Léandre la Belette a écrit:

Svelyana se retrouva séparée de sa communauté. Sa terreur l'avait amenée à fuir aveuglément, et elle se retrouva donc à Drayame, la forêt des elfes.

Raconte nous, plus en détails, ce passage de l'histoire de Svelyana.

Certains détails de cette journée d'horreur se sont perdus dans la terreur, mais d'autres restent vifs comme la braise...

Ce jour où tout a basculé, Svelyana avait passé la majeure partie de son temps à récolter des provisions pour l'hiver qui arrivait. Les journées étaient encore douces, mais les nuits avaient perdu la chaleur qui les rendait si agréables. A l'instar de ses sœurs, la Nymphe avait donc entassé de nombreuses denrées non périssables dans les greniers de leur village, et avait aidé à cuisiner les fruits et autres nourritures de façon à les conserver plus longtemps. Son village était très réputé à Flore pour ses délicieuses pâtes de fruits et ses pastilles sucrées à base de miel.

On s'affairait donc dans le petit monde des Nymphes. Malgré l'ombre qui commençait à planer sur ce monde depuis quelques temps, les habitants du Royaume de Flore ne pouvaient se départir de leur insouciance, persuadé que leur terre féérique était à l'abri de tous les maléfices, de tous les malheurs.

Pourtant, Svelyana et bien d'autres avaient remarqué les fumées noires qui s'élevaient de plus en plus régulièrement à la lisière de la forêt. Ses fumées étaient différentes de celles qui produisaient les humains pour se nourrir et se chauffer. Elle étaient plus noires, et plus âcres. Elles charriaient une odeur métallique, de rouille et d'acide. Si la majeure partie des Nymphes évinçaient ces fumées d'un haussement d'épaules lorsqu'on en parlait, d'autres commençaient à s'en inquiéter. Mais invariablement, l'insouciance reprenait le dessus, et chacun revenait à ses petites activités.

En cette fin de journée donc, Svelyana avait gravit le tronc massif d'un vénérable chêne, centenaire depuis longtemps. Elle s'était allongée à plat ventre sur une branche épaisse, l'enserrant de ses bras graciles, posant une oreille sur l'écorce rugueuse mais encore chaude des derniers rayons de soleil de la journée.

Et elle avait écouté. Plus attentivement qu'elle ne l'avait jamais fait.

Un murmure indistinct avait envahit son esprit, résonnant dans ses oreilles. Elle avait entendu ce qui lui semblait être des cris, des bruis de pas, le craquement du bois qui s'effondre. Elle avait perçu des roulements de tambours... Boum... Boum... Boum... Ce n'était pas une mélodie ni des tambours de fête... Boum... Le rythme prenait de l'ampleur, accélérait... Boum, Boum, Boum, Boum.... Quelqu'un semblait s'échiner sur ces tambours, voulant produire le son le plus fort possible...

BOUM !

- Svelyana !

Le cri de terreur d'une de ses sœurs la tira subitement de sa torpeur. Elle se redressa sur sa branche, et se pencha vers son amie.

- Nina, j'ai entendu des tambours, et il y avait de la fumée, j'ai...

- Bien sur, tout le monde le sait! Des démons ont pénétré le royaume de Flore, il faut fuir maintenant, je reste pas là!

Svelyana se laisse glisser au sol, déboussolée, tendant l'oreille vers la réalité. Les tambours résonnaient au loin, se répercutant dans la clairière. L'odeur âcre des fumées était bien réelle, et emplissait de plus en plus l'air. Partout autour d'elle, les habitant de Flore fuyaient, se bousculant, courant en tout sens, tous plus désemparées les uns que les autres.

De tous les peuples, celui de Flore était probablement le moins préparé à une telle explosion de violence, et ne su comment réagir. Ce peuple pourtant si uni tomba en morceaux, chacun luttant pour sa propre vie. La foule sépara Svelyana de son amie, et la Nymphe fit finalement la seule chose possible: elle prit la fuite.

La terreur et le désespoir ressenti à ce moment là l'emporte sur la mémoire, et elle ne saurait dire combien de temps elle couru. Peut être des heures, ou même des jours. Les racines s'écartaient elles de son chemin ou tentaient-elles de l'entraver? Les branches qui sifflaient à ses oreilles lui libéraient-elles le chemin ou essayaient-elles de la blesser? La forêt, quelques heures plus tôt si douce et chaleureuse lui semblait maintenant inconnue et effrayante, plongée comme elle l'était dans la nuit.

Puis finalement, elle n'eut plus la force de courir. Elle s'effondra, épuisée, dans un lit de mousse, et ferma les yeux, trop fatiguée pour s'inquiéter d'être découverte par qui que ce soit.

Miraculeusement, rien ne lui arriva cette nuit là. Quelques égratignures tout au plus, mais son corps était sauf. Quant à son esprit, seul le temps pourrait le dire.

Quoi qu'il en soit, Svelyana repris très vite ses esprit. Son caractère et sa nature de Nymphe firent qu'elle pu très vite se trouver un endroit ou vivre. Elle s'aménagea un refuge non loin d'une rivière, entre les racine d'un arbre. La terre s'était érodée sous les racines, formant une véritable cabana, étanche et accueillante. Après moult compliments et cajoleries sur sa magnifique ramure, l'arbre accepta d'élargir cet espace à une taille très confortable pour la jeune fille, et celle ci aménagea au fil du temps une véritable maison au creux du végétal. Les habitant de la forêt, percevant sa détresse, l'aidèrent à se nourrir durant les longs mois d'hiver, et partagèrent leur chaleur avec elle.

Peu de temps après, Svelyana découvrit la proximité des elfes, et établit avec eux des relations courtoises, basées sur un commerce profitant au deux parties. C'est ainsi qu'elle se procura tout ce que la nature ne pouvait lui fournir ou qu'elle même ne pouvait créer sans l'aide de ses sœurs les plus expérimentées.

Que sont devenus les autres habitants de son ancien royaume...? La Nymphe l'ignore. Elle a aperçu des ombres, des éclats de malveillances et des créatures trop terrifiantes pour oser y remettre un pied.

Mais les temps changent, et même le cœur d'une petite Nymphe peut se gonfler d'un peu de courage...