Au plus profonds des bois se trouvent des lieux que les humains n'apprécient que peu. Des endroits où les frondaisons des arbres sont si épaisses et nombreuses qu'elles occultent les rayons du soleil, plongeant la forêt dans une sorte de crépuscule permanent. Dans ce genre de lieux, nombreux sont ceux qui pensent que ces endroits sont maudits et habités par des spectres, en fait, ces lieux sont le royaume des bêtes. C'est là que se trouve Cernunnos Quatre-Corne, entouré de ses quelques hommes-bêtes qui l'ont suivi depuis son territoire au sud, il y aussi des créatures locales, intéressées par ce que le meneur de la Harde a à leur offrir.

Seulement, aucune négociation, surtout entre bêtes, ne peut avoir lieux sans que cela n'implique des festivités ! Déjà plusieurs feux de joie ont été allumés, là où les espaces entre les arbres tortueux le permettaient. Des moutons, des vaches, des cochons sont en train de rôtir paisiblement, des tonneaux d'alcool se trouvent aussi ouverts et tous se servent abondamment. Cernunnos à fait monter du vin issu d'une vigne bien particulière, appelée à la Vigne Sauvage, tout simplement. Sur les territoires de la Harde, on raconte qu'une telle vigne est issue du sang du Dieu Cornu, qui coula lors de son dernier passage sur la terre des vivants. Quant aux animaux qui cuisent, il s'agit de ce qu'ils ont pu voler à des paysans sur le chemin, sans compter quelques bergères qui attendent leur sort, campées dans un coin.

Rapidité, férocité, voilà les deux aspects le plus notables d'un rapt chez les hommes-bêtes. S'y prendre avec assez d'énergie pour décamper avant que ne débarquent des hommes armés est l'essentiel, ou tout du moins qu'il n'en débarque pas suffisamment pour représenter une quelconque menace. Dans un coin, Zhur Taa, le sanglier géant, fouaille le sol à la recherche de nourriture. La musique traditionnelle s'élève, des tambours résonnent, ainsi que des binious et cornemuse. Sans parler de quelques flûtes qui forment un chant sauvage sur lequel dansent les hommes-bêtes et leurs prisonnières.

Cernunnos est assis sur une sorte de trône, ou plutôt un fauteuil, formé de branchages, d'osier, et d'ossements. A ses côtés se trouvent des chefs de meutes locales. Les hommes-bêtes se délectent des endroits éloignés de la civilisation, et plus on s'approchait de Foam, plus ils étaient nombreux à hanter les forêts, montagnes et landes. Des recrues potentielles pour la Harde, pour l'agrandir, la rendre plus importante, et surtout, instiller dans le coeur des hommes une peur universelle. Que tous apprennent, même depuis les murs de Sen'Tsura ou du marais de la désolation à craindre la Harde. Voilà ce que désirait Cernunnos, et voilà ce qu'il désirait offrir aux chefs du coin : une vie de conquêtes et de chasses !

Il porta à ses lèvres une corne emplie de vin épais. Son regard s'attarda sur l'une des femmes qui attendait son sort, et il se remémora certaines cicatrices qu'il avait récupéré pour venir jusqu'ici. La route n'était pas paisible pour ceux de son espèce, il ne le savait que trop bien. Espérons qu'il n'était pas venu dans ces contrées pour rien.

Roxo avait eu vent d'une troupe d'homme bête sur son territoire, et cela pouvait être fort embêtent, surtout maintenant qu'il avait besoin de chaque village et de chaque villageois pour rebâtir un Duché Florissant. La récente victoire d'AT sur les rebelles le dérangeait un peu, mais ce n'était qu'un détail parmi tant d'autre, il était le dirigeant dans l'ombre du Duché, c'était Alrea, sa future femme qui gouvernait au yeux et su de tous. Et c'était bien mieux comme ça. Il était le chef militaire et en cela il avait un contrôle total sur l'armée. Ce qui l’intéressait bien plus que la politique, de toute manière Alrea étant bien plus diplomate que lui, il lui laissait, bien volontiers.

Il partit donc avec une cinquantaine de cavalier en direction des bois, et une fois à proximité leur fit signe de s'arrêter, il prit le soin de vérifié si chacune de ses armes coulissaient bien dans leurs fourreaux et mit finalement pied à terre, il entendait de vagues écho de chants et de musiques tribale et il sentit l'adrénaline commencée à pulser dans ses veines, il ordonna à 2 soldats de venir avec lui et s'enfonça dans la forêt, disparaissant rapidement de la vue des soldats restant.

- Vous croyez qu'ils reviendront ?
- Bien sur que oui, c'est un vampire...
- Un vampire seul ne peut rien faire contre une horde de bête sauvage et on est trop loin pour entendre quoi que ce soit si ils appellent à l'aide.
- C'est pour ça qu'il est partit avec deux soldats ? Pour faire une sorte de relais. C'est de la simplicité pure.
- Ah, oui effectivement... Vu sous cet angle.
- Triple buse !

Effectivement Roxo avait laisser les deux soldats à distance raisonnable du camps et en forme de relais, bien sur la technique avait d'immense faille, mais c'était un sauf conduit qui pouvait faire ses preuves. Il déboula finalement au milieu du campement, vêtu en tout et pour tout de botte, d'un pantalon noir , d'une chemise noire et d'un pourpoint du même noir, le tout complété par son manteau d'amiral violet. De son dos dépassent le manche d'un sabre en argent, a son côté le fourreau de son katana et sur lui repartit en divers endroit des dagues. Il s'avança au milieu du camps, seul, se dirigeant directement vers la sorte de trône qui lui faisait face.

Finalement il toussota pour attirer l'attention de la créature en face de lui, et attendit silencieusement qu'elle prenne la parole.

Cernunnos vie l'intrus avant même que ce dernier ne vienne se planter devant lui. En effet, pour un observateur averti comme lui, il n'était pas difficile de percevoir l'agitation de ses semblables dans le sillage du vampire. Un centaure s'était approché du meneur de la Harde à la suite d'un signe de ce dernier.

- Va voir s'il y en a d'autre dans les bois. Je n'aimerais pas une mauvaise surprise.

Cernunnos se cala ensuite bien confortablement dans son trône. Il pouvait lire l'agitation du chef des hommes-bêtes du coin, assis à sa droite, sur un siège tout aussi semblable. Ce dernier était un satyre d'une sous-espèce plutôt rustre, dénuée d'aspect humain, il paraissait plus impressionnant que Cernunnos si le regard de ce dernier n'avait pas trahi son intelligence malsaine.

- Qu'avons nous là ? Un civilisé qui vient se joindre à nos festivités ? Mes frères, nous avons un peau-de-lait parmi nous !

La peau des hommes-bêtes étaient en général plus proche du cuir des bestiaux que de la peau des humains, c'était ainsi qu'ils s'aimaient à qualifier les créatures telles que les elfes et les humains. Ces êtres qui avaient besoin de vêtements pour ne pas s'écorcher la peau lorsqu'ils courraient dans les bois. Autour de Roxo et de Cernunnos commençaient à s'approcher des créatures à l'air féroce, et passablement enivrées. Ils n'étaient pas si nombreux que cela, mais on pouvait trouver dans leurs rangs quelques centaures et un ou deux minotaures qui paraissaient pour le moins redoutables.

Bondissant de sa chaise, Cernunnos tâta légèrement sa cornemuse, affichant un large sourire. Il s'approcha alors de Roxo, sans toujours lui adresser la parole, se contentant de renifler l'odeur qui se dégageait de l'intrus. Il observa aussi ses vêtements.

- Et bien, c'est ce que j'appelle venir largement trop équipé pour une simple fête ! Mes frères, ont dirait que notre cher ami est venu se battre ! Est-ce que nous aurions kidnappé l'une de tes soeurs ? Ta femme peut-être ?

D'un geste désinvolte, Cernunnos indiqua une sorte de cage en bois et en ossements où se trouvaient les bergères et fermières qu'ils avaient capturé lors de leurs derniers raids. Il arrivait de temps en temps que des maris ou frères ivres de vengeance cherchent à les délivrer. Généralement, les hommes-bêtes pouvaient jongler avec leurs crânes avant le lever du jour et leurs ossements venaient s'ajouter aux chaises des meneurs, ou bien même aux cages.

- Mais non, tu es trop bien habillé pour être un fermier. Peut-être es-tu venu goûter à la légendaire hospitalité des satyres ? Mes garçons, apportez donc un peu de vin sauvage à notre ami ! Ne refuse jamais l'hospitalité d'une bête l'ami, c'est la seule chose qui te garantis de ne pas être un repas, pour le moment... Bon, et si tu nous disais comment tu t'appelles et ce que tu viens faire ici ? Qu'on sache si tu es juste idiot ou stupide.

Un large sourire se dessina sur les lèvres de Cernunnos, invitant enfin l'intrus à lui répondre. La majorité des hommes-bêtes s'étaient massés autour d'eux, même si les musiciens continuaient toujours de jouer de leurs instruments. Les seuls qui manquaient étaient les quelques éclaireurs partis voir si Roxo était seul dans les bois. Le meneur de la Harde se souvint de la façon dont une humaine avait empoisonné toute sa famille. Mieux valait se méfier des peaux-de-laits, ils étaient encore plus vils et redoutables que des serpents.

L'homme bête qui se leva pour faire face à Roxo ne l'impressionna pas des masses. Il avait vu tellement pire au cours de sa vie qu'il n'était plus impressionnable par grand chose si ce n'est par l'éclat malsain qu'il voyait couver au fond de son œil. C'était une belle petite troupe qu'il avait ici et son œil affûter avait remarquer les cages bien avant que son hôte ne les lui désigne.

Il faisait à peut prêt la taille de Roxo et se dernier pouvait se contenter de le fixer dans le jaune fauve de son regard assez, étrange. Il lui semblait être face à un miroir. Voir cette folie latente dans le regard du satyre lui faisait penser qu'ils étaient quasiment semblable. Mais ce n'était pas pour ça que Roxo allait se laisser marcher sur les pieds. Il raidit un peu les épaules et dévoila sa dentition de requin aux yeux de la créature en face de lui.

Le vampire ignorait toute les personnes autour de lui, ce serait faire preuve de faiblesse, pour le moment c'était le meneur qu'il défiait, du regard pour le moment, mais il attendait une occasion, le bon moment pour faire jaillir sa main et se saisir de sa barbiche de l'être. C'était lui l'intrus, c'était donc à lui de s'expliquer. Mais pas avant d'avoir instaurer un petit rapport de force.

Un repas ? A oui, ridiculiser l'adversaire pour prendre un ascendant psychologique sur ce dernier. Sauf que ça ne marchait pas avec Roxo qui se contenta de hausser un sourcil. Il regarda le vin arriver et passa à l'action juste à ce moment là, sa main droite saisit la barbe de la créature en face de lui, tandis que de sa gauche un stylet en venait se loger au creux de sa paume, pointe de stylet qu'il appliqua légèrement sous la gorge du satyre.

- Écoute moi bien avant que je ne décide de t'offrir un second sourire. Je suis le chef militaire de ce Duché, ses personnes, que tu as dans ta cage, sont comme de la famille pour moi. Si je suis venu ici c'est avant tout pour savoir ce que VOUS vous faisiez ici. Alors on va faire ça de manière très très simple. Comme dans l'ancien temps, si ton cerveau atrophié peut parvenir à restituer des souvenirs à ta caboche. Je vais vous proposer de l'argent, une place sur ce territoire et vous donnez quelques missions de massacre et de rapt pour que vous ne vous ennuyez pas, en échange. Vous me rendez ses femmes là, vous rappelez vos éclaireurs qui doivent patrouiller dans la forêt à recherche de soldats, ils n'en trouveraient que deux, ils devraient en sortir pour tomber sur les 27 autres qui attendent à distance. Oui vous êtes plus nombreux, peut être, mais si ils passent à l'attaque, sache que je ne partirai pas seul. Tu partiras avec moi en premier. Et ensuite je verrais combien d'homme bête je peux entraîner dans la danse de la mort.

Relâchant tout aussi brusquement l'être qu'il avait saisit Roxo se recula et se contenta de sourire ironiquement, la pointe de stylet ayant disparut aussi soudainement qu'elle était apparut.

- Alors ? Il arrive ce vin ?

Cernunnos ne se départit pas de son sourire alors que la main de l'intrus se refermait sur sa barbe. Oh, qu'il avait de beaux réflexes ! C'était surprenant, de la part d'un peau-de-lait, et peut-être que si Cernunnos n'avait pas trop baissé sa garde, il aurait pu se trouver dans une meilleure posture. Mais quoiqu'il en soit, il n'avait pas peur, loin de là. Son sourire restait le même, et son regard plongea dans celui de l'homme. Homme oui, humain, non, c'était évident maintenant. L'être en face de lui devait se trouver avec une bête au fond de son coeur au moins aussi féroce que n'importe lequel des hommes-bêtes ici présent. Ainsi soit-il.

Quand il relâcha son étreinte, Cernunnos partit d'un éclat de rire. Autour de lui, ses frères étaient quelque peu sur les nerfs, mais le rire de leur chef suffit à les faire se détendre. Si jamais Roxo avait coupé la gorge de son interlocuteur, cela aurait véritablement dégénéré en bataille. Un baroud d'honneur pour le vampire, quand aux hommes qui attendaient à la lisière du bois... Ils n'auraient clairement pas l'avantage du terrain une fois dans la forêt, et tout cela aurait pu finir de manière assez sanglante. Cernunnos se massa la barbichette, tout en observant son interlocuteur.

- Et bien en voilà un qui a de sacrées balloches. Je dois admettre qu'il faut être assez courageux, ou stupide pour me menacer moi et mes frères comme tu viens le faire. Mais si nous récompensons quelque chose, c'est bien la force, qu'elle soit guidée par le coeur ou par l'air qui circule dans ta caboche.

Un des hommes-bêtes tendit une corne de vin au vampire, lui lançant au passage un regard sombre. Une partie des guerriers de Cernunnos étaient repartis danser ou s'enivrer, même si beaucoup se demandaient s'ils allaient pouvoir garder les filles et vraiment profiter de la nuit. Pour d'autres, il était venu le temps d'affûter leurs armes en prévision du combat à venir.

- Toutefois, je crois qu'on va avoir quelques problèmes, mon gênant ami. Je comprends très bien que tu souhaites ramener ces femelles dans leurs familles, mais nous sommes leur famille aussi ! Regarde-les ! Ce sont les épouses de mes semblables, au moins pour la nuit ! Quel être vil je serais si je privais mes frères de leurs tendres femmes ! Mais comme tu l'as compris, beaucoup de choses peuvent se monnayer... Seulement, on ne peut pas baiser avec de l'argent, surtout avec un faciès qui nous empêche d'aller visiter vos bordels.

Cernunnos invita l'homme à le suivre, tandis qu'il reprenait place dans son espèce de trône. A ses côtés se trouvait toujours le satyre primitif qui plaçait un regard noir sur le vampire. Quelqu'un apporta une sorte de rondin pour permettre à l'intrus de s'asseoir en face du meneur de la Harde.

- Piller, massacrer, enlever les donzelles, ça on sait faire. Mais qu'est-ce qui me donnerait envie de le faire pour toi, mon gars ? A part que t'en a peut-être un peu plus dans le pantalon que tes semblables pour être venu jusqu'ici. Tu me demandes de te rendre les femelles que mes hommes ont durement gagnées, en échange de quoi ? De pillage que nous aurions sûrement faits de toute manière ? D'or qui ne nous servira quasiment à rien ? Il va falloir monter les enchères, et nous offrir quelque chose d'un peu plus consistant. Tu veux récupérer des femelles ? Offre-nous en deux fois plus. Tu veux que n'attaquions pas ta famille ? Offre-nous en double tout ce que nous aurions pris chez elle. Je pense que nous avons une bonne base de négociation, non ?

Roxo attendit que son interlocuteur ai finit de parler pour prendre la parole, il bailla ostensiblement à la tête de l'homme bête qui avait l'air de vouloir en découdre depuis qu'il l'avait vu. Tant mieux, énervons les ils feront plus facilement des erreurs. Alrea était prévenu de l'endroit où il était partit et ses soldats savaient quoi faire en cas de gros problèmes. C'est à dire mettre le feu à la forêt et l'encercler.

Roxo resta donc un long moment assis, semblant réfléchir à la demande de la créature en face de lui, finalement il prit la parole, quasiment hésitant, mais ce n'était qu'une apparence, le ton était froid, sec, celui de quelqu'un qui à l'habitude d'être obéis.

-Enfait, je crois que c'est vous qui ne comprenez pas très bien la situation, je vous offre une chose, c'est la vie sauve, sinon je peux tout aussi bien masser toute les troupes du duché autour de cette forêt et y mettre le feu. Les femmes ne seront que des pertes regrettable. Mais tu as raison, il y à un duché pas très loin d'ici plus grand que celui ci, plus fournit aussi niveau récoltes et richesses. Et le dirigeant, je devrais dire, la dirigeante est une ancienne rivale à moi. Alors voici ce que je vous offre.

Roxo se leva et fit quelques pas.

-Déjà j'offre à 2 de tes hommes de venir me combattre, je suis sur qu'ils en crèvent d'envie. Tu défini les règles. Je combat et ensuite je reviens parler avec toi. Est ce que ça te va ?

Roxo était prêt à en découdre, et comme sut, il n'était pas très diplomate, il frapperait d'abord et discuterait ensuite, il avait toujours fonctionner comme ça et fonctionnerai toujours de cette manière là. Il se déplaça donc au milieu des hommes créatures bête, quelque soit leurs noms et attendit que le Satyre prenne la parole et lui dise quoi faire.

- La vie sauve ?

Le satyre était hilare une fois que le vampire eut terminé sa tirade. Ainsi, il leur offrait la vie sauve ? Qu'est-ce qu'il était généreux ! Ne savait-il donc aucunement à qui il avait affaire ? Chacun des hommes-bêtes qui lui faisaient face avait combattu depuis sa plus tendre enfance, il avait affronté des dangers que les peaux-de-laits, bien au chaud dans leurs maisons de pierres et leurs châteaux n'avaient jamais affronté. Qu'un de ces derniers ait l'audace de les menace était déjà une plaisanterie en soit, mais qu'en plus, que seul contre tous, il s'amuse à se considérer comme en position dominante... C'était à se tordre de rire.

- Mon bon ami, tu n'as aucune idée de ce dans quoi tu viens de mettre les pieds, n'est-ce pas ? Tu t'imagines sûrement que nous sommes que des bestiaux, des bêtes sauvages indisciplinées et que toi tout seul tu peux t'occuper de deux de mes guerriers ? Même si c'était le cas, j'ai autre chose à faire que de gâcher mes frères pour justifier ton orgueil de pouilleux. Tu veux te battre ? Tu vas pouvoir te défouler, après nous parlerons et tu arrêteras peut-être d'exhiber tes balloches et d'essayer de prouver que t'as la plus grosse.

Les hommes-bêtes s'étaient de nouveau rapprochés, faisant un cercle autour de Roxo, Cernunnos se leva à son tour, et fit un signe à l'un de ses semblables. Un minotaure de plus de deux mètres fendit la foule, mais il traînait derrière lui deux des fermières capturées, qui lançaient des regards apeurés tout autour d'elles. Elles se retrouvèrent face à Roxo, encerclé par les satyres, centaures et autres créatures. Cernunnos s'approcha et posa une main sur l'épaule de chacune d'entre-elles.

- Ne vous inquiétez pas mes chéries. Vous allez avoir un peau-de-lait pour vous occuper de vous cette fois-ci.

Son regard se braqua ensuite sur l'intrus.

- Je t'offre ce combat. J'espère que tu sauras mieux manier ta langue après, car j'ai peu de patience.

Cernunnos sourit à Roxo. Puis il sentit la magie de la bête s'éveiller en lui. La fureur à peine contrôler qui pouvait envahir chacun de siens déferlait au-travers du satyre, pour être canalisée par ses muscles, ses veines et ses griffes. La fureur trouva un écho insoupçonné au sein des deux femmes... Des bêtes intérieures, cachées et enchaînées depuis toujours par la civilisation, mais qui attendaient inlassablement. Il suffisait d'une petite étincelle pour les éveiller, et c'était ce que venait de leur offrir généreusement Cernunnos. Le satyre rompit le contact et recula quelque peu, ses yeux brûlant d'une lueur rougeoyante.

Les deux femmes quant à elles, étaient changées. Elles n'étaient plus le moins du monde apeurées, et se tenaient telles deux bêtes fauves, à demi à quatre patte. Leurs yeux brûlaient d'une sauvagerie libérée, et elles retroussaient même les lèvres pour montrer une parodie de crocs. Bien entendu, cela restaient des fermières, mais la sauvagerie qui les habitait désormais en ferait des adversaires plus redoutables qu'on ne l'y penserait. C'étaient des bêtes sauvages maintenant, totalement insensible à la peur, embrassant leur propre rage. Elles se battraient à coups de crocs et de griffes et leurs réflexes seraient ceux d'un animal.

Le cercle c'était refermé. Cernunnos fit une révérence à Roxo, l'invitant à commencer le combat. Le choix était entre les mains de ce dernier... Il pouvait tuer les deux femmes s'il le désirait, mais ce serait une perte vaine, ou bien il pourrait simplement tenter de les vaincre sans les tuer. A voir... Avec de la chance, il aurait compris que Cernunnos ne s'embarrassait d'aucune éthique ou compassion.

Roxo prit le temps de réfléchir un long moment et abaissa finalement sa lame avant de se tourner vers le meneur de la Harde.

-Ce combat ne servirait à rien, juste à massacrer deux pauvres créatures qui n'ont jamais rien demander. Vous avez des cartes ? Je peux vous indiquer ses territoires beaucoup plus intéressant que le mien. Plus riche, et affilié au démon, donc où la sécurité pêche plus que par ici, en gros amusement et terreur de votre côté.

Il se rapprocha du Satyre et se réinstalla sur le tronc en bois.

-Voyez vous, je sers une secte qui est chassée et persécuter par tous et je me retrouve donc obligé de vous demandez de mettre à mal ses territoires là plutôt que le mien, voyons cela d'un côté plus intéressant, je vous laisse un libre accès à Foam et dans les Marais de la désolation, en hiver si vous le souhaitez je peux vous fournir des cavernes aménagées, ou même des forêts avec de quoi vous mettre au chaud, je vous offre aussi des informations sur des territoires plus riches et plus agréable et moins dans le besoin que moi. Qu'en dites vous ?

Il se tendit doucement en arrière en profitant pour jeter un regard tout autour de lui.

- Et en plus cela m'arrangerait que ses territoires là sentent la puissance d'une force sauvage qui ose se dresser face à eux, je n'ai pas les troupes nécessaires pour me permettre de les défiés ouvertement comme vous. C'est pour ça que je vous lance cette demande d'alliance. Pour... En quelque sorte, me dressé contre eux à distance.

Cernunnos eut un sourire lorsqu'il vit que son interlocuteur avait subitement changé d'avis. Apparemment, il ne mentait pas quand ils considéraient ces femmes comme sa famille, ou bien il n'avait tout simplement pas assez de coeur au ventre pour continuer sa petite voie belliqueuse. Quoiqu'il en soit, il n'y aurait pas de combat inutile. Le satyre posa une main sur l'épaule de l'une des bergères, qui vint frotter sa tête contre lui, tel un animal cherchant les faveurs du mâle dominant de la meute. Le sourire du satyre ne faisait que s'élargir alors que le vampire se répandait en explications futiles.

- Tu penses m'avoir avec un tel discours mon gars ? Bouhouhou, nous sommes martyrisés, bouhouhou, mes terres ne sont pas très riches, allez plutôt voir mes voisins.

Cernunnos réalisait un jeu d'acteur mémorable en imitant son interlocuteur, arrachant des rires à tous les hommes-bêtes présents. L'altercation entre le chef de la Harde et le vampire était au coeur des festivités désormais. S'il n'y aurait pas de combat contre les bergères, au moins pouvaient-ils profiter de l'humour acerbe de Cernunnos Quatre-Cornes.

- Mais tu as raison sur quelques points. Il n'y a plus grand chose dans le coins qu'on ait pas déjà pris. Et nous ne sommes pas des barbares, nous ne ravageons pas tout jusqu'à ne plus laisser qu'un désert. Sinon il n'y aurait plus rien à piller à notre retour ! Mes gars et moi avons récupéré ce que nous désirions ici.

Il lança un regard au chef des hommes-bêtes locales qui hocha la tête en signe d'approbation. Roxo avait permis à Cernunnos de faire étalage de ses pouvoirs et de son autorité sur sa Harde. Dès lors, les autochtones le suivraient jusque dans le nord pour venir renforcer les siens.

- Par contre, ne nous fait plus l'offense de nous offrir des cavernes ou des forêts aménagées. Nous ne sommes pas des foutus peaux-de-lait qui avons besoin de tout votre confort dérisoire. Fourrure et cuir valent bien mieux que tous les vêtements que vous arborés !

Les hommes-bêtes poussèrent des acclamations et des rires gras. Certains se bousculèrent, pour faire étalage de leur robustesse.

- T'as rien à m'offrir, donc y aura pas d'alliance. J'ai apprécié ton culot, même si t'es pas beaucoup plus malin que le plus demeuré de mes gars. Alors voilà ce que je t'offre. Moi et mes gars, on s'en va. On passera sûrement par chez tes voisins. Peut-être qu'on pillera là-bas, peut-être pas. On pillera pas ici, c'est tout ce que t'y gagne. Pas de guéguerre inutile ici pour entacher les festivités, ça te va mon chou ?

Cernunnos lui tendit sa paluche avec son éternel sourire aux lèvres. C'était assurément la meilleure offre que récolterait Roxo ce soir. Le départ des hommes-bêtes sans plus aucun esclandre sur ses terres, et la possibilité qu'ils fassent quelques dégâts dans les duchés environnants. Mieux valait cela que la possibilité de se retrouver avec une troupe d'hommes-bêtes belliqueuse et hostile sur ses propres terres.