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 [Terminé] Entre la savane et le désert

 
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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 16 Fév - 0:50
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[Les paroles soulignées sont échangées dans la langue de la tribu]
Alyna regardait fixement l’horizon ondulant comme un océan, mer de sable qui s’étendait devant elle. Mort, vie, elle savait à présent ce qu’elle ressentait, ce vide depuis ce jour-là sur les rives du lac lui avait fait comprendre. Un Yensas bondit hors du sable, tel un poisson hors de l’eau avant d’y replonger, elle continua sa réflexion cependant, mais elle fut interrompue quand elle entendit derrière elle un bruit de pas qui gravissait la colline sur laquelle elle s’était assise pour observer le désert. La louve se retourna pour voir approcher une femme à la peau sombre vêtue d’une robe en tissus fin et d’une tunique qui laissait à découvert son ventre.

-Alyna, c’est aujourd’hui que vient ton frère non ? Ha tu savais que Ildor’feha compte bien profiter de la fête pour te courtiser.
-Ildor est un jeune imbécile qui ne voit que son petit nombril... je me ferais une joie pendant la chasse de tout à l’heure de lui donner une petite leçon. Il a quoi ? Dix-sept ans ? Non merci, sa maturité est équivalente à celle d’un Yensas.


La sahawienne lâcha un rire en entendant la lycan et lui tendit la main pour l’inviter à se relever, Alyna s’en saisit et se redressa, son amie la dépassait d’une bonne demi-tête, mais c’était bel et bien la louve qui, par son maintiens fier et libre semblait la plus grande des deux, les sahawiens étaient réputés pour être grands après tout. Elles retournèrent ensemble vers le village et la chasseuse se mêla à l’équipe qui allait partir chercher du gibier, espérant pouvoir semer le guerrier. L’un des membres de la tribu s’approcha d’elle, mais elle s’éloigna pour aller saluer le chef du village qui prenait également parti à l’expédition, il était son ami et elle l’avait sauvé un jour d’un des monstres peuplant la savane, de fait c’est la raison pour laquelle elle était bien vue dans la tribu et même considérée comme une invitée de marque dans celle-ci et ce depuis treize ans.

Le groupe s’éloigna du village et la lycan au bout d’un moment s’en détacha pour allonger ses foulées et escalader un promontoire rocheux et observer la savane à la recherche d’une proie. Nez au vent elle attendit avec un sourire, il s’effaça cependant lorsqu’elle entendit des pas derrière elle et sentit une main se poser sur son épaule. Elle se retourna avec un masque neutre sur le visage pour lever les yeux vers le guerrier sahawien à la peau sombre qui lui fit un large sourire.


-Alyna je voulais te dire, tu m’intéresses et...
-Et toi pas du tout, du vent !


Le guerrier se renfrogna et serra l’épaule de la lycan, ni une ni deux elle lui saisit le poignet pour le faire passer par-dessus son épaule et l’envoyer au sol, puis refermer sa main sur la gorge de l’homme, sans pour autant serrer elle se contenta de l’immobiliser.

-Ildor je ne suis pas une récompense pour le meilleur des chasseurs ou autres, tu ne peux gagner mon cœur gamin.

Elle le libéra et s’éloigna pour scruter la plaine desséchée. Le guerrier ne l’intéressait pas, elle avait déjà laissé son cœur quelque part, s’en rendant compte à présent, sinon pourquoi serait-elle revenue ici à Sahawi ? Parce qu’elle attendait quelqu’un, espérant qu’il vienne et pas uniquement pour la fête de ce soir à laquelle elle avait convié son frère jumeau. Le temps avait passé et elle avait amplement réfléchi pour enfin réussir à faire le point sur ses sentiments.


Elle perçut un mouvement en même temps que le chasseur qui banda un arc court, encochant une flèche, elle perçut une odeur qui la figea sur place, éveillant Lyän qui lâcha un magnifique : « Wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! » plein d’enthousiasme qui raisonna dans tout l’esprit de la jeune femme, suivit d’un « Ho le con ! ». Alyna attrapa la flèche du guerrier qu’il venait de décocher, il resta interdit devant le geste de la lycan et allait protester quand il reçut une pluie de remontrances prononcée dans le langage de la tribu, qu’il ne vaut vraiment mieux pas traduire. Elle continua ses invectivassions jusqu’à ce que la personne qu’avait visé le guerrier soit assez proche d’elle, là elle s’arrêta de pester pour se retourner lentement vers l’arrivant, essayant de masquer son trouble, mais ne pouvait masquer totalement sa joie de le revoir.


-Bonjour Ivor... dit-elle en contrôlant sa voix pour garder un air presque neutre, elle n'osait pas montrer ses sentiments devant le chasseur.

Elle se tourna à nouveau vers lui pour le chassé dans la langue de la tribu sur un ton sans équivoque et il s'éloigna précautionneusement pour éviter de s'attirer à nouveau les foudres de la jeune femme.

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 16 Fév - 22:39
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Une silhouette dans le désert. Dans l'aveuglante immensité, c'était tout ce qu'Ivor pouvait apercevoir, là. Quelque chose, une vision tremblante sur la crête d'une colline, dans l'air saturé de chaleur qui vibrait, liquide, sous les feux du soleil. Il les vit bouger, s'agiter, mais ne pouvait rien distinguer d'autre et à vrai dire, il s'en fichait, l'important était seulement de parvenir en un endroit où il pourrait trouver un peau d'eau et de l'ombre où se reposer.
Ivor était un homme des Glaces, pour qui le froid n'était qu'un désagrément qui pouvait être aisément pallié, même s'il pouvait représenter un danger mortel. Il savait faire avec et pour ainsi dire, cela coulait dans son sang, comme la neige et le givre. Durant ses années d'errances, avant qu'il ne trouve refuge dans les montagnes, il avait soigneusement évité les contrées du nord et le désert, se contentant d'errer sous des climats plus acceptables. Il avait fallu une très, très bonne raison pour qu'il se décide enfin à franchir les frontières nord des plaines pour s'aventurer dans la fournaise de Sahawi. Une très bonne raison en forme de femme louve, en forme de vide qui l'obsédait depuis son départ. Le chasseur n'avait pas agi sur un coup de tête, mais après tout, il n'avait rien à perdre, il avait tout son temps, alors pourquoi ne pas chercher à la revoir?

Alors, il était parti. Habitué à voyager seul et sans aide, il était parti vers le nord, avait fait halte à Festalia, juste assez pour découvrir les us et coutumes d'un pays et d'une langue dont il ignorait tout, assez aussi pour comprendre que où qu'elles se situent, les villes lui faisaient toujours aussi horreur. Cette escale lui avait permit de savoir au moins où il allait; Alyna avait parlé d'un village aux frontières du désert mais il y avait gros à parier que ceux-ci n'étaient pas rares, alors de là à deviner duquel il s'agissait... Il finit cependant par avoir quelques indications, troqua son lourd équipement totalement indapté à une marche longue dans la savane et se joignit sans trop savoir ce qu'il faisait à une caravanes de marchands qui allaient traverser le pays pour se rendre vers le nord, partageant leur route quelques jours.

Ce pays desséché par le soleil, à la terre ocre et poussiéreuse lui déplaisait. La vie était abondante pourtant, la végétation rude survivait âprement dans ce paysage brûlé et les animaux étaient nombreux mais pourtant il y avait comme une tension insupportable dans l'air, comme une douleur latente qui était probablement celle causée par la rudesse du soleil implacable à un organisme prévu pour supporter le froid, et non la canicule. Skallag souffrait autant que lui de la chaleur et même son pelage d'été ne suffisait pas à apaiser la brûlure, à tel point que Ivor se résolut à voyager de nuit, et à trouver le jour des endroits abrités où se réfugier pour dormir.
Engoncé dans une longue tunique poussiéreuse, la tête enveloppée d'un long tissu blanc, le chasseur était méconnaissable, le visage brûlé par le soleil et les traits tirés. Quatre semaines de marche, dont deux à errer dans la fournaise de Sahawi l'avaient épuisé bien plus qu'il ne l'aurait pensé, et ça n'était pourtant pas faute d'avoir l'habitude des journées passées sur les chemins. Mais son objectif était fixé, et il s'y tiendrait quoi qu'il lui en coûte, il était déjà trop tard pour reculer. Depuis longtemps en réalité, il était trop tard pour lui et tout n'avait été qu'une question de temps avant qu'il ne cède, et qu'il capitule face au souvenir qu'elle avait laissé, et au vide derrière elle. Ivor ne savait pas où il allait, ni dans quoi il s'embarquait, il ne savait même pas si le temps n'avait pas déjà effacé son souvenir dans l'esprit de la jeune femme. Peut-être ne serait-elle pas là, peut-être l'avait-elle déjà oublié, qui sait? Mais il voulait, lui, juste pouvoir un instant la revoir, juste cela. Retrouver un visage aimé était une joie bien précieuse à son coeur, quelque chose qui lui avait été si longtemps refusé... Et dans ses songes souventes fois Isabelle s'était effacée derrière l'image d'Alyna, comme un signe. Il s'était senti coupable, au début; coupable de ressentir de nouveau quelque chose pour quelqu'un d'autre que sa défunte Isabelle, coupable de ne plus soupirer auprès d'un tombeau. Il lui avait juré, pour toujours, juré sa vie entière qu'il ne n'oublierait jamais et qu'elle serait pour toujours l'unique. Mais les années étaient passées, les choses avaient changé, et seize années à courir après un fantôme n'étaient plus soudain que de vains chagrins longtemps remâchés. Pour la première fois depuis seize ans il se permettait de vivre, et d'espérer.

Ah, fou qu'il était, après tout à quoi bon? Tout finirait encore, et encore, dans les larmes et le sang. Mais il n'avait plus rien à perdre, et il voulait simplement la revoir.

C'est ainsi qu'il arriva dans le voisinage du village qu'on lui avait indiqué. La diablesse rousse, l'ombre tueuse. Drôle de réputation, mais, non sans rire, il se disait que ça lui correspondait assez bien, pour le peu qu'il ait pu voir. Beaucoup s'étaient demandés pourquoi est-ce qu'il la cherchait, ce grand homme sombre qui allait seul dans le désert; s'ils savaient, tous... Les silhouettes sur la colline se précisèrent, et il se sentit saisi d'une émotion étrange en reconnaissant Alyna dans l'une des deux personnes qui étaient là; quelque chose d'indescriptible, quelque chose qu'il ne savait nommer. Qu'importent les mots et les idées, qu'importe tout le reste: elle était là, c'était tout ce qui comptait.
Sans hâte, accusant sa fatigue et la difficulté qu'il éprouvait à marcher sous la chaleur, il posa une main rassurante sur le col de Skallag, comme pour lui signifier que tout était bientot terminé et qu'ils pourraient sans doute se reposer sans tarder. L'ascension de la colline fut lente, et à mesure qu'il s'avançait, on pouvait voir plus distinctement ses traits rudes creusés par l'épuisement, et la brûlure du soleil qui avait tanné sa peau comme un vieux cuir. Son regard imperturbable se posa sur l'homme qui se tenait près d'elle; il l'avait vu faire un geste dans sa direction, un moment plus tôt et à présent qu'il était près de lui, il voyait l'arc et les flèches qu'il tenait, et soudain tout devenait plus clair. Son regard glacé le dévisagea un moment mais il ne montra rien de plus que l'expression ordinaire qu'il réservait aux étrangers, et rien de plus ne troubla son regard quand il répondit poliment au salut d'Alyna. Skallag en revanche lui fit la fête, tout heureux de retrouver quelqu'un de familier dans ce pays si étrange.

Finalement, Ivor se fendit d'un de ses rares sourires qui éveillèrent une lueur nouvelle dans ses yeux gris.

-Je ne suis pas certain d'avoir très bien vu, mais je crois que vous venez une fois de plus de me sauver la vie.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Dim 17 Fév - 1:10
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La jeune femme finit par se retourner complètement et vit l’ami du chasseur bondir autour d’elle pour lui faire la fête, elle rit et lui saisit le museau entre les mains pour lui faire des gratouilles en guise de bonjour elle l’embrassa doucement sur la truffe avant de se redresser et poser enfin les yeux sur le chasseur en profitant pour le détailler rapidement, mais en détails. À première chose qu’elle vit furent ses yeux gris où elle y lut une lueur étrange qui lui donna envie de le prendre dans ses bras immédiatement, puis elle le regarda, le teint hâlé à cause de la morsure du soleil, des cernes de fatigue sous les yeux, le voyage avait dû être rude et elle remarqua sa respiration légèrement alourdie par l’épuisement. Ha ! Oui bien entendu il avait l’air d’avoir soif, en même temps quand on n’avait pas l’habitude de « chasser » l’eau il était difficile d’en trouver ici dans la savane. Elle croisa à nouveau son regard une seconde à peine après avoir commencé son examen et une lueur joyeuse s’afficha dans ses prunelles noisette.

-Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.

Elle se tourna vers le guerrier qui les regardait à tour de rôle comme un Yensas se retrouvant hors du sable et la louve le fixa d’un air sévère, il n’avait apparemment pas compris un seul mot de ce que venait de dire les deux et le fait étant qu’il ne parlait pas le langage commun, enfin presque pas.

-Ildor, va prévenir le chef que nous avons un visiteur pour probablement quelques jours. Le guerrier la fixa l’air contrarié et elle fit craquer ses phalanges en ajoutant normalement : J’ai dit va prévenir le chef sinon c’est mon pied au derrière ! Apparemment il comprit l’idée puisqu’il se sauva dans les hautes herbes prenant la direction du village.

Son cœur s’accéléra légèrement quand elle se tourna à nouveau vers Ivor puisqu’ils étaient à présent seuls et elle eut du mal à garder l’impassibilité qu’elle avait habituellement dans son regard. Elle parvint tout de même à garder un certain calme. Empêchant Lyän dans son esprit de prendre le contrôle pour sauter au cou du chasseur pour une tendre étreinte. Elle décrocha une outre-passée à sa ceinture pour la lui tendre, qu’il puisse boire. Se sentant gênée par ce silence qui régnait sur la savane, elle se passa une main dans les cheveux qui interceptèrent les rayons du soleil pour briller de mille éclats enflammés. Elle finit tout de même par lui prendre la main et l’entraîner à l’ombre, le contact était inhabituel chez elle, d’habitude elle touchait rarement ses interlocuteurs –sauf pour leur donner une petite leçon. Là elle l’avait fait sans gêne aucune, très naturellement, cependant elle s’en rendit compte et rougit en le lâchant doucement. De plus le contact de la peau chauffée par le soleil contre la sienne lui rappelait soudain ce tendre contact d’il y a quelque temps déjà.

Elle tenta de trouver quelque chose à dire pour chasser sa gêne, chose difficile puisque les pensées se bousculaient dans son esprit dans un brouhaha presque assourdissant et puis elle eut une idée.


-Heum... le guerrier, Ildor, est parti prévenir le chef du village de ton arrivée, comme ça ils feront le nécessaire pour t'accueillir dignement. Je suis bête quand même j’aurais dû te dire comment te protéger du soleil.

Née à Feu, elle-même ne souffrait pas de la luminosité et très peu de la chaleur, malgré son manteau en cuir qu'elle gardait sur les épaules et une chemise en lin assez épaisse. Parfois seul le manque d'eau la dérangeait. Sa peau était toujours aussi claire, aussi pâle que le sable du désert de l’autre côté des collines et qui plus est elle restait facilement aux alentours d'une quarantaine de degrés –température des loups– et paraissait donc fraîche par rapport à l'air ambiant. Cependant elle comprenait parfaitement la difficulté qu'avaient les gens peu habitués et malgré l'heure peu avancée, à peine onze heures, elle se doutait facilement que cela pouvait être un calvaire, c'est pourquoi elle l'avait entraîné à l'ombre. En plus le vent venait du désert, ramenant les masses d'air chauds, d'habitude c'était un peu plus agréable, mais comme cela faisait trois jours qu'il en était ainsi, elle savait que cela changerait probablement durant la journée.

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Dim 17 Fév - 16:58
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Ivor eut un autre sourire en réponse à ses paroles; c'était un petit miracle en soi, et il fallait bien Alyna pour réussir à le dérider si vite alors même qu'il devait lutter pour ne serait-ce que rester debout. Skallag également était à bout de forces, et ne lui fit pas la fête bien longtemps, avant de retourner se coucher aux pieds de son maître. Le vent s'était levé, brûlant comme s'il sortait d'un four, et fouettait leurs visages d'un souffle qui soulevait la poussière partout autour d'eux. Il ne dit rien de plus, laissant la jeune femme renvoyer l'homme près d'eux là d'où il venait; l'étrange langue qu'ils parlaient avait fini par devenir assez familière aux oreilles d'Ivor qui n'y comprenait toujours rien, mais le ton employé était assez éloquent.

Il accueillit l'outre qu'elle lui tendait avec un regard éperdu de reconnaissance, et s'empressa d'en donner d'abord à son chien avant d'étancher un peu sa soif. Ses propres réserves d'eau s'étaient taries depuis bien trop longtemps, et il en avait été réduit à suivre les troupeaux qu'il croisait pour essayer de trouver l'un des rares points d'eau qui parsemaient la région, ne dénichant au mieux que des mares boueuses. Il la lui rendit avec un signe de remerciement, assorti de l'un de ces demi-sourires qui ne semblaient réservés qu'à elle. Il ne dit rien de plus cependant, toujours aussi silencieux, mais l'éclat de son regard avait une expressivité soudaine qui compensait largement son mutisme naturel.

Le contact de la main dans la sienne le surprit, et il lui lança un regard vaguement amusé par cette audace inattendue. Cela avait semblé très naturel, soudain, sans aucune gêne, du moins au début. Il sembla déçu de la sentir s'éloigner alors qu'elle le menait à un lieu plus ombragé, et esquissa un geste dans sa direction avant de se raviser, ne sachant comment interpréter cette rougeur soudaine qui venaient aux joues pâles de la jeune femme. Il préféra faire comme si de rien n'était, vaguement intrigué, et soudain un peu mal à l'aise. Le silence s'attarda encore et Ivor constatait avec une certaine impuissance que cela avait l'air de gêner la jeune femme; ah, elle était bien mal tombée, elle qui d'ordinaire suffisait à parler pour deux, car ça n'était pas sur la conversaton du chasseur qu'il faudrait compter...

Lorsqu'elle parla enfin, Ivor hocha la tête et puis se décida enfin à parler.

-Je ne manquerai pas de le remercier pour cela, dit-il. C'est très généreux à vous tous de bien vouloir accueillir un étranger.

Une pause, puis il eut une moue fatiguée.

-ça n'est pas vraiment dans les coutumes locales, ai-je remarqué. Les vôtres sont quelque peu méfiants.

Et on le serait à moins, voyant débarquer ce grand homme à la mine sinistre, tout enveloppé de gris et de blanc, le visage masqué par le turban qui le protégeait du soleil. Il avait prudemment écouté les conseils des marchands de Faestelia, constatant en outre que porter une chemise de cuir bouilli par cette chaleur était quelque chose de proprement suicidaire. Ces bonnes gens avaient cependant ommis de lui préciser qu'on portait rarement ces couleurs là dans le désert ou la savane, sous peine d'être une cible idéale pour quiconque voudrait s'adonner à une séance de tir sportif. Ivor l'avait découvert à ses dépends, mais de toute manière, après deux semaines de voyage, ses vêtements étaient recouverts d'une poussière rougeâtre qui le rendaient un peu moins facile à repérer. Les gens du coins étaient méfiants, et d'autant plus méfiants qu'il était clair qu'Ivor était un étranger, et un étranger à la recherche de quelqu'un dont la réputation devait servir de croque-mitaine pour tous les marmots du coin.
Avec tout cela, difficile de faire un voyage paisible... Mais qu'importe, il était arrivé à bon port, elle était là, il l'avait retrouvée et tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Ou presque, mais tout le reste était de l'ordre du détail.

Ivor profita de l'ombre bienfaisante pour s'asseoir, avec une raideur précautionneuse qui trahissait son épuisement. Il ferma ses yeux cernés un instant, et ôta de sa tête l'empilement d'étoffes qui le rendaient méconnaissable. Ses cheveux étaient trempés de sueur, et la poussière du désert qui s'était insinuée partout tomba en bruine ocre sur ses épaules quand il s'en débarrassa. Tout d'un coup, le climat agréablement frais des montagnes et ses torrents innombrables étaient bien lointains, et faisaient figure de paradis terrestre pour le chasseur assoiffé qui aurait vendu son âme pour se rafraîchir dans un lac de montagne.

-Je me suis débrouillé, répondit-il doucement. On m'a renseigné sur le sujet, mais je ne retenterai pas l'aventure de sitôt.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Dim 17 Fév - 20:20
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Il s’était assis pour se reposer et elle s’accroupit quand il lui répondit, posant une main au sol du bout des doigts pour se stabiliser. Il lui souriait, il avait changé, plus joyeux apparemment, l’ombre qui planait sur son esprit semblait s’être effacé, du moins en partie, d’ailleurs ses sourires lui plaisaient énormément, eut-elle été sous forme hybride qu’elle aurait agité sa queue de louve. Le chasseur lui expliqua qu’il s’était renseigné le long du chemin. Les gens semblaient méfiants ? En même temps lorsqu’on avait passé plusieurs années à assassiner du premier paysan venu jusqu’aux nobles, il n’était pas étonnant de se faire une certaine réputation. La seule chose que voyaient ses cibles d’elles était ses yeux d’or, sous l’impulsion de Lyän et une flèche à l’empennage blanc, enfin peu importe. Elle laissa échapper un léger rire ironique.

-Je n’ai pas dû aider à ce qu’ils te fassent confiance.

Elle fixa un moment la plaine d’herbes, s’assurant qu’il n’y avait rien aux alentours, elle connaissait la majorité des dangers de la savane et n’avait pas envie de se faire surprendre par un monstre de celle-ci. Elle sourit cependant avec amusement quand il lui déclara qu’il s’était débrouillé et renseigné sur le chemin, bien que les gens de Sahawi sachent se protéger du soleil, ils ne savaient pas vraiment conseiller comme il le fallait puisque la plupart n’allaient que rarement dans le désert, donc peu d’entre eux sont au fait de comment se protéger lorsque le désert se trouve à moins d’un kilomètre de là.

-J’imagine qu’ils ne t’ont pas dit qu’il faut empiler cinq couches de vêtements pour s’isoler de l’air extérieur et rester à une quarantaine de degrés, mais le turban et le tissu restent une bonne idée...ou sinon il y a l’option se balader torse nu aussi...

L’éclat sauvage qui était apparue dans son regard, ainsi qu’une lueur joueuse, sur les quelques mots qui terminèrent sa phrase ne laissait pas de doute possible sur l'identitée de celle qui venait de s’exprimer, Lyän avait profité d’une brèche dans la défense d’Alyna pour placer une phrase avant de se faire chasser par la partie humaine. Dans l’esprit de la jeune femme l’instinct disparut dans un nuage de fumé en riant.

Elle rougit d’ailleurs à cause de ce qu’elle venait de dire et détourna le regard en se souvenant les deux fois où elle l’avait vu sans chemise. Elle s’assit cependant et tira son couteau de sa botte pour le faire tourner entre ses doigts, un tic nerveux à n’en pas douter, mais qui lui permettait généralement de faire disparaitre la rougeur de ses joues puisqu’elle se concentrait ainsi sur autre chose. Pendant quelques minutes elle garda le silence, lorsqu’elle se fut calmée elle se tourna vers le nord, écoutant apparemment les sons. Elle marmonna quelque chose d’incompréhensible avant de se tourner vers le chasseur pour plonger son regard d’ambre dans le sien.


-Une tempête de sable approche, normalement elle ne devrait pas franchir les collines, mais ça va sûrement faire tourner le vent et il devrait faire moins chaud ensuite. Mais ! Il ne vaut mieux pas se déplacer avant qu’elle ne s’arrête.

« Incendie ! N’est-ce pas que tu veux t’assurer qu’il n’y en ait pas qui se déclenche ? »
« En effet. »

C’était ce qu’il y avait le plus à craindre à part la chaleur, les incendies de savane, l’herbe sèche s’embrasait rapidement et s’ils n’étaient pas arrêtés ils dévoraient tout sur leur passage, la seule issue restant la fuite. Alyna, avait appris à arrêter ce genre d’incident, à force elle avait fini par comprendre comment cela fonctionnait et alors s’était déclaré sa capacité de contrôle des flammes. C’est pourquoi elle voulait rester par ici, pour pouvoir arrêter immédiatement l’incendie s’il se déclarait. Au loin elle entendait le vent se lever toujours plus et sentait peu à peu la pression augmenter sur ses tympans, signe que la tempête commençait. Skallag sentait sûrement le changement de temps aussi.

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Lun 18 Fév - 8:14
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Ivor secoua négativement la tête en réponse à ses paroles, avec un regard éloquent. Le moins qu'on puisse dire, c'était que la méfiance était de mise chaque fois qu'il avait parlé d'elle. Alyna semblait traîner un lourd passif, mais le chasseur, lui-même affublé d'une existence pas toujours très nette, n'avait pas les mains assez propres et l'âme assez pure pour se permettre de faire le moindre commentaire à ce sujet et étrangement, de savoir tout cela ne changeait rien aux sentiments qu'il pouvait éprouver pour elle. Quoi qu'elle ait fait et quelles que soient ses raisons, il estimait que cela ne le regardait en rien. Et puis l'absence avait été trop longue pour gâcher leurs retrouvailles avec de telles pensées.
A vrai dire, il était heureux de la gaieté avec laquelle il était accueilli; elle avait l'air heureuse de le revoir, et ne l'avait pas oublié, ce qui était à ses yeux un miracle même après la manière dont s'était terminée leur dernière entrevue.

Les paroles qui vinrent ensuite le plongèrent manifestement dans un abîme de perplexité. Ivor n'était pas très au fait des changements de personnalité de la jeune femme et la dernière phrase, prononcée par sa bouche, sonnait faux, soudain. C'était elle, mais pas totalement, quelque chose d'un peu différent, alors que dans ses yeux d'ambre on voyait danser une lueur d'or chatoyant. Cela l'intriguait, car ni l'une ni l'autre n'avait été très loquace sur leur nature, la première fois; mais il était devenu certain que Lyän avait, d'une certaine manière, la langue bien plus pendue que son double qui faisait montre d'une certaine timidité qui ne manquait pas de le mettre mal à l'aise. D'ailleurs, la voyant rougir à ce point, on ne pouvait que constater que Alyna était toujours là.
Il haussa un sourcil avec un sourire, et puis secoua la tête.

-J'ai déjà écopé d'assez de brûlures comme ça, mais merci du conseil.

La vérité était qu'il avait probablement mal compris ce qu'on lui disait; il n'était pas doué pour communiquer, et les gens du cru parlaient rarement la langue commune, ce qui n'avait pas été facile pour nouer le contact. Le résultat était que la poussière, les brûlures du soleil et le manque d'eau l'avaient presque momifié sous son manteau, raison de plus pour ne songer qu'à aller se noyer dans un grand bain d'eau glacée. Hélas, à voir l'endroit, tout ça ne resterait qu'une vaine espérance, et il n'avait plus qu'à serrer les dents et attendre que tout cela guérisse.
Le silence était retombé entre eux; la gêne d'Alyna était manifeste, et Ivor ne savait, comme toujours, que dire pour relancer la conversation moribonde. Un moment, il s'absorba dans les reflets que jetaient la lame entre les doigts blancs de la jeune femme. L'ombre était apaisante, après des jours de marche et la souffrance du soleil; ses yeux trop clairs pour supporter cette lumière s'apaisaient enfin, et un peu de repos faisait le plus grand bien à son organisme malmené. Il n'était décidément pas fait pour la savane, ni pour le désert, ni pour aucun de ces pays de fournaise. Alyna en revanche, et c'était manifeste, était bien plus dans son élément ici que dans les montagnes, et l'on voyait à sa manière de percevoir les sons autour d'eux, les vents changeants et tout ce qui les entourait qu'elle connaissait ce pays mieux que quiconque. Ivor, qui commençait à sombrer dans une confortable apathie épuisée, eut un vague sursaut quand près de lui, Skallag se redressa brusquement pour humer l'air. Alyna regardait dans la même direction que lui, et finit par expliquer.

Il eut un hochement de tête, et grimaça. Il avait eu à subir une ou deux de ces tempêtes, et n'avait pas aimé. La première fois, il avait été surpris dans le lit d'un oued asséché, et n'avait trouvé comme refuge que l'anfractuosité d'une colline. Il avait craché de la poussière pendant des jours et avait cru en crever, de même que la seconde fois, et il avait maudit ce pays, ses habitants, et son idée stupide de partir à la recherche d'un femme qui n'avait pas revue depuis des mois. L'avantage cependant était que la température baissait sensiblement et devenait presque supportable, comparé à la chaleur étouffante qui régnait un moment plus tot. Rasséréné, Skallag se recoucha près de son maître, n'ayant plus la force de se tenir debout, de toute manière.

Au loin, près des collines, on voyait s'ammasser les nuages ocres et dorés dans la lumière du soleil, comme un mur de sable mouvant agité par les courants violents des rafales. Tout ça hurlait, tourbillonnait, se tordait en colonnes poudreuses, et le vent charriait une fine poussière qui retombait en pluie dans les hautes herbes. Il était content de ne pas avoir à l'affronter, celle-là... Et puis, se désintéressant du spectacle pourtant étonnant de la tempête, il posa ses yeux gris sur la jeune femme, et un fin sourire lui vint. Pendant des semaines, sa volonté de la revoir était presque tournée à l'obsession et il s'était souvenu, alors, ce que c'était que d'avoir un but à sa vie autre que celui d'attendre sa fin; il avait été heureux dans un certain sens, il avait réussi à laisser au loin ses fantômes et ses peines. A présent qu'il était arrivé à bon port et qu'elle était là, il ne savait en rien à quoi allaient ressembler les jours prochains, il ne savait rien de ce qui se passerait et où porteraient ses pas. Etait-ce vraiment important? Il n'avait jamais songé à l'après, tant la perspective de ce voyage semblait lointaine et son issue hautement incertaine. La vérité, était que pour l'heure il ne souhaitait rien moins que de rester près d'elle, tout simplement.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Lun 18 Fév - 22:38
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Alyna ne savait à nouveau pas quoi dire et il est vrai qu’il ne l’aidait pas vraiment, mais elle savait qu’il n’était pas un grand bavard, cependant les phrases qu’il avait prononcées depuis leur rencontre la surprenait, il avait véritablement changé. Il la regarda dans les yeux et elle sentit à nouveau son cœur accélérer, heureusement qu’il ne l’entendait pas battre, mais qu’importe. Elle voulait juste rester avec lui, savoir qu’il allait bien, elle plongea son regard dans celui du chasseur, se laissant happer par ses prunelles grises d’une profondeur étonnante. La louve se détourna cependant pour éviter de redevenir écarlate et observa le paysage, l’air se rafraichissait et les courants allaient bientôt venir du sud, il ferait donc meilleur, d’ailleurs l’air s’allégeait déjà légèrement. Alyna ignora le sifflement du vent qu’elle percevait et fouilla dans les poches de son carquois pour en sortir quelques morceaux de viande séchées qu’elle offrit à Skallag et à Ivor, elle en garda une pour la lancer dans les airs, Fylia vint l’attraper au vol avant de venir se poser sur un rocher non loin de son amie et manger la lanière de viande.

La jeune femme resta dans le silence, songeuse, les laissant reprendre des forces, elle était décontractée, mais ce n’était qu’une façade, car en réalité elle était totalement concentrée sur ce qui se passait autour d’eux, le moindre son, la moindre odeur était analysée. Parallèlement elle réfléchit à un sujet de discussion et se rappela soudain qu’elle n’avait toujours pas expliqué la véritable nature de Lyän. Elle se reprocha sa bêtise et se tourna vers le chasseur pour lui adresser un sourire aimable.


-Tu dois te souvenir de Lyän... Cette imbécile n’a pas expliqué... Elle est mon « loup », mon instinct, elle est apparue lors de mes treize ans pour me protéger.

Un sifflement sonore, d'une personne qui appelaient en soufflant entre ses doigts, fit se redresser Alyna qui tendit l’oreille, empêchant la discussion de, probablement, sombrer à nouveau dans un silence. Elle vit une des rares guerrières de la tribu, une guetteuse, apparaître en haut de la colline derrière laquelle sévissait la tempête, car du désert venait parfois le danger, sous la forme de caravane d’esclavagistes. La femme lui fit de grands signes avant de détaler vers le village malgré le vent qui effaça bientôt ses traces. La louve renifla et se déplaça sur les talons, accroupie pour poser un doigt sur les lèvres d’Ivor, lui intimant le silence, des voix étaient perceptibles par moments à travers la tempête.

-Surtout ne bouge pas.

Elle s’interposa entre le chasseur et la colline, pour occuper le champs vision de personnes qui viendraient, à quelques centimètres de lui, tirent sa capuche sur sa tête, elle fit changer l’extérieur de son vêtement de couleur et de texture visuelle pour les rendre similaires aux rochers à l’ombre desquels ils étaient. Elle tourna légèrement la tête vers la colline pour observer qui étaient ceux qui approchaient. La lycan veilla à cacher avec ses vêtements toute trace de leur présence à tous deux, puis elle s’immobilisa complètement, respirant tellement paisiblement qu’on eut pu penser qu’elle s’était figée, seuls ses yeux clignaient encore par moments et Ivor pouvait voir en se penchant discrètement que des hommes venaient d’apparaître au sommet de la colline, une caravane de nomades, ils passèrent la crête pour descendre vers la savane en bifurquant vers Faestelia. Ou ce n’était pas des marchands d’esclaves, elle se mit en mouvement tourna son visage vers celui du chasseur, un battement de cœur rata quand la louve se rendit compte qu’elle était à une trentaine de centimètres de lui, étonnement elle ne rougit pas, ne recula pas, se contentant de respirer profondément et se noyer dans son regard.

-Fausse alerte, souffla-t-elle.

Elle n'avait soudain plus envie de s'éloigner et ne sentait pas le besoin de parler à voix haute puisque le silence les environnaient. Ses vêtements reprirent leur aspect habituel, mais elle ne bougea pas, partagée entre deux envies, se blottir contre lui ou reculer.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Mer 20 Fév - 19:42
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Ivor ne ressentait pas le silence de la même manière qu'Alyna; il percevait une certaine gêne, mais comme toujours lui préférait bien amplement cela à ces conversations avortées où il ne savait tout simplement pas ce qu'il pouvait et devait dire, quand son esprit s'étiolait soudain et laissait place à un vide, parce qu'il n'éprouvait tout simplement pas le besoin de dire quelque chose. Il se sentait plus à l'aise, ainsi; il y avait quelque chose de paisible, là; le sifflement de la tempête se faisait entendre au loin, mais ici, dans le vent plus frais qui soufflait, le calme n'était rompu que par le bruissement des rafales dans les hautes herbes et dans les feuillages des arbustes. Des nuances de silence, déposées par touches. Ici et là, entrelacés de murmures, ici plus profond, ici impénétrable et là de nouveau troublé par de nouveaux sons. Il était idiot de dire qu'il n'existait qu'une sorte de silence, comme une sorte d'ombre, ou de lumière: au contraire, il se déployait en une infinité de variations subtiles, et c'était sans doute cela, cette vie d'ermite dans un univers sans paroles qui avait rendu Ivor si sensible au moindre bruit et qui lui avait donné l'ouïe si fine.

Relativement épuisé par sa longue marche, il accepta avec reconnaissance ce qu'elle lui offrait, tout comme Skallag qui trouva assez forces pour remuer joyeusement la queue et dévorer sa part avec avidité. Tout en mâchonnant le morceau de viande qu'elle lui avait donné, Ivor haussa un sourcil curieux quand elle lui expliqua la nature de Lyän. Ah, il aurait bien dû s'en douter mais maintenant tout était bien plus clair et il eut une expression intéressée en hochant la tête. Il allait répondre quelque chose, quand il entendit le sifflement qui perça l'air, faisant lever les oreilles à Skallag. L'air intrigué, la bête et son maître suivirent le geste d'Alyna, et la silhouette qui détalait dans les collines. Le doigt qu'elle posa sur sa bouche était inutile, autant intimer le silence à un rocher, mais sembla provoquer un certain trouble chez le chasseur qui se garda cependant de le montrer.

Un instant de silence tendu passa entre eux, et les rafales s'enroulèrent paresseusement en écheveaux de poussière soulevée alors que sous ses yeux confondus le manteau de la jeune femme se muait, prenait une couleur ocre et grisâtre, la même que celle des rochers aux pieds desquels ils étaient assis. Il posa une main sur la tête de Skallag pour lui commander de ne pas bouger, et resta là ainsi que le lui avait ordonné Alyna qui, comprit-il, le dissimulait en même temps qu'elle derrière l'écran de son vêtement. Il guetta un moment le sommet de la colline, voyant passer les hommes qui avaient provoqué l'alerte et reposa les yeux sur elle au moment où la louve le regardait de nouveau. Il se figea un instant, et même si l'alerte était passée, personne ne semblait décidé à bouger, et elle restait immobile près de lui. Il y eut un instant suspendu, dans le vide, alors qu'il se plongeait dans ses yeux bruns. La dernière fois qu'ils avaient été si proches, il savaient tous deux la manière dont cela s'était terminé, mais c'était comme s'il ne se sentait pas la force d'agir encore, comme s'il hésitait alors même que tout en lui hurlait de la saisir, de l'embrasser, et de franchir cette distance si faible, et pourtant insupportable.

Très doucement, il posa une main sur sa joue, et lui sourit. C'était comme la venue du soleil après un long orage, alors que dans ses yeux gris se dissipaient les nuées; une éclaircie dans la grisaille qui apportait avec elle une soudaine douceur qui n'avait plus paru sur ces traits depuis de longues, longues années. Paisible et grave comme un vieillard, il y avait encore de la tristesse, là; mais ce n'était plus que la mélancolie ancienne de vieilles souffrances passées, des stigmates qui ne s'effaceraient jamais vraiment et qui ne rendaient que plus précieuse encore la lueur que l'on voyait poindre. L'ombre s'était estompée. Elle était toujours là, prégnante, dans ses vieilles mains usées, dans les traits rudes de son visage brûlé par le soleil et le vent, dans les rides précoces qui creusaient son visage comme l'écorce tourmentée d'un chêne vénérable. Elle était toujours là et le serait toujours car elle faisait partie de lui, mais pour l'heure elle s'était effacée, estompée, chassée à demi, passée à l'arrière plan par la lumière d'un sourire et d'une joie tranquille au fond de son regard.

Et puis, sans un mot, il l'attira à lui, de cette façon un peu maladroite mais très tendre qu'il avait avec elle, juste pour sentir son contact et l'avoir enfin dans ses bras. Sa tête s'appuya contre la sienne, et il l'entourait de ses bras sans la contraindre, juste pour sentir sa chaleur, juste pour la sentir être, respirer et vivre, là, juste là. Il sentait son souffle, son coeur battant, la brûlure de sa peau contre la sienne, et rien n'était plus doux que cela. Le silence les enveloppait sur les ailes du vent, comme complice, coulant en tourbillons tièdes qui atténuaient la brûlure ambiante, et soudain tout s'apaisait. Au loin, la tempête hurlait encore, mais un ton en-dessous, comme tue par quelque chose qui tenait à respecter un instant, un moment paisible au creux des vieilles pierres. Plus rien, plus un bruit. Ivor avait fermé les yeux et soudain son monde se résumait à elle, juste elle. L'odeur de ses cheveux que le vent soulevait pour chatouiller son visage, une fragrance de fourrure chaude et de soleil, ronde et soyeuse. Elle se mêlait à celle de sa peau, parfum de poussière et de chair, et de sang, et qui brûlait, là; il émanait d'elle une chaleur qu'il arrivait à percevoir même dans la fournaise environnante et qui lui faisait ressentir son contact même au travers de ses vêtements. Rien que sa présence, rien d'autre que cela, parce qu'à la toute fin c'était uniquement de cela qu'il avait besoin.

Et puis, la paix, soudain, qui faisait taire la blessure et la souffrance, remplissait le néant d'un doux silence.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Jeu 21 Fév - 0:20
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Il avait franchi le pas avant elle, approchant sa main de son visage pour la poser sur sa joue, elle ne dit rien, ne bougea pas. Sentant la peau rude du chasseur, marquée par le temps, mais pourtant tendre et douce en cet instant, elle se noya dans ses prunelles grises, assistant à la disparition progressive de ses ténèbres à lui. Ne subsistait que la mélancolie quelque part au fin fond de son regard gris. On aurait presque dit qu’il avait rajeuni avec cette nouvelle lueur de vie et de force dans ses iris qui s’étaient mis à briller de joie, comme un rire de jeune homme. Elle n’osait pas bouger pour ne pas briser cet instant, elle sentit qu’il l’attirait contre lui, mais ne fit rien pour l’en empêcher, elle ne le voulait de toute façon pas. Elle se retrouva blottie contre lui, sentant son cœur battre plus rapidement que la normal, le sentait-il ? Probablement. Alyna osa bouger pour enlacer doucement, mais timidement Ivor et le serra légèrement.

L’immortalité, un vaste mot, l’immortalité c’est ce qui ne périt pas, mais on ne peut pas la ressentir normalement ou en de rares occasions. Présentement elle comprit tout ce que le mot : immortel signifiait, car en cet instant plus rien n’existait plus que son odeur à lui, si caractéristique d’un mélange de poussière, d'herbes sèches, de sable, d'air pur. Tant d’odeurs à la fois qui se mêlaient et composait ainsi son empreinte olfactive. Son contact, sa chaleur, sa présence et le son des battements de son cœur qu’elle entendant distinctement, tout cela l’apaisa, faisant taire l’agitation de son esprit. Et comme elle ne prêtait que peu d’attention à ce qu’il se passait autour, son ouïe s’apaisa complètement, elle n’écoutait plus et donc son oreille n’avait plus besoin de s’embêter à faire le point sur les sons autour si ce n’est son cœur et sa respiration.
La lycan ferma les yeux, apaisée, son rythme cardiaque ayant repris une allure paisible, elle était complètement détendue pour la première fois depuis longtemps en fait depuis son enfance elle n’avait pas connu une telle paix intérieure, quand elle n’avait pas de soucis. L’éternité oui elle la touchait du doigt à présent, comprenant son sens et sa « durée », elle était là à portée, cet instant ne finirait probablement jamais.

« Si... il finira Alyna... »

Avant qu’elle n’ait compris la raison Lyän s’empara du corps de la jeune femme pour embrasser Ivor sur la joue, ouvrant à demi les yeux, un baiser doux donné à la dérobée comme une voleuse, semblable à une caresse fugitive éphémère et pourtant semblant durer si longtemps. Un contact qui voulait signifier, sans parole, simplement par le geste, bien plus que le simple fait de dire qu’elle l’appréciait énormément et les dieux seuls savaient à quel point rien que cela était déjà la plus grande des déclarations d’amour chez elle. Mais au-delà de cela, par la fugacité de l’action, elle lui signifiait en douceur qu’elle savait que ceci ne durerait probablement pas éternellement. Plus profonde qu’Alyna, Lyän avait compris que si les choses restaient tel qu’elle, la vie du chasseur s’achèverait, car humain il était et par le fait il restait mortel. Elle pouvait cependant lui offrir l’intemporalité à tout moment, mais ne le ferait pas sans lui avoir parlé. La louve plongea ses yeux noisette, brûlant de cette flamme de liberté et de sauvagerie qui la caractérisait, dans ceux d’Ivor, toutefois l’éclat semblait légèrement terni par cette sombre pensée, cependant l’instinct laissa place à la partie humaine à nouveau qui écarquilla les yeux de surprise.


-Je n’ai aucune idée de ce qui lui a pris, ni de pourquoi elle ... enfin c’est la première fois qu’elle est ainsi, sauvage, ironique, agressive, joueuse oui, mais pas triste...

Parlant à mi-voix, comme si elle réfléchissait à voix haute. Elle se demandait soudain pourquoi son loup avait agit ainsi et posa sans s’en rendre compte la joue contre l’épaule d’Ivor, retournant se blottir contre lui, après tout elle se sentait calmée à ses côtés, même si maintenant elle sentait une pointe de tristesse au fin fond de son cœur, provenant de son double, mais qui se calmait un peu tout de même en étant contre lui. Elle ne comprenait pas la raison d'une telle attitude chez elle, mais peut-être que le chasseur avait une explication.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Lun 25 Fév - 8:15
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Il finira, comme nous tous, et comme chaque chose en ce monde.

En écho aux pensées d'Alyna qu'il ignorait encore, Ivor souriait à la face du reste du monde et laissait cet instant de félicité s'étirer encore et encore, se diluer dans l'illusion de l'infini. Oh bien sûr, si ça en avait le goût, ça n'en était pas, car lui mieux que quiconque sans doute savait combien ne durent pas les choses de ce monde et que les hommes et les fortunes ne sont que des brindilles dans le courant, risquant l'immersion fatale à tout instant. Il avait conscience de sa propre fragilité mais cela ne l'attristait pas car il avait apprit à vivre tout en sachant sa fin prochaine. Des considérations de mortel qui étonneraient sans doute Alyna...

Le baiser qu'elle déposa sur sa joue le fit sourire paisiblement, de nouveau. Il avait oublié ce que c'était que d'être en compagnie d'une personne aimée; il en avait presque oublié ce que c'était que d'être heureux, au moins pour quelques instants. Instinctivement, peut-être en voyant la teinte dorée qu'avaient prit ses yeux, il comprit la valeur de ce qu'elle venait de faire, même si cela pouvait sembler être presque rien, il sentit qu'y avait là bien plus que dans tous les discours qu'elle aurait pu prononcer. Il la serra un peu plus fort contre lui, glissant ses doigts dans ses cheveux, saisissant au fond de son regard incandescent une tristesse qu'il ne comprenait pas. Elle s'effaça sans plus d'explications, laissant Ivor et Alyna face à face; manifestement, le comportement de la louve était aussi peu limpide pour la jeune femme...

Sa question le laissa un instant désemparé et il la fixa sans mot dire. Cette question là dépassait largement toutes ses compétences; si Alyna elle-même ne pouvait l'expliquer, comment le pourrait-il lui? Il peinait déjà à comprendre les élans de son propre coeur; comment pourrait-il connaître ce qui pouvait agiter celui d'une autre? Pourtant, Lyän était probablement l'aspect qu'il était le plus à même de comprendre, puisqu'elle était animale; mais même tous les dons qu'il avait pu recevoir et tout ce qu'il savait des loups, il ne pouvait savoir, pas encore, quelle sombre certitude ternissait les yeux de la louve.

-Je ne sais pas, avoua-il finalement.

Cependant, pourquoi se compliquer la vie quand on pouvait aller au plus simple?

-Pourquoi ne pas lui demander à elle?

La question méritait d'être posée. Très doucement, il prit son visage entre ses mains et plongea ses yeux gris dans son regard d'ambre.

-Lyän? Parle-moi.


Il avait la voix douce, soudain, et le calme patient qu'il avait toujours avec les animaux réticents. C'était instinctif, il savait comment se comporter pour les rassurer, comment agir et comment ajuster le ton de sa voix. Paisible et rassurant, il attendrait le temps nécessaire pour qu'elle parle, avec cette obstination tranquille qui était la sienne dans ces cas-là. Il avait tout son temps et la tempête qui hurlait au loin les gardait encore de toute interruption non désirée, les isolant dans cet îlot paisible qui laissait le reste du monde au-dehors.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Lun 25 Fév - 21:06
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Il ne savait pas non plus, quel problème épineux, il proposa de demander à l’intéressée, mais depuis quand répondait-elle autrement que par énigmes ? Et puis elle estimerait qu’elle en avait déjà assez-dit, fichue louve. Elle écarquilla légèrement les yeux quand il plaça ses mains sur ses joues pour planter ses yeux gris dans les siens et appela Lyän d’une voix douce.

Alyna entra en son propre esprit, elle ne sentait pas la présence de la louve, elle partit donc vers son havre, escaladant la falaise où « habitait » son instinct, elle n’était pas là, mais sa présence était palpable, l’humaine promena son regard autour d’elle et s’avança vers un arbre creux qui semblait faire comme une porte, de là provenait la présence de la louve. Elle entra pour se retrouver sur le haut d’une très haute tour, entourée d'obscurité, on eut dit que le toit était recouvert d’un vitrail et en baissant les yeux elle aperçut effectivement une rosace avec au centre un loup écarlate hurlant vers le ciel, la luminosité de l'endroit provenait de ce vitrail immense. Les alentours n’étaient que vide et obscurité, elle se retourna, le passage était toujours là, en regardant à nouveau devant elle, elle aperçut Lyän assise au bord du vide, penchée au-dessus de celui-ci.

« Savais-tu Alyna... ? Que notre havre peut-être aussi vaste qu’on le souhaite? »
« Oui, on te demande. »

Elle se remit debout et se retourna lentement vers Alyna, les yeux fermés, puis elle les rouvrit avec un regard ironique et disparu pour apparaître dans le dos de la jeune femme qui se figea. « Il est dangereux de venir dans ma demeure... Entends-tu ce murmure Alyna ? » la partie humaine écouta le murmure dont parlait son instinct, semblable au vent il semblait cependant vouloir dire quelque chose, qu’elle ne comprenait pas. « Tant que tu ne comprendras pas ce qu’il dit, tu ne pourras deviner ma peine, car ce souffle est une idée de ton subconscient que tu n’entends car tu ne l’as pas concrétisée, mais moi je l’entends nettement puisque je suis proche de son essence même. » Elle ne dit rien d’autre et fit un simple pas en avant, l'univers obscur disparu pour laisser place à nouveau à la savane, elles étaient toutes deux revenues sur leur « terrain de jeu ». L’étrange murmure subsistait tout de même, s’intensifiant alors que Lyän regardait la plaine avant de fermer les yeux, sentant bien que la partie humaine lui laissait le contrôle elle s’en saisit.

La jeune femme cligna des yeux, environs une minute après qu'Ivor l'ait appellé, ses pupilles virèrent au jaune et elle se noya dans le regard gris qu’elle avait dans son champ de vision. Elle laissa échapper un grondement léger de bien-être avant de se reprendre et le faire taire, car oui elle était bien ainsi avec lui, dommage que tout ceci n’allait probablement pas durer autant qu’elle le voudrait. À cette réflexion la lueur triste s’accentua, cependant elle étira ses lèvres en un sourire joueur, effaçant un peu cette ombre triste et approcha son visage de celui du chasseur, sans pour autant aller lui dérober un baiser. Il voulait lui parler, fort bien, elle se doutait sans mal qu’il aurait du mal à garder le fil de ses idées si elle restait aussi proche. Dans un murmure mutin elle lui susurra :


-Moi je veux bien te parler cher Ivor, mais que veux-tu donc savoir ?

Joueuse, théâtrale et comédienne elle feignait d’ignorer ce que souhaite savoir son interlocuteur alors qu’elle le savait pertinemment, de la même façon qu’elle avait su qu’il voulait lui parler. Mais elle n’avait qu’une envie, se blottir dans ses bras, pour l’éternité ou du moins pour le restant des jours de l’humain, puisque elle-même ne vieillirait pas. Alyna n’avait pas la moindre idée de ce temps qui coulait et allait lui arracher celui qu’elle aimait, elle ne s’en rendait pas encore compte, candide innocente. Elle comprendrait vite, Lyän en était certaine.

En attendant elle en profita pour s’amuser encore et peut-être faire oublier à son interlocuteur la question qu'il voulait lui poser. Elle approcha son visage un peu plus de celui du chasseur sans se départir de son sourire joueur, elle se déroba à la dernière seconde, reculant de quelques centimètres, le fixant droit dans les yeux, puis soudain lui déroba fugitivement le coin de ses lèvres, avec une infinie douceur cependant, avant de vraiment s’éloigner d’Ivor pour se placer face à la savane, à la lisière de l’ombre, le vent qui couchait les herbes emporta ses cheveux à la couleur des flammes, elle croisa les bras dans son dos et se laissa aller à sa forme hybride, remuant ses oreilles animales, qui venaient d’apparaître, en tous sens, une queue de louve se balança. Elle se tourna à demi vers Ivor avec un large sourire, la tempête allait bientôt se dissiper et le chasseur semblait avoir été quelque peu perturbé par son mouvement. Avec un peu de chance il aurait oublié sa question.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Ven 1 Mar - 21:23
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Ivor attendit. Patient, toujours; il avait le temps, il l'avait toujours eu. Et puis, il regarda la yeux de la jeune femme changer, se muer, et briller d'une lueur d'or pur. Il lui sourit, et puis ne put s'empêcher de lever légèrement les yeux au ciel quand elle répondit par une pirouette verbale, l'air de rien. A quoi s'attendait-il venant d'elle? Lyän était bien trop imprévisible et sauvage pour se permettre de lâcher un mot devant lui à propos de ce qu'elle aurait pu ressentir; le temps n'était pas encore à cela mais Ivor voulait essayer. Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas? A tout le moins voulait-il lui faire comprendre qu'il avait saisi la tristesse soudaine au fond d'elle, et qu'il s'en souciait. Cela et rien de plus car la curiosité n'était pas son fort, aussi il n'était pas question non plus de la brusquer.
Le baiser qu'il reçut, furtif mais sincère, le conforta dans l'idée qu'on le menait en bateau. Ah, il ne lui en voulait pas, chacun ses secrets et lui-même aurait eu autant de mal, sinon plus, à parler aussi.
Il y avait eu comme une tension soudaine, alors qu'elle avait rapproché son visage du sien, sans qu'il sache trop si cela venait d'elle, de lui, ou du fait que cette si faible distance qui pouvait encore les séparer alors semblait proprement insupportable. Cela l'avait perturbé, oui, comme chaque fois qu'elle était un peu trop près de lui et que ce sentiment qui lui venait toujours lui remuait les entrailles, mais il n'en était pas au point d'avoir oublié ce dont il était question au départ.

Il resta immobile alors qu'elle se dérobait encore, et l'expression désarmante qu'elle lui adressa ensuite lui arracha un franc mais bref sourire. Sans avoir pour autant abandonné son idée, obstiné et patient, il se leva, s'approchant d'elle à pas de loup. Ses brûlures sur son dos le firent souffrir de nouveau lorsqu'il eut à bouger, et il eut une brève grimace.
Doucement, sa main se referma sur l'épaule de la femme-louve et il resta un moment là, juste derrière elle, comme une présence silencieuse; une hésitation, et puis, avec cette tendresse un peu gauche qui était la sienne, il se pencha pour effleurer son cou du bout des lèvres, comme un baiser qui n'osait pas s'y poser. Il ferma les yeux un instant, empli de l'odeur de sa peau et de ses cheveux que le vent rabattait vers lui.

-Tu as semblé triste, un instant, dit-il à voix basse. Même Alyna n'a pas compris.

Une pause, il se redressa comme à regret, appuyant sa tête contre celle de la jeune femme.

-Je comprends que tu n'en veuilles rien dire. Fais à ta guise.

Et il était tout à fait sincère disant cela: nul autre que lui ne pouvait comprendre que l'on veuille se taire sur ce qui pouvait gire au-dedans de soi. Il était obstiné, mais plus que patient. Il était peut-être trop tôt pour cela, et il comprenait, lui qui aurait tant de mal alors à lever le sceau du secret sur tout ce qui avait fait de lui l'ombre de lui-même.

Au loin, la tempête s'apaisait et à mesure que le vent se calmait, on voyait la poussière retomber en longs rideaux de pluie ocre et dorée sur les dunes. Le temps semblait reprendre son cours, lentement, et Ivor ignorait à vrai dire depuis combien de temps ils étaient là, isolés dans cette minuscule parcelle de paix; des minutes, des heures, un jour peut-être? Qu'importe. Tout cela avait semblé s'arrêter alors, comme si le monde avait cessé de respirer juste pour leur laisser un moment loin de tout, séparés du reste de l'univers par quelques instants de silence et la tempête qui rugissait. Un moment, presque rien; et pourtant cela avait semblé si long... Et Ivor avait écouté les voix se taire, au fond de lui; tout ce qui hurlait sa colère et son chagrin avait fait silence. Là, plus rien, juste les remous apaisant d'une vacuité tranquille, car c'était là, toujours, qu'il trouvait la paix. Il ne pensait pas au reste, il ne pensait à presque rien, à vrai dire. Il se contentait d'être, de se sentir vivre, soudain. Comme si plus rien ne pouvait l'atteindre, puisqu'il était avec elle. Là, dans le silence, dans le vide, dans ce néant bienfaisait, il n'était plus seul et quelque chose se souvenait que l'on pouvait encore exister, et qu'il avait encore sa place ici bas. Lentement, le funeste espoir de la mort comme seule porteuse de repos s'éloignait, et quelque chose en lui se souvenait que ce n'était pas la seule solution qui lui était offerte. Son froid baiser n'était pas la seule salvation à attendre, et il avait encore quelque chose à faire des longues années de vie qui s'étendaient devant lui.

Autour d'eux, peu à peu le monde se rappelait à leur mémoire et les rugissements du vent laissaient place au silence bruissant de la savane. Il y avait un monde, là; ces moments ne pouvaient durer éternellement et le temps s'écoulait de nouveau, diluant chaque instant un peu plus ce qui restait de cet instant privilégié. L'isolement et le silence s'en allaient, alors que des silhouettes apparaissaient sur la crête de la colline où Ivor avait retrouvé Alyna, un moment plus tôt. Le chasseur voyant cela se détacha un peu d'elle, vaguement gêné, comme s'il ne voulait pas que l'on surprenne ce qui se tramait entre eux.

-Je crois qu'on te réclame, dit-il à mi-voix, retrouvant tout à coup cet air vaguement renfermé qui était le sien d'ordinaire.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Ven 1 Mar - 23:56
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Lyän ne bougea pas lorsqu’il posa une main sur son épaule, elle l’avait entendu arriver et donc il ne l’avait pas surprise, elle pouvait sans mal deviner la tendresse dans son geste grâce à la douceur qu’il avait de la toucher. Elle ne s’attendit cependant pas à ce qui suivit, il posa ses lèvres sur la peau de son cou et elle se sentit frémir, son pelage se hérisser et ses oreilles se penchèrent légèrement en arrière, cependant cela ne dura qu’une seconde, le temps du contact. Elle en fut presque déçue lorsqu’il l’interrompit son geste, mais elle sourit tout de même lorsqu’il posa sa tête contre la sienne. Elle avait eu raison, un vieux chêne au bois tendre sous son écorce fatiguée.

La jeune femme ne dit rien lorsqu’il lui parla, il se trompait, elle voulait bien lui expliquer, mais c’était compliqué, enfin c’était très difficile de dire une telle chose, surtout lorsque c’était la première fois qu’on ressentait cela. La tempête allait s’apaiser et il n’y aurait plus de raison de rester seuls tous les deux, c’était maintenant, mais les mots ne sortaient pas, Lyän n’était pas expressive par les paroles, mais par le corps et les actes, mais rarement elle avait extériorisé son attachement et ne savait comment le faire ou plutôt elle n’osait probablement pas. Le vent se calmait et l’étrange bulle d’intimité entre eut-deux semblai sur le point de se briser, flute à la fin, pourquoi n’arrivait-elle pas à exprimer ce qu’elle voulait lui dire. Ses yeux couleur du soleil se levèrent vers l’astre pour jauger le temps qu’ils avaient passé ensemble, il était à peine proche du zénith. Les oreilles de sa forme hybride remuèrent lorsqu’elle entendit des sons de voix au loin, maintenant... mais elle n’arrivait toujours pas à s’exprimer, c’était frustrant.

Il se rendit compte qu’il y avait un petit groupe qui approchait et se détacha d’elle en se refermant sur lui-même. Peste soit sa tristesse, à cause d’elle elle n’était pas parvenue à parler, qui’importe. Elle reprit sa forme humaine, ses oreilles et sa queue de louve disparurent, elle prit brièvement la main d’Ivor entre les siennes et murmura :


-Je t’expliquerais, laisse-moi juste un peu de temps.

Elle étira ses lèvres en un sourire tendre avant d’afficher une expression neutre et lâcher la main du chasseur pour se tourner vers le groupe qui arrivait, un grand homme à la peau sombre marchait en tête, son air jovial était cependant altéré ou renforcé au choix, par une expression ferme de meneur et pour cause c’était le chef du village. Il inclina la tête à l’adresse d’Ivor avant de donner un coup amical sur la tête de la lycan.

-Tu as encore traumatisé Ildor...

Il s'exprimait dans un parfait langage commun, en bon chef qu'il était et le comprenait parfaitement, tous le comprenaient plus ou moins, mais peu le parlaient véritablement couramment, uniquement lorsqu'il y avait un étranger ils faisaient cet effort, mais pas avec la lycan.

-Je fais ce que je veux, non mais... elle poursuivit dans un marmonnement grincheux, fuyant les yeux acérés du chef. Bref je te présente Ivor, Ivor le chef de la tribu au nom imprononçable, même en sahawien ! Donc on l'appelle juste chef, ou alors on ne l'appelle pas.

Le chef haussa un sourcil avant d’éclater de rire.

-Enchanté, j’imagine que vous souhaitez vous reposer, suivez-nous au village, il y aura de quoi manger, boire et prendre du repos.

Il donna des ordres aux autres membres qui s’éparpillèrent dans la nature, pendant que lui-même, ainsi qu’Alyna, repartaient vers le village, les yeux de la lycan étaient redevenus ambrés. Après une demi-heure environ ils étaient arrivés à destination et les regards des villageois qui s’affairaient paisiblement se tournèrent vers les trois arrivants, ils semblaient surpris de voir un étranger, mais pas effrayés, surtout en voyant l’air décontracté et joyeux de la louve. Une femme, conjointe du chef, s’approcha pour échanger quelques mots avec le chef, puis s’éloigna pour revenir après une courte durée portant un panier tressé, elle les invita sous un apatam, elle déposa la corbeille sur un banc.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un apatam:

-Je vous laisse ceci, si vous souhaitez-vous rafraichir la hutte en face est vide, elle sert pour votre amie Alyna lorsqu’elle veut se reposer en pleine journée à l’abri de la chaleur et c’est un entrepôt à plantes médicinales.

Alyna se gratta la joue sans rien dire, l’histoire de se reposer en pleine journée et des plantes médicinales avaient souvent été liées à des problèmes entre tribus ou avec des marchands d’esclaves et de fait c’était là qu’elle faisait sa convalescence à ces moments-là. La sahawienne prit congé et s’éloigna, les laissant seul, enfin aussi seuls qu’ils pouvaient l’être au milieu d’un village, les enfants venaient voir l’étranger, mais ils croisaient le regard de la louve qui leur tira la langue et repartirent en riant, elle s’assit sur un banc avec un sourire et dévoila le contenu du panier, il y avait de tout un bon repas à base de fruits, viande, légumes, pain, de quoi boire etc. et elle avait également pensé à Skallag.

-Si tu veux être tranquille l’entrepôt est une bonne idée, elle approcha son visage en plissant les yeux. Et il va falloir que je m’occupe de vous deux et de vos brûlures.

Elle se recula pour s’adosser à la pierre fraiche, car constamment à l’ombre, et leva le nez vers le ciel, c’était une des heures les plus chaudes, pourtant, suite au changement de direction du vent, c’était plus supportable qu’il y a quelques heures. Lyän grogna dans son esprit, l’invectivant de dire ce qu’elle ressentait, mais elle n’en fit rien, répliquant au loup que le moment n’était pas encore venu et mal choisi.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 9 Mar - 20:34
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Ivor saisit au vol la phrase murmurée, un semi aveu, un promesse. Il sourit, hocha légèrement la tête.

-Tu as tout le temps qu'il te faudra,
répondit-il à voix basse.

Oh, oui, il était patient, le Silencieux, il avait tout son temps. Ils avaient tout leur temps. Lui-même ne se doutait guère de ce qui se tramait dans l'esprit de Lyän; il n'avait pas encore songé à tout cela, le futur était un mot bien lointain, quelque chose qu'il n'abordait jamais car c'était si abstrait, parfois, quand il savait sa vie ne tenant qu'à un fil. Le futur, pour lui, c'était l'attente d'un repos qui n'était jamais venu encore; elle avait tout bouleversé, elle avait changé tout ce qu'il pouvait envisager pour le reste de ses jours qu'il savait encore fort longs et fort nombreux. L'idée qu'ils puissent ne sembler être qu'une seconde, une poussière, aux yeux d'une immortelle comme Alyna n'était pas encore venue à son esprit, et il n'eut guère le temps d'y songer.
Comme souvent, et plus encore en cet instant, la présence d'étrangers le hérissait. Il était mal à l'aise, et pressé de s'en retourner à un certain isolement. Skallag s'était rapproché de lui, assis à ses pieds, et les observait avec méfiance, tout aussi peu tranquille que son maître.

Quand on le présenta à ce qui était manifestement le chef du village, il s'inclina brièvement, avec ses manières de rustre, poli, mais d'une sécheresse teinté d'une vigilante maladresse. Pas un son ne sortit cependant de ses lèvres closes, fidèle plus que jamais à son surnom. Il s'était rapproché d'Alyna, qui était à vrai dire son seul point de repère, ici. Il avait l'habitude des terres étrangères, et se retrouver dans un lieu inconnu de le dérangeait pas; c'étaient les gens, surtout, avec qui il tâchait en général d'entretenir le moins de liens possibles. Depuis qu'il avait décidé de courir le monde au gré des saisons et de s'isoler entre montagnes et forêts, là-bas dans l'est lointain, il n'était plus guère accoutumé à tout cela. Les gens n'apportaient rien de bon, jamais.

Sans plus se poser de questions, il suivit Alyna, observant les visages autour de lui, ces yeux sombres qui le fixaient, sans hostilité, mais avec l'étonnement commun à tous ceux qui voyaient venir un étranger. L'hospitalité dont on faisait preuve avec lui tenait surtout à la présence de la louve, qui semblait ici totalement intégrée et bien acceptée, ce qui n'était guère le cas ailleurs, pour ce qu'il avait pu en juger. Bien sur, cela l'intriguait, mais il n'en parlerait pas, et ne poserait aucune question à ce sujet; il était sans doute trop tôt pour aborder les zones d'ombre du passé de cette femme dont il ne savait, en définitive, que très peu de choses. Ces considérations furent cependant remises à plus tard quand il fut question du boire, du manger, et de profiter d'un peu d'ombre. Leur courte marche au soleil avait ravivé les brûlures, et il avait hâte de prendre un peu de repos.
Il remercia d'un signe de tête la femme qui venait de lui apporter de quoi se restaurer, esquissant le début d'un sourire, ce qui était bien le signe d'une reconnaissance éperdue de la part du chasseur. Alors qu'il s'était installé et partageait allègrement son repas avec Skallag, il vit débouler une foule de marmots, de ces gamins maigrichons et joyeux qu'on voyait courir dans la poussière dans toutes les villes qu'il avait traversées. Alyna les chassa bien vite, sans voir peut-être le sourire du silencieux qui fixa un instant les enfants avec une soudaine et suprenante douceur dans le regard. Oh, cela passa bien vite, et le visage qu'il tourna vers la jeune femme avait retrouvé toute son impassibilité habituelle.

Ivor grimaça cependant quand il fut question de soigner ses brûlures et celle de son compagnon. Il se souvenait encore de la première fois qu'elle lui était venu en aide et étrangement, l'idée de la laisser tripoter ses blessures ne le mettait pas en joie; il y a des choses qui ne changent pas, et être dans l'obligation d'accepter de l'aide lui faisait toujours aussi peu plaisir. Cependant, il n'essaya même pas de lutter, se rappelant combien était têtue cette louve qui lui tenait aisément tête en matière d'obstination. Il eut un hochement de tête, de mauvaise grâce. Le contenu du panier avait déjà été presque totalement englouti et la pitance offerte changeait agréablement du mélange de sable, de viande séchée au goût de cuir et de pain dur comme de la pierre qui faisaient sa pitance de voyage. Skallag avait déjà reprit un peu de forces, et on voyait ses yeux briller d'une lueur nouvelle alors qu'il s'était couché à leurs pieds, étalant toute sa masse sur la pierre ombragée.

-Je te suis, lâcha Ivor de mauvaise grâce, au bout d'un moment de silence.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Dim 10 Mar - 1:39
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Elle ne loupa pas son expression lorsqu’elle lui proposa d’aller s’occuper de ses brûlures et manqua d’éclater de rire et afficher son hilarité en voyant le visage du chasseur, elle resta cependant relativement impassible, Lyän, par contre, ne se priva pas. Alyna se remit debout, elle prit quelques morceaux de viande restant pour les tendres vers le ciel, Fylia fondit du haut de la voûte azuré vers le poing tendu de son amie, elle s’y posa, enfonçant ses serres dans la tunique de la lycan, faisant attention de ne pas lui faire trop mal. La chouette béqueta les lambeaux de viande qu’on lui tendait. Pendant qu’elle la nourrissait, prenant garde à ses doigts, elle sortit de sous la terrasse pour aller droit vers la maison en face, elle ouvrit la porte et les laissa passer, Ivor et Skallag, puis elle les suivit, refermant derrière elle, pour que la chaleur ne vienne pas entrer dans la pièce. La semi-obscurité s’installa dans la pièce, difficile de voir après la luminosité du dehors, mais cela reposait les yeux, même pour elle qui était, ne l’oublions pas, partiellement louve et donc créature nyctalope. Elle réprima un léger frisson par contre à cause de la fraîcheur soudaine de la pièce. Alyna s’avança dans la pénombre, ses yeux s’habituant à l’obscurité assez rapidement. Fylia s’envola se poser sur une étagère vide.

Un sol en terre battue recouvert par des nattes en paille, de grandes jarres d'eau dans un coin et des pots de différentes tailles dont s'élevait une odeur d'herbes séchées était posé sur des étagères en bois, seules deux fenêtres étaient présentes, l'une au nord, l'autre au sud, cette dernière était fermée par un rideau en tissus opaque, la seule source de lumière provenait donc de l'autre ouverture. Une bassine à côté des jarres d'eau servait habituellement pour y verser le liquide et laver les plaît avec, elle était donc d'assez petite taille, mais suffirait pour une toilette sommaire, si après cela ne lui suffisait pas, elle l'emmènerait plus tard à une oasis. Dans un coin il y avait une couchette en paille qui était couverte pour le moment de poils roux, signe que la lycan y dormait parfois et toujours sous sa forme animale, car l'avantage de cette hutte était que la température y était constante, de jour, comme de nuit, or elles étaient froides, donc Alyna s'y réfugiait parfois pour fuir la morsure du froid de la nuit.


-Tu as de quoi te laver, pendant ce temps je m’occupe de ce pauvre Skallag.

Elle indiqua une bassine à Ivor pour qu’il puisse se rafraichir et entreprit ensuite de prendre un bol et un pilon, puis plusieurs plantes et, elle commença à préparer une pâte lisse, elle tendit la main vers le chien et lui prit doucement la patte en lui chuchotant parlant d’une voix douce pour le rassurer. Elle le caresse entre les oreilles avant de prendre un morceau de tissu humide pour débarrasser le sable des coussinets de son ami à quatre pattes, elle savait combien cela pouvait être dérangeant du sable chaud qui restait coincé, puis la louve prit un peu de son mélange pour passer sa main entre les poils de l’animal, le produit le soulagerait au moins, puis elle fit de même sur les coussinets de ses pattes. Elle ne s’occupa pas du chasseur pendant tout le temps où elle se concentra sur sa tâche, puis elle se leva et mélangea à nouveau d’autres plantes avec le premier mélange. Les premières servaient à soulager les brûlures, les secondes à le protéger du soleil, elle se tourna ensuite vers Ivor avec un sourire amusé, ses yeux virèrent au jaune du loup, Lyän était à nouveau présente.

-Aller c’est ton tour et pas de protestation.

Elle s’avança vers lui, sachant qu’il serait grincheux et ne voudrait pas, elle le saisit avec fermeté par le col pour le forcer à s’asseoir, ayant un grand sourire ironique, sauvage, mais légèrement joueur, dépourvu de toute méchanceté. Elle s’accroupit devant lui et retira la chemise d’Ivor, sans se départir de sa légère ironie coutumière elle commença son travail pour soulager les brûlures du chasseur, elle évitait de laisser trop longtemps sa peau en contact avec la sienne, le calme et la fraicheur, sa présence, tout cela fit revenir le silence dans son esprit, ils seraient tranquilles pour le moment, elle pouvait donc lui dire, été-elle prête ? Il avait dit qu’elle avait tout son temps.
Le temps, une chose fugace, une seconde qui pouvait durer des heures et des heures l’impression d’une seconde, une année tellement longue pour certain et si courte pour d’autres. Le temps était peut-être ce qui lui manquait aujourd’hui, pour la première fois elle saisissait l’importance de son écoulement, ce n’était pas demain, ni dans quelques mois qu’elle devait dire quelque chose, mais maintenant. Vérifiant qu’elle avait bel et bien fait agir la crème, ne restait absolument plus rien qu’un sentiment peut-être de bien-être, elle se figea ensuite et le regarda dans les yeux de ses prunelles d’or, l’intérieur de son iris se teinta d’ambre et elle se pencha vers lui.


-J’ai dit que je t’expliquerais...

Elle ne sentait pas le besoin de parler fort, sa voix était à peine un murmure.

-... mais pas encore, je le ferais uniquement partiellement pour le moment, mais peut-être comprendras-tu seul.

Lyän s’avança encore, sa voix était à peine audible et pourtant chaque mot était parfaitement compréhensible. Elle déposa ses lèvres sur celles du chasseur en une douce et tendre caresse qui exprimait corporellement ses sentiments véritables que les mots ne pourraient égaler. Étant instinct plus qu’humaine, un frémissement lui remonta le long de la colonne vertébrale, jusqu’à son cerveau et elle sentit ses barrières de méfiances s’abaisser, elle n’en avait pas besoin, pas avec lui, elle se sentait en totale sécurité contre lui. À nouveau une parcelle d’éternité, encore une fois ce sentiment étrange que ça ne finirait jamais et avec la douleur à l’idée que cela se terminerait un jour puisque pour lui le temps passait. Elle dû cependant mettre fin au baiser, à regret, elle aurait volontiers préféré se rapprocher de lui encore plus, se blottir dans ses bras où elle avait le sentiment d’être fragile et également protégé, un endroit où elle n’avait pas besoin de toujours guetter le danger, seul lieu où elle était véritablement en paix. Et ce sentiment elle l’avait ressenti lorsqu’il avait pris soin d’elle quand elle était blessée. Elle se le refusa et se remit debout sur ses pieds avec un léger sourire amusé, croisant les mains derrière son dos et lâcha avec amusement :

-C’est Alyna qui parle d’habitude et moi j’agis... donc j'ai agis... mais ça vaut mille discours non ?

La joie se lisait sur son visage et dans ses yeux, mais ils étaient empreints au plus profond de son regard de tristesse et de douleur, de doutes et de craintes, mais, peut-être Ivor ne voyait-il pas tous ces changements dans son regard, peut-être pour lui faisait-il trop sombre. S'il n'avait pas vu le changement de couleur des yeux de la louve, il avait pu percevoir dans son ton que Lyän avait été là, puis toutes deux plus ou moins en accord avec majoritairement l'instinct, mais pouvait-il voir à présent la flamme des yeux de la lycan vaciller légèrement à cause de ces sentiments qui se reflétaient au plus profond de ses iris ?

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 16 Mar - 21:08
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La soudaine obscurité de la pièce laissa Ivor momentanément aveugle, le temps que ses yeux rongés par trop de lumière s'habituent à la pénombre fraîche de l'endroit. Il fit quelques pas, laissant Alyna prendre soin de Skallag, et ôta le manteau qui le couvrait ainsi que la coiffe sommaire de tissus enroulés qui protégeaient son visage. Le chasseur se sentait déjà plus à son aise dans l'atmosphère douce et embaumée d'effluves de fleurs séchées. Suivant le geste de la louve, il distingua dans un coin la bassine d'eau qu'elle lui désignait et ne se fit pas prier pour se débarrasser de tout le sable et la poussière qui s'était collés à sa peau.
Il secoua patiemment ses cheveux qui laissèrent tomber une fine pluie ocre, et se rinça le visage et la nuque avec soulagement. L'eau était sans doute la chose qui lui avait le plus manqué durant son périple, lui qui venait d'une terre de neiges et de glace où elle était partout, et qui avait toujours vécu dans de vastes pays verdoyants où les sources, les lacs et les rivières étaient toujours nombreux. Décidément le désert ne lui allait pas; trop peu de vie, ou trop différente. Cachée, peut-être; mais il n'y ressentait pas la même tranquillité que dans ses montagnes, et puis il était, et resterait un homme du froid, né dans les replis de l'hiver, et du gel des steppes lointaines. Cela correspondait bien à leurs caractères respectifs, à bien y réfléchir. Le feu, et la glace.

Il se sentit soudain tiré par le col, alors qu'il croyait déceler, rien qu'à l'intonation de la voix, la présence de Lyän. Au moins, se passait-elle à présent des précautions d'usage qu'elle savait inutiles. Ivor ne dit rien cependant et s'assit, sachant qu'il était vain de protester. Et puis, cette fois, il en voulait bien, de son aide, et la laissa retirer sa chemise, non sans ressentir comme un trouble vague, un frisson à fleur de peau. Il n'y avait pas un bruit dans la pièce obscure et c'était là, dans l'ombre et le silence, qu'il se sentait à son aise. Chaque fois qu'il sentait ses doigts se poser sur lui, un tressaillement léger courait le long de son échine.

Quand elle lui fit face pour lui parler, il lui sourit, doucement, l'air attentif. Il savait mieux que tout autre combien il pouvait être difficile de parler, et répondit par un hochement de tête. Oh, il aurait pu ajouter quelque chose, mais elle ne lui en laissa pas le temps et la saveur de son baiser submergea toutes les pensées cohérentes qu'il aurait pu formuler. Parfois les actes sont bien plus éloquents que de simples mots; mais elle pouvait sourire, elle pouvait bien rire et dire tout ce qu'elle voulait, Ivor ne voyait que cette incompréhensible tristesse au fond de ses yeux d'or et d'ambre mêlés.

Ivor se leva à sa suite, et l'attira doucement vers lui. Il avait confusément ressenti que c'était cela qu'elle se refusait encore à faire quand elle l'avait embrassé, comme si quelque chose la retenait encore. Bien sûr, il ne l'obligeait à rien, ç'aurait été s'exposer à de douloureuses représailles venant de Lyän.

-Je tâcherai de comprendre, dit-il à voix basse, la tête appuyée contre ses cheveux.

Et puis de nouveau il n'eut guère le loisir de songer à quoi que ce soit; le contact de sa peau et la chaleur qu'elle dégageait, la brûlure qu'il ressentait, tout cela balayait de nouveau son esprit. Il ferma les yeux un instant, obnubilé par la sensation de son corps contre le sien. C'était soudain bien plus qu'il n'en pouvait supporter, bien plus que ce tout ce qu'il avait pu ressentir depuis des années et pourtant, pourtant là, tout au fond s'éveillait une soudaine avidité terrible, oppressante, qui en réclamait plus encore, plus d'elle, à en mourir. Une supplique intérieure, la déchirure. Il y avait presque un élan désespéré dans le baiser qu'il lui donna; mais très vite, il s'écarta d'elle, comme gêné par la brusquerie des sentiments qui venaient de s'exprimer malgré lui.

Il y avait quelque chose de désolé dans son regard, alors qu'il se détournait pour reprendre son vêtement.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 16 Mar - 23:13
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Il s’était levé avec elle et l’avait pris dans ses bras, elle sentit comme une crainte de représailles, c’eut été un autre elle l’aurait repoussé, mais c’était lui et elle refusait de s’éloigner de là. C’était l’endroit où elle était apaisée, où elle voulait retourner encore et encore alors elle ne protesterait pas. Il lui murmura quelques mots en posant sa tête contre ses cheveux. Elle sentait l’odeur de sa peau, sans barrière puisqu’il n’avait plus de tunique. Lyän ferma les yeux sans songer à rien d’autre que cette présence rassurante et apaisante. Alors elle le sentit bouger, l’embrassant soudain avec avidité qui faillit lui arracher un frisson, elle le réprima difficilement. Mourant soudain d’envie de continuer, mais non, la timidité d’Alyna était plus forte que son désir et bloquait les ardeurs de la louve. Il mit fin au baiser et elle avança légèrement comme pour le prolonger encore un peu, mais le laissa s’éloigner un peu.

Grâce à son côté loup elle pouvait voir dans l’obscurité, comme en plein jour et c’est pourquoi elle arrivait sans mal à voir son expression. Un air désolé, mais pourquoi ? Parce qu’il avait été brusque ? S’il savait comme elle pouvait être parfois agressive et sauvage, enfin il aurait peut-être l’occasion de le découvrir un jour, elle n’avait pas été assassine et tueuse sans cœur pour rien. Cependant elle lui prit doucement la main qu’il avait tendue vers son vêtement et la lui serra légèrement, rassurante.


-Ne soit pas désolé, pas pour une chose aussi insignifiante.

Elle le lâcha pour le laisser reprendre sa tunique, lui fit un clin d'oeil amusé et se leva pour aller vers la porte qu’elle ouvrit, fermant les yeux à cause de la luminosité elle se retrouva en face d’une jeune femme, une vingtaine d’années aux cheveux sombres, la peau hâlée elle fronçait les sourcils, jaugeant la lycan de ses yeux cyans.

-Tire au flanc... Va aider fichue louve ! Et j’espère pour toi que tu n’as pas mis le bazar dans mes herbes médicinales !
-Je m’occupais de notre invité Tomoya et non ne t’en fais pas je n’ai rien fait.

Elle posa sa main sur la tête de la jeune femme pour la lui frotter gentiment en souriant amusée, puis tira son amie derrière elle, par le col, en s’éloignant vers un groupe de villageois qui essayaient de grimper sur les toits pour attacher des lampions. Elle se retourna un instant vers l’entrepôt en souriant, ses yeux à nouveau ambrés, mais avec les intonations de Lyän, visiblement elle voulait cacher sa présence à quelqu’un de ce village. Cacher qu'elle était lycan.

-Tu peux venir nous aider si tu veux. Ici personne ne te fera de mal. Je t’en fais la promesse.

Elle lança un regard à son amie qui la fixait intensément, la jeune femme connaissait bien la louve, assez pour voir qu’elle tenait énormément à l’humain.

-Tu lui as fait quoi dans mon entrepôt toi ? T’es toujours pucelle ou pas ?

Lyän ouvrit la bouche de surprise, le rouge lui montant aux joues, Tomoya s’enfuit en riant et la lycan partit à sa poursuite en vociférant, l’humaine crocheta un rebord en chaume pour se hisser. Suivie par la louve qui grimpa à sa suite, les villageois les appelèrent, interrompant leur course-poursuite. Elles se retournèrent ensemble pour les regarder et ils leur tendirent une banderole de lanternes qu’elles accrochèrent au toit. La louve bondit dans le vide pour atterrir au sol, roula et remonta sur une autre hutte.

Le reste de l’après-midi elle aida aux préparations pour la fête. Puis le soir arriva, le soleil déclinait et lanternes et torches étaient allumées, les villageois se rassemblaient. Alyna était à la place de l’invité d’honneur à la droite du chef et les danseurs et chasseurs montraient leurs exploits en combat comme en danse. Après avoir mangé un morceau Ildor s’approcha et s’arrêta devant elle pour la défier en duel, Tomoya s’approcha d’Ivor, prenant aimablement la relève du rôle de traductrice qu’avait tenu la lycan. Alyna se leva en souplesse de façon fluide pour faire face au grand chasseur, mais dans sa posture c’était elle qui semblait la plus imposante, ils se placèrent à l’endroit où les danseurs avaient évolué et tous deux se mirent en garde, sans armes, pure lutte au corps-à-corps.
Le combat tourna court, en quelques échanges de coups évités, la lycan avait attrapé le poignet du chasseur pour le faire passer par-dessus son épaule pour le mettre au sol, il s’étala lourdement et lui bloqua la nuque.


-Gagné... Maintenant arrête de me défier Ildor.

La louve se remit debout en secouant ses vêtements pour en faire tomber la poussière, puis sourit en s’inclinant devant son adversaire elle fit une révérence au public et retourna s’asseoir à côté d’Ivor, l’herboriste traductrice lui posa une main sur l’épaule.

-Et nous on va danser ? Hein ton invité il en serait ravi je suis sûre.

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La réponse d'Alyna était rassurante, mais Ivor se sentait mal à l'aise, soudain; il avait senti comme un recul, et puis lui-même répugnait toujours à faire l'étalage de ses sentiments de manière aussi affirmée. Il se rhabilla bien vite, la rejoignant à la porte en rajustant le col de sa chemise sans comprendre que cela aurait pu paraître suspect aux yeux de la femme qui se tenait sur le seuil.
Skallag sur les talons, il resta près de la louve, retournant à l'atmosphère brûlante du dehors. Ebloui par la lumière soudaine, il croisa le regard de la femme qui le fixait, et comprit trop tard qu'elle soupçonnait quelque chose. D'un air surprise, il leva les mains dans un geste qui niait toute implication là-dedans, l'air sincèrement étonné de ces soupçons.

Ivor fut vite soulagé de la diversion offerte par les préparatifs de la fête. Enfin une chose à laquelle il pouvait se rendre utile! Une paire de bras de plus ne semblait pas de trop et la solide constitution du chasseur fut bien vite mise à profit par les villageois qui continuaient à l'observer avec une certaine curiosité, tandis que Skallag attirait l'intérêt des enfants. Bien plus sociable que son maître, le molosse s'accoutuma bien vite à être entouré d'étranger et, tout en restant près de son maître, avait finit par se rouler dans la poussière avec les enfants du village. Il était rare pour l'animal de se trouver en compagnie d'autres humains et comme Ivor, il lui fallait toujours un temps plus ou moins long avant de se sentir à peu près à l'aise. Tandis que son compagnon s'amusait avec les enfants, son maître s'activait de son côté, souffrant toujours de la chaleur, mais assez surpris et satisfait de voir que d'un pays à l'autre certaines choses ne changeaient pas. Il était peut-être en terre étrangère, dans un pays dont il ne savait rien, mais il trouva assez vite ses marques et les travaux manuels qu'on lui confia ne variaient guère de son ordinaire, tout compte fait.

Une fois cela terminé, il prit place auprès d'Alyna alors que la fête débutait; l'air du soir était enfin plus respirable, illuminé par les lumières et les flammes de toutes parts, dans une clarté dorée, changeante, mouvante. L'atmosphère était joyeuse dans les cris et les danses, et les combats dans la poussière qui semblaient bien plus attirer l'intérêt d'Ivor que les danses étranges auxquels certains se livraient autour des grands feux. Voyant le même homme vu plus tôt se tenir devant Alyna, Ivor comprit qu'on la défiait, et adresse à la jeune femme un sourire encourageant, sûr de sa victoire. Il ne remarqua même pas la femme qui s'assit près de lui, absorbé par le spectacle. Il n'aurait pas parié un sou sur le chasseur; elle était bien trop forte pour lui, et c'était tant mieux. Il n'aimait guère la façon dont il la regardait, et quelque chose dans sa manière de la considérer le faisait grincer des dents.

Ivor sourit d'un air entendu quand il regarda l'homme se faire mettre à terre proprement par la louve. Il n'avait eu qu'un faible aperçu de sa force, mais c'était suffisant pour qu'il soit bien certain qu'elle l'aurait cassé en deux si elle l'avait voulu.

-C'était facile, mais bravo, glissa-il à son oreille quand elle se rassit près de lui.

Son visage se ferma immédiatement quand Tomoya glissa perfidement son sous-entendu; il savait que c'était bien à dessein qu'elle le mettait mal à l'aise de la sorte, et il n'aimait guère se voir ainsi moqué en public. Un grognement lui échappa, la mine renfrognée. L'atmosphère était détendue et joyeuse, mais lui ne se sentait pas en sécurité, et aurait cent fois préféré se trouver seul. Oh, bien sûr, ils n'étaient pas hostiles et l'avaient accueilli avec bonheur, mais des années de solitude l'avaient tant détaché du monde qu'il n'avait plus l'habitude de se trouver dans une foule inconnue.

Cependant la présence d'Alyna aidait bien à supporter tout cela. A vrai dire, il ne regardait qu'elle.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Dim 17 Mar - 20:53
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La jeune fille pouffa de rire et lâcha un joyeux :

-T’as réussi à trouver pire que ton instinct Alyna ! Je te l’empreinte quelques minutes, promis je te la rends après.

Elle força la lycan à se relever, ne tenant pas compte des protestations de cette dernière, ni de son visage écarlate. Entraînant Alyna vers une hutte, elles se changèrent là-bas. Puis elles se glissèrent dehors par une fenêtre pour ne pas être vue sortir et s’avancèrent toutes deux dans l’ombre, un « magicien » attirait l’attention et fit un geste pour faire s’éteindre les lampes, la louve prit le contrôle des flammes pour les faires diminuer tandis que l’illusionniste levait un grand voile devant les spectateurs, lorsqu’il le retira les deux filles étaient là, dans la pénombre. Les lampes se rallumèrent et les musiciens commencèrent à jouer.

Chanson

Alyna se redressa lentement, vêtue d’un pantalon de toile légère, rouge brodé d’or, elle fit mine de s’étirer, ses cheveux parsemés de quelques tresses fines n'utilisant que quelques mèches, d'autres volontairement ondulées, ils cascadaient harmonieusement dans son dos et sur ses épaules. Son haut couvrait ses bras et uniquement sa poitrine, également couleur des flammes, laissant nu son ventre et ses épaules. Sa chevelure rouge et ses yeux d’ambre semblaient animés d’une vivante énergie.
Elle commença à danser au rythme des instruments, ondulant harmonieusement, Tomoya, vêtue de blanc et d’argent, la complétait à merveille, elle était son miroir, la lycan était le feu et son amie l’ombre de celui-ci. Elle se mit à chanter, d’une voix claire et bien plus douce que lorsqu’elle parlait, plus chaude et mélodieuse, envoûtante, s’élevant dans la nuit sans une seule interférence, couvrant tout. Un peu comme le chant d’un loup qui fait taire tous les autres bruits de la nature.

Elle s’arrêta une fois pour la musique terminée, ses yeux se posèrent sur les villageois, ils croisèrent le regard gris du chasseur et elle sentit son cœur battre, pas à cause de ce qu’elle venait de faire, mais parce qu’il semblait… absent. Elle aurait pu mal l’interpréter, au contraire cela lui faisait extrêmement plaisir. Elle s’inclina pour saluer avant d’approcher de sa place, fit à nouveau une révérence devant le chef, puis s’accroupit devant Ivor tandis que le maître des lieux se levait pour annoncer la fin de la fête, du moins officiellement puisque la plupart continuaient jusqu’à tard dans la nuit. Elle avait froid maintenant qu’elle ne dansait plus, la nuit, si proche du désert était souvent glacial. Alyna sourit au chasseur, l'air amusé et se redressa en lui tendant la main.


-Pour ma part je me retire pour ce soir, il commence à faire trop froid.

Sachant pertinemment qu'il n'aimait pas la compagnie des hommes, à part la sienne visiblement, elle lui proposait de s'éloigner du tumulte par cette main tendue. La lycan sentait le froid s'attaquer à sa peau nue et laissa échapper un frisson pour se réchauffer.

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 6 Avr - 0:42
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Il y avait des solutions simples, parfois, à des problèmes qui pouvaient sembler insolubles. Depuis un moment déjà, cruchons et outres de vins âcres et de liqueurs ambrées passaient de main en main. Ivor avait toujours eu cette légère, très légère tendance à lever le coude un peu trop gaillardement quand quelque chose le préoccupait, et ce soir-là ne fit pas exception. Les alcools étranges qui déliaient les langues apaisaient aussi l'esprit trop vigilant du chasseur qui se vit tomber dans une agréable torpeur, faisant taire la méfiance, l'inquiétude pressante, celle de n'être pas à sa place, environné de bien trop d'étrangers. Et peu à peu devant ses yeux dansaient les ombres et les flammes, alors qu'Alyna venait de faire mordre la poussière à cet inconnu trop pressant.
Une brève grimace tordit ses traits usés quand il vit l'amie de la louve l'entraîner à l'écart. Il se demanda un instant ce qui se préparait encore, alors qu'une outre de vin passait à sa portée. Il n'aimait pas les surprises. Il voulait simplement qu'on le laisse en paix.

Malgré les grands feux allumés sur la place, le froid tombait peu à peu, apaisant, mordant parfois dans la brise poussiéreuse qui soulevait de brefs tourbillons de sable autour d'eux. Déjà le souvenir des brûlures du jour s'effaçait peu à peu, et Ivor s'enfonçait en silence dans une paresseuse et douce apathie de l'esprit et du corps, assommé d'alcool et par l'épuisement de sa longue marche, comme si tout, enfin, avait décidé de se taire, au fond de lui.

Le battement des tambours s'éleva soudain dans le noir; l'homme bariolé qui surgit devant eux attira un moment la curiosité du chasseur et de Skallag qui releva le nez à son arrivée. Les lumières avaient soudain vacillé et ne restait plus à présent que les hautes flammes du large foyer qui éclairaient un large cercle de vide. Elles-même décrurent rapidement, alors que des pans de draperies pourpres s'élevaient en l'air comme un voile précieux, mouvant, une ombre changeante illuminée de reflets d'étoffes lourdes aux teintes de vin, d'or et de sable d'ambre. Comme des ailes d'un oiseau fabuleux, les rideaux dressés ployèrent, s'écroulèrent au sol en une cascade mordorée, laissant apparaître dans la vive et soudaine lumière deux silhouettes drapées d'atours flamboyants.

L'une était belle, certes, et c'aurait été mentir que de ne point le reconnaître. L'autre était à nulle autre pareille et posant les yeux sur elle, Ivor laissa s'effacer le monde, tout autour, tout sombrer dans l'oubli parce que soudain, elle apparaissait. Sous son regard confondu, dans l'ombre, l'or et le voile, elle se dessinait en ruisseaux de neige, de sang, en reflets d'ambre blonde et de soie rousse, en chatoiements fauves et en obscurités fugaces. Il se souvenait de tout, à présent, et surtout d'elle; la vision sous la lune, et le lac endormi dans le creux des montagnes, ce secret trésor d'un rêve passé, qui revenait soudain, à la faveur de l'ombre complice et des flammes mouvantes, hanter le regard du silencieux qui taisait alors tout ce que la danse éveillait au fond de lui. C'était un rêve, peut-être, et cela semblait l'être tant soudain tout avait basculé dans l'irréel. Sous le grand ciel noir et ses étoiles sans nombre, les feux ardents faisaient des clartés immenses et des recoins d'obscurité insondable, des silhouettes mouvantes, des dessins flamboyants, des contre-jours aveuglants où les contours se dessinaient d'un trait de lumière indiscrète qui révélait, là, une gorge au souffle battant, ici un visage où ruisselait la chevelure.
Un songe, pourquoi pas? Qu'y avait-il de réel, qu'y avait-il de tangible, encore, dans cette vision où l'univers tout entier semblait s'être réduit à un camaïeu d'ors vibrants, de noirs profonds et de rouges, de sang, de pourpre, vermeil, orangé ici et violacé par là, comme le champ des couleurs les plus ardentes dans le froid subtil que respirait le vaste désert au-dehors de ces lumières dansantes...

Ah, quel monde encore pouvait abriter tant de grâce, tant de merveille encore? C'était se souvenir, après tout; après si longtemps, après les années de silence, l'hiver et l'ombre, après l'errance et l'amnésie comme prélude à la mort, c'était se réveiller un soir et se souvenir qu'il y avait encore quelque chose de beau et de bon en ce monde. Tout n'était pas perdu, à la toute fin, et des aridités stériles de ce qui restait d'Ivor cherchait à renaître quelque chose, quelque chose d'autre.

Quelque chose de vivant.

Vivant.

C'était le mot, soudain; vivant. Elle le faisait se sentir vivant.

Elle.

La grâce, la puissance, et la mort. Belle, dieux, oui! Belle comme la flèche qui vole pour tuer, belle comme l'écarlate flamboyant du sang qui jaillit, belle comme la lame trempée d'acier, de feu, de reflets de glace et de douces, de suaves, de funestes promesses. Il y avait dans ses gestes, dans le moindre mouvement, la même énergie sans effort qu'elle avait déployée en combattant; comme si, à la toute fin, les deux n'étaient pas si différents. Et qu'elle tue, si tel était son bon plaisir! Oh, Ivor se serait jeté tout vif dans la gueule de la louve, à n'en point réfléchir une seconde, tout heureux d'y mourir, là. Il y avait dans les reflets de ses bijoux, des perles, des innocents joyaux comme une évocation de lames, comme des dagues, des poignards, des dents, tous prêts à mordre, tous prêts à gronder car bien fat était celui qui croyait connaître la nature sauvage. Elle était femme et louve, elle était cet éternelle sauvagerie, l'instinct, ce qui hurle dans le coeur de tout humain quand vient la lune pleine, une autre voie. Ce qui, parfois, lui soulevait le coeur devant les étendues désertes qu'il courait à l'envie; ce murmure tout au fond de lui qui lui sussurrait que ce qu'il avait d'humain n'était qu'un fardeau inutile, dont il n'avait plus qu'à se défaire pour savoir ce que c'était vraiment que d'être libre, et courir sous la lune avec les chiens et les bêtes, et s'en aller oublier à l'ombre des vieilles cavernes tout ce qui faisait sa souffrance d'être, et de vivre en Homme. Elle était la promesse d'une autre vie, d'une autre existence, d'un oubli nouveau.

Sa voix qui résonna dans l'air plein des lueurs dansantes des feux lui transperça l'âme et le coeur, comme s'il la percevait autant avec ses os qu'avec ses oreilles, un long frisson qui se propageait à fleur de peau dans la froideur de la nuit. Tout s'était tu, alors. Rien que ce chant qu'il ne comprenait pas, cette mélodie chatoyante comme les notes des flûtes et des trompes, et qui lui inspirait soudain autant de joie au coeur que de cette émotion étrange, dont on ne sait si on doit en rire, ou en pleurer. Mais rien de tout cela ne parut sur son visage absent, ses yeux lointains, comme si soudain il y avait trop de choses au-dedans, trop à exprimer, comme si rien ne pouvait réellement montrer au-dehors ce qu'il ressentait alors. Dans sa brume d'alcool et d'épuisement, dans la nuit mouvante, l'irréel mordoré de la fête, Ivor avait perdu pied, et tout, si ce n'était elle, n'était plus qu'une vague illusion sans forme, rien qu'un insignifiant décor pour qu'elle y prenne place.

Encore étourdi, Ivor regarda un instant la main qu'Alyna lui tendait, la mine vacante.
Il finit par se lever, vacillant.

-'Prendre l'air, marmonna-il. J'ai besoin d'air.

Le pas lourd et un peu hésitant, il s'éloigna des maisons du village, sans un mot. Le monde tournoyait, la lune souriante, les dunes argentées dans la nuit claire, et l'astre à son lever qui faisait murmurer les collines et le sable dans le noir... A l'extérieur des habitations, l'air était plus froid encore, et le vent soufflait plus fort dans le silence imposant. Ici, tout était calme, et c'était bien de cela dont Ivor avait besoin. Les rafales glacées sifflaient sur son visage, apportant un bref apaisement bienvenu.

Il s'assit sur la crête d'une dune, fermant les yeux un instant, le visage légèrement relevé pour profiter de la fraîcheur nocturne.

-C'était... Très beau, lâcha-il enfin en soulevant lentement les paupières, l'esprit encore sillonné de visions mouvantes, de souvenirs indiscrets, fissuré de cette fièvre qui lui rongeait le corps et l'esprit.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 6 Avr - 11:35
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La lycan hocha doucement la tête lorsqu’il marmonna avoir besoin d’air. Elle le suivit lorsqu’il se leva pour s’éloigner du village en direction d’une bute. La luminosité avait changé rapidement en s’éloignant des torches. La lune et les étoiles éclairaient la savane, mais pas assez pour y voir comme les nuits où l’astre nocturne était plein. Pourtant l’obscurité ne la dérangea pas plus que cela, être originaire des ténèbres elle y voyait comme en plein jour tant qu’il y avait un minimum de lumière. Ainsi elle pouvait le voir clairement.

Le vent balaya la savane, couchant les herbes sèches avec douceur, les faisant bruisser très légèrement. Un son à peine audible pour une oreille humaine, apaisant, bien loin des tambours tribaux des villageois qui pourtant continuait de raisonner. Les bruits envoûtants de la plaine nocturne. À ces deux sons s’ajoutaient les cris discrets des oiseaux, les courses rapides de petites créatures dans les broussailles.
Demain il en irait de même, après-demain, dans les mois qui suivraient, les années, les siècles. La savane serait toujours là, fidèle à elle-même, belle, sauvage, dangereuse, fascinante. Les loups du désert hurleront pour toujours sous le ciel étoilé, chassant aux heures sombres, dormant à celles brillantes. Qui pouvait donc prétendre que rien n'est éternel si tout restait en place pour toujours. L’un des cris s’éleva dans l’air glacial, long message chanté vers la lune, un message que la lycan comprit, une question, qui osait s’aventurer sur leur territoire avec une odeur similaire à la leur.


-C’était... Très beau.

Il avait lâché ces mots, libérant un tout petit nuage de vapeur. Elle plongea son regard dans le sien, la lueur de la lune rendant le regard gris bleuté d’Ivor assez... fascinant, on aurait pu penser que ses iris s’étaient teints à la couleur du saphir. Il était amusant de voir comme l’astre lunaire changeait les couleurs, ses yeux à elle, habituellement ambrés, avaient à présent une couleur grise légèrement bleutée, presque comme l’argent. Ses cheveux bruns rouges quant à eux prenaient une couleur plus sombre telles les profondeurs d’un océan. Si elle pouvait voir aussi clairement qu’en plein jour dans l’obscurité, il n’empêchait pas qu’elle ne voyait que les couleurs qu’accordait l’astre lunaire, à savoir les dégradés d’argent bleu jusqu’au noir.
Alyna frissonna dans l’air glacial et l’envie d’aller se blottir contre lui la saisit, mais elle devait répondre au hurlement de ses « cousins » pour être tranquille. Elle se contenta donc, pour l’instant, de sourire et faire une légère révérence, réprimant ses frissons. La température baisserait encore, probablement jusqu’à zéro en cette saison.


-Merci beaucoup, ravi que ça t’est plus, dit elle en rosissant légèrement, heureusement que cela ne se voyait pas la nuit. Écoute ces hurlements, les loups de la région veulent notre identité. Je vais la leur donner pour que l’on soit tranquilles... et je te conseille de te boucher les oreilles.

Tremblant de froids elle se réchauffa en se frottant les bras vigoureusement, elle tourna ensuite son regard d’ambre vers la provenance du son. Si elle répondait ils n'approcheraient pas. Elle prit donc une profonde inspiration, reculant sa tête pour dévoiler sa gorge, ses mèches bouclées et tressées reculant avec, glissant de son épaule à son dos. Ses poumons se remplissaient d’air froid immédiatement réchauffés par sa température corporelle. Se cambrant lentement en arrière elle ferma à demi les yeux, ouvrant la bouche. Puis ses lèvres se retroussèrent sur ses crocs, quelques mèches tombèrent encore dans son dos, encore un peu d’air et soudain elle expira en faisant pression sur ses cordes vocales, libérant un nuage de fumé plutôt faible et un long et puissant hurlement de loup s’échappa de sa gorge. D’abord plutôt aiguë, enfin c'était assez relatif, il déclina lentement vers le grave avant de mourir dans le vent. Ses poumons protestèrent, réclamant de l’air, elle prit une inspiration. Le froid s’engouffra dans son système respiratoire, la faisant légèrement tousser. Elle fit un geste au chasseur pour lui indiquer que tout allait bien et tendit l’oreille pour écouter la réponse. Elle sourit satisfaite et reporta son attention sur Ivor.

-Ils vont nous laisser tranquille... un violent frisson lui parcourut l’échine de la tête aux pieds. Hum... désolée...froid...

Elle se contenta de cette rapide excuse avant de s’avancer soudain pour se blottir entre ses bras, recherchant la chaleur. D’habitude elle dormait sous sa forme animale, en boule, contre une pierre qui avait emmagasiné de la chaleur, ou bien enfouie à demi dans le sol pour garder sa propre température corporelle, mais là elle était accompagnée et trop peu habillée pour oser prendre sa forme hybride. Alors elle alla chercher la seule source de chaleur disponible en se blottissant contre lui, tremblante de froid. Immédiatement son odeur emplit son nez, il sentait toujours aussi bon. Ce mélange agréable d'odeur de voyage. Alyna posa sa joue contre son torse, se sentant si fragile ainsi.
Pourtant vu le nombre de fois où elle avait frôlé la mort... mais non, à ces moments-là elle n’avait pas l’impression d’être cassable, tel un roseau ployant sous le vent sans se briser. Ici... c’était différent, il faisait du roseau un papyrus, fragile, friable. Glissant ses bras autour de la taille du chasseur pour les abriter de la morsure de l’air nocturne, elle frissonna à nouveau, mais pas à cause de la fraîcheur, peut-être de sa proximité du chasseur.


-Tu sens bon... lâcha-t-elle en rougissant, se sentant assez bête d'avoir dit cela.

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Ven 26 Avr - 21:55
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Le vent soufflait un froid vif et subtil qui dessinait des serpentins de buée dans le noir, et venait apposer sa main de glace sur le front fiévreux du Silencieux. Il respirait mieux à présent et la température qui avait brusquement baissé dissipait un peu son ivresse et le réveillait un peu plus, assez pour discerner dans l'ombre les contours et les formes avec plus de précision qu'auparavant. Le brouillard s'était levé devant ses yeux, alors qu'il laissait son regard se perdre dans les entrelacs bleutés du paysage de dunes et de hautes herbes sous la lune. Au loin, peuplant le silence d'échos étranges, on entendait le chant des loups, comme une complainte éloignée, portée par la bise, porteuse d'une étrange beauté.

Alyna lui conseilla de se boucher les oreilles, mais il n'en fit rien. Il avait élevé des chiens toute sa vie, et avait l'oreille accoutumée à leurs hurlements: qui n'a pas entendu un chenil tout entier de molosses crier à la lune n'avait aucune idée du bruit. Il ne fut pas surpris par le son incongru qui sortit de la gorge de la jeune femme quand elle répondit à la meute; le cri avait empli soudain tout l'espace, chassant au loin le silence, si fort, si sonore qu'il lui faisait vibrer les os. Il fit naître le long de son échine un long frisson, comme dans ces sombres rêves où il se changeait en bête pour aller courir les montagnes sous la lune, comme un appel lointain lancé à ce qui se tapissait au plus profond de lui, et qui répondait à cela, dans un cri lointain dans les ténèbres.

Ivor releva les yeux sur la jeune femme, la voyant trembler de tout ses membres et réalisant soudain qu'elle était bien trop peu vêtue pour supporter le froid de la nuit. Il la laissa s'abriter contre lui, et l'enveloppa de son manteau pour la réchauffer, frottant son dos de ses larges mains. Probablement attiré par le son des hurlements des loups dans la plaine, Skallag s'était approché d'eux en silence, les yeux brillants, intrigué et réjoui par ces voix familières qui l'appelaient. Il leur répondit à son tour alors qu'elles reprenaient de plus belle, et le molosse resta un moment silencieux, le nez levé en l'air, humant les odeurs des bêtes dans la bise.
Le Silencieux sourit, entendant les paroles de la jeune femme, à voix basse. Il posa sa joue contre le sommet de sa tête, l'entourant de ses bras pour conserver un peu de chaleur. Lui-même ne souffrait pas encore de la température, accoutumé à de plus vives froidures et bien content d'être libéré de l'écrasante fournaise du jour.

Un appel résonna de nouveau dans le paysage bleuté. De loin en loin, les échos se faisaient entendre, des réponses, comme un chant plaintif reprit ça et là, à l'envie. Skallag s'était assis près d'eux, et écoutait attentivement, les oreilles dressées, se tournant parfois vers son maître, comme pour savoir s'il comprenait ce qui se passait. Les yeux à demi clos, Ivor écoutait aussi, et les voix lointaines dont il ne saisissait pas le sens faisaient naître en lui d'étranges impressions, comme si quelque chose de profondément enfoui en lui était apte à comprendre, et se tendait vers eux, ces frères, enfants de la nuit, sombres fauves et compagnons de toujours. C'était soudain comme s'il se sentait plus à sa place parmi eux que chez ces humains qui étaient devenus si étrangers pour lui.
Skallag se redressa enfin et tourna autour d'eux un moment l'air impatient, comme s'il attendait quelque chose; il tira sur le manteau qui couvrait Alyna, essayant de l'attirer, et quand enfin son maître daigna bien se lever, le molosse ne cessa de courir autour d'eux en bondissant.

Ivor sourit, voyant cela.

-Je crois que Skallag a trouvé un moyen de te réchauffer.

C'était à ce demander où il trouvait encore toute cette énergie... Mais Ivor croyait comprendre, enfin; dans le froid et le silence des dunes, peuplé des hurlements familiers des loups, c'était comme se sentir revenu chez soi après tant d'années d'absence, et sous la lune pâle les dunes et la savane rappelaient un étrange souvenir au coeur de l'exilé... Il y avait comme un souvenir de neige, de plaines blanches sous le ciel, de givre et de vents gelés dans la nuit limpide comme un cristal. Au coeur de cette terre desséchée par le soleil, dans la fournaise éteinte qui avait régné tout le jour, Ivor trouvait la nuit venue l'évocation étrange de sa terre natale, qui chantait douloureusement dans la voix des loups, de longues complaintes qui lui faisaient se souvenir, avec une acuité soudaine, de tout ce qui lui manquait dans ces pays de roc et de gel.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 27 Avr - 0:53
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Si elle avait été un chat elle aurait probablement ronronné, mais non, elle était un loup, cela ne l’empêcha pas d’émettre un très léger et doux grondement de bien-être, à peine audible. Il lui frottait le dos, la réchauffant ainsi doucement. Elle sentit, avant d’entendre, Skallag approcher et l’observa humer l’air en direction des meutes dans la plaine.

Alyna leva les yeux sur le chasseur pour l’observer, il semblait écouter, dans sa posture, ses muscles qui se contractaient très légèrement, il avait l’air semblable à un loup, un loup qui voulait s’élancer dans la savane pour rejoindre les meutes, s’abandonner à la vie parmi les animaux. Oh combien de fois s’était-elle tenue debout, les oreilles dressées, les muscles contractés, hésitant à courir rejoindre ses « demi-frères » et ce sans jamais se lancer. Elle ne l’avait fait que récemment, rejoindre un groupe était la meilleure chose qui lui soit arrivée. Il était cependant étrange qu’un humain exprime ainsi corporellement le désir profond de courir à travers les hautes herbes, c’était rare. Elle, elle appartenait à ce monde, le monde de la nuit, lui, il appartenait au jour, mais était attiré par ce monde nocturne, un signe du destin ? Peut-être, en tous les cas cette attitude fit venir à l’esprit de Lyän une intuition sans nom pour l’heure, elle aurait le temps d’y réfléchir et laissait Alyna mener sa vie le temps que cette pensée prenne un fondement et s’éclaircisse.


-Je crois que Skallag a trouvé un moyen de te réchauffer.

Alyna observa le molosse qui tournait autour d’eux, quémandant presque une course dans les herbes, elle sourit amusée en le voyant bondir. Une course hein. Pourquoi pas après tout, c’était une bonne idée et la nuit l’envoutait, il en avait toujours été ainsi, attiré par l’astre lunaire. La louve étira ses lèvres en un sourire et répliqua, claquant encore légèrement des dents :

-Moi je suis d’accord, Skallag on fait la course par-là, déclara-t-elle en montrant une direction. Le premier arrivé à l’eau a gagné.

Le grand chien noir n’attendait que cela et détala vers la direction indiquée par la louve, à croire qu’il avait parfaitement compris ce qu’elle avait dit, ce qui n’était pas vraiment étonnant puisque la jeune femme parlait aussi bien de la voix que du regard et du geste. Elle se tourna vers Ivor avec un petit sourire mi-amusé, mi-mutin et lâcha :

-Je t’empreinte ton manteau pour au cas où je devrais t’attendre, l’oasis est derrière cette colline là-bas.

Un aboiement impatient les appela, Skallag les attendaient, impatient de commencer à faire vraiment la course et bondit en avant vers l’endroit désigné. La lycan s’élança, sous forme humaine pour laisser une chance tout de même au chasseur. Ses muscles se mobilisèrent avec quelques difficultés, engourdis par le froid nocturne, mais une fois en mouvement la chaleur se rependit rapidement dans ses membres. Elle restait vive et rapide malgré sa forme complètement humaine, le lourd manteau en tissu semblant à peine la ralentir. Cependant, les environs étaient à moitié rocailleux et Skallag devait slalomer entre les pierres, Alyna, habituée aux terrains accidentés, les muscles réactivés par sa circulation chaude, s’amusait, pour le moment à le suivre, voulant voir si Ivor passerait par les rochers ou par-dessus.

Elle remarqua qu’il préférait, à raison, passer par-dessus les obstacles les plus petits et contourner les plus gros sur lesquels il ne pouvait pas grimper. Bien, cela allait être amusant, elle laissa le chasseur pratiquement les rattraper, puis soudain elle poussa sur ses jambes pour bondir sur un rocher plus gros en plein milieu du chemin et se retourna une seconde, ses cheveux accompagnant son mouvement de tête, ses yeux se posant sur Ivor.


-Si tu n’as jamais vu quelqu’un voler... alors regarde bien, le dernier arrivé ça ne sera pas moi !

Elle s’élança vers un rocher plus petit devant elle, puis avec l’élan vers une branche d’arbre, elle tira sur ses bras pour se hisser comme une gymnaste, puis grimpa dans le végétal avant de se laisser tomber, utilisant une branche comme tremplin en s’élancer plus loin. La réception dans une roulade, puis reprise de la course, sans accélérer son rythme elle distançait lentement Ivor surtout Skallag qui ne l’entendait pas ainsi et allongea son allure. La louve bondit au-dessus d’une fine crevasse plutôt que de contourner l’obstacle et commença à gravir la colline derrière laquelle se trouvait l’oasis, les rochers étaient avalés comme s’il n’y avait pas eu d’obstacle, comme si elle volait, arrivé au sommet de la bute elle s’avança sur un tronc d’un palmier incliné au-dessus de l’étendue d’eau, presque à l’horizontale, elle retira d’un mouvement vif le manteau, évitant ainsi de le tremper par ce qui allait suivre, puis plongea. Le froid mordant la happa quelques secondes, mais elle remonta à la surface en repoussant ses cheveux et revint vers la rive pendant que les deux autres arrivaient.

Alyna Minami

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 27 Avr - 12:53
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Ivor sourit paisiblement en voyant Skallag bondir autour d'eux, cherchant à les attirer dans sa course folle. L'idée semblait plaire à Alyna, et le chasseur ne put retenir un rire vif quand il vit le molosse détaler à toute vitesse quand permission lui fut donnée de s'élancer. Il eut un sourire moqueur quand la jeune femme lui demanda la permission d'emprunter son manteau. Non pas qu'il espérât avoir la moindre chance d'arriver avant elle, mais il ne comptait pas non plus céder trop aisément, et il avait aussi l'habitude des longues chasses et des courses effreinées. Ni l'homme ni le chien n'étaient vraiment des débutants.
Il souriait, dans le noir; soudain empli d'une joie sauvage, comme s'il cédait à quelque pulsion intérieure trop longtemps réfreinée, comme si, après tout, c'était si naturel, comme si, à la toute fin, il n'avait jamais voulu que cela. S'élancer, comme on s'envole. Chaque pas pour le projeter un peu plus loin, laisser derrière lui tout ce qu'il avait de trop lourd, de trop ancien, tout oublier, soudain, parce qu'il n'y avait alors que le grand ciel obscur sous le regard de la lune, et les élévations paisibles des dunes, dans le murmure des hautes herbes. Il n'y avait plus que cela, le paysage bleuté, noir ici et étincelant par là, d'où toutes les autres couleurs s'étaient enfuies. Comme dans un rêve, courir, se défaire de tous les fardeaux, et ne plus sentir que son coeur battant à tout rompree, des fleuves de sang clair qui rugissaient dans chaque veine, et le souffle glacé qui jaillissait de sa poitrine pour y ficher des aiguilles de glace. Le froid ne fut plus, bientôt, qu'un souvenir. Le feu de l'effort consumait tout le reste et c'était un grand brasier où il jetait chaque pensée, pour ne plus ressentir que ce vide bienfaisant, ce flottement perpétuel au milieu de rien, rien que la nuit, la course, le sable. Les herbes qui sifflaient autour de lui, les rocs qui glissaient sous ses pas. Juste courir, et ne plus songer, ne plus réfléchir, juste se sentir vivre, aller dans ses derniers retranchements pour s'épuiser, enfin.

La louve et le chien étaient loin devant lui; Ivor était bien lourdaud face à ces créatures qui allaient comme des flèches de sang et d'ombre furtive, mais peut importait, en réalité, peu importait tout cela. Dans la nuit chuchotante du désert, Ivor avait oublié l'exil et la souffrance d'exister, car c'était là, dans l'irréel, qu'il s'était souvenu de tout ce qui le rattachait encore à ce monde. Alors qu'Alyna reprenait sa course de plus belle, allant sans efforts entre les rochers, les pas du chasseur se faisaient plus lourds, plus lents, et chaque mouvement supplémentaire réclamait un effort de plus. Il dévala le flanc de la colline, juste à temps pour voir plonger la louve dans le miroir éclatant de l'oasis, alors que Skallag bondissait dans l'eau à son tour, projetant autour de lui une gerbe d'éclaboussures.

Ivor se laissa tomber à genoux près de la rive, la poitrine déchirée par son souffle trop pressant, chaque fibre de son corps protestant contre le traitement qui venait de leur être infligé. Il avait oublié qu'il avait beaucoup marché et bien trop peu dormi ces derniers jours, mais peu importait. Il souriait, haletant un rire contenu qui n'avait plus la force de s'épandre, sentant la morsure du vent nocturne sur ses joues.
Il s'assit enfin, tandis que Skallag pataugeait avec bonheur dans les remous de la mare, son lourd pelage gorgé d'eau.
Le chasseur releva enfin les yeux vers Alyna, et il y avait soudain quelque chose dans ce regard, quelque chose qui n'y avait plus paru depuis des années sans nombre. Il y avait enfin quelque chose qui vivant, là, dans ces yeux d'eau claire et de grisaille tourmentée; quelque chose qui animait le silence de ce sourire tranquille, comme une étincelle nouvelle, un soupçon de renouveau.

-Je suis pas encore tout à fait capable de te battre, dit-il. Mais ça viendra.

Un bien vain défi, si l'on pouvait trouver un jour un humain capable de battre un lycan à la course... Un instant, Ivor se prit à l'envier, elle et sa double nature, changeante à l'envie, capable quand elle le voulait de laisser derrière elle ses faiblesses d'humain pour endosser le manteau du loup.

Ivor le Silencieux

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[Terminé] Entre la savane et le désert  Sand-g10Sam 27 Avr - 23:54
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La lycan regarda Ivor lorsqu’il déclara qu’il la battrait un jour. La jeune femme en doutait grandement, par tant qu’il serait humain ça c’était sûr. Elle plissa légèrement les yeux avec un air visiblement amusé et légèrement moqueur. Lyän s’amusait beaucoup de cette idée qu’avait évoquée le chasseur de l’égaler un jour et cela se répercutait légèrement sur l’expression d’Alyna. Elle barbota quelques minutes dans l’eau en nageant sur le dos, puis bondit sur Skallag sans prévenir, le molosse comprit immédiatement qu’elle voulait s’amuser et grimpa sur la rive pour lui échapper. La louve prit sa forme animale pour se lancer à sa poursuite et bondir sur son dos, le mordillant doucement à la nuque, le chien noir la renversa sur le côté et riposta par de gentils coups de griffes et de crocs. Elle le laissa avoir le dessus et il la poussa d’un coup d’épaule dans l’eau. Elle reprit sa forme humaine sous la surface et retint sa respiration, nageant en faisans le moins de remous possible, elle s’approcha de l’endroit où était Ivor, lentement, avec précaution, Alyna se figea ensuite, le regardant se pencher avec un air inquiet par-dessus le miroir sombre formé par l’eau sous la lune.

Elle sortit soudain devant son nez, le voyant reculer et retomber assit, surpris, la jeune femme s’approcha de lui, à demi accroupie. Que lui arrivait-il ? L’influence de la lune, la présence de Lyän, l’odeur de cet humain qu’elle aimait profondément, tout cela l’envoutait visiblement, faisant pratiquement fusionner les deux esprits. Celui animal et humain. Pour ne faire qu’un, ayant une seule envie : rester pour toujours avec lui et surtout lui dire ce qu’elle ressentait. Lyän, ou Alyna, difficile de faire la différence, s’avança vers le chasseur, tel un prédateur.


-Alors ainsi on veut m’égaler monsieur l’humain ?

Elle posa un genou au sol devant lui, se stabilisant d’une main en le fixant droit dans les yeux, plaçant son visage à quelques centimètres du sien.

-Prétentieux de ta part.

Elle sentait son cœur battre dans ses veines, un battement bien connu d’elle, le battement sauvage qui rythmait ses pulsions, celui qui était là quand elle tuait, quand elle fuyait. Adrénaline ? Non, une impulsion, à laquelle elle se laissait peu souvent aller. Elle s’avança encore un peu vers lui, ses mèches de cheveux trempés gouttaient sur le sol, les plus longues glissaient vers l’avant sous le poids de l’eau. La brise qui balayait la plaine lui glaça la peau jusqu’à l’os, mais un étrange feu l’habitait, lui permettant d’oublier qu’elle allait finir gelée.

-Une petite leçon ne serait pas un luxe pour te montrer qui est la plus puissante tu ne crois pas ?

Son souffle caressait la peau du visage d’Ivor, elle désirait cet homme, voulant le protéger et ce au mépris de sa propre vie. C’était pour cela qu’elle s’était interposée entre le Skoll et lui la dernière fois, pour qu’il aille bien, qu’il vive. Elle effleura la joue du chasseur du bout des doigts sans s’en rendre compte, déviant vers ses cheveux sombres. Ses lèvres rencontrèrent celles légèrement craquelées de l’homme, manquant de la faire céder à l’envie de lâcher prise et laisser faire son instinct. Elle glissa sa main à travers les mèches noires du chasseur et rompit le baiser pour murmurer dans un souffle :

-Je t’aime Ivor... plus que tout autre chose au monde, maintenant et pour l’éternité.

Elle ne prononça pas ces mots de n’importe quelle façon, non elle les disait en les pensant véritablement. Elle si silencieuse et si peu ouverte, avouer une telle chose était forcément vraie et irrévocable. Non, il était celui qui la faisait vibre, son sang de loup battait pour lui, il n’y avait donc aucun doute sur ce dont elle venait de parler.

Alyna Minami

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