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 Comme des hommes, vous serez vaillants et forts. [ÉPREUVE]

 
Comme des hommes, vous serez vaillants et forts. [ÉPREUVE] Sand-g10Dim 5 Jan - 19:57
Citation :
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Épreuve d'Éliane


« Aller ! On ne va pas abandonner maintenant ! Pas alors qu’on y est presque ! » Le vent venant leur frapper la figure sans aucune délicatesse, Éliane était la seule encore debout sur ses deux jambes, les sourcils froncés et son expression montrant toute sa détermination à percer les lignes adverses. Depuis un an, Éliane était général de division. Elle était montée jusque là en montrant à quel point tout ceci lui tenait à cœur, elle avait montré à ses supérieurs ce dont elle était capable, elle leur avait montré ses capacités, ses aptitudes, ses talents. Et elle avait réussit. Jusqu’ici, elle avait toujours fait un général de division hors-paire qui savait motiver ses hommes en hurlant que rien n’était perdu, que s’ils n’étaient pas à terre et amochés au point de ne plus pouvoir se relever, ils devaient continuer de se battre jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus. Et elle disait, sans cesse, « Ce n’est pas pour vous, ni pour moi ! Ni même pour le Maréchal que vous ne voulez pas décevoir. C’est pour Selian, pour votre ville, pour votre pays… Vos amis, votre famille, votre honneur. Pensez-y avant de déclarer tout laisser tomber parce que ça n’en vaut plus la peine. En abandonnant, vous abandonnez votre patrie, vous abandonnez le monde. » Et alors, tous se relevaient, prêts à combattre à nouveau… Et Éliane était fière de ses hommes. Mais ce jour là, ses paroles n’atteignaient plus les esprits, pas même les cœurs… « Êtes-vous des chiffes moles ?! Pourquoi s’être engagé dans l’armée des Glaces si c’est pour s’assoir le cul dans la neige ?! Nous ne sommes pas en train de faire une randonnée ou de l’alpinisme, nous sommes là pour nous battre ! » Voilà. Éliane était hors d’elle-même… Sa rage sortait et elle venait assommer ses hommes plutôt que l’ennemi. Seuls les généraux de brigade, puisqu’une division est formée de brigades et les brigades de régiments, s’étaient levés pour se poster à ses côtés, histoire de calmer leur supérieure. Puis le général du corps d’armée et celui de l’armée étaient venus. « Laissez vos hommes se reposer un moment. Nos deux camps ont besoin de faire une pause. C’est tout pour ce soir. » Son supérieur avait posé une main amicale sur l’épaule de la jeune femme, un sourire qui se voulait compatissant sur les lèvres. Et Éliane capitula, la victoire n’était pas pour ce soir.

Le lendemain fut une autre histoire, un jour éprouvant pour Éliane mais aussi pour toute l’armée. Les ordres du général en passant par ceux du général de corps d’armée fusaient… L’ennemi se faisait plus proche à chaque seconde. Mais Éliane gardait toute sa férocité et sa détermination, même si certains de ses hommes trouvaient la mort… Elle avait abandonné son arc et ses flèches pour continuer avec son labrys. C’était là une arme imposante qu’Éliane affectionnait tout particulièrement.
Elle prenait des coups, certains dans la mâchoire, d’autre dans l’abdomen, puis quelques uns à la tête qui la sonnèrent durant un moment. Mais elle ne lâchait rien, elle regardait de temps à autre comment s’en sortaient ses hommes, si ses supérieurs allaient bien… Quoiqu’ils fussent bien plus expérimentés qu’elle au niveau du combat, elle ne pouvait pas s’empêcher de jeter un coup d’œil en direction de ses camarades d’arme. C’était ainsi… Elle aimait savoir que tout allait encore à peu près bien… Puis tout se bouscula d’un coup. Éliane reçu un coup lourd et massif sur son épaule gauche, épaule qui l’avait toujours faite souffrir, épaule qui était son point faible. Dans un cri de douleur qu’elle n’étouffa même pas, elle laissa tomber son arme à terre, faisant de même juste après. Une main dans la neige gelée, l’autre tenant son épaule qui semblait bien déboîtée, Éliane tentait du mieux qu’elle pouvait de reprendre son souffle et de faire abstraction de la douleur. Mais elle n’y arrivait pas, c’était peine perdue. Devant le nombre d’hommes qui combattaient, Éliane, qui était agenouillée dans la neige, fut terrassée. Le regard dans le vague, presque inconsciente, elle avait l’impression que tout ralentissait autour d’elle. Puis au moment ou ses esprits lui revinrent à peu près, l’un des soldats de l’armée ennemie tenta d’abattre sa masse d’arme sur elle. Comme lorsqu’elle était enfant. Mais si cette fois-ci le soldat ne fit pas demi-tour, elle ne prit pas le coup pour autant. Le général de l’armée venait de se jeter sur elle, prenant le coup en pleine tête. « Mon général ! », s’écria alors la jeune femme. Elle se pressa de se relever, titubant un cours instant, et attrapa son supérieur pour le soulever. Elle se faufila comme elle le pouvait parmi les combattants, se servant de l’épée de son général contre les soldats, d’une façon médiocre à cause de son épaule, et se dirigea jusqu’à l’endroit où se trouvait les guérisseurs de l’armée afin de leur confier le général. Un des guérisseurs l’attrapa par le poignet, lui disant qu’elle ne pourrait pas faire grand-chose avec une épaule comme ça, mais Éliane ne voulut rien entendre et se défit de sa poigne, retournant combattre du mieux qu’elle pouvait avec son autre main.
Les soldats commençaient à se fatiguer, et surtout à se sentir abandonner alors que le général n’était plus présent à leurs côtés. Et Éliane le ressentit fortement, ressentir la même chose que les autres lui arrivait rarement en plus… Alors elle se sentit obligée de remonter le moral des troupes tout en donnant des coups d’épée à droite à gauche de sa main valide. « Écoutez… Le général va bien… Il est entre de bonnes… Mains ! Il ne faut pas vous laisser abattre, ce n’est pas parce qu’il n’est plus… là, que vous ne pouvez plus vous battre ! Il faut continuer, vous le rendrez fier d’avoir des hommes aussi forts dans ses rangs ! Pensez-y ! » Sur ce, elle continua de mettre la misère à tous ceux qui tentaient de la tuer farouchement, non sans se prendre de bonnes claques. Mais c’était le risque du métier, dirons-nous.

oOo

La bataille était terminée, les hommes rentraient à Selian. Non, ils n’étaient pas revenus des plaines glaciales avec « victoire » de marqué sur le front… Mais pour une fois, Éliane ne semblait pas en être affectée. Au contraire. Elle marchait fièrement aux côtés de ses supérieurs, souriant à son général qui, dans la bataille, avait sûrement été l’un des pires blessés. Il a été communiqué qu’il ne pourrait pas reprendre du service, à cause de sa blessure. Ainsi sa carrière s’arrêtait là… C’était le général du corps d’armée qui devait normalement prendre sa place, mais il en fut tout autrement. Avec le commun accord de l’ancien général, du général du corps d’armée, du général de brigade et du Maréchal des Glaces, Éliane fut nommée en tant que nouvelle générale. « Vous avez su faire preuve de sang froid alors que notre général était presque mort, vous avez su motiver les hommes, ainsi que moi-même, alors que bous étions perdus, de même que vous j’imagine, pour continuer la bataille. Vous avez fait preuve d’un grand courage, général Delwiss. » Éliane était récompensée de la plus belle des façons… Bien sûr, ce nouveau poste allait avec son lot de responsabilités, mais Éliane n’en avait jamais eu peur. Ce nouveau poste était une fierté, et allait tout faire pour ne pas décevoir ceux qui avaient décidé de la monter jusqu’ici.

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