Il est dure de définir le caractère de Caïn, il est un être aux multiple facette, les années ne l’ont pas épargné et même si bon nombre de personnes, les primeras inclut, le prenne pour un être de sagesse et de réflexions, sa véritable nature reste fondamentalement celle d’un vampire, incontrôlable, impulsif, et violent sous le coup de la faim. Car oui mes chers, l’âge ne permet pas de contrôler la tare dont a été affublé chaque vampire. Si Caïn parvient aujourd’hui à passer outre sa soif de sang c’est uniquement car sa soif de vengeance est bien plus grande. En tant qu’homme Caïn était un être aimant, loin d’être parfait, avec ses faiblesse et ses lacunes, mais il avait toujours été juste en vers sa femme, ne la punissant que lorsqu’elle le méritait et en lui apportant l’amour et la protection que leur union lui demandait de prodiguer. En vers ses enfants il était un père sévère mais bienveillant, leur apprenant les secrets de la vie comme il les avait lui-même apprises de son père. Mais lorsqu’il s’éveilla recouvert des tripes de son plus jeune fils, goutant le sang de son épouse qu’il regardait agoniser, cela brisa à tout jamais cet équilibre qui le caractérisait. De juste il devint cruel, sa bienveillance se transforma en méfiance, et de tous les bons sentiments qu’il ressentait il en fit de la haine, une haine froide, une haine maîtrisé, l’une de ces haines qui transforme un être en créature de vengeance et de solitude. Une haine qui pousse une âme errante à se débattre contre son destin et les Dieu qui la manipulent. Aujourd’hui Caïn n’est donc qu’un bouillonnant maelström de haine, de colère et de doutent, un être torturé par des années sans repentir, des années de solitudes.

Caïn était assis sur son trône, chaque partie de son morbide siège était fait des restes de ses premières victimes, les os de sa femme, de ses enfants, de ses amis, et tant d’autres personnes. Son regard se posa sur les trois nains qui venaient d’entrée dans la sombre et silencieuse salle de réception du château. Trois prisonniers que les serviteurs de Caïn avaient trouvés en train de fouiner autour de sa demeure, très certainement là pour récupérer un quelconque trésor qui avait dût leur appartenir autrefois mais que le vampire s’était approprié. Courageux de leur part, surtout à trois… courageux mais idiot, comme les nains au final. Il leva lentement la main et leur fît signe qu’ils pouvaient s’exprimer :
Le plus gros et barbu des trois prit la parole, il était donc leur chef…

« Seigneur Caïn… Je me nomme Torguil, je suis chef de tunnel et mes amis n’ont fait que suivre ma sottise, à part leur bêtise ils n’ont vraiment rien de mauvais bougre… Je… Je sais que je ne suis pas en position de marchander… Mais je vous prie, laissez les partir… »

Les deux autres nains firent signent de quelques gestes de désapprobation mais ils savaient respecter le choix de leur chefs, et après tout, cela leur sauverait peut-être la vie. Caïn les observait, le sang de nain était loin d’être le plus goulu, même si ses goules s’en contenteraient largement… Mais, malgré les apparences, faire couler le sang était loin d’être l’un des plaisirs du Père. Reposant le regard sur le chef de la petite troupe il se leva et s’approcha d’eux, Caïn n’était pas un homme de grande taille, et sa silhouette fine n’était donc pas très impressionnante pour un robuste nain, mais l’aura qu’il dégageait ne pouvait qu’être inquiétante pour n’importe quel être.

« Torguil, fils de Torfan, petit fils de Toralaine, je connais ta ligné nain, et la sottise des tiens aussi, et c’est pour cela que je ne peux me montrer compatissant… Cependant, l’hiver s’installe, et comme vous le mal du cœur me touche, et je ne dirais non à quelques divertissements pour me rappeler des jours meilleurs… Tous connaissent le talent de votre peuple pour travailler la pierre, mais ils sont bien moins nombreux à connaitre la magie de vos voix… Chantez… Et peut-être en épargnerais-je un… »

Caïn retourna s’assoir et ferma les yeux.
Les Nains hésitaient, ne savaient quoi faire, et alors que les minutes s’égrenaient, Caïn se mît à fredonner, une vieille chanson, qu’un nain lui avait appris autrefois, remontant à des âges ou les nains, créatures sans terre ni patrie erraient en nomade, une chanson, faîtes pour des êtres sans attache, sans demeure… Surpris de découvrir un être tel que Caïn pouvait connaître une mélodie aussi importante aux yeux des nains semblèrent leur redonner un peu de courage, Torguil fût le premier à chanter, sa voix de stentor faisant vibrer le vitrail imposant de la salle, et installant une gravité pesante et touchante dans le cœur de tous. Les goules eux même ne purent que s’arrêter et poser leur regard sur le nain qui le savait, prononçait ses derniers mots. Inspiré par leur chef, les deux autres nains se mirent à chanter à l’unisson, créant une symphonie de toute beauté…

Misty Mountains

Lorsque le silence s’installa de nouveau, et que l’atmosphère s’apaisa, Torguil, s’avança, bouscula un goule lui vola sa dague et s’égorgea, sans ciller, sans hésiter. Son corps tomba lourdement sur le plancher, qui tel le vampire le plus assoiffé se gorgea du sang de la pauvre créature, et alors que leur frère passait de vie à trépas, les deux autres nains ne bronchèrent pas et se remirent juste à chanter. Caïn se leva, et fît signe à ses goule de libérer les deux nains… Assez de sang avait coulé ce soir, les braves étaient rares, et il était dommage de les laisser mourir pour si peu. Le Père regagna ses quartiers, fredonnant toujours cette mélodie, qui lui rappelait ces jours ou il avait un foyer, modeste mais chaleureux, une famille, fragile et peu nombreuse mais tellement douce, lorsqu’il avait une vie, un métier, des détails… certes… mais tellement important lorsqu’on les perd. Le Père posât son regard vermeil sur la lune, un sourire laissa voir ses canines… et il disparût dans les ténèbres de son antre…