- Que cherche-t-on déjà ?

Donovan, c’était ton idée.

Ca, il allait finir par le savoir, que c’était son idée. La petite princesse n’avait pas arrêté de se plaindre, alors qu’il déambulait au hasard dans la ville. Il était partit à la recherche de quelque chose. Il voulait quelque chose. Mais il avait rapidement oublié quoi, aussi, lorsqu’il s’était trouvé devant une taverne, il s’était payé un bon repas et quelques choppes de bières.

Alcool aidant, le fait qu’il cherchait quelque chose lui était revenu. Mais la voix dans sa tête ne semblait pas disposée à lui rappeler quoi, et encore moins à l’aiguiller sur une direction quelconque. Alors il continuait d’errer dans les rues en attendant que par miracle, un brin de mémoire lui revienne. Sauf que tout ça commençait à lui taper sur les nerfs, et il était à deux doigts d’étriper le premier venu. Sa réserve de patience, très limitée, était déjà épuisée. De plus, il avait revêtu son armure et avait prit ses deux armes, et tout ce fer commençait à lui peser- il n’était pas encore habitué.

- Dis moi ce que je cherche, petite princesse !

- Je vous demande pardon ?

Une femme le regardait avec un air interloqué, accompagnée d’un homme qui bombait le torse.

- He, je vous…

Le regard assassin que lui lança Donovan suffit à le faire taire. Le couple reprit le chemin, tête baissée.

- Rencontrer un tel individu sur une place de marché tranquille, c’est…

Une place de marché ! Ca lui parlait, ça. Enfin un peu. C’était cela, qu’il avait cherché pendant presque toute la journée- l’après-midi était déjà bien avancée.

Tu es passé déjà trois fois à cet endroit, et tu ne t’étais même pas arrêté.

- J’avais oublié. Et tu aurais pût me prévenir ! Je voulais quoi ?

Une arbalète de poing. Je ne sais pas pourquoi, mais tu as décidé soudainement ce matin qu’il t’en fallait une.

Donovan haussa les épaules. S’il l’avait décidé ainsi, alors ainsi cela serait. Il fit le tour de la place de marché, à la recherche d’un marchand d’armes. Il n’en vit qu’un seul qui semblait spécialisé dans les armes de trait. Un homme svelte et grand, aux longs cheveux noirs et blancs, portant un étrange masque.

Lequel était en pleine discussion avec un homme qui faisait de grand gestes. Le client potentiel, apparemment, semblait chercher la petite bête sur un arc. Donovan n’eut pas trois secondes de patience. Il tapota sur l’épaule de l’homme et lui jeta un regard noir quand il se retourna.

- Dégage, siffla-t-il.

- Sinon quoi ?

Sa main ganté vola saisir la gorge de l’homme et l’écrasa, tandis que Donovan se rapprochait de lui pour cacher un tant soit peu la scène.

- Tu veux vraiment savoir ?

- N..non, c’est… b-bon…, suffoqua l’homme.

Donovan le lâcha, et le client potentiel repris son souffle dans un râle, avant de déguerpir sans conclure sa vente. L’amnésique jeta alors un regards amusé au vendeur.

- Bien. On peut faire affaire, maintenant ?

Chapitre 1 : Sent'sura.

J'avais comme chaque année à la même période, rejoins le marché de Sent'sura, pour y écouler mon stock d'arbalète et d'arc que j'avais prévus à cet effet là, ce n'était pas mes meilleurs travaux, mais ils étaient de bonne qualité et je revoyais bien souvent les même personne d'une année sur l'autre. J'étais quasiment le seul sur ce marché à proposer des armes de distances, et le seul à être spécialisé uniquement dans ça.

J'avais donc une brassée d’environs cinq cents, que je faisais faire par des elfes qui venaient m'aider régulièrement, une dizaine d'arc, une quinzaine d'arbalète et quelques bâtons. Ça me permettrais de me faire une bonne petite cagnotte que j’utiliserais en matériaux pour pouvoir encore augmenter mon rendement et la capacité de mes armes. Je travaillais actuellement sur un projet d'arbalète surpuissante, quelque chose capable d'envoyer un carreau a la distance d'un arc, avec la propulsion d'une arbalète. J'avais déjà quelques idées et j'avais fais quelque projet. Mais rien de bien concluant pour l'instant.

J'étais perdu dans mes pensées quand une personne s'approcha, exigeant sur un ton innommable de voir mon plus bel arc. D’emblée cet homme ne me semblait n'être qu'un raciste de plus, une personne qui pensait que les elfes étaient inférieur aux humains, ou quelque chose du genre. Une véritable ordure, quelqu'un à qui je n'aurais jamais adresser la parole, mais le client était roi, je lui tendais mon arc. Et j'attendais, subissant nombreuses reproches, il cherchait à me pousser à bout. Je me demandais qu'est ce que j'allais bien pouvoir faire quand une silhouette m'en débarrassa. C'était une personne qui me semblait familière. Un client régulier.

-Je vous remercie monsieur, oui nous pouvons marchander, que souhaitez vous ?

Je n'arrivais pas à mettre un nom sur le visage... Et pourtant... Et puis soudain, l'éclair de génie, l'éclat, le souvenir.

-Donovan ! Comment allez-vous ? Venez vous encore une fois pour des flèches ? J'en ai d'excellente qualité en cet endroit ! En voulez vous ? Je vous offrirais un prix.

T’es bien avancé, maintenant.

Par Nayris, il avait à nouveau oublié ce qu’il voulait… Il fit une moue dubitative en regardant les marchandises de l’homme. Ce qu’il voulait, ce qu’il voulait… Non mais avait-on idée de poser pareilles questions ? Que souhaitez-vous ? Donovan avait bien envie de lui répondre « ce que vous vendez », mais pas sûr de finir avec la bonne arme.

Il jeta un regard au marchand tout en lissant sa barbe. L’autre semblait le dévisager, réfléchir… et puis, soudainement, un éclair de surprise passa sur son visage.

- Donovan ! Comment allez-vous ? Venez vous encore une fois pour des flèches ? J'en ai d'excellente qualité en cet endroit ! En voulez vous ? Je vous offrirais un prix.

Donovan eut un air de recul.

- De quoi ?

Il te connaît.

- J’ai vu, ça qu’il me connaissait. Mais moi, je le connais ?

Je ne sais pas. Ca appartient à ton passé.

- Mon passé, mon passé…

Il passa une main dans ses cheveux, se gratta la tête… Puis il posa les mains sur les hanches , et planta ses yeux bleus glacés dans… le masque du marchand.

- Bon écoutez. Je doute pas de vos dires. Apparemment, vous me connaissez, assez bien pour me faire un prix. Sommes-nous amis ? Pas d’offenses, hein. J’ai la mémoire qui flanche.

Il jeta un regard en face de lui et… Par Nayris ! Il y avait un homme portant un masque devant lui, et qui semblait vendre des armes de jet.

- Qu’est-ce que je fous là, moi ?

Tu te débrouilles. C’est ton idée.

- Râleuse.

Il jeta un coup d’œil perplexe à l’homme devant lui.

- Ecoutez, je n’ai pas la moindre idée de combien de temps je suis devant vous, ni même ce que je suis venu faire ici. Vous m’aidez ? Si je vous ai dit quelque chose d’utile ces dernière minutes, si vous pouviez me répéter mes paroles…

Il tendit la main à l’homme au masque.

- Je me nommes Donovan Esylandre, au fait.

Chapitre 2 : Soustraction.

L'homme en face de moi semblait totalement perdu, il se dandinait comme un fou, adoptant la posture corporelle d'un homme au bord de l'apoplexie. Qu'est ce qui allait encore me tomber dessus ? Normalement je n'avais jamais eu de problème avec cet homme... Il semblait être amnésique, ou une connerie de genre... Encore un coup des lutins ? Une nouvelle drogue quelconque crée par ses Adorateurs maléfique de la Déesse des morts ? Déjà qu'à cause d'eux les plaines n'étaient plus un endroit très sur... L'air semblait lourd, charger de menace... On peinait presque à respirer. Nombres de personnes se plaignaient d'attaque d'insecte, de tornade et de diverses catastrophe naturelle arrivant plus que de raison depuis quelques temps... Est ce que la Prophétie était en marche ?

Puis l'homme, Donovan, mon ancien client, sembla un instant perdre complètement la boule... Plusieurs fois même... Et il me demanda même de répéter ce qu'il m'avait dit... Bien... Le client est roi dirons nous.

-Vous m'avez dit que vous aviez la mémoire qui flancher, et m'avait demander de nous confirmer que nous étions bien amis, chose que je vous certifie. Vous m'avez déjà commander plusieurs fois des flèches, et même un ou deux arcs si je me souvient bien.

Attrapant sa main je la serrais dans la mienne, gantée, un court instant. Pas plus que nécessaire, je n'aimais pas réellement le contact humain, mais assez pour qu'il ne se sente pas insulter. Je n'avait pas envie de me refaire casser la gueule une nouvelle fois par quelqu'un qui aurait mal prit une marque de politesse.

-D'après ce que j'ai cru comprendre, vous souhaitez une arme. De jet, à distance je suppose. Donc sois une arbalète, soit une arc... Ou peut être souhaitez-vous une de mes bâtons de marche ? Ce n'est pas de l'excellente qualités, mais ils sont plaisant à fabriquer et me demandent moins de bois que mes arcs ou mes arbalètes. Je peux aussi vous fournir des flèches. Et je crois que c'est à peut prêt tout. Souhaitez-vous d'autres éclaircissement ?

Amis, hein ? Non, ça ne lui disait rien. En revanche il se souvenait des arcs. Si sa mémoire foutait le camp dernièrement, il revoyait très bien les combats qu’il avait mené dans l’armée des glaces. Le froid, les longues marches interminables, la hâte pour atteindre une position favorable à l’archerie… Et puis surtout, le tir. L’ivresse de bander l’arc, puis relâcher l’attention. Le plaisir de voir sa flèche filer droit vers l’ennemi, tout en sachant qu’il attendrait sa cible- que la mort était inévitable.

Il fit courir sa main sur les arcs, frissonnant au contact du bois, alors que le marchand essayait de le tenter sur ses autres marchandises.

- Souhaitez-vous d'autres éclaircissement ?

En guise de réponse, il saisit un arc à double courbure qui trainait sur l’étalage- son arme favorite. Une arme de superbe facture : l’artisan était doué. Mais il le reposa aussitôt.

- Les arcs… c’était une autre vie. Celle-ci est une nouvelle. Je préfère le contact.

Il saisit alors une arbalète, soupesa l’arme avant de la reposer également.

- Trop lourd. Trop encombrant. Je préfère le contact, depuis quelques jours. Là je veux, je veux…

Il lissa sa barbe en réfléchissant quelques instants.

- Je veux quelque chose de discret. Pas forcément pour tuer, mais pour stopper quelqu’un qui me fuit.

Une lueur malsaine brillait à présent dans son regard.

- Pas besoin que ça passe à travers une armure. Mes victimes sont plus, disons… modestes. Je veux juste les blesser. Les ralentir. Vous auriez quelque chose de ce goût-là, ami ?