Voyager c'est bien, mais au soleil, c'est particulièrement désagréable quand on est ombrageur, du coup Adaeas est rapidement venu a une conclusion simple, la nuit est définitivement son meilleur allié, alors il commença à voyager de nuit principalement. L'avantage c'est que lorsque la journée venait, il se trouvait un coin à l'ombre et se reposait avant de poursuivre sa route à la tombée de la nuit. Certaines journées il trainait dans des petites villes ou auberge à l'écoute des rumeurs. Il se mettait doucement au courant des pensées globales, des noms à éviter d'offenser pour le moment, le secret est bien sur de rester discret, comme une ombre.
Pour finir par entrer à Sent Sura, il lui avait fallu passer par des douanes, apparemment un homme avec des morceaux d'armure en cape noire ça intrigue les douaniers lorsqu'il arrive de nuit … Il dut rester une bonne heure à leur expliquer qu'il était un voyageur désirant découvrir le monde, que pour lui la chose la plus évidente à visiter était cette ville. Bien sûr on lui parla aussi de ses armes, et bien, voyager reste dangereux lorsque la guerre rôde partout ! Aprés des négociations acharnées il finit par pouvoir entrer dans cette si superbe ville, il parait d'ailleurs qu'elle est encore plus belle de jour, rayonnante de mille feux, mais cette perspective l'allèche moins en y repensant.

*Plus qu'à commencer à travailler donc ...*

Le problème quand personne ne nous connaît, c'est bien évidemment de trouver des contrats, le plus difficile dans le boulot en somme. Du coup il errait un peu dans les ruelles alors que le soleil commençait doucement à se relever. C'est au détour d'une petite ruelle qu'il tomba nez à nez avec un jeune s'énervant contre des poubelles, ruminant quelques insultes visiblement à l'encontre de quelqu'un. Adaeas s'approcha de lui, traversant l'obscurité vacillante de la rue et lui posa une main sur l'épaule.

-Des soucis ? Je peux vous aider ?

L'homme se retourna, presque les larmes aux yeux, ce grand homme aux oreilles pointues lâcha un soupir devant le visage d'Adaeas dont il ne pouvait que distinguer que vaguement certains traits à cause de l'obscurité régnant ici.

- A moins de convaincre mon père de suivre les conseils de son sucesseur s'il ne veut pas que tous quittent notre entreprise, il n'y a rien a faire.

Le visage d'Adaeas resta neutre, mais au fond de lui il se mit à sourire, car il pouvait lui proposer une solution. Qui pourrait paraître expéditive, mais qu'il lui offrirait de corriger cette erreur.

-Si j'avais une solution à vous proposer, me laisseriez-vous faire ?

Le regard de l'elfe se figea un instant, il avait cru comprendre ce que l'homme lui proposait, et pouvoir être le chef l'attirait, mais il s'agissait toujours de son père, même si il traitait les ouvriers comme des moins que rien, qu'il rabaissait son fils … En fait c'était plus rapide que d'attendre une mort de vieillesse, surtout qu'il s'agit d'un elfe … Il serra le poing, dépité, il le fallait … Pourtant il n'y avait pas de conviction dans sa voix, comme si il refusait de croire ceci possible.

- Faites si ça vous chante ...

Quelques journées passèrent, l'elfe ne vit plus Adaeas, pas plus qu'il n'entendit parler de lui. Soigneux, l'ombrageur épiait silencieusement et discrètement l'homme, observant ses habitudes, découvrant d'ailleurs qu'il semblait jouir d'une notoriété pas aussi faible qu'il le pensait, cependant il avait un très gros défaut, ses nuits, il suivait exactement la même routine, se couchant toujours à la même heure à une minute prés, et se coucha encore ce soir à la même heure. Deux heures plus tard, un homme se trouvait dans l'ombre de la porte arrière de la demeure, la main tendu vers la serrure, il se concentrait sur cette dernière tandis qu'une forme se dessinait lentement dans sa main, une clé encore plus sombre que la nuit elle-même. Et cette clé ouvrit la porte ! Bien qu'elle lui ai demandé du temps de préparation … Dans le bâtiment, Adaeas marchait silencieux, pas une lumière, pas une bougie, mais il avançait vers la chambre de sa cible, le fils elfe devait croire que rien ne se produirait, mais ce soir-là l'homme, son père, mourut étranglé.

L'information circula très vite, fils semblait partiellement s'en vouloir, et se sentait naturellement responsable. Mais beaucoup se demandaient comment cela était possible car rien n'avait été touché ou volé, la thèse de l'assassin fut immédiatement envisagée, surtout quant à la méthode. Le père, dirigeant d'une petite famille à la tête d'un groupe redistribuant des aliments à des clients qui voulaient éviter d'avoir à se déplacer pour choisir et commander ces derniers avait été étranglé avec force en pleine nuit, et par dessus cela il portait les traces d'un bâillon et d'attaches aux mains et aux pieds. Pourtant par-delà ses traces, absolument aucune marque de force ne fut remarqué dans la maison, les serrures ne semblaient même pas avoir été crochetées.
Dans ses déclarations, le jeune homme insinua clairement qu'un étrange homme lui avait proposé ses services pour l'aider, et que ne le croyant pas il a eu le culot de lui dire de faire ce que bon lui semblait, mais il déclara pourtant autre chose.

- Cet homme qui a étranglé mon père ! Ce tueur aux cordes qui m'a abusé, je le retrouverais un jour !