Black Bear
Tu veux t'en sortir vivant? Cours pour ta vie.
Information Surnom Âge : 23 ans Nationalité : Terre Profession : Justicier Camp : Indépendant Noblesse : Aucun Mort : Aucun
| Race Humain totem
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Caractère
Black Bear est comme une enveloppe vide. Il boit énormément afin d'oublier un lourd passé. Autrefois, il souhaitait ardemment servir Thera et devenir un elfe afin de revenir auprès de ses parents, mais à présent, il a renoncé à ces deux buts, alors il ne sait plus quoi faire en-dehors de survivre.
Black Bear est d'un tempéremment assez flou. Tantôt impulsif, tantôt complètement amorphe lorsqu'il boit, il est difficile à suivre. Lorsqu'il rentre dans une auberge, il va boire énormément en tentant de trouver un contrat ici et là, sans trop vraiment sembler s'en soucier, il lui arrive d'en refuser lorsque le contrat semble de nature trop ingrate, comme se faire recruter dans une bande de pillards.
Physique De taille moyenne et grande, un fort gabarit, le crâne rasé mais aux cheveux bruns, ses yeux sont pers. Il porte plusieurs peintures de guerre tribales associées à l'esprit du loup blanc et de l'ours noir. Ses pantalons et bottes sont beiges faites de cuir animal, et sa redingote est verte-kaki. Il porte une cotte de mailles pleine doublée d'une armure de plaques complètes dont le bouclier épaules abore le sigle '' VI '' pour des raisons inconnues.
Sinon, il peut également porter sa vieille armure de cuir de rôdeur, aux motifs de feuilles et de tronc d'arbres, lui permettant de se dissimuler là où il le souhaite.
Il trimbale son équipement sur son destrier, ainsi Black Bear semble assez équipé par ses années de mercenariat.
| Capacités Armes : Arc/flèches, épées, hache, fléau, lance et claymore personnalisée Pouvoirs : Totem Familier : Destrier de guerre Artefact : Aucun Autre :
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Histoire
Histoire Notre histoire s'entame au royaume de la Terre, sur un continent nommé Loriat, un immense royaume Elfique. C’est étrange comment parfois sont faites les choses... ce n’est que lorsque les erreurs deviennent irréversibles que l’on s’aperçoit alors de leur existence. Mais n’est-ce pas ce qui fait la beauté de ce monde? C’est ce cadeau magnifique que la Source nous a offert. C’est sur ce monde que le plus pur de tous les sangs veille. La nation des Premiers Nés, façonnés de la main de la Très Sainte. Au sein même de la vierge terre de Loriat.
Au sud-ouest de Loriat, on pouvait trouver deux forêts superposées. La partie supérieure était une région sauvage dédiée à la gloire de la Terre, vénérant la déesse du Plan Mortel; la partie sud était retournée à l’état purement sauvage et tribal, les esprits et les anciens régnaient. À la frontière des deux, il y avait de nombreuses frictions entre les clans sylvestres de cultistes et les tribus de renégats.
Les elfes sylvestres y vivant traquaient les intrus afin de maintenir la paix et la tranquillité. Divers clans régnaient dans les forêts de cette partie de Loriat. L’union de deux de ces clans fut celle des enfants de chefs : Khir’tops le Prédateur et Zixi la Sauvage, deux redoutables traqueurs.
Tous deux éprouvaient un attachement spirituel et primal l’un pour l’autre; les elfes ne pouvant ressentir les mêmes émotions que les humains. Le jour de la célébration, il y eut une attaque. Une tribu d’elfes renégats jusqu’alors inconnue des traqueurs sylvestres. Ces derniers subirent de lourdes d’impacts sous le choc, mais des éclaireurs d’autres tribus avaient été ameutés et en un rien de temps, des renforts elfiques prirent les rebelles à revers et ainsi, le couple eut la vie sauve. Khir’tops approcha de l’un des rebelles fait prisonniers. Il lui releva le menton, ce dernier était à genoux, pieds et poings liés, regardant le sol. Le suivant de Gaïa plongea son regard dans celui du renégat pendant de longs instants. Aucun des deux ne bougea d’un poil. Puis d’un trait, Khir’tops le contourna et lui plaqua une dague sur la gorge, lui relevant la tête, lui empoignant le cuir chevelu. Le renégat laissa échapper une expression de douleur. Puis le sauvage laissa échapper un mot :
- Nishtalle.
Kkir’tops leva les yeux vers Zixi qui observa le mercenaire quelques instants puis leva les yeux vers son fiancé et acquiesça de la tête.
D’un geste lent mais gracieux, il lui découpa la gorge d’un trait en enfonçant profondément la dague. Toussotant, le prisonnier se vida de son sang.
Ainsi, la traque dura toute la nuit. Ce fut à l’aube que la sorcière elfe du nom de Nishtalle fut débusquée. Elle avait été bannie de son clan il y a longtemps pour avoir fait usage d’art occulte et de profanation de cadavres, certains mêmes la croyaient capable de nécromancie, mais ce n’était là qu’une simple rumeur.
Elle vivait au sein d’une hutte faite en peaux d’animaux et en arbres déracinés au milieu d’un marécage. On disait d’elle qu’elle était une servante de Zorak, que ce dernier, en échange de certains services, lui accordait de sombres faveurs…
D’arbres en arbres, les traqueurs sylvestres se rapprochèrent de la hutte en formant un encerclement. La Tribu du Prédateur et celle de la Sauvage. Puis une volée de flèches de flamme magiques vola vers la hutte dans le but d’y mettre le feu. À cet instant, des assassins embusqués égorgèrent des chasseurs dissimulés dans les arbres, étant cachés au même endroit. Puis les traqueurs restants descendirent des arbres, se regroupant et tirant vers les assassins, ces derniers tombant comme des mouches pour certains, d’autres fuyant et les embusquant plus loin. C’est alors que du bruit et des bulles provinrent du marécage… un golem de vase émergea! Khir’tops se rua sur lui tel un lion et un féroce combat s’engagea entre les deux. Zixi se frayait un chemin jusqu’à la hutte en flammes et entra par une ouverture épargnée par les flammes… elle se trouva face à la sorcière en pleine transe, au milieu d’un pentacles, entourée d’artefacts.
- Raaah! Sacrilège! Toi qui as osé profaner mon sanctuaire, sur ton avenir s’apaisera mon courroux éternel! Je sais que tu attends un enfant, un mâle. Pauvre jeune innocente, sais-tu seulement quelle est la grandeur du défi qui t’attends? Par tous les dieux, nous verrons bien si cet enfant est digne de toi, sauras-tu lui accordé tout l’amour qu’une mère doit lui porter?
- L’amour?... Nous sommes les enfants d’Osskaell, comment peux-tu te laisser corrompre par la faiblesse humaine?
Sur ces mots, d’un coup sec, la Sauvage banda son arc et lui décocha une flèche en plein cœur. Nishtalle poussa un cri de douleur atroce, et d’un simple enchaînement, elle lui en décocha un second. Elle se donna un élan, bondit dans les airs, retomba au sol à genoux et compléta son élan en lui enfonçant la pointe de son arc entre les deux yeux, le retira, tourna sur elle-même avec l’élan, et la frappa sur le côté de la tête, la tuant sur le coup. La sorcière s’effondra et déjà, les flammes s’atténuèrent. Ce fut d’un triste air qu’elle sortit. Khir’tops chercha son regard, mais elle n’eut le courage de le regarder… Les deux à partir de ce jour sentirent la haine naître en eux… la haine envers tous les elfes ayant renié Osskaell et ses dogmes.
C’est dans le sang de cette attaque que l’enfant se forma dans le ventre de sa mère. Quelques mois plus tard, elle accoucha d’un humain. Khir’tops, voyant cela, baissa les yeux. Il prit sa dague, la leva et rechercha l’accord dans le regard de sa compagne… puis la négation.
Ainsi, Zixi avait fait le choix d’élever Zarghan et Khir’tops la suivit et accepta d’être le père d’un humain. Zarghan fut élevé pour devenir traqueur, mais les talents, ou plutôt simplement la volonté, lui faisaient défaut, au grand regret de ses parents. Zarghan aimait méditer le long des rivières et contempler l’océan, ainsi que de se promener dans les bois. Mais sa gentillesse était grande… il ne tenait guère de ses parents, comme si le maléfice avait tout changé jusqu’au cœur de l’embryon.
Alors qu’il pêchait un matin au-dessus d’une rivière, son père vint le trouver et s’assit près de lui.
- Ô mon fils, sais-tu seulement le retard que tu prends par rapport à ta croissance?
- Ô mon père, tous ces apprentissages me semblent si complexes, j’ai du mal à garder la tête haute.
- Tu dois rester concentré.
Zarghan fut formé sur le plan spirituel sa foi fut maçonnée au terme de moult efforts. Il apprit énormément sur le monde extérieur parmi les écrits, et en écoutant les histoires et les chansons des troubadours de Muse, dans les cités et villages.
Ainsi, on lui apprit les règles de l’Équilibre. Sa beauté fait son horreur. Son horreur fait sa beauté. Il devint ainsi émerveillé lorsqu’il voyait une fleur s’épanouir, et versait une larme pour chaque fois qu’il voyait un prédateur tuer sa proie sous son regard impuissant, sachant tout de même l’acte nécéssaire dans la balance. Sa mère remarqua sa faiblesse. Lorsqu’il s’entraîna au bâton avec elle sous la pluie au bord de l’océan avec elle, elle fut plus farouche et les coups furent solides. Il souffrait le martyr.
- J’ai remarqué la présence de tes sentiments de compassion pour chaque être dont le temps était venu dans le Cycle de l’Équilibre. Tu te refuses, dans ton humanité qui te rend si faible, de reconnaître l’œuvre de notre Mère à Tous comme étant hors de tout doute. Tu t’obstine à contester la Source.
- Non, c’est faux!
Elle lui envoya un coup gracieux et violent sur la rotule, il s’affaissa au sol.
- Faible d’esprit et de corps. Il te reste beaucoup à apprendre… Vas laver tes plaies dans les eaux saintes du Temple.
Elle lâcha son bâton; Zarghan haletait, souffrant, à genoux au sol, les dents serrées. Une larme coula sur sa joue, voyant sa mère s’éloigner. Son père attendit Zixi plus loin. Sans se regarder, Zixi arrêta un instant. Les deux pensaient la même chose. Elle baissa simplement la tête et continua son chemin.
Il avait atteint sa douzième année. Il méditait sur un rocher. Des images lui vinrent subitement et sauvagement. C’était Nishtalle. Tout autour de lui avait disparu, il était dans le néant avec la sorcière.
- Traqueur humain, je savais que ta faible mère te laisserait la vie sauve. Faiblesse dont tu as hérité. Faiblesse qui s’accentuera jusqu’au jour où ton ossature sera scellée.
- Toi, sorcière, est celle qui a fait de moi ce que je suis à ce jour. Toi qui m’as choisi pour tenter de faire naître en moi la corruption.
- Je souhaite simplement faire de toi l’objet de ma vengeance. Ta mère tient tellement à te garder en vie, mais tu lui causes un tord si satisfaisant pour moi.
- Je tenterai de combattre cette faiblesse. Les émotions que tu as fait naître en moi avec l’humanité, je m’en éloignerai.
- Tu es un humain et non un elfe. Émotions et humanité sont indissociables. Je vous briserai ainsi tous les trois; ces émotions te briseront; en te brisant, je brise Zixi, en la brisant, je brise Khir’tops. Tu ne seras jamais brave et féroce. Du moins, j’en doute fort. Et si tu n’es pas brisé, Zixi ne supportera pas de voir son fils vieillir et tomber en poussière alors que sa peau reste aussi lisse qu’il y a des siècles.
Puis elle disparu, et il se retrouva sur le rocher au bord de l’océan. Ainsi, la sorcière hantera son esprit. La colère apparue dans les yeux de Zarghan. C’est alors qu’il couru s’emparer de son arc et son carquois de flèches. Il pista un sentier de gibier. Il trouva un petit troupeau de cerfs. Il attendit, silencieusement. C’est alors que des loups apparurent et prirent en chasse les cerfs; l’un d’eux étant trop vieux et malade pour fuir se fit attraper par la femelle alpha de la meute et les loups commencèrent à dévorer le cerf vivant… Zarghan se força à être spectateur de la scène… la tension lui brûlait les muscles… il trembla… la furie… puis versa une larme, banda son arc et tira sur la femelle alpha, qui s’effondra. Du coup, tous les loups prirent la fuite.
Il sortit de sa cache. Les larmes coulant sur ses joues, il approcha du loup et avec extirpa son épée. Il le décapita et du coup, le contenu de son estomac remonta et il vomit ainsi au-dessus des deux cadavres. Par après, il resta à genoux, rampant dans sa mixture, pleurant.
- POURQUOI!!!!
Tout couvert de sang et d’autres choses, il releva les yeux vers les arbres. Son père l’observait. La déception dans le regard. Sa mère émergea et approcha de lui.
- Nous savons que tu fais de grands efforts. C’est un combat contre toi-même que tu devras livrer. Nous t’aimons, mais je crains pour toi.
La pluie dégoulina sur lui, empirant son état.
Ainsi, son entraînement continua jusqu’à ce qu’il atteint maturité, après avoir vu passé quinze hivers dans sa vie.
… Morts vivants sous toutes leurs formes, démons, anges, monstres provenant d’un autre monde que celui engendré par la Protectrice, ainsi que tous ceux dont leur sang aurait le malheur de couler dans leur veine, doivent disparaître du Plan Gaïa. Traquer les aberrations. Sois attentif à l’appel de la nature. Écoute le conseil des druides. Obéis à un aîné. Les druides les plus puissants te dicteront la parole divine. Les dryades descendent en ligne droite de l’Énergie. Traites-les en conséquence. Protège le Royaume de la Terre. Soigne la terre. Sème l’harmonie là où la discorde n’est pas fondamentalement nécéssaire.
Telles furent les grandes lignes de son apprentissage. Lors de son sommeil, Nishtalle réapparu :
- Tu as progressé, tu pourrais peut-être même un jour porter le titre de rôdeur… mais tu as nettement déçu tes parents à cause de cette faiblesse liée à ton humanité sous une aile elfique, faiblesse accentuée par celle de ta propre mère. Tu devras un jour faire face à tes propres démons. La seule manière de les vaincre sera de te purifier de ton humanité en devenant un elfe. Ce dont je doute fort…
Il se réveilla en sursaut. Il transpirait. Il regarda vers la sortie et ne vit pas l’ouverture… pas étonnant, il était nez-à-nez avec un ours noir. Il ne remua pas un poil… l’ours le dévisagea longtemps. Puis c’est alors qu’il lui glissa un poisson fraichement pêché. Le garçon pris doucement sa dague et découpa le poisson et en offrit la moitié à l’ours… ce fut sans doute son repas le plus jouissant, à compter de ce jour, le poisson devint son plat préféré.
L’image de la sorcière, au fil du temps commençait à se graver dans l’esprit du forestier. Lui rappelant la sinistre malédiction dont il fut victime, son lourd fardeau, au fil de ses entraînements, il tenta de la chasser de son esprit, puis elle se mise à le terroriser. Ainsi, la vision de Nishtalle évoqua à présent la peur et le repli sur soi chez le futur rôdeur…
Ce fut à son seizième été que son radeau et ses affaires furent prêtes. La veille de son départ, sa mère lui avait dit qu’il était temps pour lui de suivre sa voie et de les quitter. Son père lui a dit de ne jamais revenir et de suivre la voie de la Toute Puissante, la propager à-travers le monde. Si un jour il méritait vraiment honneur en tant que serviteur, ils viendraient lui dévoiler un secret de leurs ancêtres… peut-être… Cette journée-ci, ils avaient disparus… Ainsi, l’adolescent pris la mer vers le nord-est de Loriat… Banni du territoire de ses parents, qui correspondait au sud-ouest de Adrelys, proche de la frontière.
Zarghan avait été abandonné de ses parents. Ainsi, il dû se frotter à une violente tempête sur les océans. Il fit naufrage sur les côtes du royaume, où il fut trouvé par un noble déchu nommé Kronos Arion qui s'occupa de lui en tant que tuteur et le fit rejoindre les rangs de ses derniers soldats, les guerriers d'Yremdil. Kronos avait également perdu son royaume englouti dans un tsunami.
Les guerriers d'Yremdil eurent tôt fait de rejoindre la Résistance de Galaad, il avait à l'époque 16 ans. Ils combattirent les forces du mal avec un commandant lâche qui fut tué dans un coup d'état, le brigadier du clan pris le commandement. Cette cellule de la résistance fut défaite à l'automne, Zarghan erra tout hivernal puis au printemps, quelque se trama. Zarghan, d'où il était avec la Résistance, était en fait dans un camp de réfugiés humains sur le territoire des elfes et en raison d'un triste malentendu, ces humains furent chassés vers un autre continent. Un ivrogne dont il avait fait la connaissance alors qu'il était dans la résistance lui proposa de rejoindre son clan qu'il était en train de consolider et ce clan se voulu alors neutre. Ce clan devint simplement ''Les Loups'' puis un peu plus tard ''Les Loups Blancs''.
Mais cela n'était guère un hasard, car certes, l'esprit du Loup Blanc avait béni ce moment afin de consolider une nouvelle faction grandissante de la Grande Meute Blanche, une grande association secrète prônant la Liberté, l'Égalité et la Bravoure.
L'histoire de cette meute remonte à bien longtemps, en des temps anciens:
Légende des loups
Il y a très longtemps, bien longtemps après la création des humains engendrés naturellement, un puissant sorcier faisait la loi à certains endroits dans le monde. Plusieurs adeptes suivaient ses pas, et la terreur envahissait plus d’un.
Même Amalius, tel était un de ses noms les plus connus, à l’époque. Il était percé par l’angoisse et la crainte qu’un jour, quelqu’un prenne sa place et tout ce qu’il aime. Il eut deux fils et une fille avec une de ses maîtresses, et établit sa tour dans les confins du Nord de Hecha. Un jour, et il fut visité par un archidruide de Thera. Ce dernier clama haut et fort :
- Ô vil sorcier! Que la peste soit de toi! Car c’est ta propre chair qui aura raison de toi! Oui! Les bâtards que tu as enfanté, c’est bien d’eux que je parle! Notre Mère à Tous m’a chargé de te prévenir, vieux fou sénile! Je l’ai vu dans le reflet de l’eau, la danse du vent, la fougue du feu et le langage de la terre! Lorsqu’il sera écoulé dix lunes qu’ils sauront marcher, ils auront eut raison de toi! Malheur à toi!
Amalius fit chasser l’archidruide. Il ne fit ni une ni deux. Il couru dans la chambre du berceau de ses enfants. Les poupons dormaient à poings fermés dans leurs petits lits. Il prit un grand panier de rosier flottant, mit une couverture dedans et posa un dernier regard sur sa progéniture avec amertume. Une larme coula le long de sa joue. Puis trois de ses maîtresses firent irruption dans la salle en courant, se jetant à ses pieds, l’implorant de toutes les larmes de leurs corps afin qu’il renonce à cette barbarie sauvage. À contrecœur, il ne puis exécuter leurs vœux. Elles lui déchiraient le bas de sa robe magique. La légende raconte même qu’elles larmoyaient du sang après lui avoir arraché le bas de sa robe.
Les cinq maîtresses le suivirent, lui lavant les pieds de leurs larmes et sang, lui frottant les mollets désespérément, sans succès, le sorcier était bien résolu à commettre l’irréparable. Il descendit, l’air sombre, les marches de sa haute tour. Ses disciples l’attendirent à la sortie, tous en sombres robes, les mains jointes tels des moines, la tête capuchonnée penchée, de sorte que l’on ne voyait rien de leurs corps. Ils firent une procession funèbre et silencieuse à ses côtés. Seuls les pleurs des maîtresses se faisaient entendre.
Passé l’orée de la forêt, au cœur des bois, il y avait une vieille hutte faite toute en vignes. La forêt luxuriante les dissimulait à des miles à la ronde, en ce havre de paix et de sérénité. L’archidruide discutait avec un Chaman devenu Esprit Mineur.
- La prophétie doit s’accomplir, sinon de grands malheurs s’abattront sur le monde et la paix de Gaïa telle que nous la connaissons disparaîtra! Ce sera le chaos!
- Je quémanderai l’aide des esprits pour mener à bien les élus de la prophétie. Mais c’est une grande faveur que vous me demandez de leur quérir.
- Je le sais, Ô Esprit Mineur. Nous devrons en payer le fort prix. Je le sais.
Puis il alluma les torches, puis des chandelles, de l’encens. Un pentacle au sol avait été dessiné. Puis tous deux entreprirent la danse de rituel des esprits. La pluie déferla sur la forêt, suivie d’une sécheresse, puis un incendie.
La nuit. Puis ils jetèrent au feu des champignons autant que des artefacts qu’ils disposèrent sur le pentacle en récitant des chants et des anciennes incantations. Puis un ouragan, puis un blizzard…
Un halo de lumière pure les aveugla… Leurs corps se mirent à pourrir pour se décomposer entièrement dans le sol. La végétation décupla de densité, les racines rongèrent le sol, la terre se fortifia…
Puis les racines envahirent la base en amont de la rivière coupant la forêt. Une lumière phosphorescente et apaisante envahit l’eau.
À des lieues de là, dans le même cours d’eau, Amalius arrivait. Ses disciples firent un couloir jusqu’au cours d’eau. Ses maîtresses firent leurs ultimes supplications.
Tenant tout doucement le panier, il s’agenouilla devant le cours d’eau. Les nourrissons ne tarderont pas à se réveiller, et il sera trop tard pour s’en débarrasser, le cœur d’Amalius ne tiendra pas.
Il ferma les yeux puis déposa un baiser sur le front de chacun des trois. Puis larmoya sur chacun d’eux. Une des maîtresses tenta de lui arracher le panier des mains, mais au dernier instant, un des disciples l’empoigna fortement et la tira en arrière, alors qu’elle poussait des hurlements inhumains.
Puis il déposa le panier dans le cours d’eau. Il flottait merveilleusement d’horreur. Puis il se retourna et approcha de sa maîtresse que le disciple tenait immobilisée d’une poigne de fer. Elle lui cracha au visage.
- Sale traître! Lâche! Pleutre! Indigne!
Il la gifla en plein visage, la tristesse se changeant en colère. La maîtresse crachait du sang, et se tenait sur le disciple pour ne pas vaciller, la tête penchée de côté vers le sol, faiblement.
- Umf… sale porc d’assassin, ouais!
Lâcha-t-elle entre les dents. Sur ces mots, Amalius mit ses mains à la gorge de la malheureuse et referma ses mains sur elle puis serra. Il resserra son étreinte de toutes ses forces en regardant la fille suffoquer, les yeux dans les yeux.
Elle le regardait, le regard semblait témoigner de la frayeur, mais c’était là un ardent désir de vengeance qui s’y cachait. Il donna des poussées pour accélérer l’agonie sous sa poigne, puis finalement, les muscles de la jeune femme lâchèrent, puis elle s’affaissa. Il continua de serrer et de saliver entre ses dents, la rage au cœur pendant encore deux mèches, puis relâcha tout doucement. Il respirait lourdement et tenta de capter sans succès son regard cadavérique. Il lui chuchota des petits mots à l’oreille, des choses que vous ne préfériez ne pas entendre, puis lui referma les yeux. Le disciple alla porter le corps inerte de la fille de dix-sept ans à l’eau, puis le courant la porta. Il regarda les quatre autres, qui se turent…
- Ainsi, votre nombre diminue… dire que cette nuit… Elles étaient cinq. Continuez et je sévirai.
Puis le soir même, il alla consulter un prêtre pervers et pédophile perverti de Mira. Il était gras, boutonneux et virulent. Le désir de luxure brûlait ardemment dans son regard. On disait qu’il était le fruit d’une union entre une pauvre femme vierge et un gobelin. Il regarda Amalius pénétrer son domaine, du haut de la fenêtre de sa demeure, puis le vit entrer dans ses quartiers. Amalius lui lança une bourse emplie d’or à ses pieds, puis le prêtre se jeta dessus avec appétit. Amalius, à bout de patience, ne perdit pas un instant.
- Alors, que dis l’Oracle?
- Oh, mon bon seigneur! Oui, l’Oracle, bien sûr! Oh… hélas, je…
Il fit des incantations, approcha d’un chaudron étrange brûlant au-dessus d’un fourneau. Il regarda le liquide à l’intérieur, jeta des poudres et des herbes, mélangea puis rétorqua, tout en bavant, postillonnant en tout temps.
- Aaaahh… mais oui, vous avez bien fait de vous débarrasser de vos petits monstres… oui… je vois que vous avez un brillant avenir! Vous deviendrez craint et respecté partout à travers le monde! Hi hi hi!
- Bien, bien… il est temps, il est temps, Mordack!
- Oui, mais oui… oh! Je vois vos petits protégés… ils vont survivre. Mais oui, ils vont survivre! Mais ils ne sont plus dangereux pour vous, non, aucunement! Ils ne le sont plus! Ah, mais oui, ils ne le sont plus! Mais par contre… Je vois que des esprits veillent sur eux, ils brouillent leur piste… vos alliés risquent d’avoir des ennuis avec eux… et ils se pourraient qu’ils menacent votre futur empire… non, pas eux… leur progéniture! Ah, mais oui! Mais ce destin ne peut plus être changé…
- Maudit… malédiction… grr…
- Deux parmi eux vous loueront un jour… mais l’autre… j’ignore entièrement tout sur lui.
Pour le sorcier, les poupons étaient déjà parvenus trop loin pour qu’il puisse intenter quoi que ce soit. Le courant les emmena sur le bord de la rivière, bien plus en aval. Puis il alla se loger dans un ruisseau, détourné par un barrage de castors.
Le panier fut stabilisé dans le point d’eau. Les poupons se réveillèrent, effrayés. Puis tous trois se mirent à pleurer. Leurs pleurs et leurs cris se perdaient dans la forêt verte et si belle… un si bel endroit pour mourir. Sous leurs cris, un phénomène sembla se produire, comme s’ils avaient alerté le vent, un courant d’air se souleva et le vent fit un tourbillon au-dessus du berceau, puis prit des formes canines. Des grandes oreilles se formèrent, des longues pattes superbes s’érigèrent… puis se changea en esprit-loup. Son corps était orné de peintures et de tatouages, et sur brillait.
Se mit en position assise dans le vide, il baissa la tête, oreilles baissées, vers le berceau et renifla l’odeur des nourrissons, puis releva la tête vers le haut, s’étira le plus haut possible puis hurla à la lune, bien droit.
Shaïa venait de voir la lumière, dans la douleur, comme tous et toutes, d’autant plus pour sa pauvre mère. Parmi la portée de ses frères et sœurs, elle se distingua par son pelage multicolore. Au-dessus de son visage, sa fourrure était noire. Le museau et sous le museau, tout était gris. La queue était noire, ses pattes étaient blanches, son pelage était un mélange des trois couleurs. Elle vécu sa jeunesse dans la joie et l’allégresse, sous la tutelle de sa mère, ses pairs et les puissants de la meute.
Lorsqu’elle devint adolescente, elle savait parfaitement chasser le petit gibier et se battre avec ses frères et sœurs. Elle avait déjà vu ses parents les défendre contre les coyotes, et avait déjà assisté à des chasses de gros gibiers. Elle accompagna pour la première fois ses parents à la chasse. Elle était si excitée! Ils traversèrent des miles et des miles puis furtivement, repérèrent les traces de gibier. Ils pistèrent un troupeau de wapitis. La mère de Shaïa, qui était la femelle alpha, et le mâle alpha traquèrent une jeune victime blessée et mourante. Le reste de la meute l’encerclèrent puis, la mordirent tour à tour, pour l’épuiser tandis que le troupeau se sauvait. Puis elle tomba à terre, puis la meute l’acheva. Le couple alpha se mit à se servir, lorsqu’une odeur particulière envahit l’air. Une odeur d’urine inconnue. Puis des hurlements.
- Peste!
Aboya le mâle alpha. Ils se mirent tous en cercle, tournés vers l’extérieur, prêts à se défendre. Les loups de la meute ennemie émergèrent des fossés. La meute de Shaïa comptait 5 chasseurs, le couple alpha compris. La meute rivale comptait sept membres. Ils décrivirent des cercles autour d’eux. La femelle alpha ennemie alla voir la mère de Shaïa. Elle grimaça :
- Tu es sur mon territoire, chienne.
- Le troupeau est passé sur le nôtre auparavant, il nous a mené jusqu’ici. Rétorqua sa mère
- Aucune importance, elle est à nous, à présent.
- Laisse-nous l’emporter, nos bouches à nourrir sont affamée, et je…
La femelle ennemie montra les dents et gronda.
- Crois-tu que ça me préoccupe? Les nôtres aussi crient famine! Grr!
- Les tiens n’ont qu’à se manger entre eux, ils l’ont déjà fait!
L’ennemie fut piquée au vif et se jeta sur la mère de Shaïa. Toutes deux roulèrent au sol sur elles mêmes, dans un combat vif, vicieux et des plus horribles. Deux femelles alpha se bagarrant pour leurs petits, il n’y a pas de spectacle plus traumatisant. Nul autre loup de remua.
L’ennemie, Taïerra, agrippa dans sa mâchoire Taenna, la mère de Shaïa. Elle donna de violents coups pour lui briser le cou, mais sans succès, Shaïa suivait ses mouvements, puis dé -balança son poids, la fit rouler contre un arbre, lui fracturant certains os du dos, Taïerra se remit en position, en flanquant des coups de griffes sur Taenna. Elle feinta de tomber au sol. Taïerra se jeta sur elle, mais Taenna remua au dernier moment, puis la projeta en contre-balançant son poids, sur une branche, sur laquelle elle s’y empala. Taenna se releva difficilement mais avec fierté.
Le mâle alpha ennemi, Glox, recula devant le mâle alpha de la meute de Shaïa, Goulan. L’ennemi baissa les orreilles et se fit tout petit sur ses quatre pattes. Goulan se tint fièrement devant lui en montrant le torse. Glox lui lécha la gorge, puis se laissa tomber sur le dos et présenta comme il se le devait ses organes génitaux que Goulan alla sentir. Puis il lui ordonna de partir. La meute ennemie, abandonna le corps de Taïerra, quitta les lieux. En titubant, elle suivit pour escorter la carcasse jusqu’à la tanière. Au beau milieu du chemin, Shaïa se jeta sur sa mère et la mordit sauvagement à la gorge, son sang giclant. Elle donna des sales, la traîna tout partout jusqu’à ce que la gorge se détache. Puis elle laissa le corps inerte. Une traînée de sang de plusieurs mètres avait été laissée. Couverte de sang, elle retrouva le reste de la meute. Les trois se retirèrent de son passage. Pour une jeune louve, Shaïa était d’une beauté rare. Le mâle alpha vint la lécher un peu partout.
- Si tu te fais obéir par les autres, tu seras ma nouvelle compagne.
Geint-il. De retour à la tanière, Shaïa montrait les dents et imposa son autorité à tous. C’est ainsi qu’elle devint la femelle alpha.
Ce fut alors qu’une nuit de pleine lune, Shaïa hurlait à la lune. Puis son hurlement, une harmonie somptueuse, entra en contact avec le chant défunt de celui de sa mère… elle l’entendait dans sa tête.
- Ô ma douce enfant… je savais que tu y arriverais. Merci d’avoir mit un terme à mes souffrances. Je savais que ce serait toi qui finirait par prendre la tête de la meute. Mais demain, tu en seras bannie. Ton destin te sera révélé par la Sainte Énergie.
Ô justement, le lendemain soir, alors que Goulan se livrait aux préliminaires avec elle, il s’aperçu rapidement de quelque chose qui ne tournait pas rond sous elle.
- Je ne pourrai pas m’accoupler avec toi… nul ne le pourra. Tu es une engeance contre-nature! Meurs et nourris les tiens!
Il s’élança pour la mordre, mais elle l’évita de justesse. Elle se faufila dans le terrier pour sortir du terrier. Puis elle s’éloigna. L’équipe des chasseurs la prit en chasse. Elle couru aussi vite qu’elle le pu pour les semer dans la nuit.
Elle se trouva un abri où passer la nuit. Puis elle eut un rêve étrange. Elle se trouvait au cœur d’une forêt merveilleuse. L’esprit du loup vint la visiter.
- Shaïa, n’aie crainte car ton heure n’est pas encore venue. Tu es celle qui fut assez brave pour faire le nécessaire afin de récompenser sa mère en lui soulageant la douleur. Tu as été choisie pour mener une grande quête au sein de la Prophétie. Le temps est venu pour toi d’affronter ton destin.
Elle se regarda dans une flaque d’eau et son reflet était… humain. Pour être précis, ce qu’elle voyait, c’était le visage de la maîtresse qu’Amalius avait occis. Elle détourna la tête.
- Au cœur de la Prophétie, ton nom est écrit en terre, en eau, en feu, en air! Cette responsabilité, tu te dois de la porter, même si c’est chose ardue. Amalius deviendra trop fort. Mais tu guideras ceux qui se battront pour la liberté. Quitte à se battre entre eux. De même que l’égalité. Et le courage.
- Est-ce donc pour ça qu’il m’est interdit d’avoir des enfants?
- Je suis désolé pour ceci.
- Pourquoi moi?
- Mira et Thera t’ont élue.
- J’ai peur…
- Comme nous tous.
- Je suis la servante du Panthéon. Je suis prêt à m’acquitter de ma mission si je puis retrouver mes vertus et fonder ma meute.
- Qu’il en soit ainsi.
Shaïa se réveilla à l’instant même. Elle fut attirée par de lointains cris accompagnés d’une douce et fraiche odeur de chair humaine. Elle la suivit furtivement. Telle la chasseresse qu’elle était, elle approcha tout doucement de l’étang. Puis étrangement, elle se sentie apaisée. Un instinct bien plus profond que tout ce qu’elle avait déjà connu naquit en elle. Tout doucement, elle approcha de l’étang et accroché aux branches d’un barrage de castor, elle aperçu trois petits chérubins égarés et emmitouflés dans de jolis tissus, sur une belle serviette dans un panier en rosier flottant. Elle agrippa dans sa mâchoire le bout du panier. Puis le ramena au bord de la rive.
Elle renifla l’odeur des trois poupons dans le panier. Puis la sienne s’imprégna avec la leur. Elle reprit le panier puis marcha sur un kilomètre.
Loup, tu honoreras la marche
De la louve mère
Puis trouva une vieille tanière. Aucun territoire délimité, désert. Elle alla poser le panier à l’intérieur, dans un endroit chaud et sec. Puis les allaita.
Pendant des années, l’esprit du loup procura force et patience à la jeune louve, car pour une créature d’une durée de vie si fortunée, élever des êtres pouvant voir déferler un siècle sous leurs yeux étaient chose ardue. Elle s’acquitta de sa tâche dans la douleur et la souffrance.
Loup, tu honoreras la douleur
De la louve mère
Les années passèrent, mes sitôt que les poupons devinrent des enfants, deux garçons et une fillette, ils se mirent à construire des pièges et à embellir à la tanière pour d’ingénieuses innovations.
Le premier garçonnet était blond aux yeux bleus, souriant et était toujours le premier à caresser sa mère. Il ne se comportait pas vraiment comme un loup, mais il semblait avoir bien plus d’humanité que les deux autres. Bien sûr, son comportement était primal, animal et sauvage, il se comportait comme un loup. Il n’en avait simplement pas l’âme. Il explorait énormément, semblait toujours se questionner. Il avait beaucoup de respect pour ses pairs et sa mère.
Le second garçonnet avait les cheveux et les yeux noirs. Il allait toujours se bagarrer avec son frère et sa sœur, se précipitait avec égoïsme sur la nourriture. Lui se comportait bien davantage comme un loup. Il chassa en premier, mais de si petites proies qu’elles ne faisaient qu’accroître sa faim. Il le faisait pour le simple plaisir et pour montrer sa domination.
La fillette était souvent celle qui se tenait à l’écart de ses frères, mais très souvent auprès de sa mère. Elle apprenait d’elle, la suivait partout telle son ombre. Elle aimait flatter son pelage et lichait un peu parfois pour faire sa toilette. Elle faisait très attention à l’apparence. Mais son âme restait imperceptible. Toutefois, tuer ne semblait guère l’importuner… comme si son cœur était vide.
À leur dixième année, elle les amena à la chasse. Furtivement, ils parcoururent les bois et repérèrent un troupeau de cochons. Ils en trouvèrent un fortement âgé, tenu à l’écart de la harde. Ils se positionnèrent en formation d’encerclement. D’un trait, la mère bondit hors de sa cache et coupa entre le vieux et la harde, afin de les couper et de l’isoler, en restant devant lui et décrivant des allers-retours pour le forcer à faire demi-tour. À cet instant, les enfants bondirent de leur cache et se jetèrent sur lui, frappant et étranglant. Ils finirent par lui briser la nuque au bout d’une longue lutte ardue. Ils s’en délectèrent avec appétit.
À leur quinzième année, leur mère se fit vieille. Un soir de pleine lune, le jeune aryen étudiait une colonie de fourmis, le garnement s’entraînait à grimper aux arbres et à proximité, la mère et la fille hurlaient à la lune. Leur territoire était assez restreint, mais ils s’en contentaient, le gibier les faisait assez bien vivre. Au bout d’un moment, la fillette se mise à parler.
- Dites mère, avons-nous vraiment bondit hors de votre bedon?
- Qué nenni, fillette. Je ne suis guère votre mère. Je vous ai trouvé sur le bord d’un étang.
- Qué certes, vous nous avez élevé, ce qui fait de vous notre mère.
- Mes jours sont comptés, fillette. Ton jeune frère aux cheveux noirs aura raison de moi tôt ou tard comme j’ai eu raison de ma mère. Mais il reste encore quelque temps. S’il n’attend pas assez, c’est moi qui aurai raison de lui. La prochaine fois que je serai épuisée, blessée, dormante ou maladive, qu’il sera là, ce sera la fin pour moi.
- Eh bien je le tuerai avant cela.
- Non, car je ne dois pas mourir sous les crocs de la vieillesse mais sous celle d’un loup ou d’une louve plus puissant ou puissante que moi. Et vous trois êtes en ce jour des loups pour moi. Vous n’êtes plus des louveteaux.
La nuit fut froide. Shaïa manquait de plus en plus de sommeil, sentant son heure venir. En ce jour, ses enfants étaient devenus des vrais animaux capables de survivre en forêt, assez cruels pour assurer leurs années dans la loi de la nature. Sa mission était accomplie. Et elle était sur le point d’en recevoir sa récompense. Dix-sept ans depuis le jour où elle les avait recueillis, c’était le matin. Depuis trop longtemps qu’elle ne dormait que d’un seul œil. N’en pouvant plus, cette nuit là, elle s’endormi profondément. Au point d’en faire la mortelle grasse matinée. La paresse ne pardonne pas dans la vie sauvage.
Le gamin aux yeux des ténèbres devenu un jeune homme approcha de sa mère endormie, tenant à la main un bâton dont l’extrémité avait été taillée en pointe et venait fraichement d’être brûlée et imbibée de braises. Il alla la trouver tout doucement dans son coin de tanière. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres. Il tenait fermement sa lance et tint le manche près du bout de son autre main.
Ne faisant ni une ni deux, il empala le torse de sa mère dans le sol. S’éveillant sur-le-champ, elle lâcha à des kilomètres à la ronde un strident et déchirant cri de douleur, de peine et de désespoir teinté de joie pleurante.
La chair de ta chair
La chair que tu as protégée
Reviendra en ta chair
Semant la mort en toi
Elle se débattit furieusement avec toute la vigueur de ses années, puis le tueur regarda la scène de façon amusée.
- Tu… tu n’as pas compris qu’il n’y a aucun plaisir à tuer… ta propre soif de sang mènera à ta propre perte.
- C’est toi qui a tout faux, vielle folle sénile. Tu es faible et c’est pourquoi tu vas mourir avant que le soleil n’atteigne son Zénith en cette journée bien choisie pour rendre l’âme.
Il la contourna et se mit devant sa tête et la saisit à la gorge et serra furieusement, écumant, la rage l’empourprant.
Son frère fut éveillé par le cri et accouru voir la scène déchirante. Sa sœur émergea en même temps. Le frère aux cheveux d’or allait porter secours au seul être en ce monde en lequel il pouvait trouver refuge et maternité, mais sa jeune sœur s’interposa en le regardant dans les yeux.
- Ô mon si bon frère, si beau. Tu ne dois empêcher ce que tu vois de se passer. C’est la loi de la nature qui s’opère. Notre mère le voulait ainsi, son temps était venu. Elle ne souffrira guère longtemps et gagnera sa place auprès de celui qui l’a guidé vers nous. Nous avons grandi et le temps est venu de ne pouvoir compter à présent que sur nous-mêmes, comme notre mère l’aura voulu.
- Mais j’aimais ma mère! Je déteste mon frère, il est méchant.
à suivre...
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