sociopathe - calculateur - moqueur - manipulateur - acharné - cruel - lunatique - poète - cruel - monstrueux
Le Premier MeurtreL’humanité était un peuple jeune, à la découverte de ses capacités, de ses talents, et du monde dans lequel elle venait de naître. Si Eve fut la toute première humaine, d’autres suivirent rapidement, et parmi eux se trouvait l’homme que l’on nomma Azazel. Le monde était vaste, et ses denrées bien assez nombreuses pour permettre aux premiers hommes de subsister. Ils vivaient de la chasse et de la cueillette, profitant des bienfaits de la nature, la respectant et vivant en harmonie avec elle. Parfois, différentes tribus se croisaient, alors elles partageaient les bienfaits de la chasse, échangeaient des histoires près de leur feu, et certains devenaient amis et amants durant ces nuits.
Chasseur couronné de succès, Azazel n’avait rien à envier à personne. C’était même aux yeux de beaucoup une véritable force de la nature. C’était un être impétueux et fier, mais respecté de tous. Ses prouesses faisaient de lui un membre important pour son clan. Ses yeux s’attardaient toutefois bien souvent sur l’une des femmes de sa tribu, et il avait déjà prévu de la demander en mariage. Dans sa tente, il avait accumulé plusieurs colifichets, des trophées pris sur ses proies, plumes, griffes et fourrures, dans l’espoir de pouvoir charmer la jeune femme. Toutefois, cette dernière n’avait d’yeux que pour une autre personne, pour le jeune frère d’Azazel : Uriel, chasseur incompétent mais avec un jolie sourire et doué avec sa flûte. Il enchantait la tribu de mélodie et s’était attiré les faveurs de la jeune femme.
Lorsqu’Azazel les surprit tous les deux ce fut à ce moment que la rage l’investit. Il se sentir trahi au plus profond de lui par cette femme qu’il aimait et par ce frère qui aurait dû respecter son amour. Mais non, ils n’avaient rien à faire, ils lui manquaient de respect, là, à batifoler tous les deux dans une clairière, à l’abri des regards. La main du chasseur se referma sur un lourd bâton de bois, et il fit irruption au milieu des deux amants.
La rage se lisait sur le visage d’Azazel, tout comme sa peine. Son frère tenta de s’expliquer, mais il était trop tard. Levant le bâton au-dessus de sa tête, il l’abattit sur Uriel. La jeune femme restait immobile, pleurant à chaude larme devant ce déchaînement de violence inhabituel, soudain. Ils étaient des humains, des êtres bénis par la magie qui leur avait offert une conscience et leurs talents. Les ressources du monde étaient à eux, à partager avec les elfes et bien assez suffisantes pour tous. Mais les ressources du cœur ne l’étaient pas comme l’avait amèrement compris Azazel. La colère obscurcissait son jugement, ou bien ne faisait qu’exhorter des ténèbres présentent en lui depuis sa naissance, personne n’aurait su le dire. Quoiqu’il en soit, il ne resta bientôt plus de son frère qu’une masse sanguinolente, les mains crispées sur sa flûte, observant d’un œil vide son meurtrier.
- Uriel ? Le trouble de la colère se dissipait peu à peu. Tout reprenait de sa netteté, et les évènements prenaient eux-aussi corps. Qu’est-ce qu’il avait fait ?
- Uriel, arrête de jouer… Relève-toi. Comment aurait-il pu savoir de toute façon ? Comment aurait-il pu savoir qu’ils étaient si fragiles ? Qu’un simple bâton avait la force de les tuer. Ce dernier avait l’écorce noire, si ce n’était à son bout extrémité qui était maculée de sang. Pourquoi son frère ne relevait-il pas ? A ses côtés la femme continuait de pleurer, comme si elle avait compris ce qui se passait alors qu’Azazel n’osait pas se rendre à l’évidence. La vie était-elle donc si fragile ? Suffisait-il seulement d’un bout de bois, et d’un peu de rage pour en arriver là ?
- Oh mon frère… Qu’est-ce que j’ai fait ?Il tomba à genou, il aurait aimé pleurer, mais il n’y arrivait pas. Il était triste, comme si quelque chose de noire et de vide s’était étendue dans sa poitrine. Il se sentait habité par des cendres. Lentement, il passa sa main le long du visage ensanglanté de son frère. C’était le premier meurtre de l’humanité.
La naissance d’un FléauQuel destin pouvait se dessiner pour un être qui avait apporté avec lui la violence et la mort ? Le regard d’Azazel s’était posé sur celle qu’il avait aimé, mais il n’y avait plus que du dégoût désormais dans ses yeux. Il en était de même pour lui. Les sentiments l’avaient déserté, rongés par une culpabilité dévorante. Mais il y avait quelque chose d’autre, une chose autre que le regret et le dégoût. Il y avait un frisson, une sensation grisante, insidieuse qui avait fourmillé lui faisait aimer ce nouveau pouvoir.
Il avait dominé son frère d’une certaine façon. Peut-être avait-il perdu un ami, une famille, peut-être avait-il sacrifié sa vie au sein du clan. Mais il avait prouvé sa force, il avait prouvé qu’il était plus fort qu’Uriel, qu’il méritait de survivre et pas lui. D’un geste distrait, il avait ramassé son bâton, et sans plus attendre, il s’était dirigé dans les profondeurs de la forêt, laissant là les restes de son crime.
Un nouveau destin s’était dessiné pour lui, un goût pour le meurtre était désormais gravé en lui. Ce bâton avait tué un homme, mais il était insuffisant. Il lui faudrait faire mieux que cela, il lui faudrait être plus fort. Si la magie et la nature les avaient faits aussi faible, il était temps pour lui de s’élever au-dessus de cela. La folie guettait-elle déjà son esprit ? Azazel commença à voyager, à la recherche des premières armes de cette nouvelle époque, d’un moyen de prouver à tous, par sa violence et sa force qu’il était quelque chose.
La pire des choses, fut que pendant un temps, la philosophie distordue et torturée d’Azazel eut un succès chez certaines personnes. Des hommes vinrent se joindre dans cette nouvelle croisade contre la vie, contre la paix. L’humanité se devait de devenir plus forte, et purger les faibles était ce qu’il y avait de mieux à faire. Dans des forges primitives, lui et ses camarades forgèrent les premières lames, les premières armes. Ils se vêtirent d’armure et de casques aux expressions terrifiantes. Ils seraient le feu purificateur de ce monde, comme Azazel l’avait été en débarrassant son ancienne tribu d’Uriel. Beaucoup diront toutefois que la seule chose que cherchait le père du meurtre, c’était une justification vaine à son acte. En aucun cas il ne voulait assumer qu’il était un monstre, qu’il était un assassin et avait agi non pas en tant qu’homme, mais en tant que bête. Alors, il se voyait comme un feu purificateur qui ravageait une forêt pour l’en débarrasser des essences faibles et invasives.
L’humanité était encore faible, ils étaient peu nombreux. S’il agissait maintenant, il pourrait forger un avenir fort pour les siens. Il pourrait permettre aux siens de s’élever au-delà de leur condition malingre et conquérir ce monde pour lui et ses descendants. Azazel et ses fidèles arpentèrent le monde en semant la mort et la désolation. Lorsqu’ils arrivaient dans un village, un combat mortel s’en suivait. Les soldats d’Azazel commettaient de véritables massacres, laissant libre cours à toutes les atrocités inimaginables qui sommeillaient dans leurs esprits. Ils avaient contracté ce goût du meurtre, de la violence, qui leur permettait de prendre ce qu’ils désiraient quand ils le désiraient. Ceux qui croisaient le chemin d’Azazel, le Père du Meurtre, héraut de la mort, finissaient par mourir, étaient enrôlés de force, et pour les plus chanceux, gardaient en vie le souvenir sinistre de cette rencontre.
Toutefois, toute histoire à une fin. Ou plutôt dans le cas de celle d’Azazel, un commencement. Une attaque contre un village finit mal, exactement parce qu’il avait réussi ce qu’il avait désiré faire : rendre l’humanité plus forte. Son mode de vie de maraudeur et de boucher avait instillé la peur dans le cœur des hommes. Ces derniers s’étaient mieux organisés, avaient commencé à se méfier les uns des autres, à fabriquer leurs propres armes, cette fois-ci destinées à tuer leurs semblables et non seulement à chasser. La méfiance était visible partout, les différents clans commençaient à s’affronter au lieu de partager leurs ressource de peur qu’on leur les vole. Les forces d’Azazel furent défaites à cause de tous ces éléments. Ils ne tombèrent plus sur des populaces effrayées et ignorant tout du combat, mais contre des gens armés, désirant protéger ce qui leur était cher, et exercer leur vengeance sur celui qui avait semé la graine de la terreur en eux.
Azazel fut vaincu, alors qu’il devait atteindre la quarantaine. Le monde était encore jeune, mais la guerre l’avait gagné, que ce soit de part les divins et ou les mortels. Il fut attaché sur la place du village qu’il avait tenté de raser. On le ridiculisa pour mettre fin à son règne de terreur, pour mettre fin à la peur qu’il incarnait. Azazel fut lapidé, frappé de coups de bâtons par des enfants et des vieillards. Finalement, il finit par expirer sur le sol boueux, entouré d’êtres pouilleux le privant de la mort de guerrier qu’il aurait pu désirer. Mais en tuant Azazel, ils scellèrent aussi leur destin. Tous ne trouvent pas le repos après la mort, et en tentant de se débarrasser de cette menace sombre qu’il représentait, ce fut un mal plus grand qu’ils forgèrent.
Première mort, première rencontreComment décrire ce lieu désolé et sinistre que formaient les limbes ? Azazel leva les yeux, tout autour de lui ce n’était que désolation, et pourtant il s’y serait presque senti à sa place. Pendant des décennies, il y avait envoyé un nombre incalculable d’être, et aujourd’hui, c’était enfin son tour.
- Je t’attends depuis un moment mon frère.Azazel sourit, il aurait dû s’en douter. Beaucoup de gens avaient craché sur son nom, et il savait qu’ils feraient tout pour l’oublier, mais les morts, c’était autre chose. Il ne devait en aucun cas s’étonner si sa première victime l’avait attendu patiemment durant toutes ces années. De toute façon, qu’est-ce qu’un mort aurait bien pu faire d’autre ?
Uriel bondit sur son frère, mais Azazel était plus rapide, plus fort, sa force de volonté ayant toujours été supérieure à celle de son cadet. La cruauté, l’absence de conscience rendaient son âme plus forte, aussi tranchante que l’acier.
- Je t’ai tué avec un bout de bois, depuis j’ai appris des dizaines de façon d’ôter la vie. Tu crois avoir une quelconque chance contre moi ? La vengeance t’a peut-être permis de te maintenir jusqu’à présent, mais c’est terminé.Azazel frappa son frère, ou plutôt ce qu’il en restait comme au premier jour. L’essence de ce dernier finit par se disperser, pour ne plus finalement se confondre qu’avec la pénombre environnante. Le boucher se redressa, observant ce nouveau monde qui l’accueillait. Combien d’êtres ici voudraient exercer leur terrible vengeance contre lui ? Etait-ce une sorte de torture à laquelle il devrait se soumettre ?
Mais même si les Limbes fourmillaient d’âmes désireuses de se venger de lui, il n’eut jamais l’occasion de le savoir. Car la personne qu’il rencontra après avoir mis fin à l’existence de son frère pour la seconde fois ne fut nulle autre que la déesse des morts, Nayris. Celle qui serait amenée à régner sur le monde aux yeux d’Azazel, car tout était destiné à mourir et à finir dans les Limbes, tout finirait sous l’emprise de Nayris, et de ce fait, elle était la déesse absolue.
Cette dernière pouvait-elle ressentir de l’affection ? De la gratitude envers quelqu’un ? C’était impensable aux vues de la complexité d’un tel être, de sa folie et de ses aspirations sûrement incompréhensibles pour un mortel tel qu’Azazel. Mais quoiqu’il en soit, il savait ce qu’il avait fait, ce qu’il avait incarné. Il avait été le père du meurtre, le premier à raccourcir avec violence la vie de ses semblables, précipitant âme sur âme dans les Limbes. Au, sûrement qu’au commencement la déesse n’en avait que faire, après tout ce monde n’avait pas toujours été sa demeure. Azazel n’en restait pas moins une incarnation de tout ce qu’il y avait de détestable dans l’humanité, il était un monstre fait homme qui avait corrompu et flétri la race que Yéhadiel appréciait tant. Bien entendu, c’était ce que pensait le père du meurtre, quoiqu’en pensait la déesse, il l’ignorait.
Tout ce qu’il avait pour elle désormais, c’étaient des belles paroles et des sourires. Son travail dans le monde des vivants avait toutefois dû être un tantinet remarqué, car elle semblait l’apprécier. Ou alors ne cherchait-elle qu’une parodie d’amour en lui. Comment Azazel aurait-il pu ne pas l’aimer, elle ? C’était l’incarnation de tout ce pour quoi il avait combattu. Une force de la nature indomptable et à laquelle personne ne pourrait échapper. C’était elle qui permettait aux forts de peupler la terre et qui de sa main avide se saisissait des faibles. Si Yéhadiel aima Eve, Azazel aima Nayris. Sans jamais chercher à ce que ce soit réciproque. Elle aurait pu le torturer, le soumettre à des tourments sans fin, mais elle en choisit autrement, elle choisit une autre destinée et se décida à forger à partir de cette âme sombre un tout nouveau fléau.
Ain't no grave can hold my body downLorsqu’Azazel émergea de sa tombe, une douleur cuisante l’envahit venant de ses omoplates. Il pouvait y voir deux petites ailes noires, à l’aspect pour le moins rabougri. Il haussa un sourcil en tentant de caresser les ergots malingres. Ce n’était pas véritablement utile, et encore moins élégant, mais cela l’assurait d’une chose : tout ce qu’il avait vécu dans les limbes était bien réel. Deux objets se trouvaient juste à côté de lui, deux objets qui étaient pour le moins évocateurs.
Un léger sourire se dessina sur les lèvres du revenant. Un long bâton noir se trouvait là, ainsi qu’un crâne qu’il ne pouvait pas ne pas connaître. La déesse de la mort avait vraiment un souvenir douteux, mais au moins pouvait-il apprécier l’attention. Le bâton qu’il avait utilisé pour tuer son frère, ainsi que le crâne de ce dernier l’observaient calmement. Il saisit les deux, et d’un geste assuré, il fixa le crâne sur l’arme de fortune.
Etait-ce la déesse qui lui avait suggéré de faire cela ? Ou bien son simple instinct ? Quoiqu’il en soit, les deux objets étaient clairement plus que ceux qu’ils étaient, clairement plus puissants, mais aussi plus symboliques. Le crâne s’était fixé parfaitement au bâton, et bien plus encore. La mâchoire du crâne s’étendit pour révéler des dents acérées, tendit que des vertèbres apparaissaient derrière celui-ci. Ces dernières étaient aussitôt recouvertes d’une sorte de chair rougeâtre qui s’étendit jusqu’à finalement donner à l’arme toute sa splendeur. Dans les mains d’Azazel se trouvait une faux sinistre, à moitié constituée de chair et d’ossements. Elle semblait palpiter dans sa main, comme si elle était vivante, en harmonie avec son porteur.
D’une pensée, la lame disparut pour ne plus laisser que le crâne fixé solidement au bout du bâton, l’observant avec un rictus provocateur. Un large sourire se dessina sur les lèvres du revenant. Oh certes, il avait laissé une nouvelle part de son humanité dans les Limbes, mais les quelques souvenirs que lui avait offert Nayris valaient bien cela, ainsi bien entendu que le simple souvenir de la déesse.
- Toi et moi on va faire de grandes choses.Le bâton se mit presque à palpiter lorsqu’il lui prononça ces choses.
- Damnation. Je vais t’appeler Damnation. Un très joli mot tu ne penses pas ? Il rit. Posant la faux sur son épaule, il porta son regard vers l’horizon. Il avait un petit village auquel rendre visite. Bien entendu, ils l’avaient tué une fois, mais c’était avant que Damnation ne se trouve entre ses mains non ? Sans parler du fait qu’ils ne s’attendaient en aucun cas à voir débarquer Azazel depuis sa tombe. Il était temps d’apporter la peur et l’effroi à nouveau dans le cœur des hommes. Nayris avait son premier véritable adorateur.
Guerre et conflitLes années, décennies, siècles et millénaires qui suivirent furent d’une certaine façon toujours basées sur le même schéma. Azazel arpentait le monde, généralement seul, parfois accompagné de quelques suivants, semant derrière lui la mort et la désolation. Il forçait dans son esprit ceux qu’il rencontrait à devenir plus forts, purgeant la terre des faibles, tout en augmentant la puissance de sa déesse bien aimée, en rappelant à tous qu’ils n’étaient que des mortels qui finiraient de toute façon entre les mains de Nayris. Plus les années passaient, plus l’esprit tordu d’Azazel mettait au point de nouveaux jeux pour se distraire de son carnage quotidien.
Arpenter les champs de bataille Damnation à la main et fauchant la vie sans se soucier des camps et des alliances étaient toujours agréable, mais il se prenait à prendre goût à la manipulation. Créer des seigneurs de guerre, des prétendus héros était ce qu’il adorait. Accorder à un général des victoires successives sans qu’il ne se doute qu’Azazel se trouvait dans son armée, pour finalement changer de camp au dernier moment et changer le cour de la guerre. Bien entendu, forcer des êtres à l’assassinat par des manipulations était tout aussi délectable. Qu’il aimait s’infiltrer dans l’esprit des gens, semer en eux la graine du doute, ou bien des rêves d’ambitions et de vie éternelle.
Bien entendu, Azazel rencontra de temps à autre des êtres plus forts que lui, et certains pires encore. On ne peut revenir d’entre les morts sans mettre en colère la plupart des gens. Azazel mourut encore, et encore. Chaque fois, il arrivait dans les limbes, où il pouvait profiter de la compagnie de tous ceux qu’il avait tué, manipulé. Ceux dont il avait piétiné et détruit la vie. Finalement, il n’avait même plus besoin de se souvenir de ses anciens alliés, de ses ennemis et de ses erreurs, les Limbes s’en souvenaient pour lui. De la même façon qu’il finissait toujours par mourir à nouveau, jamais Nayris ne lui fit défaut non plus. Peut-être était-ce toutes ces histoires sordides dont il la régalait, ou bien son charme naturel, si ce n’est le chaos qu’il créait dans le royaume des vivants.
Quoiqu’il en soit, toujours, elle l’autorisait à revenir à la vie. Et bien entendu, à chaque fois, une part de son humanité lui était retirée. Il était infusé par les ténèbres des Limbes, devenant un peu plus monstrueux à chaque fois, devenant aussi plus fort à chaque fois. Damnation était une chose, mais au fil des années, ce fut une véritable panoplie d’outils mortels qu’il fut en mesure de mobiliser. Ses doigts agiles pouvaient devenir de véritables griffes, nettement plus utiles que les petites ailes qu’il avait reçu. Son corps au cours de ses pérégrinations et ses résurrections consécutives s’était aussi recouvert de nombreux dessins au sens caché, et ce sans parler des autres pouvoirs qu’il avait acquit.
Azazel était capable de communiquer avec les animaux, mais aussi d’appeler à son aide tous ceux qui vivaient proche de la mort. Les vers, les rats et autres charognards répondaient à son appel s’il le désirait. Une fois que Damnation avait goûté le sang, il pouvait transférer sa soif de carnage à ceux proche de lui. Sous son commandement, des armées se révélèrent victorieuses dans des situations normalement impossibles. Mais une fois que l’ivresse du combat se dissipait, les guerriers ne pouvaient que constater les horreurs qu’ils avaient commises sous l’influence du père du meurtre.
Back in the gameBien entendu, les gens avaient appris à redouter son nom, mais malgré ses efforts, les vivants proliférèrent à la surface du monde. Les humains étaient beaucoup plus nombreux qu’autrefois, et pas aussi forts qu’il aurait espéré les voir être. Finalement, peut-être qu’il s’était trompé, et que le seul moyen de devenir toujours plus fort était d’embrasser Nayris. Elle seule pourrait rendre sa grandeur au monde, et surtout le façonner à son image. Cette certitude se glissait de plus en plus dans son esprit, venant presque le hanter certaines nuits.
Il avait réussi à revenir des Limbes, et pas qu’une fois ! Certes, il avait l’aide de la déesse avec lui, mais si cette dernière pouvait défaire un processus tel que la mort, pourquoi n’avait-elle pas été capable de revenir de sa prison ? Qu’est-ce qui l’empêchait de revenir parmi les vivants pour prendre la place qui lui revenait de droit ? Elle-seule lui avait donné un véritable but et l’avait gratifié pour sa force. Sous la direction de Nayris, le monde pourrait changer totalement, devenir beaucoup plus sain. Ils pourraient se débarrasser des créatures impudentes qui osaient venir fouailler dans leur monde à eux !
Ces démons de Zelphos étaient des imposteurs, mais ceux qui se battaient contre eux étaient des traîtres. La seule maîtresse de ce monde était celle qui régnait sur tous les habitants du passé, sur tous leurs ancêtres et qui finirait d’une façon ou d’une autre à régner sur tous. Qu’ils s’abîment dans leurs guerres ridicules, qu’ils continuent d’abreuver les Limbes d’âmes et la terre de cadavres. Azazel, lui, trouverait un moyen de rendre Terra plus forte, de rendre à Nayris sa grandeur, de manière à ce que son monde ne soit plus menacé par des imposteurs venus d’autres dimensions.
Bien que puissant, Azazel fut vaincu une nouvelle fois. Mais ses ennemis avaient appris de leurs erreurs passées, et la réputation de la Bête qu’ils affrontaient était désormais bien connue. Au lieu de mettre fin à ses jours, ils le firent prisonnier. Ils l’emmenèrent dans les profondeurs de la terre, dans des cryptes oubliées. Ce ne fut que là qu’ils l’enfermèrent, loin de tous. Son emprisonnement ne fut toutefois que de courte durée. Car quelques années plus tard, des adorateurs de Nayris vinrent libérer leur champion, celui qui trouverait un moyen de faire revenir la déesse.
Le père du meurtre, le Fléau de l’humanité, celui-qui-peint-la-terre-en-rouge était de retour parmi les vivants, et n’avait qu’une envie, pouvoir offrir à celle qu’il aimait ce qu’elle méritait vraiment : la liberté.
- Citation :
- « Azazel ? » La voix est chantante, presque rieuse. Les yeux de Nayris pétillent d’une curiosité maligne alors qu’elle observe son favori, la tête légèrement penchée sur le côté. « Jouons à un jeu. »
La température grimpe, ou bien descend drastiquement – rien n’est moins sûr dans les Limbes, Royaume de la Déesse des Morts, qui disparaît dans un brouillard sombre, se dérobant au regard de son préféré pour mieux en ressortir femme. Une illusion aux galbes bien trop réalistes pour laisser n’importe quel homme indifférent. « Courtise-moi. » elle ordonne, déjà lascive ; cruelle, cruelle Nayris, insoumise et intouchable, torturant l’âme adorée autant qu’elle la chérissait.