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 Epreuve de Yaelle

 
Epreuve de Yaelle Sand-g10Dim 28 Aoû - 18:35
http://www.terramysticarpg.com/t441-yaelle-sera
→Épreuve de confirmation : Yaelle Sera

Sujet :
Citation :
Raconte la rencontre entre Yaelle et la danseuse

Yaelle se regarda dans la glace, remit en place une mèche rebelle qui s'échappait de sa natte et se regarda dans les yeux. Encore une fête stupide. Et pire cette fois, elle avait lieu au château. La petite fille n'était pas dérangée par les beuveries de son maître, du moment qu'il y participait chez les autres, là où elle n'allait jamais. Mais cette fois, il en organisait une dans sa propre demeure, ce qui l'obligeait à y aller. Son instructeur l'avait prévenue le jour même, en plein milieu d'un enchainement.

- Ce soir ton maître reçoit des invités. Il organise un grand banquet. Nous en profiteront pour étudier un peu: tu devras rester à mes côtés et apprendre. C'est une bonne occasion pour toi, tu devrais te réjouir.-

Se réjouir... pfff ! Pourquoi se réjouirait-elle de voir tous ces nobles boire et s'empiffrer, discuter de choses aussi futiles que bêtes et l'ignorer complètement voir pire, la mépriser ? Elle ne voulait pas apprendre. Elle ne voulait pas protéger cet homme abominable pour le restant de son interminable existence ! Elle ne pouvait que compter les jours qui passaient et subir en silence. Mais parfois, c'était pire que d'autres jours, un peu comme la soirée à venir. L'enfant fit la moue à son reflet. Cerise sur le gâteau, elle ne pourrait pas aller se coucher avant que tout le monde ne soit partie, soit avant le lever du soleil au moins ! Quelle merveilleuse nuit en perspective ! Elle perdit le file de ses grognonneries quand on vint frapper à sa porte avec brutalité. La voix rocailleuse de son instructeur lui parvint à travers le panneau de bois.

- Aller, c'est l'heure ! Dépêches toi ! -

La petite soupira bruyamment, se leva et sortit rejoindre le grand homme sec comme un coup de trique qui répondait au nom de Stix et qui, accessoirement, faisait son instruction. Au moins il avait frappé à la porte, ce qui n'était pas le cas de tout le monde. Pour l'occasion Yaelle avait revêtu un ensemble bleu nuit agrémenté d'une étoffe violette nouée à sa taille et rappelant la couleur de ses cheveux. Les invités allaient adorer faire des commentaires sur ses yeux et ses cheveux, elle le sentait...
Arrivé dans la grande salle de réception par une porte dérobée, l'enfant et le tuteur rejoignirent leur place à la gauche du maître, en retrait. Discret et silencieux, ils n'avaient plus qu'à attendre et à être vigilants. La petite sentait déjà un bâillement monter. Les invités commencèrent à arriver quelques minutes plus tard. Grandes tenues, maquillage outranciers, rires forcés et manières exagérées, Yaelle ne savait pas s'il fallait avoir pitié, se moquer ou se désespérer. Une heure après, tout le monde s'était fait annoncé, avait salué et s'était éparpillé selon ses préférences de compagnie. L'instructeur commença sa leçon particulière. Il fallait interpréter les rires, les oeillades, les positions des groupes, leurs gestes, détailler rapidement les habits et déterminer les éventuelles cachettes pour les armes, veiller à ce que personne ne soit étrangement à l'écart avec l'air d'attendre quelque chose, etc... La petite faisait des efforts pour satisfaire son tuteur mais n'en avait vraiment rien à faire. A quoi bon ? Elle ne pouvait que souhaiter la mort de son maître après tout alors pourquoi se fatiguer ? Leur petit jeu de question réponse dura un long moment jusqu'à ce que l'homme se fatigue ou s'agace des réponses évasives ou imprécises de son élève. Il ne pouvait pas se fâcher devant tout le monde alors il préférait se concentrer sur sa tâche. Yaelle n'avait plus qu'à attendre dans son coin. Et même pas le droit de toucher à la nourriture ! Elle se demandait parfois quelle étoile pouvait être assez mauvaise pour lui faire subir tout ça.

Finalement, vint le moment de passer à table. Chacun prit place à l'immense U couvert d'une nappe blanche elle même recouverte par des mets tous plus délicats les uns que les autres. Le bruit diminua et les portes du fond s'ouvrirent. Une troupe de musicien entra alors au petit trot, suivit d'un groupe de danseurs. La musique s'éleva immédiatement, claire et hypnotique. Les danseurs se mirent en mouvement. Certains étaient par paire, d'autre avaient des tambourins, d'autres encore des voiles ou des rubans. Ils dansaient tous très bien mais l'une des danseuses attirait beaucoup plus l'attention. Elle était au centre et dégageait tant de grâce, tant de légèreté que la petite ne pouvait détacher son regard. Elle avait pourtant bien remarqué le collier autour du coup gracile de la jeune femme et qui étaient relié à une chaîne en argent. Esclave, sans doute possible. Yaelle était émerveillée par la performance. La danseuse devait être employée à des tâches fatigantes et ingrates mais elle était si légère et si habile... Comment pouvait-elle trouver ce courage ? D'où lui venait cette force ? Elle n'avait pas le regard éteint comme tous les autres que la petite fille avait déjà vu. Elle ne voyait ni défaite, ni lassitude, ni abandon dans ses prunelles. Mais elle n'arrivait pas à mettre un nom sur cette lueur qu'elle voyait pourtant briller dans ses grands yeux.
Quand la musique cessa, Yaelle était décidée: elle devait parler à cette inconnue, lui demander quel était son secret. La troupe disparut pour laisser place à une autre. L'enfant se trouvait un peu en retrait de son maître et de son instructeur. Heureusement, tout deux semblaient captivés par la suite des réjouissances ainsi que tous les convives. La gamine fit un pas en arrière, puis un autre et finit par rejoindre le fond de la salle sans un bruit. Discrètement, elle se faufila à l'extérieure de la salle.

Une fois dehors, elle rejoignit le groupe de caravanes bigarrées qui formait un cercle autour d'un feu. Elle ne tarda pas à trouver la jeune femme, à l'entrée d'une roulotte. Elle portait une robe sale et pauvre qui n'avait rien à voir avec la tenue scintillante juste avant. La petite fille s'avança, le sourire aux lèvres. Pour commencer, la danseuse ne la vit pas mais une fois approchée du halo doré des flammes, elle perçut la frêle silhouette de l'enfant. Intriguée mais avenante, elle lui sourit gentiment en l'invitant à s'approcher. Yaelle, touchée par cette sollicitude, la rejoignit au petit trot. La jeune femme était belle avec ses longs cheveux bruns ondulés et ses grands yeux pétillants. Elle semblait à la fois calme et pleine d'énergie. Elle semblait étonnée de la présence d'un enfant dans les environs mais contente d'avoir de la compagnie. Elle rompit le silence la première:


- Que fais-tu ici ? Tu ne devrais pas être à l'intérieur ? -

- Je pense que je devrais. Mais je devais vous parler avant. -

- A moi ? Pourquoi donc ? Je ne suis qu'une danseuse... -

- Vous êtes esclave, tout comme moi. Mais de tous les esclaves que j'ai pu rencontrer, vous êtes la seule à avoir l'air...vivante. -

La jeune femme eu un temps d'arrêt, visiblement stupéfaite puis partie d'un grand éclat de rire. Elle ne s'attendait visiblement pas à ce qu'on la qualifie de vivante ce soir, et encore moins que ça soit une petite fille qui le lui fasse remarquer. Le rire passé, elle invita la petite à s'assoir avec elle sur les marches d'une des roulottes. Elle sortit une couverture et l'enroula autour d'elle ainsi que de l'enfant. Instinctivement, Yaelle se blottit contre la jeune femme. La présence rassurante d'une mère lui manquait.

- Qu'est-ce que tu entends par vivante ? Tu es en vie toi aussi. -

- Oui...et non. Je laisse passer le temps. Je serai toujours l'esclave de mon maître, je n'ai qu'à attendre la mort. -

- Et tu te trompe. Tu as toute une vie devant toi, n'abandonne pas maintenant ! La différence entre moi et un esclave courant, c'est que moi j'ai un rêve: la liberté. Et je refuse de l'abandonner. -

- Mais tu es prisonnière. Et sous surveillance. -

- Pas tout le temps. J'ai de la chance, je suis très utile en temps que danseuse et pour ne pas m'abîmer, le maître ne me frappe pas. Sinon je serai déjà morte. Je tente une évasion tous les trois jours environs, le temps de trouver une nouvelle idée. Et jamais je n'arrêterai tant que je ne serais pas libre. -

- Tu penses vraiment qu'on peut être libre ? -

- Nous en avons autant le droit que d'autre. Peut-être même plus. -

- Mais... Comment ? On est chevillé à des hommes qui ne nous voient même pas comme des êtres intelligents. -

- Contre notre volonté. Les esclaves n'ont pas toujours existé. Il ne faut pas simplement accepter. Quand je danse, c'est ce que je dis: jamais je ne courberais le dos en attendant ma mort. Je continuerai de me battre jusqu'à ce que je sois libre ou jusqu'à ma mort. Mais je ne resterai pas passive. -

La gamine resta silencieuse. Elle laissait les paroles faire leur effet. C'était comme une bouffée d'air frais dans une pièce sombre et fermée depuis trop longtemps. Tout à coup, elle y voyait plus clair, elle avait une nouvelle perspective. Après tout, elle allait vivre bien plus longtemps que le seigneur. Alors d'unne façon ou d'une autre, elle finirait par se débarrasser de lui avant qu'il n'ai put se débarrasser d'elle. Cette inconnue avait raison: il ne fallait pas abandonner. Pourtant, jamais ses parents ne lui avait parlé de la sorte. Ils ne préconisaient que l'obéissance et la soumission pour éviter les problèmes. Mais à bien y réfléchir, Yaelle se souvenait avoir vu comme une lueur de rébellion dans les yeux de ses parents quand ils étaient trop mal traités. Jamais ils n'avaient rien fait contre le maître mais certains regards et certains silence prenait désormais tout leur sens. Un sourire éblouissant illumina le visage de la petite Yogaï. Elle sentait comme si on venait de la compléter. Elle était maintenant complètement elle même et avait un nouvel objectif: se libérer de son esclavage. Si une humaine en avait la force et le courage, elle qui était capable de bien plus elle pouvait le faire. Elle pleurait chaque soir en pensant à toutes ces années à venir, toutes les mêmes, toutes grises et mornes. Mais plus maintenant. Désormais, elle allait serrer les dents et attendre son heure. Attendre qu'une ouverture se fasse pour s'y engouffrer et se défaire une bonne fois pour toute de ces chaines.
Yaelle tourna son regard pair vers la jeune femme. Elle lui devait beaucoup sans qu'elle s'en soit rendu compte.


- Merci beaucoup. Je sais où je vais aller maintenant ! -

- Si ça a put t'éclairer alors tant mieux. -

La petite se leva, salua respectueusement et repartit au petit trop après lui avoir souhaiter bonne chance et au revoir d'un signe de la main. Elle se sentait légère et pleine d'énergie. Elle aussi elle allait espérer. Elle partagerait le même rêve et ne s'en laisserait pas dépouiller de si tôt.
Discrètement, elle retourna dans la grande salle. Les invités parlaient fort et riaient devant le numéro qu'on leur servait. Beaucoup avaient le visage déjà rougeaud, signe qu'ils avaient un peu forcé sur l'alcool. Avec toute cette agitation, l'apprentie espérait passer inaperçu. Mais une fois de retour à sa place, Stix se retourna vivement et lui lança un regard terrible. Il avait du la chercher un moment mais étant dans l'impossibilité de bouger, il avait dut attendre. Et si quelque chose insupportait cet homme, c'était l'attente. Encore plus quand ça concernait son élève. Il lui lança sèchement à la figue:


- Nous en reparleront quand ils n'y aura plus personne. Reprend ta place. -

Yaelle savait qu'elle allait en baver dans les prochains jours et que ça barderait pour elle dès qu'il n'y aurait plus personne pour les voir. Mais cette fois, plutôt que de s'apitoyer, elle resta de marbre. Il le lui fera pas courber l'échine.
Plus personne ne le ferai.

Cendre

Cendre


Yogaï

Partie IRL
Crédit avatar : Orpheelin [Avec autorisation]
Double compte : Cathane - ...
Vitesse de réponse : Moyenne


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