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 La fabuleuse histoire d'une belle au bois dormant [à finir]

 
La fabuleuse histoire d'une belle au bois dormant [à finir] Sand-g10Sam 23 Mar - 17:34

La fabuleuse histoire d'une belle au bois dormant [à finir] Premirepartie
Ce qui nous différencie de la bête, de l’animal, c’est cette extraordinaire faculté de créer, concevoir, conceptualiser, quelque chose de neuf. Nous ne savons pas nous en empêcher. Chaque jour, chaque minute de notre vie, nous pensons à ce que nous pourrions à faire, à ce que nous aurions dut faire, à ce que nous aimerions faire. Nous i-ma-gi-nons. Car oui, tout est là. Sans cette fabuleuse capacité, nous ne pourrions espérer, anticiper, progresser, ni même vivre en tant qu’être pensant. Nous nous forgeons à travers elle, à travers nos espoirs et nos rêves.

Le terme rêve n’est pas choisis au hasard. C’est là, dans notre subconscient, que naissent nos idées les plus folles, que se développent nos projets les plus atypiques. Là-bas, tout est possible, même l’impossible. Notre imagination y croît, prend de l’ampleur, se perfectionne. Les plus aguerris à ce petit jeu peuvent avoir l’esprit novateur aussi affuté que la plus fine des lames conceptualisable.

Beaucoup d’homme courent après la liberté. C’est qu’ils n’ont pas encore compris qu’elle était en eux, dans leur rêve. Dans leur imagination.

Mais si, mais si cette imagination était pervertie, empoisonnée ? Ou, plus exactement, si notre esprit l’était ? S’il était le siège du malin, si nos pensées étaient impures, imparfaites, conditionnées par quelque chose qui nous dépasse ? Si, sans le savoir, ce que nous croyons imaginer n’est en réalité que le fruit d’un esprit malade et tordu ? Que ces idées sont dangereuses, malsaines, qu’il faut les combattre…Et arrêter d’imaginer, au risque de créer des atrocités ?

Voilà où j’en suis dans la vie. Moi, une conteuse. Perdue pour l’humanité. Comment puis-je vivre de mon métier, comment puis-je l’exercer, alors que je doute de ma partialité, de ma capacité à déterminer le bien du mal ? Chaque soir, je suis sensée raconter des histoires à de jeunes enfants, à leur inculquer des valeurs de justice et de moral. Mais voilà que je réalise être faillible ! Je ne suis plus cette colombe innocente, symbole de pureté et de douceur d’âme. L’oiseau est sali par un sang sordide, malsain…inhumain. Comment avoir encore confiance en soi, ne pas douter de ce que l’on est ?

Je suis sensé vous conter une histoire, une partie de mon histoire. Mais à quoi bon ? Je ne vaux rien, je ne mérite l’intérêt de personne. Je ne suis qu’un monstre qui a tué, et prêt à tuer encore. Et c’est ce que je vais faire, puisque je ne suis bonne qu’à cela. J’ai crée des veuves, des orphelins. J’ai anéantit des familles, détruit des couples, au nom de ma folie. Folle d’avoir un jour put croire en une vie ordinaire, dans un monde ordinaire. D’avoir put croire qu’un jour je tomberais amoureuse, que j’aurais une maison à moi, et des enfants. Mais qui voudrait encore aujourd’hui de moi ? Personne, pas même moi. Quand je repense à cet enfant, cet homme qui me regardait avec plein d’incompréhension, de tristesse et de colère…

Oui, j’y repense. Et je jubile. Que ce monde crève. Il ne mérite que cela. Voilà bien longtemps que notre terre n’a plus connu un tel chaos. Le peuple s’est laissé aller, a oublié de vivre unis. L’heure est au renouveau, à la destruction et au chaos. Place au changement ! Après l’ordre, vient le désordre. C’est dans la logique des choses. Si le monde n’était que sérénité, s’il était toujours rose, il nous paraîtrait gris, et sans intérêt. Il faut parfois savoir le…pimenter un petit peu ! Faire couler le sang, la rage et la colère. Déchainer les passions des hommes, leur montrer que c’est dans l’obscurité que la lumière se fait voir. Et cette obscurité…je suis là pour l’installer !
Certes, nous avons des geignards. Des gens qui disent que nous ne sommes que des monstres. Qu’il faut arrêter cette folie…Les rebelles pour ne pas les nommer ! Mais, après tout, il devrait remercier ceux qu’ils nomment « ordures ». Sans nous, ils ne seraient rien. Sans les méchants, pas de héros, pas d’aventures dignes de ce nom, pas d’exploit à accomplir. Car telle est la vérité qu’ils se refusent à admettre : ils nous doivent tout.

D’autres se lamentent sur leur sort. Pleurent leurs malheurs et cherchent l’oubli. Comme notre amie Valiane qui, là, depuis plusieurs semaines, ère à travers champs, cherchant des réponses qu’elle a déjà. Demi-démone ? Pauvre d’elle tien ! Pour peu, je la plaindrais. Il est vrai que c’est siiiiiiiiiii terrible d’apprendre que l’on n’est pas un simple humain. Que l’on peut être promit à un très grand avenir. Que l’on possède en soi potentiellement de très grands pouvoirs. Navrant. Sisi. Je plains cette enfant. C’est vraiment terrible que de réaliser qu’on est quelqu’un d’extraordinaire. Vous ne trouvez pas ?

Mais cessons cette ironie. Cela n’en vaut pas la peine. Je préfère vous la décrire, c’est bien plus drôle.

Imaginez…Mmmmh…Une sorte de mort-vivant. Enfin, quelque chose de vivant, certes, mais qui tiens plus du cadavre sur pieds que de l’être vivant à proprement parler. J’aime le mot « chose », je crois que je vais le garder. Cette « chose », donc, zigzag depuis près des trois jours, dans la nature sauvage, prétextant être « indigne de toute forme d’humanité ». Actuellement, elle doit être quelque part dans la savane de Sahawi, perdue entre un crâne desséché de bovidé moldach, Et une coquille de jeune lézard à tête rouge. Autant vous dire : hautement passionnant. Elle a le regard aussi éveillé qu’une tortue en plein coït et pourtant ses lèvres semblent indiquer un dessèchement avancé. Elle avance, las, bras ballants, larme à l’œil, tête penchée, cheveux au vent. Il y a clairement du laisser aller. Bientôt, elle atteindra les limites de la région, et entrera dans le désert. Pour peu, j’aurai presque envie de la laisser continuer, juste pour voir jusqu’où elle est capable de continuer son cinéma de martyre de l’humanité. Car oui, tout ceci est du cinéma, j’en suis convaincu.

Ah ! Voilà qu’elle change de scène. La chose vient de s’asseoir sur un gros affleurement rocher, la tête sur les mains et les coudes sur les genoux. Ça y est ? Elle décrète être au bout de sa vie ? Et Après ? Elle va faire quoi, se laisser dépérir peu à peu, jusqu’à ne plus être qu’une momie sans toile ? Où se laisser manger par une bête sauvage peut-être. Plus gore. Je préfère. Je vois d’ici le tableau. Splendide.

Mais trêve de plaisanterie. Je parle, je parle, et le temps passe. Cette enfant à encore beaucoup de chose à faire avant de pouvoir se laisser aller ainsi. Il est temps de lui secouer un peu les cloches, elle a assez joué…


*Alors ? Ce gros chagrin ?*
*Encore toi ? Je t’ai dis que je ne voulais pas de toi !*
*Malheureusement mon enfant tu n’as pas le choix. Je suis toi et tu es moi. Une sorte de fusions réciproque inséparable. Tu es ce que tu es, tu ne peux brusquement décider de ne plus être qu’une partie de toi-même.*
*Tu n’es pas moi !*

Profond reniflement. Je la laisse se moucher goulument dans un mouchoir digne des pires films d’horreur.

*Je sais que c’est difficile à vivre mais voilà. Tu as du sang démoniaque. Je sais, c’est vraiment terrible d’apprendre cela. C’est….démoniaque*
*Arrête de te moquer de moi !*
*Moi ? Jamais ! Nonon, je suis sérieux : apprendre comme ça, en une nuit, c’est affreux. Tu ne va pas pouvoir mener une vie de simple mortelle. Tu va être OBLIGÉ de vivre avec tes dons. C’est…c’est….Cela n’a pas de mot.*
*Je n’en veux pas.*
*Ce n’est ni un choix, ni une proposition. C’est ainsi. Tu es une demi-démone. Bienvenue dans le monde superbe des êtres démoniaques. Tu verras, ça as ses petits points positifs.*
*Mais je vais être chassée ! Bannie !*
*Ce ne sont que des détails, une chose à la fois. Voyons d’abord les points positifs : rites sataniques, buveuses de sang, dévoreuse d’âme, cannibalisme, disciples des enfers,…*
*Tu exagères !*
*Non, c’est toi qui en fais tout un plat. Plus d’un humain cache un lourd secret. Tu es loin d’être la seule. Inutile d’en faire un drame, et de vouloir mourriiiiiiiiiiiiir parce que te sens « impur ». Personne ne l’est. Arrête ton cirque et ouvre les yeux : c’est génial.* [*.*]

Nouveau reniflement. Je pourrais vous passer un détail sans importance, mais cela me gâcherais mon plaisir : à l’aide de son index, emballé dans un mouchoir qui en a déjà trop vu, Valiane enfonce son doigt avec une délicatesse et une finesse toute contenue dans son orifice nasale gauche (je tiens à le préciser). Le membre se courbe et effectue un élégant mouvement de rotation, l’ongle venant racler (tel un lèche plat raclant la sauce) le plus profondément possible le fond du trou. J’ai toutefois la clémence de vous épargner ce qui en ressort.

*J’ai du mal à voir en quoi c’est « génial »*
*Plus en tout cas que cette chose oscillant entre le jeune, le vert et le mauve que tu viens d’extraire de ta narine gauche. On dirait une explosion de bouse de vache colorée et granulée, collée comme une merde sur ton doigt. Comment peux-tu produire une telle horreur ?*

Ooooups, je l’ai dis. Vraiment désolé. Je suis sincère. La demoiselle me regarde comme une morue, avant de réaliser le coté délicat de la situation, et dissimule dans une geste maladroit et honteux l’objet de ma tirade.

* Bref, assez ris. Si tu as finis ton gros chagrin, il serait temps que je te montre un peu qui tu es.*
*Je sais qui je suis. Pas besoin que tu me montre.*
*Ce n’était pas une proposition.*

*******************

Le temps se figea, l’espace d’un instant. Comme si tous les êtres des environs retenaient leur souffle. Comme si leurs cœurs sautaient un battement. Qui suis-je ? Qu’importe qui tu es, l’importent, c’est ce que tu fais. Regarde…

Dans un frisson, le corps de Valiane se redressa, ses chevaux cachant son visage. Une brise vive et rapide souleva quelques mèches, comme des doigts frôlant un voile. Les yeux se dévoilèrent, sombres tâches rouges se détachant avec netteté sur la peau claire. Le regard était toujours perdu, mais, brusquement, une flemme s’éveilla quelque part au fond de son âme. Le rouge prit une teinte plus vive, plus animée…Quelque chose de chaud, d’animal. Les yeux du sang. Peu à peu, la jeune fille sentait une chose monstrueuse prendre possession de son corps. Son esprit, envoûté, écoutait le chant mélodieux de la tentation. C’était comme si ses neurones se déconnectaient un a un des commandes. Elle était toujours là, consciente, vivante même. Et en même temps si détachée, si absente. La chose voulait lui montrer le monde à travers ses yeux à lui. Il envahissait le corps et l’esprit, empreignait son âme et son cœur. C’était effrayant…et grisant à la fois. Une douce euphorie s’installa en elle. Comme quelqu’un qui tirerait sur son premier join. Comme quelqu’un qui perdrait brusquement sa virginité. C’était beau, puissant…mais terrorisant. Vais-je être à la hauteur ? Vais-je crachoter ? Vais-je être trop rapide ? Vais-je être assez bien ? C’est à la fois le moment le plus merveilleux et le plus important. Par la suite, toute notre vie, nous rechercherons à nouveau cet instant, cet instant inaccessible et perdu à jamais.

Au comble de l’orgasme (pour garder ma comparaison) le corps changea. Deux ailes aussi splendides qu’honteuses poussèrent dans son dos, à hauteur des omoplates. Assez grandes pour soulever son poids, assez souples pour battre avec grâce. L’être caché depuis tant d’années, oublié dans le fond d’un tiroir de son esprit, venait de se libérer. S’il y avait de la musique, nous serions à l’ouverture de l’apothéose. Quelque chose de grand, de magistrale. Pour peu, vous laisseriez échapper une larme d’émotion.

Une fois l’être là, présent, c’est indiscutable. Toute la gestuelle de Valiane s’en voyait changée, profondément. Elle était alerte, attentive. Chaque geste était calculé, mesuré. La jeune conteuse en peu maladroite et amusante venait de céder la place à un monstre en puissance. Puissant ? Certainement pas. Terrifiant ? Sans hésitation possible. Quelque chose d’incontrôlé, de dangereux, de totalement non maîtrisé. Une bête sauvage, même si elle n’avait pas les crocs d’un lion, pouvait avoir quelque chose d’effrayant. Quelque chose dans le regard, dans la manière dont elle vous regardait.

Ce qu’il s’en suivit ? Un massacre. Comme par hasard, la nuit venait de tomber, tel un rideau jeté avec violence sur le ciel. Les étoiles qui faisaient d’habitude tant rêver Valiane firent leur apparition, et Destros, la lune, jeta un regard lumineux sur l’enfant. La nuit. Période de destruction, d’annihilation. Envol.

Plaçons le décor : quelque part dans les plaines mystiques. Des marchands, peu avertis, ont fait une halte derrière quelques maisons en ruines. Ils bivouaquaient, l’âme en paix. L’ambiance était agréable, les rires se faisaient attendre au loin. Depuis le début de son voyage, la caravane n’avait rencontré aucun problème. Pour une fois, tout se passait bien, au point que les mercenaires qui encadraient les marchands relâchaient peu à peu leur garde. Trois énormes lièvres rôtissaient lentement sur une broche, au centre du campement. Le feu crépitait avec vigueur, et, aidé des torches disposées de manière régulières autour du camp, il formait un obstacle à l’obscurité de la nuit. L’odeur de la viande grillée attira les hommes, qui s’assirent les uns après les autres autour de leur futur repas. En trois mots : Life’s good…

…Enfin, jusque-là. Brusquement, un sifflement strident se fit entendre, avant qu’un mot grimpe dans la nuit. Un seul mot, prononcé de manière clair et distincte à haute voix, depuis le ciel : mort. Ce simple mot, énoncé en l’air, suffit à faire frissonner l’assemblée, sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi. Les hommes imaginaient la mort, la ressentaient. Cela ne dura qu’un dixième de seconde, le temps d’un clignement d’œil. Mais c’estsuffisant. Largement suffisant.

Un cri. Mélange de surprise, de douleur, d’incompréhension…et de mort. Le bruit d’un corps qui tombe lourdement au sol, quelque part dans un coin sombre dus camps. L’alerte est donnée. Les ordres sont précis, clairs. On prend les armes, on s’organise, on cherche l’ennemi. Un deuxième corps tombe. Une torche s’éteint. Un troisième, un quatrième corps. Finalement, un homme entend des froissements de plumes dans l’air. Immédiatement, il comprend.


« En l’air !! »

L’ennemi vole, là, quelque part, dans le ciel. Qu’importe ce qu’il veut, ce qu’il recherche. Pour le moment, le seul objectif est de l’abattre. Et vite. Maintenant que les mercenaires savent, ils ne peuvent plus être surpris. À nouveau, un homme entend un bruissement d’ailes, avant que quelque chose ne lui tombe dessus. Le combat s’engage enfin, aussi rapide qu’obscure. Personne ne voit vraiment ce qu’il se passe, personne ne distingue clairement qui est l’adversaire. Les bruits sont secs, rapides, emplit de violence et de maîtrise. Quelques secondes à peine s’écoulent, qui semblent durer une éternité. Les acolytes du mercenaire accourent, bien décidé à mettre un terme à cette histoire…trop tard. Ils retrouvent leur compagnon à terre, gisant de ce qui semble bien être du sang. La colère les traverse, une colère aussi rouge et noir que l’enfer. Mais ils ne cèdent pas à la panique, loin de là. Ce sont des maîtres dans l’art du combat. Qu’importe qui ils affrontent. Cette chose va mourir. C’est inéluctable.

Quarrad In’Thör, chef de l’escadron, coordonne ses hommes. Ses ordres sont brefs, rapides et puissants. Ils fendent l’air comme une lame coupant du beurre. Il faut agir avec rapidité et efficacité. La troupe s’organise, les marchands se dissimulent dans les chariots, pendant que les soldats les encerclent, les yeux rivés vers le ciel. Tout n’est qu’obscurité, noirceur. Comme si un poète avait malencontreusement renversé son encrier au-dessus de leur tête.

La fin de l’histoire ? Vous la connaissez. Faire tenir le suspens plus encore ne serait que stupidité de ma part. Dans l’histoire, c’est Valiane, « l’héroïne » (quoique ce terme me fasse bien sourire) ; la faire mourir dès à présent n’aurait aucun sens, aucune saveur. Et lui faire échouer sa… « distraction » du soir n’aurait pas plus de goût. Car je parle bien ici de sens esthétique, de Beauté avec un grand « B ». Elle ne pouvait laisser un tableau inachevé, abandonner cette toile si magnifiquement entamée. C’est une artiste, une créatrice, une célébrité en devenir. Pour que le monde la reconnaisse comme tel, il lui faut d’abord accomplir quelques chefs d’œuvres.

Une fois sa création achevée, la jeune femme se retrouva à voler dans les nuages, entre le ciel et la terre. Peu à peu, elle reprit le contrôle d’elle-même, et réalisa toute l’ampleur, et surtout, l’horreur, des ses actes. Plus encore qu’avant, elle se sentait perdue et désespérée, dans ce monde qu’elle tentait avidement de fuir.


*Alors ? Quel adjectif emploierais-tu pour qualifier cette soirée ?*
*Sordide*
* Tu manques d’originalité, de créativité. Que penses-tu de grandiose, mirobolant, pharamineux… ? Je dirais même mirifique !*
*Pathétique.*
*Ça, c’est ce que tu es maintenant. Tu viens d’accomplir quelque chose que bien des hommes t’envieraient…et tu te lamentes sur ton sort.*
*Mais à quel prix !*
*On ne fait pas d’omelette sans casser de œufs ma chère.*

De longues heures, la demi-démone erra à travers les étoiles, se disputant inlassablement avec elle-même. Ce ne fut qu’au petit levé du jour, voyant le soleil se lever du coin de l’œil, qu’elle réalisa à quelle point elle s’était attardée. Par chance, elle distingua rapidement en contrebas la silhouette d’un petit hameau qui distordait l’horizon. Elle ne mit pas longtemps à le rejoindre. Profitant de l’heure matinale, la jeune dame se permit d’atterrir au plus près de la première habitation, sans craindre d’être remarquée. Non loin, elle distingua avec soulagement un monastère. Du coin de l’oreille elle entendit des chants dans la clameur de l'aurore. L’office des laudes venait de débuter, elle ne pouvait pas trouver meilleur moment. Peu à peu, ses ailes s’effacèrent, comme de l’encre se diluant dans de l’eau.

Une bourrasque souleva brusquement son manteau, tel un avertissement. Ni prenant garde, Valiane s’approcha peu à peu de l’édifice. Elle se retrouva rapidement devant l’imposante entrée, aussi intimidante que rassurante. L’épais double battant en bois, cerclé de fer, semblait avoir traversé les âges sans faillir. Une troupe entière de gobelins aurait voulu l’abattre qu’elle s’y serait cassée les dents.
Dans un grincement de mâchoires, la demoiselle souleva le lourd anneau métallique, et le lâcha à trois reprises sur la porte. Dans l’attente d’une quelconque réponse, elle prit le temps de noter la beauté de sa moulure : deux dragons finement enlacés, dont on ne savait s’ils s’aimaient d’un amour torride où s’il se battaient avec une ferveur rare. Le métal brillant ne parvenait à rendre tout l’éclat de l’animal, mais l’imitation était belle et honorable. Un temps certain s’écoula, pendant lequel Valiane fixait obstinément l’objet, avant qu’enfin des bruits de pas ne se firent entendre dans le lointain. Les chaussures claquaient nerveusement sur le sol en pierre, et s’approchait rapidement de l’entrée.

Une petite visière, dans l’un des battants, s’ouvrit dans un bruit sec et brusque. Derrière un grillage aux mailles serrées, la semi-démone vit deux yeux sombres l’inspecter de haut en bas.


« Et bien mon enfant, que vous est-il donc arrivé ? »

Surprise, « l’enfant » baissa les yeux et constata avec horreur l’étendue des dégâts. Car en effet, jusqu’ici, elle n’avait rien remarqué. Où, plus exactement, elle n’avait rien voulu voir. Rien de cette boue qui lui couvrait les jambes, rien de ce sang qui maculait son manteau, dégoulinait de ses mains. Presque aussi étonnée que son interlocuteur, elle s’observa longuement, espérant peut-être que ceci ne soit qu’un vilain cauchemar. Malheureusement pour elle, il n’en était rien.

« J’ai eu…des soucis. »

Des images virevoltèrent devant ses yeux. Des souvenirs étouffèrent son cœur, pendant qu’une douleur poignante grimpa de ses tripes. Comme si, soudainement, le contre coup de ses activités nocturnes lui tombait dessus. Comme si, jusque là, elle avait ignoré ce corps qui l’appelait à l’aide. Car oui, sa personne tout entière était en train d’agoniser, à bout de souffle. Qui était-elle pour avoir cru une seule seconde pouvoir abattre une troupe entière de mercenaire entraîné, et en sortir indemne ? Ce sang qui tapissait sa personne était autant le leur…que le sien. Voilà des heures qu’elle était à l’agonie…sans même en avoir conscience. Folie que la sienne.

Lisant l’incompréhension et l’indécision dans les yeux de l’enfant, le moine ne mit pas longtemps à se décider : la visière se refera, et, l’instant d’après, un battant de la lourde porte s’ouvrit e grinçant.

« Entre. »

Ce n’était ni une demande, ni une proposition. L’ordre était clair, net. Et Valiane ne se le fit pas dire deux fois. Dans un soupir, elle enjamba le bas de la porte. Elle se retrouva dans l’allée d’un cloître, où, des piliers soutenant l’étage supérieur étaient élégamment disposés à intervalle régulier le long de la cour. Au centre de cette dernière se plaçait un petit point d’eau artificiel, encadré de roseaux et autres plantes aquatiques. Des lierres, symbole d’amour, grimpaient le long du mur du fond, envahissant le moindre espace lumineux disponible. Un saule pleureur posait la touche finale à ce paysage, ses longues branches tombant avec grâce sur la surface miroitante de l’étang. La clarté et la luminosité de la cour contrastaient violemment avec l’obscurité des couloirs. Le marbre, d’un gris-bleu très sombre, offrait une tonalité presque sinistre à l’endroit. Les yeux de Valiane se plissèrent, distinguant très mal ce qui l’entourait.

« D’où venez-vous ? »

La question brisa le silence apaisant des lieux, rappelant durement la demoiselle à la réalité. Secouant faiblement la tête, elle se frotta péniblement les yeux avant de rediriger son attention vers le moine.

« De…De très loin. »
« Et comment vous appelez-vous ? »
« Valiane…Valiane d’Arador. Je… Je suis une conteuse. »
« Que fait-vous si loin des routes commerçantes ? Vous avez fait de mauvaises rencontres ? »
« O…Oui…c’est cela. J’ai du…fuir. »
« Suivez-moi. »

Avec ce même pas nerveux et fébrile, l’homme s’élança, sans plus un regard derrière lui. Valiane le suivit, heureuse qu’il ne lui posa pas plus de question. Au loin, elle entendait toujours les chants, quelque part derrière le mur du fond. Toutefois, son guide l’emmena plutôt vers les étages supérieurs du monastère, l’invitant à la suivre dans une suite de dédales, de couloirs, d’escaliers et de salles obscures. Plus elle avançait, plus la demoiselle se sentait lourde, fatiguée, affaiblie. Son bas ventre commençait à cruellement la faire souffrir, en plus des multiples coupures, plus au moins profondes, qui parcouraient tout son corps. Elle se sentait l’âme d’une marionnette à qui l’on coupait un à un tous les fils, la privant de son énergie. Sa respiration devint sifflante et douloureuse, chaque inspiration lui coûtant un effort surhumain. Pourquoi maintenant, pourquoi si brusquement avait-elle mal ? La force de l’esprit était, certes, extraordinaire, mais tout de même.

Lorsqu’enfin le moine s’arrêta, les paupières de Valiane c’étaient presque refermées, et ses yeux avaient depuis longtemps perdu toute flamme de vie. La demoiselle était au-delà de toute expression, chaque partie de son corps cédant peu à peu à l’épuisement. L’homme se retourna et constata son état, un brin d’inquiétude dans les yeux. La jeune fille voulu parler, ouvrit la bouche…mais aucun son ne sorti. Sa douleur devenait insoutenable, et, bientôt, ses jambes se dérobèrent à elle. Comme si quelqu’un venait de pousser sur le bouton « off ». Elle sentit vaguement une paire de bras vigoureux la rattraper au dernier moment, avant de sombrer dans l’inconscience.

***************

Vous avez déjà pensez à la mort ? Non mais je veux dire, sérieusement pensé ? Moi, je parie que non. Ou que, plus exactement, vous ne préférez ne pas y pensez. Après tout, pourquoi s’en soucier ? Vous êtes jeunes, beaux (enfin, moche selon vous mais je vous assure que non), plein d’énergie et de goût de vivre. Alors la mort…Ais-je vu juste ? À moins, tout au contraire, vous y pensiez tout le temps…Une sorte de délivrance en quelque sorte. HA ! Je ris bien, tiens. Vous, humain, vous êtes toujours obligé de voir quelque chose derrière chaque fait. De justifier, de comprendre chacun de vos choix, de vos actions. Si vous dormez mal, c’est parce que vous avez eu une enfance traumatisante. Si vous êtes faible, c’est parce que vos parents l’étaient, c’est génétique. Si vous êtes gros, c’est parce que vous êtes malade. Et si un gosse de dix ans achète une sucette, c’est parce que plus tard il préférera se faire sucer ? Non mais franchement, un bout d’un moment, il faut arrêter de tirer des lignes vous savez. Mourir, c’est… mourir….ça va pas plus loin. Ce n’est ni une nouvelle chance, ni une libération, ni une absolution ou que sais-je encore. C’est juste votre cœur qui s’arrête de battre, si du moins vous en avez un.

Mais…Je m’égare. De quoi vous parlais-je encore ? Ah oui, de la mort. Car tout le nœud du problème est bien là. Les paris sont lancés : va-t-elle mourir ou non ? Valiane survivra-t-elle a cet effroyable évènement, à cet histoire tragique tout autant que dramatique ? Va-t-elle se laisser mourir, perdre toute motivation, tout courage ? Quel suspens !...

…Bon, d’accord. J’ai des cours d’humour à rattraper. Nous savons tous ce qu’il adviendra de la demoiselle. Non, elle ne va pas mourir. Oui, elle en gardera de profondes séquelles. Oui, elle se fera d’autant plus passer pour une martyre. Gna gna gna. Pauvre enfant qu’elle est tient. À mon avis après sa mort, il faudra sérieusement penser à la faire béatifier. Quelque chose de beau, de grand. On fera son éloge, on clamera sa pureté, son innocence. On vendra des dizaines d’effigies miniatures d’elle, que les fidèles chériront comme leurs propres enfants. Une martyre parmi d’autres…

Enfin, reprenons notre sérieux. Une demi-démone révélée, une troupe de mercenaires anéantie, un monastère perdu, un moine accueillant et une demoiselle en détresse. Nous en sommes là. Maestro, la suite !

***********

Les jours s’écoulèrent lentement. Le corps de Valiane était épuisé, vidé de son sang et de son énergie. Il avait besoin de temps, de beaucoup de temps, pour redémarrer. Les moines, patient, soignait la demoiselle jour après jours, confiant. Ils lavèrent ses membres du sang des autres, recousirent ses blessures, encensèrent la pièce, soignèrent son corps et bénirent ses blessures. Peu de mots étaient échangés, chacun savaient. Chacun savaient que tout était une question de patience. Que cette enfant vivrait, il lui fallait juste du temps. Du temps avant qu’enfin, elle n’ouvre les yeux.

Un sentiment de lourdeur l’envahit. Une impression de cuite énorme, comme elle n’en avait jamais fait. Valiane prit le temps d’écouter, de s’écouter. Sa respiration était quelque peu sifflante, mais le reste semblait normal. Au loin, elle entendait toujours ce chant grégorien, qui envahissait son corps et son âme. Était-elle morte ? Bien sûre que non, mais elle dut admettre s’être posé la question une fraction de seconde. Doucement, elle tenta d’ouvrir les paupières. Elle ne vit qu’une sombre masse informe et sans couleur. Ses yeux papillonnèrent vainement cherchant à distinguer quelque chose. Mais rien n’y fit. Un doute assaillit l’enfant, et elle sentit la panique grimper peu à peu en elle, jusqu’à ce qu’une main rassurante ne se pose sur son épaule. Sans savoir pourquoi, elle s’apaisa instantanément, et chassa toute ses craintes, avant de sombrer à nouveau dans l’inconscience.

Plus tard, elle apprit avoir déliré près de deux semaines. Une fièvre violente l’avait emporté et, plus d’une fois, elle frôla la mort. Plus que des souvenirs ou des flashs, elle se souvenait surtout de sensation… Du froid d’abord, beaucoup de froid. Puis le vent, l’humidité, et encore le froid. Après vint la chaleur, étouffante et insupportable. Parfois, elle entendait une voix dans le lointain évoquer son nom, ou une main la toucher. Ainsi seule et désemparée, elle se mit à rêver de son père. Il lui manquait, elle avait soif d’amour et de réconfort. De quelqu’un qui la prenne par la main, la rassure et lui dise que tout se passerait bien. Elle se voyait à nouveau sur les routes, en compagnie de son paternel. Tout était comme avant. Puis des monstres, aux visages de démons, ôtèrent la vie de son père et l’emportèrent dans les enfers. Elle criait après son père, l’appelait avec désespoir, mais le mal était fait. Lorsque les première flammes commencèrent à lui lécher les pieds, elle se mit à hurler de toutes ses forces, de toutes ses forces….de toute ses…

Elle s’éveilla en sursaut, effrayé de sa propre voix. Sa vue était toujours trouble, elle avait la nausée et se sentait transpirer à grosse goutte. Le contact rassurant des draps apaisèrent les battements de son cœur. D’une démarche pas très assurée elle se leva, en s’appuyant contre un mur. Elle était dans une petite pièce sombre. Les volets étaient clos, de sorte qu’elle ne voyait pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. Au loin, elle distingua vaguement la silhouette d’une grande armoire, d’une table et d’un seau. Perdue, l’enfant tâtonna les pierres, à la recherche d’une sortie. Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait, à demi consciente. Quelque part, l’enfant entendait encore et toujours ses chants apaisant, qui l’avaient accompagné jusque dans ses plus profonds cauchemars. D’un geste maladroit, elle ouvrit une porte, et étouffa un cri de surprise en découvrant la clarté éblouissante du soleil. Elle crut comprendre qu’elle était dans un très long couloir ajouré, que les rayons de l’astre éblouissaient de mille feux. Surprise, elle vacilla sur ses jambes et se rattrapa à une petite table sur sa droite. Un vase, posé sur cette dernière tomba et se brisa. Valiane crut que le bruit allait lui faire exploser les tympans. Sa tête se mit à tourner, elle ne voyait et ne ressentit plus rien. Un sentiment atroce d’isolement l’envahit, comme si, brusquement, elle ne savait plus interagir avec son environnement. Sa tête était lourde, et sa gorge sèche. Ses forces et sa volonté l’avaient abandonnée. L’instant d’après, elle sombra à nouveau dans l’inconscience.

Lorsqu’elle se réveilla pour la troisième fois, elle eu la surprise de constater qu’elle se sentait moins lourde, moins épuisée. Elle n’en avait pas conscience, mais plus de deux semaines venaient de s’écouler, et les moines étaient restés à son chevet jour et nuit, sans se lasser. En ouvrant les yeux, elle mit quelques secondes à distinguer un de ses bienfaiteurs, assit sur son lit. Rassemblant toute son énergie, Valiane se mouilla les lèvres avant de prononcer quelques mots.


« Où... où suis-je ? »
« Oh ! Mais que vois-je : une belle au bois dormant qui se réveille. Tu es là où tu t’es endormie la dernière fois, au monastère de Tor’phos. Je suis le frère Ruäm. Comment te sens-tu mon enfant ? »
« Ça va... Quel jour sommes-nous ? »
« Le 21 Faldèn »
« Ça veut dire que…que… »
« Que tu avais besoin de dormir. Que t’est-il arrivé ? »
« ... »
« Soit, nous verrons cela plus tard. Rendors-toi mon enfant. Tu es en de bonnes mains. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Valiane, sans trop savoir pourquoi, ne put brusquement plus résister à l’appel de Morphée, et s’apprêta à plonger corps et âme dans ses bras. Toutefois, avant de sombrer totalement dans l’inconscience, elle trouva assez de courage pour poser une dernière question.

« À quelle…ordre appartenez-vous ? »
« Nous travaillons pour la plus grande gloire de Zelphos. »

Un immense frisson parcouru la demoiselle, alors que le moine se levait. L’instant d’après, ses yeux se fermèrent, et elle perdit toute conscience.

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INTERLUDE

Voilà ! Nous arrivons à la pause pipi ! Mesdemoiselles, courrez vite, pendant que ses messieurs rechargent leurs paquets de popcorn et remplissent leur verres de coca. Pendant ce temps, moi, narrateur, je m’occupe de la causerie. Alors oui, je sais, je vous ponds un énorme pavé. Croyez-le bien, j’en suis le premier navré. J’ajouterais même qu’en temps normal, je suis le premier allergique à toute forme de rp long de plus de deux pages. Je sais, a priori, pour vous qui ne me connaissez pas, c’est…difficile à croire. Et si j’ajoute que je dé-tes-te rp seul, je suppose que vous ne me croyez définitivement plus. Enfin, cela justifiera peut-être à vos yeux le manque de splendeur de ma plume, usée et abimée par le temps.

Afin de clôturer honorablement ce petit moment de détente, pour ceux qui n’auraient décidément rien de mieux à faire, je vous propose cette interlude musicale pour détendre vos zygomatiques et vos sourcils trop froncés, et surtout vos yeux fatigués après avoir lus tant de pages sur un petit écran :


(Précisons que, loin d’être une débilité profonde, ceci est un extrait de « Knights Of The Round Table », un film incontournable et Angleterre. Les Monty Python (réalisateurs) ont même été nommé dans l’Ordre de l’Empire Britannique par la reine d’Angleterre, tout comme les Beatles 83)

PS : Oui je suis une fille, et oui, le narrateur est au masculin.


FIN INTERLUDE

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