Comme à mon habitude, j'avais repris la route, histoire de voyager un peu mais je devais néanmoins m'arrêter dès que le soleil pointait son nez, jusqu'à ce qu'il disparaisse. Mais j'avais l'habitude de cette situation et n'en était donc pas le moins du monde perturbé.

Un peu avant que le soleil se couche, je m'étais réveillée et était partie sous ma forme de loup, emportant néanmoins une robe, histoire de la mettre lorsque je me transformerais en humaine.

Je marchais un moment et profitais de la vue d'une grotte pour y entrer et me transformais sous ma forme humaine avant d'enfiler ma robe, qui était assez courte, pour qu'elle ne me gêne pas trop. Elle était toute simple, légèrement évasée au niveau des cuisses, rouge pourpre.

Je repris ensuite ma route et arrivais à un croisement, lorsque j'entendis des bruits de pas venant d'une autre direction. L'odeur humaine m'arriva aux narines et j'en eus l'eau à la bouche, étant donné que mon dernier repas datait d'avant-hier soir.

Je surveillais ma futur proie, et découvrit que c'était un homme, de taille moyenne, aux cheveux bruns...

Je n'avais jamais aimé les longs voyages, surtout lorsque ces derniers ont pour destination une cité ou un village situé en montagne, en terrain escarpé. J'étais un féinéant, mais un feinéant réaliste et sincère qui admettait son manque de courage lorsqu'il apercevait un mont à gravir ! Ah, si seulement j'avais une la bonne idée de dérober - ou acheter - une monture... Encore heureux pour moi, je ne transportais jamais rien d'autre que le strict nécessaire : des vêtements, mes bras et ma tête. Mais cela n'avait pas que des avantages ! Par exemple, je ne connaissais actuellement ni ma position, ni le moyen d'accéder à une route dégagée et rapide...

- Crevant ce genre de voyage...

Tandis que je m'approchais de ce qui ressemblait à une intersection, j'apercu une silhouette peu familière à une centaine de mètres, bien trop loin pour que je puisse deviner de quel sorte d'animal il s'agissait. Très rapidement, du premier coup d'oeil, j'aurais opté pour un Chien ou un Loup, ou l'une de ces espèces de félins des montagnes, semblables à des Lynx, qui parcourent parfois les chemins emprumptés par les hommes. Méfiant, mon rythme ne décelera pas pour autant... Mais je restais sur mes gardes, car sans armes, je n'étais rien de plus qu'une vulgaire proie !

Tout en m'approchant, je gardais un oeil sur ma proie, en restant concentrée sur le sang battant dans ses veines, l'odeur alléchante et surtout la promesse de soulager la douleur que je ressentais au niveau des crocs en ce moment.

J'avançais le plus doucement possible, prenant le temps de penser à savourer mon prochain repas. A cette distance, je pouvais aisément entendre les battements de son coeur. Apparemment, à en croire la cadence à laquelle ce dernier battait, l'humain était quelque peu fatigué.

Je respirais l'air et lorsque son odeur me parvint, je n'en eu que plus l'eau à la bouche. Néanmoins aujourd'hui je souhaitais prendre le temps d'effrayer ma proie, de ressentir la traque, de lire la peur dans ses yeux lorsqu'il saura qu'il sera définitivement pris au piège.

Je fis un pas de plus dans sa direction, en essayant de contrôler ma soif de sang, puis je lui dis, de ma voix la plus.. charmante :

"-Te serais-tu égaré ?"

Une louve qui prend forme d'une ravissante humaine : encore l'une de ces lycans, loup-garou ou autre métamorphe ! Ce n'était pas la première fois que j'en rencontrais. Ce n'était aussi pas la première fois que je me retrouvais seul à seul avec un individu de ce genre ! Je savais comment gérer ce genre de situations - lorsqu'elles tournaient mal - et j'étais bien entendu toujours sur mes gardes, sans pour autant le montrer clairement. Et de toute manière, je n'avais rien sur moi qui m'aurais permis de le lui faire deviner ! J'étais désarmé, fatigué, et sans doute pas à même de représenter une véritable menace si elle décidait de s'en prendre à moi.

La chose la plus évidente à faire aurait été de jouer les cobras, de se montrer menacant pour lui faire comprendre que je n'étais pas un "rigolo". Cependant, si elle prenait cela à l'agression, j'aurais ma part de responsabilité dans la mort qui s'ensuivrait... Que faire, donc ? Réagir...

- Allons, ce n'est pas une manière d'aborder un jeune homme en soirée... Tiens, d'ailleurs, je ne savais pas que les filles de joie trainaient dans ces coins si reculés... Et euh, vous êtes ravissante, si vous permettez ! Vous m'êtes fort agréable et je...


Au final, je pense que l'agression aurait été sans doute un meilleur choix...

Je le regardais, intriguée, souriant intérieurement à sa remarque. Moi, une fille de joie ? Mouais… Si on veux. Quoique… Pas sur. Bref, je ne m’attardais pas plus sur la question, pensant plus à mon objectif premier, me nourrir. Mais il fallait que je prenne mon temps de savourer la saveur du sang de cette victime. Et pour l’apprécier plus, je devais la mériter, donc, être un minimum patiente.

Je lui adressais un regard qui se voulait envoûtant et souriais malicieusement avant de lui demander :

Dis-moi donc, que fais-tu ici cher étranger ?

Je réfléchissais à ma question que je ne trouvais pas suffisamment intéressante et lui en posais alors une nouvelle :

Pourrais-je t'aider ?

Oui, beaucoup plus satisfaisant. Maintenant, je n'avais plus qu'à engager la conversation afin de me rapprocher un peu, de plus en plus et alors, je porterais le coup fatal...

Sans aucun doute, cette jolie demoiselle désirait quelque chose que je possédais... Cependant, - outre mes vêtements et mon corps - je n'avais rien en ma possession, et je doutais qu'elle en veuille à mes habits décousus, sales, et puant le sang et la mort à des kilomètres à la ronde.

Puisqu'elle jouait la carte de l'innocence et de la gentillesse, et que je voyais clair à travers son petit manège (on est pas tout les jours accosté dans un endroit désert par une femme-loup adressant un sourire à un parfait inconnu débraillé et taché de rouge...), je décidais donc de jouer franc-jeu, pour ma part, dans l'espoir de pouvoir au moins la tuer sous des rires, ou me laisser le temps de fuir pendant qu'elle se tortillerait dans une mare de larmes de joie.

- J'ai un contrat dans un petit village proche d'ici. Je dois exécuter un homme assez agé, de taille moyenne, plutôt costaud et très fortuné. Je suis au compte de la Congrégation de la nuit, et j'ai recu un très bon salaire en l'échange de sa mort... Vous voulez en savoir plus ?

Voilà qui était dit ! Si avec ca, elle n'esquissait même pas un petit sourire... Au fond, peut être qu'elle me croirait sur parole et en demanderait plus, ou peut être cela ne la ferait que bouilloner un peu encore...

Je souris, dévoilant mes dents parfaitement blanches, en apprenant qu'il était tueur à gage. Intéressant... Voilà qui allait rajouter un peu de piment. C'aurait été beaucoup moins facile et drôle que ma proie soit un pauvre gringalet sans défense.

Je m'approchais d'un pas, le premier d'une série qui ne saurait tarder à continuer. Je plantais mon regard qui se voulait le plus hypnotisant possible et penchais légèrement la tête sur le côté.

Il y avait quelque chose d'intéressant chez lui. Quoi, je ne le savais pas encore. Mais je me promis de le découvrir avant de l'achever. Je fis un pas de plus, tout en lui demandant, pour qu'il ne se pose pas trop de question sur ma conduite car je savais bien qu'il n'était pas dupe et connaissait le danger que je pourrais représenter pour lui :

"Bon, dis-moi. Voudrais-tu que je t'offre à manger ?"

Il n'avait pas l'air très en forme mais j'avais surtout dis ça sur un ton plein de sarcasme.

Et maintenant, elle désirait m'offrir de quoi manger ? Cela ressemblait vraiment à une blague de mauvais goût dont j'étais la victime ! C'est vrai quoi : deux parfaits inconnus, louches, qui se rencontrent sur un sentier perdu, et l'un propose à l'autre de la nourriture, sans le connaître, et lui échange des sourires amicaux noyés de mensonges, en s'avancant pas à pas vers lui...

Il fallait que je fasse quelque chose, mais je ne savais ni par où aller, ni comment ne pas me faire rattrapper par cette demoiselle si elle avait l'intelligence de prendre sa forme lupine - ou toute autre forme, d'ailleurs ! J'eu un instant l'idée de lui demander gentillement quel chemin emprunter, mais elle aurait été capable de m'induire en erreur juste pour mieux me perdre, ce qui ne m'arrangeait vraiment pas...

La seule solution... Courir ? C'est ce que je fis, brusquement, ne me souciant guère de ce qu'elle pouvait manigancer. Jamais, au grand jamais, je n'avais couru aussi vite, si bien que j'en oubliais la raison de ma fuite, ne pensant qu'à reprendre le plus efficacement mon souffle... Ce n'est qu'au bout de plusieurs centaines de mètres que j'apercus un feu de camp, un peu plus loin, dans la forêt... Enemis ou amis, peu m'importait, ils étaient ma seule chance de pouvoir m'en sortir en vie ! J'accouru donc dans la direction concernée, pour finalement tombr face à un museau gigantesque, légèrement couvert de sang... Une grosse peluche... Une énorme peluche !! Un ours des montagne, brun, de 2 mètres environ, si ce n'est 3 ! Celui-ci recula d'abord, surprit, puis se dressa sur ses pattes arrière avant de retomber lourdement sur le sol, inquiet. Le sang et les blessures présents sur son corps laissaient penser qu'il venait d'attaquer un campement, dont il avait fait une ou plusieurs victimes... Et tout indiquait que j'étais la prochaine sur sa liste !

Satisfaite, je le vis se mettre a courir. Je lui laissais le temps de prendre de l'avance, entendant son poul s'accelerer. Brusquement, j'entendis qu'il s'etait arreté et je decidais de le rejoindre a vitesse vampirique. Apercevant un ours brun, je me changeais en loup, qui representerait une plus granfde menace pour cet animal.

Je me placais entre ma proie et l'ours, grondant alors que je montrais les crocs. Il etait hors de question qu'il me vole ma proie ! L'ours me regarda, avannt de se mettre sur ses quattre pattes, afin d'etre a ma hauteur. Mon grondement redoubla mais il me donna un coup de patte dans les flancs, qui m'envoya a quelques metres deerriere. Le temps que mes esprits me revennent, il en profita pour s'approcher de mon inconnu et je secouais alors la tete en me relevant, avant de mordre l'ours dans le cou.

Je forcais ma prise, sentant le gout su sang ruisseler dans ma bouche et sur mes babines. L'ours gémit avans de s'eloigner et je le laissais partir, ce n'etais pas de sang animal dont je souhaitais me nourir ce soir. Plantant mon regard dans celui de ma proie, j'attendais qu'il reagisse...