Albert Camus a dit: "Il n'est guère de passion sans lutte." Voilà ce que pourrait être la philosophie de vie de la belle. Ici, la passion est celle de la vie, tout simplement. Le seul rêve de Sophiane est de mourir sans regrets et elle s'emploie activement, tous les jours, à réaliser ce rêve. N'espérez jamais pouvoir la contraindre à quoi que ce soit. Même si elle doit en mourir, jamais elle ne fera quelque chose qu'elle pourrait regretter plus tard. Sophiane a vraisemblablement manquée de peu d'être un homme. Elle boit, jure et se bat et elle adore ça ! C'est une véritable tête brûlée qui se plait à provoquer les gens et à les prendre de haut. Bien souvent, trop souvent même, elle agit avant de réfléchir aux conséquences. Ce qui lui a valu de nombreuses corrections que certains estiment méritées. Malgré ses aires bourrus, la belle rouge est une grande rêveuse. La mer est ce qu'elle respecte plus que tout. Elle respecte aussi beaucoup la déesse de la mort et lui rappelle souvent la promesse qu'elle lui a faite un soir. C'est une prodigieuse combattante avec un grand sens de l'honneur. Elle admire les vainqueurs et crache, littéralement, sur les faibles. Sa détermination est grande et elle fera tout pour obtenir ce qu'elle souhaite. Heureusement qu'elle ne veut pas diriger un pays ! Vous entendrez raisonner sa voix tonitruante dans toutes les tavernes où elle passe ! Quand elle boit, plus rien ne l'arrête. D'ailleurs, combien d'hommes se sont faits dessus lorsque cette jeune fille au semblant si fragile les a battus aux bras de fer ou avalait sans broncher les alcools les plus forts !

Oui, je sais ce que vous allez dire, elle manque de féminité... mais ne vous y trompez pas ! Elle est aussi intelligente ! Mais elle le montre rarement, car ce n'est pas ce qui inspire le respect des crapules qui constituent son entourage. Elle débute en magie, mais elle sait qu'un jour, elle aura le talent de sa mère, grâce au grimoire que celle-ci lui a donnée avant sa mort. Elle déteste son père plus que tout, même plus que les araignées !!! Son enfance est marquée par la décadence de celui-ci et la souffrance qu'il a causé à sa mère et qui a engendrée son décès. Jamais elle ne le pardonnera et elle songe même à le tuer par moment. Même si elle peut paraître trop arrogante, ça reste une très bonne compagne de route qui apprécie toujours de trouver des gens prêts pour de l'alcool et des bagarres ! Elle se promet tout le temps qu'un jour, elle quittera ces faubourgs miteux et qu'elle trouvera des gens qui comprennent vraiment ce que c'est que l'honneur et la liberté. Mais pour le moment, elle rentabilise son temps en volant et en arnaquant.

Au fin fond des ruelles sombres du port de Eremna, dans un petit taudis en bois usé par le temps, dans une chambre minuscule et sale... voilà où est née Sophiane Lindsey. Fille de Karl et Sophie Lindsey. La mère de la jeune fille était une prostituée connue des bas-fonds de la ville. Son père essayait de gagner de l'argent en volant des marchandises sur le port et en les revendant. Une humble famille donc, qui vivait dans la misère et le froid. Heureusement que les habitants de Selian ont appris à s'adapter au climat du continent. Mais cela n'empêche pas les ventres de crier et les gorges de s'assécher. La famille était pauvre, les hivers étaient rudes et, bien souvent, la mère s'empêchait de manger pour que sa fille ne meurt pas de faim. C'est dans cet horrible endroit que Sophiane grandit.

Même si ce n'est pas un très bon cadre pour la croissance d'une petite fille, on ne peut pas dire que la belle fût aussi malheureuse qu'on pourrait le penser. Elle hérita du caractère affirmé de son père ce qui lui permit de s'imposer parmi les autres enfants. Elle se fit rapidement des amis qui, plus tard, tournèrent aussi mal qu'elle. La faim, le froid et la misère ne l'empêchaient pas d'aimer ses deux parents, même si son père passait plus de temps à boire et à battre sa femme plutôt qu'à passer du temps avec sa fille. La mère, quant à elle, ne pouvant offrir à sa fille une éducation développée, s'appliquait à lui enseigner la seule chose qu'elle pouvait, la magie. Depuis des temps oubliés, les mères de la famille transmettaient à leurs filles aînées un épais grimoire qui ne semblait jamais être altéré par le temps. Celui-ci contenait un immense savoir magique. Il permettait aux femmes qui entraient en possession de ce livre de maîtriser au bout de plusieurs années de lecture et d'entraînement assidu le pouvoir nommé "bubble". La mère de Sophiane, comme sa grand-mère, comme son arrière grand-mère... toutes maîtrisaient cette arcane. Et la mère de la belle enseignait en secret à sa fille comment prendre la suite. Car même le père de celle-ci n'avait pas connaissance de ce savoir caché dans sa maison. C'est donc quand celui-ci s'absentait pour "travailler" que le duo sortait le livre de sa cachette et étudiait ses nombreuses pages. La mère ne songeait pas encore à enseigner la pratique de cette magie, tant c'était risqué. Sophiane appris donc à lire uniquement pour déchiffrer les connaissances enfermées dans le bouquin et les faire siennes.

Ce scénario sympathique dura jusqu'aux onze ans de la belle. Cette année fut malheureusement fortement marquée d'un sceau rouge comme le sang... le sang de sa mère. C'était pourtant une journée comme les autres. Sophiane s'amusait à traîner avec ses amis et a voler quelques denrées sur le marché, pour pouvoir manger à sa faim le soir venu. Et quand le crépuscule tomba sur les ruelles étroites et sales de la ville, la jeune fille rentra chez elle. Toute guilleret, car elle avait réussie à "trouver" une belle pièce de viande au marché, va savoir comment... enfin, quand elle passa la porte de son misérable taudis, elle tomba sur une scène qui restera à jamais gravée dans sa mémoire. Son père était debout, la mine grave, sa barbe drue tachée de sang vermeille. Il fixait d'un aire hautain emprunt de colère un cadavre au sol. La tignasse rose et les guenilles étaient aisément reconnaissables. C'était le corps de Sophie. Un flot de sang épais s'échappait de sa tête tournée vers la porte. Ses yeux désormais éteints fixaient la jeune fille sans le savoir. Des larmes coulaient encore des joyaux mauves. La belle était tétanisée. Les yeux de son monstre de père la fixait désormais, il avait encore le chandelier, sûrement volé récemment, tâché de sang dans la main. Son regard... son regard vide d'âme resterait à jamais ancré dans celle de Sophiane. Elle, elle ne bougeait plus. Des larmes coulaient sans interruption de ses yeux et ses lèvres bougeaient, mais aucun son n'en sortait. Elle tremblait violemment. Elle allait enfin crier quand son père posa le doigt sur ses lèvres, la prévenant ainsi que, si elle hurlait, elle irait rejoindre sa mère. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ? La pauvre fille ne le sut jamais, car, dès l'instant où elle retourna dans la cave qui lui servait de chambre sur l'ordre de son père, elle ne vit, ni n'entendit plus jamais parler de sa pauvre mère. La seule chose qui lui restait d'elle était le grimoire, caché sous une des lattes du plancher moisi... En ce soir funeste, elle pria longuement la déesse de la mort pour que sa mère trouve la paix là où elle était. Elle lui promit aussi que le jour où elle la rejoindrai dans son macabre royaume, elle pourra dire avec fierté qu'elle a vécu toute sa vie sans regret. Une promesse qu'elle prend très au sérieux encore aujourd'hui.

C'est à partir de ce jour, ce jour fatidique que la vie de la belle devint un véritable cauchemar. Elle pouvait continuer de vivre avec son père. Mais en échange, elle devait faire des horreurs inimaginables. Et bien oui, sa prostituée de femme n'étant plus là, il ne lui restait qu'elle pour assouvir ses instincts bestiaux. La fille devenait femme en plus, et une bien jolie femme. Pour se nourrir, la pauvre devait traîner avec les pires crapules de la ville, leur faire d'horribles faveurs. En échange, elle mangeait et n'avait pas besoin de travailler. Elle avait toujours un toit sur la tête. Tête qui était remplie de rêves mêlés à d'affreux souvenirs... Durant ses rares moments libres, elle étudiait encore le grimoire que sa défunte mère lui avait laissée. Plus le temps passait, plus ses cheveux prenaient la couleur rose de ceux de sa mère. A l'âge de ses seize ans, les voilà entièrement recolorés.

C'est à ce moment qu'elle commença à se faire un nom dans les bas-quartiers d'Eremna. Elle était agile et rapide à force de grimper sur les toits pour échapper aux gens qu'elle avait détroussés. A force de se battre pour empêcher les salauds de l'abuser, elle était devenue forte et son caractère se développa. Sa condition physique était parfaite. Quoi de mieux que la vie dans les bas-fonds pour se forger une musculature de rêve. Cependant, elle ne pouvait pratiquement rien contre ceux qui avaient la lâcheté de brandir un couteau pour la soumettre. Il lui fallait une arme, après, plus rien ne l'arrêterait. L'occasion se présenta par une froide journée d'hiver. Elle s'était rendue dans les beaux quartiers de la ville. Celui où habitent les riches négociants et les armateurs. Elle toqua à la porte d'une des villas au hasard. Pigeonner un riche était un bon moyen d'avoir ce qu'elle voulait. Elle comptait bien lui prendre son argent ! Durement gagné ou non ! L'homme qu'elle avait en face d'elle semblait des plus gentils et cela la désolait presque de devoir l'arnaquer. Elle se présenta comme étant une pauvre femme fragile sans toit. Le bourgeois, dans son immense bonté, la fit entrer sans attendre et demanda à l'un de ses serviteurs de lui préparer un repas chaud sur-le-champ. Pendant ce temps, la belle balayait le salon du regard pour trouver son bonheur. Elle remarqua une splendide lance qui trônait sur un meuble de bois, soutenue par deux pieds en métal. On ne voyait qu'elle et la jeune femme se sentait inlassablement attirée vers cette véritable œuvre d'art. L'homme étant parti pousser ses domestiques à aller plus vite, c'était maintenant ou jamais. Sophiane se saisit de la lance et défonça l'épaisse porte d'entrer d'un seul coup de pied. Aussitôt, deux gardes accoururent dans la pièce ainsi que le bourgeois qui affichait une mine désemparée. Sophiane se retourna dans leur direction.

- Désolé m'sieur, z'êtes bien gentil, mais avec ça, je pourrais en manger des bons repas ! Hahaha !

Elle repartie ensuite en courant à toutes jambes, poursuivie par les gardes qu'elle ne mit pas longtemps à semer dans le dédale de ruelles de la ville qu'elle connaissait par cœur. Elle arriva enfin chez elle, essoufflée, affamée, mais en vie et armée. Son père n'était pas là et tant mieux, la prochaine fois qu'il essaye de la profaner, elle lui coupe ses attributs !

Pendant une année entière, son père lui ficha une paix royale. Intimidé par l'immense arme de sa fille qu'elle emmenait partout. Ce n'était pas le seul d'ailleurs. Tous les hommes du quartier courbaient l'échine devant la porteuse d'un tel jouet. La belle se sentait puissante désormais. Elle mangeait à sa faim au détriment des autres, et ceux-ci n'osaient rien faire. Parfois, elle devait se battre contre des moutons noirs mais ceux-ci étaient vite remis à leur place en voyant l'adresse et la force de Sophiane. Elle dominait littéralement tout le quartier où elle vivait grâce à son compagnon de métal. Elle le maniait comme personne et personne n'osait contester la moindre de ses décisions. Elle était devenue la maîtresse du quartier. Elle mangeait gratuitement dans les auberges et prélevait une dîme sur tous les honnêtes, ou moins honnêtes, travailleurs. C'était la belle vie pour la jeune femme, mais comme toutes les bonnes choses, cela ne dura qu'un temps.

à l'aube de ses 17 ans, le 16 de Dennarès de l'an 114, elle rentrait tranquillement chez elle, s'appuyant sur sa lance. Quand elle passa la porte, ce fut pour être accueilli à coup de poing. Par surprise son père la roua de coups sans qu'elle puisse se défendre. Elle était désormais à terre, sa lance trop loin d'elle. Elle remercia ensuite les réflexes que sa vie de misère lui avait donnée et lança sa jambe vers les parties sensibles de son père. Celui-ci hurla d'abord pour s'écrouler au sol en massant ses pauvres parties douloureuses et en jurant contre sa fille. Pendant ce temps, Sophiane se dépêcha de ramasser les quelques affaires qu'elle avait dans la cave et de les rassembler en un baluchon qu'elle suspendit sur sa lance avant de partir en courant, laissant son père agoniser au sol. Elle se dirigea alors vers le port en quête d'un navire sur lequel partir loin de cette vie de cauchemar. La mer l'avait toujours aidée pour se nourrir ou pour s'évader... Les fois d'avant c'était en rêve, là, elle partait pour de vrai !

Citation :

Un jour que Sophiane expérimente ses pouvoirs, se pensant à l'abri de tout regard indiscret, un gamin des rues la repère pourtant et prend conscience de ce grimoire. Il parvient alors à le dérober et menace de s'en servir voire de trahir ce secret afin de détrôner Sophiane de son emprise sur les rues... Comment réagis-tu ?