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Thane Perennius, amateurisme pur [Mirage] | |
| Mer 31 Déc - 22:33 | | | | Thane Perennius Caractère bien trempé - pas suicidaire pour autant – bornée - tolérante - courageuse (ou lâche, ça dépend des fois et du point de vue) – grand sang-froid – cyclothymique – fiable – tendances kleptomanes Informations Surnom : Pas d'réputation, pas d'surnom! Age : 17 ans Nationalité : Terre Profession : Mercenaire Camp : Neutre Croyance : Aucune, je suis athée! Titre de noblesse : Aucun, je suis du peuple! Lien de Parenté : Oligvar Perennius, frère pour le meilleur comme pour le pire. Mais surtout pour le pire en fait. | Race Humaine |
Caractère
Présenter un caractère est une tâche qui se révèle ardue. Il est dur de faire le tour de tout un esprit avec de simples mots, seuls les actes permettent d'en tirer un bref aperçu général (mais ce n’est pas comme si j’avais le choix).
Thane a un caractère bien trempé doublé toute fois d'une certaine prudence. Elle sait pour s'être prise tant de raclées qu'un mot de trop peut se retourner contre vous. Sans ce fragile équilibre, la mercenaire aurait sans doute finit ses jours broyée sous un rocher comme de nombreux imbéciles avant elles dont la charge bourrine est programmée comme réaction par défaut. Elle a beau être borné (il est dur de la faire douter de ses certitudes), elle garde un esprit assez ouvert, se sachant mortelle et faillible comme tous. Mais, elle se sert aussi de cet argument pour se braquer dans ses choix. Ajoutez à cela qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche et aime avoir le dernier mot. Ce n’est réellement le désir d’énerver son interlocuteur qui l’anime à cet instant précis, mais un réflexe, une logique imparable ainsi qu’une grande confiance en son propre jugement. Heureusement, elle a aussi le courage (ou la lâcheté, ça dépend du point de vue) de choisir de la boucler quand la situation l’exige. « A trop vouloir avoir raison, on finit par se prendre l’avis des autres dans les côtes. » Mais alors qu'elle se voit obligée d’opter pour la prudence plutôt que d'agir pour sa fierté, elle fait preuve d’un grand talent pour « retomber sur ses pattes » et préserver un peu d’honneur. Ainsi elle ne parle pas de fuite mais de « retrait stratégique », pas d’imprudence mais de « surestimation compréhensible de sa position », pas de peur mais de «instinct de conservation parfois mal contrôlé» ou encore de « traîtrise de son propre organisme contre elle » lorsqu'elle faillit. Cela ne fait pas de Thane une lâche, elle a bien trop chargé l'ennemi en hurlant des noms d'oiseaux pour être ainsi qualifiée. Parfois, il faut parfois choisir entre son honneur et sa vie. Et pour elle, il n’y a aucun hésitation à avoir dans ce genre de dilemme. Elle est capable de faire preuve d’un certain sang-froid, en général, face aux spectacles choquants et sort rarement de ses gonds dans des endroits où elle se sent menacée. C’est donc sa famille ou les être envers lesquels elle est assez confiante, qui font les frais de ses crises rageuse et son vocabulaire fleuri.
En effet, pour se recharger en optimisme, Thane rend parfois visite à sa famille ou leur adresse une lettre plus ou moins courtoise, rappelant que c'est elle qui fait rentrer de l'argent, ici. Devenue la principale source de revenue de la famille, elle aime veiller à ce que ce détail leur reste en tête, mais la sécurité de ses proches est l'une de ses principales préoccupations. Et une grande partie de ses payes servent à veiller à leur confort. Thane a sans trop s’en rendre compte, décidé d’endosser cette responsabilité au détriment de son frère qu'elle raille pour son salaire qu'elle juge misérable. Autrefois, ils s'entendaient fort bien. Mais ils virent peu à peu un fossé s'élargir entre eux : ils ont prit des chemins différents, des décisions opposées. L'un creuse son passé, l'autre façonne son avenir. Mais malgré ces désaccords, la fratrie reste soudée. « On ne choisit pas sa famille, alors autant l’apprécier. »
C’est aussi quelqu’un d’extrêmement pessimiste, presque cyclothymique, adepte du sarcasme et de l’ironie. Une véritable rabat-joie qui s'accroche malgré tout car : « La vie est pourrie mais la mort, ça craint encore plus. » Elle a découvert par la suite que tenir des propos motivants rendre les autres plus efficaces dans leurs actions. Se laisser gagner par le désespoir n'est pas productif. « Bon, se faire des illusions, ça fait passer le temps. »
Plus que ses talents pour le maniement des armes, Thane a su démontrer jour après jour un fin esprit d'analyse dont elle se sert pour mettre au point diverses stratégies. C'est d'ailleurs un de ses passes-temps préférés. Chaque jour lui permet d’affûter encore sa réflexion. C'est sans doute cela, son principal argument pour être engagée : un bel avenir de stratège s'offre à elle.
Il est vrai que Thane cherche le plus souvent son intérêt dans les diverses situations et qu’elle privilégie sa survie à celle des autres. Mais c’est tout de même quelqu’un de fiable qui tient toujours ses engagements. Thane s’est, en effet, imposée tout un code d’honneur. Tenir sa parole faisant partie de ses règles, elle évite de la donner pour ne pas le regretter. « Sans éthique plus de retenue. Plus de retenue, plus de paix. Plus de paix, plus de… paix. Bon, vous avez compris l’idée. »
Physique Quand on entend le mot « mercenaire », on imagine toujours ce colosse au regard inquiétant ou l’homme encapuchonné tapi dans l’ombre, ces guerriers mystérieux qui jaugent les autres depuis un coin isolée de la taverne avec comme une sorte d’amusement dans le regard. Ils méprisent les paysans sans histoires enchaînés à une terre, ils raillent les jeunes naïfs qui se précipitent dans le monde sans en connaître le danger, ils dorment quand les savants déclament leur galimatias, ils boivent quand les braves gens s’inquiètent de leur santé, ils tuent quand les lâches décident de s’écraser. Ils agissent loin de ceux qui hésitent, ils vivent dans le présent tandis que les autres imaginent leur avenir. Thane voulait être de ceux-là. Elle avait acquis la manière de penser adéquat suite à une crise d’adolescent qui a bien mal tourné mais elle était encore loin de correspondre à l’image idéale qu'elle se faisaint d'un mercenaire.
C’était une jeune fille âgée de dix-sept années. Elle partait donc avec deux handicaps. Thane, sans être famélique, est plutôt maigre (compte tenu de son alimentation, cela révèle plutôt du miracle), ce qui est assez pratique. Elle n’a pas un corps athlétique et se contente de ses muscles saillants, témoignant de ses efforts acharnés pour atteindre le sommet.
Elle n’a pas hérité des cheveux blonds comme le blé ou des yeux bleu-sagesse de son honorable père, ni même du port de tête et du charisme de sa redoutable mère. Elle porte de simples cheveux bruns encadrant son visage banal, ses yeux sont du marron le plus commun. Son visage n’a pas cette douceur qu’on peut lire en certain ni ce caractère qui attire tant, il exprime toujours cette méfiance n'embellissent guère ses traits. Non, un teint rose, signe de santé, et quelques tâches se sang séché parfois, traces de ces derniers affrontements. Un visage ovale marqué encore par une courbe d’enfance. Elle n’a pas de fossettes, et pourtant elle aurait bien aimé. Son nez est droit, par chance, ce qui laisse un aspect régulier et ordonné à son visage.
La mercenaire porte des vêtements plutôt légers, en tissus ou cuir, car elle considère qu’un équipement trop lourd l’embarrasserait trop dans ses mouvements et qu'elle n'a pas la carrure nécessaire pour porter une armure. Un équipement de cuir, donc, parfois accompagné d'un semblant de couvre-chef. Ses cheveux à l’abandon n’étant pas brossés régulièrement son soit délaissés, soit attachés pour limiter les dégats.
Mais Thane ne cache pas seulement, hélas ses attributs, sous ses vêtements. Si par le plus grand des hasards vous aperceviez son dos nu, vous découvririez une rangée épineuse au milieu du dos qui se trouve bien être un prolongement de la colonne vertébrale. Cette crête est généralement couchée, rabattue. Mais lorsque la jeune fille est secouée d’émotions vives, il arrive que cela s’hérisse. Et pourtant, croyez-le bien elle est lamentablement humaine.
Thane, donc est encore jeune, mais on voit dès le premier coup d’œil qu’elle a quitté la douce enfance depuis des lustres pour la rude réalité. Elle est dans cette période délicate où l’individu se construit et se demande encore quel adulte il deviendra.
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Capacités Arme : une vouge, une petite arbalète, une dague (on n'est jamais trop prudent). Thane maîtrise aussi bien l’épée longue que l'épée courte mais n'en porte pas sur elle, c'est important de connaître les grands classiques. Pouvoirs : aucun, j'suis normale ! Familier : aucun, j'suis seule ! Artefact magique : aucun, j'suis pauvre ! Autre : une sorte de rangée d'épines repliées sur sa colonne vertébrale et 5 sens particulièrement développés
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Histoire "L'enfance est une période d'innocence, une introduction douce avant de se plonger dans le dur bordel de la réalité. En grandissant elle devient un trop lourd fardeau, un poids mort et c'est en nous en libérant que l'on découvre sa propre identité: sa condition de tueur. On naît tous en futurs meurtriers. Nos ancêtres en étaient. Nos descendants le seront. C'est très simple: ce monde est une véritable boucherie. »
Thane - Partie 1 - Rochechoir:
L‘enfance de Thane ne l'a nullement préparée aux nombreuses péripéties qui survinrent dans sa vie. Si vous l’interrogiez à ce sujet, elle vous dirait certainement que ça ne vous concerne en aucun cas.
Le village de Rochechoir n’étant qu’une simple petite bourgade reculée dans le nord de Terre, même les villes des alentours en ignoraient l'existence. Même Thane qui était née dans ce berceau oublié se trouvait incapable de révéler comme était né ce bourbier dont nul habitant n’avait encore tenté de s’y extraire, et ce sans l'aide des agglomérations les plus importantes. Il s’agissait sans doute d’un convoi de paysans à la recherche de nouvelles terres à exploiter qui au lieu de poursuivre leur route vers les villes en pleines expansions qui cherchaient de la main d’œuvre, avaient cru bon de s’arrêter auprès d’un énorme bloc de roche qui d’après sa nature n’avait rien à faire là. Tout indiquait que cette roche en effet, provenait de Sola. Or, même les plus pragmatiques n’expliquèrent sa présence que par un signe divin leur indiquant qu’ils devraient s’établir en ce lieu de future abondance. Ainsi, ils construisirent quelques abris de fortune et bientôt, ces taudis devinrent maisons, ces maisons devinrent fermes, et Rochechoir put prospérer. La foi en leur bonne étoile les animait et leur permettait de lutter fièrement pour la prospérité de leur communauté.
Les habitants restèrent auprès de cette « caillasse protectrice », car elle était censée leur conférer protection. Il y crurent tant est si bien qu’ils s’isolèrent totalement du reste du monde de crainte de voir cette paix réduite en fumée par voleurs, malandrins et autre personnages aussi bien louches que peu fréquentables… Les portes de la bourgades se fermèrent à double tour et avec elles les esprits de ses habitants.
Une véritable hiérarchie s’organisa : Le chef du village commandait tous mais les personnes les plus respectables après lui, les fermiers les plus riches avaient également un certain poids dans les décisions. Tant est si bien que l'on instaura un genre de conseil où chaque grande famille aisée (par rapport aux autres du moins) pouvait envoyer leur représenter pour faire entendre leur opinion ce qui influençait grandement les actions du chef. Venaient ensuite les commerçants revendant au marché les produits locaux à l'extérieur et inversement, seuls à être connectés au monde extérieur et personnes ayant le plus de poids d'un point de vue économique. Et ce, sans avoir pourtant user de ce détail pour s'imposer dans le conseil, évitant alors le risque d'être lapidé sur la place publique. Restaient alors les simples artisans ou autres villageois actifs plus modestes puis les employés de maisons et garçons de fermes. On vit relativement bien à Rochechoir. Mais Thane est certaine que si l'on n'a jamais vu de mendiant en ces lieux, c'était soit qu'ils avaient fait fortune, soit qu'ils avaient été chassés. Elle penchait bien évidemment pour la deuxième solution. En tout cas, il n'y avait nulle trace d’eux.
La venue de nouveaux arrivants était très mal vue et très rare, car peut gagnaient le droit de passer les portes de bois de Rochechoir. En effet, les habitants étaient tous les descendants des fondateurs ou des premiers arrivants s'étant établis avant la création des portes. Les marchands venaient souvent d'ailleurs et étaient autorisés à entrer et sortir à leur guise pour commercer suite à un interrogatoire et une enquête poussée. Sans pour autant venir à des actes criminels ou se barricader, les Rochechuins (nom des habitants de Rochechoir), ou Rochechiens comme certains les appellent, savaient faire fuir les inopportuns tentant de s'installer dans cette sympathique bourgade. Ils effectuaient une sorte de siège, privant les malheureux de tout accès aux ressources telles que l’eau, légumes, etc... Les malheureux finissaient toujours par repartir sans demander leur reste.
La famille de Thane subit le même traitement à son arrivée. A l'époque, elle n'était pas encore née mais sa mère était enceinte de son frère aîné. A peine furent-ils entrés qu'ils se heurtèrent à ce rejet immédiat. Volpel Perennius et sa jeune épouse Saphora arrivèrent en ville, n’ayant pour seuls bien ce qu’ils avaient sur le dos, mais ils n’avaient pourtant pas l’allure de mendiants. Leur désir de s’établir sans avoir pris la peine d’emporter leurs affaires laissait penser qu’ils avaient dû fuir on ne sait quoi. Évidemment, un gringalet et une femme enceinte n’avaient pas l’air menaçant. Mais la suspicion des villageois était d’une grande impartialité. Le jeune couple s'installa dans une maisonnée en retrait du centre où il subirent le même traitement que leur prédécesseurs mais tinrent des semaines sans en souffrir. Si Volpel n’avait pas été apothicaire et Saphora guérisseuse, si le fils d’une famille importante n’avait été frappée violemment par la maladie, le couple n'aurait jamais pu faire ses preuves. Ils prodiguèrent des soins à l'enfant qui fut bien vite sur pied, ce qui laissèrent songeur les représentants du conseil. On admit alors leur présence au sein du village et le siège cessa.
Le jeune couple s’installa donc en retrait (car « on veut bien tolérer des étrangers mais faut pas non plus exagérer ») et c’est en 95 que Saphora put mettre au monde son fils, Oligvar et deux ans plus tard, Thane arriva à son tour.
Les professions médicales des Perennius les rendirent importants pour ne pas dire indispensables dans l'équilibre du village. Ils devinrent honnêtes aux yeux des Rochechuins et même respectables. En plus de soigner, Volel mettait aux point divers engrais pour faciliter le travail de la terre tandis que Saphora jouaient le rôle de sage-femme. La moyenne d'espérance de vie d'un Rochechuins s'en vit sérieusement augmentée tandis que le taux de mortalité infantile chuta considérablement. Il est vrai qu'avant les soins consistaient en une pierre envers le roc et qu'un villageois de 40 était déjà mourrant. Certains finirent alors par les qualifier de bénédiction envoyée par la Roche-Relique.
Une fois ce décor planté, on pourrait imaginer que Thane bénéficia d’un succès et d’une chance honteuse digne des épopées les plus épiques. Mais heureusement, il n’en est rien.
- Partie 2 – De notre éducation:
C'est donc dans ce cadre parfumé au crottin de cheval que Thane passa son enfance. Elle ne connaissait rien d'autre que cette vie rurale en marge des idées nouvelles et des frivolités urbaines. Mais cela ne la satisfaisait pas. Elle en voulait bien plus, n'ayant pas été contaminée par cette peur écrasante de l’inconnu typiquement Rochechuine, ou Rochechienne (comme aiment dire des petits plaisantins). Thane ne cessait de menacer son entourage de « se casser de ce trou pour ne plus voir leur face de demeurés ». Mais étrangement, elle lançait toujours une excuse pour expliquer le fait qu’elle n’ait toujours pas mis sa menace à exécution. Son désir de voyager venait d’un simple trait de caractère : la curiosité, cette avidité vorace, insatiable et gourmande. Elle la satisfaisait au mieux à l'aide de tout ce qui passait à sa portée : un secret, une ombre, une expression inhabituelle, un lieu inconnu entre les grands tas de fumier, etc… Parfois, de l’aube au crépuscule, elle feuilletait des cartes pour admirer l'immensité de Terra qu'elle voulait explorer. Du bout du doigt, elle accomplissait un périple de Terre à Glace en passant par Ciel, elle osait même tenter d'éloigner son index des lieux habités pour indiquer les Limbes. Volpel et Saphora Perennius tentaient de contenir cette enfant bien trop agitée et bien trop curieuse, Thane ne pouvait faire part de ses ambitions aux enfants de son âge, de purs Rochechuins. Elle en faisait donc part à son frère.
Ce denier se différenciait en tous point de sa sœur si l’on écartait leur curiosité, Oligvar étant de nature calme et posée. Il était toujours raisonnable et mesuré, ne faisait aucun écart de comportement. Ce sérieux le rendait aux yeux de Thane plutôt agaçant parfois presque ennuyeux. Mais cela ne les empêchaient pas de s'amuser car elle adorait titiller ce garçon trop gentillet et fifils à papa, faisant des pieds et des mains pour attirer son attention. Mais le jeune garçon passait l’essentiel de son temps à des occupations moins dangereuses et moi puériles que sa sœur, se tournant vers ses études magiques, au grand bonheur de ses parents.
En effet, il était une source de fierté pour eux car il dès sa naissance, il avait démontré une sagesse certaine puis avait dévoilé un don certain pour la magie, chose courante dans une dynastie de mages, certes, mais cela flattait l’orgueil de tous les Perennius.
Quand à Thane, elle démontra un talent plus rare dans la famille et qui surprit bien plus Volpel et Saphora : celui de ne pas en avoir. Elle était incapable de pratiquer la magie. Le potentiel 0, le vide absolu, l’antimatière.
Tout avait été préparé dans cette attente, née une nuit de pleine lune, bénie à la naissance, on lui offrit son premier grimoire alors qu’elle n’était âgée que de quelques mois, Saphora avait cousu avec amour sa robe de magicienne comme elle l'avait fait pour Oligvar. A le petite enfance, on ne la priait pas de dire papa ou maman mais des incantations, les murs de sa chambre étaient chargés de parchemins puissants. La déception n’en fut que plus grande. Bien qu’ils n’aient plus beaucoup d’espoir, les parents guettaient le moindre signe : télékinésie, lévitation, traits enflammés, n’importe quelle manifestation qui aurait pu les avertir. « Après tout, disait le père en haussant les épaules, mon oncle Facirius Melvo Perennius n’a commencé la magie qu’à 28 ans ! ».
L’aîné avait d’abord eu des rêves étranges et aériens. Quant à Volpel Perennius, âgée alors de cinq ans, avait fait pousser durant son sommeil un chêne dans sa chambre qui causa d’ailleurs bien des dégâts, mais passons. Et les autres Perennius avaient eux aussi marqué leur temps. Ils attendaient alors avec espoir. Mais rien n’arrivait, et le temps passait. Ce fut donc un coup du sort que Volpel et Saphora n’avaient pas vu venir, eux dont les familles étaient depuis des générations, sorcières jusqu’à la moelle. Volpel descendant des grands Perennius, Saphora héritière des Zoran moins prestigieux mais tout aussi sérieux.
Mais ce ne fut pas pour une chose aussi petite que les parents n’aimèrent pas et n‘élevèrent pas la fillette. Tout comme son frère, elle reçut une éducation à la maison plutôt que celle que proposait le village que Volpel trouvait débilisante. On leur apprit apprenait la lecture, l’écriture, l’art de la rhétorique, quelques bases d’économie, de culture générale, ainsi que l’histoire et les légendes de Terra et bien d'autres choses.
Oligvar reçut un enseignement au diapason de son avenir prometteur, on lui enseigna la maie, la botanique, l’alchimie, et même le langage des corneilles. Thane prit plaisir à le railler sur l’apprentissage de cette dernière : « C’est tellement con, un piaf ! Qui se ressemble s’assemble !». Et elle le jalousait tant pourtant ! Lorsqu'un exercice de dialogue se soldait par un échec fienteux, elle prenait plaisir à lui lancer qu’elle se demandait comme il faisait pour rester debout après s’être fait jeté par un oiseau. Son frère lui servait d’entraînement, pour affronter ses ennemis, armée de jurons.
En effet, sa relation avec les autres enfants du village était difficile. Les jeune Rochechuins se connaissaient depuis le berceau, leurs parents travaillant ensemble dans les champs, au marché ou dans des ateliers. Chaque mère était aidée par Saphora lors de leurs accouchements, pendant ce temps chaque père allait faire la fête au village pour fêter l’arrivée en cours de son enfant. Thane et Oligvar ayant reçu une éducation à la maison et un accouchement plus discrets, ils n’avaient pas appris le dur travail agricole comme eux et fréquenté leurs semblables assidûment. Les écarts de statuts avaient tôt creusé un large fossé entre l’univers des Perennius et celui des Rochechuins. Thane se montrait assez insolente et susceptible avec les railleurs. Elle sut donc changer les haines sourdes de ses camarades en des dialogues virulents. Ces événements étaient si récurrents que les adultes n’y faisaient plus attention. Parmi ses plus redoutables adversaires, Thane retrouvait Veg Gachard. Un jeune garçon arrogant fils du Père Gachard (fermier dont la spécialité était l’élevage de chèvre et la production de courges) et de la cousine du chef du village. Cela était suffisant pour faire de lui quelqu’un d’important parmi ses camarades. Et la fille d’un apothicaire et d’une guérisseuse respectés mais toute de même étrangers n'était pas de taille et représentait alors une cible de choix pour asseoir son autorité. Il était toujours suivi de près par ses deux amis, Pram Fin-Navet, et Jean Saute-Courge. Ces deux derniers étaient deux simplets qui vouaient un véritable culte à leur leader. Entre Thane et Veg, se déroulaient des joutes spectaculaires au grand bonheur des autres enfants specateurs qui parfois même ouvraient les paris. Mais passons !
La vie à Rochechoir était donc simple, rythmée par les incendies accidentels que déclenchait Oligvar lors de ses cours de Pyromancie et les diverses plaintes du voisinage quant aux bêtises (pour ne pas dire conneries) de sa cadette. Mais leurs existences furent bouleversées par l'arrivée d'un mystérieux individu encapuchonné (je sais, c'est cliché!).
- Partie 3 – L’Envoyé:
Thane n’aurait su dire quand il arriva au village tant il s’intégra facilement. Pourtant cet homme possédait le profil standard d’une personne louche. Il portait constamment un long manteau en toile abîmée de sorte que l’on ne voyait presque aucune parcelle de sa peau. Sa voix était grave et doucereuse. Tout en lui inspirait calme et force. Mais Thane le trouva inquiétant et dangereux : il avait la démarche d’un prédateur qui traquait. Mais elle ignorait alors à quel point elle avait raison.
Il s’agissait d’un simple pèlerin solitaire qui désirait faire une halte dans la modeste bourgade, du moins c'est ainsi qu'il se présenta. Les Rochechins l’accueillirent sans se poser de question car il touchait là un point sensible : la foi.
Tandis que les Rochechuins l’interrogeaient, il leur racontait ses croyances et ses principes religieux qui laissèrent les villageois assez dubitatifs au début. Mais il parvint peu à peu à trouver des fidèles pour son culte. Rien de très important en premier lieu. De loin, les Perennius voyaient les choses se faire et pensaient qu’il ne s’agissait là que d’une mode qui ne durerait qu’un temps et qu’une fois lassés, les Rochechuins chasseraient l’étranger. Mais la situation commença à dégénérer.
Vous raconter comment le pèlerin sut imposer une suprématie incontestable sans que nul ne s’en rende compte ? Cela serait difficile. Impossible de dire où commença cette mascarade et où l’étendue réelle des dégâts qu’elle engendra se termina. Mais bientôt, Rochechoir fut tout entier sous sa coupe. Thane n'avait guère besoin de sagesse pour le voir, du haut de ses douze ans : on chassait les prêtres qui vivaient au village, on détruisit les autels du roc, et les idoles qui ne pouvaient rivaliser face à une foule aveuglée par la peur et le fol espoir d’être protégé de tout.
Bientôt le regard du prédicateur se posa ailleurs, plus à l’écart du village, une petite maison où vivaient deux mages et leurs enfants.
« La magie... » disait-il « La magie est la pire engeance que la dépravation de l’homme puisse créer. Les sorciers, les mages et tous ces charlatans ne sont que les suppôts de cette catin. Ils prétendent qu’elle sert les hommes, mais elle les asservit et les plonge dans le chaos. Ils lui offrent tout dans l’espoir d’obtenir le pouvoir : leurs âmes, leur chair, et la mort d’innocents pour leurs rites monstrueux. Mais vous, vous vivrez. Vous serez sauvés ! Votre relique vous a protégé de leurs enchantements, toutefois il faut agir vite. Leur présence ronge chaque jour un peu plus son pouvoir. Nul ne peut raisonner ces serviteurs infernaux, seule la mort peut les délivrer de leurs chaînes. L’éradication de ce mal est la mission la plus sacrée et la plus juste qui soit. »
Les Perennius se sentirent plus concernés par cette folie qui envahissait Rochechoir telle une maladie, rongeant peu à peu le fragile équilibre qui les avait préservés.
Volpel décida de prendre les choses en main. Il rendit visite à L’Envoyé (nom que les Rochechuins lui donnèrent). Lorsqu’il revint, il sembla plongé dans une grande peine, épaules tombantes, regard lointain et l'esprit ailleurs. C’est à partir de là qu’il commença à préparer des sorts de protection, enfermé dans son bureau et qu'il se remit à la correspondance. Il avait tout le temps pour cela désormais, puisque les villageois ne voulaient plus de leurs services. Et malgré toutes ses tentatives, Thane ne parvint pas à découvrir l'identité de leur destinataire. Saphora, elle, n’était pas en meilleur état. Elle avait perdu son travail elle aussi. Mais Madame Perennius consacra alors son temps à s'occuper de ses enfants et cultiver un potager pour ne plus être obligée de se rendre au marché où elle ne se sentait plus la bienvenue. Les villageois les craignaient, eux mais aussi leurs enfants qui devaient leur succéder dans leurs tâches diaboliques. Volpel fut celui qui en souffrit le plus. Il se laissa sombrer un peu plus chaque instants dans une terrible angoisse qui le réveillait au beau milieu de la nuit, et l’écrasait durant le jour.
- Partie 4 – Fanatiques:
Le départ des Perennius fut en l’an 112, Thane ne se souvenait pas de la date précise bien que ce fut un jour marquant dans sa vie. Un véritable tournant. Elle était alors âgée d’une quinzaine d’année. La journée fut très banale. Elle commença comme un autre, innocemment, imperceptiblement mais sûrement.
La veille, des Rochechuins avaient saccagés le potager, c'est pourquoi Thane alla se risquer au marché du village. Ils n'allaient tout de même pas jeûner pour une bande de pécores ! Cela n'était qu'une activité banale du quotidien, mais l'adolescente se trouvait un peu nerveuse car cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas éloignée de la maison. Nerveuse, et pourtant elle fulminait. Elle rageait, maudissait les culs-terreux qui avaient osé détruire le fruit du travail acharné de sa mère. Certes, cette dernière insistait sur le fait qu'ils ne disposaient d'aucune preuve tangible pour ces accusations, mais Thane se doutait que cette pancarte « Barrez-vous, sorciers ! » retrouvée parmi les restes de ce qui étaient autrefois des courges n'était pas arrivée là par hasard. Et cela lui laissait penser qu'il ne s'agissait pas d'une catastrophe naturelle.
Thane, donc, enjamba le tas d’immondices qui apparaissait quotidiennement devant leur porte et se dirigea vers le centre. Elle descendit les petits chemins ombragés par les arbres sereins et vit sa voie dévoucher sur une allée plus large et plus bruyante. Là, elle arriva à destination : la grand place (bien que le mot “grand” fût sans doute un terme exagéré) où trônait la roche-relique.
La place était toujours aussi animée que dans son souvenir. Mais quelques détails trahissaient de grands changements. Le port d'amulettes religieuses par la totalité des villageois, par exemple, mais aussi les vêtements blancs et simples qui remplaçaient la tenue colorée traditionnelle Rochechuine. Finies les couleurs vives d'autre fois, place à l’immaculé linceul de la foi.
Thane n’eut aucun mal à identifier la marchande de légumes. Elle la reconnut aussitôt, la Mère Samure, cette grosse femme, enflée, dont le tissu de sa robe était tellement tendu qu’il semblait sur le point de craquer à chacun de ses mouvements. Elle était plantée derrière son étalage et scandait d’une voix de stentor « Ils sont bons, mesdames! Acheter l'kilo d'choux et la soupière est offerte! »
L'adolescent prit une profonde inspiration pour se donner du courage et prit un air calme et détendu tandis qu'elle se rapprochait. Alors qu'elle attendait son tour pour s'adresser à la vendeuse, elle sentit aux regards plantés dans son dos que les Rochechuins la reconnaissaient sans peines. Il est vrai qu'elle ne passait pas inaperçue en gris dans cette foule blanche. Thane osa enfin d'adresser à Mère Samure :
- Bonjour Mère Samure, alors comme ça on peut gagner une soupière?
Bien évidemment, Thane ne s’intéressait guère à cette promotion mais ce genre d'entrée en matière permettait souvent d'entamer une conversation détendue sur le quotidien. Rien de bien intéressant en perspective.
- Ah mais s'pas pour vous, ça! s'écria la Mère Samure en la reconnaissant.
- Mais...
- Vous d'vez avoir une sort' d'chaudron pour lancer vos sortilèges, non?
- Pour lancer nos quoi ? s'écria Thane, stupéfaite.
- Vos putains de malédiction! Hier, les chèvres du Père Gachard ont fait des p'tits tous maigres! La moitié y sont passés!
L’adolescente sentit les regards sur elle s’alourdir. Elle savait que désormais tous les malheurs leur serait mis sur le dos. Elle déclara d'un ton polie mais dur :
- On n'y est pour rien. Et puis c'est que des chèvres, non?
- Ces chèvres nous font vivre j'vous l'rapelle! Et pour la soupière, c'est non !
- J’n’en veux pas, moi, de votre soupière. Moi je veux juste acheter des poireaux.
- Mais qu'est-ce tu m'viens m'voir et m'parler d'choux, s'tu veux aut' chose ?!
- Mais c'était pour parler, quoi !
Thane éclata. La tension était palpable, aussi tâcha-t-elle de se calmer. Elle se frotta la nuque nerveusement. Cette discussion devenait dure à supporter.
- Bha moi j'cause pas aux sorciers! cracha la Mère Samure.
- Et qu'est-ce que vous êtes en train de faire là ?
- Moi j'vends des choux! Que t'en veux ou pas? répliqua la vendeuse, imperturbable.
L'adolescente poussa un soupir de rage, un expiration de frustration puis reprit d'un ton maîtrisé mais froid :
- Je veux des poireaux. C'est combien?
- 30 l'kilos.
- Hein? demanda Thane n'en croyant pas ses oreilles.
- 30 le kilo!
- Mais ça a triplé ?!
- C'est vot' tarif ! répliqua la vendeuse.
- Comment ça, mon tarif?!
- Le tarif des sorciers!
- C'est un scandale! s'écria Thane. Du vol!
Ce mot déclencha en Mère Samure une réaction terrifiante. Son visage s'enflamma, virant à une curieuse teinte bordeaux, ses mains tremblèrent de rage, elle semblait sur le point de d’exploser, soufflant des naseaux à la manière d'un taureau prêt à charger. Mais au lieu d'en faire autant, elle fit volte-face et appela d’une voix rauque un autre commerçant.
Elle avait interpellé le vieux poissonnier. Ce dernier leva alors la tête alors qu'il tranchait la tête d'un superbe merlan. La lame frôla son pouce, le fils du vieillard poussa un gémissement face à la maladresse de son "crétin-de-père-qui-devrait-être-à-la-retraite-depuis-l’temps".
- Qu'avez-vous là, Mère Saumure?
- La p'tite garce qui m'dit que mes poireaux c'est du vol!
- Ils sont très abordables! affirma le vieux poissonnier.
- Mais vous vous foutez de moi! Elle me fait payer le triple! protesta Thane.
- Qu’est-ce que vous en pensez, M’dame Gervis? lança Père Gagin.
La jeune femme en question était l’une de ces marchandes ayant le rare privilège d’aller et venir entre le village et les agglomérations voisines. Elle s’enorgueillissant tant, d’attirer ainsi la curiosité de ses amies commères, qu'elle avait adopter les manières femme bien née, usant de milles expressions polies et raffinées. Véritable caricature de la noblesse.
- Rien, très chère. Ils coûtent si cher en ville!
- C'est un complot! marmonna l'adolescente dans sa barbe. Depuis quand on devrait payer autant!
- Les prix dépendent des récoltes ou des marées plus ou moins importantes... lâcha le Père Gagin qui frôla encore son pouce avec sa lame arrachant un autre gémissement à son fils.
Une vielle cliente interpella la Mère Samure qui se détourna aussitôt de Thane et reprit son sourire commercial. Elle roucoula d’un ton mielleux.
- Que voulez-vous ma p'tite Dame?
- Des poireaux, Mère Samure.
- Combien?
- Un kilo.
- Voilà! Ça f’ra 12 pièces! Passez le bonjour à vot' n'veux! ajouta la vendeuse en regardant sa cliente s'éloigner.
- Et ça, ça dépendait de quoi? De la tronche du n’veu ? s’écria Thane, scandalisée.
- Tu les achètes ces choux, oui ou non ? s'impatienta la Mère Samure.
- Non! Plutôt bouffer de la terre !
La vendeuse lui fit un signe des plus grossiers qui lui suggérait expressément d'exécuter ce projet. Thane fila alors sans demander son reste, optant donc pour un repli stratégique. Elle se rappelait les recommandations de sa mère sur sa conduite, et se rendit compte qu'elle n'avait bien sûr respecter aucune de ses consignes. Tant pis. Crise ou pas, ce n'était pas maintenant qu'elle allait se discipliner.
Elle n’afficha ni peine ni frustration mais la rage la submergeait peu à peu. Elle en venait presque à souhaiter que les rumeurs soient fondées, qu’elle soit capable de réduire en cendre le village et tous ces habitants, « …eux et leurs putain de poireaux ». L'adolescente se résigna à rentrer chez elle les mains vides. Alors qu’elle remontait le chemin, elle sentit une main l'agripper. La jeune fille fit volte-face, prête à griffer ou mordre son agresseur. Ce n’était pas un assassin mais une vieille femme.
Mère Macaste était toujours toute sourire, son regard semblait doux et réconfortant. Elle était autrefois voisine des Perennius mais les maisons environnant leur maison avaient été désertées et l’ancienne avait été l’une des premières à prendre la fuite pour une habitation plus proche du temple.
- Ça ne va pas ?
- bah je rentre du marché.
- Ah! Qu'as-tu trouvé de beau?
Cette question n’était ni agressive ni indiscrète. Thane se radoucit. Il lui sembla que la vieille femme n’était pas armée et elle ne voyait aucune cachette pour une quelconque embuscade.
- Rien.
La veille femme semblait au courant des récents événements. Les nouvelles allaient vite en Rochechoir. Elle ajouta d'un ton apaisant :
- Tu sais, ne leur en veux pas. Ils ont peur.
- Peur ?
- Oui, de la magie. La peur provoque le rejet. Et cela fait souffrir des deux côtés. C'est instinctif, tu sais.
- Ah.
“Logique… ?” songea Thane, dubitative.
Il était rare de voir des Rochechuins tenter de voir lucidement la situation. Cela la surpris mais la consola.
- L'instinct est un cadeau de nos dieux.
- Si vous le dites.
- Ils nous l'ont donné pour déceler le mal. Et le mal, c'est la Magie et tous ceux qui la pratiquent!
- Je vois… marmonna Thane en fronçant les sourcils.
Elle aurait du se douter qu'ils étaient tous les mêmes.
- Tu n'es pas comme tes parents, tu as été protégée, Thane. Ils t'ont permis d'échapper au joug de la magie. Ton frère n'a pas eu cette chance. Toutefois, nous pouvons encore les sauver.
Thane voulut se dégager doucement de manière à ce que la Mère Macaste ne croît pas en une fuite ou quelque chose qui y soit semblable. Mais malgré son aspect frêle et inoffensif, la vieille femme avait de la poigne.
- Notre prophète dit qu'il n'y a que les âmes de ces damnés que nous pouvons libérer de la magie. En les brûlant! Leurs corps partiront en fumée et leurs âmes iront rejoindre notre dieu![/b]
Cette idée semblait la rendre très enthousiaste.
- Je n'aime pas trop vos histoires.
- Ce ne sont pas des histoires. C'est la réalité.
Miraculeusement, Thane vit les doigts de Mère Macaste se desserrer et en profita aussitôt pour se dégager vivement. Elle recula d’un pas pour mettre de la distance entre elle et la veille femme puis lâcha :
- Retourne couver ta tombe, veille peau. Tu crèveras avant que ça n'arrive.
Sur ces mots, elle la quitta. Derrière elle, la Mère Macaste lui sommait encore:
- Tu brûleras avec eux !
Thane rentra chez elle et ne quitta pas sa chambre de la journée. C'est lorsqu'elle vit une villageoise se soulager devant leur porte qu'elle pris une décision.
- Il faut que j’aille me défouler.
Elle sentit alors la rage lui écraser le cœur. S'ils voulaient la guerre, ils l'auraient.
- Partie 5 – Oeil pour oeil:
Ce soir-là, Thane se glissa hors de chez elle, discrète comme un ombre. Elle préférait désormais le calme nocturne de Rochechoir à l'activité diurne car aucun villageois ne traînait dans les rues au coucher du soleil. Le prophète avait, en effet, imposé un couvre-feu. « C’est lorsque la lune est pleine que les forces maléfiques sont les plus puissantes ! » disait-il. Autrefois, les Rochechuins veillaient et riaient après une dure journée de labeur, mais à présent, au coucher du soleil la ville prenait un aspect fantomatique.
Thane s’installa sur la grande place, en tailleur, les yeux fermés, l’esprit vagabond. L’adolescente se sentait bien et étrangement sereine, comme apaisée par la nuit. Elle leva la tête vers le ciel, songeant alors que ces pécores ne savaient pas ce qu’ils rataient : dans le ciel d'encre, la lune délavée luisait d'une lueur bleutée. Le silence était comblé par les bruissements des herbes sèches. C'était beau.
- Si on me voit, on va penser que je suis en train de préparer un rituel. murmura-elle en inspirant à plein poumon. Je devrais rentrer.
Thane se releva donc. Elle épousseta d'un revers de mains un dépôt de poussière imaginaire sur son épaule. Mais alors qu'elle faisait mine de s'éloigner, elle sentit un contact chaud sur son dos. Cela la fit sursauter et lorsqu'elle se retourna elle devina aussitôt de quoi il s'agissait: de la...
- Merde ?! Qui a fait ça?
Elle entendit un rire. Ce rire... Ce rire qu’elle ne connaissait que trop bien… Thane se retourna et lança un regard noir au responsable, Veg Gachard.
- Alors, ça fait quoi de se prendre une merde dans le dos? demanda-t-il en pouffant.
- Le même effet que de te regarder. lui répondit-elle d’un ton sec.
- Répète un peu pour voir! s'énerva Veg.
- Le même effet que de...
- Te fout pas de moi !
- Ferme-là, sale paillousse. Retourne creuser dans le tas de crottin qui te sert de trou.
- C’est aussi le tien !
Les deux acolytes du garçon se tenaient à ses cotés. Leur manière de tourner au tour de leur leader évoquait celles des mouches agglutinées sur une charogne. Leurs expressions béates s'étaient changées en rictus de haine en apercevant la fille des sorciers.
- Eh, Veg ne la laisse pas te parler comme ça ![/b] s'écria Jeannot
- La garce ! grogna Pran.
Thane bouillonnait. Toute sa rage et sa frustration retenues se libérèrent.
- Dis, qu'est-ce que t'attends! Ce que t'as entre les jambes, c'est pour décorer? s'écria-t-elle dans un rire nerveux. Mais vas-y Veg ! Montre-nous que t’es un homme ! Tu me fais pitié ! Minable !
Veg restait immobile, les poings fermés. Il semblait se retenir de passer à l’acte. A ses côtés Jeannot et Pran le fixaient avec espoir, avec ce petit regard qu’ont les enfants naïfs qui attendent un signe. Il cracha :
- Ferme la, toi! T’sais que ta famille et toi vous êtes plus crédibles. Vous aimiez bien, hein ? Vous aimiez quand on vous baisait les pieds pour recevoir des soins ! Surtout toi, et pourtant tu sers à que dalle ! Tu nous regardes de haut mais au fond, t’es pas mieux ! T’es normale !
Il venait de toucher un point sensible.
- Me compare pas à vous ! Je vaux mieux que toi et ta bande de pignoufs ! T’es qui pour causer comme ça ? Hein ? RIEN ! Si tu crevais, on s'en ficherait complètement ! Et c'est pareil pour tout le monde, ici ! Ce trou perdu ne manquera à personne ! J’espère que vous allez tous crever ! aboya Thane.
Soudain, elle entendit un sifflement près de son oreille. Quelque chose venait de fendre l’air avant de s’abattre sur le coté de son crâne. Le choc fut si violent que Thane s’écroula. Étrangement, elle ne sentit pas le contact froid des pavés mais un liquide chaud. Elle en conclut qu’elle avait chuté dans le caniveau. Cela expliquait le fait que ses yeux soient soudainement embués. Elle tenta de se relever à l’aveuglette, d’une main incertaine cherchant un appui, mais elle retomba mollement sur le côté tant sa tête tournait. Thane parvint enfin à distinguer ce qui l'entourait réalisa alors : Rouge.
« Je saigne ! »
Le côté droit de son visage était douloureux à cause du coup et le tournis était sans doute dû au choc. Mais c’était sans doute en se heurtant contre les pavés qu’elle s’était blessée.
« Bordel, je saigne ?! »
Malgré ce que lui coûtait cet effort, elle tourna la tête et dévisagea Veg qui se tenait derrière elle. Il restait là, les bras ballants, aussi choqué qu’elle et serrait entre ses mains, si fort que le bout de ses doigts en rougissait, une masse en bois. A ses côtés, ses camarades, Jeannot Saute-Courge et Pran Fin-Navet étaient bien pâles. Les trois adolescents contemplaient cet instant sous le signe de la peur. C’est après des secondes interminables qu’une voix s’éleva dans le silence, il s’agissait de Jeannot.
- Merde ! Qu’est-ce qu’on fait ?
Thane voulut hurler: « Aide-moi à me relever avant que je me vide de mon sang, abruti !!! », mais elle ne pu que pousser un faible gémissement : elle sentait qu'elle était sur le point de tomber de défaillir. La vue de son sang qui s’écoulait dans le caniveau lui donnait la nausée. Veg qui semblait enfin revenir à lui prit la parole:
- Faut finir le boulot ! Sinon, elle va tout répéter et on va se faire buter !
Il eut un grand silence. Ni Thane ni les deux acolytes n’osaient croire ce qu’ils entendaient.
« Hein ?! »
Jeannot posa une main sur l’épaule de son chef et demanda, inquiet :
- Tu déconnes, hein ?
Veg l’ignora et le repoussa. Il se précipita sur Thane, armé de son bout de bois. Le garçon était hystérique:
- Elle connaît nos visages !
Il se rapprocha encore, prit son élan. L’arme resta suspendue en hauteur pendant un instant d'hésitation, avant de s'abattre. Heureusement pour elle, Thane perdit conscience avant de sentir le coup qui fut suivi par un second, par un troisième, et un autre, et encore un, et…
- Partie 6 – Soins d'urgence:
Thane entrouvrit les yeux avec peine, ses paupières semblaient affaisser malgré ses efforts. Le sang coulant de son crâne ruisselait sur son visage, brouillant alors sa vision. Prenant appuis sur ses coudes et ses genoux, elle tenta de se relever mais une douleur stridente emplissait tout son corps. Surprise, elle retomba mollement dans un gémissement pitoyable. Le craquement sinistre qui en résultat lui donna la nausée. Étaient-ce ses os ?
- Thane ?! C’est toi ?!
- Maman ? articula Thane avec difficulté.
Elle l'avait parfaitement identifié. Et bientôt, l'obscurité fut remplacée la présence de sa mère. Thane lut l'effroi sur son visage.
- Qu’est-ce que… c'est que ce b… bordel… balbutia Saphora.
« Ce bordel, c’est moi. »
Elle vit sa mère faire volte-face, appelant son père. Des pas précipités lui répondirent. Thane parvint à identifier ce qui l'entourait avec plus de précision. Elle reconnut immédiatement ce décor qui lui était bien familier. Elle devait se trouver non loin de leur propriété, peut-être même devant leur maison. Peut-être étaient-ce ses camarades qui l'avaient rapatriée...
- Aide-moi à la poser sur la table. s’écria Volpel.
Thane ferma les yeux tandis qu’ils la soulevaient. Elle sentit des mains tremblantes lui saisir les chevilles et les poignets, le sol se détacher d'elle, la chaleur quitter son corps. Des pas précipités tonnaient, la luminosité variante lui indiqua qu'il traversaient divers pièces de la maisons plus ou moins éclairées. Plusieurs fois, elle se cogna la tête contre un meuble et poussa un gémissement pitoyable. Une voix tremblante demanda :
- C’est qui ?
- C’est ta sœur. lui répondit Volpel.
Lorsqu’on la déposa sur la table, elle ressentit un grand soulagement. Et tandis qu’on examinait son corps douloureux. Elle murmurait de sa voix essoufflée, elle racontait. Sa rencontre, le choc, les coups, tout.Bientôt elle fut interrompue par des sons intelligibles émanant de sa gorge, elle ne parvint plus à articuler un seul mot. Elle s’étranglait.
- Où-est-ce que tu as mal ? demanda sa mère.
L'adolescente fille poussa un gargouillis inquiétant en guise de réponse. Elle rouvrit les yeux, dévisagea sa mère, tentant de lui adresser un sourire brave pour faire bonne figure. Mais le coté de droit de s Thane la regarda et lui sourit. La partie droite de son visage s’affaissant, son expression se changea en un rictus grimaçant donc un léger filet de sang s'écoulait. Bientôt, les sons s'assourdirent jusqu'à se voir remplacer par un sifflement aiguë et continu. Thane tenta de relever la tête pour s'offrir un aperçu des dégâts. Cette vision eut raison de ses dernières forces : elle s’affaissa et commença à pleurnicher.
« Bordel, je veux pas mourir… Pas comme ça… Tabassée par des pécores… Je veux pas crever…»
Tout semblait s’effacer, tout se brouillait ou plutôt la lumière envahissait son champ de vision. Ses poumons se vidèrent, un souffle chaud quitta son corps. Elle avait froid. Elle ne parvint pas à reprendre une inspiration.
à suivre : ...... Dans la vraie vie Âge : 16 ans et demi Comment avez-vous connu le forum ? Le bouche à oreille Avez-vous déjà fréquenté d'autre forum, si oui lesquels ? Oui mais je ne sais plus. Vos passions : Ecrire, lire, écouter de la musique, manger du saucisson... contredire, ça compte? Que pensez-vous de Terra Mystica ? Avez-vous des suggestions pour l'améliorer ? Fabulesque, seul problème: au début on s'y perd. Avez-vous rencontré des problèmes pour remplir votre fiche? Non, je suis lente, c'est tout. Phrase fétiche : Ce sont toujours les cons qui l'emportent. Question de surnombre.
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| | Jeu 1 Jan - 11:44 | | | | Tu devais pas poster la fiche complète ? (a)
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| | Roxanne Sombresang
Partie IRLCrédit avatar : Vergil DMC Double compte : Sourv Vitesse de réponse : A l'inspiration !
| | Lun 30 Mar - 23:25 | | | | J'ai dû choisir entre mon envie de poster une fiche complète du premier coup et ma fierté qui me poussait à poster avant 2015 Apparemment je suis plus fière que maniaque EDIT : cette fiche est toujours d'actualité
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| | | Dim 10 Mai - 10:19 | | | | Cette fiche est... toujours d'actualité.
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| | | Dim 10 Mai - 10:23 | | | | J'ai déplacé ta fiche dans la bonne section ^^ Il y avait toujours marqué "en cours" dans le titre donc on n'y avait pas touché avant. Je m'occuperais de sa modération au plus vite Bonne journée à toi ^^
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| | Mirage
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse : Rapide
| | Ven 15 Mai - 20:10 | | | | D'accord. Merci beaucoup
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| | | Mer 20 Mai - 21:55 | | | | Je m'excuse complètement de ne pas avoir modéré ta fiche plus tôt. En ce moment c'est période d'exams (bon pas d'exams très importants pour moi mais le tout est encadré de taaaaaas de contrôles donc c'est quand même un peu chaud) du coup je n'ai pas eu trop le temps ni la motivation de me pencher sur ta fiche. Cependant, ayant demain trois heure de permanence au milieu de la journée, j'aurai 10 fois le temps de procéder à ta modération sauf imprévus Je te dis donc à demain et bonne soirée ^^
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| | Mirage
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse : Rapide
| | Jeu 21 Mai - 23:15 | | | | Ce n'est rien, j'ai moi aussi quelques exams qui me prennent du temps. De toute manière ma fiche n'est pas tout à fait terminée ...et bonne chance pour ses examens
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| | | Ven 22 Mai - 6:22 | | | | Merci. Et j'ai besoin que ta fiche soit achevée pour la modération, préviens-moi lorsque elle le sera s'il-te-plaît =o
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| | Mirage
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse : Rapide
| | Jeu 16 Juil - 17:21 | | | | C'est d'accord EDIT : toujours d'actualité reEDIT : encore et toujours d'actualité...
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| | | Dim 30 Aoû - 4:57 | | | | petit double post pour prévenir de la reprise en main de cette fiche. Elle sera finie d'ici quelques jours.
Elle est donc à nouveau en activité...
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| | | Dim 30 Aoû - 9:34 | | | | C'est noté
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| | Mirage
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse : Rapide
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