Elle posa sa malle sur le sol et le bruit fut délicatement amorti par une épaisse couche de neige. Tout juste arrivée au port de Cardrak, à Saline, sur le continent des Glaces. Je sens que l'ambiance va être... glaciale, songea-t-elle, un brin humoristique, en constatant les regards peu amènes des habitants.

Depuis quelques temps déjà, Nashley entretenait l'idée d'un voyage au pays des Glaces. J'avais tellement hâte de faire des bonhommes de neige, railla-t-elle intérieurement. Non, en réalité, c'était l'appel du grand air frais qui l'avait poussée à venir ici ; l'ambiance claustrophobe d'une maison, ou bien même l'idée de se cantonner à un seul territoire révoltait son esprit libre et indépendant. Elle avait besoin d'espace, de choses à découvrir. Tenez par exemple, quels genre de bijoux portait-t-on par ici ? Y en avait-il seulement ? Aussi, c'était l'occasion de vérifier les rumeurs à propos des barbares du continent polaire : des brutes sauvages aux traditions rustiques, disait-on. L'équipage de la traversée lui en avait donné une petite idée.  Oh je suis sure que c'est de la guimauve à l'intérieur. De la guimauve dans un emballage de glace.

Nashley savourait le contact de ses bottines sur la neige et regarda son souffle dessiner des arabesques dans l'air. Le vent n'était pas amical et avait tendance à s'insinuer vicieusement sous les épaisses couches de vêtements. Et c'était sans compter sur la pluie glaciale et le brouillard qui rendaient le lieux si "charmant". Elle raffermit la prise de son chapeau haut de forme sur sa tête et se recouvrit les oreilles avec les cheveux. Manteau molletonné clair par dessus son habituel veston, écharpe en laine, un pantalon moulant assez épais, trois paires de chaussettes à chaque pied et des gants noirs : elle était parée pour cette petite expédition.
L'illusionniste reprit sa malle et entama la recherche d'une taverne. Un bon vin chaud, rien de mieux pour réchauffer les doigts et les cœurs. D'autres devraient en faire de même, au passage, estima-t-elle, en renvoyant aux habitants leurs expressions mauvaises. Elle n'était pas d'humeur excessivement enjouée et ses doigts engourdis la contrariaient un peu : elle pourrait difficilement manier ses cartes. Elle procéda à quelques flexions de doigts, histoire de réactiver la circulation sanguine.

Alors qu'elle découvrait les lieux - une forteresse imposante qui lui donnait l'impression d'emmurer les habitants à la manière d'une prison, chaleureux, n'est-ce pas ? -  une taverne fit son apparition, au détour d'un croisement. Nashley entra puis secoua ses bottines pour en faire tomber la neige. Toutes les conversations s'arrêtèrent et tous les yeux se tournèrent dans sa direction. Ça doit être le chapeau, railla-t-elle. Sans paraitre impressionnée plus que ça, elle referma la porte dans un bruit sourd, sans présenter son dos aux clients. Elle s'engagea d'une démarche assurée entre les tables, ôtant ses gants tout en ne quittant pas du regard l'assistance. On la détailla de haut en bas, on lui afficha des mines sévères, quelqu'un sortit même une monstruosité bien tranchante. Qu'importe, elle aimait être au centre de l'attention. Et peu importe à qui cette attention appartenait.
- Salutations, salua-t-elle avec un signe de tête  en se dirigeant vers une table, isolée, au fond de la pièce.
L'air sentait la cuisine bien calorique - n'était-ce pas un ours en train de rôtir à la braise ? - et l'alcool fort. La taverne ne respirait pas le propre avec ses murs plein de tâches d'huile, mais au moins faisait-il une température bien plus supportable. Ses extrémités commençaient déjà à se réchauffer. Alors qu'elle allait s'approcher de la table, un gaillard d'au moins deux mètres, bâti comme un bœuf lui barra la route.
- C'est complet, gronda-t-il.
Nashley se mordit la lèvre inférieure puis, en se tournant vers le tavernier :
- Un vin chaud, s'il vous plait.
Elle leva la tête pour affronter la brute bien dans les yeux :
- On va se la faire à pile ou face, tu veux ?

Elena en avait assez souper pour la journée de la discipline de ses troupes, et n'avait qu'une seule envie, c'était de descendre se retrouver seule dans un bauge avec ses soldats autour d'elle, mes ses soldats au repos, en hors services, des hommes et des femmes comme tout les autres qui la laissez tranquille, elle choisit l'auberge la plus loin de ses quartiers, pensant avec nostalgie a Ruby, s'immaginant les contours de son corps et ses formes dans la tourmente se dégageant de son chemin, qu'elle était bien dans sa nouvelle peau, vétu seulement d'une chemise et d'une jupe, avec des bottes, elle avançait tranquillement, bien sur elle ne risquait rien, elle était la Générale de Saline, et sa tenue, plus que son visage le rapeller aux gens.

Finalement elle arriva dans l'auberge et ouvrit la porte, causant immédiatement un silence quasi religieux dans la salle, elle prit le soin de bien refermés la porte et se tourna face a la salle, saluant ses soldats d'un petit hochement de tête et sourit en s'avançant vers le comptoir, elle bouscula au passage le colosse en face d'une femme qu'elle n'avait jamais vu.

- Reste calme la Montagne, ne cherche pas les ennuis, je n'ai pas envie de te ramener au trou pour trouble a l'ordre public. Et j'ai finit ma journée, alors sois tu retourne tranquillement t'asseoir et tu laisse la dame tranquille, sois on va régler sa dehors, a coup de poing. Et je suis pas sure que tu n'en sorte entier.

L'homme retourna s'asseoir tranquillement, plus impressionné par les soldats qui l'avait regardé que par l'harangue de la générale, mais ca, c'était des choses qu'on ne montrait pas, Elena était quelqu'un de juste, mais pouvait pourrir la vie de certaines personne si elles lui avaient déplus, c'était arriver a un soldat qui avait tenté de violé une femme, il s'était retrouvé nu dans la toundra, couvert d'eau, il avait mis 4 jours a mourir.

S'adossant calmement au comptoir Elena commanda un jus de pomme, tout en couvant la salle du regard, les discutions avaient reprit, elle aperçut la jeune nouvelle sur un coté de salle et décida de la rejoindre, s'asseyant lentement elle prit la parole.

- Bonjour, bienvenue dans les Glaces !

Nashley sut immédiatement que quelqu'un d'important venait d'entrer. Dos à la porte, elle ne le voyait pas mais le silence religieux des badauds en disait long. Alors que l'illusionniste se tournait pour mettre le nouveau venu en visu, elle afficha une certaine surprise. C'était une femme qui faisait trembler toutes ces montagnes ? Sacrée leçon pour ces machos, ricana-t-elle intérieurement. Alors qu'elle passait devant la brute qui lui avait barré la route et qui venait de se faire rabrouer par la femme, elle lui lança un petit sourire mauvais en montrant des dents. Déposant sa malle sur un des tabourets d'à côtés, elle enleva son manteau puis se débarrassa de ses gants : ainsi installée, elle prit ses aises détaillant la nouvelle venue. Et celle-ci ne tarda pas à la rejoindre, un verre de jus à la main. Le tavernier apporta la boisson de la prestidigitatrice alors que la grande femme blonde prenait place, le port altier, comme s'il s'agissait d'un trône et non d'une simple chaise en bois. Nashley était la seule à porter autant de couches de vêtements sur elle et rien qu'à regarder la tenue légère - à peine un bout de tissu pour se couvrir les jambes et les bottes étaient plus esthétiques que véritablement protectrices - de la femme, elle en frissonnait. Bon Dieu qu'il faisait froid dehors ! Mais cette froideur venait également de la nouvelle venue qui, à tout bien considérer était en fait celle qui était parfaitement à sa place ; c'est l'illusionniste qui était l'étrangère, perdue aux confins des Glaces. Cette femme dégageait une impression de puissance souveraine et un souffle glacial semblait constamment l'envelopper, à la manière d'un manteau. Son œil bleu unique - l'autre n'était pas visible derrière le cache - regardait la prestidigitatrice sans siller. Peut être était-elle une personnalité importante et respectée dans le coin quoiqu'il en soit, l'illusionniste lui renvoya son regard, affichant sa nonchalance habituelle.

- Vous avez l'œil, répondit Nashley en portant la main droite à son chapeau qu'elle avait encore vissé sur sa tête, en un petit salut. Comment avez-vous deviné que c'était la première fois que je me rendais dans les Glaces ?
Elle sourit à sa plaisanterie : comme si ses vêtements et son allure ne la trahissaient pas. Les doigts refermés autour de la tasse de vin chaud et agréablement engourdis par la chaleur, elle croisa les jambes et jaugea sa comparse. Puis, se penchant un peu en avant à la manière de quelqu'un qui ose partager les ragots du coin, elle demanda d'une voix douce :
- Alors, quel est votre secret pour vous faire obéir comme ça (elle claqua des doigts) par des montagnes comme celle-là ?

Comment faisait-elle pour se faire obéir comme ça? D'un simple claquement de doigt? Mais c'était très simple, il suffisait de s’élever a un rang auxquels on dominait les autres, a savoir, pour Elena, Générale de Saline. Voila comment cela fonctionnait.

Elle sourit de ses dents parfaitement blanche a la femme en face d'elle, c'était dingue comme elle reperait les nouvelles têtes dans ce monde, elle avait quasiment oublier ce que ça faisait d'avoir froid... Ce n'était pas agréable, elle le savait. Elle ôta brièvement son cache oeil et planta ses deux yeux entièrement bleu dans ceux gris-vert de la femme.

- Comment j'ai dévinée, hum laissez moi deviner... Votre air perdu? Votre manière de vous accrochez a ce verre en quête de la moindre chaleur? Vos épaisseurs de vêtement, votre, flegme devant les personnes comme La Montagne... Puis vous souhaitez savoir comment je fais pour me faire respectez par des hommes comme ça? Mais c'est très simple, je suis...

- Générale! Quand est ce qu'on va toucher notre solde?

- ... Générale.

Elle se tourna versl'homme et le dévisagea, c'était un jeune homme d'allure plutot fière, il portait une petite moustache estétique, et son uniforme comme si c'était une tenue de soirée.

- Quand tu auras enfin comprit que protéger la ville est plus important que d'allez voir les femmes qui vendent leurs corps pour une solde de militaire... Tu sais... Tient d'ailleurs, vous devez pas être en garde aux niveaux des docks?

Les soldats se levèrent en grognant doucement, suivit de prêt par l'homme qui s'était fait remarquer. Elena reporta alors son regard sur l'étrangère et sourit.

- Veuillez me pardonnez Mademoiselle, comment vous appelez vous d'ailleurs?

Elle la détaillée du coin de l’œil, la comparant a certaines affiches qu'ils avaient dans la caserne, ceux représentant certains membres important du démon, l'envahisseur, le monstre immonde qui essayer de dominer un monde qui n'était pas le sien. Il y a avait des magies qui pourrait permettre de le détruire, le réduire a néant, faire de lui un tas de cendre, une page raillé de l'histoire.

Finalement elle se détendit un peu sur sa chaise, n'arrivant a l'assimilée a aucune des têtes connues travaillant pour le démon.

-Et que faites vous dans la vie?

Générale, rien que ça. Le titre paraissait noble et assez élevé dans la hiérarchie (elle ne s'y connaissait pas vraiment en jargon militaire). En tout cas, il semblait imposer le respect. Nashley avait donc vu juste un peu plus tôt : cette femme était faite pour commander et on ne pouvait pas dire que le rôle ne lui seyait pas, pas avec l'autorité naturelle qui émanait d'elle. L'illusionniste jeta un coup d'œil en direction des clients : les soldats qui avaient fini leur journée de travail parlaient entre eux sans accorder plus d'attention que cela aux deux femmes. Un brouhaha de voix bourrues et de rires rocailleux avait peu à peu comblé le silence respectueux causé par l'entrée de la Générale et la taverne eut tôt fait de regagner une ambiance conviviale, bien qu'un peu ... rustique. A chaque lieu sa faune locale, j'imagine, ironisa-t-elle en observant les tables de jeu improvisées où des cartes rouges fusaient en direction des joueurs. A quel genre de jeu jouait-on par ici ? Mais ce qui l'intrigua le plus, c'était la taille des cartes, au moins deux fois celle habituelle. Un coup d'œil en direction des mains des hommes et elle eut la réponse. Qu'importe la carte, pourvu qu'on ait l'adresse.
La température avait grimpé et Nashley déroula l'écharpe en laine qu'elle portait encore autour du cou avant de reporter son regard sur son interlocutrice.
- Premier jour dans les Glaces et je rencontre déjà du beau monde. On dirait que c'est mon jour de chance, plaisanta-t-elle.
Elle prit une gorgée de vin chaud avant de s'adosser à sa chaise, la posture désinvolte mais le regard attentif.
- Ce que je fais dans la vie ? reprit-elle, la mine pensive. Je suis magicienne. Elle balaya l'air d'un geste distrait de la main, un sourire en coin aux lèvres : Non, je vous vois venir avec vos grands sabots : pas une ensorceleuse. Moi, je touche plutôt aux cartes.
Elle jaugea sa comparse en lui adressant un petit sourire. Elle ne lui donna pas son nom, jugeant que c'était un peu trop tôt pour ce genre de chose et aussi parce qu'elle attendait toujours que son interlocuteur se présente avant elle. Sorte de petit jeu   personnel.
- Et vous ?