Cité des Arbres, Le 16 Vennà, 114


De la part de sa gracieuse Majesté Elwing, Reine des elfes et protectrice de Drayame

A l’attention de sa majesté Harald Wallah, Roi de Saline.


Seigneur Wallah,

Je tiens à vous remercier personnellement d’avoir accueilli ma sœur, la princesse Helyanwë, à votre cour et de lui avoir offert l’hospitalité. Mon inquiétude allait en grandissant alors que je n’avais aucune nouvelle depuis plus d’un mois. Je suis rassurée de la savoir chez vous car je sais qu’elle y sera sauve. J’ai confiance en votre bienveillance et votre honneur. Je suis sûre que vous saurez la garder loin des affres de la guerre. Pour cela, je serai votre éternelle débitrice.

Celle qui tient cette plume est autant une sœur inquiète qu’une reine et je dois faire mon devoir comme je le juge bon. C’est pourquoi je vous fais suivre, ci-joint, une missive qui lui est destinée. Je ne sais si elle arrivera un jour dans ses mains mais je vous prie tout de même de lui faire part des grandes lignes qu’elle contient.

En attendant qu’une solution pacifique soit apportée aux différents qui nous opposent, veuillez accepter, messire Wallah, mes salutations et remerciements les plus sincères.

Bien à vous.

Elwing

Ma chère sœur,

C’est avec soulagement que j’ai appris de mes informateurs que tu étais arrivé à Saline, je suis rassurée de te savoir en vie et en bonne santé. J’espère que les salinéens te traitent avec égard, comme il sied à une princesse de Drayame. Tu es mon sang et je veux m’assurer que tu n’aies jamais à souffrir du besoin. N’hésites pas à m’indiquer si tu souhaites que je te fasse parvenir n’importe quel bien que tu n’aurais pas pu emporter avec toi dans ta fuite.

Je pense qu’il est inutile de te dire à quel point ton exil me remplit de fureur. Je te voulais avec moi, là où tu aurais pu défendre tes idées même si je sais qu’elles sont en contradictions avec les miennes, et pas à l’autre bout du monde, là où tu perds toute influence en Drayame. Je suis en colère car tu me vexes si tu as pu penser que je t’aurais fait du mal ou que je t’aurais muselé si tu étais restée.

Tu es une tête de mule, Hel’, et tu ne m’as jamais écouté, alors je suppose que tu ne m’écouteras pas plus aujourd’hui. Mais cette fois, la situation est différente que lorsque nous n’étions encore des princesses insouciantes. Je suis ta sœur, mais également ta reine et je t’ordonne de sortir de ton exil sous peine de perdre tes droits. Si tu me désobéis, je te renie en tant que sœur et en tant que sujet. J’effacerai ton nom du registre de notre famille et je te retirerai ton héritage. La succession passera alors à notre sœur Elbereth et tu perdras tous tes titres.

Je te donne deux semaines pour me répondre positivement et un mois pour me revenir, délai après lequel je mettrais mes menaces à exécution.

Elwing.