Iriel glissait discrètement dans les rues de Sen'tsura. Discrétion relative au couleur quelle portait : des habits blancs et vaporeux. Mais au milieu de tous les êtres divers et étranges qui traversaient les rues, elles avaient l'impression agréable de se fondre dans la masse. Pourtant, il y avait une ambiance malsaine qui alourdissait l'air. Pas de la même manière que l'ile de Sen'Rin, bien sûr. Elle était unique. Non, l'endroit où elle se trouvait donnait l'impression d'avoir été délaissé par la richesse et par la bonne société, seulement visible au loin à travers les grandes tours aux couleurs vives et à l'architecture travaillée. Les pavés se chevauchaient, dérangés par les turbulences des passages. Les murs des maisons paraissaient vieux, usés, et tout comme le sol, ils laissaient supposés que du sang s'y rependait régulièrement.
Cette remarque lui fit afficher un sourire crispé : plus les éléments néfastes de la vie s'entre-tuaient, moins elle en aurait à détruire. Jouissif. Elle se demanda néanmoins si la dernière créature qui survivrait à ces tueries ne lui serait pas néfaste. Effrayant. Son visage se décomposa. Il fallait qu'elle trouve des armes, rapidement. Elle se devait d'équilibrer les forces qui s'opposait afin que leur destruction soit la plus propre possible. Sans bavures, sans le moindre survivant.

Le désir d'un monde calme et sans crainte était son objectif unique, ce qui faisait battre son cœur. Si elle en avait un. Alors qu'elle longeait les murs à droite de la rue, elle buta et posa sa main sur sa poitrine dans le doute, mais elle était bien animé par les battements réguliers de son palpitant. Ce qui était plutôt rassurant, d'une certaine manière. Tout ce qui venait d'elle était rassurant. Uniquement ce qui était à l'extérieur devait être détruit. Elle jeta un regard craintif autour d'elle. L'élémentaire resta immobile le temps de remettre sa psychologie en place. Les milliers d'années de transe perturbait encore quelques fois l'ordre de ses idées et elle était parfois confronter à des «bugs».

C'est alors que ses oreilles perçurent le bruit régulier du marteau qui rencontre le métal. Un regard à sa gauche lui révéla qu'un forgeron s'acharnait sur son travail. Elle l'observa un moment à travers la large porte de son établis et il lui sembla qu'il la regardait également l'espace d'un instant, mais c'était impossible de deviner où il portait son attention : ses yeux rougeoyants dépourvus de pupille se contentaient seulement de briller. Ne pas pouvoir avoir cette information lui donna des frissons et sa forme ondula dans le désir de disparaître. Elle aurait peut être dut découvrir la ville durant la nuit. Sa forme d'élémental était bien plus discrète dans l'obscurité. Son objectif lui revint néanmoins en tête. Elle devait ré apprendre à vivre en société, si elle voulait avoir une couverture et ne pas attirer l'attention de tous les démons qu'elle soupçonnait de surveiller la ville.

C'est non sans appréhension qu'elle glissa alors jusqu'à l'entrée, les yeux toujours fixé, mal à l'aise, sur ceux de l'élémental de feu qui travaillait. Elle s'accrocha à l'encadrement de la porte comme si elle avait peur de se faire happer par le bâtiment et arriva enfin à décrocher son regard craintif du sien pour observer le reste de la pièce. Ils furent instinctivement attirés par les katanas accrochés au mur de ce qui ressemblait à une armurerie.
Iriel n'avait pas pensé à regarder l'enseigne probablement accrochée à l'extérieur, envahie par les milles questions qui s'imposaient à elle à propos de toutes les conventions sociales dont elle s'était passé depuis longtemps : le brouillard ne parle pas. Ça tout le monde le savait, personne ne s'en plaignait, mais c'était presque un problème pour elle.

La fille resta encore un moment sans bouger, sans savoir quoi faire, puis elle s'approcha de quelques pas du feu avant de s'essayer à des politesses calculées, d'une petite voix qui trahissait l'inhabitude à prononcer des mots :
-Bonjour. Votre aisance à manier le métal est remarquable. Je ne peux qu'être plus fière de notre race, bien que mon élément soit bien différent du votre.
Son visage de marbre afficha un sourire gêné lorsqu'elle se souvint que les expressions devaient accompagner les paroles. Elle chercha ensuite sans plus tarder un moyen d'aborder le sujet des armes dont elle avait besoin.
-Quelles armes êtes vous capable de forger ?

Il l'accueillit avec joie.
-Tout ce qui est visible dans mon... établis. J'ai tout forgé, et si vous comptez acheter des choses dites le. Vous pouvez aussi commander une arme qui vous ressemble et qui aura le nom que vous lui donnerez. Pour faire bref, vous êtes... euh... mince c'est quoi le mot déjà... bin... non... ben... non plus... bienve... oui, vous êtes la bienvenue dans cette armurerie. Je suis Wode, le forgeron.
Iriel sourit, mais naturellement cette fois. L'élémentaire de feu avait l'air ravit de sa présence et se fut pour elle une victoire personnelle : elle avait réussit avec succès son premier échange de politesses depuis bien longtemps. Elle ne put néanmoins s'empêcher de jeter un coup d’œil méfiant derrière elle. Qui diable avait imposé la règle de parler en face de son interlocuteur ?! Être obligée de se placer dos à la porte pour lui parler lui était vraiment désagréable. N'importe qui pouvait venir la poignarder dans le dos et ça la rendit mal-à-l'aise. L'envie de fermer la porte la démangeait, mais elle se dit que ce serait peut-être malvenue et "vraiment bizarre". Comme disaient souvent les humains. Elle prit alors sur elle et se contenta de tordre nerveusement ses manches qui descendaient bien au-delà de ses mains.
Enfin, elle se concentra sur les paroles du forgeron qui avait prit un air gêné. Il fallait absolument que cet échange soit parfait, elle ne pouvait pas laisser la gêne interférer dans ses requêtes.
- Je suis désolée si le moment n'est pas des plus opportun pour venir faire des achats, Wode le forgerons. Un titre dont vous semblez être fière ? Je suis certaine que vous avez de quoi l'être, en tout cas.
Elle se rendit compte que leur façon de parler était totalement différente. Elle avait déjà eu l'occasion d'entendre des moqueries sur le langage de la noblesse, celle qu'elle avait trouvé bon d'apprendre. "Ringard", la qualifiait-il. Ce n'était vraiment l'impression qu'elle voulait donner à cet individu qui semblait être de la basse société et elle s'empressa de se justifier.
- Veuillez excuser également mon langage qui peut être qualifié de "ringard". J'ai été contrainte d'apprendre cette langue auprès de familles nobles. Je viens de très loin. Dans le temps, je veux dire. J'ai été en transe depuis plusieurs milliers d'années et cela en fait seulement un 20aine que je me suis réintégrée. Si je garde peu de souvenir de mon passé, je trouve la vie dure, ici. En comparaison. Oh... désolée... je n'ai pas retrouvé toutes les bonnes manières. Je me présente, Iriel. Élémentaire de brume. Je parle beaucoup trop. J'en suis désolée. Mais merci de m'avoir écouté. Il est bon de pouvoir se confier. Si je peux faire quelque chose en retour,  n'hésitez pas.
Elle regretta ses derniers mots. Une maladresse qui pourrait lui valoir cher. Mais après tout, elle n'avait pas grand chose à perdre. Que à y gagner. Dans sa confusion, elle avait d'ailleurs oublié ses objectifs. Il lui fallait des armes et elle se hâta de réfléchir à la façon dont elle pourrait s'y prendre pour obtenir son aide sans qu'elle ne soit obligée de débourser les ailes de bronzes pour toutes les armes dont elle nécessitait... Elle n'était même pas certaines que le magasins entier suifferait à ses besoins démesurés. Il fallait qu'elle use de la ruse. Pour ça, il valait mieux connaître sa cible pour user de ses désirs et de ses faiblesses à son avantage. Même de sa force s'il le faut, se dit-elle avec ironie.
- Enfin... Revenons à vos intérêts. Vous êtes bien placé pour savoir que les armes permettent tout autant la mort que la vie. Si elles tuent, elles permettent de protéger celui qui la tient. Et je porte énormément d'importance au forgeron qui va m'offrir de survivre. Cela vous dérangerait-il de me parler de vous ?

Les mots du forgeron, bien que très imagés, étaient maladroits et peu communs à l'oreille d'Iriel.
Au lieu de répondre à ses attentes, il esquiva le sujet de sa propre personne. Avait-il quelque chose à cacher ? Était-ce le genre de personnage au passé douteux et effrayant ? Elle n'en doutait pas. Le feu était l'essence même de la violence et elle avait de moins en moins confiance en lui.
Enfin... il venait du moins de lui donner un sabre avec toute la bonne volonté fourbe dont pouvait faire preuve les esprits humains. Il était certain qu'il allait lui demander quelque chose. On offre pas une arme à ses dépends, de cette façon là, sans rien demander en retour.
Iriel cacha cependant sa suspicion et s'en saisie. Dans un maigre espoir, elle sortit la lame de son fourreau, qu'elle posa à ses pieds, puis elle se transforma en brume.
Ce qu'elle attendait, c'est que la lame se transforme avec elle. Ce qui n'arriva bien évidement pas et elle se contenta de retentir sur le sol de pierre dans sa chute.
Elle se détendit alors afin de reprendre sa forme humaine et sourit au forgeron, gênée que ça ne se soit pas passé comme prévu.
- Ce serait un plaisir d'avoir un forgeron de la qualité que vous semblez avoir. Cependant elle faudra davantage être mage, pour être mon producteur attitré d'arme. Quelle utilité d'avoir une lame que l'on ne peut conserver dans les combats ? J'ai bien une idée, mais elle est en dehors de mes moyens pour l'instant.
Cependant votre cadeau me touche beaucoup. Je suppose que vous attendez quelque chose ? Dites-moi donc qu'elles sont vos projets ? Votre intemporalité vous permet la liberté que d'autres créatures ne peuvent pas se permettre, avec leur argent à gagner et leur ventre à nourrir. Que cherchez-vous ici ?