Me voici à la capitale de Saline, également connue pour être un grand port imposant entouré de glace : Cardrak. Ou plutôt « CARDRAK !!! » comme l'appellent les gens d'ici, l'énonçant hautainement et avec hardiesse, fier de cette ville rude qui a pour habitude de manger les moins aguerris. Dans cette cité, la force surpasse l'intelligence, l'instinct la raison et les coups de poings une langue bien maniée. Parfois un peu trop sommaire à mon goût, mais bien plus agréable que les nobles maniérés que l'on pourrait rencontrer sur le continent, là-bas, de l'autre côté de l'océan noir. Bref, un peuple de dur à cuire qui ne connaît pas la peur et préfère se faire découper en rondelles plutôt que de s'enfuir lâchement. Des hommes, des vrais, comme on dit...

Les forteresses qui font office d'habitation sont paraît-il très belle, mais, pour les contempler à loisir, encore faudrait-il qu'elles émergent de la brume dans laquelle elles sont noyées depuis la nuit des temps. Eh oui, la météo ici se résume à cela : un peu de neige, beaucoup de pluie, et du brouillard à la folie.

En grommelant un juron, je m'engonce dans la cape de peau et de fourrure que j'ai acheté à l'entrée de la ville. D'habitude, le froid ne m'atteint pas, pourtant, et d'habitude, il me faut bien plus qu'un temps capricieux pour me mettre de mauvaise humeur. Seulement voilà, je le pense, le dit et l'annonce haut et faut : je n'en peux plus du continent des Glaces ! Oui, je n'en peux plus de ce froid constant, de cette neige permanente, de cette uniformité aveuglante. C'en est assez, je l'avoue, je fais une overdose. Non mais !

Cela me permet de justifier ma présence ici, moi qui n'ait aucune affinité avec les Saliniens, ni, après réflexion, avec personne en particulier. En réalité, j'aimerais trouver un bateau en partance pour Terre, ce qui me permettrait de quitter cet endroit que je ne peux m'empêcher de maudire encore et encore. Il serait plus simple de traverser en me transformant en oiseau, mais, connaissant mon sens de l'orientation plus ou moins infaillible, je ne sais pas si j'en serais capable. La sûreté plutôt que la rapidité, donc.

Les quelques passant marchant dans la même avenue que moi me dévisagent, surpris de voir l'air bougon peint sur mon visage. Nouveau juron, et je rabat sèchement ma capuche sur mon visage, ne laissant échapper que quelques mèches de cheveux noirs. J'ai dit être de mauvaise humeur tout à l'heure ? Oubliez, c'était un euphémisme. Je ne suis pas de mauvaise humeur, non, je suis d'une humeur exécrable. Et cette fichue pluie qui ne s'arrête pas !

Tout à mon malheur, je ne fais plus attention où je mets les pieds, et butte contre une grosse pierre qu'un plaisantin a eu la bonne idée de placer au milieu de la rue. J'ai l'impression que mon orteil, glacé l'instant auparavant, est maintenant plus brûlant que les feux des Limbes.

– Mais c'est pas vrai ! j'explose en sautillant de façon on ne peut plus ridicule. Qu'est-ce que c'est que foutu pays ?!

Soudain, je heurte violemment l'un des passants, et nous roulons tous les deux à terre. Je me relève aussitôt, prête à lui vomir dessus ma hargne et mon exaspération, quand je remarque que la personne, une jolie fille rousse, a une façon bien étrange de me regarder. Comme si ses yeux me cernaient sans réellement me voir. Une aveugle ? Si c'est le cas, c'est alors plus de ma faute que de la sienne.

– Désolée, je lâche, choisissant de m'excuser afin d'observer quelle sera sa réaction.

Mix qui m'a inspiré pour ce poste :

Catriona avait décider de visiter un peu sa ville natale, ville duquel elle avait le plus mauvais souvenir. Elle y était aller un peu à contre coeur. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait enfin décidé de quitter cette pauvre ville. Sa famille décédé, son passé lugubre et malheureux, elle avait grandit ici.

Une main posée comme à son habitude sur la cou de sa louve, elle marchait lentement dans les rues, évitant de regarder les gens directement. Elle ne voulait surtout pas qu'on la reconnaisse. Elle ne voulait pas revivre ce même cauchemar éveillé. Habillé de sa cape écarlate, la jeune femme fixait ses souliers, se laissant guider par Minerva, comme d'habitude. Ne voyant pratiquement rien de base, elle n'aurait pas pu voir le jeune garçon qui l'avait reconnu et qui faisait signe à ses copains. Minerva s'arrêta brusquement et se mit à grogner à l'intention des voyous.

La sorcière redressa la tête, sentant les poils se dresser sur sa peau. Quelque chose clochait. Minerva ne grognait pas pour rien. Mais la sidhe-seer ne voyait rien dans tout ce blanc. Elle entendit les pas dans la neige s'approcher d'elle. Par réflexe, elle se mit à reculer. L'un d'eux rit doucement dans sa barbe, croyant surement qu'elle n'entendrait pas, et elle reconnu ce rire. Soudainement elle pivota sur ses talons pour courir dans l'autre direction.

"Minerva!" appela-t-elle sans vraiment attendre que sa louve ne la rejoindre pour se mettre à courir.

Ne voyant pas très bien, elle ne vit pas assez rapidement la forme d'une jeune femme qui allait croiser son chemin. Les deux jeunes femmes se heurtèrent l'une à l'une et roulèrent au sol. Catriona se redressa lentement, écoutant pour voir si les hommes avait suivis, s'ils l'avaient rattraper. Elle regarda autour d'elle mais la blancheur de la neige semblait ne pas vouloir lui donner de réponse sur l'emplacement des voyous.

" Désolée."

La tête de Cat se dirrigea immédiatement vers l'endroit d'où semblait provenir la voix. À bout de souffle par sa course, elle tenta de calmer sa respiration avant de répondre :

"Non, l'erreur est mienne.... Je... je ne regardais pas où j'allais. Pardon." dit-elle distraitement, écoutant toujours pour savoir si les voyous allaient revenir.

Elle posa une main sur sa poitrine, sentant son coeur battre à tout rompre. Elle avait cru en heurtant la jeune femme que c'était l'un des voyous. Par Yehadiel, ce n'était pas le cas! Elle ferma les yeux puis se rendit compte qu'elle ne savait pas où se trouvait Minerva. Ouvrant les paupières brusquement, elle l'a chercha inutilement du regard.

& Minerva? Minerva! & appella-t-elle par la télépathie sa compagne.

Elle ne serait pas calmer tant qu'elle ne l'aurait pas de nouveau à ses côtés.

"Pardon de vous demandez cela, mais..." elle posa son regard dans la direction de la jeune femme. "Mais je cherche ma louve blanche.... Je l'ai perdu lorsqu'ils m'ont... "elle déglutit avec peine sans finir sa phrase. "Pouvez-vous m'aider à la retrouver? Je... Je n'y vois rien... Elle est ma seule guide vous voyez... et..."

Elle termina, son regard argent toujours en direction de l'étrangère de qui elle ne pouvait pas discerner les traits physiques.

La jeune femme s'excuse. Puis, semblant prise d'un étrange malaise, elle place la main sur sa poitrine et ferme les yeux. En plus d'être aveugle, aurait-elle aussi une maladie du cœur ? Puis elle ouvre les paupières et lance un regard affolé dans toutes les directions, avant de le poser sur moi, voilé, faussé par sa cécité.

– Pardon de vous demandez cela, mais... Mais je cherche ma louve blanche.... Je l'ai perdu lorsqu'ils m'ont... Pouvez-vous m'aider à la retrouver? Je... Je n'y vois rien... Elle est ma seule guide vous voyez... et...

Ma première réaction est un profond sentiment d''irritation. Je suis de mauvaise humeur, voyez-vous, et j'ai d'autres choses à faire que de m'occuper de cette jeune femme, aussi gentille et innocente soit-elle. Puis, mon cœur se serre à l'idée de l'abandonner, seule et éplorée, et je prends la décision de l'aider. Ma bonne conscience me perdra.

– Ne bouge pas, je lui lance avant de traverser l'allée d'un pas rapide à la recherche de son animal de compagnie.

Je ne vais pas bien loin. De l'autre côté de la rue, trois hommes ricanants font leur apparition et se dirigent vers la jeune femme. Je ne sais pas qui ils sont, mais, à voir les airs goguenard et concupiscents peints sur leurs visages, ils ne me semblent pas animé des meilleures intentions du monde. Je fais volte-face et m'approche rapidement pour m'interposer entre eux et ce qui pourrait être leur future victime.

– Qu'est-ce que tu veux ? s'exclame l'un deux. Dégage-toi de là !

Il sort de son manteau un couteau éméché qui manque manifestement d'un entretien régulier. Je retiens un rire. Et il croit que c'est avec ça qu'il va m'arrêter... Je relève ma capuche et dégaine le poignard attaché à ma ceinture. Ils marquent un temps d'arrêt.

– On va te bouffer, crache un autre en faisant tournoyer sa masse d'arme.

Je suis littéralement terrifiée, bien sûr. Vive comme l'éclair, je bondis sur le seul qui n'est pas encore armé et le frappe sur la tête avec le plat de ma lame. De toutes mes forces. Assommé, il s'effondre comme une masse. Les deux autres ouvrent des yeux si surpris qu'on diraient des poissons hors de l'eau. Ridicule. Je profite de leur hésitation pour désarmer le premier en abattant le tranchant de ma main sur son poignet et blesser le deuxième en traçant un sillon écarlate sur son bras. Nouvelle hésitation, puis ils s'enfuient en hurlant. Doublement ridicule.

Je remets le poignard dans son fourreau et me baisse à la hauteur de la jeune femme pour l'aider à se relever.

– Si on partait à la recherche de ta louve ensemble ? je propose. Les rues ne sont pas sûres, et une mauvaise rencontre est vite arrivée...

Catriona garda son regard là où avait été auparavant la jeune inconnue. Ne bouge pas! avait dit la jeune femme. Cat soupira et tenta de regarder autour d'elle, mais en vain. Elle n'arrivait pas à distinguer les formes. Au loin, elle crut entendre la voix des voyous. Son regard se dirrigea dans cette direction. Même si elle ne put voir ce qui se tramait, elle entendit cependant ce qu'il s'y passa.

Soudain, la jeune femme était de retour et l'aidait à se relever. Devant cette gentillesse, la sorcière sourit doucement. "Si on partait à la recherche de ta louve ensemble ? Les rues ne sont pas sûres, et une mauvaise rencontre est vite arrivée..." proposa-t-elle.

"Je vous en remercie. Je ne vois pas vraiment où je mets les pieds alors... Votre aide me serait préciseuse. "dit-elle pour la remercier d'avance.

Elle regarda autour d'elle sans trop savoir par où commencer. Elle aurait besoin d'aide pour se repéré. Elle posa donc de nouveau son regard argentés sur ce qu'elle jugea être le visage de la jeune femme.

"Je m'appelle Catriona." se présenta-t-elle. "Ma louve répond au nom de Minerva. C'est ma guide lorsque je dois me déplacer et comme je ne distingue que les ombres et la lumière, elle m'est généralement précieuse à l'extérieur." elle rit nerveusement avant de reprendre la parole. " Elle est blanche..."

Cela n'aiderait peut-être pas les recherches, mais les détails étant important...

"Nous étions justement poursuivis par des voyous..." dit-elle en détournant le regard. "Je n'ai jamais vraiment aimer vive ici..." murmura-t-elle distraitement. Elle déglutit et soupira. "C'est lorsque j'ai connu la voix d'un des voyous que j'ai pris la fuite... J'espère qu'ils ne l'ont pas...." le reste de sa phrase resta pris en boule dans sa gorge.

Que ferait-elle sans Minerva? Elle serait incapable de se déplacer dans le palais encore moins au dehors du palais.... Elle rendit alors compte qu'elle ignorait toujours le nom de celle qui s,était proposer pour l'aider. Elle la regarda de nouveau, le sourire aux lèvres.

"Où sont mes manières, je suis désolé, je ne vous ai pas demandé votre nom..." s'excusa-t-elle.

HRP:

Suite à ma proposition, la jeune femme se transforme soudain en moulin à parole. Elle me remercie, puis se présente. Catriona... c'est un joli nom. Sa louve s'appelle Minerva, est de couleur blanche et l'aide à se déplacer. En clair : elle ne peut rien faire sans elle. Cela n'est donc pas étonnant qu'elle soit autant paniquée.

– Nous étions justement poursuivis par des voyous, rajoute-t-elle. Je n'ai jamais vraiment aimé vivre ici. C'est lorsque j'ai connu la voix de l'un des voyous que j'ai pris la fuite... J'espère qu'ils ne l'ont pas...


Elle se tait et déglutit, les yeux dans le vague. En effet, il serait dommage que sa louve soit morte, et c'est une hypothèse non certaine, mais probable. Cependant, j'ai conscience que lui dire cela n'arrange pas les choses, pas plus que mentir pour la rassurer. J'attends donc qu'elle me regarde à nouveau et qu'un sourire éclaire son visage, la rendant bien plus belle que son expression inquiète.

– Où sont mes manières, je suis désolée, je ne vous ai pas demandé votre nom...

– Mon nom n'a pas réellement d'importance, je réponds en souriant à mon tour. Je suis Délyë.

Catriona étant debout, les choses sérieuses peuvent à présent commencer. Plusieurs options s'offrent à nous. La plus simple tout d'abord, et celle qui me trahirait le moins, serait de marcher dans la ville, en espérant que le hasard nous permettra de retrouver Minerva au gré des rues et de nos pas. La plus difficile ensuite, consisterait à retrouver les voyous et leur demander s'ils savent où elles se trouvent. Et la moins discrète enfin, m'obligerait à révéler ma nature d'animorphe et me transformer pour essayer de retrouver sa trace.

Après quelques instants de réflexions, j'opte pour la dernière proposition. Catriona a visiblement l'habitude d'être conduite par une louve blanche, cela me permettra de la diriger plus facilement. De plus, le loup des neiges est une forme que j'ai eu l'habitude de prendre par le passé, et la contrôler ne me posera aucun problème.

Sans même lui demander son avis, parce que je n'aime pas expliquer ce genre de choses et que je fais ce que je veux, je me métamorphose. C'est donc une réplique presque identique de son animal de compagnie qu'elle a maintenant sous les yeux. Je reste immobile quelques secondes, le temps de lui faire assimiler ce qui vient de se produire, puis me met en marche, assez proche pour qu'elle me voit, trop loin pour qu'elle parvienne à me toucher. La truffe collée au sol, j'essaie de repérer les odeurs d'un confrère ou des garnements que j'ai fait fuir tout à l'heure. Je repère une vague piste que je décide de suivre. C'est mieux que rien.

J'avance lentement, restant toujours à égale distance de Catriona, ralentissant si je la sens perdue, m'arrêtant quand elle trébuche. Pendant quelques minutes, je ne trouve rien de particulier. Et, soudain...

Soudain, je me fige, et dévoile mes crocs. Cette odeur... c'est une odeur métallique, porteuse de mort. Tout près. Je vais pour me précipiter dans sa direction avec la spontanéité qui me caractérise quand c'est à mon ouïe de m'avertir d'un nouveau danger. Redevenant humaine, j'attrape le bras de la jeune femme et l'entraîne précipitamment derrière une maison, avant de la mettre au courant des dernières nouvelles.

– Minerva est blessée, j'ai senti son sang. J'ai cru également entendre son pouls, elle doit être évanouie. Des humains sont avec elle. Des voix d'hommes.

Je me concentre pour me souvenir des bruits qui me sont parvenus tout à l'heure.

– Au moins deux, peut-être plus. Je n'ai pas réussi à savoir de quoi ils parlaient, mais ils avaient l'air énervé. Paniqué aussi. Quelque chose qu'ils n'avaient pas prévu les a sûrement effrayés.

En tout cas, s'il s'agit des trois idiots de tout à l'heure que j'ai fait fuir aisément, la raison de leur angoisse ne fait pas de doute.

Et ce n'est rien à côté de ce que je leur réserve...