Mer 11 Fév - 22:59 | | | | Nakh le Massacreur
Aime l'alcool, le sang, la violence et taper sur les elfes. Déteste la magie, les trucs trop compliqués et les elfes. Vulgaire - Franc - Malpropre - Bourrin - Idiot - Sang chaud - Alcoolique - Loyal - Bienveillant envers certaines personnes
Information Surnom Le Massacreur Âge : L'orc sait pas compter. Nationalité : Terre Profession : Vagabond Camp : Neutre Noblesse : Oui. Depuis qu'il a mangé les jambes d'un chevalier. Croyance : // Famille : //
| Race Orc
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Caractère Nakh, c’est l’antithèse du héros. Le héros est beau, lui, il ressemble à un truc verdâtre qui pue. Le héros est gentil, lui, il s’en tamponne complètement le rectum avec des lames de rasoirs rouillés quand il voit un malfaiteur détrousser sans remords une vieille dame de ses économies de toute une vie (Lesdites économies étant surtout constituées de patates et de navets.). Le héros est un bon exemple pour la jeunesse, lui, il se contente de picoler en braillant des chansons paillardes et des insanités qui feraient rougir L’Aile Ténébreuse lui-même. Le héros est toujours prêt à aider son prochain, lui, et ben ... Si vous un elfe ou un magicien, considérez-le comme un ennemi, parce que lui rêve déjà de boire sa cervoise dans votre crâne fraîchement arraché et perforé. Le héros est intelligent et fomente des plans judicieux, lui, il fonce dans le tas et c’est tout.
Mais bon, c’est pas non plus un pur méchant, disons juste qu’il n’est jamais assez sobre pour avoir des notions de bien et de mal. Offrez-lui une chope de n’importe quel alcool, et il devient votre meilleur ami (Tant que vous n’avez pas du sang de tarlou ... D’elfe dans les veines.). Obtu et décidé, lorsque une idée naît dans le vide insondable et infini qu’est son esprit, il s’y accroche comme à sa vie. Parce que de toutes façons, il n’a rien d’autre.
Nakh est simple. Un pipe avec du bon tabac à fumer, une chope de bière, et le voilà comblé. Un champ de bataille, des entrailles encore fumantes, et le voila rassasié. Car, ayant omis de le préciser, l’orc est anthropophage. Et la cuisine, c’est pas trop son truc. Ta chair encore frémissante et débordante de vie, ça, c’est son truc par contre.
Physique Les orcs sont taillés pour la guerre, du point de vue des humains et autres spécimens. Les orcs, ils sont pas beaux et velus. Ben Nakh ... C’est pire. Faisons une description de haut en bas. Ses longs cheveux noirs sont taillés en une haute crête iroquoise, maintenus par de la graisse animale et de la crasse. Le front, proéminent, est buriné par les ans et les éléments, témoin d’une vie passée sur les routes et les champs de bataille. L’endroit où se situait feu l’œil droit est remplacé par une paupière balafrée, entre-ouverte en permanence, ne laissant voir qu’un vide insondable (Certains disent qu’en y regardant bien, on peut voir le fond de son crâ .. *SBROUARF !!*) . De l’autre côté du nez busqué, un œil vert et vif, pour apercevoir la meilleure faille dans une défense. Bon, l’œil est plus souvent vitreux et torve que vif. En fait, il ne l’est jamais, vif. Dépassant d’une mâchoire inférieure bien avancée, des crocs disparates et jaunis, témoins d’une hygiène bucco-dentaire très, très, très (très²²²²²) douteuse et d’une alimentation surtout carnivore. Des épaules carrées, un torse large et velu, des jambes courtes et musclées, des bras épais et parcouru de cicatrices, le corps d’un guerrier en somme.
Nakh est simple, et ça se voit dans son accoutrement : un veston taillé grossièrement dans du cuir (De l’auroch, d’après l’odeur) et un pagne, en fourrure (Bon, là, par contre avec ou sans l’odeur, on ne sait pas ...). Ayant les pieds larges et calleux, il ne voit pas l’intérêt de porter des souliers, bottes, chaussures ou quoi qu’est-ce. En bandoulière une solide attache de cuir, permettant d’accrocher sa hache dans son dos.
Dernier petit point, il avoisine les deux mètres vingt. Simple détail.
| Capacités Armes : Une hache de guerre runique, immense et bien lestée, sans nom pour le moment. Un couteau de chasse. Pour ... La chasse. Le dépeçage, couper la viande etc ... Rarement utilisé comme arme. Pouvoirs : // Familier : // Artefact : Une hache runique sans nom et sans capacités dévoilés pour le moment. Autre : //
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Histoire C'est vrai que lorsqu'on voit Nakh aujourd'hui, on voit surtout l'orc barbare, massif, alcoolique et sanguinaire. Pourtant, lorsque Nakh est né, c'était un petit prématuré. Les mœurs des orcs privilégiant les forts, il fut décidé que le faible nourrisson devait mourir, abandonné aux loups et aux charognards. Mais la génitrice de Nakh, une sage-femme orc (et les sages-femmes orcs sont très respectées et ont un statut équivalents aux chamanes et presque au niveau des chefs de tribus.), ne voulait pas voir sa seule progéniture jetée en pâture dans la nature (Ouuuh, la belle rime.). Alors elle fait fi des traditions et des protestations et décida de le garder. Elle s'en occupa du mieux qu'elle put. Mais lorsqu'il atteignit à peu près cinq printemps, elle mourut dans une escarmouche organisée par des elfes perfides et sournois qui n'aimaient pas beaucoup les orcs (Quand j'vous dit qu'il faut tous les exterminer, c'est vrai. C'est des saloperies ces elfes.) Et Nakh fut jeté à la nature. Bien qu'il avait grandi, aucun orc ne voulait reprendre son éducation en main. Cela pouvait porter malheur d'avoir un individu sous son aile qui était censé mourir au début de sa "vie".
Alors le pauvre petit orc s’éleva tout seul et se mit à fuir son clan d'origine. Survivant dans la forêt et les marais, au milieu des bêtes sauvages, des hommes apeurés par la différence et des elfes arrogants (Enflures.). Un vieil ermite divaguant l'acceuilit quelque temps dans sa cabane perdue au fin fond d'une forêt sans nom et lui apprit le langage humain. Et l'orcish aussi (l'orcish étant la langue des orcs, bandes d'incultes). Nakh ne s'en étonna pas au début. Il s'en fichait. A cet âge, il était encore assez pragmatique et se contenter de prendre tout ce qu'il pouvait prendre. Mais il commença à être "intrigué" (Oui, entre guillemets, ça reste un orc, hein.) lorsque le vieil homme commença à lui apprendre le maniement des armes, et en particulier les haches d'armes et les marteaux de guerre. D'ailleurs, ce dernier excellait dans ce domaine, malgré son grand âge et sa façon de vivre de façon insalubre. Le jeune orc gagna en dextérité, muscles et taille pendant des printemps et des printemps de pratique. L'ermite tenta aussi de lui inculquer un peu d'esprit, mais il abandonna vite après de nombreux "J'mets une tartine dans la gueule du problème. Mais la bonne grosse torgnole, hein !".
Vers ses quatorze printemps, l'orc estima qu'il était de temps de reprendre la route et de trouver sa place quelque part. Après des adieux brefs et bourrus mais émouvants chez les orcs, il partit rejoindre la route principale la plus proche. C'est en marchant qu'il se posa une question ... Une seule. Mais qui était soudain la plus importante de son existence à cet instant : "Bordel, mais c'est qui c'vieux con ?" Et oui .. Nakh avait vécu plusieurs années avec un vieux fou étrange et il n'avait jamais pensé à demander son nom. Lorsqu'il courut jusqu’à la hutte de l'ermite, il trouva bien l'emplacement, mais point de hutte ni d'ermite. Ni même d'ancien foyer ou bien de déchets. C'est comme si toute cette partie de sa vie avait été absorbée par la forêt. Alors l'orc grogna un peu, haussa un sourcil et remercia silencieusement le vieil homme pour ses enseignements et tourna les talons. Partant vers un avenir inconnu et sans réel but précis.
Après quelques années passés sur les routes, dans les tavernes mal-famées et enchainant des contrats de mercenariats visant à protéger des entrepôts ou bien à défendre certaines caravanes marchandes sans réels intérêts, Nakh accepta une étrange requête dans un village non loin de Tilamus : le Conseil de la bourgade voulait qu'il "enquête" sur d'étranges disparitions d'enfants... -----------------------------------------------------
"-Orc, si vous retrouvez nos enfants, vous serez récompensés. Et votre race sera bien mieux considérée dans nos murs, ainsi que n'importe quel représentant de votre peuple."
Nakh parcourut l'assemblée des anciens du village avec un regard vide et haussa des épaules. Que les siens soient acceptés ? Qu'est-ce qu'il en avait à faire ... Non, c'était la récompense qui l'intéressait.
"-Moi j'veux bien. Mais j'suis un orc d'action, m'voyez ? Qu'est-ce qui vous fait croire que j'pourrais "enquêter" et trouver vos marmots ?
-Justement, cher ami. " L'Ancien qui lui parlait s'avança vers lui, comme pour lui confier un secret. "Vous n'êtes pas le premier que nous engageons pour cela. Mais d'aucun n'est revenu. Nous avons envoyé à chaque fois des hommes d'esprit, mais peut-être qu'avec une montagne de muscles tel que vous, nous aurons de meilleurs résultats ..."
L'orc baissa les yeux sur son torse découvert et ses biceps massifs. C'est vrai qu'il n'était plus le petit orc chétif d'autrefois. Autant en profiter. Et si jamais y'a de la baston, ce serait une bonne chose. Le peau-verte accepta le contrat d'un grognement approbateur. -----------------------------------------------------
Sa première étape de "l'enquête" l'emmena directement à la seule taverne du village. Logique, on réfléchit mieux avec un peu de bibine dans le bide comme dirait l'orc. Lorsqu'il entra dans le petit établissement, les conversations moururent, les respirations se coupèrent et une chope chuta bruyamment au sol. L'orc soupira, c'était la même chose à chaque fois. Il leva les mains vides, démontrant qu'il n'était pas venu armé et qu'il n'avait pas d'intentions belliqueuses. Il tapota aussi sa maigre bourse accroché à son ceinturon, démontrant qu'il voulait être juste un client comme un autre. Le tavernier respira à nouveau et les conversations reprirent, un ton en dessous quand même. Nakh traversa la salle et s'asseya au comptoir, faisant craquer la chaise sous son poids.
"-Hep chef, bière."
Le tavernier s’exécuta, trop heureux que l'orc se comporte comme un client lambda. Il tenta même d'engager la conversation :
"-Alors ... Euh ... Qu'est-ce qu'un orc fout dans not'patelin moisi ?" en lui tendant une chope pleine.
"- Il enquête, il s'fait un peu d'pognon et il s'casse.
-Il enquête ? Et sur quoi il enquête le peau-verte ?" s'enquit un client à la voix pâteuse et aux yeux louchants.
-A ton avis ? Nos gosses pardi ! On a pas tellement d'problèmes par ici !" lui répondit un autre client, moins éméché.
Les conversations haussèrent d'un ton, concentrés sur l'orc et les étranges disparitions.
"-Des vampires ! Ou bien des loups-garous ! Saloperies d'monstres !
-Mais nan Gégé ... Ces machins sortent que la nuit .. Alors que Gary a disparu en plein jour. C'est pas logique.
-Et ta mère elle est logique peut-être ?! Quand on voit ta gueule, on s'dit qu'elle aurait dû apprendre à lire et s'clouer un panneau sur la tronche avec marqué d'ssus "Attention, j'ai d'la semence d'ours en moi !"
-J'te rappelle qu'on est frangins. Tu parles d'ta mère aussi là."
Discussion stérile .. L'orc se désintéressa bien vite de cette dispute d'ivrognes et se concentra sur sa chope. Mais le tavernier ne lâcha pas l'affaire.
"-Alors, vous allez nous aider.
-Ouaip. L'orc vida sa chope et en recommanda une autre. Z'auriez des infos ? "
Le patron haussa des épaules.
"-Mouais. Un d'vos prédécesseurs a laissé un carnet avant de disparaitre à son tour. Et z'avez du bol, j'l'ai dans l'comptoir. Attendez ..."
Il se baissa et fouilla dans les placards sous le comptoir. Après quelques instants, il se releva, avec un air triomphant. Il déposa devant l'orc un petit carnet poussiéreux à la couverture en cuir. Nakh regarda le carnet, puis le tavernier avec un air un peu blasé.
"-J'sais pas lire.
-Ah ... Et bien z'avez encore du bol que feu mon vieux m'ait appris un peu ... Mmmh, j'vais vous lire les passages les plus intéressants. Alors ... "Il feuilleta le carnet en plissant des yeux" ... Gna gna gna ... Gna gna gna ... Ah ! Voilà ! Découvert passage dans la colline à l'ouest du hameau. Traces récentes de plusieurs hommes et de gros sacs trainés par terre. Enfants kid ... Kidnappés dans sacs ? Y aller la nuit pohur ... Pour reconnaissance discrète et vérifa ... Vérification.
-Il y est allé ?
-Apparemment ouais. Puisqu'il est jamais revenu et qu'il a laissé ça sous une table."
Nakh fit mine de réfléchir quelques instants, les yeux perdus au fond de sa chope vide.
"-Et personne d'autre a essayé d'y faire un tour ?
-J'vous avouerais qu'on fait d'en notre froc rien qu'en y pensant ..."
L'orc le remercia pour les informations d'un grognement. Il se leva et lui tendit sa bourse. Le tavernier le regarda avec un sourcil haussé. Nakh haussa des épaules.
"-J'sais pas compter non plus, alors prenez c'qu'il vous faut. Mais essayez pas d'me baiser, j'le verrais."
Le tavernier piocha quelques pièces avec un sourire entendu et regarda l'orc sortir de son établissement, en espérant qu'il reviendra. Un tel pigeon, c'était rare. -----------------------------------------------------
"-M'sieur, vous êtes un monstre ?"
L'orc se tourna vers la gamine, avec un regard intrigué. Ce n'était pas la première fois qu'on utilisait ce terme pour le désigner, mais dans une question et avec tellement d'innocence, c'était la première fois. D'ailleurs, jamais auparavant il n'avait vu de l’innocence dans quelque chose. Il trouva cela bizarre. Il détailla la gamine en haillons devant lui. Un corps presque famélique, des cheveux roux et broussailleux au-dessus d'une paire d'yeux bleus, vifs et claires, qui faisait erreur sur cette enfant des rues.
"-Mmmh ... J'sais pas.
-C'est c'que ma maman disait tout le temps. Que je n'étais qu'un monstre parc'que j'étais pas comme les autres. Qu'elle aurait dû m'étrangler à ma naissance. La vôtre vous a dit pareil ? Enfin, si vous en avez une."
Révolte et dégout. C'est tout ce qu'il put ressentir. Comment pouvait-on dire cela à sa propre descendance ? Même chez les orcs on ne disait pas de choses aussi ignobles. Tentant de contenir sa colère face à l'enfant, il s'agenouilla devant elle pour se mettre à sa hauteur et la regarda droit dans les yeux. Pas de mouvement de recul, pas de grimaces de peur. Cette gamine n'était pas effrayée par l'orc. Bizarre. Encore une fois.
"-Et pourquoi qu'j'serais un monstre ? Pa'c'que j'suis vert, hum ?
-Nan. Ça, c'est rigolo. Mais c'est surtout que vous avez l'air aussi seul que moi. Ça se voit dans vos yeux."
Nakh se releva vite, décontenancé. Il regarda autour de lui, espérant que personne n'avait vu cette scène très ... Déconcertante pour lui. Mais la place du village où ils se tenaient était vide.
"-Et ta salop'rie d'mère, elle est où maintenant ?
- Je sais pas. Je l'ai perdue y'a longtemps, dit la gamine, en haussant des épaules.
- T'sais, y'a une expression humaine qui dit : une de perdue, dix de r'trouvé. Même si j'sais pas trop c'que ça veux dire."
La fillette le regarda, mi-figue, mi-raison.
"-Heu ... Mais vous faites quoi ici en fait, m'sieur l'orc ?"
Nakh se releva de toute sa hauteur, un poing sur le cœur, solennel.
"-J'suis là pour r'trouver tes copains, gamine.
-C'est vrai ? La fillette regarda le vert avec des yeux brillants de joie, Vous allez retrouver Gary et les autres ? Et j'm'appelle pas Gamine !"
Elle mit les poings sur les hanches, relevant le menton dans un air de défi.
"-J'm'appelle Lucy ! Et un jour, j'serais une grande guerrière ! Plus forte que vous !"
L'orc resta sans voix devant tant d'aplomb de la part d'un si petit être et se mit à rire à gorge déployé.
"-Arh arh arh ! J't'aime bien p'tite Lucy ! Content de t'connaitre ! Si tu veux être une guerrière, j'pense que t'as l'droit au salut traditionnel d'chez moi !" -----------------------------------------------------
Nakh déposa la petite fille sur le comptoir de la taverne, le seul bâtiment du village qu'il connaissait "bien".
"-Mais .. Mais bon sang qu'est-ce qu'elle a la gamine ?" s'affola le tavernier, inspectant Lucy, inerte.
L'orc se frotta l'arrière du crâne et regardait le plafond, gêné.
"-Ben, j'lui ai mis un coup'd'boule..."
Le tavernier ouvrit de grands yeux et fut effaré.
"-Mais ... Par tous les poils de fion d'Aile Ténébreuse ... Pourquoi qu'vous avez fait ça à c'te pauv'chtiote ? Vous z'êtes taré !?
"-Salut traditionnel orc." s'excusa Nakh, haussant des épaules.
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Un trou dans le flanc de la falaise, caché par des lierres et une folle végétation. Le soleil déclinait, donnant un air lugubre et inquiétant à ce qui semblait être l'entrée de la fameuse grotte. L'orc renifla bruyamment.
"-Ça pue l'jambon moisi.
-Et c'est normal ça ?
-Ça pue. T'es sûr qu'tu veux m'accompagner p'tite Lucy ?
-Ouais. Et maintenant, j'ai ça ! Alors je pourrais être une grande guerrière comme toi et tuer plein d'vilains méchants !"
La fillette, car elle était effectivement avec le peau-verte, exhiba fièrement sa dague de cuivre. Le métal attrapa les derniers rayons du soleil et scintilla faiblement, comme voulant échapper à son destin inconnu. L'orc lui avait offert l'arme de bon cœur. Il était resté quelques jours avec elle avant de se décider à entrer dans cette fameuse caverne. Il s'était attaché à cette gamine. Le deuxième jour où ils se voyaient, elle avait écrasé la tête d'un moineau blessé à l'aile avec une pierre. Selon les critères humains, elle aurait été cruelle. Mais lorsqu'elle expliqua son geste à l'orc ... "- Une aile cassé ... Il a perdu sa liberté. Mieux valait l'achever, non ?" Cela se tenait. Cette fille paraissait tellement innocente ... Et paradoxalement, elle était totalement lucide de ce monde cruel et brutal. Oui, l'orc s'était attaché à elle et avait développé un sentiment de protection envers elle. Si la race n'avait pas été une barrière, il l'aurait peut-être adoptée comme sa propre fille, bien qu'il n'ait aucune notion de responsabilité parentale ("A 10 ans ? Bouarf, elle peux prendre sa première cuite, pas d'problème."). Et pendant ces quelques jours, il lui apprit des rudiments de langage orc et de combat à mains nues. Elle avait d'ailleurs testé ses nouveaux talents de lutteuse sur quelques-uns de ses camarades ... Hum ... Volontaires.
Retour devant la caverne, l'orc regarda Lucy, puis l'entrée de la caverne avec une pointe d’inquiétude. Il finit par sourire à la gamine.
"-T'veux toujours v'nir avec moi ? Tu préfères pas rester en arrière ?
-Traites-moi d'elfe pendant que t'y est !"
L'orc rigola, puis entra dans la caverne sans hésitation, Lucy sur ses talons. L'obscurité se fit totale, et l'odeur de viande avariée les agressa.
"-Pouah ! Ça pue ! Et j'vois rien.
-Donnes ta main et me lâche pas. J'vois mieux que toi dans le noir."
C'était un fait avéré : les orcs ayant passé les premières années de leurs existences dans des cavernes et autres grottes pour échapper à leurs créateurs, ces saloperies d'elfes. Durant ce temps, les orcs acquirent une acuité nocturne quelque peu améliorée et en fit de redoutables combattants de nuit, créant ainsi des escarmouches efficaces et mortelles. Mais cela est une autre histoire. Nakh conduisit la gamine dans le boyau tortueux. Les parois faisait résonner leurs pas alors qu'ils marchaient dans la plus grande discrétion (Mais orc et discrétion ... Hein, voilà quoi. Autant demander à un elfe d'arrêter d'être chiant quand il blablate magie et histoire.). La main de l'enfant trembla légèrement dans celle du barbare vert.
"-Faut pas avoir peur, gamine, j'suis là. Et j'laisserais rien t'arriver tant qu'j'serais en vie." fit l'orc, se voulant rassurant.
La fillette ne répondit pas. Ses tremblements cessèrent comme ses pas. Elle s'était arrêtée mais n'avait pas lâché la main de Nakh.
"-Ce n'est pas pour moi que j'ai peur. Mais pour toi. Tu as était si bon avec moi. Alors que je ne suis qu'un monstre..."
Sa voix se fit adulte, et tellement triste. L'orc se retourna, s'agenouilla devant elle et chercha ses yeux. Elle ne pouvait rien voir dans cette obscurité, pourtant, elle planta son regard larmoyant dans celui du guerrier.
"-Hé gamine, va falloir arrêter avec ces histoires de monstre, c'est casse-couilles.
-Je suis ... Tellement désolée ..."
Une douleur sourde en bas de la nuque, et avant que Nakh ait pu faire quoique ce soit, une autre douleur, à l'arrière du crâne. Le noir envahi sa vision, faisant vaciller l'image de Lucy, qui pleurait des larmes silencieuses.
Son crâne semblait être labouré par des faux vicieuses, surtout à l'arrière. Toujours du noir. Était-il devenu aveugle ? Que s'était-il passé ? On aurait dit qu'on l'avait attaqué par derrière. Oui, c'était ça, on avait dû l’assommer avec un gourdin ou une grosse pierre. L'odorat reprit ses fonctions premières. Une odeur de feu, de pourriture, de sueur et de pisse le tout recouvert d'encens, assaillirent ses narines. L'ouïe lui transperça les tympans en la recouvrant. Des pleurs d'enfants, le craquement des flammes sur des bûches humides, des chants psalmodiés. Il ouvrit enfin les yeux. Sa vision était floue et semblait déphasé. Un liquide chaud, épais et au goût de rouille coulait doucement sur son nez et dans sa bouche. Son sang ? Il s’intéressa enfin à ce qui l'entourait. Une grande caverne dont les parois et le plafond aux stalactites antiques était éclairé par des braseros aux flammes violettes et vertes, donnant un air malsain et lugubres aux ombres. Des enfants étaient enchainés entre eux par de lourdes chaînes. Au milieu de la caverne se tenait un cercle d'une dizaine d'hommes en bure violette, des capuches cachaient leurs visages et ils psalmodiaient en chœur une sorte de rituel.
Le chant avait quelque chose d'effrayant, l'orc le sentit et s'agita. Ses membres étaient entravés par de lourdes chaines enchâssés dans la paroi. Il tenta de tirer dessus, mais elles étaient profondément enfoncées dans la sombre pierre, le mettant à genoux. La pierre lui râpait la peau des genoux. Le verdâtre grogna et regarda autour de lui. Alors les enfants étaient là. Vivants. Tant mieux, se trimballer avec des cadavres d'enfants, ce n'est pas vraiment quelque chose de réjouissant.
"-Tellement désolée ..."
Lucy ! Il chercha du regard parmi les enfants enchainés. La gamine n'était pas parmi eux. Mais il l'a trouva enfin, au centre du cercle des hommes encapuchonnés. Elle avait les yeux fermés et psalmodiait avec eux.
"-LUCY ! C'est quoi c'bordel !?"
L'orc tira un peu plus sur ses chaînes tandis que la gamine ouvrit les yeux et stoppa son chant. Elle quitta le cercle de ce qui semblait être les cultistes kidnappeurs d'enfants. Le chant ne s'arrêta pas avec elle. La fillette s'approcha de l'orc avec un sourire qui n'exprimait que de la tristesse.
"-Nakh ... Je suis tellement désolée ... Mais il le faut.
-Bordel ... J'pige que dalle ...
-Ces enfants. J'en ai besoin. Je ne veux plus être un monstre.
-Mais t'es pas un monstre ! T'es une foutue gamine !"
Le sourire triste de Lucy s’agrandit, et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Elle s'approcha un peu plus et se mit sur la pointe des pieds pour caresser le visage rugueux de l'orc. Ce dernier ne put s'empêcher de tressaillir. Il ne connaissait pas l'intérêt d'un tel geste.
"-Je ne suis qu'en partie humaine, Nakh ..."
Les questions de l'orc se fondirent dans son ébahissement, elles furent vite remplacées par de nouvelles questions. Mais elle reprit, faisant taire la curiosité du guerrier.
"-J'ai du sang de démon ... L'humaine qui me servait de génétrice ne m'as jamais dit pourquoi. Ni comment. Mais je devine aisément."
Ah ? Ben pas Nakh en tout cas.
"-Ces gens sont venus au village il y a quelque mois", elle désigna les cultistes derrière elle, "et auraient découvert ma nature sans que je ne sache comment. Ils m'ont dit pouvoir aspirer mon sang de démon pour me rendre enfin ... Humaine. Et ils ont besoin des enfants pour cela. Leurs âmes pures et innocentes m'aideront à retrouver le chemin de l'humanité. Je vais pouvoir vivre enfin normalement Nakh ! N'est-ce pas génial ?"
Son sourire triste s'était transformé en joie pure, elle avait retrouvé son visage d'enfant. Mais l'orc ne comprenait rien, absolument rien de tout ça. Il se sentait juste perdu. Et surtout, une douleur lancinante du côté gauche de son visage.
"-Mais je suis désolée Nakh ... Encore ... Ils ont pris peur et t'ont assomé ... Mais tu t'es agité dans ton coma forcé et ils ont dû être plus brutaux. Ils t'ont crevés l'oeil gauche ... Mais c'était pas fait exprés ! C'est un dommage collatéral ...
-Dommage collatéral mon cul ... Ce sera pas fait exprès quand j'vais décoller leurs sales gueules à coups d'latte."
La fillette soupira. Elle se hissa le plus haut possible et déposa un rapide baiser sur le menton du guerrier.
"-Ne complique pas les choses s'il te plait."
Elle hésita un court instant en regardant l'orc, puis tourna les talons et retourna dans le cercle des cultistes. Dès qu'elle eut le dos tourné, Nakh tira de toutes ses forces sur les chaines. Elles ne bougèrent pas d'un pouce.
Soudain, un grognement d'outremonde se fit entendre dans la caverne. Elle n'exprimait rien. On ne pouvait déduire aucun sentiment dans ce grognement bestial. Mais une chose était sûre : cela ne provenait pas de ce monde. Les enfants se mirent à hurler de peur et les plus jeunes perdirent toute contenance en pleurant. Lucy, au milieu du cercle, cessa de chanter. Ses yeux se révulsèrent et elle commença à léviter, ses cheveux secoués par un vent qui venait d'on ne sais où. L'orc arrêta de tirer sur ses entraves et fixa Lucy, sans comprendre. Les cultistes s'approchèrent de la fillette, sans cesser les chants. Ils sortirent tous de leurs longues manches, un couteau recourbé et dentelé aux sombres ornements.
Une boule se forma dans l'estomac du vert. Et ce qu'il craignit arriva : les cultistes plongèrent les lames dans le corps sans défense de la fillette et les ressortèrent, arrachant des lambaux de chair au passage. Lucy ouvrit les yeux, terrorisée, et ses lèvres s'ouvrirent dans un hurlement de souffrance silencieux. Son visage était crispé dans une immense douleur, normal avec toutes ces lames qui avaient mordues sa chair. Son sang se deversait littéralement par des dizaines et des dizaines de blessures, recouvrant le sol inégal de la caverne de vermeil.
La vue du sang de Lucy fit bouillir celui de l'orc. Sa vision se teinta de rouge et il s'ébroua, faisant tinter ses entraves métalliques. Il s'arcbouta et tira toujours plus. Et il sentit enfin quelque chose de réjouissant dans tout ce fourbis : une des attaches commençait à se déchausser sous les efforts de l'orc. Il banda ses muscles à leur maximum et il lui semblait doubler de volume. Les cultistes continuaient leurs chants, tandis qu'un s'avança au milieu du cercle et recueillit le sang versé dans une sorte de calice aux ornements tout aussi sombres que leurs lames.
Le grognement démonaique, car on pouvait sans conteste dire que c'était quelque chose de vilain, pas beau et démoniaque, prit de l'ampleur, se transormant en un râlement. Nakh poussa toujours plus et une chaine se brisa, les mailles déformées, laissant son bras droit reprendre sa liberté. Utilisant son bras libre en renfort, il arracha l'autre chaîne, enlevant quelques morceaux de pierre grise de la paroi. Totalement libre de ses mouvements, il prit les "cadavres" de ses anciennes entraves et marcha lentement vers les cultistes, avec un regard dur.
La tête de sa première victime explosa littéralement sous le coup de la chaine, son corps tomba lourdement en avant et ajouta un peu de morceaux de crâne et de cervelle grisâtre dans la mare de sang sous Lucy. Lorsque le corps encore chaud chuta sur le sol, le cercle se brisa et les cultistes se tournèrent vers l'orc, avec un calme froid, mais les lames ensanglantées pointées dans sa direction indiquaient bien les intentions de leurs porteurs.
Nakh regarda un à un les agresseurs encapuchonnés. Il prit un une profonde inspiration et d'une voix rocailleuse et lourde de menace, il clama :
"-Avant on m'appelait Nakh, fils de personne. Mais à partir d'aujourd'hui, on m'appellera Nakh le Massacreur. (il augmenta le volume) Parce que là, j'vais tellement vous latter la gueule que quand vous crév'rez, vot'enfer aura un goût d'paradis tellement j'vous auraient massacré !"
Finissant sa tirade aux allures de prophétie, il s'élança en beuglant un immense "WAAAG!" qui résonna dans la caverne. Avant qu'il n'ait pu esquisser un geste, le premier encapuchonné passant à la portée de l'orc fut propulsé à plusieurs mètres en arrière par un formidable coup de poing au torse. L'homme sentit ses poumons se vider d'un coup et ne put les remplir à nouveau, le sternum s'étant enfoncé dans les poumons sous la puissance du coup. La pauvre victime décéda quelques instants plus tard, dans un hoquetement immonde ressemblant à un gargouillis. La rage transforma l'orc en une boule verte de frénésie, lui conférant l'énérgie du déséspoir. Ce sursaut d'énergie qui pouvait retourner des situations désespérées.
Mais les cultistes se ressaisirent. Après tout, ils avaient leurs armes et le nombre. Ils se jetèrent sur l'orc furieux. L'un d'eux se fit faucher immédiatement par les chaines tournoyantes. Un autre vit sa charge stopper net par un coup de pied dans l'aine. La douleur le fit ployer en avant et Nakh en profita pour lui briser la nuque d'un fort coup de chaine descendant. L'orc fit tournoyer ses anciennes entraves, brisant la charge de ses adversaires et s'octroyant un petit moment de répit. Les cultistes reculèrent, évaluèrent le monstre vert déchainé et d'un accord tacite, ils commencèrent à l'encercler avec de légers pas de côté.
"-N'y pensez même pas les Kzechs !"
("Kzech" voulant dire "vermine" en orc. Ou "elfe". C'est dans le même ordre d'idée.) Il bondit lourdement vers l'ennemi le plus proche et attrapa vivement la main tenant la dague. L'orc lui broya la main puis, d'un coup de boule, l'assoma avant de prendre possession de l'arme. Nakh se tourna vivement vers les autres. Avec la dernière victime, leur nombre avait diminué de moitié. Le rituel était interrompu et la voix d'outre monde s'était tue et le sacrifice était à terre. Le moment était peut-être venu de filer à l'elfique. Mais Nakh ne leur laissa pas le plaisir de survivre. La bave aux lèvres, l'oeil survivant écarquillé, couvert de sang, les chaînes dans une main, la dague volée dans l'autre, les muscles d'acier roulant sous la peau verte de l'orc. Il faisait peur. Très peur. Il leurs semblaient bien pire que leur démon. Les cultistes commencèrent à reculer. Ce bougre avait fait échouer leurs plan et en plus il comptait les exterminer ? Cela commençait à sentir le sapin tout ça. Mais l'orc les coupa dans leurs réflexions en se jetant sur un de leurs camarades, lui plantant la dague en plein milieu du visage. La victime poussa un bref cri de douleur puis s'effondra, mort.
Mais un de ses camarades en profita et sauta sur le dos de l'orc, lui labourant la chair puis finalement, lui planta la lame dans le haut de la cuisse droite. Le guerrier vert se retourna en hurlant de colère et de douleur et fit s'abattre les chaines sur la tête de son assaillant, s'aspergeant d'humeur visqueuse et grisâtre.
C'était la victime de trop. Les survivants lâchèrent leurs armes et s'enfuirent avec force cri de terreurs et de "C'est un monstre ! Un démon ! J'ai pas signé pour me faire trucider par un Géant Vert !" La dague toujours fichée dans la cuisse de Nakh l'empêcha de partir à la poursuite des lâches. Mais l'orc savait que si il enlevait la dague, les dommages pouvaient être bien plus importants, voire mortels. Il claudiqua gauchement vers le corps de Lucy et se laissa tomber lourdement à terre à ses côtés. Son visage pâle était crispé dans un rictus de souffrance et de terreur. Elle s'était vidée de son sang, formant une mare autour d'elle, poissant ses cheveux et ses vêtements lacérés.
Elle était morte.
Cette vérité immuable frappa l'orc tout comme ses blessures et son extrême fatigue, le clouant au sol. Il parvint à lever un bras, mais sa fatigue était telle qu'il lui semblait être en plomb. Lucy était morte dans la terreur et la souffrance, savait-elle qu'elle allait mourir comme cela ? Apparemment non vu son visage.
"-Bordel, dans quelle merde tu t'es foutue ... R'garde-toi ... Ben t'es crevée. 'spèce de conne."
Comprenez " Je suis désolé, c'est de ma faute, je suis navré, c'est de ma faute, puisses-tu trouver la paix dans le sommeil éternel, oh un papillon. "Les orcs n'ont jamais étaient très doués en terme de sentiments, ils ont leurs propres moyens de les exprimer m'voyez ?
Nakh se releva difficilement après quelques instants de receuillement, puis prit la masse froide et inerte de Lucy sur ses épaules, avant de prendre le chemin de la sortie dans le boyau tortueux le ramenant à la surface. Lorsqu'il sortit enfin de l'antre infâme de la mort, la lumière du jour lui crama la rétine. Quelques instants après s'être habitué à la clarté ambiante, il vit une dizaine de villageois le dévisageant, inquiets. Le tavernier, qui était parmi eux, s'avança, triturant le chiffon qu'il avait toujours sur lui.
"-Alors comment ça s'est passé ? Elle va bien la gamine ?"
Le regard dur de l'orc lui répondit.
"-Hem ... Heu .. et nos mouflets ?
-Ah merde. J'ai oublié les mômes." ------------------------------------------------------
L'orc rota bruyamment en reposant une énième chopine. Même le tavernier n'arrivait plus à compter. Et pourtant, il en avait vu passer des poivrots dans son métier.
Nakh se tenait dans une taverne miteuse dans un coin paumé. Oui, il était abonné à ce genre d'endroits. Mais l'orc était en étrange compagnie : deux nains et un humain. Celui en face de lui était extrêmement vieux, sa longue barbe blanche tombait jusqu'à ses pieds, même si elle était tressée et des petites lunettes rondes lui barraient ses yeux fatigués par l'âge. A sa droite, un nain torse nu, couvert de cicatrices et de tatouages tribaux, avec un regard patibulaire et une crête iroquoise noire, haute comme une main humaine. A la gauche du vieillard, l'humain portait une armure de cuir, un fauchon à la ceinture et un rondache dans le dos. Le visage de l'homme semblait quelconque et l'orc l'oublia assez vite.
Le vieux nain fit claquer sa langue en dégustant sa bière :
"-Rien ne vaut la bière naine. Ce breuvage ... Ben c'est de la pisse de chat ! M'enfin m'enfin ... Mon cher Nakh, vous êtes passés par une bien drôle de passe si j'en crois ce que vous nous avez raconté."
L'orc hocha de la tête bêtement, même si il ne comprenait pas ce qu'il y'avait de drôle dans ce qu'il avait raconté. En effet, l'alcool de houblon et de malt lui ayant délié la langue, il avait raconté au vieux nain tout ce qu'il voulait savoir sur lui, en échange de "payer la p'tite soeur, le p'tit frère et pis toute la famille aussi !"
Le vert lui avait tout raconté : Lucy, la caverne à l'odeur de jambon, le sauvetage des enfants avec l'aide des villageois, ses quelques jours de convalescence, et maintenant, sa quête de la vie sans but et fortement alcoolisé.
Le nain fit tourner sa chope entres ses doigts ridés et noueux.
"-Ton honneur a été salement tâché, orc."
Nakh ne fit pas attention au tutoiement et ne put que regarder le fond de sa chope, honteux. La dernière rasade d'alcool eut raison de sa dignité et il s'effondra sur la table, tapant du poing et pleurant à chaude larmes de son oeil unique. Ridicule. Un orc qui pleure, c'est rare, mais c'est surtout ridicule. Et misérable. Une lueur maline vint éclairer les yeux du vieux nain. Il caressa sa barbe et avança le buste vers Nakh.
"-Et si l'occasion de racheter ton honneur t'était offerte, l'orc, la saisirais-tu ?"
Nakh releva vivement la tête et fit remonter un filet de morve avec un reniflement sonore.
"-Comment ça ?
-Chez nous, lorsque l'un des nôtres commet une faute irréparable, il d..
-Z'y pensez pas Maitre Gatak ! C't'orc n'a pas à connaître nos coutumes !"
Le vieux nain rabroua son congénère à crête dans la langue bourru des nains. Le crêteux croisa ses bras musculeux en regardant l'orc avec haine et dégout. Le nain se retourna vers Nakh, avec un pâle sourire d'excuse.
"-Pardonne-le. Grimsbyr est un Tueur mais surtout un conservateur renfrogné." Gatak soupira, perdit son regard quelque instants dans le vide puis il reprit avec son sourire malicieux, détonnant étrangement sur son vieux visage. "Revenons à nos gobelins ... Racheter son honneur, ce n'est pas aussi simple. Tu ne peux le racheter, le laver, comme tu laverais ton pagne, vois-tu ?"
Nakh ne comprenait pas l'intérêt de laver son pagne. Lorsque ça grattait trop, suffisait d'en changer. Mais il ne comprenait rien à ce que le vieux nain lui disait. Il aura bien aimé pouvoir lui dire d'aller se faire voir chez les elfes, mais il était trop alcoolisé pour cela et ne pu qu'articuler un "Jpguijkarrrhiën". Le vieillard se tourna alors vers l'humain.
"-Volgan, voulez-vous aller chercher mon dernier achat dans mon paquetage, je vous prie ?"
L'humain, qui était resté silencieux et impassible, fit un léger coup de tête et se leva souplement avant de quitter la taverne d'un pas léger. Il revint quelques instants plus tard, une lourde hache d'armes sur les épaules. Un labrys en fait, mais dans le cerveau de l'orc, c'est du pareil au même. Sur l'acier, d'étranges runes irisées semblaient miroiter à la lumière ambiante. L'arme devait être d'un poids conséquent, Volgan ployant en la portant et ses pas n'étaient plus légers.
Il déposa l'arme sur la table, la faisant craquer légèrement. L'orc, de son unique oeil torve, ne put s'empêcher d'admirer l'arme magnifiquement ouvragé, le tranchant de la hache était parfait, sans éraflures, sans entailles. Comme si elle sortait tout juste de la forge. Les runes, qui semblaient naines, parcouraient tout l'acier et accrochaient le moindre éclat de lumière, les faisant luire d'une façon presque mystique. Le manche de bois sombre semblait bien solide, et Nakh n'arrivait pas à déterminer le bois dont il était fait. De toute façon, les questions de branchages, c'était pour les elfes et les termites. Gatak sourit un peu plus en regardant Nakh détailler l'arme.
"-Une hache de guerre runique. Forgé par des mains naines maitrisant l'art runique. Vois-tu, les runes lorsqu'elles sont appliquées pendant la fabrication de l'arme qu'apposées par la suite." Nakh ne comprenait pas mais ce n'était pas grave. "Apparemment, la hache se trouvait dans une grotte, recouverte de moisissures et de poussières, elle devait être là depuis des décennies. Peut-être même des siècles, qui sait ! Mais pourtant, le temps n'as pas l'air de l'avoir affectée. Même pour une arme runique, c'est rare. De plus, elle semble forgé par des mains naines mais elle est trop grande pour un de mes congénères. Cela devait être une commande spéciale ..." Le vieux nain carressa sa barbe, songeur, et reprit : "J'ai fait un peu de runemancie dans ma jeunesse. Je ne reconnais quasiment aucunes runes pourtant. Mais la calligraphie semble bien naine justement ! Cette arme est étrange ... Et je n'ai pas le temps pour la faire expertiser !"
Le nain frappa sur ses genoux pour ponctuer la fin de sa phrase, presque avec agacement.
"-Enfin bref ... Je t'offre cette hache, l'orc." déclara Gatak tout de go.
Nakh releva la tête soudainement, l'oeil écarquillé.
"-Tu déconnes le vieux ?
-Har har har ! Je t'assure que non, mon cher Nakh ! Cette arme runique est à toi, a tout jamais. Mais ... A condition que tu deviennes un Tueur.
-Pas d'problèmes ... J'te massacre qui tu veux, quand tu veux, le vioque."
Gatak l'interrompit d'un geste.
"-Tu m'as mal compris, orc. Je te demande devenir un Tueur avec un T majuscule. Quelqu'un ayant commis une grave faute et devant racheter son honneur au prix de sa vie. Chez les nains, tu deviendrais un Tueur de Troll. Les gens voudront te cracher dessus parce que tu as commis une faute impardonnable. Mais ils ne le feront pas. Car tu seras un Tueur. Et que la mort ne te fait pas peur, car tu viens la chercher.
-Pour lui massacrer la gueule ?"
Le nain commençait à perdre patience. Il avait beau savoir que les orcs n'étaient pas des flèches et que celui en face de lui avait le cerveau qui baignait littéralement dans l'alcool, il avait envie de mettre une grosse quiche dans la tronche verdâtre en lui hurlant d'arrêter de dire des conneries et d'essayer de comprendre un minimum ce qu'il lui offrait, à cette crotte de nez géante. Mais Gatak était vieux, Gatak était petit, et Gatak était au-dessus de cela. Il soupira et se frotta les yeux.
Nakh de son côté, regardait le vieux nain avec un air un peu ... Débile, oui, c'est le mot, débile. Il ne comprenais rien à rien. Mais il avait à peu près compris qu'il allait avoir la belle hache qui brille si il disait oui aux conditions du nain. Alors il dit oui pour avoir le gros jouet qui coupe.
Gatak souffla fortement et lança un regard à son congénère. Le crêteux souffla à son tour, puis apostropha le tavernier.
"-Fini la pisse de chat. Donnez-nous d'l'alcool fort. N'import'quoi. On va en avoir besoin.
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Nakh se réveilla avec un foutu mal de crâne. La vision trouble et l'estomac faisant des voyages entre ses talons et sa gorge lui indiquèrent qu'il avait sans doute pris la plus grosse cuite de sa vie.
Il se trouvait dans une chambre insalubre, sans doute une auberge miteuse. Ses douleurs dorsales lui apprirent qu'il avait dormi par terre, avec une simple carpette pour paillasse. La hache runique que lui avait montré le vieux nain la veille, était posé en travers du lit. L'orc se gratta la tête, essayant de dissiper les méandres brumeux de l'alcool. Et soudain ...
"-P'tain ! Mes tiffs !"
En se tâtonnant la tête, Nakh sentait que ses "tiffs", enfin ses cheveux, avaient pour la plupart disparus, plus exactement, ils avaient été rasés. Seul une bande de cheveux au milieu du crâne et allant jusqu'a la nuque avait survécu. Pourquoi ils avaient disparus déjà ? Ah oui... Le serment. Le serment ? Le Serment ! Il revoyait dans un éclair alcoolisé, comme dans un rêve, le nain lui rasant la tête, tout en psalmodiant une prière naine. La hache entre ses mains, si lourde, qui semblait répondre aux gouttes de son sang coulant sur les runes après s'être entaillé le bras avec le tranchant de larme. Le serment. Son honneur.
L'orc sourit. Un sourire carnassier. En fait, son premier sourire depuis la mort de la gamine.
"-Attends-moi gamine. J'arrive. Et j'embarque plein d'copains dans l'voyage." ---------------------------------------------------------
Quelques mois plus tard (c'est à dire aujourd'hui), Nakh parcourt une route. Encore. De nouvelles cicatrices, des tatouages aux significations abstraites, une haute crête noir-brun maintenue droite par de la graisse animale, de la bière et de la farine, la hache en main, Nakh chemine vers son Destin, suivant la Route de son Serment, pour le conduire à la Mort et racheter ainsi son honneur.
Son serment, il le respectera.
Et il mourra pour cela. Héroïquement, avec gloire et honneur, avec panache.
Et des litres de bière si possible.
Dans la réalité
Âge : Entre 7 et 77 ans. Avez-vous déjà fréquenté d'autres forums, si oui lesquels ? On va dire que non, flemme de chercher le nom des autres. Vos passions : Faire attendre les gens et manger ces mêmes gens. Votre avis sur le forum? Har har har ! Comment avez vous connu le forum? C'est moi qui l'ai crée. De mes propres mains. Phrase fétiche : Tiens, prends cette crotte de nez et va jouer ailleurs. Crédit avatar :
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| | Nakh le Massacreur
Partie IRLCrédit avatar : Deviantartjsaisplusquil'asfaitDouble compte : Non.Vitesse de réponse : Entre un jour et un an.
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