Derrière ton air paisible et ton calme, tu n'es pas qu'une personne dénudée d'émotions. Non, tu caches bien des conflits internes, mais tu as tendance à les enfuir en toi. Tu as souvent un sourire effacé sur le visage, tu n'es pas inexpressif, mais ton visage semble sculpté dans cette expression mélancolique.

Beaucoup te dise frileux, car tu ne te positionnes jamais par rapports aux différentes querelles qui embrasent et embarrassent le monde. Cela ne fait pas vraiment partie de tes intentions officielles et pourtant, tu ne peux supporter la patte démoniaque, la même qui enroulent lentement ta terre natale. Tu ne peux le supporter et tu profitas de ta foi pour arpenter le monde, fuyant sans honte ceux avec qui tu avais grandit.

Tu as tendance à ne pas prendre de la place dans une discussion, ne parlant que lorsque tu y es convié et surtout lorsque tes mots apporteront vraiment quelque chose. Ta présence peut donc être vue comme dérangeante, mais tu ne t'inquiètes pas de ces choses. Hélas, cela fait longtemps que tu marches dans l'unique but de répandre la lumière d'Yehadiel. Plus encore depuis qu'il t'a touché.

Tu es curieux, tu as toujours aimé visiter les pays à la recherche des signes de ton Dieu, de ses temples, d'autres adorateurs. Cette curiosité te joue parfois de vilains tours, car tu aimes connaître, faisant fi du danger, même si la structure menace de céder tu as envie de connaître ce genre de détails, de traces.

Malgré ton jeune âge, tu restes quelqu'un d'assez mature, si on te pardonne ton caractère téméraire, tu n'aimes pas l'impolitesse et tu feras tout pour ne déranger personne. La vie en société te fait un peu peur.

Histoire Pour un elfe, tu n'as pas encore beaucoup vécu, et pour sûr, tu es venu au monde, il y a seulement quelques cent-cinquante-sept ans, dans une tribu nomade répondant au doux nom de Vanta'aldëon. Ce n'est qu'une tribu mineure, qui n'a pas la prétention de revendiquer le moindre bénéfice sur Drayame, si ce n'est celui de circuler librement et au gré des saisons ci et là.

De base, vous n'êtes pas les elfes les plus enclins à s'intéresser à la vie politique des villes. D'une certaine façon, cela a éveillé ta curiosité car bien sûr, votre tribu ne venait jamais vivre en ville et c'était donc des endroits plein de mystères pour toi.

Tes parents parvenaient malgré tout à assouvir ta soif de connaissance, non pas en t'emmenant voir les cités, mais en t'apprenant la magie chamanique, puisant ses forces chez la Mère-Terre. Tu t'avéras assez doué, mais ton caractère explorateur constitua une source de crainte chez tes parents, tu rencontras un autel d'Yehadiel par pur hasard, dans la forêt. C'est là que tu fus irrémédiablement attiré par lui et surtout, il n'était en rien incompatible avec les croyances des tiens, peut-être même que ces croyances n'étaient qu'une partie primitive de Celui qu'il est vraiment ?

Bien sûr, tes escapades furent de plus en plus nombreuses et au lieu d'être banni de ta tribu, tu fus nommé Arpenteur, soit celui qui voyage loin des siens pour en apprendre plus et les prévenir de ce qu'il se passe ailleurs. Une sorte d'éclaireur. Bien sûr, cela te correspondait et tu acceptas cette tâche. Malgré tout ce qui se déroulera après, jamais tu n'as de cesse de les retrouver, de temps à autres, et de leur dire ce que tu as appris, vu, entendu.

Pendant tes voyages, tu rencontras de nombreuses races, de nombreuses cultures et traditions. Tout cela te fascinait, tu aimais comprendre le monde, voir comment les enseignements de ton Dieu avaient pu être compris et appliqués, c'était parfois effarant comme cela changeait de votre vision, mais en rien dénué d'intérêts.

Quand le monde s'embrasa, lorsque l'Aile Ténébreuse arriva, tu fus inquiet, très inquiet même. Non pas qu'une armée conquérante attaque le monde, mais que celle-ci arrive avec une foi qui lui était propre, capable de corrompre tout ce qu'elle touchait. Tu ne pouvais laisser le cœur des êtres se laisser faire, tu cherchas donc un moyen de lutter, mais sans t'exposer. Non pas que tu sois peureux, mais cela ne servait à rien. Tu n'avais pas les moyens de te battre, mais bien ceux d'aider les gens à se soulever.

Tu t'entraînas afin de devenir plus fort. Mais les années passèrent et d'autres terribles fléau s'abattirent sur le monde : la Mort elle-même. Et là, toute tes appréhensions s'envolèrent, enfin, presque. Tu avais plus urgent : apaiser les âmes des morts. Faire en sorte qu'elle retrouve la Mère-Terre et qu'elle rejoigne le cycle tracé et voulu par Yehadiel en personne.

Tu décidas alors de suivre les guerres des démons, non pas pour les combattre, mais pour combattre ceux qui profiteraient du carnage laissé pour lever les morts. Heureusement, tu passais assez inaperçu avec tes vêtements et tu parviens à renvoyer l'âme de certains morts en paix. C'est ainsi que tu visitas le monde d'une façon tout à fait différente. Ta joie de vivre, avec tant de morts, se ternit légèrement et tu finis par devenir plus taiseux, plus mélancolique. La guerre était terrible et tu la voyais sous toutes ses coutures, même une voix le miasme mortuaire terminé.

Mais quel ne fut pas ta surprise d'être "élu" par ton Dieu, mais cela je le raconterai en d'autres lieux. Toujours est-il que tu étais devenu un Purificateur. En somme, une belle confirmation de ce que tu faisais. Tu ne t'attendais à être ainsi récompensé par Yehadiel, mais tu ne fus que plus convaincu encore du bien fondé de tes actes. Fanatique ? Non, chacun à le droit de croire en ses propres croyances, mais tu savais la tienne fondée. Et tu donnerais ta vie, drôle d'ironie, pour préserver l'ordre naturel des choses.

Devant tant de changements, tu n'eus d'autres choix que de revenir en Drayame, informer les tiens de tout ce qu'il se passait et notamment de l'adoration vouée par notre nouvelle reine, adoration que tu ne pouvais qu'honnir. Tu voulais, avec tes faibles moyens, créer un bastion capable de vénérer encore la Nature et la Vie. Oh, tu n'avais pas l'ambition de pouvoir déposer la reine si sa passion devenait dangereuse pour les tiens, mais tu espérais faire de ta tribu, un havre de paix pour ceux qui croyaient encore en leurs vieilles traditions.

Et c'est où tu en es à présent : sur le départ de ta forêt natale.

Il peut sembler étonnant que je ne parle pas de cet aigle, mais c'est bien simple. L'amitié que tu voues pour cette créature me parait insignifiante dans les événements que tu es censé vivre et parfois résoudre. Mais tu ne serais sûrement pas d'accord que je le laisse ainsi de côté, alors parlons en de ce tas de plumes. Iera est donc un aigle que tu as rencontré il y a maintenant quelques années au milieu d'un champ de batailles, ses séquelles tout du moins.

Alors que milles charognards planaient au tour pour se nourrir. Tu découvris, en apaisant des morts, écrasés par un arbre, un oisillon, visiblement perdu, égaré. Considérant chaque vie comme sacrée, tu ne pus laisser l’aiglon mourir et tu décidas de le prendre avec toi, de le nourrir.

Oh, cela ne fait que quelques mois qu'il t'est enfin utile : il peut partir en reconnaissance, mais jusque là, ton épaule était son perchoir. Dans la solitude que ta fonction implique, ou que tu t'infliges, qu'importe, il a su te réconforter. Alors peut-être est-ce un plus, peut-être une futile fantaisie, mais toujours est-il qu'il t'accompagne partout où tu vas.