• Aisling • [Mirage]

Aisling (prononcer Ashline) n'est pas quelqu'un de particulièrement hargneux, mais elle dégage une sorte d'aura inquiétante. Rien de bien méchant, mais au moins cela tient la plupart des gens à l'écart, ce qui fait bien son affaire. Elle peut être froide  et distante au premier abord, mais lorsqu'elle s'attache à quelqu'un, elle ne fait pas semblant. Enfin, du moment que vous ne lui faites aucune crasse. Dès lors que vous aurez trahi sa confiance, n'espérez plus la récupérer (ou au prix d'efforts et de patience infinis, et encore). Amoureusement parlant aussi, elle a appris à se détacher très vite. Il n'y a rien qu'elle ne chérisse plus que sa liberté.
Sinon, elle voue un immense amour à la nature et aux animaux. Notamment à la neige. Elle adore faire de longues balades en solitaire dans les forêts enneigées. Mais cet amour pour la nature ne l'empêche pas d'être cruelle. Il lui arrive (lors de ses ébats amoureux par exemple) de mordre son partenaire et de lécher le sang qui en coulait (Non non, ce n'est pas un vampire).
Aisling est en somme une personne que l'on pourrait qualifier de sauvage indépendante passionnée.

C'était donc ça la mort ? Ressentir une telle souffrance que vous ne sentez plus aucune partie de votre corps ? Aisling ne voulait pas mourir. Elle n'avait que quinze ans. Un voile noir passa devant ses yeux. Elle toussota et un filet de sang s'écrasa sur son menton. Elle... devait... s'accrocher. Pourquoi... Chaque respiration lui coûtait. Le flot de sang s'écoulant de son ventre perturbait le flot de ses pensées. Pourquoi...

D'incohérents souvenirs tentaient d'émerger. Une bête sauvage, une once, terrible et implacable qui fond sur sa mère. Que fait-elle là ? En ville ! Aisling ne la voit pas. Elle la sent. Non, c'est plus profond que ça, elle la ressent. Elle ressent les muscles puissants rouler sous la fourrure (pas vraiment) immaculée et la vie brûler en elle, sauvage. En elle ?! Aisling sent la part d'humanité qui subsiste en elle flancher, abandonner face à l'instinct animal. Elle se terre au fond d'elle-même et ferme les yeux. L'once érafle la joue de sa mère, puis bondit derechef pour mordre l'homme qui arrive en courant. Mais elle est stoppée par le couteau de cuisine qu'il vient d'enfoncer dans son ventre en glissant sous elle. Grognement sourd, douleur sourde. Le père d'Aisling se détourne de l'animal pour prendre sa femme dans ses bras. Il se retourne mais déjà la bête est partie.

"Où est Aisling ? demanda-t-elle, encore tremblante.
-Elle m'a dit qu'elle partait se balader avec Mickaël.
-Tu es sûr que la panthère est hors d'état de nuire ?
-Oui, et Mickaël est un soldat, Julie.
-Tu as raison, je suis encore sous le choc."

Aisling était sonnée. Qui était-elle ? Qu'était-elle ? Un monstre. Elle pleurait. De chaudes larmes inondaient ses joues, en même temps qu'elle reprenait forme humaine, recroquevillée sur elle-même. Allait-elle mourir ? Cela vaudrait sûrement mieux pour tout le monde. Mais... elle ne voulait pas. Où était-elle ? Elle se redressa en posant un coude sur la neige et gémit de douleur. Elle apercevait des maisons non loin. Il y avait même des gens sur le perron.

Eehh ! Ohoh... cria-t-elle, la voix éraillée.

Les hommes devaient avoir une très bonne ouïe car ils l'entendirent et se tournèrent vers elle en un parfait ensemble. Ils la repérèrent immédiatement et elle s'évanouit.

Aisling cligna des paupières. Rah... elle avait encore oublié de fermer les rideaux. Elle étouffa un juron et se leva. Rectification, tenta de se lever. Elle poussa un cri sous l'effet de la douleur. Aussitôt une femme ronde, qui lui était parfaitement étrangère entra dans sa chambre. Sa chambre ? Non. Une petite chambre, accueillante et chaleureuse. Mais que... Aisling avait l'impression qu'on lui avait planté un couteau dans le ventre. Elle baissa les yeux et découvrit, effarée, l'épais bandage qui couvrait son abdomen. Les souvenirs affluaient. Elle laissa s'échapper une larme. La femme se dirigea gauchement vers elle et la prit dans ses bras.

Aisling passa deux mois chez Marte et Fred. Elle raconta que ses parents avait été assassinés et qu'elle aussi avait failli y passer (ce qui n'était pas faux). Durant ces mois, elle réapprit à bouger, à vivre. Elle passait des heures à se transformer, et découvrit avec délectation qu'elle pouvait aussi devenir oiseau, serpent, cochon (pourquoi pas ?). C'était dur, exaltant.

Elle devait faire son deuil de sa vie d'avant. Faire son deuil de ses parents. Comme eux allaient le faire d'elle. Elle ne pourrait plus jamais les regarder en face. Elle avait tenté de les tuer !
Mais elle était libre, et vivante. Et elle ne les oublierai jamais. Qu'allait-elle faire maintenant ? Elle allait vivre. Et comme dit l'adage : "Rester c'est exister, voyager c'est vivre".

Un jour, elle descendit donc dans la cuisine. Marte et Fred étaient déjà debout. Comme d'habitude, songea-t-elle en souriant. Elle leur expliqua calmement qu'elle allait partir. Ils furent compréhensifs. Marte pleura un peu, et le coeur d'Aisling se serra. Puis elle lui confia une immense besace remplie de nourriture. Lorsqu'ils lui offrirent un cheval, Aisling se sentit terriblement coupable. Elle accepta, en gage de se souvenir d'eux pour toujours. (Encore ! Heureusement qu'elle avait bonne mémoire...)

Elle mit 5 jours pour arriver à Selian. Elle était épuisée et émerveillée.

Aisling trouva rapidement une armurerie le lendemain. Elle se découvrit un talent pour le lancer de couteaux et en acheta plusieurs. Elle resta un an à Selian, le temps pour elle de s'adapter à ce changement de vie radical et de visiter l'Empire en long et en large. Puis elle repartit, aussi vite qu'elle était venue, direction Saline.

Il lui fallut quelques semaines tout au plus pour y parvenir. Le trajet ne fut pas cependant parfaitement calme. Elle dut se battre à plusieurs reprises pour sauver sa peau face à des brigands. Ainsi, elle développa quelques techniques de combat au corps à corps très sommaires (mais utiles !).
Aujourd'hui, nous sommes en l'an 114, elle est à Saline depuis bientôt un mois et cherche un Navire qui accepterait de l'emmener ailleurs. Sur Terre, ou dans des îles. Le hasard choisira.