[HRP : Yeah les portable, ça fait modem =) Bon à savoir :PDu coup je peux commencer ce RP plus vite que prévu. ^^ (Même si la connexion  est leeeeeeeente XD) oh, au fait, un dessin de Shinku dans sa nouvelle tenue est dispo dans ma galerie.]

Si la politesse n’était pas d’ordinaire sa qualité la plus remarquable, Shinku fut satisfaite de constater que sa lettre avait eu son petit effet, et que même un homme très désagréable n’aurait pu refuser sa demande.
A vrai dire, elle ne savait pas quel genre d’homme elle allait rencontrer, mais au vu de la lettre quel avait reçu il s’agissait sans aucun d’une personne à l’égo relativement développé… Elle était néanmoins mal placée pour critiquer…

Néanmoins la lettre avait intriguée la demi-démone. En effet, l’homme habitait à Ciel, chose étrange n’est-ce pas, puisque selon ses connaissances, les incubes comme lui se trouvaient à Faestelia… S’agissait-il aussi là d’un ermite ou d’un cas à part…
Il y a avait sûrement de nombreux moyens d’en apprendre plus sur les cabales, mais elle n’en voyait pas l’intérêt. Seul ses capacités à forger l’intéresser. En apprendre plus sur cet étrange personne ne la dérangerait pas néanmoins, mais elle préférait le face à face aux on-dit.

D’ailleurs, la sorcière se garda de faire ce que le post-scriptum lui défendit.
Oh, elle voyait arriver le piège gros comme une maison. Dire à quelqu’un de ne surtout pas faire quelque chose pour titiller sa curiosité, un hameçon duquel elle n’aurait pu s’empêcher de mordre il y a une cinquantaine années… Surtout qu’il s’agissait d’un incube. Cela pouvait être une petite blague intéressante mais sa fierté l’empêchait de se laisser prendre comme une gamine.
Certes, Shinku aurait pu analyser la magie de ces glyphes étranges, mais elle avait songé que ce n’était pas très poli… Aussi était-elle sans doute d’une complexité sans nom et elle n’avait pas le temps pour cela. Elle était inquiète à l’idée qu’on lui annonce que le temps avait trop fragilisé son arme favorite.

Ainsi à peine avait-elle reçu le précieux courrier de la patte d’un aigle voyageur, elle avait empaqueté le minimum, enfilé sa tenue neuve, et protéger avec soin son arme dans une couverture avant de partir pour le Ciel… C’est que ce n’était pas vraiment la porte à côté… Et puis puisqu’elle avait une raison d’y aller autant visiter !

La "jeune" magicienne passa rapidement par quelques grandes villes du ciel, et évidemment craqua pour quelques spécialités sucrées locale, et un châle de bonne facture… Crotte, elle n’était pas la pour ça mais comment résister à une étoffe pareille aussi…
-Je dois éviter les boutiques de luxe, je dois éviter les boutiques de luxe… Répéta-t-elle alors qu’elle s’approchait de l’échoppe qu’on lui avait indiqué.

Il était tôt… Mais pour une fois elle ferait un effort, hors de question d’être en retard pour cela, elle tenait trop à ce souvenir.
-Je me demande s’il est déjà là… Sinon j’attendrais dans une taverne pas loin…
Shinku tourna son dos au lieu pour observer les environs… La démone était fière de sa nouvelle tenue néanmoins, elle faisait plus baroudeuse ainsi, et cela correspondait bien à sa personnalité du moment.
*J’espère qu’il n’attend pas une princesse en robe de velours…*  Songea-t-elle.

La sorcière avait atteint l’échoppe en peu de temps, et quel endroit bizarre.
-Original… pas franchement ce dont j’ai l’habitude c’est clair, mais j’aime bien. Pensa-t-elle à voix haute face à l’architecture étrange et la présence indiscutable de la magie tout autour d’elle. Par contre côté rassurant on repassera… Bah, je suis trop vieille pour juger sur les apparences...
Entrer? Ne pas entrer ? Telle est la question… Mais puisque l’échoppe est déjà ouverte, sans doute l’attendait-on. Pas effrayée par le noir pour un sous, elle se contenta de claquer des doigts pour appeler son feu follet, pratique petite flammèche bien plus classe et pratique qu’une torche… Hors de question de se prendre les pieds dans le tapis, ça craint comme entrée…

Il ne faut pas oublier qu’elle était plutôt curieuse et voulait savoir à quoi ressemblait le mystérieux Vaelh Sépor.
Elle s’avança donc dans le couloir, innocemment, ne s’attendant à rien de particulier, essayant de ne pas faire la parano et donc de ne pas être sur ses gardes… C’est fou ce qu’on fait trop attention  aux premières impressions hein ?

La flammèche créait une infinité de reflets sur sa peau blanche, tableau si facile pour sublimer les couleurs, plus qu’une peau plus colorée. Seul ses yeux rouge brillaient tels des rubis, semblant rivaliser avec la flamme dans sa main. La jolie boule de feu au cœur bleuté permettait de la voir elle en tout les cas…
Shinku était le genre de femme trop fière pour admettre qu’elle voulait plaire, et sa tenue à la fois pratique et pourtant un peu provocante, complétée par une coupe de cheveux soignée et un brin de maquillage la représentait bien. Ses longs cheveux argent qui luisaient dans les ténèbres devaient lui donner des airs de fantôme… Et que dire de ses cornes… Pourtant une fierté immuable pouvait se lire dans ses yeux. Ce regard si typique de ceux qui avait vécu des vies difficiles et qui en sortait grandi.

Ainsi était la sorcière des flammes, une étrange, unique créature très contrastée, dont le caractère haut en couleur entravait sa féminité, bridée par sa fierté mais aussi par nécessité pour sa propre protection… Oui sa tenue la définissait bien…

-Bonjour ? Demanda-t-elle en scrutant le fond de la boutique. La flamme éclairait plus faiblement l’endroit qu’elle aurait voulu, et elle n’osait pas s’aventurer trop loin pour le moment… Politesse oblige, mais aussi surement quelque part (et peut-être surtout), légère appréhension. N'y avait-il pas quelque chose qui se tramait ici?
La demi-démone s’assura que son arme était toujours bien emballée dans son dos… Bon, c’était le cas. Mais couper à travers les couvertures étaient impossible... Le feu était sa seule arme à présent... mais elle n'était pas des moindres.
-Il y a quelqu’un ?

A peine fut elle entrée que la grande porte se ferma dans son dos. En s'engageant dans le fin corridor, Shinku put constater que les ténèbres ne se dissipaient pas comme ils auraient dû le faire devant la lueur vive de son feu follet ; en fait la clarté dégagé par celui-ci fit comprendre à la sorcière qu'il s'agissait d'une brume opaque et filandreuse plutôt que de simples ombres. Le sol -du même noir que la façade, mais pavé d'hexagones décorés d'uniques grosses runes pourpres- restait aisément visible sur un mètre ou deux, surtout grâce au feu follet. Du fait de l'étroitesse du passage, les murs étaient également visibles tant que la sorcière s'en trouvait proche.

Ces même murs disparurent brusquement du champ de vision de la "jeune" femme, aussi put-elle comprendre qu'elle venait de franchir le seuil d'une pièce bien plus grande. Au même instinct, l'aura de charme de l'Incube cachée au plafond se laissa lourdement tomber sur elle dans un hurlement de lascivité silencieux. A moins d'avoir le mental ou l'expérience suffisante pour résister à un tel pouvoir deux fois et demi centenaire, le nuage invisible s'entortillerait autour de la créature qui avait pénétré son sanctuaire, caressant ses tympans de mille et une promesses d'extases inconnues, écrasant sa conscience sous une cascade d'envies et de fantasmes. Le plus troublant était que toute  cette concupiscence n'avait pas d'objet. Les envies étaient là, mais de qui avait-elle envie ? Les désirs étaient là, mais sur qui étaient-ils dirigés ? Un insupportable manque put grandir dans l'esprit de la sorcière, couplé à la volonté impérieuse de le combler. En réponse, le nuage invisible ne fit qu'intensifier tout le courant de vice qu'il déversait dans l'esprit de sa victime.
Puis tout cessa, Vaelh attrapa vite son don, le forçant à rester tapi dans son ombre comme un chien désobéissant. Toujours si ça l'avait affecté, la Sorcière retrouva la pleine possession de ses moyens. Il ne restait dans l'atmosphère qu'une étrange brume éthérée, douce, agréable, qui n'incitait qu'à approcher encore sans se méfier.

A l'abris derrière son comptoir, loin de la sorcière mais droit devant elle, Vaelh plissa les yeux à la vue du feu follet. Son regard s'y perdit un instant, comme un insecte attiré par la vive lueur d'une lampe. Quel superbe palette de couleur ! Sans doute s'en inspirera-t-il. Son attention se porta ensuite sur la source de la flamme magique, cette main à la peau encore plus pâle que la sienne. Ses yeux remontèrent lentement le chemin de l'avant bras de la femme, passèrent par son épaule et s’arrêtèrent sur son visage. Loin de trouver la pigmentation des yeux de la femme étrange -après tout, les siens étaient d'or-, il trouva qu'elle générait un contraste intéressant avec la couleur de sa peau.

-Bonjour ?

Plutôt que de lui répondre, Vaelh préféra la scruter plus en détail. Son physique n'était pas... Celui auquel il s'était attendu. Il voyait la faux dans son dos, encore emballée mais ça n'empêchait pas d'en apprécier la taille, et pourtant cette petite femme semblait la porter sans effort. Un trouble appréciable s'incrusta dans l'esprit du démon. Peut être que cette cliente avait quelque chose de spéciale, hormis sa richesse qui lui permettrait de monnayer les service de l'Armeator Artisis ?

-Il y a quelqu’un ?

Il secoua la tête de dépit avant de faire vibrer l'atmosphère d'une voix qui n'était qu'un merveilleux assemblage de musicalité mielleuse, si douce pour l'oreille qu'elle en semblait irréelle, onirique :

-"Quelqu'un"... Je ne suis pas "quelqu'un", non, annonça-t-il non sans prétention. Je vais faire l'effort de te pardonner ce manquement. Et maintenant, avance. Sur la fin, sa voix s'était faite subtilement plus rauque.

Devant la sorcière, une ligne pourpre rayonna doucement, fil directeur qui la mena jusqu'au centre d'un grand tapis rond. Une lumière vive, en provenance du plafond, s'abattit sur elle. Dans le même instant, la brume filandreuse recula, lui laissant un périmètre de trois mètres complètement dégagé. Sur le tapis, un ensemble de symboles s'illumina. A cette distance, l'Incube pouvait capter l'arôme de la femme. Il comportait la fragrance insipide des humains couplée à celle... D'un démon, racée, puissante. Était-elle le fruit d'une union entre ces deux races ? Il ne tarderait pas de le savoir. Son ire déjà passé, l'Incube s'autorisa un sourire à couvert dans les ombres.

-Tu viens donc à moi avec un défis, élever un fade morceau de métal au rang d'oeuvre d'art intemporelle. Montre moi cet outil de mort qui fera l'objet de mon attention, de ma minutie et de mon talent, fit-il d'un ton théâtrale, amusé comme à chaque fois par l'allure cérémonieuse et ésotérique de la rencontre. Puis tu me conteras ta vie, de son commencement jusqu'à ton arrivée ici. Tu ne me cacheras aucun détail, tu parleras avec sincérité, mais tâche de rendre ton récit distrayant. A présent tu peux parler, mais uniquement pour répondre aux impératifs que je te fixe.

Alors il attendit que la sorcière commence, souriant derrière sa couverture d'ombre. Il espérait avoir bousculé la fierté de sa cliente -si elle en avait une-, mais escomptait bien entendre le récit de sa vie. C'est ainsi qu'il procédait : connaître la personne pour créer quelque chose à son image.

[HRP : Correction ça marche éventuellement… Je mettrais les couleurs quand le site voudra bien charger correctement ToT Désoléééée!!]

Ne pas vouloir paraître paniquée pour ne pas ruiner une première impression certes, mais quand la porte que vous venez de franchir se ferme juste derrière vous sans y avoir été invitée, c’est une raison tout à fait valable pour commencer à avoir peur… Surtout que cette noirceur n’était pas naturelle. Quelqu’un ici aimait les ténèbres visiblement… Pas que cela la dérange, mais avouez que cela ne correspond pas à la définition habituelle d’un lieu accueillant.

Alors que Shinku se reprenait, n’étant pas du genre à céder facilement à la crainte, elle tenta d’analyser sa situation… Peut-être l’incube haïssait-il la lumière et usait de magie pour faire apparaître cette brume tout simplement. Mais alors commente forgeait-il ? Non il s’agissait probablement d’une petite mise à l’épreuve… une de plus.

La démone s’orienta sans peine dans le noir, suivant les runes lumineuses sur le chemin. Ces étranges et visiblement uniques décorations en ce lieu témoignaient des connaissances mystérieuses du propriétaire.
Doucement elle entra dans ce qui semblait être une salle plus grande, et fut assailli par une sorte d’attaque mentale qui lui coupa littéralement le souffle. Bon sang ! Mais elle était la cible d’une attaque magique !
Quel genre d’homme pique ainsi une jeune femme avec ce genre de pensées taboues… Oh ce n’était pas désagréable loin de là, mais ce n’était pas vraiment bienvenu ! On demande avant ce genre de chose par Nayris !
Et le vicieux ne boudait pas son plaisir… Pour un incube c’est bien normal me direz-vous.
Le malotru jouait de cet instinct, et immisçait sans scrupules toutes sorte de fantasmes et autres visions érotiques dans son esprit…
Shinku essaya de ne pas trop se mettre en colère… Pour le moment ! Même si son assaillant continuait son petit jeu avec une obstination insolente.
Après s’être remise de cette profonde bouffée de chaleur – le comble pour une fille du Feu n’est-ce pas ? – la demi-démone secoua la tête.

-De l’humour d’incube, sans doute… Supposa-t-elle à haute voix en s’éventant de la main. Les runes de la lettre cachaient sans doute le même genre de magie… Elle aurait peut-être du les étudier finalement…

C’est que les visions de cauchemar, elle pouvait s’en défaire facilement, mais cet instinct primaire et non déplaisant, c’était tout autre chose.
En effet, la sorcière était plus habituée à ses cousins de l’autre extrême, mais tout aussi puissant à savoir la douleur ou la peur et autre sensation plus néfaste qui faisaient bondir vos instincts également.

L’albinos était néanmoins plus résistante que la plupart des femmes, elle qui avait eu le temps de méditer dans sa vie plutôt solitaire.
Les mains sur les hanches, plutôt courroucée, la magicienne avança dans la brume pour en dénicher l’occupant. Son feu follet voleta devant elle dansant tel un esprit. Son pas était plus assuré quand enfin, une voix inhumaine lui répondit.
Oh, pas inhumaine comme ces voix étranges qu’on les êtres de la nuit, ceux qui parlent avec deux voix en même temps, ou les murmures glacés des esprits revenus hanter le monde des vivants, ça non. Justement cette voix entrait bien trop dans les canons de la beauté actuelle pour qu’on la considère comme normale…

-"Quelqu'un"... Je ne suis pas "quelqu'un", non. Je vais faire l'effort de te pardonner ce manquement. Et maintenant, avance.

La sorcière haussa un sourcil… Avec quelqu’un d’autre elle se serait énervée, nombre sont ceux qui parlent sur ainsi pour se donner un air plus important qu’ils ne le sont vraiment… Pourtant étrangement avec cet homme cela ne semblait qu’un petit effet comique intrinsèque à sa personnalité… Shinku essaierait d’en apprendre plus sur ce dernier, il ne fallait pas juger si rapidement, pas avec quelqu’un d’aussi étrange.
Si un nobliau n’est souvent qu’un humain sans saveur particulière ; même si la encore il fallait se méfier ; cet incube avait des dons magiques impressionnant et elle n’y restait pas insensible, elle qui aimait les puissances inconnues tant par respect que par curiosité.

La fille du Feu marcha donc sans crainte particulière le long des glyphes scintillantes sur le tapis, cet endroit était tant théâtrale que cela en devenait presqu’irréel… Y avait-il vraiment des gens qui se comportait toujours ainsi, ou bien est-ce que l’homme testait sa patience, son sens de l’humour peut-être… Difficile à dire. La demi-démone s’arrêta sur un ensemble de runes plus lumineuses, alors que son interlocuteur, qui n’avait toujours pas daigné apparaître, s’adressa à elle depuis sa cachette de ténèbres.

-Tu viens donc à moi avec un défi, élever un fade morceau de métal au rang d'œuvre d'art intemporelle. Montre-moi cet outil de mort qui fera l'objet de mon attention, de ma minutie et de mon talent. Puis tu me conteras ta vie, de son commencement jusqu'à ton arrivée ici. Tu ne me cacheras aucun détail, tu parleras avec sincérité, mais tâche de rendre ton récit distrayant. A présent tu peux parler, mais uniquement pour répondre aux impératifs que je te fixe.

Bon, cette fois c’était sûr, il y avait une petite part de moquerie dans cette introduction théâtrale… Il serait apparu dans une tenue de bouffon de la cours que cela n’aurait pas dénoté avec cette ambiance entre le mystère et le grotesque… Mais encore une fois sans comprendre pourquoi, ce jeu qu’elle aurait du trouver insultant d’ordinaire lui paraissait presque drôle car bien amené… Mais l’ardente femme restait elle-même malgré tout et ne put s’empêcher de reprocher à son hôte de pousser la plaisanterie un peu trop loin.


-En voilà une façon de traiter une demoiselle… L’assaillir de son pouvoir dans l’obscurité, puis se terrer dans une pièce sombre où exiger que votre invitée vous y dévoile sa vie, sans même en omettre un passage ? Voulez-vous donc tant passer pour le grand méchant-loup ? Navrée, mais j’ai oublié mon chaperon à la maison, et je n’ai point l’intention de finir « dévorée ». Dit-elle en mentionnant ce conte ancien dont la véritable signification était plus sombre qu’il n’y paraissait. Aussi avant de vous chanter un oratorio, il serait bon en effet de commencer par vous montrer la raison principale de notre rencontre.

Sur ce, l’albinos détacha de son dos la faux et la libéra de son enveloppe de tissus, découvrant une lame qui avait bien vécue certes, mais suffisamment tranchante pour séparer la tête d’un corps imprudent.
Quand bien même ses cornes trahissaient sa nature inhumaine, voir une petite femme la manier avec aisance était d’autant plus saisissant. Après tout cette arme étant plus grande qu’elle.
La lame en elle-même était longue, et large, mais étonnement pas si épaisse lui offrant un tranchant mortel. Cette dernière était encastrée à la base dans une partie métallique rouge, aux courbes et décoration très simple mais au lustre appréciable. Le reste n’avait rien de particulier.
Le tranchant avait été soigneusement entretenu avec une pierre à aiguiser, et l’arme de nombreuse fois astiquée et choyée durant sa longue vie, mais nul ne pouvait empêcher le temps de faire son œuvre, même sur un objet magique.


-Voici la faux sans nom que ma mère adoptive, la mystérieuse Mortalys, m’a transmise, une arme à l’aspect austère mais je n’ai jamais trouvé de meilleure lame pour conduire et canaliser la magie du feu en son sein. Mais son métal dont aucun de forgeron ordinaire n’a pu m’indiquer la provenance commence hélas à s’user et son apparence mériterait de mieux prouver sa valeur. J’ignore de quand elle date exactement mais Mortalys m’a laisser entendre qu’elle existait depuis bien avant sa propre naissance. Sa vie, si l’on peut nommer cela ainsi, se compte sans doute en siècles. Hélas les temps sont durs et je ne lui laisse pas vraiment le temps de se reposer… Aussi j’ai remarqué qu’il me fallait à présent plus de force pour la manipuler, son équilibre à du se déplacer avec le temps et ce n’est pas pratique. Trouver un remplaçant est hors de question, cet arme m’a accompagnée depuis que je marche seule en ces terres, et ce quand bien même j’étais trop petite pour la manier correctement.

Shinku caressa la lame avec une affection non dissimulée, nombre sont ceux qui aurait rit de ce fait, prétextant qu’accorder tant d’importance à un objet était futile, mais la sorcière s’en moquait éperdument.

-Aussi comprendrez-vous qu’il serait inutile que je vous narre l’histoire de mon existence, avant d’être certaine que vous puissiez remodeler cet étrange métal, n’est-ce pas ? De plus, je tiens à vous prévenir, que si vous êtes là pour entendre l’adorable histoire d’une jolie petite héroïne de campagne, vous risquez fort d’être déçu… Ma vie n’a rien d’un conte de fée…
Mais avant tout, j’espère également que vous n’êtes pas pressé, car cette pièce là comprend plus d’acte que celle que l’on raconte d’ordinaire. Si vous souhaitez l’entendre à ce point je ne m’y opposerais pas, mais alors faites preuve de manières et offrez au moins un siège à cette inconnue à défaut de lui montrer votre visage, Messire Sépor.

Sur ce elle plaça une main sur la hanche, son arme dans l’autre, attendant de savoir ce que l’autre avait désormais décidé de faire… Jusqu’à présent, l'Armeator Artisis c’était révélé un être plein de surprises, mais il lui faudrait être très sérieux concernant ce précieux héritage.

-En voilà une façon de traiter une demoiselle… L’assaillir de son pouvoir dans l’obscurité, puis se terrer dans une pièce sombre où exiger que votre invitée vous y dévoile sa vie, sans même en omettre un passage ? Voulez-vous donc tant passer pour le grand méchant-loup ? Navrée, mais j’ai oublié mon chaperon à la maison, et je n’ai point l’intention de finir « dévorée ». Aussi avant de vous chanter un oratorio, il serait bon en effet de commencer par vous montrer la raison principale de notre rencontre.

Vaelh fronça subtilement. Laisser traîner son aura n'importe où pouvait certainement passer pour de l'impolitesse pour quelqu'un qui ne vient pas des Cabales, mais est-ce que ça valait le coup d'expliquer à cette femme que d'où il vient, insuffler pareilles visions dans l'esprit d'un visiteur -volontairement ou non- n'avait rien d'impoli ni même malsain ? Bof à quoi bon ? C'était plus amusant si elle croyait faire l'objet d'outrage ! Au moins, elle avait une pointe de caractère, quoi qu'amoindrie par son physique d’apparence frêle -auquel, Vaelh en était sûr, il ne devait pas se fier-.
La sorcière avait déjà manqué aux règles fixées par l'Incube qui stipulaient de ne parler que pour narrer l'histoire de sa vie. Malgré ça, l'artiste ne protesta pas. Il laissa planer un silence que la femme pouvait interpréter comme elle voulait.

La manière dont Shinku présenta la lourde arme a l'Incube lui confirma le fait qu'elle disposait sans doute d'une force largement plus élevée qu'une humaine de sa carrure. Même si la faux était faite de matériaux légers, sa taille et son encombrement exigeait malgré tout une forte poigne pour la manier avec aisance. Mais cela impressionna pas tant que ça le démon qui avait l'habitude de voir défiler nombre de phénomènes dans son échoppe.

Les yeux d'or de Vaelh, dès que l'arme fut en vue, se mirent à la scruter avec une intensité dérangeante. Il élaborait déjà quelques idées, s'imaginait en train de faire courir ses doigts et son talent sur cet acier. Il produit cependant une moue dépréciative lorsqu'il remarqua l'état de la lame. Avant même qu'elle ne reprenne la parole, l'Incube avait disposé devant lui un parchemin et une plume chargée d'encre pour prendre des notes. Ayant besoin d'un minimum de luminosité, il fit s'amoindrir la brume autour de lui en même temps qu'il commanda à la colonne de lumière du plafond de dévier une partie de ses rayon sur lui. Une couche de brume le séparait toujours de la femme, mais elle pouvait maintenant vaguement deviner sa silhouette pâle. Seuls ses yeux dorés ressortaient bien. Et ils ne trahirent aucune gêne quand il vit Shinku porter une telle affection à son arme. Il lui arrivait de faire pareille avec ses meilleurs créations.

-Aussi comprendrez-vous qu’il serait inutile que je vous narre l’histoire de mon existence, avant d’être certaine que vous puissiez remodeler cet étrange métal, n’est-ce pas ? De plus, je tiens à vous prévenir, que si vous êtes là pour entendre l’adorable histoire d’une jolie petite héroïne de campagne, vous risquez fort d’être déçu… Ma vie n’a rien d’un conte de fée…
Mais avant tout, j’espère également que vous n’êtes pas pressé, car cette pièce là comprend plus d’acte que celle que l’on raconte d’ordinaire. Si vous souhaitez l’entendre à ce point je ne m’y opposerais pas, mais alors faites preuve de manières et offrez au moins un siège à cette inconnue à défaut de lui montrer votre visage, Messire Sépor.

-Et pourquoi ne pourrais-tu pas me la narrer même si je suis incapable de t'aider ? Ton passé recèle-t-il de si sombres et croustillants secrets que tu souhaites les garder rien que pour toi ? Égoïste que tu es, fit-il le plus neutrement possible, tachant de ne pas laisser filtrer son amusement. Je suis un Armeator Artisis, pas un bête forgeron. Mon travail n'est pas de réparer l'acier, mais de le sublimer. Je travail normalement sur du neuf, pas sur des tas de ferraille croulants. Il m'arrive pour certains clients fortunés de faire un très gros efforts et de déployer des talents de rénovateurs que je rechigne à utiliser, ou de me déplacer pour exiger l'aide de mes proches collaborateurs, mais cela fait grimper mes tarifs.
Quant à ton histoire, j'escomptais justement qu'elle ne soit pas l'un de ces fade récit qui finissent bien. Ah, peut être ne te l'avais-je pas dit : même si j'ai les moyens de t'aider, je ne le ferais que si j'estime ta vie intéressante. Hors de question que je façonne une oeuvre extraordinaire pour une personne ordinaire !

Que d'arrogance dans sa tirade, mais l'Incube n'en avait cure. Peu lui importait si cette cliente se froissait, d'autres viendraient. Il ajouta après un court instant :

-Et non, pas de siège pour toi. Là d'où je viens, les gens conversent et... "mangent" plus souvent allongés qu'assit.

Sur ces mots, la sorcière put entrevoir la silhouette de l'Incube qui se mouvait derrière les ombres, comme dans un songe. Un bref silence, puis une grande banquette glissa doucement des ombres jusqu'à la femme. Elle était constitué d'un grand matelas moelleux rouge posé sur un chassie de fer forgé, ornementé de dizaines d’enluminure. Le plus surprenant avec l'assise était qu'elle flottait à quelque centimètres du sol, sans un son. Vaelh retourna s'asseoir.

-Bien. Maintenant que tu as assez abusé de ma patience, je te somme de parler.

[HRP:]Pareil qu'hier, les balises ne veulent pas s'afficher avec ma co rocambolesque T_T Je dois donc mettre les couleur manuellement, je fais ça dès que possible >o< Au fait l'histoire de Shinku est longue, donc je ne la mets pas en une fois, attends-toi à avoir de la lecture XD]

Shinku l’écouta une fois de plus, suspectant malgré le calme implacable de sa voix que son interlocuteur était tout bonnement entrain de se payer sa tête…
Après que ce dernier lui ai exposé ses curieuses méthodes pour choisir un client, la sorcière frappa son front du plat de sa main… Elle avait vraiment un don pour tomber sur les êtres les plus abracadabrantesques de Terra.

Et puis quelque part la démone était courroucée de devoir ainsi se plier aux dires de cet étrange incube, et son feu follet, comme connecté à ses sentiments profond, déployait des flammes de plus grande intensité à chaque pic de colère de sa propriétaire, libérant ce même son que lorsqu’on attise le feu avec de l’huile.

Avec un soupir, elle se décida à s’asseoir, où plutôt s’allonger, coutume oblige, sur le siège magique… Avec un *BROUF* les flammes grandirent encore… C’était ridicule ! On aurait dit une séance de psychanalyse… Et elle avait horreur de ce genre de chose, pour le principe, et parce qu’elle n’aimait pas raconter sa vie…

En même temps que la magicienne se calmait, comme pour imager la chose, elle prit la boule de flamme dans sa main et l’écrasa pour en couvrir le feu un instant, le son qui fut émit aurait pu laisser entendre que cela serait douloureux, mais ce n’était pas le cas…
*PCCCCCHHHHHT*
-Cette situation vous sied n’est-ce pas… Rire au dépend d’une autre… Enfin soit, puisqu’il faut passer par là.

L’albinos resta silencieuse en instant, cherchant comment exposer sa vie de la manière la plus convenable et courte à la fois… Enfin pour une bavarde comme elle, cela ne serait pas si aisé…

-Les humains n’ont jamais aimé ce qui ne leur ressemble pas, mes véritables parents ne faisaient pas exception à la règle. Née avec cette apparence monstrueuse, j’ai bien vite été abandonnée par ceux qui m’ont conçu.
J’ignore le jour de ma naissance, mais je sais durant les lunes qui suivirent, je fus laissée sur le pas de la porte d’une petite maison où une femme vivait seule. Cette femme avait pris le pseudonyme de Mortalys, je n’ai jamais su son véritable nom… Les gens l’appelaient sorcière et s’en méfiait… C’était il y a plus d’un siècle… Je ne me souviens pas du visage de celle qui m’a laissé devant la porte de cette magicienne mais je sais qu’elle avait honte de moi, et que jamais je n’avais vu le monde extérieur avant ce jour.
La femme chez qui on m’avait laissé était jeune et belle, elle aurait sans doute pu avoir ses propres enfants… Pourtant elle a décidé de m’élever comme si j’étais du même sang. Mortalys à toujours pris grand soin de moi, et pourtant m’avoir à ses côtés n’améliorait pas son image.

Nous étions surnommées la sorcière et son démon, et pourtant à cette époque, j’étais bien humaine, mais cette peau d’albâtre, ces cheveux sans couleur et ces yeux de sang suffisaient à faire de moi une pariât. Mon enfance fut baignée par les regards déformer par la peur la haine ou le dégoût de ces humains à l’esprit étriqué.

Malgré cela, cet endroit n’étais pas si mauvais pour nous, du moins au début, c’étais un village aux drôles de mœurs, qui élisait une fausse sorcière afin d’adoucir leurs vies de tout les jours. Comment ? Et bien, il suffisait de la blâmer pour toutes les mauvaises choses…
Oh juste pour le principe au début. Une maladie ? La Sorcière. Une mauvaise récolte ? La sorcière… C’était néanmoins la première fois qu’une vraie sorcière se présentait à ce poste. En générale une personne sans attache, veuve sans enfant par exemple, faisait l’affaire. Bien sûr sans compensation personne n’accepte tel traitement, mais justement, l’acteur de ce petit jeu serait nourri et loger par le village, parfait pour nous deux…

C’était pourtant prévisible que ça déraperait… ma mère était juste trop confiante… Mortalys avait de vrais pouvoirs, elle était même très puissante… Quelques années plus tard, cette fausse rancœur s’était changée en véritable haine envers les deux suppôts de Nayris…
Celui qui fit définitivement pencher la balance est le même être qui fait désormais parti de moi, ma part démoniaque… Zenshou.
C’était une puissante créature magique ; un étrange canidé avec des cornes enroulées ; qui se nourrissait de dragons et de vouivres de Volcania, bref de grosses bêtes ailées cracheuses de feu… Mais ces créatures commençaient à avoir de plus en plus de prédateurs non-naturel, pour la gloire, ou les vertus sans limites de leurs corps emplis de puissantes magies. En Bref, les créatures comme lui mourraient de faim, et cette dernière bien mauvaise conseillère, avait poussé la bête démoniaque à s’en prendre à un dragon bien trop fort pour lui.

Blessé, il erra sans cesse, trop en piteux état pour les endroits trop peuplé, il préféra la campagne et tomba comme les Dieux l’on voulu sur le petit village où Mortalys et moi demeurions. La bête se remettait lentement de ses blessures en dévorant le bétail, et manquait bien souvent de croquer leur gardien… Une fois de plus tenue responsable, un ultimatum nous fut imposé… Réglez le problème, ou finir sur le bûcher… Cruel n’est-ce pas… Mais leur fin sera tragique aussi, tout les éléments étaient réunis n’est-ce pas ?

Quand bien même elles sont douces belles et attentionnées les sorcières connaissent rarement une vie tranquille… Mortalys avait les cheveux noirs comme la nuit, la peau d’une teinte claire et charmante, et les yeux comme deux émeraudes, mais nul homme n’aurait osé s’en approcher, freiné par la crainte et l’embarra de se trouver face à une femme plus puissante. Mais aussi forte fut-elle, elle courrait à sa perte en alla affronter ce monstre… Combien l’ai-je supplié de ne pas partir pour la forêt… De m’emmener avec elle… Yehadiel et Nayris seuls savent pourquoi les choses se sont déroulées ainsi…

Ma mère n’est pas revenue de ce combat, et seuls les cris d’agonie du monstre perçaient la forêt où bientôt les villageois m’envoyèrent sans une once de scrupule. Si le monstre n’attaquait plus mais hurlaient encore, alors qui de mieux qu’un autre démon pour l’achever.
En réalité je ne connaissais alors que les bases de la magie du feu. Même une meute de loup aurait suffit à me réduire en charpie… Mais que voulez-vous… Quand la panique prend les hommes, leur noblesse s’envole…
Le spectacle qui m’attendait n’était pas fait pour une enfant. Ma maîtresse n’était pas encore morte, mais seule sa volonté de fer la séparait du royaume de Nayris… Elle gardait le monstre captif d’un étrange sortilège dont elle seule à le secret…
Ce fut son tour de poser un ultimatum cruel… Soit la bête capitulait et accepter de fusionner avec sa pauvre élève, condamnée à une mort certaine si elle était livrée à elle-même, soit Mortalys l’emporterait dans les limbes avec elle.
Zenshou était alors douté de peu d’intelligence, quelque part il espérait que ce corps humain serait une aubaine pour lui. Craignant la déesse des ténèbres il accepta le marché et se trouva sceller dans ce corps que vous voyez… Mais pour réussir ce sort, avec le peu d’énergie qui lui restait ma mère se sacrifia…
Et de simple humaine, Shinku Mortalys devint l’hôte du démon Zenshou le mangeur de dragon… Cela explique sans doute pourquoi j’aime tant cet alcool fort que l’on fabrique avec leur bile…
Vous suivez, pas encore endormi ? Je peux continuer ?

Même si l’albinos y avait mis les formes, et avait animé son récit autant que possible, parler aussi longuement la mettait mal à l’aise, et cela était palpable dans sa dernière phrase. Parlez pour ne rien dire était plus facile que de raconter sa vie à quelqu’un… Se soumettre à un jugement aussi déplacé que le sien était tout aussi énervant… Est-ce que sa vie avait un quelconque intérêt à ses yeux… Elle ne le savait pas, mais elle ne laisserait personne cracher sur le sacrifice de sa mère. Shinku n’était donc pas sûre de vouloir savoir ce qu’il en pensait…

[Pas de soucis]




Vaelh s'intéressa à l'intensité de la flamme en fonction de l'humeur de sa propriétaire, plus vive, plus bruyante quand la sorcière se courrouçait. Voilà quelque chose qu'il faudrait  creuser ! Et que pouvait trahir d'autre cette flamme ? Ses couleurs rayonnantes étaient-elles le reflet des émotions de la femme ? Il faudrait qu'il sache.

l'Incube s'amusa du  mal aise de sa cliente en même temps qu'il prenait des notes. Chacune de ses réaction en disait en peu plus long sur sa personnalité et permettrait à Vaelh de concevoir une oeuvre vraiment personnelle, unique.

-Cette situation vous sied n’est-ce pas… Rire au dépend d’une autre… Enfin soit, puisqu’il faut passer par là.

C'est très rafraîchissant oui,  fit-il dans un grand sourire provocateur.

Il laissa ensuite la sorcière s'exprimer sans jamais l'interrompre. Dans la pièce, seule résonnait le récit d'une vie... Et le grattement troublant d'une plume froide qui couche avidement le moindre détail sur du papier. La scène prit ainsi une allure étrange, comme si la femme relatait son existence  à quelque inquisiteur invisible qui se demandait encore si elle est digne d'être l'objet de l'attention de l'artiste.
Pour l'heure ça semblait bien parti. La plupart des clients de Vaelh étaient surtout de riches fortunés bouffis d'orgueil qui ne manquait pas de romancer le récit de leur vie à l'extrême ; certains inventaient clairement quelques passages. Pour ceux là, Vaelh faisait mine de -presque- tout gober mais confectionnait des œuvres à  leur  véritable images. Le dernier en date était  un riche seigneur Elfe qui insinuait, selon ses termes, "mettre le feu au derrière des demoiselles de ses terres". Pour le coup, il avait écopé d'une tenue superbe avec un odieux défaut : Lorsqu'il faisait assez chaud, tout le fessier du pantalon prenait  une allure brûlée avant de devenir transparent, offrant ainsi à la plèbe une vue imprenable sur un fessier qui, de toute évidence, ne voyait que rarement le soleil. On avait ainsi l'impression que c'était le derrière de cet Elfe -et non celui des femmes- qui avait pris feu. Et cet idiot ne s'en était pas encore aperçu !

Les clients  avec de vrais histoires demeuraient rares, si bien que Vaelh s'appliquait plus qu'à l'accoutumé pour leurs œuvres. D'après ce qu'il entendait, Shinku pourrait bien faire parti de ceux-là. Son histoire semblait authentique. Ses mots étaient fluides, pas comme si elle les cherchaient, et le niveau de détails de son récit n'était qu'une preuve supplémentaire de sa véracité, pas trop bas, ni trop haut comme quelqu'un qui cherche à se justifier. L'Incube demeura tout de même prudent, sait-on jamais, et ne porta absolument aucun jugement sur les faits en eux même. Seul importait d'en prendre note.

Vous suivez, pas encore endormi ? Je peux continuer ?

Hm ? Ah, bien sûr ! Il avait adopté le ton du rêveur déconcentré pris en faute. Il avait tout écouté, mais il lui plaisait de se livrer à une énième provocation. J'étais en train de me dire que ton histoire allait -peut être- être intéressante. Continue donc !

La sorcière marqua un temps d’arrêt… Elle avait entendu la plume s’agiter sur le papier sans interruption, donc il avait pris note de chacun de ses mots. Aussi pourquoi lui faire croire qu’il ne faisait pas attention si ce n’est pour l’énerver volontairement ?
Oh c’était donc cela ! L’incube se divertissait en même temps qu’il testait son caractère. Ce petit jeu devait faire part intégrante de son travail. Intéressant, mais agaçant !

-Ne feignez pas l’indifférence, je sais bien que vous prenez un malin plaisir à tenter de provoquer ma colère, et je ne peux pas vous le reprocher, j’avoue que je m’enflamme facilement et que le plaisir est votre domaine… Mais je n’apprécie pas trop vos méthodes… En plus ma gorge devient sèche, j’espère que vous avez l’intention de me payer un verre après ça !

Shinku se doutait bien que se dernier refuserait immédiatement mais bon, à elle de l’enquiquiner un peu. Après cette phrase elle s’éclaircit la voix avant de continuer sur un passage dont elle était peu fière.

-Après avoir perdue ma mère, je ne savais pas quoi faire, et suis rentrée au village. Je n’y attendais pas de bras tendu, mais nombreux furent ceux qui regrettèrent ne serait-ce qu’un peu, la façon dont les choses c’étaient terminée. Durant les jours qui suivirent, ils m’apportèrent plus de victuailles que d’ordinaire, mais j’étais inconsolable et n’avait que peu d’appétit.
Le démon en moi sommeillait, aussi rien ne semblait différent, je n’avais pas compris ce qui c’était réellement passée, la signification de se rite qui nous avez liée d’une chaîne dorée lui et moi, et les habitants du hameau ne voyaient qu’une petite fille, ou une petite démone inoffensive en tout les cas…

Mais bientôt je commençais à développer mes dons de magie du feu anormalement vite, et la crainte s’installa de nouveau. A cause de l’influence du démon en moi, j’étais très fière de mes nouveaux dons et ne m’en cachait pas, une erreur sans aucun doute…
Il ne leur fallu pas longtemps pour me considérer comme un danger… Nul ne tenta de me chasser, par peur de représailles. Après quelques lunes, on tenta de me tuer lâchement durant mon sommeil. Et le démon que je tenais de contenir, pris possession de mon corps et annihila sans aucune pitié tout ceux qui étaient responsable de mon tourment. Je n’ai pas pu l’arrêter car au fond de moi, je haïssais aussi chacune de ces personnes…

Je ne pouvais que regardait alors que je les assassinais, mon corps animé par une puissance inhumaine. Ceux qui ne périssaient pas par la force brute, finissait carbonisait dans les flammes dont la bête amplifiait la puissance. Ils ne méritaient peut-être pas cette mort mais ce qui est fait est fait… En attendant, je me retrouvais livrée à moi-même et toujours possédée… Au début le démon faisait ce qu’il voulait, et à commis de nombreux crimes avec ce corps, puis quand j’avais le contrôle, je marchais sans relâche pour m’épuisait afin qu’il ne récidive pas… Nous courrions tout deux à notre perte, aussi nous avons bien du nous entendre. J’ai d’abord appris le langage animal des canidés pour communiquer avec lui, car quand bien même nos émotions étaient liées, il était dur de comprendre exactement ce qu’il voulait.

Peu à peu j’apprenais à survivre en me présentant à d’autres bêtes sauvages comme un chiot esseulé, et Zenshou lui s’humaniser, progresser en intelligence, et appris mon langage.
J’ai grandit de cette façon, un peu sauvageonne, même si j’ai aussi travaillé pour gagner ma vie, enfin, juste de quoi m’acheter de nouveau vêtement de temps en temps et de la nourriture chaude pour changer.

A Sahawi les tribus ont commencé à me faire confiance et m’écoutais quand je leur transmettais le savoir de Mortalys. J’avais beau être jeune lors de sa mort, j’avais toujours été une très bonne élève, avec, selon elle, des prédispositions pour la magie. Bientôt on m’appela « la sorcière de Sahawi » et on vint pour me demander conseil.  Pendant de très nombreuses années, j’ai vécu ainsi, en ermite sans trop me mêler de ce qui ne me regardait pas, attendant que les gens viennent à moi. J’avais construit ma maison sur un des Monts des nids des Phénix, créatures fascinante qui m’avait acceptée comme voisine, et j’ai recueilli quelques canidés… ma petite meute à moi en somme. J’ai beaucoup progressé en magie, et j’ai continué de m’instruire à travers les livres, j’en ai une petite collection maintenant… Bref ce furent des années calme, propice à la méditation, le voyage, et tant d’autres choses.

Et puis est venu Ailes Ténébreuse… Avec lui les temps on bien changer… Je fus de nombreuses fois solliciter par ses alliés et ses ennemis, mais je ne me bats au final que pour ma propre liberté… je suis un peu égoïste que voulez-vous… Je combats avec ardeur ce qui m’insupporte, mais j’essaye de ne pas me mêler des querelles de religion… Ma compréhension sur le sujet est encore limitée après tout…
Et puis avec les activités récentes, mieux vaut ne pas trop en dire, c’est un coup à ce faire tuer par les deux partis en même temps sous le coup de rumeurs. Pas vrai ?

Certes, il lui avait dit de tout raconter mais elle n’était pas folle non plus… S’il voulait absolument en entendre davantage, il lui faudrait certifier que rien de ce qu’elle ne dira ne sortira de ces murs… Qu’en quelque sorte il était d’une neutralité parfaite vis-à-vis de son travail, mais elle en doutait un peu… Rare était ceux qui pouvait se vanter de neutralité totale, et si c’était le cas, de ne jamais avoir envie de vendre une ou deux infos pour arrondir ses fins de mois.

Shinku remarqua que sa vie n’était pas si longue à raconter ; quand bien même elle raconterait en plus ses aventures parmi les rebelles ; et surtout qu’elle n’avait eu que très peu d’attache au final pendant toutes ces années. Certes elle avait ces camarades de beuverie, et les quelques alliés de la Rébellion mais au final, elle n’avait pas de vie de famille, ni de vie affective… Bon elle avait ses chiens… Pour une sorcière c’est un comble non ? En général c’était plutôt les chats noirs… Au moins elle ne tombait pas dans le cliché de la vieille folle avec ses chats.
L’albinos sourit de cette pensée. Ses exigences étaient sans doute un peu hautes pour se trouver un mari… Bah, après tout pour une démone un bon siècle c’est plutôt jeune.

-Ne feignez pas l’indifférence, je sais bien que vous prenez un malin plaisir à tenter de provoquer ma colère, et je ne peux pas vous le reprocher, j’avoue que je m’enflamme facilement et que le plaisir est votre domaine… Mais je n’apprécie pas trop vos méthodes… En plus ma gorge devient sèche, j’espère que vous avez l’intention de me payer un verre après ça !

Un merveilleux rire cristallin s'éleva dans la brume en guise de réponse. L'Incube était persuadé -peut être à tort, mais il ne pouvait pas savoir- que c'était d'avantage ce que la sorcière s'imaginait plutôt que ses mots qui lui asséchait la gorge. Et puis quoi, lui payer un verre ? Allons, allons !

A nouveau, l'Incube fit preuve de patience et n'interrompit pas la sorcière dans son récit. Sa plume s'était agitée à nouveau, couchant sur le papier chaque détail important. A condition qu'elle soit attentive, la femme put distinguer au bruit que l'artiste traçait de grand traits sur sa page. Elle pouvait croire qu'il s'était mis à raturer, mais en vérité il esquissait l'allure de la faux sur laquelle il annotait quelques détails. Son oeuvre se matérialisait dans son esprit, petit à petit.

Et puis avec les activités récentes, mieux vaut ne pas trop en dire, c’est un coup à ce faire tuer par les deux partis en même temps sous le coup de rumeurs. Pas vrai ?

Une soudaine et vive contrariété fit se plisser le front de l'Incube. N'avait-il pas dit qu'il voulait tout savoir ? Cette femme là était-elle donc trop bête pour comprendre une consigne pourtant si simple. Ô frustration ! Il soupira :

Parce que tu te soucies des rumeurs, toi ? C'est amusant, ça. Tu as pourtant réduit un village en cendre, sans distinction entre les biens, hommes, femmes et enfants ; on t'a traité en paria durant des années ; et les rumeurs t'importent encore ? Belle ineptie que voilà.
Ne soit donc pas bêtement entravée par les on-dit, et livre moi cette dernière part de vérité que tu semble me cacher. C'est dans ton intérêt, hmhm... Ah, et je veux voir ce ... Zenshou, oui ! A moins qu'il ne risque de mettre le feu à mon petit palais, termina-t-il sur un ton mi-capricieux, mi-autoritaire.

Sans attendre de réponse, il avait brusquement franchi le voile de ténèbres. Le bas de son corps était dissimulé par d'amples robes d'érudit qui semblaient tressées par des fils de nacre. Une farandole de runes stylisée s'élevait en spirale du bas des robes jusqu'à leur ceinture -placée bien bas sur le ventre du démon-. Pour le reste, il était torse nu, mais la spirale de rune poursuivait sa course sur sa peau, jusqu'à son cou pour lui tracer un collier de symboles. Cette même peau pale était tendue de manière bien aguicheuse sur ses muscles fins. La faible luminosité y créait des jeux d'ombres fascinant. Puisqu'il y avait moins de distance entre elle et le démon, l'aura surnaturelle de ce dernier put venir effleurer les perceptions de la sorcière.
A la main droite il portait un gant fin, tressé dans le même nacre que ses robes. Tout son bras gauche était quant à lui recouvert par un énorme gantelet auquel étaient fixés nombres d'étranges outils.
Le décrire par "perfection" aurait été un euphémisme insultant.
Il posa les poings sur ses hanches, chaque parcelle de son corps irradiant une stupéfiante majesté et une délicieuse arrogance. Son regard d'or à l'intensité sans pareil se vissa dans celui de la sorcière. Ses traits enjôleurs adoptèrent une expression patiente.

Eh bien ? J'attend. Concentres-toi un peu.

Shinku poussa un soupir et se leva pour mettre elle aussi les poings sur ses hanches blanches. L’homme était tel qu’elle se l’imaginait, tellement parfait que c’était trop beau pour être honnête, typique des incubes sans doute.
-Allons, ne va pas me dire que tu n’as pas compris ce que je veux dire par là… Si le moindre émissaire vient chez moi après cette discussion tu auras de mes nouvelles !

Bien sûr qu’il n’était pas question de rumeurs ordinaires… Plutôt de risquer ou non sa peau à lui raconter sa vie… Et puis il pouvait ranger sa magie maintenant, elle était tombée une fois dans le panneau mais pas deux !

-Quand à Zenshou, je ne puis te le montrer, je n’en ai tout simplement pas la capacité, mais je peux sans aucun doute te le dessiner, où tout du moins te montrer d’anciens ouvrages le dépeignant.
Shinku avait toujours voulu pouvoir changer de forme pour que Zenshou est aussi ses moments de liberté, mais jusqu’à présent elle n’avait trouvé aucune magie lui permettant de le faire, malgré les recherches dans ce qu’elle avait pu sauver des travaux de Mortalys, où les ouvrages anciens sur lesquels elle avait pu mettre la main.

-Quoi qu’il en soit, pour achever mon histoire, il faudrait remonter à l’apparition d’Ailes Ténébreuses. Au début je n’y ai pas prêté plus d’attention que d’ordinaire… Mais le marché aux esclaves de Faestelia m’insupportait, surtout que les chasseurs venaient désormais s’empressait de se servir dans les tribus de Dahalia ou Sahawi, et même se servir parmi les créatures de Volcania ou même mes phénix.
Petit à petit j’ai rencontré des gens intéressants… Je ne me souviens pas avoir fait des choses incroyables les premières années. Juste deux trois bricoles dans mon coin… Affronter quelques créatures étranges, apaiser l’âme d’un fantôme dans un marais, qui m’a permis d’en apprendre plus en magie… Faire un tour près de l’antre d’un dragon millénaire… Foutre le bordel au marché des esclaves.
Mais bientôt les rebelles m’ont repéré et sollicité quelques faveurs… La dernière en date est sans aucun doute ma participation à la guerre froide. Ce ne fut pas de tout repos… J’y ai combattu au coté d’un vieux coq qui manie la lame comme personne pour sauver une impératrice enlevée par une jolie poulette qui avait bien embobiné le roi des basse-cours.
C’est même moi qu’il a collé en prison au début ! Mais j’avoue que sans mes chiens jamais je n’aurais retrouvé la trace de cette impératrice. Braves bêtes n’est-ce pas ? Avec mon apparence, passer pour une démone de l’armée ne fut pas difficile… Avec l’aide d’un autre agent infiltré, qui était assez haut placé finalement… Quand on y repense j’ai surtout eu beaucoup de chance, mais ne dit-on pas que cela aussi détermine les grands combats.
Je n’ai pas participé davantage à cette guerre, ma mission était accompli, le reste dépendait du peuple, pas de moi.
Je reste en contact avec ceux qui se battent contre Ailes Ténébreuses, mais je ne m’occupe de ce qui m’importe… Je ne suis pas contre la personne mais contre certaine de ses décisions. Je suis libre, et je compte bien le rester !

Oui cela résumait bien son parti pris, si après les rebelles décidaient à leur tours de devenir restrictifs, et bien c’est contre eux qu’elle se retournerait. Parce que Zelphos ça va bien cinq minutes, et elle refusait ce martelage d’esprit qui vous forçait à accepter cette religion.

-Je crois qu’on a fait le tour… Ce n’est sans doute pas ce à quoi vous vous attendiez hein…
Sur ce, devinant qu’elle n’aurait pas à boire, elle saisit sa petite bouteille d’alcool et en bu une gorgée, petit rituel qui finissait bien cette histoire au final, puisque c’était une habitude. Shinku n’était pas vraiment alcoolique contrairement à ce que raillait certain de ses camarades, puisqu’elle ne finissait que rarement saoul, mais comme de nombreux démon, elle appréciait le goût de l’alcool, enfin, surtout celui de vouivre ou de dragon, presque brûlant. Cela la rendait nostalgique et lui rappelait à la fois la proie préférée de son démon et ses terres natales.

-Allons, ne va pas me dire que tu n’as pas compris ce que je veux dire par là… Si le moindre émissaire vient chez moi après cette discussion tu auras de mes nouvelles !

L'Incube se dandina avec une délicieuse indolence, un sourire aux lèvres, ignorant complètement la menace. Il avait certes compris, mais il adorait quand les choses étaient dites sans détour aucun, quel que soit le sujet abordé.

Oooh... Mais dois-je comprendre que se tient devant moi une ennemie de l'Empire ? Plutôt que d'attendre une réponse, il poursuivit. Quelle audace tu as pour venir jusqu'ici sans même cacher ton visage pourtant si singulier. Ou peut être est-ce de la folie, ou une confiance absolue en tes capacité à te carapater en cas d'ennuis ? Il ne lui laissa qu'un très bref instant pour qu'elle puisse caser un  début réponse. Seul l’intéressait sa réaction et son expression. Allons, pas d'inquiétude, pas d'inquiétude... Fit-il d'un ton condescendant. Tu serais surprise de connaître vers qui va la loyauté de certains de mes clients. Il en passe beaucoup par ici, des... Enfin, des gens comme toi.

Et c'était vrai. Des ennemis, il en passait par ici. Mais nombre d'entre eux étaient rattrapés par la suite. Vaelh voyait dans cette manoeuvre un moyen de "purger" sa clientèle pour ne garder que les personnalités intéressantes et inspirantes. La Sorcière n'avait pas trop à se faire de soucis. A priori, elle entrait dans la catégorie des intéressants.
Mais elle n'était pas à l'abris d'un caprice de l'Incube qui le fasse changer d'avis.

Hm... Et quant à ce démon, alors ?

-Quand à Zenshou, je ne puis te le montrer, je n’en ai tout simplement pas la capacité, mais je peux sans aucun doute te le dessiner, où tout du moins te montrer d’anciens ouvrages le dépeignant.

Une authentique déception s'afficha sur les traits de Vaelh. Voilà qui ne jouerait pas en faveur de la sorcière pour quand l'artiste allait décider si oui ou non il la vendrait aux autorités compétentes. Il produisit une petite moue capricieuse.

Ah, quelle affreuse frustration m'infliges-tu là ! Il grimaça théâtralement en posant une main sur son cœur faussement blessé. Je suppose que je devrais me contenter d'un de tes croquis. Puisque c'est ton démon, tes dessins représenteront plus la vérité que des textes et fables aux mots exagérés par la peur et le respect de ceux qui les ont écrits.

Il fit signe à la sorcière de poursuivre son récit -même si cette dernière n'avait pas besoin d'y être invitée- pendant qu'il installa un second sofa planant en périphérie de la couche de brume. Il s'occupa à nouveau de prendre des notes, et d'où elle était la sorcière remarqua que la page était déjà pavée de centaines de petits symboles étranges à la géométrie très semblable à celle des runes dans l'étrange boutique. Au milieu de ce fouillis d'écritures gisait une esquisse de la faux.

L'artiste observa un nouveau silence pendant lequel il ne manqua pas de prendre note de l’allégeance explicitée de la Sorcière. Elle l'avait clairement dit, et Vaelh n’oublierait pas. Mais pour l'heure ... Seul comptait la réalisation d'une oeuvre d'art.

-Je crois qu’on a fait le tour… Ce n’est sans doute pas ce à quoi vous vous attendiez hein…

Il gloussa. Pour être honnête, il ne s'était attendu à rien et s'était contenté d'écouter. Mais l’orgueil démesuré du démon vit là une occasion d'instaurer une distance entre lui et sa cliente.

Ne prétend pas savoir ce à quoi je m'attendais. ça sous-entendrait que tu puisses avoir un niveau de conscience égal ou supérieur au moins, et ce serait pure fantaisie que d'affirmer une chose pareille !
Bien ! Si ton récit est à présent terminé, fournis moi ce croquis de ton... colocataire.

Oooh... Mais dois-je comprendre que se tient devant moi une ennemie de l'Empire ? Quelle audace tu as pour venir jusqu'ici sans même cacher ton visage pourtant si singulier. Ou peut être est-ce de la folie, ou une confiance absolue en tes capacités à te carapater en cas d'ennuis ?
-En général, je m’arrange pour qu’il n’y ait pas de témoins… Si tu vois ce que je veux d…
Allons, pas d'inquiétude, pas d'inquiétude... Fit-il d'un ton condescendant. Tu serais surprise de connaître vers qui va la loyauté de certains de mes clients. Il en passe beaucoup par ici, des... Enfin, des gens comme toi.
-Cela je n’en doute pas… Un beau compliment de la part de la sorcière quelque part, puisqu’elle supposait ainsi qu’il avait de nombreux client…

La réaction de l’incube quand à son démon ne fut pas plus surprenante, tel un enfant à qui on refuse un jouet, le voici boudeur, et terriblement comique, avec ses réactions exagérées au possible…

Ne prétend pas savoir ce à quoi je m'attendais. Ça sous-entendrait que tu puisses avoir un niveau de conscience égal ou supérieur au moins, et ce serait pure fantaisie que d'affirmer une chose pareille !

-Ben voyons ! Shinku laissa planer un silence qui en disait long. Pour quelqu’un qui n’avait pas deviné plus tôt son affection pour le camp rebelle, il n’était pas si rapide que ça… Bah, elle avait l’habitude de ce genre de vantard. Non pas qu’elle se croyait vraiment supérieure à lui, l’albinos ne pensait jamais de cette façon, mais plutôt qu’il la sous-estimait trop… Ce n’est pas pour rien qu’elle pouvait se balader ainsi en plein jour malgré ses actions contre l’empire, elle en avait dans la caboche, la petite sorcière de Sahawi.


-Bien ! Si ton récit est à présent terminé, fournis moi ce croquis de ton... colocataire.
L’albinos fouilla un instant dans sa besace, et en tira quelque papier de bonne qualité, idéal pour le dessin. Avec un fusain elle avait représenté les contours d’une immense créature canine, à la musculature intimidante et dont l’ombrage n’était pas si mal, les parties rouges avaient été effectuées à la sanguine, un gros crayon à la mine rouge, comme son nom l’indiquait.
-Je ne suis pas artiste, mais cela passe le temps lors d’un voyage. Et puis Zenshou me fascine également…
Une autre esquisse le présentait tuant une jeune vouivre, ses longues dents couvertes de sang, et le bout de ses cornes enroulées étant enflammée. Shinku n’avait jamais su faire de même, à savoir faire apparaître un feu magique au bout de ces excroissances de kératine.
Un jour peut-être sera-t-elle capable de se transformait en cette redoutable créature et d’en utiliser les capacités maximales, mêlée à ses pouvoirs.

La sorcière sourit pour elle-même, il lui restait encore tant de progrès à faire et pourtant elle marchait sur Terra depuis un bon siècle. Si elle était restée humaine, elle serait morte, mes les Dieux en avait décidé autrement… Ce n’était pas si mal finalement.

-En tout cas vous, vous aimez les esquisses… Dit-elle en désignant l’espèce de calepin couvert de runes et petits dessins. La jeune démone ne s’était pas autorisée à regarder de plus près pour le moment, certains artistes n’aimaient pas qu’on lorgne sur leur travail avant qu’il ne l’ait achevé.

Que la sorcière affiche une attitude défiante après que Vaelh est signifié que l'écart entre eux deux était grand ne l'affecta pas plus que ça. "Ben voyons"... Evidemment qu'il était au dessus d'elle, et cette pauvre répartie qui lui était servie ne faisait que le conforter dans ses idées. Que les autres races s'évertuaient à faussement prouver aux autres et surtout à elles même qu'elles valaient mieux que les Incubes et les Succubes était navrant. Pourquoi n'acceptaient-elles pas simplement leur place ? Il n'y a pourtant rien de si insultant que ça dans le fait d'être inférieur, si ? La nature est ainsi faite : avec des forts et des faibles, avec la perfection et les brouillons.
Bien sûr, Vaelh aurait pu faire preuve de patience, adopter un ton professoral et expliquer en quoi les autres races étaient clairement inférieures ; mais à quoi bon ? Aurait-elle seulement écouté ? Et puis... C'était parfois plutôt distrayant de les voir essayer de faire valoir leur culture en la comparant à celle, parfaite, des Cabales !

Quand une esquisse lui fut présentée, l'Incube la prit du bout des doigts -allez savoir où ça avait traîné !- et l'observa avec attention. L'allure de la bête sur le papier lui était familière, elle correspondait... A une description qu'il avait lu dans d'épais tomes prohibés de la bibliothèque de son ancienne Cabale. D'après ses souvenirs, de telles créature avaient été invoquées via d'incroyables rituels les jours précédents la chute de la septième Cabales lors du Zuey'la-Men'shla Khein -le Grand Crime-. C'était il y a des éons !
Plutôt que de se perdre dans ses souvenirs, l'Incube revint au croquis. On lui en présenta un second bien plus intéressant sur lequel l'animal démoniaque adoptait une posture agressive qui permettait d'apprécier sa masse musculaire et son maintient.

Ah, sans doute vais-je te confisquer celui là. C'est appréciable d'avoir à disposition une représentation de la "bête" avec un tel niveau de détail ; quoi que ce reste brouillon. Je ferais avec. fit-il en s'emparant du second croquis sans attendre d'avoir la permission.

-En tout cas vous, vous aimez les esquisses…

Douce caresse que celle d'un compliment sous-entendu aux oreilles de l'orgueilleu artiste. Il s'engouffra dans cette brèche de suffisance sans réfléchir.

Si j'aime les esquisses ? Je préfères même les peintures ! Il y en a un grand nombre tout autour de nous, mais la brume les dissimule encore à tes yeux. Il sourit, tâchant de piquer la curiosité de la femme au vif en la provoquant. Mais peut être as-tu de la chance de ne pas pouvoir les contempler, je ne sais pas si ton esprit pourrait en appréhender toute la splendeur. Par contre... Tu pourrais les voir si tu me prouves que tu as de quoi te payer mes services ? C'est un bon marché. Ah, tu aurais tant à y gagner. Les images que tu pourrais voir s'imprimeraient dans ton esprit par le poids de leur magnificence. Elles sont si parfaites, mes peintures, que j'ai de nombreuses fois provoqué la stupeur, les larmes... J'ai même fait tourné de l'oeil Un Skiep ! Ils ont une vision différente de la notre, et lorsqu'ils sont soumis à certains motifs géométriques et certaines nuances, leur cerveau ne suit plus ! c'était amusant...

Bien sûr, l'Incube mourrait d'envie d'étaler tout son talent pour l'art... Mais il voulait surtout voulu savoir si cette femme ne lui faisait pas perdre son temps. Combien de fois de riches personnes ne s'étaient justement pas révélées assez fortunées pour s'offrir le savoir faire de l'Armeator Artisis ? Certains ne venaient à lui seulement riches de leurs espoirs. Mais pareil sentiment ne pouvait pas servir de monnaie d'échange ; quoi que, dans certains cas, si !

Plus la sorcière l’écoutait et plus son comportement lui rappeler vaguement quelque chose… Réfléchissons… Oui ! Elle savait maintenant… Un enfant ! Ce type était un enfant !
Toujours sincèrement convaincu que sa façon d’être et la meilleure, et s’en vantant largement, il avait leur fierté exacerbée, le langage acide, mais persuadé d’être dans son bon droit, et mieux encore, le voilà qui tourne en rond, autour du sujet de ses peintures, usant de divers prétextes alors qu’il était clairement visible qu’il mourrait d’envie de lui montrer ses œuvre pour se rouler davantage dans cette auto-suffisante…
-Sincèrement… Quel âge avez-vous ?

C’était sorti tout seul… Oups… Mais elle le pensait sincèrement.
-Si vous voulez tant me montrer ces tableaux ne tortillez pas ainsi et faite-le… Je ne risque pas de défaillir, je vous le garanti, j’ai bien trop de fierté pour cela… Néanmoins s’ils sont tel que vous le prétendait, j’en ferais l’éloge, il n’y a pas de raison de nier la beauté. Mais c’est à moi de vous posez une question, préférez-vous les ailes de bronzes, où les informations ?

C’est à elle de piquer sa curiosité, quelqu’un d’aussi imbu de lui-même, ne pouvais tout de même pas s’insinuer plus puissant ou supérieur à quelqu’un qui le dépasse de dix fois environ son âge.
-Volcania n’est pas une terre accueillante, mais grâce à ce cher Zenshou et mes propres compétences, je sais depuis quelques temps déjà où se trouve la cache d’un dragon millénaire, et avec lui sans nul doute un trésor fabuleux. Néanmoins si l’endroit est déjà extrêmement dur d’accès – mieux vaut savoir survivre au milieu des vapeurs toxiques volcanique – l’intérieur y est encore plus remarquable, et nul jusqu’à présent n’en a déjoué les secrets…
Pas même un incube donc… Shinku ? Oh, elle n’était ni cupide, ni stupide, mais nul doute qu’un être comme lui aimait les défis de ce genre…
Une fois, elle avait pénétrer dans ce lieu avec quelques autres aventuriers, comme elle l’avait mentionné plus tôt, mais cela ne c’était pas si bien passé et elle avait décidé de rebrousser chemin, puisque cette petite équipe n’aurait pas été suffisante. Bien sûr, elle avait progressé depuis mais, quand bien même la curiosité était forte de découvrir les secrets gardé par cet ancien dragon, et plus encore de s’entretenir avec lui qui devait être si sage…
Mais qui sait, peut-être cet incube qui se vante tant saurait en déjouer les mystères.

Par contre, si seul l’argent l’intéressait, elle préférait de loin qu’il annonce son prix. Car si elle lui montrait l’ensemble de ses économies, sans doute le prendrait-il en entier. L’albinos ne savait pas combien il faisait payer son labeur d’ordinaire.
-Aussi vous ne m’avais toujours pas dit, si ce métal magique était dans vos cordes, ne suis pas entrain de vous insulter en supposant que non, je suis curieuse voilà tout. Vous seriez le premier que je rencontre à savoir modeler pareil alliage.
Il n’était pas le seul à vouloir s’assurer qu’il ne perdait pas son temps.[/color]

-Sincèrement… Quel âge avez-vous ?

Le ton sur lequel ça avait été prononcé laissait clairement sous-entendre qu'il s'agissait d'une critique. A quoi bon se formaliser, autant jouer le jeu ! Aussi l'Incube se para d'un masque de naïveté exagérée.

Mon âge ? Ah... Combien me donnerais-tu, toi ? Tes perceptions émoussées te pousserait sans doute à fournir une fourchette aussi large qu'un râteau ! Non, ne t'obliges pas à réfléchir à ça. Je suis -parfois- généreux, et je vais te livrer la réponse sans que tu es à mobiliser ta concentration. J'ai approximativement quarante deux Ahils, ça correspond à deux cent cinquante et une de vos années. Je ne les fais pas, n'est-ce pas ? Vois comme j'ai su me jouer du temps ! Vois comme je garde la jeunesse prisonnière en mon sein ! Merveilleux n'est-ce pas ? Oui, bien sûr que tu trouves ça merveilleux.

-Si vous voulez tant me montrer ces tableaux ne tortillez pas ainsi et faite-le… Je ne risque pas de défaillir, je vous le garanti, j’ai bien trop de fierté pour cela… Néanmoins s’ils sont tel que vous le prétendait, j’en ferais l’éloge, il n’y a pas de raison de nier la beauté. Mais c’est à moi de vous posez une question, préférez-vous les ailes de bronzes, où les informations ?

Cette fois, une irritation non feinte se peignit sur les traits du Démon. Même s'il s'était attendu à ce que la Sorcière se montre désagréable pour palier à son imperfection, cette indifférence qu'elle affichait quant au génie de l'artiste le titillait. Il poussa finalement un soupir compatissant. ça ne devait pas être facile pour la sorcière non plus de converser avec une race si aboutie, si pure et si érudite que celle des Incubes !

Ah, cette fameuse fierté que vous autres brandissez comme une bannière mais qui, dans le fond, ne vous sert que de prétexte, ne vous sert qu'à vous rappeler que vous êtes -vaguement- plus évolués que le premier animal venu. Pauvre de vous, pauvre de toi. Tu es en train de me dire que si quelque chose te plait, t'enivre, t'obsède, tu briderais tes sentiment de complaisances et de félicités juste... Pour faire bonne figure ? Mais il n'y à pourtant rien de grave à afficher sa capacité à jouir des moindre choses...Une authentique mais subtile expression peinée s'incrusta sur le faciès du démon. Comme je compatis. La puissance de vos émotions est déjà bien pâle comparée à celle de ma race, et en plus vous vous bridez ! Puisses-tu un jour ouvrir les yeux sur tout ça.

Il aurait pu en rajouter, mais il savait que les autres races étaient beaucoup trop attachées à leurs concepts stupides pour s'en détourner. En un sens, ils étaient déjà tous fichus, condamnés à une éternité de pâles ressentis. Franchement... Comment pouvaient-ils vivre comme ça ? Il soupira et se concentra à nouveau.

Ma préférence va aux ailes-de-bronze -ou leur équivalent en or, bien sûr-. C'est un choix logique. Si je change d'avis, je peux toujours t'acheter tes informations avec ces mêmes ailes de bronze que tu m'as donné ! Conclut-il sans parvenir à réprimer un sourire arrogant. Un excellent résonnement !

Volcania n’est pas une terre accueillante, mais grâce à ce cher Zenshou et mes propres compétences, je sais depuis quelques temps déjà où se trouve la cache d’un dragon millénaire, et avec lui sans nul doute un trésor fabuleux...

Vaelh cessa d'écouter à cet instant précis. Voilà qui confirmait ses craintes : cette femme venait à lui sans avoir directement en sa possession les richesses nécessaires. Le visage de l'Incube afficha succinctement une stupéfiant bouillonnement de rage et de frustration . Pour ses œuvres, il voulait de l'or, pas la promesse d'avoir de l'or au prix de quelque périple à la noix.

-Aussi vous ne m’avez toujours pas dit, si ce métal magique était dans vos cordes...

Tais-toi, souffla-t-il d'un ton qui ne véhiculait plus aucune chaleur, mais une froideur mordante. Il agita instinctivement sa main comme pour congédier l'impudente. Il m'a pourtant semblé avoir été clair : mon travail mérite que je sois récompensé Concrètement, pas par... Des promesses de découvrir je ne sais quel trésor de pacotille. Nous allons recommencer du tout début en faisant bref, clair et précis : je refuse catégoriquement d'examiner l'acier de ton jouet pour te donner un verdict si tu ne me montres pas dans l'instant que tu possèdes les richesses nécessaire pour m'employer. Tu peux aussi me fournir quelque chose qui puisse prouver que tu es fortunée. Pour te faire une idée -très vague- de ce que ça te coûterait selon ce que j'ai prévu de faire... Compte trois semaines de main-d'oeuvre... L'Incube marmonna tout bas une longue liste de matériaux et d'outils pour tenir le compte et, lorsqu'il eut terminé, il annonça la fourchette. Compte au minimum mille cinq cent dragons d'or.

Malgré la véritable fortune que ça représentait, il l'avait annoncé froidement. Il n'avait pas non plus pris la peine de justifier ce qui poussait ses prix si haut parce qu'il était persuadé que la sorcière ne le croirait pas. Elle pouvait toujours demander un devis si ça lui chantait.
Quoi qu'il en soit, la réponse de la sorcière allait décider si cette entrevue allait oui ou non s'achever rapidement.

La sorcière sourit sincèrement à l’incube. Oh bien sûr elle était contrariée, mais maintenant l’albinos le cernait mieux. Elle ne s’énerverait pas non. Pas pour quelqu’un comme lui.
-Oh, c’est donc ça… Je n’avais pas compris, j’ignorais que les incubes se voyaient de cette façon, vous m’en voyez navrée. C’est fou ce que vous êtes ordinaire au final… Encore un qui est persuadé d’être meilleur que le commun des mortels… Oh je sais ce que vous allez dire ! Dans votre cas c’est légitime et votre race et vraiment et sincèrement supérieure aux autres. Au moins vous ne prétendez pas être un Dieu, c’est déjà ça…
Elle bailla, quel ennui… Shinku préférerait encore converser avec Albar tiens, lui faisait plus humain, son ton étaitplus chaleureux même lors de leurs débats, et sa beauté n'étais pas « parfaite » mais cela la rendait intéressante. Quand elle le reverrait elle lui dirait « Tu sais je te trouve insupportable, mais c’est le type insupportable que j’apprécie au moins. » Il ne comprendrait rien mais ce ne sera pas plus mal… Elle n’aurait pas envie de lui raconter cette entrevue. En fait il y avait plein de gens, trop, qu'elle trouvais insupportables... Désormais elle les classerais dans des catégories... Elle ferait une échelle tiens! En voilà une bonne idée!


Mais elle n'allait pas le faire patienter d'avantage et repris la parole.
-En effet il est temps de mettre les choses au clair, je me fous de savoir de quel race tu es et à quel point cette dernière est mirifique blablabla… J'apprécie les conversations avec les esprit éclairé, et tu l'es sans aucun doute, mais si tu l'es plus qu'un autre, je m'en tamponne. Je suis sûr que toi-même tu ne supporte pas les gens qui se jette des fleurs non? Je suis enfant de Yehadiel et de Nayris à la fois, et je n’ai de compte à rendre qu’à ces deux là. Maintenant si tu me dis que tu vaux mieux qu’eux très bien, bonne chance pour le baragouiner à la gardienne des limbes, mais que tu sois incube, dragon, ou vers des marais, dans la mort ça n’a pas grande importance.

Shinku posa un sac remplit de pièce de bronze sur la table. Elle le tutoyait maintenant, au diable les marques de respects, elle n’était qu’une espèce inférieure après tout, en quoi se sentirait-il blessé qu’elle s’adresse à lui ainsi, s’il est si extraordinaire il ne se sentira pas vexé… Elle était sûre du contraire mais elle n’était plus sûre qu’il soit si bon que cela. Son arme était comme une extension d’elle-même et la confier à ce type commençait à ne pas lui plaire.

-Quatre cent pièce de bronze, ce n’est pas grand-chose me diras-tu. Mais tu ne m’as pas encore montré grand-chose non plus. Néanmoins j’ai la capacité de te fournir la somme que tu exiges, et quand bien même tu blufferais, j’ose espérer que quand j’aurais réuni l’argent tu feras un travail digne de la somme que tu viens d’exposer.

La sorcière lui tendit alors un bijou d’une valeur impressionnante, cadeau de la noble de Faestelia à qui elle avait servi de doublure lors du bal de la très célèbre Ayael. Ce bijou elle n’en voulait pas, elle aurait trop peur de se le faire dérobée, mais cette drôle de noble qui lui ressemblait en plus ronde lui aurait épinglée à la peau… En plus c’était une rose… Elle n’aimait plus trop cette fleur depuis qu’on l’avait pris pour la rose noire. Elle ignorait exactement le montant en pièce d’or, mais elle savait que cette pièce unique valait un paquet. Nul doute que l’autre allait cracher dessus. Mais qu’importe cela suffirait à lui montrer qu’elle ne plaisantait pas. Shinku était une personne rude, jamais de toute façon elle n’aurait su apprécier toute la finesse de ce bijou. Elle ne comprenait pas ce que signifiaient les carats, la finesse des pierres précieuse qui en composait les pétales ou les feuilles, le temps qu’il avait fallu pour les tailler, la beauté des reflets de ces matériaux rares. C’était un bijou cher, et ce n’était pas son genre. Acheter un châle de luxe parce que les couleurs étaient belles et que la soie est si douce, oui… Dépensée une fortune pour une arme qui vous suivra pour des siècles, admettons… Mais pour un bijou non vraiment ce n’était pas pour elle.

La sorcière inspira à grand coup, ce n'étais pas juste de le tutoyer si soudainement, mieux valait rester plus impersonnel et se moquer de son comportement condescendant.
-Je vous ai demandé quel genre de payement vous vouliez, je m’étais simplement fourvoyée sur la personne… Si c’est la somme que vous exigez, vous l’aurez… Même si je trouve que c’est exorbitant, j’avoue que je ne m’y connais pas plus que ça. J’ai un garant comme vous pouvez le constater. C’est un cadeau que cette personne m’a fait… Je sais déjà que vous n’aimerez pas mais vous saurez reconnaître sa valeur. Cette personne pourra m’obtenir une telle somme…

L’albinos retint un « je doute néanmoins que ton travail en valent la moitié ». Shinku ne lui dirait pas qui c’est. Elle ne veut pas que dans un accès de colère, cet homme dénonce cette jeune femme comme complice de la rébellion.

Sincèrement qui étai-il d’ailleurs, tantôt joueur et tantôt insupportable ? Ne devrait-elle pas plutôt trouver le fameux golem qui connaissait tout des enchantements ? Bon, ces connaissances lui avait dit qu’il s’agissait d’un original, pas d’un casse-pied qui pétait plus haut que son… Enfin passons. Comme quoi la beauté extérieure ne cache pas la beauté intérieure.

-Maintenant allez-vous répondre à mes questions où est-ce que vous ne travaillez que pour des « espèces supérieures » ? Si c’est le cas je m’en vais… Je vois que je vous importune de toute façon.
Je sais que vous êtes le meilleur de votre domaine, mais je ne suis pas venue pour débattre sur « qui a la plus grosse » avec vous… Ni sur la jouissance d’ailleurs. Je ne dis pas que je n’envie pas parfois ceux qui se noie dans la luxure, mais je n’en ai pas besoin pour continuer ma vie, je m’en suis bien passée jusqu’à ce jour.

Shinku n’étais pas en colère mais elle restait ferme. Elle s’était toujours débrouillée sans les hommes, surtout ceux comme lui, et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle ramperait à genoux devant celui-ci. S’il décidait de se mettre à l’ouvrage tant mieux, sinon tant pis. La sorcière se lancerait dans une autre quête ce n’était pas la première ni la dernière.

-Oh, c’est donc ça… Je n’avais pas compris, j’ignorais que les incubes se voyaient de cette façon, vous m’en voyez navrée. C’est fou ce que vous êtes ordinaire au final… Encore un qui est persuadé d’être meilleur que le commun des mortels… Oh je sais ce que vous allez dire ! Dans votre cas c’est légitime et votre race et vraiment et sincèrement supérieure aux autres. Au moins vous ne prétendez pas être un Dieu, c’est déjà ça…

Vaelh se contenta d'adopter une moue faussement surprise qui ne parvenait pas tout à fait à dissimuler son sourire narquois. Il s'était apprêté à débattre sur le fait que lui et sa race étaient tout sauf ordinaire, mais ça aurait été rentrer dans le jeu de la femme. Et puis, dans le fond... Il était persuadé d'être au dessus d'elle. Il en avait la certitude. Alors pourquoi en débattre ? Seul comptait qu'il sache qu'il valait mieux, c'est tout. Au final, plutôt que de rétorquer, il ne fit que s'élargir son merveilleux sourire. Que cette sorcière l'interprète comme elle le voulait !

-En effet il est temps de mettre les choses au clair, je me fous de savoir de quel race tu es et à quel point cette dernière est mirifique blablabla… J'apprécie les conversations avec les esprit éclairé, et tu l'es sans aucun doute, mais si tu l'es plus qu'un autre, je m'en tamponne. Je suis sûr que toi-même tu ne supporte pas les gens qui se jette des fleurs non? Je suis enfant de Yehadiel et de Nayris à la fois, et je n’ai de compte à rendre qu’à ces deux là. Maintenant si tu me dis que tu vaux mieux qu’eux très bien, bonne chance pour le baragouiner à la gardienne des limbes, mais que tu sois incube, dragon, ou vers des marais, dans la mort ça n’a pas grande importance.

L'Incube leva si lentement les mains en signe d'apaisement que le mouvement fut emprunt de moquerie. Il parla plus lentement comme on l'aurait fait avec un enfant pour être sur d'être compris.

Ahhh, mais voilà que ce beau masque de bienséance que tu arborais en entrant ici se fissure ? Quelle personnalité au dessous ! Enfin, plus de rage que de fond, mais une personnalité quand même selon vos critères à vous ! Il hocha la tête pour s'auto-approuver, rajoutant quelques notes sur ses papiers. Vois-tu, je pense que dans le fond, tu te plais à te surestimer ; et n'est-ce pas ce que tu critiques chez moi ? Sinon, pourquoi insinuer n'avoir de compte à rendre qu'à ces deux puissances primordiales. Et puis quand je daigne faire l'immense effort de prêter oreilles à ta frustration, j'ai cette... Cette impression que tu penses également en savoir plus sur la mort que quiconque. De nouvelles notes.
Oh, j'espère que tu n'as pas déjà usé tout ton bon sens ! Parce que je te serais gré de nous vouvoyer, moi et mon talent.

Et ça, c'était vraiment orgueilleu ! Mais Vaelh l'avait dit a dessein. A cet instant, il s'aperçu qu'il jouait à savoir jusqu'où il pouvait descendre dans l'estime mal placée de cette femme. Peut être pourrait-elle ensuite faire courire nombre de rumeurs au sujet de l'Incube. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, cela ne manquerait pas de lui faire un peu de pub. Non qu'il en ai besoin, mais il adorait faire parler de lui. Peut importe la manière. C'était distrayant de voir les autres lui cracher dans le dos simplement parce qu'ils étaient jaloux de sa superbe.

Elle lui exposa ensuite la somme qu'elle avait sur elle. Quoi... Seulement "ça" ? Mais qu'elle aille se...

-Quatre cent pièce de bronze, ce n’est pas grand-chose me diras-tu. Mais tu ne m’as pas encore montré grand-chose non plus. Néanmoins j’ai la capacité de te fournir la somme que tu exiges, et quand bien même tu blufferais, j’ose espérer que quand j’aurais réuni l’argent tu feras un travail digne de la somme que tu viens d’exposer.

Ah, il avait manqué de s'emporter trop vite ! Il inspira.

Ta monnaie n'est rien en effet... Et puis pourquoi veux-tu que je te montre quelque chose ? Si tu sais que je suis le meilleur, c'est que tu as déjà vu l'une de mes œuvres et que tu as pu la comparer à d'autres. Je ne penses pas que tu sois là simplement parce qu'on t'a dit que j'étais doué. Tu n'es pas si influençable... Si ?

Il laissa ainsi la sorcière mariner encore un peu, attisant son irritation. Il daigna cependant porter son attention sur la pièce qu'on lui présentait. Pour sûr, elle devait valoir son pesant d'or ! Mais pour Vaelh, cela demeurait un mystère de savoir comment pareil bijoux se trouvait dans les main d'une telle indélicate ! L'avait-elle volé ? Si oui, le bijoux était peut être encore recherché par son propriétaire. Et si c'était le cas, mieux valait qu'on ne le retrouve pas dans son échoppe.

-Je vous ai demandé quel genre de payement vous vouliez, je m’étais simplement fourvoyée sur la personne… Si c’est la somme que vous exigez, vous l’aurez… Même si je trouve que c’est exorbitant, j’avoue que je ne m’y connais pas plus que ça. J’ai un garant comme vous pouvez le constater. C’est un cadeau que cette personne m’a fait… Je sais déjà que vous n’aimerez pas mais vous saurez reconnaître sa valeur. Cette personne pourra m’obtenir une telle somme…

Il haussa les épaules avec une insupportable nonchalance.

Tu fais bien de me vouvoyer à nouveau ! Et oui, tu n'y connais rien. Ah, et cesse donc de présumer ce que j'aime ou non. Je dirais que, d'un point de vu humain, ce bijoux n'est pas si mal. Le simple fait qu'il dise bijoux plutôt que babiole le prouvait, d'ailleurs. Mais ça n'est pas quelque chose que je porterais, bien sûr. Il vaudrait... Oh, bien trois... quatre cent dragons d'or. On peut donc en déduire que la personne a qui ça appartiens dispose d'autres richesses. Seulement, elle "Pourrait" te donner l'argent. ça n'est pas une certitude !
Et... Une question demeure : je me demandais si ce bijoux... Tu ne l'avais pas plutôt volé. C'est que je me demande comme un tel bijoux peux être possédé par quelqu'un qui n'est riche que de 400 malheureuses pièces de bronze.

Vlan, accusations directes ! Vaelh espérait bien une vive réaction là  dessus !

-Maintenant allez-vous répondre à mes questions où est-ce que vous ne travaillez que pour des « espèces supérieures » ? Si c’est le cas je m’en vais… Je vois que je vous importune de toute façon.
Je sais que vous êtes le meilleur de votre domaine, mais je ne suis pas venue pour débattre sur « qui a la plus grosse » avec vous… Ni sur la jouissance d’ailleurs. Je ne dis pas que je n’envie pas parfois ceux qui se noie dans la luxure, mais je n’en ai pas besoin pour continuer ma vie, je m’en suis bien passée jusqu'à ce jour.

Bien sûr qu'il aurait aimé ne travailler que pour des espèces supérieures -les Incubes et Succubes- ! Seulement, le monde était d'avantage infesté des autres races que peuplé par les  siens... Il fallait malheureusement faire avec. Il adopta subitement une expression patiente, typique d'un parent qui s'apprête à faire la morale.

Ah, je ne me noie pas dans la luxure. Quelle erreur de penser ça ! Tiens, je vais même briser ce mythe qui vous pousse à croire que les miens ne sont que des coucheurs invétérés et obsédés : figures-toi qu'en terme de fréquence, nous en faisons bien moins que vous autres ! Étonnant pas vrai ? En fait, pas tant que ça quand l'on sait que pour nous, le plaisir est notre nourriture. Pour les Incubes, se noyer dans la luxure est donc synonyme de perdre la ligne ! Et ai-je l'air d'être gras ? Il tourna sur lui même, s'inspectant lui même avec exagération. Non ! je suis parfait.

Satisfait de son petit effet, il plaça les mains dans son dos et fit quelques pas, l'air faussement pensif pour pousser la sorcière à bout.

Bien... Je suppose que je ne risque rien à te montrer que mon talent illimité me permet de dominer n'importe quelle matière. Dirige ton regard par là, fit-il en pointant un index gracile vers la droite de la pièce. Il disparu un instant derrière son bureau encore enfumé. On pouvait l'entendre pianoter à même le bois du meuble en fredonnant.
Et l'instant suivant, le voile se leva sur l'un des plus fabuleux trésor que Terra ai pu porter.

Toutes la noirceur qui masquait la droite de la pièce fut dissipée, dévoilant un mur rendu effroyablement long -infini même- par son agencement selon une géométrie impie, violée, détruite, née de quelque malicieuse magie. c'était bien simple : la pièce dans laquelle la sorcière se trouvait ne pouvait pas être contenu par un bâtiment du volume de la boutique de l'Incube. Pourtant... ce mur se dressait là, défiant les lois même de la physique. Réaliser si soudainement que l'on se trouvait dans un espace si vaste alors qu'on l'avait cru bien plus petit pouvait facilement impressionner et donner des vertiges. Mais le plus stupéfiant n'était pas tant ce mur, mais la vitrine qu'il soutenait.

Cette dernière abritait un trésor. Un vrai. Sur toute son incalculable longueur s'offrait un terrifiant étalage de savoir artistique et de génie créatif. Un florilège d'objets y était présent : bijoux et vêtements légers, cuirasses et armures, armes et instrument de musique... On trouvait même des selles, des flèches et d'autres objets plus ésotériques dont la fonction n'était pas évidentes.
Chaque catégorie d'objet était classée selon des règles qui échappaient sans doute à la sorcière, mais ça n'empêchait pas de les observer. Tout au bout du mur -il fallait y marcher pour bien voir- était exposé toute une collection de casque de combattant. Les premiers demeuraient simples selon des standards d'Incubes, c'est à dire qu'il étaient littéralement couverts de gravures et bas reliefs en métaux précieux, en bois exotiques et même en gemme de différentes tailles. Là, un casque de soldat humain sur lequel avaient été implanté un véritable plumage de mithril. L'avant du casque avait été façonné en un bec d'aigle, si bien que le heaume en lui même ressemblait trait pour trait à la tête d'un de ces nobles rapaces. Et plus on laissait glisser son regard sur le côté, plus les techniques et la matériaux employés faisaient des heaumes  d'incroyables reliques ! L'un d'entre eux était un masque intégrale ovoïdale en airain, orné d'un cimier titanesque duquel cascadait une longue traîne de jais. Les tempes du heaume était mise en valeur par l'ajout d'imposantes ailes en bronze et en or parcourues de si minuscules inscriptions qu'il aurait fallu une loupe pour les observer correctement. Mais ça n'était pas tout : le visage du heaume avait été façonné de sorte à représenter le visage d'un démon grimaçant de colère. Si la sorcière s'approchait, le visage de heaume s'animerait et, dans un beuglement de métal froissé, le visage forgé adopterait l'expression même d'un courroux sans borne en même temps qu'un sang magmatique se mettrait à pulser dans les centaines de veinure de l'acier. Une telle pièce semblait tout droit sortie de l'arsenal de guerre de quelque violent dieu du feu et de la guerre. D'autres divines merveilles s'étalaient autour de cette pièce là... Dont certaines, à en juger par leur forme et leur taille, ne pouvaient pas être portées par des humains.

Un peu plus loin l'on pouvait voir les tenues légères. Même la plus simple d'entre elle était ravissante. Elle semblait faite... De nacre liquide qui coulait et refluait. Juste à côté, une tenue d'un tout autre goût, d'origine Cabaliste à voir les runes qui s’étalaient dessus. Elle semblait conçu pour en cacher le moins possible. D'apparence vulgaire selon des standards humains, quiconque s'en approchait assez aurait la surprise de voir que chaque endroit du mannequin qui n'était pas couvert par du tissu pouvait s'occulter par une soudaine profusion de symboles noir. Plus on approchait, plus ne mannequin paraissait habillé ! Et inversement, plus l'on reculait, plus il se dénudait, comme par magie.
L'une des pièces les plus étranges de cette collection était sans nul doute cet robe de mage pour laquelle il était tout simplement impossible de savoir où le tissu s'arrêtait et où les protections renforcées commençaient. La structure moléculaire elle même du tissu semblait se réagencer à certain endroit tel que le ventre, le torse et les épaules pour se compacter, se densifier et former des protections solides. Le capuchon... le bijoux de tête... Ou en tout cas ce qui s'apparentait à un heaume assorti à cette tunique aurait pu être qualifié d'ovni artistique : Il n'était qu'un masque sans fente pour les yeux, le nez et là bouche, orné de traverses en or et d'une émeraude sphériques . Une gemme colossale de la taille d'une pomme était insérée sur le pectorale droit de la tenue. Elle luisait d'un superbe éclat couleur passion. A un moment ce gros rubis, comme s'il était habité d'une conscience, sembla repérer Shinku. La lueur en son sein se mit alors à pulser au rythme d'un cœur... Puis chaque zone en tissu du vêtement se retourna sur elle même dans un mouvement brusque, sec, ponctué par le son d'un verre qui se fissure. Quelques secondes plus tard, la tunique avait pris la couleur de la peau de la sorcière qui l'observait.

Quelques mètres plus loin reposaient diverses armures de combattants avec  leurs armes assorties. Comme pour les tuniques et les heaumes, certaines étaient "simples", semblant juste sortie d'un trésor un peu plus qu’ordinaire, mais d'autres étaient tout simplement bluffantes. Par ici, une amure semblait avoir été conçue pour un démon serpentiforme de grande taille munie de six bras. Là, toute une protection complète pour un molosse colossale et certainement démoniaque. A côté on retrouvait une armure qu'on aurait pu qualifier de plus standard si elle ne semblait pas être faite de lumière pure ; des ailes d'or s'élevaient même de son dos. Bien que chaque pièce était extraordinaire, quelques unes l'étaient plus encore et attirait l’œil. Il y avait par exemple cette protection légère pour femme qui, au vu des formes et des couleurs -sans évoquer toutes les richesses dessus-, évoquait le costume d'un arlequin. Cependant... Dès qu'on la regardait selon d'autres angles, sont allure générale changeait du tout au tout. De face, elle  semblait massive, menaçante et prête à vous bondir dessus. Vue de droite elle changeait pour devenir l'une de ces tenues moulantes d'assassin. Si l'on revenait de face, elle était redevenue entièrement dorée, presque luminescente et couverte d'épieux. Elle n'avait pas de forme fixe, et plus longtemps on la fixait, plus rapidement elle changeait d'aspect. Mais quel que soit l'angle de vue, le masque de la tenue, un arrondi sans fente complètement chromé, semblait toujours rivé sur le spectateur.
Juste à côté se tenait une armure lourde pour le moins impressionnante. Haute de plus de trois mètres, elle était si large, si épaisse que même le plus fort des Giguêtres n'aurait pu la porter. Elle était complètement dorées, hormis quelques détails rouge et une jupe de latte couleur sang. Sur ses plaques titanesques se dessinaient nombres de batailles épiques gagnées par son propriétaire. Sur les épaulières, on l'y voyait en train de briser le coup d'un dragon. Sur les avants bras, le héro luttait contre les têtes d'une hydre... Aucun endroit n'était laissé nu, pas même le sommet de l'armure décoré d'un cimier de plus d'un mètre de long, si surélevé que la tête du combattant y était encastré comme dans une carapace. Pour sûr, une telle panoplie ne pouvait être porté que par un héro de légende comme on en voit tous les mille ans.

Ainsi s'étalait sur encore plusieurs mètres tout le talent du démon. Nombre de ses œuvres étaient là, certaines crachant aux visages de la logiques et de la physique, comme cette armure à l'épine dorsale renforcée par des sphères cristallines à seize côté et trois arrêtes, ou ce heaume cylindrique à angles droit autour duquel gravitaient de cruels petits picots d'acier nu,  conçu pour on ne sait quelle effroyable bestiole. Plus l’œil s'attardait sur pareils objets, et plus le spectateur avait de chance d'y laisser sa raison en tentant de comprendre l'incompréhensible.
Mais une chose était sûr : ça n'était pas le génie qui avait engendré des choses pareilles, mais bien la folie. Et un profond sentiment de mal aise pouvait frapper le spectateur pour peu qu'il se dise qu'il était cerné dans ce magasin par toutes ces incroyables merveilles et ces horreurs cauchemardesque.

Vaelh garda le silence, ne se laissant pas d'admirer ses propres œuvres. Si avec ça la sorcière n'était pas convaincue...

quelques exemples de création:

Shinku était en colère mais pas de mauvaise fois, oui cette collection était bien jolie… Mais ce qui était drôle c’est que celui qui avait l’air le plus content de les voir était leur auteur lui-même. Peut-être que ça n’avait rien d’étonnant, mais pour quelqu’un qui faisait un pamphlet de la fierté de l’albinos, il pourrait au moins faire un effort pour cacher la sienne.
-C’est tout à fait charmant… Même si je trouve étrange que vous me montriez votre collection avant même de savoir si oui ou non je l’ai piqué ce bijou… Mais je ne suis pas là pour jouer. Non, je ne l’ai pas volé, on m’en a fait cadeau… Et j’ai eu beau refuser des dizaines de fois j’ai cru qu’elle allait me la ficher à même la peau…

La sorcière murmura quelque chose à l’encontre de cette femme. Avant elle avait pris soin d’employer « cette personne » mais bon, cette jeune femme elle-même ne savait pas que Shinku était dans la rébellion.
-Aussi je n’ai pas de masque ou quoi que se soit, je dis les choses comme je les pense et sans détour… Et si on ne pense pas comme moi, bah tant pis, les rencontres ne sont possibles qu’entre personnes différentes, mais ça ne veut pas dire que j’apprécie de me faire rabaisser. A quoi bon comparer ce qui n’est pas comparable ? A chacun sa spécialité.

N’était-il pas étrange qu’il ne saisisse pas ce concept alors qu’il avait du faire des armures et des armes différentes toute sa vie ? Que chacune avait ses points fort et faible… Etait-il seulement utile de raisonner avec lui.

Mortalys lui avait demandé une fois ce qui était supérieur, le blé ou le diamant. Shinku avait résonné qu’avec un diamant on pouvait acheter beaucoup de blé… Mais Mortalys avait rétorqué que, lorsque le blé se ferrait rare, alors le diamant qu’on ne peut manger ne vaudra pas grand-chose…
-Néanmoins je ne puis m’empêcher de vous rappeler que la beauté est subjective… En cela, vous pouvez avoir la ligne que vous souhaiter, la couleur des yeux, la forme d’un visage cela ne s’invente pas… Et quand bien même on en viendrait à la polymorphie, la beauté ne s’arrête pas à l’enveloppe…

Est-ce qu’il lui arrive vraiment de séduire autre chose qu’une jeune femme soumise au possible, avec son caractère ? Bah peut-être que c’était son genre, et cela devait lui permettre de trier sur le volet. Et puis rien ne dit qu’il voulait d’une femme pour plus qu’un coup d’un soir. Pour cela son apparence lui suffisait en effet.
Shinku observa un instant une tenue extrêmement dénudée pour une armure.
-Je suppose que la protection est magique… Railla-t-elle pour elle-même. Remarque au moins la gente masculine y réfléchira à deux fois… Les filles par contre… Oh celui-là est joli.
Du rouge, Shinku adorait le rouge… Avant elle mettait aussi du noir, mais depuis elle avait un peu évoluée, et choisissait de s’habiller plus en couleur. Peut-être était-elle plus heureuse depuis qu’elle connaissait plus de monde… Qui sait.
Chacune de ces œuvres étaient belles à ça manière mais, Shinku se garda de dire qu’il y en avait aussi qu’elle n’aimait pas… Pour éviter une fois de plus de se faire insulter par cet énergumène, elle le garda pour elle pour une fois. C’était rare qu’elle prenne le temps de réfléchir si une chose était bonne à dire ou non mais la situation valait l’effort fourni.

-Certaines sont à vous couper le souffle, mais je ne m’identifie à aucune… Je me demande s’il y en a certaines qui rappellent les flammes ? Rien n’est plus charmant que le feu.
Oui, chaque flamme qui dansent est unique à chaque seconde, elle n’a jamais la même tête, les même couleurs, la même part de bleu de jaune et de rouge, la même chaleur.

Combien d’heure avait-elle passée à contempler le foyer de sa cheminée avant d’y faire cuire son repas. Combien d’année avait-elle scrutée la Sahawi la savane enflammée et n’avait eu de cesse de s’émerveiller qu’elle n’était jamais deux fois semblable.
Ah, rien de mieux plus normal pour une fille du Feu, mais Shinku devait être celle qui l’aimait le plus.

En passant devant ces vitrines étranges, Shinku s’éloigna et se perdit dans ses pensées, où une autre créature qui somnolait cru bon de venir embêter son hôte. Mais ça l’incube l’ignorait, et Shinku alla un peu plus loin converser avec cette voix intérieure. Il lui était dur de simplement penser pour lui répondre lorsqu’il était d’humeur à l’ennuyait il prenait trop de place dans son esprit.
-Hein tu aimes celle-là ? Shinku parlait tout de même à voix basse, sans doute l’autre croirait d’abord qu’elle parlait seule. Elle ne couvre rien du tout tu sais… Oui le matériel est certes splendide… Zenshou, moi vivante jamais !! Depuis quand t’intéresses-tu à cela de toute façon ! Tu es un gros chien ! Quoi ?! Repense ça un peu sac à puces ! Hein ? Des armures pour chien… Ne sois pas ridicule tu es énorme de toute façon, et je vais déjà me ruiner… Il me faudra au moins cinq ans pour rembourser ça… Je me fous qu’elle m’en fasse sûrement cadeau, je HAIS avoir des dettes…

La sorcière ce tenait un peu à l’écart, mais on pouvait tout de même voir que, lorsqu’elle prenait une pause dans son temps de parole, ses yeux devenaient d’un noir lugubre aux reflets rougeâtres, un peu comme son rouge à lèvre. Complètement noir, sans une trace de blanc, de pupille ou d’iris, juste deux globes noirs. C’était la marque que Zenshou le démon rouge s’était complètement éveillé.
-Je sais que je prends des risques mais j’aime cette arme ! C’est un cadeau de Mortalys… MA Mortalys. Pourquoi je devrais changer de style ? C’est vrai que je l’aime comme ça… Et peut-être que c’est égoïste mais… C’est important pour moi qu’elle soit aussi magnifique que la femme qui me l’a offerte… Même si je dois trimer pour rembourser… Que je vende mon !! Crétin de clébard !!! A la niche !

Il n’était pas dur de deviner la blague salace de l’animale, Shinku grommela qu’il était grossier de sa part de s’imposer ainsi, l’obligeant presque à ignorer ce qui était autour d’elle. C’est que Zenshou la connaissait trop bien. Et elle aussi il savait qu’il plaisantait et la respectait, mais bon… Il était temps de se reconcentrer.
-Puis-je vous demander pourquoi vous en garder autant ? N’essayez-vous pas de les vendre ?

Le prix demandé était certes mirobolant, mais nombres de noble auraient se bousculer, sans parler des parvenus, enrichis sur le dos des honnêtes gens depuis l’arrivée d’Ailes Ténébreuses… Peut-être que c’était juste de la déco au final… L’incube pouvait sans doute choisir de garder les plus belles pièces.

L'Incube n'avait pas encore rassemblé toute sa concentration pour efficacement prêter oreille aux premières répliques de la sorcière. Pour l'heure, ses yeux avaient glissés de ses œuvres à la porte d'entrée comme si... Il attendait désespérément quelque chose. Sonder son expression permettait de deviner que cette attente durait déjà depuis un moment, mais qu'il nourrissait encore de grands espoirs.
Lorsqu'il commença à revenir à lui, il lui sembla entendre quelque chose comme "chacun sa spécialité". Il hocha machinalement la tête. C'était bien vrai, pour sa part il était spécialisé dans la perfection en toute chose ; il laissait ainsi la médiocrité aux autres.

-Néanmoins je ne puis m’empêcher de vous rappeler que la beauté est subjective… En cela, vous pouvez avoir la ligne que vous souhaiter, la couleur des yeux, la forme d’un visage cela ne s’invente pas… Et quand bien même on en viendrait à la polymorphie, la beauté ne s’arrête pas à l’enveloppe…

Ah, là se profilait un débat qui acheva de réveiller l'Incube. Il cligna des yeux et cessa de contempler impatiemment la porte pour de bon.

C'est bien le comble de recevoir pareille leçon d'une femme qui ne rayonne même pas par son physique ! Fit-il sur un ton à la fois amusé et surpris. Initialement, sa réplique n'était pas faite pour blesser, ça n'était guère plus qu'un constat. Mais il demeurait facile d'en prendre ombrage. Bien sûr que je sais ça. Mais figures-toi que moi, je n'ai même pas à faire d'effort de courtoisie lorsque j'ai faim et que je veux me ressourcer. A la place, je fais simplement comprendre à mon déjeuner qu'il découvrira nombre de nouvelles sensations avec moi. J'y met les formes, et nombreuses sont celles à s'être laissées tenter.
Et mon beau moi intérieur est réservé à celles qui en sont dignes.

Et c'était vrai. Les efforts étaient réservés aux siens, plus particulièrement à ses compagnes. Pourquoi aurait-il dû faire le moindre effort avec des gens qu'il n'estimait pas, après tout ?

Satisfait par son petit exposé, il laissa la sorcière errer devant ses travaux. Chaque compliment qu'elle faisait, même le plus insignifiant, enflammait le cœur de l'Incube d'une fierté si puissante qu'elle aurait peut être rendu fou une race pas habituée à subir en permanence des émotions d'une puissance destructrice.

-Certaines sont à vous couper le souffle, mais je ne m’identifie à aucune… Je me demande s’il y en a certaines qui rappellent les flammes ? Rien n’est plus charmant que le feu.

Et voilà qu'elle témoignait maintenant un intérêt ciblé sur les œuvres du démon ! Il ne fit aucun effort pour contenir le soupir de satisfaction qui s'échappa de ses lèvres.

Le feu... Le feu... Souffla-t-il en se déplaçant devant les superbes tenues. C'est quelque chose de récurent. Toutes les races aiment le feu ! Ah ! Oui, celle-là.

Il approcha d'une armure très fine, légère, qui semblait faite d'un acier calciné et craquelé d'une manière hétérogène. Néanmoins, on voyait sur toute sa surface un nombre spectaculaire de runes Cabalistes détériorées, de gravures abîmées... Certaines des lames décoratives fixées à même les avant bras, les mollets et les épaules étaient brisées, sans parler des supports qui auraient normalement dû accueillir des gemmes mais qui demeuraient vide. Il posa ses mains sur son œuvres -qui s'apparentait en fait à une ruine brûlée-, massant le métal avec ses pouces en arborant un sourire béat. la caresse prenait des allures intimes, tendres, comme celles qu'on réserve à une amante. En silence, il plaça le présentoir au centre de la pièce. Il revint quelques instant plus tard avec le casque de la panoplie, une protection qui, malgré son mauvais état apparent, protégeait encore tout le visage.
Avec attention, il mis en place le heaume sur l'armure et... Il y eu un bruit d'embrasement. Dans un flamboiement terribles, le noir calciné de l'armure avait repris sa teinte cuivrée. Chaque craquelure était devenue une veine qui véhiculait le feu d'une vie nouvelles. Partout où les lames étaient brisées, des excroissances de métal chauffées à rouge avaient poussées. Même des gemmes de feu étaient venues combler les emplacement vide.
La splendeur de l'armure avait ressuscité.

Mais l'Incube se détourna déjà, portant son attention volatile sur une tenue féminine en tissu vraisemblablement très confortable. Elle était composée de deux vêtement : un premier très près du corps qui moulait le mannequin du cou aux cuisses, ne passant que sur une seule jambe, laissant l'autre jambe et les deux bras nus. L'autre pièce était plus ample, comme une écharpe gigantesque qui s'enroulait élégamment autour du buste du mannequin en passant par son épaule gauche et qui terminait lâche sur la jambe droite.
La partie moulante semblait avoir été tissée à même le magma : couleur obsidienne, on y trouvait nombre de craquelure sous lesquelles rougeoyait une lave pas encore tout à fait refroidit. Quant à la grande écharpe, tout son pourtour luisant d'un éclat orange, comme si elle avait pris feu et qu'on avait réussit à maîtriser les flammes à l'instant.

Qu'ai-je d'autres... J'en sors une dernière... Ah, ceci !

Vaelh s'empara d'un bracelet en argent, large et lourd, sur lequel était gravé en relief, avec un soucis du détail inhumain, des flammes voraces. Quand le bijoux fut en place, on pouvait jurer que les flammes se mouvaient, distordant le métal clair qui les constituait.

C'est seulement à cet instant que Vaelh remarqua que la sorcière parlait toute seul. Elle ne s'adressait pas à son arme, aussi Vaelh mit ça sur le compte d'une folie passagère générée par les merveilles que la femme contemplait. Ou peut être était-ce la preuve qu'un démon était bien en elle ? Non ! Ces deux raisons d'un coup. Elle était forcement subjuguée.

-Puis-je vous demander pourquoi vous en garder autant ? N’essayez-vous pas de les vendre ?

Une puissante vague de mélancolie écrasa subitement les traits de l'Incube. Il se tenait toujours au milieu des deux œuvres sorties de la vitrine et triturait pensivement son bracelet en argent, y chatouillant les flammes qui se tordirent d’avantage.

Je les garde... Parce que j'attend. J'attend qu'un Vrai héro entre ici et pose ses yeux sur mes œuvres. Alors, ce héro trouvera là une armure, une arme, un accessoire qui aura été forgé spécialement pour lui. Il l'emportera, viendra à bout d’effroyables tâches et deviendra une légende. Il aura fait sa renommée, et moi son surnom. Tu connais sans doute l'histoire de ce démon, Kraelchinerk, qui terrorise les troupes rebelles dans les régions des Glaces pour la gloire d'Ailes-Ténébreuses. On l'appelle Mange-monde. Pourquoi ? Parce que son armure est hérissée de petites bouches cruelles garnies de crocs qui semblent mâchonner sans cesse quelques restes sanguinolent de tout ce monde qu'il a tué. Son arme à contribué à faire son surnom : L'un des plus grand marteau de guerre jamais forgé pour ce démon immense, si grand qu'il pourrait nous prendre en entier  dans ses mains. Son marteau, donc, a été enluminé de sorte à évoquer une créature toute en crocs acérés. Quand il s'abat sur ses ennemis, sa forme fait qu'on à l'impression que le cadavre a été déchiqueté par un prédateur.
Peut être as tu aussi entendu parler d'Isha, une Elfe qui grâce à sa magie, trouva un remède contre une nouvelle souche de peste qui transformait ses victimes en une parodie pourrie des vivants. Forte de ses élixirs et charmes magiques, elle remonta la source de la contagions et l'anéanti. Elle est plus connue sous le de nom de "Lueur d'espoir", parce que chacune de ses arrivée était annoncée par le rayonnement quasi-solaire de ses gants d'or et des perles qu'elle portait au cou. Là où elle brillait, la santé revenait et la maladie était vaincue.
Et devines où ces deux êtres d'exception ont trouvés les reliques qui ont  grandement contribué à leur faire un nom qu'on retient facilement et qui aide à entrer dans la légende ?

En guise de réponse, il écarta simplement les bras, désignant son magasin.

-Forcément, qui n’aimerais pas le feu ?! Bon c’est aussi dangereux… Ce n’est pas moi qui dirais le contraire…

Un peu calmée, Zenshou avait ce pouvoir sur elle, l’albinos se laissa présenter les armures. Et devant un travail aussi pointu elle ne put que le féliciter, celle-là était magnifique.
-Je n’ai jamais vu quelque chose comme cela.
Shinku observa longuement les deux tenues et surtout le bracelet, qui avait attiré son œil vif, persuadé d’y avoir décelé du mouvement. La voici à moitié accroupie entrain de le regarder. Après un instant elle s’étira et décida qu’elle s’était fait une assez bonne idée de ses capacités.

Puis elle écouta attentivement le discours de l’autre qui s’était à nouveau perdu dans son autosatisfaction mais bon, disons que pour un fait comme celui-ci il avait le droit.
-Ah oui j’en ai entendu parler. J’ignorais que c’était à cause de leurs vêtements qu’on les nommait ainsi. C’est tout à votre honneur d’attendre ainsi aussi longtemps mais vous ne devez pas souvent trouver chaussure à votre pied. Et s’il vous arrivait malheur avant de toute les écouler, je me demande ce qu’elle deviendrait… Ah sans doute avez-vous de la famille à qui cela reviendrait, suis-je bête.

C’était de la pure curiosité. Quelque part ses armures n’avaient pour l’instant l’air à leur place que dans cette vitrine. Elle les voyait mal dans un grenier, en pièce maîtresse d’un salon, ou dans une échoppe de luxe ordinaire.
Un peu comme ces gens qui accumulent une demi-tonne d’ouvrages magiques différents dans une somptueuse bibliothèque et qui ne sont pas sûre que leurs descendants en veuillent, ou qui n’en on aucun et qui pourtant on peur que cette collection s’éparpille après leur décès. Est-ce que cela reviendrait aux cabales dont ils vantent tant l’existence ?

-Quoi qu’il en soit c’est vrai que votre travail est excellent. Cela vaut la peine que je passe les prochaines années à rembourser mon amie.
Shinku s’était finalement décidé à ne juger que le travail et pas l’individu.
Par contre elle ne savait pas comment cela aller se dérouler. C’était à lui de lui expliquer. Il fallait d’ailleurs qu’elle trouve un moyen que la somme lui parvienne. Envoyer un coureur serait un peu dangereux avec une somme pareil… L’albinos soupira. Un aller-retour, pas de choix possible.

-Je n’ai jamais vu quelque chose comme cela.

Evidemment ! Ses œuvres étaient les meilleurs, elles étaient uniques. Où aurait-elle pu voir mieux ? Très -trop- sensible, il frissonna presque d'extase en entendant ce simple compliment.

Et ça n'est là qu'un échantillon, s'enorgueillit-il en présentant le bracelet à la sorcière qui s'approchait. L'armure est ici depuis deux années, la tenue légère trois années, et ce bracelet est là depuis six mois. Ce sont à la fois des pièces d'exposition et des œuvres à vendre. Elles ne sont pas destinées à des héros. Trop... ordinaires...

Sur ce dernier commentaire, l'Incube s'en alla remettre ses travaux en place avec une telle délicatesse qu'on aurait cru voir là quelque dévot fanatique qui manipulait des reliques d'une valeur plus élevée que celle de sa propre vie. Quand les tenues et le bijoux furent rangées, Il recula d'un pas pour s'assurer qu'elle ne courraient pas le risque de verser, puis revient vers la femme.

-Ah oui j’en ai entendu parler. J’ignorais que c’était à cause de leurs vêtements qu’on les nommait ainsi. C’est tout à votre honneur d’attendre ainsi aussi longtemps mais vous ne devez pas souvent trouver chaussure à votre pied. Et s’il vous arrivait malheur avant de toute les écouler, je me demande ce qu’elle deviendrait… Ah sans doute avez-vous de la famille à qui cela reviendrait, suis-je bête.

L'Incube fronça et, en même temps qu'il sembla se renfermer sur lui même, un sourire conspirateur assombrit ses traits. Il avait d'avantage l'impression que la sorcière le menaçait et en même temps, un sentiment de solitude le frappa. De la famille, il n'en avait plus. Et comme il était très sélectif -pour ne pas dire raciste- quant aux choix de ses amis... Il n'en avait pas non plus. Mais c'était compréhensible en même temps ! Qui aurait voulu d'une humaine pour confidente, par exemple ? Quelle idée !

Je suis un difficile. Une légende par tranche de quarante ou cinquante ans est une bonne moyenne. Et ce qui serait vraiment dommage, c'est que les pillards qui viendront ici après mon trépas finissent à l'état de misérables petits cratères fumants. Tout ça est à Moi. Et tout ça me suivra dans la mort. On ne me prendra ni mon travail, ni mes secrets.

Il n'en dit pas plus, mais le message était claire : le bâtiment était truffé de pièges. Mortels et n'offrant pas une mort rapide pour la plus grande majorité.

-Quoi qu’il en soit c’est vrai que votre travail est excellent. Cela vaut la peine que je passe les prochaines années à rembourser mon amie.

L'humeur de l'Incube se modifie avec une douloureuse rapidité. Il croisa les bras, gonflé d'orgueil.

Enfin des paroles censées. Nous allons procéder comme ceci : ton tas de ferraille te seras confisqué jusqu'à ce que j'en ai terminé. Pendant ce délais de... Hm, trois ou quatre semaines, ne viens surtout pas me déranger ; de toutes façons tu seras trop occupée à rassembler la somme que je te demande. Quand tu reviendras, tu me paieras, et je te rendrai mon oeuvre en public, pour que tous puissent voir de quel nouveau rejeton aurais-je accouché et qui aura l'honneur de s'afficher avec.

Il sourit rien que d'y penser. C'était l'un de ses moments préférés dans son métier. Quand une oeuvre était prête, une grosse rune s'affichait sur toute sa devanture. Il attendait toujours soixante six minutes pour laisser à la foule le temps de s’agglutiner, puis sortait de son antre et dévoilait une nouvelle merveille au monde. La satisfaction qu'il tirait des regards ébahis et des compliments qui lui était soufflés manquait à chaque fois de le rendre complètement fou. Mais qu'est ce que c'était bon !

Shinku haussa un sourcil, cette histoire de piège était bien intéressante mais...
-Est-ce que vous êtes entrain de me dire que vous n'avez pas de famille? Je croyais que les incubes et succubes étaient encore nombreux...

Elle en était sûre en fait. Mais celui-là avait sûrement eu un problème... Chacun avait ses petits secrets... Et elle pouvait respecter ça, surtout qu'il avait l'air sérieux à ce sujet.
-Bah je comprends, laissez tomber, ce ne sont pas mes affaire de toute façon. Et la plupart de ces œuvres n'ont l'air à leur place qu'ici.

Par contre, lorsqu'il exposa que la remise serait public, Shinku tira un peu la tête, elle trouvais ça un peu trop tape à l’œil, pas son genre du tout.
-Euuuuh il y a beaucoup de monde qui vient voir ça d'habitude parce que... Je suis pas tellement mal à l'aise en public, pas plus qu'une autre mais ce n'est pas mon genre de démonstration... Bon je suppose que ça me fera quelque chose à raconter...

Il était facile de le contrarier, mieux valait se plier à ses drôle d'exigence. Inutile de lui demander s'il y tenait absolument... Depuis le début il ne faisait pas dans la demi-mesure.
-Il ne me faudra pas plus d'une semaine pour faire l'aller-retour... Mais soit, ça me laissera le temps de me reposer chez moi... Oh et ce n'est pas un tas de ferraille, c'est un ami qui m'a sauvé la vie de nombreuse fois, et un précieux héritage. Sa valeur sentimentale est inestimable.

L'albinos espérait qu'au moins il reconnaissait ce genre de concept... Tout ce qui brille n'est pas l'or mais, parfois il y a des choses bien plus précieuse.
Son histoire d'absence de famille l'intriguait, mais cela expliquait peut-être une partie de son comportement...

La sorcière le regarda un instant pensive. Ce n'était pas un mal d'être un peu curieuse sans poser de question délicate...
Les cabales... Elle ne savait pas grand chose à leur propos si ce n'est qu'elles avaient une certaines influence à Faestelia.
-Hum... Bon et bien je vais me retirer. La sortie est par là pas vrai?

Que la sorcière précise qu'il ne s'agissait pas de ses affaires ne servait à rien  puisque de toutes façons, l'Incube n'aurait même pas daigné répondre. Voilà bien quelque chose qui ne la regardait pas. Et encore une fois, qui irait raconter sa vie et ses secrets à... A une inférieure ? encore une fois, une bien drôle d'idée.
En revanche, il ne cacha pas la satisfaction qu'il avait de gêner sa cliente en évoquant sa lubie pour l'exposition de la future oeuvre en public !

Evidemment qu'il y aura du monde. Je préviens toujours plus d'une heure avant de sortir de mon magasin, si bien que la plèbe s'agglutine, conglomérée par le bouche à oreille ! C'est une animation à laquelle beaucoup aiment assister, si bien que la circulation est complètement bouchée dans la rue quand ça arrive. Et au vu de la taille de ladite rue... Fais une estimation !

Et quelle animation à chaque fois ! C'était quelque chose de formidable. Sans savoir quand, plusieurs fois dans l'année, il arrivait que la grande rune de prévention sur la devanture s'illumine sans prévenir. Les gens étaient habitués, et quand ça arrivait, tous y voyait un moyen de se distraire de manière totalement imprévue ! Les autorités toléraient l'attraction puisqu'elle ne provoquait aucune trouble -sauf pour la circulation- et permettait aux commerçants alentours, surtout les taverniers, de faire beaucoup de chiffre. L'un dans l'autre, tous s'y retrouvaient : les commerçants pour le profit, le gens pour le divertissement, et Vaelh pour se gorger de tout ce que ses œuvres évoquaient dans la foule.

-Il ne me faudra pas plus d'une semaine pour faire l'aller-retour... Mais soit, ça me laissera le temps de me reposer chez moi... Oh et ce n'est pas un tas de ferraille, c'est un ami qui m'a sauvé la vie de nombreuse fois, et un précieux héritage. Sa valeur sentimentale est inestimable.

Valeur sentimentale, hmhm, fit-il d'un ton distrait, s'imaginant déjà le jour de l'exposition. Il trépignait intérieurement comme une enfant.

-Hum... Bon et bien je vais me retirer. La sortie est par là pas vrai?

Avant de lui répondre, Vaelh s'en alla derrière son comptoirs pour en tapoter le bois. L'instant d'après, une chemin de rune similaire à celui que la Sorcière avait suivi pour rentrer se matérialisa, balisant un accès pour la sortie.

C'est ça ! Va à présent, retournes t'en d'où tu viens, Sorcière ! Il employait un ton théatrale. Rappelles-toi : trois semaines. Bien sûr, viens avec la somme demandée. En cas de retard, je garderais l'arme !

C'était un mensonge bien sûr, il n'en voudrait pas de cette faux. Mais c'était toujours amusant de terminer en instaurant un petit doute dans l'esprit de sa cliente ! Et maître menteur qu'il est, impossible pour elle de savoir s'il disait vrai ou non.

-Comme si ce "tas de ferraille" n'allait pas vous encombrer plus qu'autre chose!
Dis-t-elle en haussant les épaules.

Et quand bien même il aurait pu tenter de la garder, elle aurait pu faire cramer toute la boutique pour la récupérer. Et sans scrupules vu le caractère de son propriétaire.
-Sur ce, je vous salue, nous nous reverrons dans trois semaines.

Shinku n'allait pas s'éterniser. Ce soir, dans l'auberge où elle avait déjà louer une chambre dans la matinée, elle attendrais que Tire-d’aile le faucon de la noble arrive.

Ah cette fille qui l'avait obligé à se rendre au bal de la Rose Noire en tant que doublure... Elle avait un peu maigri depuis la dernière fois mais, nul doute qu'en guise de payement, la noble allait exiger que Shinku lui serve encore de doublure aux grands évènements.
Judith sa servante s'était étonnée de voir l'amitié qui se liait entre la "roturière" et sa maîtresse.
Son père le comte devenait de plus en plus riche et tirait avec brio son épingle du jeu depuis l'arrivée du Démon proclamé Dieu, néanmoins toute cette agitation le faisait craindre pour la vie de sa fille, puisqu'il avait choisi de rester plutôt neutre face à se conflit, il ignorait si l'un u l'autre des deux camp n'allait pas essayer de lui forcer la main... Aussi il gardait sa fille autant en sécurité que possible.

La jeune comtesse elle, s'appelait Amalia Ivanonva des Terres Ambrées. Les ancêtres de son père étaient des parvenus et avait acheté leurs terres et leurs titres mais ils étaient désormais des bourgeois bien intégré dans la haute société. Visiblement leur richesse provenait de la détention de mines de matériaux ordinaires et de métaux précieux... Les matières premières, ça marche toujours.

Shinku avait lâché le faucon avec une lettre le matin même. Et ces petites bestioles volaient vite et longtemps. Nul doute que ce soir même il serait de retour avec la réponse...
Son amie était curieuse et vivait presque par procuration tant sa condition l'obligeait à rester cloîtrée dans l'enceinte de son château. La dernière fois elle avait fait des montagnes de l'assassinat du meilleurs guerrier d'un ami de son père, qui avait un peu montrer son affection pour les rebelles... L'albinos se disait qu'il ne devait pas être si bon que cela pour se faire trucider ainsi... Mais bon, les sujets de conversations "intéressant" était rare... Amalia se tenait surtout au courant de la vie sentimentale d'un peu tout le monde, et s'offusquer du célibat de Shinku, y revenant sans cesse malicieusement.
C'était une certitude qu'elle allait la harceler pour qu'elle lui transcrive l'entièreté de sa rencontre avec cet incube, et Shinku le ferais sans rechigner. Elle lui devait un tel service après ça...

Une fois le chemin de rune passé, elle se retourna une dernière fois sur la boutique. Cette dernière dénotait vraiment avec le reste du quartier...
Trois semaines donc, avant de revoir son arme fétiche. C'était vraiment long!

HRP: