Son index ganté désigne la forme avachie de la démone affaiblie. Dans un instant d'horreur, Hexandre réalise qu'il suffit à Obscura de hocher le menton pour se débarasser d'elle. Maintenant qu'elle est entourée de ses soldats, elle n'a plus besoin d'elle... la salamandre pourrait même devenir un témoin gênant, un témoin à éliminer. Bon sang ! Hexandre est pieds et poings liés à la volonté de la vampire.

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- Votre Eminence ! Tenez bon. S'exclama une des formes que j'avais du mal à distinguer.

Des mains secourables me soutinrent alors, et je pus me laisser aller dans les bras des soldats que je savais venue pour nous sauver.

- Capitaine Fertus. Compagnie Ecarlate. A Vos ordres Votre Eminence. Est-ce elle qui vous a mis dans cet état ?

L'homme venait de se présenter, et montrer désormais Hexandre du doigt. Ma première pensée fut de répondre que non. Je ne pouvais pas faire cela à la salamandre après tout ce qu'elle avait fait pour moi ! Pour elle aussi, évidemment, mais néanmoins, elle m'avait sauvé ! Seulement, mon but premier me revint en mémoire. Je devais absolument contacter la résistance pour leur offrir mon aide, et leur rapporter des nouvelles de Kinshaï. Hexandre ne serait alors plus qu'une gène dans cette tâche, elle qui soutient Ailes Ténébreuses... Le choix était vraiment pénible, et ma tête manquait d'exploser à tout moment.

-Non, soufflais-je alors, étant sûre qu'un jour je regretterais ma fichue manie de m'attacher au personne que je croisais. Non, ce n'est pas elle.

Je me sentie partir alors, mon esprit se détachant de mon coeur dans une douce mélodie qui ne demandait qu'une seule chose : être écouter. Seulement, si je m'endormais maintenant, je ne me réveillerais que dans cent où deux cent ans ! Et cela est hors de question ! Je luttais alors contre ma fatigue, me redressais du mieux que je le pus, et dévisageais la Compagnie Ecarlate, prête à m'aider.

-Amenez-moi dans mes appartements, dis-je alors catégorique. Et préparez une salle chauffée au maximum que vous le puissiez sans une seule goutte d'eau pour mon amie. Vous lui devez beaucoup car c'est grâce à elle que je suis encore en vie !

Ma façon de m'excuser de n'avoir pas répondue par la négative immédiatement. Hexandre méritait ma place d'archevêque, seulement, j'en avait besoin pour me battre contre Ailes Ténébreuses. Je levais ma tête avec dignité, seulement mes forces me lâchèrent, et se fut un soldat qui m'évita une chute ridicule. J'espérais vivement un peu de repos !

-Ah ! Dis-je alors. Et trouvez moi un peu de sang je vous prie. Et votre meilleur alcool sera pour mon invitée.

Invitée... rien que ça. J'étais persuadée qu'une fois remise sur pied, Hexandre me ferait ma fête...

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