Mea Drivaes Kelonia est avant tout une jeune femme réfléchie. Cela a de grandes conséquences sur ses relations avec les autres que certains qualifieraient de distantes. En effet, la seule personne pour laquelle elle a réellement de l'estime c'est elle-même. Elle a tendance à s'attarder sur les défauts des autres ce qui tend à saper ses relations. La jeune femme a beaucoup de mal à voir les gens comme autre chose que des outils. En revanche, cela ne veut absolument pas dire quelle est asociale, bien au contraire, elle construit énormément de relations, cependant ces liens qu'elle tisse avec les personnes qu'elle rencontre sont juste "applicatifs", elle cherche toujours le meilleur moyen de les séduire, de les manipuler afin de pouvoir en tirer le meilleur parti. Mea passe le plus clair de son temps à jouer la comédie et c'est ce qui l'amuse. Elle adore jouer avec sa propre personnalité, la modeler pour arnaquer monsieur ou soutirer des informations à madame. C'est un jeu auquel elle joue depuis qu'elle a huit ans, l'âge à partir duquel il lui a fallut se construire une identité propre, une vie, une éducation, chose que se gardait bien de faire ses parents. Cela fait donc d'elle une menteuse invétérée.

Dans la tête de Mea, le monde se limite à elle et à ses besoins, ses désirs. Il n'y a pas de place pour les autres, et particulièrement pas pour les relations amoureuses. Certes, il y avait ces hommes qu'il fallait séduire mais cela restait purement professionnel dans le sens ça ne durait pas et il n'y avait aucun sentiment. Mea savait depuis un bout de temps qu'elle n'aimait ni les hommes, ni les femmes. Les hommes sont les pires, ils sont bien trop primitifs et stupides. Construire une relation de longue durée avec l'un d'entre serait terriblement ennuyeux... Mea préférait largement sa vie que certains pouvaient qualifier de débauche mais qui pour elle était plutôt une aventure, un jeu. Il n'y avait rien de plus amusant que de jouer avec les sentiments d'un homme. C'était parfois tellement simple ! Cependant, si Mea peut être méprisante, elle se garde bien de le faire remarquer aux gens qu'elle côtoie. La prudence prévaut toujours, notamment lorsqu'il s'agît de juger un inconnu dont l'apparence est souvent trompeuse.

Les gens travaillant avec Mea la connaissait un peu mieux. Ils n'étaient pas nombreux mais en même temps ce n'était pas facile de trouver des personnes à la fois intelligentes et loyales dans un quartier aussi pourri que celui dans lequel elle vivait. Ceux-ci savaient à quel point les plans de la jeune femme pouvaient être fouillés, rusés, sadiques et tordus. Ils savaient que Mea pouvait passer des semaine à travailler sur une opération dans le seul but de créer plan à la logique impeccable. Connaître Mea, c'était savoir qu'elle était prête à tout pour récupérer une information supplémentaire, c'était savoir qu'il ne valait mieux pas revenir les mains vide quand elle vous demandait de lui rapporter quelque chose, c'était savoir qu'il n'y avait qu'une chose qui pouvait concurrencer sa curiosité: sa cupidité. Mea ne se contentait pas de cumuler des informations pour le savoir. Non, loin de là, pour elle , l'information était simplement le meilleur moyen de se faire de l'argent. C'était le business le plus lucratif de Terra Mystica. Ce genre de travail est dangereux, surtout pour une femme dont l'autorité peut être facilement mise en question. C'est pourquoi dans son domaine, Mea s'était bâtit une réputation de femme sans pitié et particulièrement avec les hommes. Certaines rumeurs courent parfois sur des personnes qui auraient été retrouvées égorgées après avoir passé une nuit avec elle. Ce côté froid et calme se retrouve facilement quand elle a affaire à des situations délicates. Cependant, elle a tendance à préférer les solutions non-violentes car elles sont plus complexes à mettre en place et cela la force à faire beaucoup d'efforts de réflexion, à user de son cerveau sans limitations. Mea déteste les guerres car elle trouve que cela manque énormément de classe. Elle préfère largement les solutions discrètes et tordues même si elles s'avèrent plus longues à mettre en place.

D'un autre côté, Mea vue comme serveuse a une personnalité totalement différente. Elle a appris à sourire de manière fort convaincante aux clients. La jeune femme se force a avoir l'air toujours joyeuse lorsqu'elle sert ses clients ce qui est plus ou moins le cas. En effet, ce travail lui permet d'avoir une personnalité stable lui permettant ainsi de ne pas devenir folle. De plus elle aime écouter et observer les clients, cela lui permet de récupérer de nombreuses informations pas toujours très croustillantes, mais qui pouvaient toutes être utilisées d'une manière ou d'une autre, ne serait-ce que pour augmenter son pourboire. De plus, malgré sa chevelure qui peut attirer l'attention de pas mal de client, elle est devenue experte dans l'art de la discrétion au sein d'une foule. Elle arrive à feindre l'indifférence de manière fort spectaculaire, cela étant, ce n'est pas toujours feint. En outre, si une chose l'énerve bien, c'est l'hypocrisie. Voir un client lui dire des âneries alors que son unique désir est de la séduire a tendance à la mettre hors d'elle. C'est une insulte à sa manière de vivre que de voir des gens qui ne savent pas mentir essayer de lui mentir ou qui manquent de franchise. "Pourquoi essayer de mentir si tu n'y arrives pas, bouffon ?" est généralement le genre de pensées qui lui traverse l'esprit quand quelqu'un essaye de lui faire gober une connerie. Un autre intérêt de son travail de serveuse était que comme elle était la propriétaire officieuse de la taverne, elle ne recevait que très peu d'ordres. Et quand elle en recevait, c'était plus pour la forme qu'autre chose. Mea aimait bien trop sa liberté pour accepter de recevoir des ordres. La période sous la férule de Feris l'avait un peu traumatisée à ce propos.

De plus, Mea voue un culte à Von Luar. Feris lui avait parlé de ce dieu et elle s'était un peu renseignée attirée par sa curiosité. Sa manière de le vénérer s'avéra finalement assez spéciale dans le sens ou elle considère Von Luar plus comme le dieu de la curiosité. Son culte consiste donc à assouvir sa propre curiosité afin de se rapprocher de la vision de son dieu. Elle espère se rapprocher petit à petit de ce dieu en accumulant des connaissances sur tous les sujets possibles. Cependant, comme il est difficile de faire des offrandes à partir d'informations, elle donne une partie des gains qu'elle récupère sur la vente d'informations.

Mea est totalement habituée au climat de Sen'tsura pour la simple et bonne raison qu'elle y a passé toute sa vie de sa vie. Elle connaît une grande partie des habitudes sociales de chacune des classes sociales de la ville. Cela allait du mendiant au petit aristocrate en passant par le riche marchand. Mea avait travaillé des années afin d'être à même de jouer un personnage de chacune de ces classes. Elle apprécie particulièrement les situations dans lesquelles elle doit se déguiser en bourgeois ou en petit aristocrate. Elle trouve à ces personnes une élégance manifeste mais n'a jamais désiré entrer dans une de ces catégories, il y a bien trop de règles et si plier tous les jours enlève le plaisir de l'élégance.

Histoire Mea Drivaes Kelonia n'a jamais été réellement joyeuse. Peu de personnes peuvent se targuer de l'avoir vu ne serait-ce que sourire sincèrement. Et elle se rappellera toujours de la seule personne à avoir réussit à lui tirer un éclat de rire: Holin, un homme très charmant mais surtout extrêmement naïf. Cependant, ce fou-rire n'avait finalement été que l'expression de la pitié de la jeune femme pour le pauvre homme qu'elle avait arnaqué avec une once de joie pour un coup aussi magnifiquement réussit. Elle avait joué l'entremetteuse indirecte entre le jeune homme et elle-même, l'expérience l'avait beaucoup divertie. Mea préférait donc se réjouir de sa réussite plutôt que de relations inutiles avec les autres de sorte qu'elle pouvait paraître parfois assez triste à son entourage . La demoiselle n'avait pourtant jamais été maltraité, c'est juste que son entourage, ses parents ne s'étaient jamais intéressés à elle. Elle n'avait jamais réussit à trouver dans ses relations une quelconque source de joie comme pouvait lui procurer ses passe-temps.

Mea Drivaes Kelonia est née Sen'tsura dans le quartier populaire le 17 de Raël en l'an 86. Son père, Gregos Kelonia, passait la journée à faire la garde à la porte sud de Sen'tsura et la soirée à jouer et boire à la taverne avec ses collègues et la nuit à dormir dans le petit appartement qu'ils partageaient à trois, avec Liane, la mère de Mea. Parfois il arrivait à séduire une femme à la taverne et en profitait pour passer la nuit chez elle, il avait au moins la décence de ne pas en ramener chez eux. Liane Drivaes n'avait pas suffisamment d'autorité ni de temps pour se préoccuper des affaires de son maris. En effet, elle était serveuse à la Paladine, une taverne potable où la bière n'est pas mauvaise et où il n'y avait pas trop de problèmes. Les salaires n'y étaient pas fameux et il lui fallait travailler dur afin de gagner suffisamment d'argent pour le loyer. Parfois il lui fallait même accepter les avances de quelques clients afin de finir le mois. Tous ces éléments ne laissaient que peu de place pour Mea. Liane était la seule à s'en occuper, et encore, elle ne se contentait que de nourrir, laver et coucher l'enfant.

Mea passa donc son enfance seule. Ses journées consistaient soit à rester dans l'appartement à regarder à la fenêtre les gens marcher courir, crier, se faire dépouiller... Soit à s'assoir à une table à la Paladine à regarder sa mère travailler, à observer les clients, écouter leurs récits, leurs conversations, leurs secrets dévoilés. C'est ainsi qu'elle put finalement faire la connaissance de quelques autres enfants, cependant ceux ci ne s'intéressait pas trop à elle. Méa était frêle, ne parlait très peu et ne souriait quasiment jamais.

Finalement Gregos mourut alors qu'elle avait sept ans. Une carriole lui était passée sur le pied alors qu'il était à son poste et la blessure s'était infectée, la famille n'avait alors pas suffisamment d'argent pour lui payer des soins. Mea ne versa pas une larme pour son père, elle était aussi indifférente envers lui qu'il l'avait été envers elle. Il n'avait été pour la gamine qu'un inconnu alcoolo vivant malheureusement dans le même appartement qu'elle. Par ailleurs Liane ne pleura pas non plus. Il fallait dire qu'il lui en avait fait bavé avec toutes ses infidélités et ses plaintes.

A dix ans, Mea connaissait un bon nombre de personnes influentes dans son quartier. Elle avait fait de l'observation son divertissement quotidien. La jeune femme savait souvent qui était le commanditaire d'un assassinat ayant lieu dans le quartier, elle savait quels gamins des rues avaient été engagés pour faire les poches des passants, quels étaient les surnoms des voleurs les plus influents, elle en connaissait même certains de vue. Elle savait même l'identité de quelques assassins. Or, comme elle ne voulait plus vivre au crochet de sa mère qui ne lui adressait même plus un regard, Mea décida d'aller travailler pour un homme dénommé Feris dont les activités étaient pour le moins douteuses mais dont la façade officielle était celle d'un comédien. L'homme lui apprit son métier, à écrire, à lire, à se défendre, la logeait et la nourrissait, en échange de quoi elle recueillait des informations pour lui. Il s'agissait souvent d'observer quelqu'un, de le suivre, d'écouter aux portes ou encore de grimper sur un toi et surveiller une maison pendant toute une nuit. Mais parfois il fallait aller charmer un coursier pour récupérer une missive ou jouer une petite comédie devant un marchand pour lui soutirer ce dont Feris avait besoin.

C'est un peu plus tard, à ses 15 ans, son corps se développant, qu'elle fit la connaissances de jeunes hommes. Puis lassée de leur stupidité et de leur désirs primitifs, elle se tourna vers les femmes. Mais celles-ci lui semblaient bien trop exigeantes et finalement elle se tourna vers elle-même. Après, cela ne l'empêchait pas d'avoir des relations avec d'autres personnes, mais il n'y avait là rien de sentimental. Par exemple Feris se fit un plaisir de trouver des excuses proches du chantage pour profiter d'elle lorsqu'il vit à quel point l'apparence de la jeune fille se développait.

Mea profita de ce travail pour étendre ses connaissances sur les habitants de son quartier. Puis il y eut la guerre, le siège et enfin la prise de contrôle de la cité par le Démon. Le quartier populaire était sûrement celui qui avait le plus souffert. Les flammes en avait ravagé une bonne partie, le reste s'était transformée en cimetière. La jeune femme se souvenait parfaitement des rigoles de sang sillonnant les rues. Sa mère trouva la mort dans l'effondrement de la Paladine victime d'un projectile de catapulte. Heureusement, Mea est une femme et on ne l'obligea pas à se battre, les gardes la laissèrent tranquille. De plus l'influence de Feris l'avait protégée du chaos qui régnait alors dans les rues. Grâce à celui-ci, elle avait échappée à quelques situations très délicates qui auraient pu très mal se finir pour elle. Et puis finalement le mur céda et ce fut la victoire du Démon. La jeune se fichait alors bien de savoir qui allait gagner, Tout ce qui l'intéressait alors était la fin de la guerre pour qu'elle puisse reprendre une vie normale. Et ce fut le cas, sa vie reprit son cours petit à petit, elle put à nouveau faire des représentations avec la troupe de Feris. Elle n'avait jamais vraiment arrêté la collecte d'informations pour Feris, cependant, l'arrivée du Démon en ville décupla la charge de travail qu'elle avait à faire.

Puis enfin arriva le jour où elle compris à quel point Feris ne savait pas gérer les informations qu'elle lui donnait. Il faisait trop de bêtises, il ne savait pas négocier, il manquait clairement d'organisation, et surtout, il était trop têtu et cupide. Et un jour cela lui coûta la vie. L'elfe avec qui il était alors en cours de transaction avait décidé de prendre la main. Ayant sentit venir le coup, Mea avait tout fait pour se sortir d'affaire. La moitié du réseau d'information de Feris fut détruit en une nuit. Les sbires du Démon firent une descente dans le quartier pour arrêter tous ceux qui avaient été dénoncés. Mea avait juste fait en sorte de ne pas être sur la liste, cela lui avait coûté la quasi-totalité de ses économies, mais il valait mieux ça que sa vie. Elle n'avait aucun doute sur le sort qu'on réservait aux femmes en prison.

Cependant, ayant découvert le pouvoir des informations, Mea commença à monter son propre réseaux avec quand même plus de prudence que son prédécesseur. Ses plans étaient plus subtiles, raffinés et sadiques les uns que les autres. Ainsi à mesure que le temps passait son réseau devint de plus en plus grand et stable. La jeune femme avait maintenant plus de vingt-sept ans. Elle avait mis en place des accords avec des aristocrates, avec la garde de la ville, avec des assassins. La plupart de son travail se réglait à l'aide de belles paroles, de comédies, d'arnaques et de pots de vin. Elle prit soin de continuer à se former en suivant les cours de rhétorique d'un professeur éminent qu'elle avait rencontré dans la grande bibliothèque à qui elle avait fait du charme. Ses plans lui apportaient à la fois richesses et pouvoir, mais afin de rester prudente et discrète, elle monta une façade: une taverne dont elle s'arrangea pour ne pas être la propriétaire mais juste une serveuse. La Paladine n'existant plus, Mea récupéra le nom pour cette nouvelle taverne. Ce nouvel établissement lui permit d'avoir accès à encore plus de ragots, encore plus de rumeurs, encore plus d'informations. Elle voulait tout savoir sur ce qui se passait en ville. Qui manigance quoi ? Qui parle avec qui ? Qui va au théâtre ? Qui se marie ce soir ? ... Tout !