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 Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé]

 
Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Ven 12 Juin - 17:14
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Mélozia avait prétexté un voyage à Miraï, pour leur laisser le temps de refaire entièrement un étage : celui de ses appartements. Mais en faite, elle était revenue au Temple après s'être assurée que ses appartements soient près à la recevoir. Elle avait de grands projets pour les lieux et pour le culte.

Elle avait déjà fait refaire l'appartement dans un style élégant par sa pureté. Tout cela à ses frais et fait dans la plus grande discrétion. Du marbre et du bois de chêne. Un salon accueillant avec fauteuils, chaises longues, causeuses, une table basse, un commode, une cheminée à gauche quand on entrait, avec un tableau fait par un adorateur qui avait vu Nayris pour revenir. Il La représentait en petite fille malicieuse et aimante.

Un mini-autel transportable avec une poupée de Nayris qui ressemblait trait pour trait au tableau et paraissait presque vrai. Les cheveux couleur violette avait été enfoncée dans le crâne grâce à une aiguille, la patience et la dévotion de sa propriétaire. le reste du corps étant exécuté par un autre adorateur sachant manié la céramique et la peinture. Sur cet autel que deux adorateur transportaient d'une pièce à une autre selon les volontés de l’Élue, la poupée était assise et paraissait s'atteler à une tapisserie. L’Élue l'habillait tous les jours de vêtements différents qu'elle avait elle-même cousue.

Il y avait une autre pièce sur la droite donnant au bureau de Mélozia qui contenait son secrétaire personnel, une petite bibliothèque, et deux autres secrétaires où deux prêtres écrivaient sous la dictée de leur cheffe. Ensuite, on entrait dans sa chambre qui était toute confortable et faite pour se reposer avec sur la droite sa petite salle de bain personnelle.

Son emploi du temps était assez semblable. A cinq heures elle se levait, se lavait le visage et les mains et saluait Nayris. Elle s'habillait d'une robe violette et se coiffait d'un simple chignon se recouvrant d'un châle violet. Elle prenait un jus de fruit et se dirigeait ensuite vers le Grand Oratoire où elle priait jusqu'à six heures.

Puis elle revenait et prenait un petit déjeuner assez lourd pour s'atteler à sa longue journée. Elle répondait à ses correspondances les plus urgentes puis s'atteler de la prophétie.

A dix heures, elle se changeait pour un pantalon et une chemise noirs et sortait dehors prendre l'air dans les jardins privés où elle veillait à ce que tout soit en ordre. Elle était terriblement exigeante sur la manière de cultiver la terre. Elle voulait que tout soit parfait et il ne fallait pas la décevoir. Ensuite, elle s'entraînait à l'arc, à tuer de sa manière discrète et féline. Elle revenait ensuite prendre un bain à une heure tout en terminant de voir les affaires urgentes.

C'est durant l'une de ses matinées qu'elle avait décidé que chaque prêtre de son aile ait une copie de la prophétie dans sa chambre pour qu'il puisse y travailler avec quelques livres généraux sur le culte.

Elle s'habillait alors pour l'après-midi, prenait un bouillon et partait prier une petite demi-heure devant son autel priver avant de recevoir des visites de toutes personnes ayant demandée à la voir.

A neuf heures, elle retournait prier une dernière fois avant de revenir, prendre un rapide dîner et terminer les affaires du jour. Elle s'endormait la plupart du temps à onze heures. Durant la nuit, des adorateurs allumaient des bâtons d'encens qui parfumaient ainsi les lieux d'une douce odeur légèrement sucré. Ces adorateurs veillaient à ce que les bâtons ne s'éteignent pas.

Ce jour d'été, elle avait demandé à recevoir un prêtre qu'elle n'avait pas encore eu le temps de rencontré même si elle était sur place depuis un petit moment. Elle avait donc demandé à ce qu'il vienne la voir à quatre heures. Elle avait revêtu une robe bleu nuit, tressant ses cheveux pour les remonter en chignon. Elle ne portait qu'un pendentif contenant une petite mèche violette, celle du général qu'elle avait sacrifié pour son poste.

Elle était assise droite et se concentrant sur un nouveau vêtement qu'elle fabriquait pour sa poupée. Elle était assise dos au portrait, son autel portatif posait sur la commode en face d'elle. Elle était très calme et priait silencieusement tandis que ses doigts s'agitaient sur cette petite robe. Un thé et des petits gâteaux étaient prêts, il fallait bien boire un peu pour dessécher la gorge habituée au silence.

Mélozia

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Dim 14 Juin - 16:53
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Lothaire restait figé depuis deux heures devant son petit hôtel personnel qu’il avait fait installer dans sa chambre. Cette chambre n’était pas spécialement accueillante, un simple lit, l’éclairage suffisant, un petit bureau ainsi qu’un autel. Les seules décorations spécialement voyantes étaient la richesse de l’autel en lui-même ainsi que les vêtements du clerc. Ceux-ci étaient d’un raffinement qui faisait tache avec le lieu. Une longue veste décorée sur le col avec des motifs de plantes grimpantes et de nymphéas aux couleurs apaisantes. Le reste du complet oscillait entre le gris clair et le noir. De longues bottes brunes en cuir rappelaient que le juriste avait un rendez-vous.
En effet dans la matinée on lui avait dit que l’Élue de sa branche désirait le rencontrer, la chose était banale mais malgré tout il ne fallait pas se leurrer, il devait faire bonne impression, du moins religieusement pour espérer qu’on lui confie enfin une tâche à la hauteur de ses capacités. Ce n’était pas de l’ambition ni de l’arrivisme, simplement que le trentenaire désirait ardemment servir du mieux possible sa déesse.

Il était donc dans la même position depuis deux heures maintenant, faisant face à sa poupée. Un simple morceau de tissu rembourré de laine sur lequel était peint grossièrement mais avec respect le supposé visage de Nayris, tandis que quelques mèches de cheveux violets y avaient été attachés.
Lothaire demeurait contemplatif et béat dans un silence lourd et pesant mais qui pour lui était synonyme du respect envers sa divinité, de longues heures de piétés et de sérieux face à l’icône, voilà la façon qui lui allait le mieux pour rendre grâce à la déesse.
Les yeux plissés fermement, les mains s’accrochement durement l’une à l’autre jusqu’à ce que les ongles rentrent dans la chair, laissant couler quelques gouttes de sang sur le parquet sombre et moisis. Il se concentrait du mieux qu’il pouvait, quelques larmes coulaient le long de ses joues tant la concentration à rester les yeux clos était difficile à tenir. Il voulait rester ainsi le plus longtemps possible. C’était sans compter sur le seul objet décoratif de la chambre. Une horloge lourde et pesante qui tonnait d’un son froid et régulier. C’était l’heure. Il allait être en retard s’il ne se levait pas tout de suite, ce qui l’embêtait énormément, comment une Élue pouvait se permettre de le couper ainsi dans un élan de foi ? C’était criminel.

Il se leva en rechignant et en insultant tout ce qui pouvait l’être. Laissant le petit hôtel encastré dans le mur seul avec pour compagnie quelques bougies allumées et deux barrettes d’encens qui laissaient leurs odeurs emplirent l’ensemble de la pièce. Le jeune homme se dirigea vers son bureau ou sous des nombreuses piles de livres imposants et effrayants autant pour le contenu que pour la taille de l’ouvrage, se trouvaient ses deux sabres qu’il récupéra afin de les placer à sa ceinture, une large bande de tissu gris aux rayures noires don les bords étaient décorés d’une multitude de petits détails tissés finement et représentant une danse macabre où des morts côtoyaient des vivants dans une folle farandole où l’alcool coulait à flots.

Il regarda une dernière fois l’heure avant de fermer la porte derrière lui. Il ne serait peut-être pas en retard. La grosse horloge qui était dans cette pièce était le dernier souvenir d’une vie autrefois luxueuse et riche. L’un des vestiges de son ancienne vie, les horloges sont objets rares et son père avait attendu des années et économiser de lourdes sommes afin de s’en procurer une. Et comme un dernier souffle de respect pour ses géniteurs, Lothaire avait amené l’imposant meuble avec lui, admiratif de son fonctionnement mécanique qu’il ne comprenait toujours pas, peut-être était-ce de la magie ? Il n’en savait rien.

Le religieux se rendit là où on lui avait demandé, ce qui n’était pas spécialement une tâche ardue puisqu’il suffisait de monter un étage et de marcher quelques pas dans un couloir. Finalement la porte se trouvait en face de lui. Il hésita quelques secondes avant de frapper. Pourquoi est-ce qu’on le demandait ? S’il s’agissait d’une banale rencontre ? Avait-il fait quelque chose de mal ? La peur ne pas avoir été totalement droit dans ses actes le tétanisa alors. Il ne craignait pas de punitions, s’il méritait d’être puni il accepterait. Il craignait simplement d’avoir manqué à son devoir quelque part. Il finit par se décider, et sa main frappa trois petits coups contre la porte en bois qui le séparait de son Élue. Il ne l’avait jamais spécialement croisée, simplement vaguement vue de loin dans quelques cérémonies religieuses.

Un homme lui ouvrit la porte, ce n’était pas la bonne personne, s'était-il trompé de pièce ? Non la personne tout en restant silencieuse l’invita d’un geste de la main à rentrer dans l’appartement. Lothaire obéit bien sagement tandis que ce même homme qui l’avait fait rentrer sortait en fermant la porte derrière lui. Se dressait en face de lui l’Élue. Une femme à l’apparence élancée, faisant ressortir une certaine grâce et une confiance en elle-même. Sa présence n’était finalement pas si impressionnante, il s’agissait simplement de quelqu’un comme lui, un être pourvu de sens et de tout ce qui rend un humanoïde « normal ».
Le prêtre fut étonné en premier lieu, car s’il l’avait croisé de temps à autre, cette femme avait toujours eu une aura autour d’elle, une personnalité très forte qui forçait le regard. Mais sous cet angle moins officiel il la trouvait presque banale, non pas physiquement ou intellectuellement mais dans sa présence. Là où il avait attendu un monstre sacré il tombait sur une adoratrice. Une pensée simple, courte et direct lui traversa l’esprit, ce n’était pas grand-chose mais c’était déjà énorme. « Elle est comme vous et moi. » Alors qu’une fraction de seconde s’était passée depuis est entrée, il s’abaissa dans un salut rigide, presque militaire.

« Enchanté de vous rencontrer Élue. Je suis Lothaire Albann, prêtre maraudeur à votre service. Vous m’avez demandé ? »

Lothaire

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Dim 14 Juin - 17:26
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Elle l'entendit entrer et déposa sa couture. Elle leva les yeux vers lui tendit qu'il saluait et d'un geste de la main l'invita à s'installer. Elle prit la théière et versa dans les deux tasses. Tous ses gestes étaient accompagnées de sa noblesse et grâce habituelle. Elle lui tendit la tasse avant de prendre la sienne et de boire une simple gorgée.

Mélozia avait toujours eu l'habitude de ne pas parler très fort. Le volume était toujours assez haut pour être compris mais guère plus haut. Elle savait se faire entendre à ce volume-là et elle aimait entendre ce calme habituel qui l'entourait. Elle aimait aussi qu'on lui prête toute l'attention du monde.

- Bonjour, je suis désolée de vous interrompre dans vos tâches mais je tenais à vous voir pour faire votre connaissance.

Elle prit une gorgée de thé et reprit :

- Depuis que je suis à la tête de la branche des Libérateurs, je tiens à connaître chaque personne travaillant dans celle-ci.

Elle reposa la tasse et prit un petit gâteau. Puis une nouvelle gorgée, déposa la tasse et regarda tranquillement l'homme en face d'elle. Son regard était d'une parfaite neutralité mais au fond d'elle, elle était en train de le juger, de le jauger, de connaître sa valeur.

Il devait avoir la trentaine et elle savait que c'était un esper. Il était d'une beauté qui ne la touchait pas personnellement. Ce devait être une personne froide, trop froide. Il gagnerait à se réchauffer un peu car sa rigidité semblait être accompagné d'une droiture et d'une moralité sans faille. Cela attira un sourire sur l'élémentale, qui s'effaça bien vite. Moralité ? En servant la Déesse il n'y avait pas trop de moralité autre que la fin inexorable de tout être.

Elle finit par dire d'une voix douce et charmante :

- Les autres prêtres m'ont dit que vous étiez un homme plein de foi. Ils vous disent fort et sans faiblesse. Prêt à tout pour Nayris, elle tourna légèrement la tête pour lancer un regard plein d'amour au portrait Je suis moi-même prête à tout pour Nayris et je l'ai prouvé en tuant Andromaque pour qu'on puisse extraire son cœur. Seriez-vous prêt à mettre votre foi au défi et prêt à servir Nayris ?

Mélozia

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mar 16 Juin - 0:44
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Lothaire s’assit en silence sur le fauteuil qui lui avait été attribué, la pièce était décorée de façon austère mais quelque peu riche, en effet les décors n’avaient pas la même prolifération de couleurs et de formes que dans les appartements bourgeois de Sen’tsura mais il y avait tout de même une forme d’opulence. Il prenait donc place dans un fauteuil très confortable mais préféra garder une posture droite et fière, il évitait tout contact avec le dossier et raidissait chacun de ses muscles, y compris sa mâchoire qui laissait apparaître sur son doux visage des muscles contractés au maximum, lui donnant un air plus froid. Et c’est de quelques gestes mécaniques qu’il attrapa la théière brûlante qu’on lui donnait, au lieu de la tenir par l’extrémité il l’enlaça avec ses paumes, acceptant la douleur avec une indifférence étonnante. Son regard sévère se balada quelques instants dans les appartements.
Comment une Élue pouvait-elle laisser tant de place au matériel ? Seul Nayris devait importer, il reniflait déjà un laissé allé bourgeois qui lui déplaisait au plus haut point. Mais malgré toute cette personne en face de lui avait été choisie parmi les siens, elle devait donc être plus complexe qu’il n’en paraissait. Il apporta la tasse à ses lèvres et avala quelques lourdes gorgées avant de regarder sa supérieure droit dans les yeux.

« Il est tout à votre honneur que de connaître chacun de mes frères et sœurs. La plupart sont des êtres dévoués et sauront vous servir comme cela se doit. »

La voix qu’il avait utilisée était grave et monotone, comme une rumeur d’outre-tombe. Contrairement à la voix de son interlocutrice qui était fine et très douce laissant une impression de calme vous embaumez. La sienne coupait totalement avec le timbre de Mélozia.

Il regarda quelques instants les pâtisseries misent à disposition. Il les trouva laides et inutiles. Un dérangement digestif dans son emploi du temps, un changement d’habitude, rien de bon en somme. Puis son regard retourna vers la prêtresse. La question qu’elle lui avait posée le laissa un tel instant de marbre sous le choc.
Comment osait-on l’interroger sur une telle évidence ?
Le regard de Lothaire se fit plus dur, il plaça ses mains sur les accoudoirs pour les serrer fortement. Rouvrant les plaies qu’il s’était fait dans la concentration de la prière. D’un geste brusque il enleva son sabre court de sa ceinture, le laissant dans son fourreau. L’arme posée sur les genoux il toisa l’Élue d’un regard colérique.

« Je puis moi-même vous donner mon cœur où n’importe lequel de mes organes si vous en avez besoin. Mais ne remettrez pas en cause ma foi. Je remercie mes camarades pour leurs compliments mais je n’ai pas besoin de leurs reconnaissances, seule celle de Nayris vaux quelque chose dans ce monde. De plus je suis ravi que vous ayez réussi à faire avancer nos recherches en vous occupant de cette histoire de cœur, mais par pitié, laissez-moi m’ouvrir la cage thoracique si cela vous encourage à ne plus jamais vous poser la question de la grandeur de ma vocation et de ma foi. »

Sa réponse avait été ferme et rempli de dévotion, les yeux exorbités, Lothaire avait tout d’un fanatique.

Lothaire

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mar 16 Juin - 11:29
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Elle observa sa réaction sans ciller un seul instant. La mort était une évidence pour tous en ces lieux et rejoindre Nayris aurait été un honneur. S'il voulait la tuer sur le champ, qu'il fasse donc.

Mais Mélozia savait qu'il n'en ferait rien et qu'il y avait plus à craindre qu'il se suicide ici-même. Il ne devrait pas ! Le sang tâche et part très mal et les meubles qu'elle avait choisi lui avait coûté déjà assez cher comme ça pour ne pas rajouter le prix d'un lavage, sans compter le parquet. Sa fidélité était un fait mais qu'il ne salisse pas les lieux était une obligation. Une petite moue se dessina mais fut effacée très rapidement par la jeune femme.

Elle saisit néanmoins une certaine fougue et une trop grande promptitude à souffrir. Il fallait calmer cela de suite. Mélozia adorait Nayris mais elle évitait de le montrer par une trop grande fougue ou une trop prompte envie de mourir. Sa foi était plus intérieur, moins visible mais toujours là prête à la soutenir. Il fallait avouer que sa position de duchesse l'avait poussé à masquer sa foi.

Et cet élan pour défendre sa foi, cette manière dont le prêtre avait de parler de sa foi...elle recommanderait de l'enfermer à double tour en Adhès et de ne pas le laisser sortir d'ici. Hors de l'Adhès, il serait capable de mettre en danger le Culte. Elle dit d'une voix légèrement plus sèche et plus autoritaire :

- Votre foi est tout à votre honneur, mais rangez donc ce sabre, il ne serait d'aucune utilité ici.

Si le prêtre l'ignorait, la plupart des gens savait que ce ton légèrement sec signifiait qu'il valait mieux obéir, dans son propre intérêt. Mélozia avait pris sa forme hybride, indétectable mais fort utile s'il fallait répliquer. Elle reprit sa tasse de thé

- Mais elles pourraient l'être en d'autres lieux.

Elle reposa la tasse, se leva et se tourna vers son autel personnel quelques temps, un sourire aux lèvres..

- Nayris nous a demandé personnellement d'anéantir les Douzes Déchus. Il est donc de notre devoir de le faire et de le faire au plus vite. Si votre foi est aussi grande que vous le dites, alors je vous propose de m'accompagner. Qu'en dites-vous ?

Elle se retourna et s'assit de nouveau sur le fauteuil. Elle avait parlé de cette mission comme s'il s'agissait d'un voyage agréable. S'il acceptait, elle pourrait alors partir s'occuper de Pragmatique en personne, tuer le mois de sa naissance ! Ce serait beau...

Mélozia

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mer 24 Juin - 9:51
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Maintes et maintes fois le récit de ces Déchus impies était parvenu à mes oreilles. On me contait la terreur ressentie face à ces apparitions monstrueuses, la folie qui s’emparait des gens qui entraient dans le château sur le littoral de l’Adhès, la demeure de ces fantômes, ou encore on annonçait avec dévotion que la Déesse Suprême ordonnait leur trépas définitif et immédiat. Ce dernier point fut l’élément déclencheur alors que l’on me proposait pour la énième fois de partir affronter ces atrocités. Ce n’est pas que j’avais peur ou quoi que ce soit d’approchant, mais j’étais décidément bien trop occupé pour donner de mon temps afin de « purifier » un lieu hanté au milieu d’une terre qui revenait des Limbes elles-mêmes ! Il ne fallait pas pousser la bêtise trop loin non-plu ! Néanmoins, si c’était la Toute-Puissante Nayris qui nous demandait de débarrasser le château de ses occupants, qui étions-nous pour refuser ?

Dans cette optique enchanteresse, j’avais décidé de partir à mon tour à l’assaut de ce tas de pierres millénaire et de montrer mon pouvoir à quelques spectres trop présomptueux. Seulement… pourquoi y aller seul ? Un lieu aussi empreint de magie nécrotique délierait forcément la langue de mon serviteur, et là bonjour pour ne pas avoir la migraine… Et puis, un peu de compagnie ne fait jamais de mal, si elle est de qualité. Il me fallait trouver quelqu’un de suffisamment dévot et charmant pour accepter de m’accompagner. Une demoiselle ! Ça serait parfait ! On ne fait pas plus aimable et leur dévotion, à mon avis, égale celle de leurs homologues masculins. Et je connaissais la dame toute désignée pour cette tâche. Certes, elle était depuis peu ma supérieure hiérarchique, mais il était aisé de deviner, d’après les rumeurs, qu’elle n’était pas du genre à brûler vif toutes les personnes qui lui adressaient la parole dans leur infinie infériorité. Il était désormais temps de faire connaissance avec Dame Bemuï, la nouvelle Élue Libératrice !

Il me fallut peu de temps pour trouver ses, forts coquets, appartements dans le Grand Temple de Nayris. Il est vrai que les couloirs tortueux se montrèrent peu coopératifs pour raccourcir mon périple, mais ce menu détail fut rapidement éclipsé par mon impatience grandissante de rencontrer cette personne ! Je jubilai de pouvoir enfin voir la dame qui avait éclipsée mon cousin de son poste ! Comment était-elle ? Une intrépide guerrière ? Quoique cela m’aurait étonné vu l’élégance qui l’entourait perpétuellement. Mais alors, était-elle… fragile ? Cela aurait également éveillé mon incompréhension, sa tâche au sein du culte étant de « mettre la main dans la boue » pour en sortir les clés du retour de notre Déesse… Oh oui, dame Bemüi, vous éveillez mon intérêt ! Et nombreux seront ceux qui pourront vous affirmer que ce n’est pas chose aisée !

Alors que je me trouvai enfin devant sa porte, une petite pensée me vint. Je me devais d’être présentable lors de ma première rencontre avec cette personne si importante. J’entrepris donc d’enfiler mon costume de muscles et de peau. De recouvrir mes os, d’une blancheur immaculée, d’une illusion d’apparence humaine pour ne pas risquer de paraître disgracieux aux yeux de cette femme. J’avais de nouveau des yeux, des oreilles et cette langue toujours aussi déstabilisante lorsqu’elle réapparaissait. Plusieurs jours, déjà, que je n’avais revêtu cette apparence, et le retour de cet appendice touchant mes dents était toujours aussi peu agréable. Après ce rapide ravalement de façade je réajustais le col de mon long manteau noir, je vérifiais que mon veston en velours vert forêt était bien ajusté, que ma chemise était bien rentrée, en bref, que j’étais un tant soit peu convenablement habillé. Les dernières vérifications faites, j’utilisai le sceptre d’ébène que j’avais alors avec moi, surmonté d’un ravissant crâne de dragon en argent, pour frapper tranquillement à la porte de madame. Sans hâte, un serviteur courtois vint m’ouvrir et demanda de me présenter.

- Bonjour à vous ! Mon nom est Hilaren Sombresang, prêtre du Bras-Armé de notre glorieux culte. Je souhaiterai m’entretenir avec votre maîtresse au sujet du fameux château, sur le rivage, peuplé de soi-disant Déchus.

Après ce rapide petit discours, il me permit d’entrer dans les appartements de madame. Ceux-ci n’avaient rien à envier à ceux des plus belles princesses de Terre voir d’ailleurs. Le style pur m’enchantait, seul bémol était cette horrible cheminée qui trônait à ma gauche et qui crépitait d’un feu suffisant. Je ne pus, hélas, réprimander une vilaine grimace face à cette faute absolue de goût. Bienheureusement, le masque de mon visage reprit son ton charmant et aimable alors que je m’approchai des deux occupants de la pièce. Chacun était tranquillement assis sur un somptueux fauteuil, mais l’un d’eux, un homme, avait un sabre posé sur les genoux. Une position forte étonnante en présence de quelqu’un de si haut-placé. Par réflexe, ma main vint rejoindre le pommeau de ma lame alors que l’autre restait appuyée sur le sceptre de bois noir. Malgré ce petit écart de comportement, je conservai un large sourire et fit une longue révérence à l’Élue et à son convive.

- Bien le bonjour ! Comment allons-nous ? J’écartai les bras en un geste théâtrale. Je me présente, Hilaren Sombresang ! Prêtre du Bras-Armé et cousin de l’ancienne personne qui occupait vos fonctions, madame. Je ne doute pas que vous lui succéderez brillamment et que vous ferez un travail autant, sinon plus efficace, que votre prédécesseur !

Je dévisageai, l’un après l’autre, mes deux interlocuteurs. Même si je ne voyais l’homme que de trois-quarts, il ne faisait aucun doute quant au raffinement qui était le sien et je jugeai à ses mains blessées qu’il était un fanatique dévoué. La femme assise en face de lui, cependant, éveillait bien plus l’intérêt des yeux, qu’ils soient ceux d’hommes ou de femmes. L’impérieuse grâce qui émanait d’elle ne faisait qu’étayer les rumeurs sur la grande beauté de la nouvelle Élue. Personnellement, elle me laissait complètement indifférente. Mais quelqu’un aux sentiments et émotions bien plus primales pouvait aisément se laisser prendre au piège par un tel charme. Décidément, de ce que je voyais et entendais sur cette demoiselle, la discussion qui allait suivre ne manquerait certainement pas d’intérêt.



Hilaren Sombresang

Hilaren Sombresang


Liche

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mer 24 Juin - 22:16
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Thème du passage.


Lothaire posa finalement une main sur son sabre, prêt à le ranger tout inclinant quelque peu la tête, bien que la position assise ne lui permît pas de s’incliner correctement selon les usages. Le regard dur et clair du prêtre s’abaissa aussi, regardant ses pieds quelques secondes il remarqua qu’il s’était bien emporté mais la question, le fait même que l’on puisse douter de sa foi l’énervait. Lui, qui avait tant donné et qui espérait tant, ne pouvait pas admettre qu’on puisse remettre cause l’évidence même de sa servitude la plus complète. Il respira un peu avant de redresser son visage, plus serein, vers son Élue. Un petit sourire embauma quelques courts instants la face austère du religieux.

« Excusez-moi de ma réaction. Il n’est pas dans mes habitudes de manquer de respect aux personnes que je côtoie, d’autant plus quelqu’un de votre rang, de votre importance. Encore une fois, je vous prie de me pardonner cet excès de ma part et je demande à être punis en conséquence. »

Le clerc se rendait compte qu’il n’était pas seulement chez une collègue de travail ou dans les appartements d’une simple prêtresse mais bien chez l’élue, car s’il la trouvait banale à première vue il remarqua finalement la grâce de cette personne en face de lui, et si l’idée d’une relation charnelle ne le traversait pas il fut choqué, tombant admiratif quelques courtes secondes de la beauté de cette interlocutrice qui était restée très brave malgré l’éclat de colère de Lothaire. Relevant la tête, le juriste avait changé de visage, il restait dur mais adoptait plus un sérieux plus conventionnel une sorte d’air studieux qui remplaçait un masque radical, bien plus fou qui avait laissé démontrer un certain type de fanatisme.

« Je suis venu à vous juste après être resté dans un état de méditation avancé, j’aime consacrer plusieurs heures d'affilée à la prière. J’ai été quelque peu déboussolé à l’idée de vous rencontrer. Mais sachez que je suis honoré d’accepter une telle re… »

Quelqu’un venait soudainement d’entrer dans la pièce, un être dont la voie morbide dérangeait la discussion importante des deux protagonistes. Lothaire resta figé quelques instants écoutant attentivement la présentation malpolie et malvenue de ce personnage grossier qui faisait irruption sans préavis dans les appartements d’une élue. De là où il était le prêtre ne pouvait pas voir ce nouvel arrivant mais sa présence laissait une atmosphère macabre dans la pièce comme si l’on fréquentait un mort et que quelques sorcelleries avait lieu au même moment. Dans sa qualité de magicien Lothaire pouvait ressentir quand un confrère était présent ou du moins quand de la magie était utilisé et il y avait comme une aura corporelle autour de cet homme.
Mais ce qui avait énervé particulièrement le chercheur c’était cette arrivée brutale et impertinente. Et Mélozia pouvait admirer le changement d’humeur qui transparaissait physiquement sur le prêtre. Ses muscles se contractèrent et un rictus de colère déforma quelques instants le visage du juge, la métamorphose faciale et corporelle était particulièrement flagrante.

Puis le trentenaire se leva et fit un petit sourire amusé, presque amicale à sa supérieure avant de faire face au nouveau venu. Étrangement ce personnage qui se disait d'être prêtre ressemblait un peu à Lothaire lui-même qui fut très étonné. Tous les deux avaient une taille et une forme imposante, un visage fin et pâle encadré de cheveux très sombre ainsi qu’une couleur de pupille extravagante. De plus ils avaient apparemment des gouts voisins questions vestimentaires.
Mais cela n’étonna pas longtemps le clerc qui tenait son sabre par le haut du fourreau, il regarda de haut en bas cet étranger avant de poser très lentement une main sur son deuxième sabre, son katana. Prêt à dégainer à n’importe quel moment il ne voulait pas laisser place à un combat entre mages qui aurait fait trop de dégâts, il aurait fallu être rapide et efficace. Trancher le bonhomme en deux rapides coups, peut-être une première coupe pour détacher la main du reste du bras avant d’ouvrir ses entrailles d’un deuxième coup en diagonale.

« Lothaire Albann, prêtre maraudeur. J’étais en pleine discussion avec madame. Je suis enchanté de vous connaître mais nous parlions de quelque chose de la plus haute importance et j’ignore si vous êtes habilité à entendre cela. »

Le message était clair, il valait mieux pour ce monsieur de s’expliquer rapidement où quitter la pièce avant que le religieux ne dégaine son arme.


Lothaire

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Jeu 25 Juin - 11:54
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Mélozia l'écouta s'excuser et vit sa physionomie changeait en quelque chose qui pourrait être pris pour du respect. Elle ne prêtait attention qu'à ce qu'il avait à dire, le reste étant de peu d'importance, ou du moins paraissant l'être. Mais elle entendit le domestique ouvrir et faire entrer un homme. Elle attendait que le prêtre finisse sa phrase mais celui-ci parut se renfermer.

Elle se leva et inclina la tête dès que le nouvel arrivant se présenta. Mais ce Lothaire fut d'une si grande impolitesse qu'il fallut que Mélozia fasse appel à toute son éducation pour ne pas lui sauter à la gorge et le tuer. Il croyait donc réellement pouvoir décider de qui pouvait entrer ou occuper ou discuter dans son appartement. C'était incoryable !

Son visage resta de marbre, figeait dans un sourire de politesse qui pouvait paraître sincère à qui ne la connaissait pas. Elle s'avança de quelques pas en direction du nouvel arrivant et lui dit de sa voix mélodieuse :

- Je connais votre cousin et je sais quel homme de mérite il était. Mais je vous en prie asseyez-vous, l'affaire dont nous discutions pourrait vous intéresser.

Un simple regard froid en direction du prêtre Lothaire pour lui signifier qu'il avait intérêt à mieux se comporter fut son avertissement.


Elle se réinstalla sans autre regard et observait Hilaren avec curiosité. Ce qu'elle voyait lui plaisait. C'était un homme élégant et charmant. Plus apte à lui plaire...s'il n'était pas une liche. Mais bon, sa conversation serait moins...moins rigide qu'avec un Lothaire fanatique prêt à tuer n'importe qui.

Après cette rapide réflexion, elle reprit en direction de Lothaire :


- J'attendais mieux de vous. Dois-je vous rappeler qu'ici nous cherchons tous la même chose ? Et que vous êtes du même rang ?

Elle se tourna vers Hilaren. Son visage passa d'une simple froideur glaciaire à celui d'une jeune femme du monde, souriante et accueillante. Elle prit une gorgée de sa tasse de thé avant de reprendre :

- Je suppose que vous avez entendu parlé des douze Déchus et de l'ordre donné par Notre Déesse. Et il me semble, si ma mémoire ne me fait défaut, vous avoir demandé de m'accompagner dans cette mission. Je venais de poser la même question au prêtre Lothaire.

Un simple sourire élégant et elle reprit une petite gorgée de thé après avoir pris une petite friandise.

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Jeu 25 Juin - 19:58
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Les réactions des deux adorateurs furent… mitigées. La demoiselle arborait un sourire tout-à-fait charmant auquel je répondais avec égale amabilité. Malheureusement, le second protagoniste n’avait pas l’air aussi heureux de me voir. Et si la demoiselle était du même avis sur ma personne, elle avait au moins eu la décence de ne pas le montrer à l’inverse de ce… sabreur au sang étonnamment chaud pour un adepte du culte de la mort. Décidemment… que faisaient des humains au sein de notre mouvement ? Que pouvaient-ils donc comprendre de la mort, alors que, dans leur infinie médiocrité, ils ne l’avaient jamais rencontrée ? On ne pouvait saisir l’essence de Nayris que lorsque ses yeux pleins d’une folie millénaire se posaient sur vous, pathétiques jouets, alors que votre être tout entier hurle que devant vous se tient l’entité la plus puissante que ce monde n’a jamais enfantée…

Le bretteur se leva prestement de son siège et, à l’instar de ma main tout à l’heure, vint nerveusement saisir le pommeau de ses armes. Il avait l’esprit vif, c’était certain, mais un peu trop belliqueux à mon goût. Une telle tête brûlée ne pouvait être que novice… Enfin c’est ce que je pensai. Malheureusement, sa tirade de présentation m’apprit bien vite que j’étais en face d’un homme du même rang que moi. C’était tout simplement désolent… Ah s’il était au Bras-Armé, cela ferait longtemps que mon maître et moi-même l’aurions formaté pour qu’il soit un peu moins… impulsif. Personnellement, mes bras étaient bien tranquillement croisés dans mon dos et je ne ressentais pas la moindre envie de dégainer. Pour quoi faire de toute façon ? Je pouvais sentir Smog juste derrière la porte, prêt à frapper à l’instant même où le métal entamerait son chant strident qui, en général, précède la bataille. Mon sourire demeurait le même, figé dans l’obélisque froid et austère de mon visage. Petite note chaleureuse au milieu de cet océan de granit glacial.

Pourquoi demeurer aussi calme ? Mais parce que le regard furibond de dame Bemüi à l’égard de son subordonné suffisait à me renseigner quant à l’issu de ce conflit, qui ne serait certainement pas sanglante. Je ne comptai, de toute façon, aucunement sur le fer pour régler mes différents avec ce pathétique chaudron bouillonnant de haine. L’éloquence est la meilleure des armes contre pareil adversaire. Quelques phrases bien orchestrées et ce personnage n’aurait plus de menace qu’un lointain et faible souvenir des éclairs qui me bombardaient, tous en provenance de ses pupilles parmes, quelques secondes plus tôt.

La demoiselle sur le fauteuil se leva finalement pour continuer la conversation alors qu’elle sommait silencieusement au jeune mâtin de cesser immédiatement son numéro de parade guerrière. J’étais profondément amusé par la situation, mais j’avais à cœur de n’en rien laisser paraître. Autant ne pas continuer à remuer le couteau dans la plaie de ce pauvre homme qui ne voulait, finalement, que défendre son honneur en face d’un adversaire dont il ne connaissait nullement la valeur. Et puis, si je devais demeurer avec lui le temps de la purge des spectres du château, il était de bon ton de conserver des relations satisfaisantes. Ce n’est pas que la perspective de me prendre un couteau dans le dos me répugne (c’est fort plaisant si l’autre si prend bien), ni que le voir tomber aussi bas me décevrai… non, ce n’était pas cela. Mais j’avais à cœur de ne pas me faire d’ennemis inutiles. Hors, je ne me souviens avoir, un jour, été conseillé d’être en mauvais rapport avec mes confrères adorateurs. Alors, mon cher Lothaire, tu vas devoir trouver quelqu’un d’autre pour jouer avec tes couteaux, moi je préfère entamer les choses sérieuses.

J’attendis patiemment que le dit sabreur reçoive son sermon de la part de la jeune femme avant d’enfin prendre place au côté de ces derniers sur l’un des élégants fauteuils de madame. Quel que soit leur confort, je ne pouvais le sentir malheureusement, mais à en juger par la posture très légèrement désinvolte de l’Elue il était aisé de deviner qu’on était facilement à son aise dans ces derniers. Mon éternel rictus sur le visage, je fixai tranquillement ce tout nouveau pion dans l’échiquier de Nayris. Malgré la jeunesse, l’apparente fragilité, et la beauté de cette demoiselle, on pouvait facilement deviner sa grande force de caractère et son intelligence. Elle me plaisait de plus en plus ! Pouvoir cacher ses ressources aussi naturellement aux yeux des autres… madame était fort habile ! Mais fini de jouer, il était temps d’aborder le sujet de ma venue, qu’elle entreprit de présenter à ma place d’ailleurs, quelle femme charmante ! Mon regard ardent passa quelques secondes sur les différents mets proposés aux invités, et à l’Elue elle-même, à côté de moi, avant de se replonger dans les yeux couleur tempête de mon hôte.

- Vous supposez bien, Dame Bemüi. L’ordre de la Déesse Suprême est effectivement parvenu à mes oreilles aussi aisément que ma demeure est isolée. Ce qui est étonnant quand j’y repense. Mais bref, cessons ces fadaises. Il est évident que cela m’enchante de partir à vos côtés pour cette mission des plus importantes. Je serai à votre disposition durant tout le temps de notre quête. Après tout, n’est-ce pas là mon devoir le plus important envers les gens de votre rang ? Dame Bemüi, je suis à votre service de toutes les manières.

L’aura macabre et froide qui signait la présence de mon serviteur flotta soudainement autour de nous comme un discret brouillard qui se lèverait à l’aube. On pouvait déjà remarquer la légère brume noire tapissant le sol et qui indiquait tout simplement sa présence. Mon visage perdit grandement de sa prestance alors que je jetai un regard glacial à cette masse d’air noire. Je savais pourquoi il venait fourrer ses pattes dans notre discussion. La lubricité de cet être ne cessera jamais de m’irriter… Sa voix se fit entendre dans la pièce. A la stupeur de toute l’assistance, un écho d’outre-tombe, léger et sifflant, comme un murmure, raisonna dans les appartements de madame.

- Sssssi tu n’étais… pas mort… je jureraiiii… que tu essayes de la mettre dans ton lit…

Un soupir de colère passa la barrière de mes lèvres, et ma voix s’adapta à cet être damné qui semblait ne prendre au sérieux que les gens qui parlaient comme lui. Elle ne résonnait plus de l’éternel timbre chaleureux et railleur qui était le mien depuis mon entrée dans cette pièce, non, elle ressemblait désormais beaucoup plus au susurrement entendu plus tôt. Une voix tout droit sorti de la plus profonde et macabre des cryptes. Elle semblait aussi naturelle que les terres sur lesquelles nous étions, c’est dire. Sifflant tel le serpent, je lui répondis avec une inquiétante sévérité.

- Jure ce que tu veux, servile petit spectre, mais ne le fait plus devant Dame Bemuï, ou je peux te jurer que tu passeras les trente prochains siècles enfermé dans les égouts de Sen’Tsura. Et je ferai en sorte que tu sois cloué au sol, histoire d’apprécier toute la poésie qui se dégage des tréfonds de cette ville.

Sans piper mot, la fumée se dissipa presque instantanément. J’avais toujours l’impression de parler à un enfant lorsque je m’adressai à lui, c’était extrêmement épuisant. Je poussai un soupir las avant de reprendre un faciès plus chaleureux, ainsi que la voix de circonstance, et de reprendre la discussion là où elle s’était interrompue.

- Je m’excuse auprès de vous de ce petit dérangement. Je ferai en sorte qu’il demeure aussi silencieux que sa dépouille d’il y a 100 ans lorsque que nous irons au château, vous avez ma parole.


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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Lun 6 Juil - 23:39
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Lothaire remit bien sagement ses sabres à leur place. La remarque de l’Élue ne lui avait pas plus, et ses manières bourgeoises non plus. Le juriste avait appris à haïr la possession et ne portait plus aucune importance aux bien physiques, seul le spirituel importait. Cette femme qui lui servait de supérieure lui apparaissait comme quelqu’un de fort peu utile et de très superficielle. Bref, pour lui elle était un poids dans la machine infernale de la Mort. Un boulon en trop qui gênait à cause de la rouille tout autour de celui-ci.

« Très bien. »

Pas d’excuses, non il n’y en avait pas à avoir pour quelqu’un qui était entrée si prestement dans la pièce, il n’y en avait pas non pour une femme qui apparemment passait plus de temps devant un miroir que devant son autel. Il n’y avait aucun commentaire à faire et si cet étrange prêtre bien trop cadavérique et étrange pour être humain voulait rajouter un mot de plus il subirait la colère toute puissante de la justice personnalisée en Lothaire lui-même.

C’était ainsi, et si quelqu’un pensait qu’il avait tort ici d’agir comme il le faisait c’est qu’aucun ne comprenait Nayris comme lui. Personne dans cette pièce ne semblait mieux comprendre la mort que celui qui l’avait ordonné avec de simples coups de marteaux sur un pupitre surélevé de tribunal. Personne ici ne semblait mieux comprendre l’abandon de soi que celui qui avait tout abandonné pour vivre sa foi.

Le regard sévère, le trentenaire repris place sur son fauteuil, gardant une pose raide et figée, les mains sur les genoux et le visage de marbre. Le fait que cet appartement soit si sophistiqué l’énervait et l’énerverait toujours. Intérieurement il pestait contre cette opulence et ce faste. Tout en fusillant du regard son élue, une duchesse on lui avait dit, encore quelqu’un de responsable du désastre actuel. Même si auparavant il n’avait jamais voulu juger de sa supérieure sans l’avoir rencontré, désormais il la savait comme les autres. Néfaste. Il ne pouvait s’empêcher de la haïr. Mais une présence bien plus dérangeante fit alors son apparition, le détournant de ses pensées.
Une sorte de spectre de compagnie, qui avait l’air d’obéir à Hilaren. La remarque qu’il eut le fit rire et il ne put s’empêcher de cacher le petit sourire, acte très rare, qui vint traverser le visage du prêtre lorsque celui-ci entendit la remarque, juste d’ailleurs du spectre. Même cet être dans sa position d’esclave n’avait aucunement le droit de faire de tels commentaires, on pouvait pardonner cet écart, du moins c’est que se dit Lothaire Albann à ce moment-là. Néanmoins cela permis à Lothaire d’apprendre la condition de mort-vivant de ce religieux.

Finalement les excuses plates et réglementaires du prêtre charmeur finirent enfin par clore le sujet de son arrivée fracassante. Et coupant finalement court aux explications tortueusement inutiles Lothaire prit un visage détendu à son gout, neutre pour la plupart des gens et d’un haussement de sourcils balada son regard vers chacun de ses interlocuteurs.

« Très bien, j’accepte avec joie de servir notre bien-aimée déesse. Je vous remercie d’avoir pensé à moi. Je vous propose de ne pas traîner, de nous préparer maintenant à partir, ou s’il y a besoin de mettre en place ici un plan, mais d’agir sans plus tarder. Nous parlons ici d’une requête faite par Nayris elle-même il serait donc odieux de manger des petits fours et de partager des politesses quand un travail d’une si haute importance nous attend. Qu’en pensez-vous ? »

La dernière question avait uniquement été posé par politesse, il ne voulait pas paraître excessivement désagréable, il l’avait déjà assez été et ne voulait pas être remplacé par un incapable.

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mar 7 Juil - 13:51
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Le sermon fut accueilli avec rigidité par le prêtre Lothaire. Elle ne savait que faire de lui et s'il pouvait être tué au château des Déchus, elle espérait que Nayris lui accorderait au moins un peu de sensibilité. Mais là n'était pas le plus important, le plus important était ce que l'autre prêtre racontait.

Un spectre parla et Mélozia rougit et détourna le regard comme elle le devait. Elle aimait plaire et savoir qu'elle plaisait même un être mort était tellement plaisant. Dès qu'il s'excusa, elle articula quelques paroles de convenances, calma son trouble et reporta son attention sur Lothaire qui venait de prendre la parole.

QUOI ? Qu'osait-il lui dire à elle ? Elle jurait l'avoir entendu lui avoir ordonné de se mettre en route ! Quelle impertinence ! Quelle...

Elle devint extrêmement froide et ce n'était plus la duchesse ou l'Elue qui regardait avec sévérité mais c'était Le Voile en personne, cette personne qui a trente ans avait tué ses parents et à cinquante et soixante ans deux de ses amants, une jeune fille innocente et ruiné à jamais la réputation de l'autre.

Elle observait donc Lothaire comme si elle ne cherchait qu'une chose : le tuer. Mais la Mort est ici une libération et donc elle choisit autre chose, dès qu'ils seraient rentré de mission, elle l'enverrait dans cet Océan Noir dont personne ne revenait. Au moins, il serait hors de sa présence. Ou alors, elle le rendrait paralytique. C'était une éventualité.

- Vous me proposez de ne pas traîner, dit-elle avec froideur, et de nous mettre en route sans tarder. Qu'il est aimable à vous de vous souvenir que je ne suis pas à vos ordres. Excusez-moi de ne pas répondre immédiatement à votre demande et de préférer faire les choses plus convenablement de sorte à assurer le succès de notre mission. Notre mort, si nous échouons, ne risque de nous apporter aucun remède et Nayris nous détestera d'autant plus.

Nous partirons demain à midi et nous arriverons dans deux jours. Plusieurs autres personnes vont nous prêter mainforte en cette occasion.


Elle s'arrêta quelques instants, prenant une gorgée. Elle ne les avait pas renvoyé car elle avait encore un sujet à aborder. Elle les observait longuement l'un et l'autre comme pour deviner leurs pensées. Elle voulait ainsi rappeler à Lothaire qu'il était à son entière disposition et qu'il ferait tout ce qui lui plairait. Après un long silence :

- Je n'ai qu'un ordre à vous donner avant de partir. Si nous tombons sur Pragmatique, je vous ordonne de me laisser l'éliminer. Avez-vous des questions ?

Elle observa Lothaire avec froideur et essayant de le mettre en garde et avec plus de sympathie Hilaren.

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Mar 7 Juil - 23:00
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Durant la tirade de mon confrère, j’avais pris le temps de me pencher plus en avant, croisant les mains et appuyant mes bras sur mes jambes. Une expression d’attention mêlée à un léger amusement flottait sur mon visage de marbre blanc. Le prêtre maraudeur aurait pu sans aucun mal déceler la légère étincelle de moquerie dans mes yeux pourpres. Si tant est qu’il sache regarder autre chose que le temps qui passe. Il était d’une rigueur horripilante, toujours à se presser semble-t-il. Et si il n’y avait que ça, il se plaisait également à presser son entourage. A son exclamation impatiente, je répondis par une moue indifférente avant de pivoter légèrement la tête vers l’Elue pour connaître sa réaction que je savais fort divertissante. Et en effet, je ne fus pas déçu, loin de là ! Elle avait l’air aussi nerveuse que de la viande de reptile, c’était sublime. On pouvait voir une disgracieuse, mais néanmoins discrète, petite veine agacée palpitée sur son front poudré.

Il était évident que si madame occupait un poste aussi haut c’est que en parallèle elle détestait occuper place plus basse. Je connaissais ce sentiment de supériorité innée et tout à fait logique, il faisait parti de mon être depuis mon plus jeune âge, et Nayris en était témoin, celui-ci remontait à loin. Tout comme elle je partageai cette croyance d’être en haut par défaut, de toiser la plèbe de mes yeux indifférents parce que c’était là ma destinée. On ne pouvait occuper autre place que la plus haute et on s’était habitué à cela. Cette charmante dame du monde commençait à se hisser vers les sommets du mien. L’estime que j’avais pour elle ne cessait de grimper, doucement mais sûrement. Chacun de ses mots étant une nouvelle source de fou rire intérieur sans égale. C’est vrai ! Quoi de plus hilarant que l’autorité ? De plus lorsqu’elle était instaurée par une créature au demeurant si fragile. C’était tout bonnement désopilant de voir la mine déconfite du prêtre alors que sa supérieure hiérarchique le réprimandait une nouvelle fois sur son manque de politesse.

Alors que dame Bemuï nous transmettait ses dernières instructions, j’eu envie, pour une fois, de jouer le jeu du subordonné obéissant et de ne point faire de remarques sur sa requête honteuse. Certes, il était tout à fait à son honneur, et même de son devoir, de vouloir refroidir elle-même nos adversaires ! Mais madame… « me laisser l’éliminer »… Allons ! Mais vous manquez cruellement d’imagination ! Un être doué de raison, d’intelligence et de capteurs sensoriels… quel gâchis que de simplement lui trancher la gorge ! J’avais déjà tout un panel d’idées poétiques quant à l’acte de faire hurler un spectre de douleur dans le château qu’IL est censé hanter ! Non madame, vous pouvez vous sentir chanceuse que j’ai envie de jouer le petit chien-chien qui obéit sans discuter (uniquement dans le seul but de renforcer le contraste avec ce chaudron bouillonnant de bretteur) car sinon je vous aurai expressément fait savoir mon aversion quant à cette requête des plus capricieuses.

Finalement, je me décidai à lever mon maigre fessier du confortable fauteuil afin de clore cette discussion au demeurant très divertissante.

- Pour ma part, d’autres précisions me seraient inutiles. Je connais le lieu, la date et la manière de s’y présenter. J’ai hâte d’occire ses pathétiques fantômes en votre compagnie, messieurs-dames ! Si vous me le permettez maintenant, je vais prendre congé de vous afin de me préparer à la sainte quête qui nous a été confiée.

D’un geste tranquille et courtois, je pris doucement la main de l’Elue afin d’y déposer un galant baiser, accompagné d’un sourire tout aussi charmant et désespérément railleur qu’à mon arrivée. Puis je me tournai vers mon confrère, toujours assis, et lui adressa un profonde révérence, que je répétai devant Dame Bemuï.

- Je vous souhaite une bonne fin de journée, et que le crépuscule éveille en vous les plus belles sensations de ce monde ! Car là est son unique utilité !

Cette tirade fanfaronnante terminée, je me dirigeai à grands pas vers l’entrée des appartements de madame et le portier de cette dernière m’ouvrit prestement avant de refermer derrière moi l’élégante porte de bois ouvragée. Une fois à l’extérieur, cet incorrigible Smog déchaîna alors toutes les émotions qu’il avait accumulées durant cette entrevue où je lui avais demandé de garder le silence. Mon crâne fut alors prit d’assaut par des dizaines de pensées incroyablement puissantes et chargées de sentiments contraires comme l’amusement, la joie ou la haine. Je ne distinguai pas grand-chose au milieu de cette macédoine psychique mais je devinai que, tout comme moi, celle qui avait récemment prit la place de mon sanglant cousin avait fait son petit effet à cet esprit dérangé. Une image qui me fit doucement pouffer avant que je ne reprenne, de ma démarche dramatiquement théâtrale, le chemin de ma crypte.

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Le prêtre est demandé par l'Elue [terminé] Sand-g10Jeu 9 Juil - 18:37
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Lothaire écouta les deux protagonistes comme il le fallait sans laisser paraître quoi que ce soit ni en commentant comme il aurait voulu la réponse de l’Élue qu’il prenait pour de l’hystérie. Il n’avait fait qu’être droit et avait simplement glissé un conseil à cette femme qui apparemment voulait simplement des prêtres pions. Mais la seule personne que le juriste accepterait de suivre aveuglément serait Nayris. Et si cela ne convenait pas à quelqu’un cela en faisait un hérétique, personne ne pouvait s’opposer à sa servitude envers sa déesse et personne ne pouvait quémander ce privilège, même une Élue. Même la plus belle des femmes. Il y avait Nayris, le reste n’était que moyen de sa volonté, sa volonté toute puissante. La seule fin était la déesse de la Mort, le trentenaire ne voyait pas les êtres vivants et morts comme des fins simplement comme des moyens comme des pions, et si cela ne leur convenait pas d’être les esclaves joyeux d’une volonté divine c’est qu’ils étaient stupides ou qu’ils étaient des infidèles, dans les deux cas ils étaient un obstacle.

C’était du moins la réflexion que se faisait le religieux qui n’était pas les deux personnes autour de lui ; tout avait été déjà dit, en rajouter avec des baisemains et autres futilités étaient ennuyantes et surtout extrêmement inutiles, d’autant plus que c’était une perte de temps. Dans la pièce Lothaire était certainement le moins humain du groupe et pourtant il était celui qui était le moins centré sur lui-même et sur des préoccupations terriblement basses. Les occupations des mortels n’intéressaient plus le prêtre malgré sa similitude avec eux.

« Aucune question. C’est clair. »

L’ancien juge attendit que le mort-vivant sorte et lui adressa un très discret signe de la tête, puisqu’il semblait que ces gens-là appréciaient de s'attarder sur les mœurs humaines. Tant pis pour eux s'ils laissaient passer le monde spirituel après le monde physique. Quelle tristesse pour ses âmes si inutiles.
Finalement le prêtre se retourna vers Mélozia, les mains dans le dos le trentenaire fit quelques mouvements de langues dans sa bouche, comme cherchant quelques restes d’un ancien diner, puis il planta son regard dans celui de son interlocutrice.

« Madame, je crois que nous sommes partis d’un mauvais angle. Et cela n’est pas bien, nous voulons tous les deux la réussite et l’avènement suprême de Nayris. C’est pourquoi je souhaite m’excuser si vous n’avez pas compris mes manières, je ne suis pas un noble mais un simple prêtre au service de l’immense divinité qu’est notre déesse j’oublie peut-être … des usages qui vous paraissent importants mais mon intention n’est pas de vous manquer de respect. Je cherche simplement à être efficace et direct, je ne vous ai jamais donné d’ordre vous m’avez mal compris, je donnais un simple conseil. »

Au fond Lothaire détestait cette femme et n’avait pas confiance en elle, c’était une très mauvaise servante de la cause. Elle s’occupait beaucoup d’elle-même et de ses gouts, de ses manières. De ses petites futilités nobles. Elle risquait non seulement d’être néfaste mais aussi néfaste à la personne du juriste, il le sentait. Il ne pouvait pas lui faire confiance, elle faisait passer ses émotions avant la cause. C’était très dangereux et n’importe qui la froissait risquais de périr sous don courroux. Elle n’avait apparemment pas bien compris que les prêtres étaient ici pour servir la cause et non sa personne. Elle n’était que le dessin de la déesse tout comme Lothaire lui-même. Il le savait et en était persuadé. Il faudrait faire attention à cette femme, toujours garder un œil sur elle. Surtout qu’avec ses charmes elle pouvait s’attirer les faveurs de pauvres d’esprits.

La haine qu’éprouvait le religieux pour l’Élue ne faisait qu’empirer, plus elle le poussait dans ses limites plus il avait du mal à se retenir, si la discussion avait continué plus que cela il aurait engagé le combat. Mais c’était contre-productif, si elle occupait son poste actuel ce n’était surement pas uniquement par avidité mais aussi car c’était le choix de Nayris. Il y avait donc une raison à son existence que le trentenaire ne pouvait pas remettre en cause dès leur première rencontre.
Lothaire inclina le buste vers son hôte et d’une marche presque martial prit lui aussi la direction de la porte.

« Au revoir. J’espère que notre prochaine rencontre se fera avec moins d’animosité. Passer une bonne fin d’après-midi. »

Le religieux avait tenté de calmer le jeu du mieux qu’il le pouvait. Il aurait bien voulu ne pas se faire une ennemie en interne mais apparemment sa foi et sa grande piété attirait les foudres des païens obscurantistes qui refusaient de soumettre leurs âmes aux dessins de la déesse.

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