Son dernier combat dans l’arène avait été sensationnel. Bien qu’il n’avait eu aucune difficulté particulière à battre son adversaire, le spectacle avait été de taille tant celui-ci avait été un défilé de sorts et d’échanges de coups prodigieux. Si le combat avait duré, c’est que le garçon n’avait jamais combattu d’homme dragon. Il ne put s’empêcher de repenser a Veerazi, l’homme lézard qu’il avait rencontré lorsqu’il était parti pour Drayame. Il s’était juré de l’affronter un jour, et ce combat l’avait encore plus motivé.
Bien que le match soit terminé, le champion s’avait qu’il n’en avait pas encore terminé, car s’il existait bien quelque chose d’au moins aussi redoutable qu’un gladiateur, c’était sa horde de fan qui l’attendait dans toute la ville. Mais il ne reculait devant rien, et choisi de sortir de l’arène part l’entrée principale.

- Ouuuaaaiiiiiissss !!! s’écria la foule en délire.
- Pourquoi êtes-vous si content bande d’idiot !? Vous avez vraiment cru que j’allais y passer !?
- T’es le meilleur champion ! se fit entendre la voix d’un homme dans la foule !

Tout en lâchant des commentaires et des remerciements, Victo essayait de se frayer un chemin tant bien que mal à travers la foule en délire. Il connaissait la ville, et il savait qu’un peu plus à l’ouest il y avait une ruelle de laquelle il lui serait facile de rentrer chez lui sans se faire repérer. C’est pourquoi lentement mais surement, il se dirigeait vers elle.

- Victoooo !!! Épouses-moi !
- Haha pour les demandes de mariages, voyez ça avec mon valet !
- Quand-est-ce que tu nous montreras ta botte secrète !?
- Quand j’aurai un adversaire qui vaille la peine que je vous la montre !
- Est-ce vrai que tu as affronté un puissant esprit !?


- Voilà un combat que j’aurai voulu vous montrer !

Bien sur, les exploits qu’avait fait le champion l’avait suivi jusqu’à la capitale. Lorsqu’il avait annoncé son grand retour à Sen’tsura, la ville était en ébullition et l’alcool coulait à profusion dans les tavernes. Les récits de ses aventures avaient déjà fait le tour de la ville et certaines d’entre elle avait été légèrement modifié à force d’être raconté. Cela faisait bien rire le champion. Ça y est, la ruelle était à quelques mètres. Il se baissa alors rapidement, se mit à quatre pates  et passa entre les jambes du public, qui cherchaient le gladiateur des yeux. Il arriva alors dans l’ombre de l’étroite ruelle, mit ses mains derrière la tête et avança d’une démarche des plus prétentieuses en sifflant.

- C’est qui qui provoque l’autre là hein ? C’est toi qui ne sais pas à qui tu as à faire t’entends ?! Qui t’es j’m’en balance, pour moi t’es qu’un sac à viande qui demande des coups. Alors le minus JE VAIS TE FRACASSER !!!!!!!!!!!!

Enilos, dans un geste qui sembla pour le champion désespéré, lui mordit le bras, ce qui eut pour effet de lui faire lâcher prise. La gamine en profita alors pour se jeter telle une furie sur le champion, qui ne put garder son équilibre et tomba sur le dos, quelque peu surpris par la force qui se cachait sous la frêle apparence de la jeune fille. Son sang bouillonnait de plus en plus. Il était rare que quelqu’un puisse l’énerver aussi rapidement, c’était même étrange.
Lorsqu’il prêta un peu plus attention à son visage, une impression de déjà vu lui vint à l’esprit, ce qui lui causa un mal de crâne dont il n’avait pas l’habitude, ce même mal de crâne qui faisait surface après ce rêve étrange qu’il faisait depuis quelques mois maintenant.


Le champion fit tout son possible pour reprendre ses esprits, et il usa alors de ses bras et ses jambes pour repousser la jeune femme et décida de passer aux choses sérieuses.

- Alors comme ça tu veux me buter, hahaha, alors viens, je t’attends. Dit-il d’une voix roque qui annonçait que ses gênes de démons prenaient petit à petit le dessus.

Il enflamma ses poings et se mit en garde, prêt à en découdre avec l’insecte qui lui barrait la route. Habituellement calme et posé, il ne put attendre que sa proie vienne à lui, il se jeta sur elle. Il se propulsa dans les airs, prêt à écraser son poing dans sa face de merdeuse.

- Je vais te faire fermer ta sale petite gueule !!!

- Victo ... rien

La bête s'approchait toujours plus.

- Victorien ...

Le démon, sur le point de tuer la frêle jeune femme, ralenti le pas, ne comprenant pas la réaction d'Enilos. Son visage, emplit de haine et de colère, se changea en une infinie source de tristesse. Une expression si sincère foudroya l'esprit du démon, qui permit au champion de reprendre un peu le contrôle de son corps:


- Il y a 10 ans, 4 mois et 2 jours

Complètement détruite, effondrée, la jeune femme lâcha son arme et s'écroula au sol, perlant celui-ci de ses chaudes larmes.

- ACHEVES-MOI !

Malgré sa tristesse et son regard emplit de larmes, elle regarda la bête, avec un sourire des plus sincère.

- J'en ai assez de vos conneries ! Ragea le démon

Il courut alors vers la gamine, la saisissant dans son élan par les cheveux et s'apprêta à lui exploser le crâne. Il fixa alors le regard de la jeune fille totalement désemparée.


Tel une balle de révolver en pleine tête, le cri de détresse du champion stoppa net le mouvement du démon. Celui-ci disparu, rendant à Victo sa forme humaine. Il lâcha la jeune fille et il tomba par terre. Assit sur le sol, il ne bougeait plus. Son regard n'exprimait plus aucun sentiment, ni haine, ni colère, ni tristesse... rien.

- J...je...je te connais... K...Kal...

Une autre décharge lui foudroya littéralement le crâne, ce qui l'envoya voler toujours un peu plus loin.

- ArrrGggggghh ! Qu'est-ce qu'il m'arrive !?
Soudain, comme une lueur, une étincelle se raviva dans la plus profonde des obscurités. Il entendait son cœur battre, son sang circuler dans ses veines. Le décor changea et il se retrouva à nouveau au même endroit que dans ses rêves. En pleine tempête, il vit deux gamins:

- Je t'aime Victorien
- Comme les grands ?
- Non, pour de vrai

Puis la scène reprit quelques minutes plus tard. Le gamin était allongé dans la neige, apparemment mort. La gamine s'éloignait, mais le gamin réussi à tendre la main, et en cœur, Victo et le gamin dirent:

- K...Kal...Kalaan.

Dans la ruelle, le champion était recroquevillé sur lui-même, il criait, pleurait, chose qui ne lui était jamais arrivé. Les maillons de ses souvenirs se ressoudaient. Il se remémorait toute son enfance, le village, son père adoptif, sa meilleure amie, les bêtises qu'ils avaient fait, l'excursion en dehors du village, lorsqu'ils mangèrent les baies, tout lui revenait, dans les moindres détails. Complètement dépassé par ce qui lui arrivait, il réussit tant bien que mal à se relever, et essaya de partir, mais chaque effort le faisait hurler de douleur. Il s'appuya contre le mur, s'aidant de celui-ci pour avancer, mais arriva un moment ou il souffrait trop pour continuer. Il reprit son souffle et essaya de se calmer. Le champion était en pleine panique. Il se retourna lentement vers Enilos, et la regarda droit dans les yeux. Sa respiration était saccadée, ses yeux rouges de larmes et son torse plein de sueur.

- C'est ... c'est bien toi ... ? Kalaan ?

Les deux amis arrivèrent à la villa. Comme à son habitude, le valet attendait à l’entrée, prêt à servir son maître. Lorsque le champion ouvrit la porte, la servant se jeta sur lui, prêt à exaucer le moindre de ses souhaits.

- Bonjour maître ! Oh, je vois que vous ramenez quelqu’un !? Vous m’en voyez surpris !
- Allons Cid, n’ai-je pas le droit d’avoir des amis ?

Contrairement à son habitude, Victo venait de répondre d’un ton des plus calmes et serein, chose que le valet n’avait jamais vue.

- Je ne permettrai pas de dire une chose pareille Monsieur. Il s’inclina alors et rajouta : Puis-je me permettre de vous demander qui est notre charmante invitée ?
- Ma nouvelle raison de vivre mon brave !

Le champion sorti quelques piécettes de sa poche, les donna à son valet et dit :

- Vas donc te payer un coup à boire, je voudrai être seul pour aujourd’hui.

Bouche bée, Cid ne sut que répondre à un tel geste, un tel changement de caractère. Il s’inclina, ne cessant de remercier son maître pour cette permission.
Il invita alors Enilos à aller s’assoir dans le divan, puis il parti chercher de quoi boire dans sa cuisine. Il sortie 2 chopes, de la bière et une carafe d’eau. Il s’apprêta alors à rejoindre son invitée, mais il s’arrêta. Il commençait à réaliser que c’était son passé, son amie d’enfance qui se trouvait à quelques mètres de lui. Il s’appuya face au plan de travail, baissa la tête et ne put retenir ses larmes ainsi qu’un large sourire, un sourire révélant l’extrême joie qui l’envahissait. Lui qui pensait être seul, lui qui croyait n’avoir que pour but de se battre pour prouver au monde qu’il était le meilleur, il avait enfin trouvé une vrai raison, un raison qui le pousserait à se surpasser : Protéger son amie

Il essuya ses joues et rejoignit son amie. Ils devaient avoir tellement de choses à se raconter ! Se souvenir que leur amitié avait été si forte l’encouragea à ressouder ce lien qui s’est effrité après tant d’années.
Il s’installa à côté de Kalaan, lui tendit une chope de bière, et posa ses pieds sur la table basse. Il prit le temps d’examiner sa protégée, avant de se lancer.

- Bon, je pense te devoir des explications … Je vais essayé de résumer, car c’est une très longue histoire. Lorsque tu m’as cru mort, un homme m’a trouvé dans la neige et m’a recueillit chez lui. Lorsque je me suis réveillé, il m’a dit que j’avais été fou de manger des baies de Suro, que celles-ci étaient mortelles. Bien que j’eu survécu, ma mémoire sans trouva affecté, et la seule chose dont je me souvenais, c’était le visage d’une fille, ton visage. Mais rien d’autre. La rage et la tristesse que j’ai éprouvé à ce moment là ont éveillé en moi un pouvoir que je ne soupçonnait pas … et dans ma folie j’ai assassiné mon sauveur …

Le garçon prit quelques secondes de pause pour boire une bonne gorgée, puis reprit :

- Traumatisé par cette expérience, et par peur de faire du mal à d’autres, je me suis enfuit. N’ayant aucun indice sur mon passé, j’espérais que quelqu’un me reconnaîtrait et me ramènerai chez moi … mais en vain, personne n’est jamais venu. J’ai voyagé alors pendant des années jusqu’à arriver à Sen’tsura.

Il se leva et se rendit jusqu’à la baie vitré qui offrait une vue incroyable sur l’arène, faisant maintenant dos à son amie.

- J’y ai rencontré mon père, qui m’a convaincu de devenir gladiateur et d’utiliser mon pouvoir pour éliminer mes adversaires et me faire un nom. Et depuis, je suis ici, à combattre pour la gloire et l’argent. La violence de ce monde et l’appât du gain m’ont fait oublié toute trace du passé, mais depuis plusieurs mois déjà, je faisais des rêves, dans lesquels je revivais notre escapade dans la toundra, mais à chaque fois, je ne voyais pas ton visage, et je n’arrivais pas à prononcer ton nom.

Il prit une autre gorgée :

- Puis aujourd’hui, tu m’es apparu, et c’est lorsque je t’ai vu t’effondrer en larme que tout mes revenus … me causant un violent mal de crâne au passage hahaha !

Il se retourna, s’appuya contre la vitre et croisa les bras.

- Et toi !? Racontes moi tout.

Il baissa les yeux.

- Car même si ma mémoire m’est revenue, la puissance des sentiments que j’éprouvais envers les gens du village, mon père adoptif, et malheureusement notre amitié n’est plus aussi forte. Raconte moi notre histoire, comment on s’est rencontré, nos bêtises, nos escapades, tout, jusqu’à cet accident. Je veux que nos liens redeviennent ce qu’ils étaient !

Son pouls s'accélérait tendit qu'elle entendit des bruits de pas s'approcher de la porte. Elle s'attendait à ce qu'il vienne lui parler et de toutes façons elle était totalement coincée à présent. Aucune autre porte à l'horizon et chaque fenêtre était soigneusement renforcée et bloquée par des barreaux épais l'empêchant de se faufiler hors de la villa. Enilos se sentait alors comme un animal en cage.

*Bin alors ça c'est malin ! Je lui fais le coup classique de la porte qui claque et maintenant je ne peux qu'espérer qu'il veuille bien la rouvrir. Raaaah !*

- Kalaan...

Ce prénom la fit légèrement sursauter. Victo l'avait prononcé juste à côté de sa tête, il était si proche qu'elle avait cru une fraction de seconde que le démon se tenait à ses côtés. Elle se retourna lentement et posa sa main à l'endroit d'où provenait la voix.

- Tu sais Kalaan, les gens changent … Et je pense que c’est d’autant plus vrai lorsqu’un enfant de 10 ans oublie son passé, espérant chaque jour que quelqu’un qui le connaisse vienne le chercher et le ramener à la maison. J’ai attendu, durant tout ces jours, tout ces mois, toutes ces années, jusqu’au jour ou je perdis espoir. Tu sais ton histoire, il est certain quelle t’as changé aussi. Je n’ai que peu de souvenirs qui me sont revenus, mais s’il y a bien une chose que je n’ai pas oublié, c’est la battante que tu étais, résignée à affronter n’importe quelle difficulté pour défendre ceux qu’elle aimait…

Le fait de l'entendre la calma. L'évocation de ce souvenir lui fit du bien. Dix ans auparavant, la jeune femme ne se serait jamais réfugiée dans une salle. Si quelque chose lui déplaisait, elle le changeait. Si quelque chose lui faisait peur, alors elle le transformait. Maintenant, elle ne savait que fuir. Cette fois-ci elle fuyait face au future qui s'offrait à elle. Enilos n'avait vécu toutes ces années qu'enfermée dans ses sombres souvenirs, se sont eux qui conditionnaient son présent. Et là, par sa simple existence, Victorien venait de bousculer tout cela. Il était la preuve vivante qu'elle avait le droit de vivre sa vie tel qu'elle l'entendait et non tel qu'elle se l'imposait.
- Je me suis écarté de la route, cette route que nous avions choisi de parcourir ensemble. Mais maintenant que je t’ai retrouvé, je ferai tout ce qu’il faudra pour ne plus te perdre…
Ces mots lui firent chaud au cœur. La jeune femme remarqua alors que son ami avait une voix chevrotante et elle se doutait qu'il était genoux à terre. L'inconnu de l'autre côté de la porte n'était peut-être pas si étranger que ça finalement.

- Tu sais ce jour-là, tu m’as dis que tu m’aimais … je n’ai jamais eu l’occasion de te répondre.

A cette phrase, la jeune femme fit de gros yeux ; elle avait totalement oublié cette partie de l'histoire pourtant si importante. Rien que d'y repenser elle en eut des frissons. Oh bien sure elle voulut répondre mais elle se doutait que si elle gardait le silence, Victo s'en chargerait à sa place. Et ce qu'il allait dire l'intéressait grandement.

- Je t’aime, Kalaan.

Il... il l'aime ? Alors ça elle ne s'y attendait pas. Après tout ce temps, et puis, ils étaient enfants... Enilos avait du mal à faire un lien compatible avec ce sentiment. Mais Victorien était sincère et cela s'entendait dans le timbre de sa voix. Il devait surement pleurer vu le ton qu'il prenait. Sans réfléchir elle ouvrit la porte et le trouva, parterre devant elle en sanglot. Poussée par un sentiment protecteur, elle se jeta sur lui et prit sa tête dans ses bras.

- Allons Victorien, t'es un battant ou un perdant ?

Un petit rire à peine prononcé s'échappa de sa bouche. Le voir pleurer ainsi lui rappela le gamin pleurnichard qu'il était autre fois. Curieusement ça lui réchauffa le cœur de le voir si désemparé. Elle se sentait moins seule car pour elle cette image venait tout droit du passé et elle comprit alors que leur amitié avait encore gardé tout son sens. Et surtout son ami avait sut réveiller en elle ce sentiment protecteur dont il parlait. Et ça lui faisait un bien fou de sentir qu'elle avait à nouveau quelqu'un à protéger.

Plus le temps passait, et plus le fait d’évoquer des souvenirs refaisait surgir des sentiments enfouit au plus profond de lui. Il avait conscience de ce qu’il se passait, mais d’un autre côté, il se sentait comme spectateur, car la personne qui venait de parler à l’instant, ce n’était pas lui, mais l’enfant qui s’était endormi 10 ans plus tôt. Il savait pourquoi il pleurait, mais il ne se l’expliquait pas pour autant, car ce sentiment d’amour envers quelqu’un d’autre était totalement nouveau pour lui, et le fait qu’il se soit exprimé sans vraiment comprendre ni pourquoi ni comment le mettait mal à l’aise.

Et le pire (ou pas) dans tout ça, c’était qu’Enilos avait été touché par ce discours, à tel point qu'elle n’hésita pas à ouvrir la porte et à le prendre dans ses bras pour le consoler, ou plutôt pour rassurer l’enfant qui venait de s’éveiller.

- Allons Victorien, t’es un battant ou un perdant ?

Et c’est à ce moment là que tout se bouscula dans sa tête. Si n’importe quelle personne en face de lui, lui aurait posé cette question, la réponse aurait été des plus évidentes et naturelle, mais là, c’était son passé qui la lui posait. Qu’est-ce qu’il était ? Alors que l’enfant qu’il était le faisait culpabiliser et le poussait à dire qu’au final, il n’avait rien réussi, le champion, lui, ne voulait que se lever d’un bond et crier haut et fort que c’était lui le meilleur !

- J.. je suis …

Sa voix tremblante ne trompait pas la gène et l’hésitation qu’il avait à répondre.


Il serrait les poings, se pinçait les lèvres, essayant de regarder son amie droit dans les yeux mais ne pouvait soutenir le regard. Sans s’en rendre compte, son regard balaya la pièce dans laquelle se trouvaient toutes ses coupes et ses trophées. A l’échelle du temps, l’analyse ne dura pas plus de cinq secondes, mais il se remémora chacun de ses combats, les uns après les autres au regard de chacune des coupes. Les difficultés qu’il avait rencontré, les blessures qu’il avait subi, malgré tout ça, pas une seule fois il avait abandonné, pas même une seule fois il avait songé à renoncer. Sans en avoir conscience, durant toutes ses années, il avait suivi les traces de celle qu’il admirait autrefois : Kalaan.


- … un battant. Affirma-t-il d’un ton résolu tout en la regardant droit dans les yeux.

Depuis qu'il avait retrouvé Kalaan, tout portait à croire qu'un sourire amenait à une larme, et une larme à un sourire. Le pauvre garçon était complètement déboussolé, car il avait vécu en moins d'une journée tout un tas d'émotions des plus extrêmes auxquelles il n'avait pas l'habitude. Mais ça y était, toute trace d'amertume et de désaccord semblait s'être envolée. Le sourire de la jeune femme semblait montrer que le champion avait répondu correctement à sa question.

- Alors arrêtons de nous torturer, tu veux ?

Elle le prit par le bras et le ramena dans le salon. Elle prit place sur le canapé et accepta enfin de boire un coup. Victo préféra rester debout. Pour dire vrai, il ne tenait plus en place. Il se mit alors à repenser à certains moment de son enfance, et particulièrement les petits combat qu'il s'amusait à mener face à sa meilleure amie. Il eut alors un sourire mesquin et se retourna vers Enilos:

- Je te propose un petit défi ! Si je te bas, tu devras me raconter tout ce qu'il s'est passé depuis qu'on s'est perdu de vu ! Si tu me bas ... je te laisse choisir ce que tu veux !

Il rigolait déjà, car il savait très bien qu'il battrait la jeune femme, mais il voulait se défouler, et par dessus tout, ressentir cette émotion qu'il avait lorsqu'il se battait avec elle étant petit. Il se rapprocha de la table basse située en face de Kalaan, posa un pied dessus et s'y accouda.

- Alors ? Ne me dis pas que tu as peur !? Rajouta-t-il avec un sourire provocateur !

il savait pertinemment qu'il n'y avait rien de mieux pour obtenir quelque chose de son amie que de la provoquer.

- J'vais être gentil, je n'utiliserai ni mon épée, ni mes poings, ni ma magie. A moins que tu ne m'y autorise, mais ce sera à tes risques et péril .

C'était la même, mais avec un franc parlé des plus "évolué". Elle ne mâcha pas ses mots pour répondre à la petite provocation du champion, et n'hésita pas à le "taper" sur le front pour lui faire comprendre que rien n'était gagné d'avance. Elle lui montra clairement la chaîne qui était enroulée autour de sa taille ainsi qu'un couteau, mais il ne remarqua pas ce dernier. Ses pensées étaient restées figé sur la chaîne de la jeune femme. Il eut beau se remémorer tout les combats qu'il avait put mener, il ne se souvint pas avoir combattu un adversaire utilisant une telle arme. Ce combat s'annonçait des plus intéressant.

Kalaan s'éloigna alors de Victo pour se mettre en position. Il continuait de s'échauffer mais observé avec attention chaque détails, chaque gestes que faisait son amie avec la chaîne. Elle fit tomber celle-ci, qui ne manqua pas de marquer le sol en raison de son poids. Elle détacha alors sa cape, permettant au champion de se rendre compte qu'Enilos n'avait pas seulement grandit, mais qu'elle avait également hérité de belles formes. Mais son attention revint immédiatement vers la chaîne lorsque sa propriétaire lui fit décrire d'un mouvement rapide et précis un cercle autour d'Enilos. L'arme était immense. Tout du moins, immense par rapport à celle qui la maniait.


En effet, une telle démonstration n'imposait que le respect, et cela était d'autant plus fort que l'adversaire qu'il avait en face de lui était son amie.


Son esprit, ses idées, ses suppositions bouillonnaient dans sa tête. Il avait prit l'habitude d'examiner ses adversaires sous tout les angles avant de se lancer dans un combat, et la jeune femme n'échapperai pas à cette règle. Son épée dans ce combat lui aurait été d'une grande utilité, ne serait-ce que pour se protéger de la chaîne. Mais cette lame était trop dangereuse. Immense et extrêmement lourde pour quelqu'un ne sachant pas la manier, il aurait tôt fait de couper son amie en deux si elle ne réussissait pas à bloquer l'attaque. Il ne l'utilisait que pour tuer, chose qui n'aurait pas lieu d'être dans ce combat.

- La règle, c'est qu'il n'y a aucune règle ... si c'est un combat, alors tout est permis.


L'expression du visage d'Enilos changea du tout au tout. Elle arborait dorénavant un air résolu, déterminé, comme si sa vie ou son honneur dépendait du résultat de ce combat. Son regard s'obscurcit, ne laissant apparaître qu'à travers quelques mèches de cheveux la lueur de ses yeux. L'affrontement était imminent. Kalaan adopta alors une position offensive, prête à en découdre avec son ami disparu.

- C'est quand tu veux !

Malgré tout ses efforts pour paraître sérieux, c'était la première fois que le champion disputait un combat amical, et il ne pouvait cacher le plaisir qu'il prenait. Le sourire aux lèvres, il s'accroupit lentement sur le sol...

- Admires ce que je suis devenu ... murmura-t-il pour lui même.

Chaque muscles de sa jambe se contractèrent d'un coup, et d'une impulsion, Victo s'élança vers son amie à une vitesse ahurrisante. Il se retrouva alors en quelques secondes à portée de poings, lui-même armé et sur le point de venir se planter dans le ventre de sa victime.