Depuis combien de temps elle reposait sur cette plage?
Elle n'aurait su le dire mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, le soleil se couchait derrière les hautes montagnes d'un royaume inconnu pour elle.
Encore trop faible pour esquisser le moindre geste, elle observa le paysage autour d'elle. L'eau d'un bleu profond s’avançait et reculait au rythme des vagues. Les quelques bateaux égarés sur ses flots formaient comme des taches blanches sur cette immensité bleue. La ligne d'horizon, point de séparation entre l'océan et le ciel était incertaine tant l'un se reflétait dans l'autre. Les vagues ramenant en leur sein la blanche écume, léchait les jambes de la jeune femme.
Tous bruits 'étaient assourdis par ce son caractéristique de toute eau en mouvement.
La chaleur du sable sous son dos et ses bras contrastait avec la morsure glaciale de l'océan. Le soleil couchant teintait toute chose autrement: le sable brun en perdait
son éclat, la frondaison des arbres se confondait les unes avec les autres, leur cime et le ciel ne se distinguait plus. La Nature de cet endroit demeurait intacte.
Quel jour était il? Cela faisait longtemps qu'elle avait arrêté de compter.
Pendant son observation détaillée, le temps continuait de filer. La nuit tomba, apportant avec elle la nouvelle lune. La, peu à peu, ses forces lui étaient rendu.
Couchée sur le dos, les bras loin du corps, elle aurait pu bronzer... Au clair de lune. Sa pauvre tunique déchirée et trempée ne la protégeant pas de la fraîcheur de la nuit. Soufflant avec lassitude, elle se hissa plus haut sur la plage pour échapper au ressac de l'océan. Elle avait froid. Très froid. Tremblante comme une feuille, elle se recroquevilla sur elle même, tentant en vain de se réchauffer.
Mais qu'avait elle fait? Elle avait fui tout ce qu'elle connaissait pour atterrir dans un monde hostile et inconnu. Sans aucune expérience de la vie en solitaire, elle avait commis la folie de se retrouver seule ainsi... Que pouvait elle faire ou dire pour arranger la situation? Comment s'en sortir? Elle n'avait que seize ans et une connaissance limitée de la vie. Rien ni personne à perte de vue. Et ce songe qu'elle poursuivait été devenu si effrayant...
Soudain une nuée de papillons de toutes les couleurs passa au dessus de sa tête. Un immense arc-en-ciel vivant. Émerveillée, elle releva la tête, les contempla avec toute l’innocence et la joie d'une enfant devant une nouvelle découverte.
L'un d'eux s'emmela dans ses cheveux. C'était un petit papillon aux longues ailes. Ces dernières étaient fascinantes... Le détachant avec mille précautions, elle l'enferma entre ses deux paumes et l'approcha de son oeil gauche. Le haut des ailes violet se délavait peu à peu pour donner un bleu profond qui lui même se fondant dans de l'indigo. Deux arabesques qui semblaient avoir été tracées avec le plus fin des pinceaux parcouraient de façon symétrique chacune de ses ailes. Le duvet noir qui recouvrait son corps lui rappelait sa propre peau.
Après un soupir de résignation, elle ouvrit grand les mains pour lui permettre de prendre son envol. Chose qu'il ne fit pas. D'abord inquiète elle l'observa dans les moindres détails cherchant une blessure ou une déchirure de ses deux feuillets bleus. Mais son examen fut écourté lorsque le papillon s'envola pour se déposer sur ses genoux. Elle lui sourit avec mélancolie:

"- Tu veux rester avec moi? Mais tu sais je suis perdue, je ne pourrais pas t'offrir une belle vie... Je ne sais même pas ce que je dois faire. Enfin si! Je dois récupérer les présents de mon père! Mais pour cela... Je dois retourner là-bas... Et j'ai peur... Dis moi, que devrais-je faire?"

Elle ne parlait pas vraiment à l'insecte mais plus à elle-même. Triste, elle ramena ses genoux contre sa poitrine et y déposa sa tête. Le papillon chassé de son perchoir mais néanmoins très téméraire, revint se poser sur sa jambe, tenant dans un équilibre précaire. Ils restèrent un long moment ainsi, Lyra les yeux dans le vide et la petite bête à battre fébrilement des ailes pour ne pas tomber.
Finalement un bruit d'estomac leur parvint. Légèrement gênée, Lyra rougit et se leva:

"-Je crois que pour l'instant, il me faut chercher à manger... Ne t’inquiète pas, tu es bien trop petit pour satisfaire mon appétit!"

Pendant tout ce temps une personne l'observait sans qu'elle ne l'ait remarqué...

Comment décrire cette sensation? Nager, il n'y a rien de plus beau... On est libre, vivant et détendu. L'eau a cet étrange effet, celui d'apaiser les soufrances et d'apporter la paix à l'esprit.
Roxo nageait depuis plus d'une heure, entre deux eaux lorsqu'il appercut au loin un bateau. Sa coque le désignait comme un navire pirate, il eut un sourrire de dégoût et decida de le couler. C'etait une nuit sombre mais il appercut une silouhette s'envoler de tribord et prendre la direction du continent. Il repéra l'endroit où elle se dirigeait et replongea. Arrivé sous le navire, il sortit sa dague et entreprit de percer de multiples petits trous dans la coque. En moins de dix minutes, il avait creusé un petit trou qui commencait à s'agrandir, lorsqu'il resentit un mouvement d'eau son sourire s'agrandit et il planta une derniere fois son couteau dans la coque et s'enfuit nageant comme un beau diable.

"-Un Kraken?!"

Le cri avait retenti sur le bateau.

"-C'est un!! CRAAAACK

Il y eut un grand silence sur le bateau qui sombra lentement silencieusement, majestueusement comme à regrets. Roxo plongea, repera l'endroit où le bateau s'echoua et partit dans la direction qu'avait pris la creature volante. Il nagea nagea des minutes et des minutes durantes et la rattrapa finalement. Elle s'était abimée dans les eaux; il l'attrapa la mit sur son dos et l'emmena sur la plage. C'etait une jeune femme a peine sortie de l'adolescence observa t il. Elle n'avait aucune arme à première vue. Il s'éloigna d'elle, partant explorer la plage. C'etait une petite ile, il avait seulement mis quelques minutes pour en faire le tour. Ils étaient dans l'archipel de la Muerta, un archipel constelé de pirates. Il decida de s'enfoncer dans l'ile des que la filette se serait reveillée. Soudain il vit un spectacle merveilleux et entendit:

"- Tu veux rester avec moi? Mais tu sais je suis perdue, je ne pourrais pas t'offrir une belle vie... Je ne sais même pas ce que je dois faire. Enfin si! Je dois récupérer les présents de mon père! Mais pour cela... Je dois retourner là-bas... Et j'ai peur... Dis moi, que devrais-je faire?"

Il l'observa le papillon et pensa qu'un lien fort allait naitre entre celui ci et la jeune femme. Il allait s'approcher lorsqu'il entendit son estomac gargouiller. Elle se releva et le papillon revint sur son épaule.

"-Je crois que pour l'instant, il me faut chercher à manger... Ne t’inquiète pas, tu es bien trop petit pour satisfaire mon appétit!"

Roxo decida de sortir de l'ombre...

" bonjour jeune fille , je me nomme Roxo et toi?

Il s'approcha les mains bien en évidence loin de ses armes, il s'inclina un doux sourrire sur les lèvres, canines dissimulées pour ne pas l'effrayer. Il attendit que la jeune femme au papillon se presente.

"-...

Il fixait les bottes de cette dernière qui étaient en meilleur état que tout le reste de ses vêtements. Elle ne fit pas mine de s'enfuir, non elle n'en avait pas du tout l'air.

Hrp: Alors j'aurais quelques remarques à te faire car tu as fait quelques faux sens. Désolée mais je vais être un peu embêtante ^^' Tout d'abord Lyra ne s'est pas envolée à partir du bateau mais de la terre ferme comme dit ici =). Ensuite, elle ne s'est pas abimée en mer mais sur la plage, à quelques centimètres des eaux. De plus, tu dis que tu as fait le tour de l’île en quelques minutes. Je veux bien certes, le seul soucis c'est qu'il y a un très long moment entre le moment ou Lyra se réveille et le vol de papillon =/ qu'as tu fait en attendant? On passe quand meme de la fin de l'apres midi au debut de la nuit avant leur rencontre. Voila =) Pense pour tes prochaines reponses à plus respecter les écrits de tes partenaires ^^



Alors qu'elle s’était finalement décidée de s'aventurer dans l’île pour trouver de quoi manger, un homme sortit de l'ombre faisant sursauter Lyra. Complètement affolée, elle observa les alentours avec appréhension, cherchant un moyen de fuir la confrontation. Mais malheureusement, elle ne trouvait aucunes issues. Trop faible et apeurée, elle n'arrivait même pas à sentir ses ailes.

" -bonjour jeune fille , je me nomme Roxo et toi?"

Il s'approchait bizarrement, les mains en avant, comme s'il anticipait une chute. Il devait être certainement extrêmement maladroit. Cette pensée lui fit esquisser un sourire lorsqu'elle l’imagina tomber la tête la première dans le sable. Il sourit, comme amusé. Avait il compris ce à quoi elle pensait? Gênée, elle se remit a rougir légèrement. Baissant les yeux sur ses mains qu'elle torturaient elle ne lui répondit pas. Un nouveau grognement, bien plus discret, lui rappela qu'un encas ne serait pas de refus. Relevant à peine les yeux, elle le détailla aussi discrètement qu'une souris regarde un piège... a rongeur (ne pas chercher à comprendre d'ou me vient cette image ><). C’était un grand homme. Il possédait une peau très pale ou l'on pouvait deviner les cheminements des veines. Ses yeux bleu profond semblaient la transpercer de part en part. Ses cheveux courts, très sombres, étaient d'un tel désordre qu'elle aurait bien aimer les peigner. Allez savoir pourquoi!! Elle entrouvrit ses lèvres pour lui parler lorsque le grand papillon se mit entre eux deux, maintenant avec ardeur son altitude au niveau des yeux de l'inconnu dû aux courants d'air que provoquait Lyra. Quelques minutes passèrent dans le silence, jusqu’à ce que le papillon, épuisé, tombe au sol. Sans plus y réfléchir, elle l’empêcha de toucher terre et le posa avec délicatesse dans la paume de sa main droite. Mais en faisant cela, elle avait inconsciemment approché l'inconnu...
Il ne restait plus qu'une solution...

"-B...bonjour m-messire, mon nom n'a pas grand importance mais avez vous q-quelque chose à manger et à b-boire? Je vous promets de vous rembourser... Mais j-je n'ai pas d'argent, je v-vous offrirai ce que v-vous voudrez messire!

Se rendant compte qu'elle parlait de plus en plus fort, elle s’arrêta, une main devant la bouche, les yeux lançant des suppliques silencieuses.

Tasphren était dans la mouise. Il se trouvait sur une île qu'il ne connaissait pas et dont il ignorait totalement la position. Il se doutait qu'il se trouvait quelque part au nord du royaume de la terre, mais il avait perdu connaissance avant de s'échouer sur la plages quelques jours auparavant.
Mais que faisait cet homme poilu aux crocs acéré venu de Sent'sura sur une île perdu au milieu de l'océan?
Tout commença une semaine plus tôt, sur les rives du pays de feu...
Tasphren était dépressif depuis qu'il avait coupé tout contact avec les siens. L'absence de conversation l'avait rendu craintif et désespéré. Il n'attendais rien de la vie et flirtait souvent avec la mort. Sa dernière tentative d'exploration des limites de son corps - comme il se plaisait à l’appeler - l'amena sur cette île perdue sans personne pour lui tenir compagnie ou lui indiquer un moyen de rentrer chez lui. Il avait eut la stupide et terrible idée de nager droit devant lui en partant des côtes du continent pour espérer se noyer, épuisé par l'effort.
Bien-sur il finit par tomber de fatigue au bout d'une dizaine d'heure de nage mais à son grand désarrois, il se réveilla sur une petite plage appartenant à une petite île.
Voila ce que les dieux purent voir de son aventure :
Tasphren était au bord de l'eau. Il avait un sac avec ses quelques affaires de voyage et regardait les vagues s'échouer en rang sur le sable noir de la plage. Derrière lui se dressait d'immenses montagnes pointant majestueusement le ciel rougit par les complaintes magmatiques de la roche en fusion libéré de son enclave. Aucun bruit ne parvînt jusqu'à ses oreilles, le phénomène étant trop loin pour qu'il entende quoi que ce soit. Seule la caresse de la brise nocturne venu des terres brisait ce silence. Le vent lui caressa délicatement sa fourrure mouillé par les embruns marins. Il frissonna et s’allongea, perdu dans ses pensées pour observer les étoiles. Mais il n'y en avait pas, la fumée du volcan lui gâchait la vue. Il s'énerva et frappa du pied dans le sable qui lui écorcha la plante de pied.
*C'est quoi ce sable ! Pays de latrines !*
C'en était trop pour le jeune homme. Une vicieuse pierre basaltique taillée en pointe s'était glissé sous le sable lui infligeant cette blessure. Il était énervé et frustré de ne pas pouvoir se soulager en tapant dans le sable. Le spectacle devait sembler comique à distance. Un homme affublé d'une fourrure tentant de frapper le sol et ne parvenant en fin de compte qu'à se faire mal !
Heureusement personne ne l'observait, sauf peut-être un dieu ou un ange avec du temps à perdre.
Quoi qu'il en soit, ce fut cet événement mineur qui l'amena à prendre une décision plus stupide encore que de taper dans du sable.
Il se leva d'un bon et fourra ses pieds dans le sable couleur de suie (pour éviter de se faire encore plus mal, il marchait sans décoller les pieds). Il s'approcha de l'eau et sentit la piqure du liquide froid contre ses pieds. Il grimaça et continua. La mer s'enfonçait rapidement dans cette région. Les montagnes derrière lui semblaient se poursuivre sous l'océan infini. Il marcha quelques mètres avant de ne plus avoir pied. Il se mit à nager. Tasphren était heureusement un bon nageur, mais il savait bien qu'il lui faudrait un miracle pour survivre à sa folie. Il préféra se focaliser sur sa tache et d'oublier l'incohérence de sa décision. Il quitta la crique dans laquelle il se trouvait et fut très vite balloté comme une malheureuse bouteille à la mer par les vagues qui ne cessaient de grossir. Puis ses jambes et ses bras commencèrent à lui faire mal, vint ensuite ses poumons, puis enfin tout son corps. Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'il nageait sans discontinuité, avançant au gré des courants de surface et des vagues. Malgré un temps clément, nager n'était vraiment plus une partie de plaisir. La peur commença à l'envahir. Il cessa de nager et regarda dans quel pétrin il s'était mit. Il était perdu, indubitablement et totalement perdu, dans un milieu qui jamais n'avait été le sien, dans une zone qu'il n'avait jamais arpenté auparavant. Ses paupières devenaient plus lourdes chaque secondes passé dans l'eau et ses muscles semblaient se tétaniser à cause du froid qu'il avait fini par ne plus ressentir. Il perdit connaissance au milieu de l'océan, abandonnant son corps aux dieux et son esprit au pays des rêves.
Son corps inanimé flotta de nombreuses heures durant. Il ne respirait que faiblement et se refroidissait au fil du temps. Il termina par atteindre la température de l'eau, une dizaine de degré, le maintenant en hypothermie, protégeant son corps du manque d'oxygène et le maintenant dans une sorte d'hibernation involontaire.
Il vogua ainsi pendant plus de 20 heures avant d'atteindre la terre ferme. L'eau peu profonde, réchauffée par le soleil, réchauffa à son tour le corps de Tasphren. Puis une fois échoué sur la plage, le soleil termina de le réanimer. À son réveil, il avait mal partout mais rien ne semblait manquer. Tout ses membres semblaient fonctionner relativement correctement. Seul subsistait une terrible sensation de froid intense.
Il passa les deux jours suivants à se réchauffer et se nourrir pour récupérer de sa mésaventure. Une fois encore, il avait survécu à quelque chose qui aurait tué n'importe qui. Il se demanda si cela était à mettre sur le compte de la chance ou de son incroyable résistance. Il ne s'en souciait que très peu à vrai dire. Une seule idée commençait à prendre le pas sur les autres : Comment quitter ce bout de cailloux perdu au milieu de nul part?
Voila pourquoi Tasphren trouvait qu'il était dans la mouise. Il ne voulait pas retenter l'expérience de la "noyade contrôlée" en tentant de rejoindre le continent à la nage.
Les jours suivants, il traversa l'île de long en large pour finalement comprendre qu'il était seul au monde.
Ce ne fut que le 5ème jour de son arrivée sur l'île que tout changea. Il remarqua qu'une créature tombée du ciel s'était écrasée sur une plage. Il s'approcha d'elle en faisant attention de bien rester caché pour mieux l'observer sans toute fois être vu. Durant toute la journée il observa la jeune femme allongée sur la plage le corps se soulevant au rythme du passage des vagues. C'est en fin de soirée que la jeune femme se réveilla enfin. Elle rampa alors avec maladresse vers sa position. Sa cachette semblait compromise, mais il était dans l'incapacité de bouger sans être vu ou entendu. Finalement elle tourna la tête un bref instant ce qui lui permit de s'écarter sans bruit. Comble de la malchance, le buisson qu'il avait choisi pour se cacher était parsemé d'une multitude de papillons qui s'envolèrent lorsqu'il bougea trop brusquement. L'espace d'un instant, il crut que l'étrange femme l'avait vu, mais elle ne semblait prêter attention qu'aux papillons.
* Ouf je suis tombé sur une gamine amoureuse de la nature, elle n'a rien vu, je ferai mieux de quitter ce lieu à présent*
Cependant quelque chose le retint. La femme semblait avoir elle aussi des poils sur tout le corps. Rien à voir avec sa propre pilosité, mais peut-être avait il quelque chose en commun avec elle. Il monta discrètement dans un arbre pour l'observer dans une position plus confortable. Elle parlait au papillon.
*Étrange, sait-elle que le papillon ne comprends rien?* Se dit-il. Dans un sens il se moquait d'elle, mais ayant une connaissance du monde exclusivement littéraire, une part de lui se demandait si elle avait un don.
Bientôt il entendit un autre intrus arriver. C'était un homme cette fois. Vu sa manière de s'approcher, il semblais connaitre la demoiselle. Mais quand il parla, il compris qu'il était lui aussi nouveau sur l'île. Il était d'ailleurs encore trempé, il venait sans doute du navire qu'il avait vu s'échouer un peu plus tôt. Il pensait que personne n'avait réussit à atteindre l'île.C'était d'autant mieux qu'il ne voulait voir personne ne pouvant pas servir ses intérêts personnels.
L'homme s’appelait Roxo, Tasphren trouva ce nom incroyablement laid et se demanda, dans un sourire plein de malice qui étaient ses parents pour oser l'accabler d'un nom aussi hideux. Il tenta d'être plus compréhensif bien que rien ne le lui obligeait. Perdu dans ses pensés, le jeune homme poilu ne comprit pas ce qu'il s'était passé, mais il entendit la jeune femme répondre avec hésitation et peur.
Une phrase retint son attention
"je v-vous offrirai ce que v-vous voudrez messire!"
Si elle avait vécu en ville elle n'aurait jamais dit ça à un homme. C'était le meilleur moyen selon lui de se faire violer pour une bouchée de pain. Littéralement. Tasphren pouffa de rire et fit craquer la branche qui le retenait. Il tomba dans un fraqua sourd et bruyant. Les deux humains tournèrent la tête et regardèrent dans sa direction.
Il ne lui restait rien d'autre à faire que de se montrer. La pénombre cachant son physique, il s'autorisa à ne pas fuir dans l'immédiat. Il se redressa doucement et s'immisça dans la conversation.
-Euh Bonjour ! dit il péniblement. Savez vous comment je pourrais rejoindre une terre digne de ce nom? Ça fait plusieurs jours que je suis sur cette île et vous êtes les premiers êtres doués d'intelligence que je croise.
*Enfin je crois...* ajouta t-il pour lui même.
-Avez vous un moyen de quitter l'île pour le continent? continua t-il. Puis, sans laisser le temps à ses interlocuteurs de répondre il s'adressa à la jeune femme.

-J'ai une sorte de pomme que j'ai trouvé sur l'île si ça vous intéresse, et mon seul prix sera de connaitre votre nom très cher !
Il rougit face à sa propre audace. Savoir que ces humains ne le fuyaient pas le grisait et lui redonnait sa confiance d’antan. Même si la seul raison à tout ça était qu'ils ne le voyaient pas vraiment. C'était tout du moins ce qu'il pensait.

Lyra regardait toujours les grains de sables qui s’étaient nichés sur ses bottes. Ces derniers étaient agencés d'une drôle de manière, formant des lignes plus ou moins symétriques. Elle remua un peu le pied, les faisant tomber. Une fois sa botte vierge de tous grains de sable, elle reporta son attention sur ses mains. Extrêmement timide, elle n'avait pas osée relever le regard depuis qu'elle avait parlé.
Alors que le silence gênant s’étirait en longueur, un grand Crac retentit.
Elle tourna la tête vers les buissons et vit une silhouette étalée par terre. Intriguée, elle pencha la tête sur la gauche, ses longs cheveux noirs de jais retombant sur son épaule. Sans bouger, elle vit l'homme se redresser lentement. Lentement?Était il blessé ? L'examinant avec soin, elle en déduit que non, quoiqu'avec tous ses poils il lui était difficile d’être sure.
Des poils? Elle regarda ses bras et le fin duvet qui le recouvrait. Non ce n’était définitivement pas la même chose. Détaillant de nouveau l'inconnu, elle l'entendit parler :

-Euh Bonjour !

Sa respiration était quelque peu saccadée, il devait définitivement s’être fait mal. Pourtant, l'examinant une nouvelle fois, elle ne vit rien d'alarmant. Mais dans tout ces couleurs sombres, il aurait été difficile de repérer quoique ce soit.

-Savez vous comment je pourrais rejoindre une terre digne de ce nom? Ça fait plusieurs jours que je suis sur cette île et vous êtes les premiers êtres doués d'intelligence que je croise.

Elle se retourna de nouveau cette fois devant l'homme répondant au nom de Roxo. Celui ci n'avait pas dit un mot depuis l'apparition de l'homme poilu. Tendu, une barre d’inquiétude marquait son front et sa main serrait la garde de son katana. Tout son corps était tendu, comme prêt à bondir. Elle s’éloigna d'un pas, prise d'une grande peur.

-Avez vous un moyen de quitter l'île pour le continent?

Elle sursauta et oublia pendant quelques instants Roxo pour se concentrer sur le nouveau.

-J'ai une sorte de pomme que j'ai trouvé sur l'île si ça vous intéresse, et mon seul prix sera de connaître votre nom très cher !

Son ventre gargouilla en réponse à ces dernières paroles. Un léger rouge colora ses joues et elle baissa de nouveau les yeux en les voyant apparaître aussi sur le visage de l'homme.
Elle aurait fini par répondre si Roxo ne l'avait pas devancé :

« - J'ai à faire. Débrouillez vous et soyez heureux que je n'ai pas mis fin à votre vie, abomination de la nature»

Sans un mot supplémentaire, il recula, la main toujours crispée sur son arme. Les vagues commençant à lécher ses pieds. Il jeta un dernier regard haineux à l'autre être masculin puis un plus gentil vers Lyra et disparut dans l'océan, laissant un grand silence derrière lui.
Elle ne comprenait plus rien. Pourquoi partait il ? Il était partit aussi vite qu'il était arrivé...
Le petit papillon voleta de nouveau autour d'elle, profitant de la bise chaude émanant d'elle et alla se poser sur le petit buisson devant l'homme. Son attention changea de nouveau de propriétaires et elle s'approcha de quelques pas, intriguée et finit par lui sourire. Il était bien moins effrayant que Roxo. Levant la main afin que le papillon vienne se poser et dit d'une voix très claire :

« -Je ne sais pas comment rejoindre le continent... Je m'appelle Lyra Mylaro Messire et vous ? »

Un nouveau grondement de ventre retentit et les rougeurs réapparurent sur ses joues.

Tasphren sourit quand il entendit le gargouillement de la demoiselle. Mais son sourire s'effaça quand il écouta les mots de l'autre individu. Il avait l'habitude qu'on le nome de la sorte, mais il ne l'acceptait toujours pas. Il serra le point à s'en blesser la paume, se retenant de toute ses forces d'attraper une pierre pour la lui lancer. Il ne connaissait pas son adversaire et ne voulait pas voir sa chance tourner en sa défaveur. Il se contenta de rester crispé en assassinant du regard l'homme qui s'éloignait. Il disparu derrière l'écume des vagues. C'est uniquement à cet instant qu'il accepta de tourner son regard vers Lyra qui la regardait.

« -Je ne sais pas comment rejoindre le continent... Je m'appelle Lyra Mylaro Messire et vous ? »

-Votre pomme... Dit il négligemment.
Il lui lança le fruit qu'il avait en main. Par miracle il ne l'avait pas écrasé durant son altercation avec le stupide guerrier incapable de la moindre sympathie à l'égard des gens comme Tasphren. Il était cependant déçu, voir même assez agacé de savoir que la jeune femme n'avait aucune idée de la façon dont il fallait s'y prendre pour quitter l'île. Cela l'énerva et il frappa sauvagement du pied dans l'arbre dans lequel il s'était caché quelques instants plus tôt. Puis la phrase du guerrier lui revint en tête, ajoutant plus de fureur à son humeur...
-L'autre imbécile qui se prends pour un dauphin... marmonna t-il pour lui même.
Puis il s'adressa à Lyra.
-Et vous? Vous souhaitez aussi ma peau c'est ça? Bon Sang ! Je m'en vais ! Bon vent ! J'en ai raz le bol de ces mous du cerveau qui ne savent pas se tenir et qui insultent à tout va !
Il s'éloigna d'un pas lourd et disparut dans la forêt. Il tenta de se calmer mais en vain. Il bouillonnait de fureur envers le monde entier. Comble de l'ironie, il était coincé sur une île avec une espèce de créature volante incapable de quitter cet endroit de malheur ... S'en était trop pour lui...
Il s'accroupit au bord d'un arbre et se perdit dans ses pensées. Pourquoi les gens étaient ils si méchant avec lui?
Il s'écoula quelques minutes avant qu'il ne se ressaisisse. Il réalisa, avec une pointe de honte, qu'il avait été à son tour exécrable avec Lyra. Il ne voulait en aucun cas ressembler aux gens qui le maltraitaient habituellement. Il fit la démarche - en s'y reprenant plusieurs fois - d'aller présenter ses excuses à la demoiselle. Il revînt sur la plage et la trouva au même endroit que lors de son départ précipité. Elle jouait avec le papillon.
Il s'éclaircit la voix dans une légère toux et amorça ses excuses.
-Je vous prie de bien vouloir pardonner mon attitude quelque peu déplacée à votre égard. Il marqua une pause avant de reprendre plus fort. Je m'appelle Tasphren, je suis arrivé ici en tentant bêtement ... Ça n'a pas d'importance...
Il déglutit un instant avant de reprendre.
-Nous somme dans la même galère. Tout deux coincés sur cette île. Et il serai judicieux de trouver un moyen de nous en sortir. Acceptez vous de m'aider? Nous pourrions trouver un radeau pour rejoindre des îles plus habitées... Ou je ne sais quoi...
Il attendait une réponse de la part de Lyra, en espérant qu'elle accepterai ses excuses. Il était sincère et espérait qu'elle l'avait compris.

Décidément Lyra ne comprenait plus rien. Apres Roxo, c'est l'autre homme qui venait de partir comme une furie. Apres lui avoir lancé la pomme suffisamment fort pour lui faire mal lorsqu'elle la réceptionna sur sa cuisse, il tapa sur le pauvre arbre qui ne lui absolument rien fait faisant tomber de belles feuilles pourpres. Des feuilles pourpres? Quelle étrangeté, c'était la première fois qu'elle voyait cette couleur sur un arbre. Se massant distraitement la cuisse, elle regarda la pomme à quelques pas d'elle. Ce fruit aussi était des plus étranges. Plus ovale que ronde, elle était plus grosse que la moyenne mais ce qui retient surtout son attention furent la couleur singulière. Une pomme noire à taches blanches...
Alors qu'elle allait se baisser pour la ramasser, l'homme devint littéralement fou.

-Et vous? Vous souhaitez aussi ma peau c'est ça? Bon Sang ! Je m'en vais ! Bon vent ! J'en ai raz le bol de ces mous du cerveau qui ne savent pas se tenir et qui insultent à tout va !

Complètement sonnée, elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il s’enfonçait déjà dans la foret. Un deuxième venait de la fuir en moins de cinq minutes. Quelque chose n'allait pas avec elle? Laissant là le fruit elle s’avança d'abord vers la foret, essayant d'apercevoir une silhouette quelconque. Ne voyant rien, elle repartit vers l’océan, prenant soin de ne pas écraser le fruit, son ventre se manifestant au passage. Là, elle observa son reflet entre les vagues et grimaça. Elle ne ressemble vraiment plus a grand chose. Ses vêtements étaient blancs de sel et rugueux. Ses cheveux ressemblaient plus à des algues qu'a autre chose. Jetant un dernier regard alentour, vérifiant qu'elle était bien seule, elle se déshabilla complètement et rinça du mieux possible sa tunique et son short. Elle les étala sur des grosses pierres et dit à haute voix:

"-Ça sera peut être mieux ainsi... Je ne ferai plus fuir les gens comme ça non?"

Elle fixa le plus sérieusement du monde le papillon et prit un air sévère:

"-Garde bien notre repas. Et arrête de me regarder comme ça tu me gènes!"

S'assurant que ses vêtements ne pouvaient pas s'envoler, elle plongea dans l'eau et frissonna face a la morsure du froid sur sa peau. Elle se frictionna avec force et rapidité, se lavant ainsi du mieux possible avant de sortir, tremblante. Elle s'assit entre ses vêtements et son corps diffusa rapidement une douce chaleur qui fit sécher les habits à une vitesse hallucinante. Réchauffée, elle se coiffa les cheveux du mieux possible avec ses mains, buttant sur de nombreux noeuds. Son travail minutieux terminé, elle se rhabilla rapidement et sourit au papillon assis sur la pomme:

"-Je crois qu'il est temps de manger... Tout aussi tu dois avoir faim!"

Comme pour lui répondre, il s'envola et se posa sur la pierre à coté d'elle. Heureuse, elle se leva et alla chercher le fruit avant de se réinstaller confortablement au même endroit. Ses vêtements étaient encore humides mais bien plus agréable qu'avant. Elle rompit avec difficultés la pomme et la posa à coté d'elle et se sentit obligée de se justifier:

"-Qui c'est, il reviendra peut être? Et toi tu as faim?

Avec son ongle, elle coupa un peu de chair et le posa près du papillon avant de croquer dans la sienne goulûment et de la finir en quelques secondes. Tentée, elle regarda la part qu'elle avait mise de coté mais secoua la tête et se leva.

"-Au fait! Il te faut un nom à toi... Comment pourrais je t'appeler?

Pointant le doigt vers l'insecte, celui ci vint se poser dessus et lui chatouilla la peau. Riant un peu, elle se retourna brusquement en entendant un raclement de gorge et sourit en voyant que l'homme était revenu. Lui souriant elle se dit que son petit bain n'avait pas été une mauvaise idée malgré la température glaciale de l'eau:

-Je vous prie de bien vouloir pardonner mon attitude quelque peu déplacée à votre égard.

Attendant qu'il continue, elle se pencha pour ramasser le morceau de pomme qu'elle lui avait conservé.

-Je m'appelle Tasphren, je suis arrivé ici en tentant bêtement ... Ça n'a pas d'importance..

Tiens il ne finissait plus ses phrases? La thèse de la blessure était de nouveau d'actualité. Et si il était tombé sur la tête?

-Nous somme dans la même galère. Tout deux coincés sur cette île. Et il serai judicieux de trouver un moyen de nous en sortir. Acceptez vous de m'aider? Nous pourrions trouver un radeau pour rejoindre des îles plus habitées... Ou je ne sais quoi...

Pendant son discours, elle s’était avancé vers lui et lui tendit la pomme à quelques mètres de lui tout sourire. Finalement il ne semblait pas si fou que ça! Elle avait déjà une idée pour quitter l’île mais il nécessitait l'aide d'une personne forte. Sans se laisser démontée par la gène plus qu'évidente éprouvée par Tasphren à cause de leur proximité elle lui dit doucement comme pour l'apaiser:

"-Je vous ai gardé la moitié de la pomme. Ca ne semble pas très avenant mais c'est très bon. Prenez la"

Souriant toujours, elle ne remarqua pas le petit papillon qui venait de se poser sur sa tête.

*Cette fille est étrange*
Voila la première chose qui vint à l'esprit de Tasphren lorsqu'elle lui proposa sa pomme.
-Je vous l'offre. J'en ai mangé durant trois jours et je commence à m'en lasser. Vous pensiez réellement que j'allais vous donner un fruit si je n'étais pas sur qu'il était comestible?
Sa question n'amenait pas de réponse. Il avait simplement voulu montrer qu'il n'était pas irresponsable.
*On ne propose pas de la nourriture si elle peux tuer, c'est plutôt inconvenant* pensa t-il.
Il s'éloigna d'elle en souriant malgré lui. Elle était étrange certes, mais son innocence rassurait Tasphren qui n'avait pas besoin de se cacher derrière un masque. Alors qu'il s'approchait de la mer, le papillon qu'il avait vu en compagnie de Lyra décolla de sa tête pour se poser sur l'épaule de Tasphren. Ensemble ils regardèrent l'océan. L'île était entourée d'une large barrière rocheuse. Vu de la plage, elle semblait protégée par un anneau d'écume qui représentait un sérieux obstacle. Tasphren n'avait aucune idée quant à la manière de s'y prendre pour quitter ce bout de terre. Il lui semblait improbable de traverser les vagues à l'aide d'un pauvre radeau, sauf s'il était d'envergure. Si cela était tout de même faisable, il ne voulait pas risquer sa vie de cette manière. Il avait eut son compte pour les semaines à venir. Tout du moins l'espérait-il.

Il ne put s'empêcher par la même occasion de se souvenir de la raison de sa présence sur l'île. Il avait décidé sur un coup de tête d'aller plus loin sur les chemins de la mort. Il avait commit de nombreux actes fous, mais il se laissait toujours une chance de s'en sortir. Cette fois, s'était un suicide. L'idée le répugnait, mais il fallait se rendre à l'évidence, il avait renoncé à vivre. Cependant, son acte avait eut une portée bénéfique.
Sa mésaventure et le rêve qu'il avait fait durant sa noyade lui avait offert un regard nouveau sur le monde. Il avait tant vécu en si peu de temps. D'abords la noyade, puis le rêve où il avait rencontré de drôles créatures dont l'une d'elle prétendait l'avoir sauvé d'un démon des rêves et enfin en dernier lieu, sa rencontre avec Lyra. Tout ces évènements lui avait permis de mieux se comprendre et d'accepter sa vie. Peut-être était-ce ce qu'il fallait faire. Trouver une oreille à qui parler pour se confier, ne pas rester seul et rencontrer du monde. Il se surprit à imaginer qu'après tout, il n'était peut être pas le plus malchanceux et que d'autres pouvaient vivre de plus terribles choses encore.
-Et toi, que fait tu ici? demanda t-il au petit papillon toujours perché sur son épaule. Tu es coincé sur cette île comme nous ou tes ailes te permettent-elle d'aller où bon te semble?
Mais le papillon ne répondit jamais à ses questions. Il se contenta d'agiter ses antennes en rythme avec les vagues qui s'échouaient sur la plage. Tasphren revint voir Lyra.
-Je comprends pourquoi vous aimez bien ce papillon. Il donne envi de parler et amène à réfléchir.
Il s'approcha d'elle et prit délicatement le papillon dans sa main. Il déposa l'insecte sur l'épaule de Lyra et s'écarta. Puis il bailla doucement.
-Je ne sais pas pour vous, mais je suis assez fatigué. Je vais vous conduire à mon abris pour passer la nuit. proposa t-il. Venez !

Il se demandait si elle souhaitait l'aider à quitter l'île. Elle n'avait pas répondu à ses questions et ne donnait pas l'impression de vouloir quitter ce lieu. Elle prenait la chose assez bien, mais peut-être avait elle fait le choix de s'écraser ici. Après tout, il l'avait vu voler. Elle était libre comme l'air et pouvait l'abandonner ici d' un simple battement d'aile... Simple pour elle.
Il s'enfonça dans l'île et atteignit son campement. Il l'avait monté au milieu une clairière qui offrait une jolie vue sur les plages. Une petite case se dressait à la l'orée de la forêt, composée de quelques branches pour la structures et de larges feuilles pour le toit. Un foyer au centre crépitait doucement, les braises du feu de ce matin étaient encore rouges. Sur la gauche, Tasphren avait entassé du bois et l'avait empilé minutieusement. Il attrapa quelques buches et en disposa sur les braises. Il s'installa à coté pour faire cuire un peu de viande. Il ne savait pas si Lyra en mangeait, mais l'oiseau qu'il avait plumé dans la journée allait passer à la casserole.

-Racontez moi un peu... Qu'est ce que vous faites sur cette île?

Reconsidérant le fruit elle se demanda ce qu'il signifiait par la. Jamais elle n'aurait pu penser qu'il ne puisse pas être comestible. Fronçant les sourcils, elle observa l'objet comme si elle le voyait pour la première fois. Et puis d'abord pourquoi lui aurait il donné quelque chose de nuisible ? C'était pas logique... Pourquoi lui voudrait on du mal ? Cette notion lui était impossible à comprendre, n'ayant jamais souhaité de mal à qui que ce soit. Même avant...
Tasphren s’éloigna et la ramena involontairement à la situation présente. Elle se réprimanda de partir ainsi dans ses souvenirs. En plus de lui faire du mal, elle n’était plus attentive et pouvait très bien se blesser en tombant ou d'autre chose du même genre. Il s'approcha de l'eau, ses pieds touchant s’enfonçant dans le sable mouillé. L'insecte voleta pour se poser sur son épaule. Une touche de bleu sur un homme triste. Un magnifique tableau mélancolique. Qu'avait il bien pu se passer dans sa vie pour qu'il dégage tant de tristesse et de colère ? Regardant plus loin, elle observa les vagues qui roulaient rageusement pour venir s'écraser à ses pieds, comme si elles lui obéissaient. Retrouvant son sourire elle s’avança silencieusement et se plaça derrière lui.

-Et toi, que fait tu ici? Tu es coincé sur cette île comme nous ou tes ailes te permettent-elle d'aller où bon te semble?

Observant l'insecte elle attendait sa réponse, persuadé qu'il allait enfin répondre à une de leur parole. Mais son attente fut vaine à sa grande déception. Elle s'éloigna pour observer le bosquet d'arbres. Qui était en réalité plus une petit bois voir une foret. Elle voyait des arbres à perte de vue. Tant d'arbres... Il n'était absolument pas entretenu, aucun sentier n'était reconnaissable, aucune indication... Comment pouvait on se retrouver la dedans ? Finalement Tasphren vint interrompre sa contemplation :

-Je comprends pourquoi vous aimez bien ce papillon. Il donne envi de parler et amène à réfléchir.

Il déposa le papillon sur son épaule avec une délicatesse qui la surprit. Il bailla assez discrètement pour un homme et reprit la parole :

-Je ne sais pas pour vous, mais je suis assez fatigué. Je vais vous conduire à mon abris pour passer la nuit. Venez !

Lui donnant un sourire pour seule réponse, elle le suivit avec difficulté. Alors qu'il crapahutait sans aucunes difficultés et slalomait comme s'il connaissait l’île depuis sa tendre enfance, elle avançait laborieusement, se concentrant un maximum sur ses pieds pour ne pas tomber elle arriva quand même à trébucher quelques fois, se rattrapant de justesse. Les épines griffaient ses jambes et ses bras nus laissant dans leur sillage des traces sanguinolentes. Ses cheveux quand à eux s’emmêlaient très souvent dans les branchages et les lianes. Voulant lui demander de ralentir un peu, elle le vit plonger dans ses pensées et ne voulut pas le déranger. Pourquoi était il lui aussi coincé sur cette île ? Il y était coincé, ça elle en était certaine mais comment avait il pu échouer ici ? Il n'avait visiblement ni ailes ni de branchies. Était il sur un navire qui s'était échouer ? Apparemment pas, il n'était ni blessé, ni traumatisé... Enfin quoique. Ils arrivèrent enfin à son campement. Une jolie petite cabane se dressait près d'une vraie foret encore plus dense que ce qu'ils venaient de traverser. Elle avait été construite à l'aide de branches et de feuilles. Il y remit du bois et posa une carcasse d'oiseau en son sein. Regardant le morceau de pomme qui lui restait, elle s'assit non loin de lui, profitant de la douce chaleur émanant du feu. Elle croqua dans son morceau de pomme restante :

-Racontez moi un peu... Qu'est ce que vous faites sur cette île?

La bouche pleine elle leva une main pour lui demander d'attendre et avala sans mâcher s'étouffant un peu au passage. Elle déglutit avec peine et chercha un peu d'eau quelque part en vain. Finalement, elle le regarda droit dans les yeux l'air le plus sérieux du monde:

« -Pourquoi suis-je sur cette ile? C'est une histoire bien longue savez vous? Pour résumer, je me suis enfuie d'un.. endroit qui n'était pas ma... maison. J'ai appris comment... Voler et j'ai réussi à... Dériver jusqu'ici. »

Elle cherchait ses mots avec difficultés, pesant bien ses paroles pour ni en dire trop ni pas assez, baissant les yeux sur le feu crépitant elle finit par reprendre:

« -En tout cas je sais que nous sommes sur une des iles de l'archipel Pirate... Je ne sais pas vraiment ou elles sont situées par contre... »

Refoulant les sentiments qui déferlaient en elle, elle frissonna. Le froid commençait à mordre sa peau et le peu de vêtement qu'elle portait sur elle ne suffisait pas à la réchauffer. S'approchant du feu à s'en bruler, elle observa la carcasse changer de couleur au cours de sa cuisson. Reposant les yeux sur Tasphren elle fit prise d'une irrésistible envie de toucher ses poils. Elle tendit la peau et la posa sur son bras, fascinée:

« -C'est doux... »

Lyra s'était approché de lui pour le caresser. Sur l'instant il fut vexé de voir qu'elle le prenait un peu pour un animal qu'on caresse.

« -C'est doux... »

Il rompit le contacte instantanément. Il regarda Lyra qui n'avait en apparence aucune pensées négatives à son égard. Cependant, il se sentait insulté par ce geste qui lui enlevait encore un peu d'humanité en lui et qui l'amenait au rang de bête. Il oublia vite cette erreur de la part de Lyra pour recentrer la conversation sur ce qu'elle venait de dire

-J'avais supposé la même chose. C'est pour ça que j'ai proposé de rejoindre une île plus grande en radeau. Mais j'ai observé la plage et ça ne sera pas simple de passer les vagues et moins encore de se repérer en mer pour rejoindre une autre île.
Il marqua une pose et se souvint que Lyra n'avait pas répondu à sa question...
-J'espère que vous avez une meilleure idée que moi pour nous sortir d'ici. Mais une question me chagrine un peu; vous dites que vous avez apprit à voler, hors je ne vous pas d'aile qui puisse vous soulever dans les airs? Vous êtes un ange déchu? Un ange qui a perdu ses ailes?
*Un ange déchu. Pourquoi pas après tout.*
Tasphren retira la viande du feu pour la manger. Il en proposa à Lyra et posa sa pitance sur une feuille qu'il disposa à coté d'elle. Elle pouvait ainsi la prendre ou la refuser celons ses souhaits.
Voyant Lyra ne pas répondre tout de suite à ses question - surement pour trouver ses mots ou une manière polie de se dérober - il continua à parler.
-Je vous propose un compromis. Je vous raconte la raison de ma venue ici et vous en faites de même, sans faire de résumé. Nous avons toute la nuit pour parler après tout.
Tasphren était très curieux comme à son habitude. En temps normal, il se contentait de regarder et d'étudier dans des livres chapardés un peu partout. Mais s'il pouvait avoir un récit de première main il ne comptait pas passer à coté, quitte à se mettre à nu avant elle. Il choisit ses mots minutieusement et commença à se livrer à elle, dans le pâle espoir d'en apprendre plus sur cette étrange jeune femme au comportement incompréhensible.
-Je commence donc. Je m'appelle Tasphren Bjird. Malgré mes apparences je suis bel et bien un humain. Mais un humain malchanceux. J'ai été transformé en cette créature par une banshee venu chez moi dans ma jeunesse. Ensuite ma sœur est morte des griffures d'un loup garou - Enfin je crois -. Mon père m'a vu avec cette apparence et m'a prit pour le tueur. J'ai du m'enfuir à jamais. De nombreuses mésaventures de ce genre me sont arrivées depuis que je suis seul. Et par sécurité je continue de rester seul. Sauf...
*Sauf quand je suis assez stupide pour me retrouver une petite crotte au milieu d'un océan*
-Sauf quand j'en suis un peu obligé. Vous m'aviez vu, je n'allais pas m'enfuir. Et vous ne sembliez pas vraiment dangereuse. Je suis arrivé sur cette île en faisant l'erreur de m'abandonner à l'océan pour quitter ma condition inconfortable dans cette société qui m'a rejeté. Et j'ai finalement atterrit ici.
Oui c'était la meilleur manière d'expliquer son suicide sans dire que s'en était un. Il n'était pas tout à fait honnête avec Lyra mais il en disait déjà bien assez à son gout. Peut-être était-ce la même chose pour Lyra qui ne voulait pas se dévoiler. C'était un risque à prendre, parler mais ne rien obtenir.

-Voila, je suis jeune alors ma vie est assez simple à raconter et n'as rien de chevaleresque... je suis fait ainsi. Qu'en est-il pour vous?

Apparemment ils étaient d'accord. Partir de cette île ne semblait pas être une chose très facile. Il voulait rejoindre une autre île avec un radeau ? Pourquoi un radeau ? Maintenant qu'elle avait la faculté de voler, cette remarque lui semblait stupide. De plus il semblait y avoir une barrière de vagues qui entourait l’île, la rendant isolée du reste du monde. Le problème était de savoir si elle serait capable de voler sur de longues distances et surtout si ses petites ailes suffiraient à soulever Tasphren. Elle ne pouvait pas l’abandonner ici. De toute manière elle n'en eut même pas l'idée.
Puis il reprit la parole et la qualifia d'ange déchu. Qu'est ce qu'un ange ?
Repartant des années plus tard, elle se revit dans son lit, son père assit près de lui lui racontant une histoire pour qu'elle puisse dormir. La chaleur des couettes et la douce voix de son père lui manquait affreusement... Elle se rappela néanmoins d'une histoire en particulier à propos d'un ange amoureux d'une humaine …

***

« -Ce pauvre ange était bien malheureux... »
« -Papa ? C'est quoi un ange ? »

Lui souriant tendrement, son père se mit debout pour attraper les feuilles au dessus de sa tête et un crayon. Dessinant à la va vite un bonhomme tout mignon, il lui rajouta une paire d'aile et une auréole et le montra à la petite fille curieuse :

 -Tu vois, Un ange est un habitant du ciel. Il a de très belles ailes le plus souvent blanche qui ressemble à de grandes ailes de colombe. C'est extrêmement doux tu sais ? Et ils sont connus pour être des gens très gentil et très pur même si la réalité n'est pas toujours aussi belle. »
« -Papa ? Pourquoi il a un rond au dessus de la tête le bonhomme? »
« -C'est une auréole ma chérie, c'est de la lumière. »
« -Mais alors ils ne peuvent pas dormir dans le nuit ? »
Riant de tout son être, son père finit par reprendre l'histoire où ils s'étaient arrêtés et la jeune enfant s'endormit très rapidement.
***

Repenser à son père lui faisait mal...Mais il était si bon de revenir en arrière de temps en temps... Offrant un sourire plus que mélancolique à son interlocuteur lorsqu'il lui donna à manger, elle continua à l'écouter. Très attentive elle mangea très doucement sa viande, captivée par son récit. Il avait eu une vie très difficile, elle n'en doutait pas... C'était flagrant. Pourtant elle en comprenait pas. Pourquoi s'abandonner à l'océan ? Peut être espérait il que cela chasserait sa malédiction d'une manière quelconque ? Mais pourtant l'océan est connu pour être dangereux et capricieux. Même elle le savait, et ce avant d'être avec les pirates. Peut être pensait il trouver une autre société bien injuste ? Il existait une société sous l'océan ? Complètement émerveillée elle s'imaginait déjà toutes les créatures fantastiques qui devaient peupler cet endroit si mystérieux et hostile selon elle.
Puis il dit que Lyra n'avait pas l'air dangereuse. Mais pourquoi aurait du t elle l'être ? Elle ne comprenait vraiment pas. De toute façon, les gens dangereux sont si rares que Tasphren n'aurait vraiment pas eu de chance. Cumulé au fait qu'il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait dans les eaux cela aurait vraiment été bizarre.

-Voila, je suis jeune alors ma vie est assez simple à raconter et n'as rien de chevaleresque... je suis fait ainsi. Qu'en est-il pour vous?

Regardant le feu avec intensité elle finit de remettre de l'ordre dans ses pensées avant d'ouvrir la bouche :

« -Je m'appelle Lyra Mylaro. Je suis plus jeune encore que vous, malgré mon apparence je suis à peine majeure. Je ne suis pas un ange non. Je suis une Lorialet... Une fille de la Lune. Je n'ai pas d'ailes non plus. Enfin... Elles ne se voient pas, seulement lorsque je vole on peut les apercevoir si l'on est assez attentif. Je voyais celles de mon papa. »

Se taisant quelques minutes, elle mit de coté toutes ses questions pour les poser plus tard et leva un petit vent chaud pour raviver les flammes mourantes.

« -Je suis ici parce que j'ai fait un rêve. Un rêve très inquiétant. Je devais partir sur le champ. Pour des raisons diverses j'ai été vendu comme esclave à un clan de pirates . Je ne connais pas grand chose du monde et je devrais avouer que... J'ai peur... Mais qu'il y a quelque chose que je dois accomplir. Désolée d'être... Si vague... Mais je ne suis même pas capable de me comprendre moi même. »

Retrouvant son sourire elle lui pointa du doigt la lune.

« -Vous ne la trouvez pas magnifique ? Blanche dame dans son habit bleu, elle surveille le monde et apporte la force à ses enfants, combattant le soleil et sa lumière aveuglante... »

Sans s'en rendre compte elle venait de déclamer le début du poème de son père. Mélancolique de nouveau elle laissa sa main retomba et en oublia ses multiples questions.

« -Il faut que je rejoigne le continent au plus vite. Je pense que je pourrai trouver depuis le ciel où il se trouve. Si nous ne sommes pas trop loin peut être pourrais je nous y transporter ? Je ne sais vraiment pas... »

Elle ne se tue que quelques instants avant de se frapper le front désabusée.

« -Le rituel ! Demain est un soir de pleine lune !

Laissant sa phrase en suspend elle se leva et s’étira, les yeux brillants d'appréhension et d'excitation.

Yasphren assimila ce que venait de dire Lyra alors que celle-ci se levait déjà en s'étirant, comme si elle s'apprêtait à prendre son envol. Pouvait-elle vraiment le porter dans les airs jusqu'au continent? Il pensait, d'après ce qu'il avait vaguement aperçu sur des cartes, que l'ensemble d'île de cet archipel était plutôt éloigné du rivage qu'elle convoitait. Elle était en revanche incertaine sur ses capacités à accomplir un tel exploit. Cela avait du bon dans un sens... Elle avait toute sa tête. Elle était née de la dernière pluie, mais la nature l'avait doté d'un esprit clair.
Mais pourquoi souhaitait-elle aider Tasphren? Elle paraissait perdue et abandonnée, mais restait charitable et altruiste. C'était une notion qu'il ne comprenait pas. Étant jeune il avait certes vécu dans un village ou tout le monde se connaissait, où certains prêtaient leurs biens à d'autres. Mais chacun attendais en retour une certaine attention, chose que Lyra semblait ignorer. S'il n'avait pas été lui même le potentiel bénéficiaire de cette bonté, il aurait sans doute rit de Lyra, la jugeant sans hésitation trop immature.
Non, cette fois une certaine tendresse s'insinua en lui. Il était amadoué par la pureté de ce qu'elle représentait. Un être sans jugement et sans apriori. C'était bien pour cela qu'elle ne l'avait pas fuit, quand il était tombé de cet arbre et que l'homme l'avait toisé de toute son intolérance. Dans un sens, la présence de la Lorialet le rassurait. Elle avait été son rayon de lune de cette soirée, qui contrastait avec une existence de misère.
Recouvrant ses esprits, il regarda Lyra qui semblait se préparer à quelque chose. Elle semblait aussi pressée. Tasphren fit un rapide effort de réflexion pour revenir à la réalité et comprendre ce qu'il se passait.
-Faisons une tentative. Si vous n'y parvenez pas, je vous laisserai partir. Je finirai bien par trouver une solution.
Il était vraiment stupide. Ou alors, la gentillesse de cette femme déteignait sur lui. Voila ce qu'il en coutait de s'attendrir face à tant de niaiserie.
-Mais nous y arriverons. affirma t-il en acquiesçant de la tête comme pour s'en persuader.
*Il faut qu'elle y parvienne*.
Il réfléchit un instant et tenta de calculer le temps de trajet en vole qu'il faudrais pour rejoindre le continent. Mais étant nul avec les chiffres, il ne tarda pas à s'emmêler les pinceaux et à abandonner la tache qu'il s'était donné à accomplir. Il n'avait finalement aucune idée de combien de temps de vole il leur faudrait pour trouver une terre. Même si Tasphren ne doutait pas que Lyra, avec ses ailes invisibles, regorgeait de pouvoirs étranges qui les aideraient dans leur tache, il redoutait que la Lorialet ne tombe de fatigue avant d'atteindre quoi que ce soit.
Il retraça dans sa tête les paroles de Lyra pour tenter en vain de trouver une idée. Il ne parvint cependant qu'à se dire que ce qu'elle avait dit n'avait aucun sens.
*Comment peut-on tout quitter pour un mauvais rêve?* se demanda Tasphren.
De plus l'imaginé entouré de pirates sanguinaire lui esquissa un sourire moqueur. Il ne la voyait pas du tout dans cet environnement et se demandait comment elle avait survécu jusqu'à maintenant.
-Que ce passe t il si vous manquez le rituel? lui demanda t il en repensant à ses mots. En quoi consiste t-il?
Tasphren se leva finalement et s'étira à son tour. Il ne savais pas trop comment ils allaient s'y prendre. Mais il tenterai de l'aider du mieux possible. Après tout, de cette solution dépendait sa liberté.

Elle réfléchissait encore à comment s'y prendre quand Tasphren parla :

-Faisons une tentative. Si vous n'y parvenez pas, je vous laisserai partir. Je finirai bien par trouver une solution.

Elle fronça les sourcils et le regarda longuement. Partir sans lui ? Jamais ! Pourquoi ferait elle une telle chose ? Non mais vraiment des fois il avait de ces idées saugrenues ! Elle observa bien sa tête y cherchant une trace quelconque de blessure. C'était sur maintenant ! Pour parler ainsi il devait s'être fait mal à la tête. Une servante du manoir avait eu un soucis du même genre. Elle nettoyait les lustres au dessus du grand escalier et l’échelle n'était pas très bien mise. Quand le maître des lieux avait ouvert la porte d'entrée, un courant d'air avait fait vacillé l'échelle et elle avait fait une très mauvaise chute sur la tête. A son réveil, elle ne tenait que des propos incohérents. On avait donc fait déplacé un spécialiste qui avait déclaré la jeune femme souffrant de troubles au cerveau suite à sa chute. C'était irrémédiable. Elle fut congédiée sans autre procès.

-Mais nous y arriverons.

Elle s'approcha de lui et observa avec attention. Mais après tout, elle n'avait aucunes connaissances dans ce genre de choses. Les maladies et autres séquelles lui étaient aussi obscures que l'amour. Il avait retrouvé le bon discours, aucun soucis à se faire dans ce cas... Enfin... Pour le moment.
Le trajet serait long et difficile mais c'était leur seule chance. Heureusement que le rituel serait demain !
Elle était en train de se demander comment faire pour le rituel lorsque Tasphren l'interrogea à propos de ce dernier. Les yeux pétillant de joie elle se plaça devant lui et se lança dans une longue explication :

« -Déjà tout ce que je vais vous dire doit rester entre nous ! Je ne suis pas censée en parler c'est l'un des plus grands secrets de mon peuple. Je vais vous le révéler parce que je vais avoir besoin de toi... Pardon de vous. Je ne peux pas manquer le rituel. Sinon je ne serai plus en mesure de vous parler. En effet comme je l'ai dit précédemment nous sommes les enfants de la lune. C'est d'elle que nous puisons toute notre énergie. Et le jour du rituel, nous sommes particulièrement fort. »

Elle dansait d'un pied sur l'autre, imaginant les modalités de ce rituel quelque peu spécial. Elle l'avait déjà accompli chez les Pirates. Mais ce n'était pas la même chose, il y avait beaucoup d'êtres dotées de pensées autour d'elle. Ici elle était en pleine nature avec seulement Tasphren pour la protéger. Oui parce qu'elle n'avait pas encore expliqué pourquoi elle aurait besoin de lui…

« -En quoi consiste le rituel ? Et bien c'est extrêmement très simple. Il nous suffit de s'exposer directement à la lune pour que nous puissions absorber ses rayons. En somme ce n'est pas bien compliqué... Le seul soucis ce sont les bêtes autour. Logiquement on dresse une petite barrière pour qu'ils ne viennent pas nous embêter mais je ne sais pas le faire. Si vous voulez, lorsque nous nous rechargeons, nous... Comment expliquer cela simplement ? … L’énergie de la lune se solidifie et les animaux en sont très voraces... Donc je risque de me faire attaquer à ce moment là... Mais si on arrive à tenir suffisamment longtemps, je serai bien plus forte que je ne l'ai jamais été puisque je serai la seule à en bénéficier... Elle ne sera pas diviser entre les individus d'un même groupe !! »

Toute contente de sa démonstration, elle regarda le feu un moment avant de conclure :

« -Et ainsi je devrais pouvoir nous transporter sur le continent ! »

Elle attendait impatiente la réponse de Tasphren.

Tasphren écouta attentivement ce qu'avait à dire Lyra. Elle semblait excitée et pleine d'impatience en racontant le rituel qu'ils devaient effectuer. Il n'avais pas tout compris, surtout cette histoire de solidification de l'énergie lunaire, mais il avait saisi l'essentiel. Il devait la protéger pendant le rituel, car pour les animaux elle devenait leur casse-croute. Un instant Tasphren se demanda que pouvait être la créature la plus dangereuse de l'île et s'il allait devoir mettre Lyra hors de porté des insectes... Après tout, si elle devenait de la nourriture, c'était à prévoir. Il n'arrivait pas trop à le concevoir mais ça n'avait pas d'importance.

-Je vous aiderais pour écarter tout danger pendant que vous faites votre rituel. C'est demain n'est-ce pas? Dans ce cas il est temps de dormir.

Lyra acquiesça de la tête et Tasphren se leva pour débarrasser les viandes et les conserver pour le avoir quelque chose dans le ventre au petit déjeuner. Il allât récupérer quelques fourrages qu'il avait en trop et les disposa négligemment dans sa cabane a coté de sa couche. Il s'adressa alors a Lyra :
-Vu que tu es une fille de la lune comme tu dis, je ne sais pas si tu dors la nuit. Mais je t'ai installé ton lit, il est tout à toi.
Ce n'était pas vraiment un lit mais plutôt un tas de feuilles, relativement confortable. Il n'attendit pas de réponse et s'allongea directement dans sa propre couche avant de fermer les yeux.
Il s'endormit avant de savoir si Lyra l'avait rejoint.

Le matin, il se reveilla et enfourna dans sa bouche un peu des restes de viandes d'hier. Tasphren était souvent de mauvais poil s'il ne mangeait rien le matin, alors il prévoyait toujours quelque chose à se mettre sous la dent. C'était presque vital. Durant son petit-déjeuné, il repensa à sa conversation d'hier avec Lyra. Une question lui vint à l'esprit, mais Lyra s'était volatilisé pendant la nuit. Une chose était sûre : Elle n'avait pas dormi de la nuit.
Une petite demi-heure plus tard, elle regagna le campement et Tasphren vint la rejoindre :

-Un truc me chiffonne. Pourquoi ta race fait-elle le rituel en groupe si l'énergie se divise entre vous? Il avait utilisé le "tu" pour la nommer sans s'en rendre compte. Vous devriez plutôt y aller en groupe restreint pour mieux absorber cette énergie, non?

Un peu de politesse lui aurait dicté d'attendre avant de poser sa question, ou même de dire simplement bonjour. Mais il voulait connaitre la réponse tout de suite.

(hj: Dsl je savais pas trop quoi mettre..)

Tasphren avait l'air dubitatif quand à son explication... Mais elle ne savait pas vraiment comment l'expliquer autrement. L'humain avait les yeux lourds de fatigue et se coucha avant de s'endormir immédiatement. Elle s'étendit sur la couche qu'il lui avait si gentiment préparé et observa la lune à travers les petits trous. Elle resta ainsi un moment, essayant de trouver Morphée et son royaume enchanté mais rien à faire, le sommeil la fuyait. Las d'attendre après le repos, elle se leva le plus silencieusement possible et s'éloigna quelque peu de leur abri de fortune. Là, au milieu de la petite clairière, elle esquissa quelques pas, dessinant avec son pied un cercle dans la poussière. Lorsqu'elle le trouva assez régulier, elle resta un moment à le contempler, cherchant dans ses souvenirs les paroles de son père sur la coutume qu'elle allait réaliser dans moins de vingt-quatre heures.
La tache allait être difficile. L'énergie qu'elle allait demander devait être assez important pour leur permettre de rejoindre le continent... Et ce n’était pas une mince affaire ! Elle soupira pour dégager la tension qu'elle ressentait. Elle repartit en direction de la plage, et sans perdre de vue leur campement, ramassa des galets. Elle choisissait avec soin les plus réguliers et les plus blancs possibles et fit plus de cinq allés retours, les bras chargés de ses minéraux. Elle les disposa sur le cercle qu'elle avait tracé le plus doucement possible. Ce n'était pas le moment de réveiller son compagnon. Une fois satisfaite de son petit travail, elle s'assit au centre du cercle. Elle se releva déçue. Dans son empressement elle avait oublié le plus important... Elle s'était installée trop prêt des arbres, loin du milieu de la petite étendue d'herbe rase.
Reprenant tout depuis le début, elle refit un cercle, un peu plus petit, et disposa de nouveau les galets pour en délimiter les bords. S'asseyant de nouveau en son centre, elle sourit enfin satisfaite. D'ici elle pourrait voir la Dame pendant toute la nuit. Elle se releva et essuya la poussière qui maculait ses vêtements. Il lui restait quelques heures avant l'aube, elle se décida donc à partir observer la nature autour d'elle. Ne s'éloignant jamais plus d'une centaine de mètre du camps, elle toucha les arbres, les considérant avec déférence. Ceux-ci la dominaient de leur haute taille et il lui semblait qu'ils la protégeaient de leurs mille bras de bois. Elle s'assit sur une racine et contempla le travail minutieux d'une colonie de fourmis non loin de là. Elle était fascinée par l'organisation et la rigueur qui s'en dégageait. Des centaines et des centaines de fourmis qui se suivaient rapidement ramenant dans leur fourmilière des denrées toutes différentes les unes des autres. Des petits fruits, des gouttes d'eau, des feuilles mortes mais aussi des insectes morts. Une des ouvrières bien trop présomptueuse essayait de ramener une baie trois fois plus grosse qu'elle provoquant le rire chez la petite fille. Elle prit la baie tout doucement et la fourmis continua à s'y raccrocher :

« -Je t'emmène à bon port... Tu y serais arrivée toute seule mais à quel prix ? »

Elle les déposa toutes les deux à coté du petit trou dans la terre où ses comparses disparaissaient. D'abord affolées, les fourmis se remirent bien vite au travail et quelques unes aidèrent la petite présomptueuse à ramener son présent pour sa reine. Les laissant à leur occupation, Lyra se releva et partit à la recherche de l'arbre à baies. Sans succès. Le soleil commençait à apparaître derrière les frondaisons épaisses des arbres et sa nuit sans repos se faisait de plus en plus sentir. Elle marcha sur une large écorce étendue par terre et la ramena au camps. Tasphren dormait encore. Elle disposa son siège de fortune au milieu des petits cailloux et repartit dans sa foret, bien décidée à trouver quelque chose de comestible. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, elle s’arrêta interdite. Comment allait elle voler ? Elle n'y était parvenu qu'une seule fois et depuis elle ne sentait plus les muscles qui devaient lui servir à agiter ses ailes. Il fallait qu'elle s’entraîne. Parce que ce soir serait leur unique chance de pouvoir s'enfuir par les airs. Elle se concentra, fixant une branche haute de plus de quatre mètres et sauta. Rien ne se passa. Elle retenta de nouveau, essayant de retrouver les gestes qu'elle avait eu quelques jours auparavant mais rien n'y faisait. Découragée, elle revint au campement, l'estomac dans les talons, la peur au ventre et la fatigue de plus en plus insoutenable. Elle s'assit sur sa couche, prête à dormir quelques heures avant de réessayer lorsque l'homme la trouve.

-Un truc me chiffonne. Pourquoi ta race fait-elle le rituel en groupe si l'énergie se divise entre vous? Vous devriez plutôt y aller en groupe restreint pour mieux absorber cette énergie, non?

Elle le regarda longtemps, l'esprit quelque peu hagard avant d'ouvrir la bouche, pâteuse. Non elle ne devait pas se laisser abattre, il n'y avait pas que son destin qui était en jeu ! Se forçant à se lever, elle retrouva son sourire timide. La compagnie d'un autre être doté de conscience et de parole l'avait quelque peu rassérénée. Elle s'étira pour chasser la fatigue de son corps et réfléchit à sa question. L'air autour d'eux se fit bien plus froid, l'aidant à rester concentrée.

« -Parce que d'abord nous ne recherchons pas la puissance. Plus on absorbe cette énergie et plus la puissance coule dans nos veines. Je ne sais pas comment vous expliquer... Mais c'est à double tranchant. Vous savez ? Comme la magie qu'utilise certains grands mages. Elle peut finir par les corrompre et les assoiffer de pouvoir. Il en est de même pour nous. On se protège l'un l'autre. »

Elle regarda avec gourmandises les quelques baies séchées derrière lui avant de reprendre :

« -Mais ce n'est pas la seule raison. Nous ne devons pas arrêter de chanter. Du levé jusqu'au couché de notre Mère. Mais c'est extrêmement fatiguant comme vous pouvez l'imaginer. C'est pour cela que l'on se relie, un chanteur suffit. Les autres peuvent le relever ou les protéger de toutes éventualités. »

Elle le laissa méditer sur sa réponse et repartit en direction du cercle. Elle pensait l'avoir fait plus grand mais finalement c'était le plus petit qu'elle ait vu. Quelque peu génée, elle détourna le regard et planta ses grands yeux dans celle de la peluche :

« -Je suis désolée pour ça... Je sais que ça ne sert pas à grand chose mais c'est ainsi que nous le faisions mon père, les autres serviteurs et moi. C'est juste un petit caprice de présentation rien d'autre. »

Elle recommençait à tomber de sommeil, jamais elle ne tiendrait toute la nuit même si l’énergie qu'elle recevrait l'aiderait considérablement. Essayant une nouvelle fois de sentir les muscles de son dos, elle n'y parvint pas et refoula les larmes qui lui montaient aux yeux.

« -Je n'en peux vraiment plus... Peux tu ? Heu Pourriez vous me réveiller lorsque le soleil commencera sa chute derrière les collines ? Avant l'apparition de la Lune, je vous prie ?»

Elle alla s'étaler sur la petite couche qu'il avait aménager pour elle et s'endormit en à peine quelques secondes.

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Ils avaient réussis! Comment? Cela resterait certainement un mystère... Mais maintenant, ils étaient sur la terre ferme, non loin d'une foret lorsqu'ils se séparèrent. Une nouvelle vie allait pouvoir commencer...