Terra Mystica

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 [Terminé] Elémentaire mon cher Watson

 
[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Mer 26 Oct - 19:47
Le soleil était à peine levé que déjà on pouvait entendre le bruit familier et répétitif du marteau qui s'abattait sur le fer. La majorité des paysans était déjà levée, le boulanger s'affairait depuis déjà quelques heures, il ne restait plus que les habitants lambda.
La petite ville de Nin'tsura se trouvait à seulement quelques kilomètres de son aînée Sen'tsura. Elle était la principale étape de halte de nombreux voyageurs qui ne pouvaient s'offrir le luxe de payer une auberge en ville. Elle était également le "grenier" de la capitale, son premiers fournisseur de céréale mais surtout de viande. Les plaines aux alentours étaient fertiles et l'herbe y était grasse presque toute l'année alors les troupeaux de bovins, de porcs et de moutons y foisonnaient. La distance et surtout la barrière forestière à l'est permettait de ne pas être trop incommodé par certaines odeurs. Ce qui arrangeait bien Bryn dont l'odorat délicat, même sous forme humaine, ne tolérait pas vraiment les effluves animales trop prononcées.

Le jeune homme tapait comme un sourd sur un grosse barre en fer qu'il devait transformer en renfort pour une roue de charrette qu'on lui avait amené la veille. Il n'était pas vraiment pressé mais aimait faire les chose rapidement pour ne pas prendre de retard. De plus, l'arme sur laquelle il devait travailler ne l'inspirait pas beaucoup en ce moment alors il avait du temps à tuer. Le soleil se leva sans se presser, réchauffant l'atmosphère encore fraîche de la nuit. Bientôt les rues s'animèrent, les enfants sortirent pour jouer, les hommes partaient pour les champs et les femmes allaient au lavoir, le panier plein de linge, en papotant entre elle. Les auberges ouvraient grand leurs portes pour laisser entrer et sortir les clients et bientôt le lycan reçu la visite d'un homme. La trentaine, un beau costume sur le dos, il venait avec une épée au fourreau. Le forgeron délaissa son travail, sortit de l'ombre et se présenta au comptoir qui séparait sa forge et sa boutique de la rue. Il eu un mouvement su menton qui incita l'homme à parler:


- Bonjour mon brave, je viens pour une affaire délicate: voyez vous, j'ai récemment livré un duel et malheureusement pour moi, la brute en face avait une épée bâtarde d'une taille peu commune. Ma fragile épée en a prit un coup et elle s'est brisée net en deux. On m'a dit que vous étiez le meilleur à des lieux à la ronde alors.... -

Bryn ne dit pas un mot et tendit la main. Un peu mal à l'aise par ce silence persistant, le noblillon lui donna son arme. Sans beaucoup de ménagement, le jeune homme la sortie de son fourreau et exposa les deux morceau sur le bois. La cassure était très net et il haussa les sourcils: c'était une arme qui tenait plus du jouet, elle était mal faite et rien qu'à la vue il pouvait dire qu'elle était mal équilibrée. Il posa son regard doré sur son client et lui demanda d'une voix grave et vibrante:

- Je répare ou j'améliore ? -

- Heu...Tout dépendra du tarif... -

- 2 phoenix la réparation et 8 l'amélioration. -

- Ah oui heu... Alors juste la réparation. -

Brynolf haussa ses larges épaules avec un air de dire "Si vous voulez." et prit la lame pour aller la ranger au fond de son atelier. Il revint et donna à signer un papier au noble en lui annonçant de façon laconique qu'il pourrait revenir dans une semaine. L'homme signa de son nom, le forgeron reprit le papier, salua d'un mouvement de tête et retourna à son travail. Il glissa la feuille sous l'arme brisée, raviva les flammes de son foyer, y plongea la barre de fer et une fois rouge, se remit à frapper dessus avec force.

En début d'après-midi, il prit une pause. Il ferma les larges doubles battant de sa forge, passa une chaine dans les poignées, alla enfiler une tunique après s'être débarbouillé et ferma la porte de chez lui pour aller à la taverne de la Vache Blanche. Le patron avait plusieurs fois fait changer ses outils à la forge et payait en offrant tous les repas à Bryn. Ce dernier en profitait car la cuisine était excellente, les locaux vastes propres et lumineux, la compagnie riante et on y apprenait toujours quelque chose d'intéressant. Le tavernier avait un accord avec l'aubergiste et chacun restait dans ses fonctions pour ne pas faire concurrence à l'autre: le premier nourrissait, l'autre logeait. On pouvait donc voir de nombreuses têtes inconnues autour des tables mais les habitués avaient leur coin, à droite près du comptoir. La jolie serveuse était la nièce du patron, une belle plante à la lourde chevelure brune aux formes généreuses et au sourire enfantin. Elle se faisait un plaisir de servir le beau et silencieux forgeron quand il venait manger.
Ce jour là ne fit pas exception à la règle, elle se présenta devant Bryn alors qu'il avait à peine franchit le seuil. Elle le conduisit comme d'habitude à une petite table, seul mais à côté d'une grande tablée d'habitués qui venaient tous les jours, midis et soirs. Bruyants et puérils, c'était tout de même de braves hommes qui travaillaient dure et que le lycan avait apprit à apprécier. Quand il s'assit à sa chaise, il eu donc droit à une tripotée de salue de la part de ses voisins. Il y répondit par un geste de la main avant de désigner à la serveuse ce qu'il désirait manger sur la petite carte qu'elle lui montrait. L'endroit accueillant des gens lettrés, le patron avait fait faire des cartes écrites, comme dans les grandes auberges de la capitale. Ce midi ça serait cuissot de porc. La jeune fille ne s'en étonna pas et repartit d'un pas dansant. Une fois la jeunette disparut en cuisine, l'un des hommes de la table d'à côté se pencha en arrière sur sa chaise pour interpeller le forgeron à mi-voix:


- Hey, Bryn, t'es au courant ? L'aubergiste accueille du beau monde en ce moment ! Une elfe Hé ! C'pas rien hein ? -

Le lycan lui lança un regard interrogateur: "Qu'est-ce qu'une elfe vient faire ici ?".

- On sait pas pourquoi elle v'nu se perdre dans le coin mais j'peux te dire qu'elle se fait remarquer ! Elle va rester un moment a c'qui parait, une affaire "importante" à régler. -

Le lycan hocha de la tête pour remercier de l'info. C'était toujours bon d'être au courant de ce genre de choses peu habituelles. Les elfes ne montaient pas souvent près de la capitale, pour ne pas dire qu'ils ne venaient jamais. Après la Bataille Verte, ils étaient plutôt timides vis à vis des démons et des humains.
Le plat arriva et le lycan le dévora à belle dent avec, pour faire passer le tout, une choppe de bière que le tonnelier avait taillé spécialement pour lui: elle avait presque deux fois la taille d'une pinte. Les habitués profitèrent du spectacle maintenant familier du forgeron en train de vider son verre monstrueux d'une traite. Les nouveaux venus, eux, ouvraient des yeux ronds comme des soucoupes. Le repas terminé, Bryn se leva. La serveuse vint immédiatement s'enquérir de sa satisfaction et pour la peine, il la gratifia d'un timide sourire et d'une pièce d'argent. Il ne manquait pas de moyen et il aimait assez cette enfant qui battait innocemment des cils devant lui. D'un geste de la main il salua le patron qui lui souhaita une bonne journée et retourna à la forge.
De nouveau il ouvrit les porte, alluma le feu, fit monter la température jusqu'à ce qu'on se cru dans le ventre d'un dragon et martela le fer. Le travail commençait à prendre forme quand il entendit un discret raclement de gorge. Il posa son regard d'or sur le nouveau venu. La nouvelle venue en l'occurence. Pas plus étonné que cela puisqu'il était désormais au courant, il plongea le fer dans un seau d'eau froide et approcha, un torchon enter les mains pour les essuyer. Sans un mot il attendit qu'elle parle.

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Jeu 27 Oct - 15:44
Depuis l'enterrement de la guerre froide, l'ombre avait quelque peu retiré son lourd linceul de l'espace Terran . Tout n'était pas gagné, bien entendu, mais des territoires clés avaient été massivement purgés de nombreux démons. Elly avait brièvement disparu suite à cette petite victoire … quelques semaines passées seule, dans un endroit méconnu et éloigné de la civilisation lui avaient permis de retrouver la sérénité et l'apaisement dont elle ressentait alors, presque humainement le besoin. Inutile de garder des œillères, elle n'avait que peu pris part à ce conflit là, estimant que son devoir s'arrêtait dès l'instant où la victoire des uns s'annonçait, dans les esprits du moins, sur celle des autres. L'originaire de Drayame restait consciente que son nom avait depuis longtemps perdu de sa signification et de sa valeur, tant elle restait passive. Cependant elle ne s'en formalisait pas, car la reconnaissance de ses homologues humanoïdes, d'avantage recherchée par les faibles mortels présentait rapidement un goût amer, dès qu'elle était entachée par un méfait. Ce qu'elle n'accomplissait clairement jamais, conformément à sa nature.

Pourtant il fallut bien un jour, non pas par nostalgique mais par obligation, qu'elle retournât sur ses pas. Prenant la direction de la capitale humaine dans le but de s'offrir un premier repas consistant depuis des lunes, son voyage ne s'achevât malheureusement pas comme elle l'avait espéré. La rencontre ayant bouleversé ses doux plans s'était déroulée lors d'un crépuscule relativement frais pour la saison, à l'orée d'une bourgade nommée Nin'tsura, prolongation tentaculaire et manufacturière de la capitale. Dagues orageuses marchait alors dans un silence pire que mortel. Ses bottes de cuir marron éraflées par les voyages effleurait à peine le sol, pareillement à la longue cape brodée dont la large capuche couvrait sa chevelure d'or et une partie de son visage aux traits si durs malgré leur finesse. Un homme conduisant une charrette cahotant sur le sentier s'arrêta à sa hauteur, les yeux exorbités, l'air éploré. L'elfe s'immobilisa instinctivement.
Du haut de sa monture, le villageois laissa glisser son regard sur les pommeaux de lames dépassant entre les omoplates de la voyageuse, puis sur ses vêtements. Ils comportaient un plastron et des protèges avants bras ainsi qu'une jupe mi-longue, tous couleur lie de vin, ornés de motifs aurifères par l'habileté du beau peuple. Agrémentez cela de gants de soie noirs, d'un mystérieux pendentif semblable à un œil de chat et d'une besace en bandoulière, vous obtenez après mélange une elfe tout à fait présentable. Secouant son épaisse moustache, satisfait de son observation minutieuse, le bonhomme ouvrit timidement la conversation.

Nom d'une corneille, quel bel oiseau de mauvaise augure vient de sortir du bois.

La jeune femme pivota légèrement vers son interlocuteur, Un rayon de lune venant blanchir son épaule et éclairer ses prunelles amoureuses dont la couleur rappelait étrangement celle de l'acier, avec plus de brillance et d'expressions toutefois. Le conducteur eut un instant d'étonnement avant de se renfrogner devant l'étrangère.

- J'avais simplement faim. lâcha t-elle paisiblement.

- Comme nous tous depuis quelques mois ma jeune demoiselle, puisqu'un fléau s'est abattu sur nos pâturages.

- Des insectes détruisent vos récoltes ?

L'homme hocha négativement la tête.

- Non non, nous conservons un bon niveau saisonnier de ce côté là. En revanche, quelque chose s'attaque à nos troupeaux et les décime sans vergogne. J'étais riche vous savez, et aujourd'hui si je ne veux pas perdre tout ce que j'ai acquis, je dois partir avec pour attelage ( il les désigna d'un revers de la main ) mes deux dernières vaches laitières.

Le regard interloqué de l'arrivante vint de poser sur la ville, qui déjà s'endormait peu à peu non loin de là. Elle distinguait nettement les toits d'ardoises et de briques, dont les cheminées fulminaient encore du repas du soir pour la plupart. Difficile de croire qu'une créature carnassière rôdait dans ces contrées très peuplées et vivantes sans faire d'autres victimes que quelques troupeaux animaliers …

- Je suppose que vous avez mené une enquête ?

- On a effectué des battues, mais aucun animal dangereux n'a été ne serait-ce qu'aperçu dans les environs. Pour vous dire, à part les cadavres de nos bêtes, nous n'avons pas même observé de traces sur le sol, ou bien trop abîmées pour être identifiables. Non,croyez-moi, la crainte règne, surtout depuis l'arrivée du nouveau forgeron.

Elly sourit.

- Pourquoi, est-il si mauvais ?

- Ce n'est pas ça, rencontrez-le, et vous verrez par vous même.

L'elfe haussa ses frêles épaules, saluant son interlocuteur d'un geste poli de la main droite tandis qu'il faisait claquer sa cravache sur les fesses de sa monture, puis elle reprit sa route. Ses pas la conduisirent tout naturellement à l'auberge de la ville dans laquelle elle loua une chambre pour la nuit, et ce non sans se faire remarquer malgré la discrétion de ses déplacements. Pour simple raison à sa venue, elle avait évoqué l'importance d'une affaire à régler en ville, rien de bien sinistre en soi.

~ ~ ~

Aux aurores déjà elle se levait, s'abreuvait de lait crémeux et revêtait tout son barda, puis elle sortit dans la fraicheur matinale. Après quelques minutes seulement à l'extérieur, l'attendait au tournant d'une ruelle une chienne battue à l'œil souffrant. Elly lui flatta la truffe du bout de ses doigts gantés et se dirigea vers les échoppes en cours d'ouverture, la chienne sur ses talons. Son premier arrêt se fit devant une vieille boutique de cartomancie dont la tenture n'était qu'un fade amas d'étoiles ratées. Elle interrogea une vieille femme au teint cireux, qui ne put rien lui dire au sujet de ces agressions. S'en suivirent le boulanger, qui ne sut lui donner qu'une estimation du nombre de victimes, le boucher, qui ne fit obstinément que s'en plaindre, le chapelier qui ne put qu'en rire et le cordonnier, qui quant à lui s'intéressa d'avantage à l'état de ses bottes qu'au problème de la ville. Le seul point commun obtenu au bilan des témoignages, était alors la crainte référentielle envers les sorties nocturnes, que semblaient avoir en eux tous les habitants. Ils le déconseillaient, purement et simplement, sous peine de finir étripé au milieu d'un champ, ou éviscéré et pendu à la branche d'un arbre.

Lassée par ces racontars de villageois terrifiés, l'elfe s'était impunément éloignée du bourg, à la rencontre d'âmes plus dures à impressionner. Ce fut pour cette raison et pas une autre qu'elle se retrouva près de la forge, se remémorant silencieusement les paroles du charretier. Ôtant sa capuche, elle pénétra dans l'établissement, humant l'absence d'odeur de rouille et appréciant celle du fer chauffé à blanc. Dans son dos, elle entendit la chienne couiner et geindre, avant de la voir détaler sans demander son reste … Affairé, le forgeron quant à lui ne fit pas attention à son entrée, ce qu'elle plébiscita presque tant elle n'aimait pas être attendue et entendue. Pourtant, elle se racla poliment la gorge pour signifier sa présence …

-Vous ne semblez pas vous soucier de ce qui rôde sur vos terres, pour laisser votre porte ouverte aux quatre vents alors que le jour n'est pas encore levé ...

Le visage de la jeune femme s'orna d'un timide sourire, comme pour excuser son intrusion.

- Auriez-vous des informations sur les agressions ayant eu lieu ces dernières … Son regard scintilla quelques instants, elle avait senti quelque chose sur cet inconnu qui n'avait pas immédiatement été reconnaissable. Mais quoi … sa voix s'éteignit à ce constat, mais son visage resta de marbre. semaines …

Invité

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Jeu 27 Oct - 17:11
-Vous ne semblez pas vous soucier de ce qui rôde sur vos terres, pour laisser votre porte ouverte aux quatre vents alors que le jour vient de se coucher ... Auriez-vous des informations sur les agressions ayant eu lieu ces dernières...semaines. -

Le jeune homme jeta négligemment le torchon sur l'une de ses épaules et croisa les bras comme à son habitude. Les yeux dorés croisèrent les yeux gris acier et un silence s'installa. Il la jaugeait. Elle était grande mais pas autant que lui qui, admettons le, avait une taille assez exceptionnelle par rapport à la moyenne de la population. Elle avait tous les attributs de son peuple: grâce, finesse, beauté, prestance, elle était d'une beauté clairement surnaturelle. C'était la première fois que Bryn voyait un elfe, il devait bien l'avouer. Sur son continent, ils n'étaient pas légions et jamais au grand jamais dans le sud. Après tout ces êtres sylvains n'aimaient que moyennement les températures extrêmement basses. Elle sentait la rosée, la mousse et la terre fraîchement retournée. Il saurait s'en souvenir. Son examen rapide terminé, il se décida à ouvrir la bouche. Sa voix de ténor était vibrante et pourtant, elle était plus impressionnante que chaude et accueillante comme devrait être celle d'une commerçant.

- Les bêtes ont peur du feu et je ne suis pas une vache ou un mouton, qu'ai-je à craindre ? Personne n'est mort et les tueries se font toujours dans les champs alors je ne pense pas courir un grand risque. De plus, le soleil vient à peine de se coucher. -

Il posa les poings sur le comptoir de bois et se pencha en avant vers l'elfe pour mieux la toiser. Il n'aimait pas beaucoup ce qu'il entendait car visiblement elle s'intéressait aux carnages de bovins. Bien sur qu'il en était l'auteur, il ne laisserait aucune bête sévir sur son territoire. Mais il avait toujours prit soin de ne faire de mal qu'aux animaux, jamais il ne pourrait manger d'humain de sang froid. Alors pourquoi avait-on appelé quelqu'un pour enquêter ? Il y avait tellement de troupeaux que les pertes étaient minimes aux yeux de la capitale et tant que les démons avaient leur viande, ils ne se soucieraient guère du reste. Brynolf n'était pas fou, il faisait très attention à ne pas se faire remarquer par Sen'tsura. Alors quoi ? Les habitants du coin avaient assez peur pour appeler à l'aide ? Ca n'arrangeait pas ses affaires.

- Je suis forgeron, pas éleveur de bétail. Je ne sais rien de plus que ce que tout le monde sait et pour tout dire, je ne m'intéresse pas à ce genre de...préoccupation paysanne. -

Le visage fermé, le regard brulant, il se redressa.

- Vous devriez partir, votre auberge est assez loin et la nuit tombe vite. -

Et sans un mot de plus il retourna à son atelier pour ranger ses affaires. Une fois l'elfe partie, il repoussa son comptoir pour faire de la place et ferma les deux grands battants de bois et passa comme d'habitude une chaine dans les poignées pour le garder bien scellé jusqu'au lendemain. Après avoir nettoyé son four, ses outils et son atelier, il éteignit la dernière bougie et ferma la porte du fond qui séparait la boutique et la forge de sa maison.

A grand coup d'eau il se nettoya entièrement, repensant à cette petite conversation. Il n'aimait vraiment pas ça... Son estomac demandait de la viande chaude et saignante et surtout en quantité assez importante pour pouvoir combler son appétit pendant un jour ou deux. Les repas humains n'étaient pas suffisant pour lui, surtout avec ce terrain de chasse merveilleux à proximité. Il pesta contre cette elfe et sa curiosité: depuis quand son peuple s'intéressait-il aux affres des humains ? Tant pis, qu'elle soit là ou non, il ne renoncerait pas à ses habitudes, d'autant que cela semblerait suspect. La bête n'était pas censée être au courant qu'elle était chassée, si elle ne se montrait pas, cela reviendrait à donner des soupçons à l'enquêtrice qui irait fouiner du côté des personnes interrogées. Non le mieux était de garder le même schéma en faisant bien attention et s'il se faisait attaqué, là il aurait une bonne excuse pour attendre le départ de l'elfe avant de recommencer. Satisfait de ce petit plan qui pouvait marcher, il ne garda qu'un linge autour de la taille, laissa goutter ses cheveux sans y accorder d'importance et alla se prendre un morceau de viande dans son cellier. Une heure et demi plus tard, il éteignit les bougies pour faire le noir dans sa maison mais resta éveillé. Assis dans un vieux fauteuil de cuir tanné, très légèrement vêtu, il attendit encore un peu que la ville s'endorment entièrement. Les yeux fermés, il écoutait les bruits de la nuit: le chant de quelques grillons dans les fourrés derrière la forge, des grognements dans la rue, surement des chiens errant en train de se disputer un os, des volet qui se ferment en grinçant. Un sourire vague flotta sur son visage et un frisson couru le long de son dos. Il caressa machinalement la terrible cicatrice de griffure qu'il avait à l'épaule gauche: un petit souvenir d'une séance d'entraînement particulièrement douloureuse.

Finalement il ouvrit les yeux, plongé dans la pénombre de chez lui. Un rayon de lune par la fenêtre fit briller d'un éclat doré ses iris. Cette fois son sourire se fit carnassier: il était temps d'aller chasser. Le lycan se leva de son fauteuil d'un mouvement souple, laissa tomber au sol le linge et se métamorphosa. C'était bon de retrouver sa peau. Ses sens décuplés firent une rapide analyse des environs: tout allait bien, il était seul. Alors il chaussa une paire de botte dont la taille était la même que celle de la majorité des paysans et s'esquiva de chez lui. La nuit était fraîche mais la lune était belle et ronde. Grisé par cette belle soirée, le lycan partit à grandes enjambées, dissimulé par le noir. Il passa derrière le village et atteignit les premiers prés où dormaient les bêtes. Là il laissa la paire de bottes, sauta lestement la clôture et prit sa forme animale. Au galop, il rejoignit le sommet d'une des colline environnante sans pour autant sortir du pré. Le vent, le silence, les odeurs, tout le transportait et excitait sa faim. Une fois en haut, il promena son regard sur les alentours: là-bas, loin, le village et les dernière fumeroles sortant des cheminées. Entre deux collines, dans l'ombre presque invisible, Sen'tsura la Grande. Et à sa gauche, des prés et des champs couverts de blé et de bétail. C'était une bonne nuit ! Le loup renversa la tête en arrière et poussa un long hurlement qui roula entre les murs du village. Les mères serreraient leurs enfants et les fermiers se prendraient la tête entre les mains pendant que lui ferait un diner de roi.
Sans perdre un instant il dévala l'autre versant de la colline, droit sur un troupeau de mouton cette fois. Les animaux épouvantés couraient partout et restaient bêtement en troupeau pour fuir leur assaillant. Bryn s'amusa un instant à leur courir après avant de se jeter sur une brebis bien grasse. Un dernier bêlement puis un craquement sinistre et tout fut terminé. Les autres fuirent à l'autre bout de l'enclos et se calmèrent rapidement: leur instinct leur disait bien que maintenant qu'il y avait eu un mort, les autres passeraient la nuit.
Avec un appétit vorace, le lycan à la fourrure ocre éventra sa proie et commença son festin sanglant. Il ne laissa que les vicaires et les os. S'amusant sournoisement à disposer les restes de façons presque cabalistique, il jeta un œil à la lune. Mmmh, il avait un peu tardé ce soir. Laissant là les reliefs de son festin, il repartit au petit trot en se pourléchant les babines. Arrivé à la clôture, il enfila ses bottes et repartit tranquillement mais néanmoins la truffe aux aguets. Il ne voulait pas se faire surprendre sur le chemin du retour.

Bizarrement, l'elfe ne se trouva pas sur sa route ni dans les environs. Si elle l'espionnait c'était de très loin. Avec précaution il retourna chez lui et après avoir reprit forme humaine, se mit au lit.
Le lendemain matin, il se réveilla comme d'habitude un peu avant le soleil. très satisfait de sa nuit, il était de bonne humeur en prenant son petit déjeuner et c'est avec un demi-sourire qu'il poussa la porte qui le menait à la forge. Cependant, avant d'ouvrir sa boutique, il reprit son sérieux et retrouva le visage sombre et fermé de d'habitude. Comme tous les jours, il travailla toute la matinée et à midi, il ferma boutique pour aller à la taverne. On lui donna sa table et il demanda cette fois un porcelet rôti. Tout allait pour le mieux, les rumeurs allaient bon train quand une apparition fait baisser le volume sonore: l'elfe venait d'entrer dans toute sa grâce et sa majesté. Brynolf se renfrogna un peu plus.



[HJ: j'ai modifié tes paroles parce que ça ne collait pas tout à fait temporellement parlant. En fait dans mon premier post, tu arrives en fin de journée, au crépuscule en fait. Ce post là se déroule la nuit puis la journée d'après et se termine à l'heure du déjeuner, vers 13h =) ]

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Mar 1 Nov - 16:47
Décidément, cet homme avait en lui quelque chose de profondément enfoui et à la fois extrêmement instable et éveillé. A ses derniers mots secs et tranchants, Elly décrocha totalement de la conversation, un peu comme si elle n'était plus qu'un manteau de brume planant sur l'atelier. Elle s'infiltrait dans le fer, dans le bois, dans la chair et dans les os, sondant intensément son interlocuteur. Leurs regards respectifs étincelaient de clairvoyance. Il savait, et la rixe ne serait que partie remise. L'elfe fit lentement volte-face, son visage d'albâtre plus fermé que jamais, lançant un bref « passez donc une douce nuit » avant de quitter les lieux de son pas assuré et entraîné. La gardienne n'approuvait guère le mensonge, ni toute sorte de dissimulation dolosive, mais son expérience ancrait en elle la conviction qu'il existerait toujours des vérités qui ne sont point bonnes à dire. Des squelettes dans le placard comme on dit …
Elly regagna rapidement l'auberge. Lorsqu'elle poussa la lourde porte de noyer dans un grincement assourdi, faisant tomber par là même un sac à gnôle au nez rouge qui s'y appuyait nonchalamment, l'elfe eut le plaisir de constater après un bref examen visuel que l'endroit était vide. Elle enjamba le moribond en prenant soin d'écarter son outre du pied afin de lui ôter la tentation de se désinfecter les entrailles dès le réveil, puis grimpa les escaliers quatre à quatre, dégrafant du bout des doigts les pinces dorées retenant sa cape. Elle ouvrit sa porte d'une main lascive tandis que l'autre dénouait sa chevelure à la couleur solaire, puis se dévêtit totalement avant de fermer sa chambrette à double tours de verrous. L'aubergiste avait rempli un bac d'eau très chaude avant de fermer boutique pour la nuit, le résultat de son escapade étant que le bain serait tout juste assez tiède pour y entrer sans frémir et bien trop frais pour s'y endormir. La jeune elfe se laissa sombrer dans ce liquide, décrassant son corps et délassant ses muscles pour la première fois depuis quelques jours entiers passés à errer dans les environs extérieurs.

~ ~ ~ ~ ~

Le lointain cri d'un être canin, suivi de bêlements d'animaux ramenèrent Elly à la soudaine réalité. Elle s'était assoupie sur sa couche moelleuse et accueillante après ses ablutions elles aussi fort appréciables. Ses cheveux étalés en auréole autour de sa tête lui masquèrent la vue alors qu'elle se redressait vélocement, et sa peau de pêche nue frémit à ce réveil intempestif. Sans plus attendre, elle enfila une tunique de laine sans manches lui tombant sur les cuisses et enfila des bas de soie, avant de chausser ses bottes dans la même lancée. N'ayant pas le loisir de prendre d'avantage de précautions, et sans même se munir d'une quelconque lame, elle se glissa, silencieuse comme la mort hors de sa chambre, puis de l'auberge par la porte des cuisines. Parvenue dans les ruelles, l'elfe se mit à courir, aérienne et l'esprit fixé sur son objectif, dans la direction qu'avaient déterminé les sinistres lamentations quelques minutes plus tôt. Les membres du beau peuples étaient connus pour pouvoir parcourir de longues distances par la seule course comme moyen de locomotion, et leur vitesse variait selon les personnes et les spécialisations, cependant leur endurance demeurait reconnue. Pourtant, Elly choisit de ne pas se rendre jusqu'au lieu du carnage. Ou plutôt, elle n'en eut pas le besoin. Dès ses premiers pas hors de la ville, un vent favorable lui apporta la réponse à sa principale interrogation … son odorat aidé par les conditions météorologiques de cette nuit dégagée flaira le mélange âcre de l'odeur canine et de l'éphémère acidité humaine.
Son regard trancha la nuit, en direction des collines avoisinante. Elle savait, mais ne voyait absolument rien … L'elfe jugea qu'il était bien trop tard pour se présenter sur la scène du crime, et que non armée, elle ne ferait pas le poids contre un lycanthrope ou un loup-garou mal léché . Ses relations avec le peuple lycaon étaient bonnes jusqu'à présent, mais ce petit jeu l'intriguait au plus haut point. Elle susurra pour elle même.

- Un loup dans la bergerie, intéressant concept.

Précautionneusement, la jeune femme regagna l'auberge sans passer par les ruelles malfamées de la ville, sombres et étroites à souhait, quitte à être visible car après tout elle n'avait rien à cacher. Pénétrant l'établissement, elle verrouilla la porte empruntée précédemment et fit de même dans sa petite chambre sous les combles, avant de se laisser emporter par un lent et profond sommeil, l'une de ses dagues serrée le long de son corps. Eliaz lui manquait terriblement … elle aurait souhaité qu'il fusse présent pour dégager l'épais brouillard de son esprit, et l'embrasser sur le front avant de fermer ses paupières sur ses yeux d'acier.
Pour une fois, la voyageuse itinérante s'éveilla tard dans la matinée. Elle sauta le petit déjeuner et replaça sur son corps les différentes pièces d'armurerie qui la protégeaient fidèlement depuis tant d'années. Apaisée, elle sortit au marché pour prendre la température des derniers événements … comme elle s'y attendait, la chose avait encore frappé la nuit dernière. Heureuse de n'avoir pas rêvé, elle tendit l'oreille mais aucune information supplémentaire ne lui parvint. En revanche, la certitude qu'il s'agissait d'un vilain semblait gagner les foules … la peur grandissant avec cette suspicion systématique entrainant une paranoïa générale des habitants. Quel endroit ausculter lorsqu'un méfait atteint l'entièreté d'une population ? Retournant sur ses pas, la sylvaine regagna l'auberge une fois de plus, sur les douze coups de midi.

Lorsqu'elle poussa la porte principale de l'établissement dans un doux tintement de clochettes, le volume sonore des conversations baissa soudainement d'un ton. L'espace d'un instant, elle se tint sur le perron grinçant, sans esquisser le moindre geste. Très rapidement, les regards se détournèrent, rassurés qu'aucune esclandre n'éclate immédiatement et que nul mauvais sort n'ait été jeté par celle que certains considéraient comme une sorcière. Les membres du beau peuple s'exhibaient de façon si rare hors de leur contrée que bien souvent, la plus courte apparition laissait une trace indélébile sur les anales des villes et villages, même les plus reculés. Des êtres discrets, délicats et méticuleux qui pourtant suscitaient une certaine crainte chez beaucoup d'individus, mais pourquoi ? Était-ce la peur de la perfection ? Elly s'installa paisiblement sur une table contre le mur le plus proche de l'entrée, évitant soigneusement de se mouvoir à travers les tablées, elle commanda distraitement un plat du jour et laissa son regard vagabonder sur les visages rubiconds ou plus gracieux ornant ce tableau de chaleur humaine … Elle savait ô combien sa race demeurait imparfaite, froide, stoïque, implacable. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de penser que le mal prenait sa source dans toutes les espèces possibles et imaginables, qu'elles fussent sensées, régaliennes, libertaires, sauvages ou ordonnées. Tous avaient au moins un point en commun, l'impuissance devant l'inéluctabilité de la mort et la faiblesse face à la douleur. Et d'aucun sait combien il est facile et normal de céder devant la souffrance …

- Bon appétit mademoiselle ! N'oubliez pas le chef …

La serveuse, jeune et volage venait de déposer sous son nez une assiette fumante de poisson d'eau douce aux aromates, particulièrement agréable à l'odorat. L'elfe picora quelques minutes du bout de la fourchette, savourant la préparation très correcte de son met lorsqu'elle s'interrompit dans son geste, son regard tranchant balayant la salle. Elle avait un étrange pressentiment de présence meurtrière … et ce dernier s'intensifia lorsqu'elle constata la présence du forgeron sur une table plus au fond. Elle aurait pu ne point le lâcher des yeux, pourtant elle se contenta de feindre l'indifférence en fixant simplement son ouïe sur ce coin là de la salle, puis elle tenta de finir son repas sans y parvenir. Ce personnage était bien trop singulier pour être inutile dans l'affaire, et surtout comme elle l'avait dores et déjà senti, trop solitaire et craint pour être humain. De plus, l'envie d'en savoir d'avantage sur lui coupait net son appétit déjà fébrile. Rassasiée avant l'heure, Elly quitta la salle commune en laissant dans la main de la serveuse de quoi régler sa consommation, et même un peu plus « pour le chef ».

Après avoir regagné sa chambre, elle verrouilla la porte de l'intérieur et ouvrit la lucarne donnant sur le toit. A la force de ses bras, elle se hissa sur le rebord et se laissa glisser à plat ventre sur les planches recouvertes de tuiles et de mortier. Replaçant sa large capuche sur son crâne, elle s'obligea à fermer les yeux, développer ses sens et patienter ...

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Mar 8 Nov - 22:49
Bryn fit comme s'il ne la voyait pas et déjeuna dans le silence. Il se murait derrière un visage sans expression et même ses voisins de table purent sentir qu'il valait mieux ne pas insister aujourd'hui. L'elfe partit avant lui, ce qui n'était pas étrange car il avait tout de même un énorme morceau de viande à dévorer. Ce qu'il fit en prenant son temps, toujours de façon civilisée mais sans marquer de pose comme un homme normal devrait le faire. A croire qu'il n'avait pas mangé depuis une semaine. Mais ici on y était habitué alors personne ne faisait attention, seuls les voyageurs de passage semblaient épaté par sa performance. Quand il eu finit, il estima que l'intruse était partie depuis assez longtemps pour qu'il puisse rentrer sans risquer de la croiser. La revoir l'avait ramener sur terre : il y avait quelqu'un qui se baladait sur son territoire et qui le recherchait. Il devait se montrer un peu plus prudent. Comme toujours il fit un signe de la tête pour dire au revoir à la jeune serveuse et à son oncle avant de sortir. Le soleil brillait haut et l'après-midi commençait à peine, il lui restait un bon bout de journée pour finir son renfort sur la roue qu'on lui avait confié. Il prit tranquillement la route de sa forge. Le vent lui venant dans le dos et étant sous forme humaine, il ne pouvait pas sentir grand chose de ce que se trouvait dans son dos. Sous forme hybride, il n'aurait pas manqué de remarquer qu'une odeur d'elfe planait un peu trop près pour être rassurante. IL n'y avait pas grand monde dans les rues, la plupart des personnes étant trop occupée à déjeuner et le reste n'étant que de passage. C'était l'heure où la ville mangeait puis faisait un brin de sieste sous le soleil. Brynolf aimait ce calme, c'était mieux qu'en milieu d'après-midi avec tous ces va et viens, tous ces bruits... Il décida de transformer son retour en petite promenade et tourna à l'angle d'une petite rue. C'était le quartier des lavandières et on comptait au moins trois ou quatre lavoirs dans ce coin. Les draps séchaient jour et nuit sur de grands fils tendus entres les maisons. On pouvait entendre les rumeurs des conversations et les rires des enfants par les fenêtres. Le lycan arriva à une première petite placette avec un lavoir. Un chien errant s'y désaltérait et quand il sentit le demi loup approcher, il montra les crocs et grogna. C'était son coin, hors de question de se faire envahir ! Le jeune homme ne prêta pas plus que ça attention à lui et avança vers le réservoir de pierre. Lui aussi avait soif malgré sa choppe de bière. Quand il arriva à hauteur de l'animal, ce dernier était campé bien droit sur ses pattes, la queue haute et grondait plus que jamais, oreilles en arrières. La tension monta d'un cran. Sans crier gare, Bryn fit un pas brusque vers l'animal en grondant à son tour. Il se dégagea de lui un sentiment de dominance si puissant que l'animal s'écrasa au sol immédiatement et se roula sur le dos pour exposer son ventre et sa gorge. Le lycan se détendit et dépassa le chien qui se redressa et partit en catimini dans un coin en attendant que l'intrus daigne s'en aller. Le forgeron étancha sa soif et reprit sa route d'un air dégagé. Personne n'avait été là pour voir l'affrontement. Et même si ça avait été le cas, personne n'aurait comprit. Il fallait du sang de loup ou de chien pour comprendre le jeu qui venait de se jouer. Les postures, les attitudes, les messages, les sons, les auras. La dominance existait chez les hommes mais elle passait par beaucoup de choses comme l'argent, le pouvoir ou la peur. Chez les loups, on nait dominant ou non. Brynolf était le fils du Bras Droit de sa meute et avait hérité de son père une dominance très forte. Couplé à son côté humain plutôt sévère et autoritaire, cela donnait un mélange détonnant auquel aucun animal normal ne pouvait résister.

Le jeune homme arpenta encore quelques rues puis, au premier groupe de gamins qu'il croisa, il reprit le chemin de sa forge sans tarder. Le moment de répit était terminé. Ce fut avec un certain bonheur qu'il retrouva son chez lui. L'odeur du métal chaud, des braises, de la sueur, du cuir usé, de la terre battue... C'était son chez lui, son domaine, ce que personne ne pouvait lui prendre. Il pouvait perdre son territoire, se faire envahir mais jamais il ne laisserait quelqu'un s'introduire chez lui sans autorisation, jamais il ne laisserait qu'on viole l'intimité de sa tanière. Il savait ce qui se passerait si cela arrivait et préférait que jamais quelqu'un n'ai cette mauvaise idée. Il serait obligé de déménager...Ou de très bien cacher les restes.
Il poussa la porte de chez lui, alla directement à la petite porte du fond, pénétra dans l'ombre de son atelier et ouvrit les deux grand battants qui donnaient accès sur la rue. Il ouvrait de nouveau boutique. Rallumer le feu, mettre le fer à chauffer puis marteler. Le bruit lancinant du marteau qui s'abat sur le métal, les étincelles qui jaillissent, le feu non loin qui chauffe la peau. C'était un exercice physique qui allait très bien à Brynolf qui avait besoin de se dépenser. Courir la nuit ne lui suffisait pas. Il avait besoin de grandes étendues pour galoper, de faire de l'exercice pour brûler cette énergie qui bouillonnait en lui depuis qu'il était petit. On le lui avait toujours dit, il était trop vivant pour rester assis dans un coin toute la journée. S'activer, faire, transpirer, voilà ce qu'il lui fallait. Et en plus, il aimait son métier. Modeler une matière qui lui résister, faire naître doucement, à force de patience, une forme, une arme ou un outil, c'était comme donner le jour à un enfant. Cela lui procurait une grande satisfaction de voir du travail bien fait.

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 13 Nov - 23:05
Combien de temps avait-elle patienté exactement ? Elly n'aurait assurément pas su l'estimer correctement. Dans ce curieux état de concentration extrême, la notion du grand sablier faiblissait considérablement. On dit parfois que certains en sont ridiculement morts de faim, de froid, ou simplement surpris par un ennemi suite à un léger oubli d'éveil tant leur transe était profonde. Lorsque l'étranger daigna enfin sortir de l'auberge, les sens de la sylvaine s'activèrent d'eux même de nouveau. Elle remua légèrement son poignet droit, endolori de l'avoir soutenue dans une position relativement inconfortable pendant une durée indéterminée. Dès que sa cible fut suffisamment éloignée, sans pour autant sortir de sa zone de sensibilité, elle descendit silencieusement de son perchoir de fortune, la suivant paisiblement sans toutefois presser le pas, songeant d'ailleurs se rendre directement à la forge pour débattre avec le jeune garçon de ses propres constatations. Un homme si retiré à l'aura sur développée devrait logiquement savoir « qui »,dans le bourg, avait le profil type d'un tueur en série tout en conservant moyennant menaces, une identité neutre. Seulement, tout n'allait exactement pas se dérouler comme elle l'avait prévu …

Parvenue sur une placette désertée par les riverains, Elly se vit contrainte d'assister à une bien étrange scène. Aux abords du lavoir serein, un véritable duel empreint de testostérone se joua entre l'inconnu et un membre du peuple canin. Jouer n'était en fait probablement pas le terme approprié dans ces circonstances. L'elfe s'était immobilisée au premier grondement de l'inconnu, aplatissant son dos contre un mur défraichi. Ce qu'elle venait d'entendre n'était en rien de normal, si peu qu'il y eut une norme sonore … Un bruit de gorge sourd, profond et puissant, tel qu'aucun humain n'était capable de produire avec de banales cordes vocales. Elles vibraient d'une manière bien trop particulière pour que cet homme soit un simple garçon de village, et la réaction affolée du chien des rues ne la rassura pas d'avantage sur ce qui venait de se produire. La jeune femme n'avait pas regardé à proprement parler la scène, elle avait concentré son énergie sur les battements des cœurs antagonistes. Et elle pouvait affirmer que l'un des deux palpitait avec une incandescence quasi irréelle …

- Incroyable susurra t-elle imperceptiblement.

Des rivières d'idées se bousculaient dans son esprit torturé par l'étonnement et le besoin qu'elle ressentait de découvrir la vérité, de sortir elle même le squelette du placard. Elly laissa l'homme regagner son chez-lui et se rendit une nouvelle fois à l'auberge. Elle se mit d'accord avec le gérant sur la fermeture exceptionnelle de l'établissement pour quelques soirs, prétendant une rénovation générale des tavernes et institutions hospitalières … puis elle lui demanda poliment la transmission du message aux autres aubergistes de la ville, tout en quémandant la discrétion sur la provenance originelle de l'ordre. Il n'avait qu'à inventer, après tout la négoce restait son milieu de prédilection. Ces quelques paroles fraichement dispensées, une jeune fillette soudoyée en chemin, elle retourna dans sa chambrette et s'offrit un long sommeil réparateur.

Quelques heures plus tard, selon sa jeune informatrice qui s'était laissée tomber au sol puis s'était mise à pleurer pour une vilaine égratignure au genou, après avoir vu sortir le forgeron de sa chaumière et partir en direction de l'auberge ( sûrement pour diner après une après midi de sueur intense comme à son habitude ) n'ayant pas été prévenu de la fermeture par sa position retirée du village, Elly était passée à l'action. Profitant de sa brève absence, elle avait elle même commis un acte barbare à la nuit tombée. Enfourchant un jeune bœuf assez robuste, elle l'avait impunément lancé en course depuis la ferme, jusque autour de la forge et l'avait tout simplement saigné à blanc durant quelques secondes avant de le laisser vaquer dans le champ, puis de l'attirer dans une petite forêt à deux kilomètres de là, l'achevant sauvagement près d'un bosquet sans autre forme de procès. Les goutes de sang vermeil ainsi éparpillées, accompagnées des traces fraiches de ses sabots, laissaient tout naturellement penser à une bête mortellement blessée, s'étant échappée de l'abattoir du village lors du roulement des employés ( elle avait appris plus tôt dans la journée que cela s'était déjà produit par le passé ).
Habilement nichée sur une branche feuillue au dessus de la carcasse de l'animal, Elly s'enroula dans sa longue cape et ralentit les battements de son propre organe de vie. Tout en attendant la chute de cette épopée funeste, la sylvaine s'interrogeait au sujet du genre d'homme qui se risquerait éventuellement dans cet endroit sinistre. Son regard gris acier posé sur ses pieds, la jeune femme conservait un scepticisme bienvenu sur l'identité de sa proie, et d'une étrange façon, elle parvint même à songer que personne ne viendrait cette nuit là. Après tout, rien ne prouvait encore qu'il y avait réellement un villageois prêt à tuer des troupeaux entiers pour se nourrir la nuit … et quel humain oserait mettre le pied seul dans une forêt, le crépuscule finissant, alors qu'une prétendue bête rôdait dans les environs ? Presque convaincue que rien ne se passerait, que tout cela n'était qu'une fable de cul-terreux, elle cala son dos contre l'écorce, ses lames d'argent croisées entre ses omoplates, elle s'enferma dans un profond mutisme et attendit …

Il régnait tout autour d'elle un apaisant silence de mort, un véritable bourdonnement du néant, presque toujours précurseur d'un événement inattendu voir carrément horrible. Dans cette alcôve moussue et verdâtre, l'odeur acide de la bête baignant dans son sang couvrait toutes les autres, tout autant que celle de l'elfe, aussi de façon très logique et Elly le savait parfaitement, elle ne pouvait absolument pas compter sur son propre odorat pour sentir venir une quelconque personne, tant les effluves de sa mise en scène étaient fortes. Aussi s'obligeait-elle à un état d'éveil accru, passablement éreintant sur la longueur …

~ Un corbeau croassa dans le lointain, il était vingt-trois heures et dix secondes ... ~

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 20 Nov - 0:11
Bryn rentra chez lui en grommelant plus que jamais. Son air sombre avait fait fuir tout le monde sur son passage et son humeur d'ours mal léché produisait une sorte d'aura inquiétante autour de lui. Pas de diner ! Non mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ? depuis quand il y avait des travaux à la taverne ? Et puis si brutalement ? Sans prévenir personne ? Il en avait bien essayé une ou deux autres, quitte à payer son repas mais toutes avaient fermé leurs portes avec des excuses bidons ! Il ferma la porte brutalement et fit les cent pas dans son salon. Quand il avait faim, il n'était jamais de charmante humeur mais alors quand il avait faim et qu'en plus il avait une mauvaise surprise, il valait mieux le prendre avec des pincettes. Les pupilles étrécies, il grondait comme un fauve en cage. Son ventre lui ordonnait d'ingérer quelque chose rapidement car après la journée qu'il avait eu, il avait besoin de refaire ses forces.
C'était un coup de l'elfe, impossible que toutes les auberges de la ville aient fermé pour ce soir sans avertir personne et toutes en même temps. C'était absurde. Pourquoi avait-elle fait ça ? Elle ne soupçonnait ? Ou elle essayait de piéger quelqu'un d'autre ? Elle devait se douter que la créature sanguinaire était un habitant car en privant les gens de lieux où se restaurer, il ne restait que chez soi ou le jeun. Elle était sournoise...

Le jeune homme ouvrit une fenêtre donnant sur l'arrière de sa maison et fut aussitôt assaillit par une forte odeur de sang. Ses pupilles se dilatèrent et son estomac fit un bond. Soit il allait chasser ce soir, soit il cherchait d'où venait cette alléchante odeur. Peut-être que c'était son jour de chance et qu'un animal blessé était passé par là ? Il avait du mal à croire ça mais il avait si faim... Cependant, il n'était pas une bête stupide et ne courrait pas sur la piste qui s'éloigner très clairement vers les prés. C'était si évident... Il monta à l'étage pour aller chercher quelque chose d'essentiel à sa sortie. Il jeta ses habits dans un coin de la pièce et enfila des sous vêtement et un pantalon fait d'un tissu très doux et assez extensible. Le vêtement était fait spécialement pour ces occasions où se changer en hybride était nécessaire mais il y avait un risque pour être découvert au cas où il faille se changer en humain, il pouvait conserver ses vêtements car ils étaient mettable sous les deux formes. Pour les pieds et le torse nu, il trouverait quelque chose au besoin. Content de pouvoir sortir, il dévala son escalier et attendit qu'il fasse vraiment nuit. Quand la lune fut bien haute, il sortit sans un bruit et s'éloigna en suivant la piste de sang. A mi-chemin il prit sa forme hybride et tout de suite ses sens en furent décuplé: il vit comme en plein jour, entendit le froissement des brins d'herbe qui se redressaient après qu'il ai marché dessus et sentait la terre, les troupeaux au loin, la fumée des cheminées dans son dos et surtout le sang. Avec un grognement impatient il accéléra l'allure.

Quand le bosquet fut en vu il s'immobilisa brutalement. Un loup peut sentir une proie contre le vent à plus de 200 mètres. Et malgré l'odeur de la carcasse qui commençait à faisander, il discerna très bien l'odeur fraîche de l'elfe. Il était stupide ! Pour peu qu'elle le voit il risquait de se faire prendre. Il lui fallait une solution. Si elle voyait son visage, c'était définitivement mort. Si lui arrivait sous forme humaine, ça serait suspect d'autant qu'elle le verrait peut être se transformer sur la route. Alors quoi ? Sans bouger il avisa une grosse pierre. C'était la seule issue. Se mettant à quatre pattes, il avança jusqu'à la pierre et enleva son vêtement. Sous forme hybride il n'en avait de toute façon pas vraiment besoin. Il coinça le tout bien caché et prit sa forme animal. Il restait très imposant mais c'était désormais un loup de la tête à la queue. Il contourna la carcasse en veillant à garder l'odeur ténue de l'elfe dans le museau.
Après un demi cercle bien large, il avança vers la carcasse mais cette fois, il venait du bois. Un loup qui sort des profondeurs de la forêt, c'est quand même plus crédible qu'un loup qui arrive de la prairie. Il avançait dans les fourrés en toute discrétion, sans un bruit. Il voyait les moindres ombres et entendait tous les bruits. Arrivé à quelques mètres du boeuf mort, il s’aplatit sur le sol. Pas de doute, l'elfe était tout près, il la sentait très clairement malgré l'odeur piquante de la viande froide. Il entendait une très faible respiration également, comme un courant d'air mais ne la voyait pas. Elle devait être dans l'ombre, immobile. Bon... Il ne pouvait quand même pas rester là sans bouger jusqu'à ce que mort s'en suive, il fallait débloquer la situation.

Un grondement sourd et menaçant sortit de la végétation suivit d'un loup énorme à la fourrure couleur sable. Il avait le poil hérissé et les oreilles pointées en avant: il n'avait pas peur et était pret à l'attaque. Ses babines étaient frémissantes mais pas retroussées: il menaçait sans attaquer le premier. Bryn chercha des yeux l'elfe mais ne bougea pas d'un iota. Qu'elle se montre à présent qu'elle avait le coupable devant les yeux.
Son coeur battait à toute vitesse, ses sens étaient plus en alerte que jamais. Il ne se laisserait pas abattre comme un stupide animal. Elle pensait peut-être avoir à faire à une créature assez idiote pour tomber dans le piège sans rien voir mais il était plus puissant qu'elle ne pouvait le soupçonner et lui ne la sous-estimerait pas.

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Jeu 24 Nov - 17:24
Elly avait opté pour une position fœtale suffisamment confortable. Assise simplement sur une épaisse branche, sa colonne vertébrale enroulée sur elle même suivait un pan nervuré du bois. Elle avait posé son visage d'albâtre entre ses genoux, que ses bras finement musclés entouraient solidement. Dans cette position presque appréciable, elle laissa le temps filer à sa guise, sans même espérer qu'il s'écoule plus vite que de raison … Mais comme un présent des cieux, l'attente fut de courte durée. Guère plus d'une heure après qu'elle se fut installée à son poste, un grondement profond et puissant s'échappa d'un bosquet situé sous elle, laissant apparaître derrière lui un canidé bien trop énorme pour être un chien, et bien trop trapu pour n'être qu'un loup. La créature pestait ouvertement … elle était en colère.

Ses oreilles volontaires penchaient avidement vers l'avant, et son poil touffu, couleur du désert se hérissait sur sa peau plus épaisse qu'un tablier de forgeron. La bête grondait, mais ne montrait pas les crocs. Aussi la jeune femme comprit-elle que sa présence, bien que fluette, avait été détectée depuis peu malgré le tas de viande qui faisandait allègrement. Totalement immobile d'abord, elle s'accroupit sur la branche, laissant son regard détailler l'impressionnante carrure du coupable, voilà donc ce qui sévissait, et à raison, dans la région. Elly força d'avantage sur son regard … les yeux de la créature étaient aussi purs, et aussi scintillants qu'une pépite d'or sous un soleil de plomb. En langage nain, on appelait ce métal aurifère éclatant et reluisant « Bryn ».

Dans un infime son de chute, précédé du fin mais caractéristique sifflement d'une lame s'extirpant de son étui souple, l'elfe atterrit en position accroupie sur le sol terreux, les semelles de ses hautes bottes s'enfonçant à peine dans l'humus odorant. Elle venait de commettre un acte totalement inconsidéré pour un simple humain, et un geste purement impensable pour un elfe lambda. L'une des puissantes lames jumelles qu'elle avait dégainé de son écrin, provenait de chez les lycans eux mêmes. C'était un cadeau unique, forgé d'un savant et dangereux alliage de mithrill, lui conférant sa robustesse et d'argent pur, source de protection contre la race lycanthrope difficilement vulnérable. Elle l'avait obtenu du seigneur Syllas d'Erenold, un illustre dirigeant loup-garou il y avait de cela des années. Cette lame, elle venait de la ficher contre le museau de la créature, son souffle rauque auréolant le métal d'un filet de vapeur d'eau. Un genoux au sol, l'autre jambe en appui droit, Elly tenait fermement des deux mains le pommeau de la longue dague, et laissa couler son regard dans celui de l'inconnu.

Sa voix résonna, fraiche comme l'éther, exempte de tout vice et de toute défiance. Elle était droite, elle était franche, elle était à l'équilibre. Quant à son visage à la peau d'un grain voluptueux, il n'exprimait ni crainte, ni assurance. L'expression affichée reflétait une émotion composite, empreinte de joie et d'interrogation.

- Bonsoir noble seigneur lycan, je tenais à m'excuser pour la fermeture des auberges et pour l'infantile mascarade, votre appétit aura naturellement trompé votre raison.

Sa chevelure cendrée nouée en queue de cheval dansa brièvement dans la brise, ramenant à elle le parfum de la chair sanguinolente.

- Vous devriez profiter de ma chasse, considérez cela comme un diner d'affaires.

Elly ne cilla pas, conservant ses iris franchement plantés dans ceux de son interlocuteur qu'elle savait doté de raison. Par expérience, elle n'ignorait pas que face aux membres du peuple lycan, il y avait deux choses principales à éviter. Les traiter tels des bestiaux, et laisser émaner de soi même un sentiment humain de crainte, ce qui les excitait vivement. Ainsi fait, respectant les usages lycanthropes, il comprendrait assurément qu'il n'y aurait cette nuit là aucunement la place pour le banal jeu du chat et de la souris. Elle l'identifiait en égal, se présentait à lui, armée et protégée par les mains de son propre peuple. Ils savaient désormais tous deux, avec une exactitude relative, comment se comporter l'un envers l'autre.

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Ven 25 Nov - 18:38
Le loup grogna plus fort et montra les crocs mais recula d'un pas. Il n'aimait pas la présence de l'argent. Ses pupilles étaient dilatées au maximum et cette fois il avait les oreilles couchée sur le cranes et la tête rentrée dans les épaules. On pouvait sentir toute sa tension pour se contenir et ne pas sauter à la gorge de l'elfe. Mais elle avait la bonne attitude et n'excitait pas ses instincts agressifs. Elle ne faisait qu'emmer*** prodigieusement le côté humain de la créature. Laissant de côté une bonne partie de son ressentiment, il se changea pour prendre sa forme hybride. Il semblait nécessaire de parler à présent. Il aurait put simplement redevenir humain, pour la provoque, mais il voulait sa forme la plus puissante. Après tout elle avait une lame en argent contre laquelle il ne pouvait pas guérir rapidement. Il se dressa sur ses deux pattes et se mit à grandir de façon impressionnante. Sous sa forme hybride il était encore plus imposant qu'en temps qu'humain et si l'elfe était de très grande taille, il la dépassait d'une bonne tête. Ses muscles saillants roulaient comme une mécanique bien huilée sous sa fourrure épaisse et son regard d'or avait une expression plus humaine. Le visage complètement dénué de la moindre émotion, il croisa ses puissantes pattes et toisa l'elfe. Elle ne cherchait pas la bagarre mais depuis deux jours elle le traquait et il commençait à en avoir assez. Si elle avait dans l'idée de le faire déménager, elle se trompait lourdement sur ce qui arriverait avec une telle requête et si elle venait pour le tuer alors elle agissait étrangement.
Le lycan laissa le silence s'installer pendant que les deux adversaire se dévisageaient en chien de faïence. Il ne savait pas trop comment la prendre : était-ce une sorte de ruse pour mieux l'attaquer ou était-elle vraiment curieuse de connaître ses raisons ou motivations ? Comme il n'arrivait pas à se décider il haussa les épaules avec un soupir. D'une voix sourde il lui demanda :


-Bon alors, que veux-tu ? Tu n'es pas là pour m'apporter mon diner je pense, je sais le faire moi même ça. -

Il préférait ne pas toucher à la viande pour le moment. Elle n'avait aucune odeur étrange mais certains poison sont inodore même pour son flair alors mieux valait être prudent jusqu'à être fixé. Ce qui agaçait le plus Brynolf chez cette elfe c'était que malgré son acharnement à lui rendre la vie infernale depuis son arrivée, il lui trouvait une beauté et un charme non négligeable. Elle lui tendait des pièges, l'interrogeait, le surveillait (il n'en avait pas la preuve mais il était convaincu) et tout ça avec son beau visage et ses gestes gracieux. C'était agaçant.
A bien y penser, peut-être qu'il ne resterait pas courtois tout du long. Elle avait envahit son territoire et le plantait une arme en argent sous le nez. Il avait bien comprit qu'elle tenait à lui préciser qu'elle n'était pas spécialement sans défense mais il prenait cela comme une menace plus que comme un avertissement. Et si son calme était pour le moment plus fort que le reste, la suite de leur entretient déciderait de la fluctuation de ses sentiments. Il espérait qu'elle trouverait les bons mots sinon ce serait un rude combat même s'il ne serait pas forcement à mort.


[HJ : désolé, c'est un beaucoup plus court mais on passe à une phase de dialogue alors...]

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 27 Nov - 12:55
[ hrp: Je comprends tout à fait, et je vais faire pareil pour avancer sans faire de gros pavés qui bloqueraient les dialogues ]

Elly se redressa doucement à son tour, replaçant sa lame entre ses omoplates d'un geste gracieusement lent, calculé et empreint de pacifisme. Le lycan sous sa forme hybride la dépassait d'une bonne tête et demie, et ce malgré sa grande taille. Son regard lunaire devait par la présente se lever, afin de pouvoir croiser le sien miroitant et témoigner d'une franchise et d'une fermeté inébranlable. Entre personnes de valeur, chacun sait que l'on ne baisse pas les yeux, non, mais l'on se jauge, on se passe aux rayons x et l'on creuse, jusqu'au plus profond de l'âme. La sylvaine l'entendit sans sourciller, percevant aux battements de son cœur, son agacement, au ton de sa voix, son inquiétude et à la brillance de ses prunelles, sa curiosité.
Elle se tenait droite face à lui, ses longs bras ballants à ses côtés, sans être pour autant endormis. Immobile, telle une statue de cire, insaisissable et pure, comme le vent.

- J'ai envie de comprendre. lâcha t-elle simplement, sans le quitter des yeux.

La jeune femme l'observa silencieusement quelques secondes durant, avant de reprendre plus clairement.

- J'aimerais savoir pourquoi un membre du peuple lycan, un être aussi puissant que vous a choisi de vivre tel un vieux loup des bois, se nourrissant de vaches et de brebis, alors qu'il y a des proies bien plus nourrissantes, bien plus excitantes à chasser par delà ces pâturages … aussi verts soient-ils.

Visiblement, l'elfe se contrefichait de la frayeur que cela suscitait chez les habitants de la ville. Son intérêt allait tout entier à la personne qui lui faisait face, son interlocuteur respecté et enivrant par sa simple existence. Une puissance, un diamant à l'état brut, un esprit sacré… Un soupçon de colère et d'incompréhension vint se dessiner sur les doux traits de la jeune Elly.

- Je voudrais comprendre, alors que ce monde tombe déjà dans l'ombre d'un tyran, pourquoi vous ! Un esprit libre et indomptable, VOUS avez décidé de vous asservir vous même à la vie des vilains, en piochant dans leurs troupeaux … en éteignant vos propres instincts prédateurs ...

Elle osa s'approcher d'un pas, afin de mieux ressentir l'aura émanant du lycan. La gardienne s'en imprégna littéralement, et ses yeux couleur d'acier virèrent un instant au jaune doré avant de retrouver leur couleur originelle. Sa voix s'éraillait, s'effaçait peu à peu, faible, telle une flamme mourante.

- Vous valez mieux que ça … mais ce que je sens, c'est une puissance gâchée. Jamais je n'oserais vous insulter en vous assimilant à un renard de ferme inoffensif, mais je sais que vos facultés générales, le loup qui sommeille en vous, a été adouci par une vie monotone et rangée … Bryn. Vous êtes entrain de vivre une vie d'humain.

Elly le regardait … presque avec tristesse. Puis elle fit le choix d'aller droit au but.

- Il semblerait que vous attendiez qu'Aile Ténébreuse vienne vous recruter, ou vous transformer en esclave des ténèbres. Je suis prête à parier que votre potentiel l'intéresse au plus haut point. Le seigneur d'Erenold et général lycan ne vous aurait jamais laissé faire une telle chose. Maintenant qu'il n'est plus … je parle en son nom.

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 27 Nov - 14:28
Brynolf écouta jusqu'au bout sans bouger autre chose d'une oreille qu'il agita avec agacement quand elle haussa le ton. Il ne bougea pas plus quand elle s'approcha et ne décroisa pas les bras. Mais en même temps que la voix de l'elfe se faisait plus douce, il sentit sa colère retomber lentement. Elle était une elfe et donc proche de la nature. Visiblement elle connaissait des lycans et les respectait au plus haut point. Surement des lycans de la forêt. Elle ne comprenait pas et il devait reconnaitre qu'elle avait raison: il se pacifiait. Et il avait ses raisons. Il avait prit sa décision en son âme et conscience et en assumait les conséquences même si les contraintes se faisaient de plus en plus lourdes ou nombreuses. Il ne perdait rien de son côté loup mais il l'étouffait de mieux en mieux pour obtenir ce qu'il était venu chercher sur ces terres: des réponses.
Quand elle eu finit, il aurait presque dit qu'elle allait pleurer. Comme si de le voir dans cette situation pouvait à ce point l'affecter. Ou peut-être était-ce le cas ? Il ne lui faisait pas assez confiance pour y croire vraiment mais n'était pas assez borné pour ne pas l'envisager. Elle le regardait dans les yeux et il aurait du se sentir offensé en bon dominant qu'il était. Mais elle n'était pas de ce genre de jeu et il ne pouvait pas la voir comme une concurrente à la dominance entre eux. Un peu comme avec les humains mais différemment à cause de ce respect qui pointait dans son regard. Il poussa un soupir qui fit danser quelques mèches dorées de son interlocutrice.


- Je suis ici pour une bonne raison. J'ai fais une promesse il y a très longtemps et je dois la tenir. Je suis prêt à m'abaisser à jouer l'humain pour réussir...Pour le bien de ma meute. Quand aux moutons, disons que je préfère ne pas perdre trop d'heures de sommeil à la chasse. -

Il n'était pas sur que lui raconter sa vie était une bonne idée mais une petite voix lui disait qu'elle ne lâcherait de toute façon pas le morceau alors... Il décroisa les bras et se força à se détendre. Elle ne l'attaquerait pas, lui non plus. Elle était plus de son côté que de celui des humains. La carcasse empuantissait l'air et son odorat était dérangé. D'un signe de tête il lui signifia qu'il voulait bouger. Il ne comptait pas aller trop loin mais au moins s'éloigner de cette puanteur qui lui agressait la truffe. Se trouvant un coin à quelques arbres de là, il s'y arrêta et se tourna de nouveau vers l'elfe  pour continuer son explication:

- Je viens du sud, d'une meute vivant dans les Glaces. Quand j'étais jeune, deux louveteaux nous on été enlevé. Ce n'était pas mes frères et sœurs mais donc une meute, on s'aime assez pour faire tous partie de la même famille. J'ai juré de les retrouver et de les ramener là où ils sont nés. J'ai retrouvé la louve mais pas son frère. Sa piste m'a mené ici depuis déjà un moment mais pour récupérer plus d'informations, je dois me fondre dans le paysage. Et tu auras sans doute remarquer que je n'y parviens pas aussi bien que je le voudrais... -

En y pensant, le loup se sentait frustré et en colère. Il n'avait pas de meilleur moyen pour retrouvé le lycan perdu, il ne savait pas ce qu'il était devenu depuis tout ce temps et devait se muselé. Pour évacuer sa frustration, il se mit à faire les cents pas, le museau froncé et le regard sombre. Les pattes croisées dans le dos pour ne pas défigurer un arbre au passage, il se sentait acculé devant les vérités que l'elfe lui avait mit devant le museau. Il savait tout cela mais tant qu'il le niait, il pouvait supporter son état. C'était pour sa promesse, pour la bonne cause. Il était un chasseur très patient mais cette attente là lui coûtait beaucoup plus qu'une autre. Elle avait fait resurgir ce qu'il ne voulait pas voir pour la bonne raison qu'en y pensant, ça le rendait fou de ne pouvoir rien faire d'autre qu'attendre et se nier. Trop frustré, il laissa échapper un grognement féroce et lacéra un tronc au passage avant de continuer, un cran au dessus:

- Je ne peux RIEN faire d'autre ! Je n'ai que des poussières d'informations et une seule parole ! Je DOIS ramener ce loup, même s'il refuse d'entrer dans la meute, je dois au moins lui expliquer d'où il vient, qui il est et lui montrer sa famille. Qu'il aille ensuite vivre sa vie, peu importe, chaque loup est libre mais j'ai promis. J'ai promis !  Je ne peux pas aller vivre tranquillement tant que je ne l'aurais pas retrouvé et les informations, ce sont les humains qui les ont et jamais ils ne les donneront à un loup ! -

Bryn s'arrêta près de l'arbre qu'il avait malmené, fit un geste comme pour lui infliger une nouvelle blessure mais laissa retomber sa patte. Il tournait en rond dans son raisonnement, il n'avait pas d'autre recours. Aucune issue ne se présentait à lui, aucune occasion d'avoir une autre solution. Et aucun autre but. Il devait honorer sa parole. Et pour ça, il n'avait pas d'autre choix. D'un geste las il se tourna vers l'elfe et se laissa aller contre le tronc. Il avait soudain le regard éteint: il était piégé par sa propre promesse. Et il avait dévoilé son coeur encore plus qu'il ne l'aurait voulu. Lui qui  ne laissait jamais rien remonter, jamais rien paraitre, voila qu'il se livrait à une inconnue... Il devait vraiment être près de ses limites.

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 27 Nov - 17:08
Cet homme-loup souffrait moralement, c'était un fait indéniable. Lié par un serment, une promesse à laquelle il ne pouvait déroger par principe, il s'était enchainé lui même à un destin peu enviable, mais extrêmement pur. Le lycan les avait éloignés du faisandage ambiant et après quelques gestes canins empreints de violence, mais avant tout de détresse, il s'était laissé aller contre un tronc passablement lacéré. L'inconnu s'était ouvert à elle, et n'avait pas réagi au surnom qu'elle avait tenté de lui donner. Bryn, tel était donc son véritable nom, l'elfe n'avait pas rêvé. Elly l'avait écouté, paisiblement et pleinement, lui offrant une oreille attentive et une ouverture d'esprit maximale. Mais quelques soient les efforts faits, elle n'avait aucunement besoin de se forcer pour le comprendre … il était foncièrement bon, à la manière de son peuple.

- Vous combattez pour une noble cause. Et j'appelle cela une bataille, car pour réprimer vos instincts et aider vos semblables, vous devez lutter contre votre pire ennemi … vous même.

En quelque part, elle était profondément fière de cette créature apparemment effrayante. Plus le temps passait, plus son respect pour le peuple Lycan grandissait, au point d'en faire une préférence et une référence à part entière. Autour d'eux, la forêt majestueuse bruissait calmement. Le vent joueur faisait onduler les branchages feuillus, l'herbe douce, et sifflait à leurs oreilles au travers des grands troncs creux. Elly s'appuya contre une écorce blanchâtre à son tour, une jambe repliée sous elle pour d'avantage de stabilité. Ses lames cliquetèrent entre ses omoplates, inoffensives mais menaçantes, comme endormies.

- Je pense que vos recherches seraient plus fructueuses si vous retrouviez une part de vos instincts. N'oubliez pas que celui que vous poursuivez n'est plus un louveteau, c'est un jeune adulte de votre peuple, et peut-être de votre carrure. Prompt à masquer ses traces et son odeur, peut-être même un insoumis prêt à se battre.

Elle avait légèrement froncé ses fins sourcils, ce qui, outre le fait d'adjoindre un peu de sévérité à ses traits sibyllins, la rendaient également en apparence tout du moins, plus sûre d'elle. Elle pressentait en Brynolf un potentiel resplendissant, et une idée des plus simples lui vint … La gardienne se redressa vivement, s'approchant de son interlocuteur. Sans prévenir, elle déposa fermement sa main sur la large épaule droite de l'énorme lycan, le fixant du regard avec une volonté de fer. Elle bouillonnait intérieurement, et son corps réagissait de façon magnétique. Aussi, une myriade d'éclairs bleutés indolores mais vifs, zébrèrent le poil luxuriant de la noble créature, lui conférant tout au plus une impression de chaleur diffuse.

- Je m'appelle Elly Thunderblades, et au nom de mon amitié pour votre peuple, je vais vous aider à retrouver l'étincelle qui s'est éteinte en vous.

S'en suivit une brève mais vivante explication, tournant autour du projet précis qu'avait la Gardienne de lever une armée. Elle avait un besoin cruel de généraux de races diverses, afin de rallier à sa cause un maximum de peuples, et affaiblir ainsi la prise d'Aile Ténébreuse sur les continents terrans. Cela fait, elle se détourna à demi de son interlocuteur, lui laissant le champ libre s'il désirait s'enfuir à toute allure …

- Ma proposition est simple. Comme je vous l'ai précisé, j'ai besoin de personnes de confiance pour lever mon armée, qui soit dit en passant, est en bonne voie. Par ailleurs, je pense que vous avez besoin de retrouver une certaine fois en vous même, et d'éveiller la véritable nature combative qui sommeille encore. Je m'en remets à votre libre arbitre, et vous laisse le choix Bryn ...

Elly laissa s'écouler un bref instant de silence ...

- Vous pouvez continuer la gestion de votre triste petite vie humaine ... Dit-elle en désignant le village d'un signe de tête.

Un étrange sourire illumina son faciès, tandis qu'elle tendait la main vers lui, paume vers le ciel.

- Ou réapprendre à vivre tout court

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Dim 27 Nov - 18:51
Le lycan écouta, d'abord avec un air morne puis avec plus d’intérêt. Il n'était pas certain que parcourir le monde soit une meilleure solution car le louveteau pouvait être n'importe où. Et avoir été élevé par n'importe qui. Peut-être était-ce un sauvage qui n'écoutait plus sa part humaine ou à l'inverse, un humain qui se battait contre sa part loup. Elle avait raison, c'était peut-être un dominant avec une soif de combattre ou un soumis qui tentait de passer inaperçu. Mais plus que de lui donner une solution pour trouver celui qu'il cherchait, elle lui donnait un nouveau but. La vie d'un lycan peut s'étendre presque à l'infinie et il n'avait pas à honorer sa parole dans l'immédiat mais faute de savoir quoi faire d'autre, il s'était attelé à la tâche sans attendre. Elle lui offrait maintenant un nouvel objectif, un autre horizon plus dégagé et qui le tentait terriblement. Et elle savait parler. Il eu un sourire en coin: une bataille, un commandement, une nouvelle façon de vivre... C'était presque trop beau. Mais elle avait l'air sincère, ça se voyait dans ses yeux. Elle lui tendit la main et il resta un moment sans bouger: elle lui demandait de changer complètement de vie et de passer pour un temps à autre chose que la quête du lycan. Mais c'était pour quelque chose de beaucoup plus grand, pour quelque chose qu'il connaissait très bien: le combat, la guerre. Elle lui demandait de redevenir lui, de ne plus être le chien de chasse qu'il avait accepté de devenir et qui le meurtrissait mais de reprendre le rôle de loup de guerre qui avait toujours été le sien.
Le lycan eu un sourire, un sourire féroce et plein d'une nouvelle énergie. Il prit dans sa grosse patte la main qu'Elly lui tendait et la serra brièvement avant de la porter à son museau. Il ferma un court instant les yeux et s'imprégna de son odeur. C'était une façon de montrer à quel point on pouvait être reconnaissant, on mémorisait si fort l'odeur, l'identité de quelqu'un qu'elle serait reconnue dès le premier instant et aurait l'aide qu'elle demanderait. Quand il rouvrit les yeux, son regard était différent. On pouvait y voir de nouveau le loup avide de liberté...et de sang. Pour que le carcan de cette vie de forgeron saute aussi facilement c'était bien qu'il était devenu trop étouffant pour le jeune homme. D'une voix grave et puissante il lui murmura sa réponse sans la quitter des yeux:


- Je suis Brynolf Loup de Guerre de la meute du sud et je vous accompagnerai au combat Dame de la forêt. Parce que je suis né pour ça. -

Un éclat doré brilla dans ses yeux et il libera la main de l'elfe avec douceur. Il se redressa et sentit comme un poids s'envoler. Il avait l'impression d'y voir mieux, de sentir mieux et d'avoir une nouvelle voie à arpenter. Cette décision était la bonne, il le sentait. Et même si tout ne lui était pas encore revenu, même s'il conserverait encore quelque réflexes à cause de son conditionnement, il allait redevenir celui qu'il était, il n'y avait pas de doute.

- Ceci étant dit, peut-être serait-il préférable de continuer cette discussion ailleurs. Laissez moi vous offrir l'hospitalité, c'est plus confortable que l'auberge. -

Reconnaissant. Il lui était infiniment reconnaissant d'avoir fait cette proposition.
Et en son for intérieure il rit de lui même et de la situation: quelques minutes plus tôt il la trouvait si agaçante à venir perturber le fragile équilibre qu'il avait mit en place et voila qu'en fait, elle lui permettait de le retrouver. Il s'était livré plus qu'il n'aurait dut mais ne se sentait pas démunit pour autant. C'était étrange. Elle lui faisait une impression étrange.
D'un commun accord ils sortirent de la forêt et Bryn la devança un peu pour retourner près de la pierre où était caché son vêtement. Il ne voulait pas l'abandonner ici tout de même. Il l'enfila et reprit aussitôt sa forme humaine. Et il rejoignit l'elfe, se mettant à sa hauteur pour marcher. Sa taille de géant lui permettait d'être plus grand que la femme à ses côtés même sous forme humaine. Il était torse nu mais l'air frais de la nuit ne le faisait pas frisonner. De façon générale il ne craignait pas le froid du continent même sans fourrure.
Le temps qu'il mirent à regagner le village endormit, Bryn le mit à profit en détaillant, sans qu'elle s'en aperçoive, l'elfe. Elle était grande et mince, sa démarche était souple et silencieuse. La lune accrochait de jolis reflets à ses cheveux et il se dégageait d'elle une aura forte que reflétait les traits gracieux de son visage. Il l'avait trouvé jolie quand elle s'était présentée à lui, belle quand elle était descendu de son arbre et il se rendait compte à présent qu'elle était également séduisante. Il avait cependant retrouvé son attitude fermée et distante et jamais il ne se permettrait de lui laisser ne serait-ce que penser qu'il la trouvait agréable.
Ils arrivèrent aux premières maisons assez rapidement et Brynolf ouvrit alors la marche pour revenir à son domicile. Devant la porte de derrière il jeta un coup d’œil interrogateur à l'elfe car elle n'avait pas donné sa décision pour ce qui était de l'hébergement.

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Lun 28 Nov - 14:13
[ hrp : ce post sera très court, il s'agit de ma conclusion pour ce sujet, ne restera plus que la tienne ^^ ]

Elle l'avait convaincu, sans trop savoir comment. Le lycan s'était rangé à son côté, satisfait de sa proposition et Elly n'en était pas peu fière. La perspective d'aider un être fait de chair pensante, et de mener à bien son projet personnel, tout cela en faisant d'une pierre deux coups, la laissait tout simplement rêveuse. La sylvaine avait consciencieusement suivi Brynolf à travers sentiers et champs désertiques, jusqu'à regagner peu après l'orée de la ville, ainsi que son domicile et lieu de travail. Elly jeta un coup œil aux alentours, mais personne ne semblait les observer ou se douter de quoi que cela soit. Qu'avait-il proposé déjà ? L'hospitalité ? Une qualité supplémentaire pour ce peuple, qu'elle n'avait encore jamais éprouvé personnellement. Inclinant légèrement la tête à l'attention de son acolyte, l'elfe le gratifia d'un remerciement sincère.

- Je te remercie d'accepter ma présence pour la nuit. J'ai encore du travail, je partirai dès l'aube dans le but de trouver physiquement mon second général.

La gardienne tenta, non sans mal, de devenir transparente, ou comme on dit chez les vilains « de se faire toute petite ». Mais la présence d'un membre du beau peuple passe rarement inaperçue, et ce quelque soit l'endroit. Silencieuse lorsqu'il le fallait, active quand la situation l'exigeait, confiante lorsque Brynolf avait besoin d'être rassuré sur l'un des divers points sur lesquels ils discutèrent, Elly s'efforça d'être, durant toute cette soirée passée en sa compagnie, d'une amitié droite, franche et chaleureuse. Car, quelque part, se laisser aller soi-même au réconfort d'autrui, soigne toujours en partie vos propres blessures. Avant de s'endormir, elle lui demanda tout de même de quelle façon allaient-ils pouvoir mutuellement se retrouver en cas de besoin, ou de loin en loin, lorsque le jour de la bataille approcherait et qu'elle devrait revenir vers lui pour l'instruire de toutes les nouveautés, tactiques et plans à mettre en œuvre. La jeune femme ajouta qu'il serait appréciable, que le lycan réussisse à réunir un maximum d'effectifs de son propre peuple dans le but d'avoir un bataillon conséquent, puis elle s'endormit paisiblement.

- Bonne nuit Brynolf, et merci pour tout.

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Sam 3 Déc - 1:51
Le lycan laissa l'elfe entrer avant de refermer derrière lui. Désormais rien n'empêchait d'allumer une lumière ou de parler un peu plus fort qu'un simple murmure. Il laissa Elly patienter dans le salon tandis qu'il allait mettre un peu plus de...vêtements. Puis il redescendit et offrit quelques chose à manger à son hôte. Il n'avait pas grand chose dans les placards mais ils purent s'assoir ensemble autour d'une miche de pain, d'un fromage et d'un jambon. Bryn avait terriblement faim mais il ne pouvait quand même pas envisager Elly comme un diner.
Elle lui expliqua beaucoup de choses et il posa beaucoup de question. La nuit était jeune quand ils avaient commencé à parler et la lune était haute quand ils pensèrent à aller se coucher.


- Tu pourras me retrouver facilement: je vais aller au Drayame pour trouver d'autres lycans, ainsi que dans les montagnes. Je serai chaque nuit suivant la pleine lune dans la petite ville nommée Dray'nam. Si tu me cherches, vas à l'auberge de Danseur Fou, je saurais si tu y loges ou non. -

Il eut un léger sourire avant de remettre son masque d'impassibilité. Elle semblait désireuse d'aller dormir aussi rangea-t-il la table avant d'ouvrir la marche vers sa chambre. Il lui offrit son lit et lui profiterait des joies du tapis. Bien sur, pas sous forme humaine.
Il se fondit dans la forme de loup, retira d'un coup de patte agacé les habits désormais trop grands et se roula en boule par terre. Il suivit Elly du regard et poussa un soupir pour lui souhaiter bonne nuit.
Il ne trouva pas le sommeil. Sa faim était calmée et pourtant son loup s'agitait. Il écouta la respiration de l'elfe, pensant que ce bruit l'apaiserait mais au contraire, il se sentit encore plus réveillé. Agacé par cette sensation qui lui faisait fuir le sommeil et qu'il n'arrivait pas encore à nommer, il décida de laisser son côté loup prendre les rennes histoire de voir ce qui clochait. L'avantage avec les lycans c'est que quand quelque chose ne va pas, il suffit de laisser faire l'autre moitié pour y voir plus clair. Laissant en retrait sa partie trop humaine, il laissa la partie loup agir. L'animal releva alors la tête et, le museau tourné vers le lit, inspira. Cette odeur fraîche et suave l'électrisa. Se levant en silence, il approcha du lit. Il reprit sa forme humaine instinctivement mais le loup dominait toujours: la peau n'avait pas d'incidence sur l'esprit. Il baissa le regard sur la femme endormie. Il la trouvait attirante depuis leur rencontre et il ne l'avait pas nié. Mais attirante comme d'autres avait-il pensé. Peut-être le fait qu'elle soit une créature gorgée de magie, comme lui, renforçait-il cet attrait ? Quoi qu'il en soit, il comprit désormais ce qui le dérangeait: son côté animal, celui qui ne pouvait ressentir de sentiments complexe, le côté primaire, bestial, ce coté là désirait cette femme. Il l'appréciait, c'était certain, mais amicalement et lui devait un immense service. Mais en dehors de ça, son corps était attiré par celui de l'elfe. C'est comme le disait les humains "physique". Un désir violent et sauvage de la posséder. Et pas même pour longtemps, juste pour assouvir une pulsion.

Le forgeron retint un grognement de désapprobation. S'il avait été une bête, il n'aurait pas résister. Mais c'était avilissant de se laisser dominer par son instinct bestial. Il avait déjà ressentit ça auparavant, il avait assez de décennies derrière lui pour connaitre cette sensation et il n'approuvait toujours pas. Ça se terminait toujours assez mal. Et cette fois c'était une amie donc il avait intérêt à se tenir à carreau. Il était content de pouvoir revenir à une vie plus harmonieuse avec son côté loup mais il ne fallait quand même pas tomber dans l'excès. Content de connaitre le fond de l'histoire, il remit en place une mèche dorée et reprit sa forme de loup pour aller se coucher. Cette fois-ci, il trouva le sommeil rapidement.

Les premières lueurs du soleil et les froissements du drap le réveillèrent. Ils s'étira et bailla en montrant ses crocs impressionnants. La nuit avait été courte mais il n'avait jamais besoin de beaucoup de sommeil. Prenant dans sa gueule les vêtements au sol il devança Elly et descendit pour arriver dans le salon. Reprenant son apparence humaine, il enfila rapidement ses habits avant de sortir de ses maigres réserves du lait et un pot de confiture si bien fermé que même la moisissure n'avait pas put rentrer. Plutôt content de sa trouvaille, il mit le tout sur le table mais versa une partie du lait dans une casserole cabossée qu'il fit chauffer. Il n'aimait pas le boire froid. Quand l'elfe descendit, il la laissa s'installer. Elle avait précisé la veille qu'elle partirait tôt, pensant surement s'esquiver sans un bruit. Mais elle ne fit pas de remarque quand au fait qu'il se réveille en même temps. A vrai dire, il voulait partir aussi. Il craignait de ne pas pouvoir lâcher sa boutique s'il ne partait pas en même temps qu'elle. Il adorait son métier et sa forge alors il lui fallait une petite impulsion pour la quitter et peut-être ne plus la revoir. Il s'installa à table avec son lait fumant, ses yeux brillants posés sur son hôte.


- Je pars en même temps que toi. Laisse moi le temps de mettre de l'ordre dans mon atelier et de ranger mes affaires. Tu peux même m'aider si ça te tente. -

Ils déjeunèrent tranquillement pendant que le soleil par la fenêtre teintait d'un rose pâle les quelques nuages dans le ciel. Ce serait une superbe journée. Idéal pour voyager. Etant en train de ramasser la table une fois le petit déjeuner achevé, le lycan demanda à Elly d'aller dans l'atelier et d'ouvrir déjà les fenêtres afin d'y voir quelque chose pendant le rangement.

- La clé se trouve sur le meuble, à côté de toi. -

Il désigna du menton une armoire qui touchait presque le plafond. Elly s'étira pour tenter de prendre l'objet mais malgré sa taille, elle était encore trop petite pour y arriver. Bryn la regardait comme un loup regarde une biche. Il posa la tasse qu'il frottait et arriva derrière elle. Il étendit le bras, la coinçant un peu entre son corps et le bois du meuble. Ce contact fut une petite victoire pour son loup. Oui, il lui avait intentionnellement demandé de prendre cette clé en sachant qu'elle ne le pourrait pas, et alors ? Il préférait s'adonner à ce genre de jeu plutôt que de se faire violence contre ses instincts. Ainsi tout le monde était heureux et l'elfe pouvait même ne jamais s'en rendre compte.
Il lui tendit le bout de métal sans avoir changé d'expression même si ses yeux d'or luisaient d'un éclat sauvage et retourna à sa tâche ménagère. Il aurait assez rapidement rangé la forge si il s'y prenait correctement car chaque soir avant de rentrer fermer, il remettait tout en place et faisait un brin de ménage. Quand aux commandes, il les déposeraient derrière chez lui avec une note. Tant pis s'il y avait des voles.


RP CLOS

Brynolf

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[Terminé] Elémentaire mon cher Watson Sand-g10Sam 3 Déc - 15:52
[ sujet terminé, merci Brynolf ! ]

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