Terra Mystica

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 Alastair Zelphos

 
Alastair Zelphos Sand-g10Lun 4 Mar - 15:34
Alastair Samhain Zelphos

 Sombre – tourmenté – bien intentionné – passionné par la magie – arrogant – mage de génie - méfiant
Information
Surnom  
Âge : 76 ans
Nationalité : Terre
Profession : Grand prêtre de Zelphos.
Camp : Aile Ténébreuse.
Noblesse : Aucun.
Croyance : Conscience aigüe de la nature. S'il avait un dieu, ce serait la magie.
Famille : Aucun
Mort :  Oui.
Race
Humain.
Caractère

Alastair a une personnalité bien différente de l'image que peuvent se faire ceux qui ne connaissent que ses actes, et qui l'imaginent surement fou, tyrannique, sadique, et le tiennent responsable de la majorité des fléaux qui sont survenus sur Terra Mystica.
Il n'en est rien. Le mage tenu pour l'incarnation des plaies qui traversent le continent, à cause de la faille qu'il a ouverte, est certes tourmenté, mais il n'a rien de dément, et possède une lucidité supérieure à bien des humains.

Les êtres pensants sont indignes, selon lui, d'exister. Ceux qui se proclament civilisés sont pires que les plus sauvages des animaux, car ils exercent sur la nature une destruction programmée. Ou ils ne sont pas conscients de ce qu'ils font, et doivent être arrêtés, ou ils le sont et ne méritent pas de vivre.

Paradoxalement, la magie est pour lui une raison de vivre : toujours à la recherche de sources de pouvoir, d'une utilisation novatrice et d'éléments disparus dont la résurgence pourrait changer la face de l'humanité, son existence a été dévolue à la magie. Conscient du danger qu'elle présente aujourd'hui, il ne regrette cependant pas sa vie passée à l'étudier, car son travail lui permettra de sauver Terra Mystica. Il faut combattre le feu par le feu, et ce proverbe lui semble parfaitement justifié. Après son usage de la magie, elle sera ou abandonnée, ou encore tous ceux capables de la manier n'existeront plus, suite aux guerres.
Sa vision du monde, néanmoins, est altérée par la magie, qu'il retrouve dans toute chose, tant par ses prédispositions naturelles que par son travail acharné qui lui aura dévoilé la nature de l'univers. Cela en fait un mage de génie, bien avant un Grand Prêtre, capable de saisir les moments propices à la réalisation de tel ou tel acte, la démarche qui sera la plus efficace.

De ce fait, il est devenu assez arrogant. Sa supériorité naturelle, combinée aux efforts qu'il a mobilisés pour arriver à un tel stade de maîtrise, l'ont conduit à s'élever au-delà de nombre de mages. Conscient de sa valeur, Alastair en est venu à mépriser les autres. Les magiciens de son rang, peu nombreux, étaient un danger avant tout, s'ils ne le comprenaient pas, et provoqueraient la chute de ce monde. Il n'avait pour eux que dédain et méfiance. Ceux qui ne pouvaient arriver à sa hauteur étaient, eux, en dessous de tout ce qu'il avait fait, et ne pouvaient saisir ce qu'il avait du accomplir.

Le souci survenant avec des plans d'extermination du monde vient de l'opposition rencontrée. L'espionnage, les tentatives d'assassinat, notamment. Ne s'aventurant pas sur les champs de bataille, la guerre directe n'est pas un problème pour le mage, alors que cette guerre indirecte l'est. Il n'est pas rare, également, que de faux adeptes viennent dans l'espoir d'anéantir de l'intérieur la religion de Zelphos.
Beaucoup de problèmes qui font tourner une méfiance naturelle et positive à une autre plus proche de la paranoïa. Ce serait être fou qu'être naïf, dans la position d'Alastair, et quand on est connu pour être la source du malheur de nombre de peuples, il est nécessaire de ne se fier à personne.

Physique
 La première chose qui se remarque chez Alastair est son âge avancé, qui se traduit par des cheveux blancs, des rides et une fatigue apparente, causée par le poids des ans. Elle ne se remarque pas par une démarche voutée et claudicante, mais par une sorte d'assurance, signe de son expérience, et par une lenteur des gestes, qui vient elle de l'action du temps.
Les ravages qu'il a provoqués se retrouvent également dans son regard, las, mais également assez sombre, et qui fourmille des idées qui traversent sa tête à chaque instant, des réflexions qui le travaillent et des plans qui s'enchaînent et s'y organisent. Le regard de quelqu'un qui a vécu bien longtemps, et dont l'existence se limite à l'accomplissement d'une tâche vitale, qui explique à elle seule leur attachement à la vie.

La tête du Grand Prêtre est marquée d'une semblable manière. Épargnée par certains maux, constellée d'autres, elle n'a pas eu à subir la calvitie, mais est parsemée de rides, au niveau du front notamment, et présente une lassitude indéfinissable mais pénétrante. Le regard, évoqué plus haut, de ces yeux trop clairs, en est surement pour une bonne part, mais les cheveux d'Alastair sont également responsables. Fins comme les fils toile d'araignée, en possédant la couleur, et tenant leur longueur de la négligence qu'il a pris à leur égard.

Cela ne signifie pas que le magicien ne prête plus la moindre attention à son corps ; il l'entretient, et tient à vivre assez longtemps pour accomplir son œuvre. Conscient de la nécessité d'être en parfaite santé pour recourir à la magie, il est seulement peu attentif aux nécessités de l'apparence, ses apparitions en public exceptées : il est nécessaire de convertir de plus en plus de mysticiens. De toute manière, la longueur de ses cheveux lui confère une aura de sagesse et d'expérience, étant associée à ces valeurs dans l'imaginaire collectif.

La foi absolue d'Alastair en son but lui confère une certaine dignité et autorité, et il essaye de la renforcer en ayant en public l'attitude qui s'y rapporte, ne laissant l'emprise de l'âge libre que dans l'intimité, où il se soucie bien moins des conventions. Cette attitude se caractérise par une posture droite, et une assurance manifeste, dépourvue de la moindre précipitation ; une voix claire, empreinte de solennité. Conscient de sa grandeur physique, il l'y exploite du mieux qu'il peut.
Sa taille haute est renforcée par une maigreur avancée, résultat des privations endurées nécessaires à ses recherches, et aux nuits blanches passées dans l'étude de documents et de leur source.

Des mains ridées, mais soignées, portant la marque de nombreuses expériences (al)chimiques, souvent utilisées au cours de l'existence du Grand Prêtre, non ornementées, complètent le tableau qu'un observateur attentif pour dresser du personnage.
Capacités
Armes : Des potions aux effets divers.
Pouvoirs : Grand savoir magique et alchimique. La magie est cependant inutilisée, et conservée en vue de l'ouverture d'une autre faille, sauf en cas désespéré. Il maîtrise des sorts complexes, mais peu coûteux, ainsi que la magie des runes qui peut servir de piège, ou de base à une invocation.
Il est capable d'utiliser toute magie tant qu'elle ne touche pas à l'intérieur d'un être vivant - ses organes -, ne peut lire dans les pensées. Incapable également d'utiliser les éléments.
Familier : -
Artefact : -
Autre : -
Histoire

Fils unique d'une lignée de mages itinérants, Alastair eu une enfance assez mouvementée, marquée par les voyages et l'apprentissage. Ses parents étaient doux, mais exigeants. Ils l'étaient cependant bien moins qu'il ne l'était envers lui-même.
Il travailla pour les aider assez tôt, en cherchant des plantes et en les assistant dans divers travaux. Il leur arrivait de se mêler aux troupes de bateleurs, de temps à autre, afin d'éviter de nombreux tracas rencontrés sur les routes. Ils les aidaient, en échange, grâce à leurs connaissances, notamment en terme de maquillage et d'effets magiques. Ces évènements étaient rares, cependant. Les parents d'Alastair évoluaient davantage en pleine nature, et observaient davantage la culture de civilisations anciennes et retirées, plutôt que celle des villages qui attiraient les troupes.

La recherche du savoir, et une vie équilibrée était leur credo. L'enfant se plaisait aux découvertes, mais ne comprenait pas la rigueur qui lui était imposée, et regrettait les départs. Il partait cependant toujours avec ses géniteurs, en quête de connaissances. Ils ne pensaient pas la trouver dans des bibliothèques poussiéreuses, mais sur le terrain. Leur fils acquit de ces expériences un goût pour l'aventure, et un amour de la nature. Il s'ouvrit l'esprit, et apprit beaucoup. L'utilité de nombreuses plantes, l'usage de certains sorts. Malgré la difficulté qui résulte du transport de la verrerie nécessaire à l'alchimie, ses parents avaient pris le nécessaire pour confectionner des potions qui seraient fort utiles une fois sur les routes. Des remontants, ou du maquillage perfectionné qui leur permettrait de gagner l'affection des forains.
Ils instruisirent la chair de leur chair avec attention, et remarquèrent vite en lui de grandes prédispositions à la magie, et semblait comprendre sans grande difficulté les relations entre les éléments. Il apprit, et découvrit avec eux les bases, ainsi que quelques informations plus complexes.
Cependant, cela ne suffisait plus. Aussi, les arrêts de la famille s'allongèrent, au fur et à mesure qu'ils découvraient d'autres professeurs pour leur enfant. Il comprenait rapidement, cependant, et il fallait repartir.

Au bout d'un moment, vers le début l'adolescence de leur fils, elle dut se sédentariser, bien que cela n'ait pas été prévu. Il aurait été un crime de gâcher le talent d'Alastair, et il fallait l'inscrire à une université qui serait plus à même de révéler son potentiel.
Il s'agissait d'une université réputée, qui avait déjà formé des mages célèbre à l'époque. Le jeune réussit à passer les examens préliminaires sans souci, et se retrouva immergé dans une vision de la magie différente, non plus basée sur les civilisations reculées, un usage raisonné et une compréhension de la magie, mais vers une étude plus pratique, qui passa par de nombreux stades.
Il se débrouillait fort bien, et comprenait aisément. Il souhaitait plus, cependant. La magie était une diamant aux facettes multiples, et qui n'était que partiellement taillé. Il souhaitait le perfectionner, et explorer chacune de ces faces, tout comprendre, et travaillait dur.

Ses parents s'installèrent en entrant dans une section de recherche sur la magie. Il était utopique de prétendre devenir apothicaire ou alchimiste dans une ville qui en comptait tant de renom. Alastair s'intéressait à leur travail, mais il perfectionnait davantage son approche de la magie, ainsi que d'autres sujets qui étaient également au programme de l'université. L'étude de l'histoire du monde, celle des Anciens en particulier. La compréhension des espèces vivantes, végétales et animales. La géographie, ainsi que des travaux portant sur les énergies fondamentales de ce monde.
Habitué à une enfance solitaire, car craignant de perdre ses amis au cours du prochain départ, le jeune adolescent mit du temps à se faire, et à l'idée d'être installé pour de bon, et des amis. Il y parvint, cependant.

Il rejoint un groupe de quatre autres élèves. Lucien était l'un d'eux, une personne attirée par l'utilisation de la magie plus que par son fonctionnement. Il pensait que la magie était au-delà de la compréhension des hommes, et qu'il était vain de chercher à comprendre son essence. Il s'opposait en cela à Sonia, qui croyait que les êtres pensants ne devraient pas utiliser la magie avant de l'avoir comprise, et devaient la découvrir afin de s'interroger sur son usage.
Guillaume, lui, représentait un avis plus neutre. Il pensait néanmoins à la nécessité de comprendre tous les domaines de la magie, ainsi qu'à celle de se tempérer dans son usage. Une débauche de pouvoir ne faisait pas le mage, qui devait aussi connaître la nature du monde qui l'entourait.
Louise était la dernière, et pensait que chercher à être polyvalent était une perte de temps. Se focaliser sur un domaine précis était la meilleure manière d'être efficace, et il valait mieux qu'il y ait plusieurs mages chacun spécialisé, plutôt qu'une pléthore de magiciens qui soit incapable de lancer le moindre sort complexe.
     Malgré la diversité de ces avis, ils étaient tous cordiaux et écoutaient les opinions opposées aux leurs avec attention, et s'entraidaient lorsqu'il en était besoin. Cette entente s'étendait à d'autres domaines, et le groupe discutait d'un peu tout.

La jeunesse d'Alastair ne fut donc pas totalement dévouée à un travail forcené. Ce qui fit de lui le plus grand mage à ce jour vient de ses capacités naturelles et de son esprit. Ses actes ne trouvent pas leur source dans une enfance malheureuse, mais dans une expérience réaliste qui vient de l'âge adulte.

La difficulté imposée lors des études augmenta progressivement, mais grâce au soutien des parents d'Alastair, ainsi que de ses amis, il y arriva sans trop de peine. Arrivant même dans les meilleurs de sa promotion, sur tous les plans.
Aussi, de nombreux choix lui furent offerts, plus nombreux qu'à ses camarades, d'ailleurs ; ce n'était cependant pas très grave, étant donné qu'ils purent tous choisir la branche qui les intéressait le plus. Lucien, dans le perfectionnement de sorts existants, Sonia dans l'étude des forces qui régissent le monde.
Louise, quant à elle, se pencha vers sa spécialité : les sortilèges offensifs.
Ce choix apparaissait étrange, mais ses amis la comprirent, et surent qu'avec son bon cœur son pouvoir serait laissé en cas d'une guerre quelconque, ou pour protéger les faibles d'animaux sauvages.

Alastair, lui, alla plus loin. Il décida d'essayer d'aller dans un enseignement général plus avancé, avec Guillaume. Ils aspiraient tous deux à appréhender la magie dans son essence, bien que l'un chercha une maîtrise totale, et l'autre une compréhension de certains de ses aspects qui n'étaient abordés que dans les classes supérieures, tel que les magies alternatives, ou l'étude des races magiques, ainsi que d'autres recherches.
Il avait alors vingt ans, et continuait d'étudier lorsqu'il le pouvait l'alchimie avec ses parents, les manipulations rudimentaires comme celles plus techniques, les recettes et les expérimentations. Bien que leur fils soit à présent en âge de se débrouiller seul, ils s'étaient fait à l'idée de vivre en ville. Et surtout, ils ne se sentaient pas capables de l'abandonner, et voulaient le soutenir jusqu'au bout.

Alastair travaillait toujours dur, et formait avec Guillaume un duo inséparable. Bien que le groupe continuât de se fréquenter, l'éloignement du aux changements de direction avait rapproché les deux compères en les isolant. Lors des projets de groupe, c'était ensemble qu'ils travaillaient. La magie les intéressait tous toujours autant, et chacun livrait quelques éléments de sa formation, afin d'informer les autres de ce qu'ils trouvaient intéressant, et ils apportaient soutien à un camarade. Même lorsqu'ils n'avaient a priori pas les connaissances requises, chacun en apprenant plus sur les rêves futurs des autres à partir de leurs études et de leurs propositions. L'alliance de ces cerveaux produit bien souvent des résultats surprenants, mais positifs.

Plus le temps passait, cependant, et moins ils avaient de temps disponible les uns envers les autres. Ce n'était pas du à une compétition acharné, mais à un niveau de plus en plus exigeant. Les arcanes les plus secrètes de la magie ne sont accessibles qu'aux personnes qui sont prêtes à s'y investir corps et âme, ce que fit Alastair. Guillaume, quant à lui, cessa au bout de trois années de suivre le même cursus que son ami. Il ne souhaitait pas se spécialiser, et avait selon lui appréhendé bien des aspects de la magie, et souhaitait comprendre les autres facettes du monde. En attendant, il souhaitait enseigner.

Alastair se retrouva seul sans l'être, entouré de ses amis mais plongé dans un univers qu'il devait saisir sans aide. Cela ne lui posait pas de souci, autre que celui de l'éloignement. Il avait toujours saisi rapidement, la hausse du niveau général s'accompagnant chez lui d'une augmentation, plus rapide, de sa compréhension du monde. L'alchimie fut étudiée, domaine qu'il maîtrisait. Une étude très poussée de certains écrits des anciens, et de l'histoire du monde survint. On vint à approfondir les raisons de la variété des manières qui servent à obtenir le même sortilège, à des coûts divers, ce qui prit de nombreux mois. Les exemples étaient nombreux, ainsi que les types de sortilèges abordés, et chacun répondait à des codes différents. Les notions apprises plus tôt étaient dérisoires en comparaison de la masse de travail à fournir.
A ce stade des études, il y avait peu d'élèves. Et Alastair ne noua pas d'amitié semblable à celle établie avec Louise, Guillaume, Sonia et Lucien.

Certaines années furent harassantes mais il les supporta, pensant que la magie valait bien qu'on se fatigue pour elle. Sept années, au total, furent passées sans Guillaume, avec de moins en moins de compagnons. Les professeurs, au bout d'un moment, n'eurent plus rien à lui apprendre. Ils pouvaient, à vrai dire, aller encore plus profondément dans certains sujets. La magie ne se maîtrise pas en 20 années. Mais il était préférable, à ce stade, que les mages soient plus indépendant. Ils avaient passé de trop long moments en étudiants, et devaient découvrir le monde par eux même, ou pratiquer un travail, faire des recherches. Suivre des enseignements auprès de chaque spécialiste du pays plus longtemps aurait contribué, malgré la part d'expérimentation et de pratique, à la formation d'encyclopédies plus que d'individus.

L'oiseau devait voler de ses propres ailes.

Avant que cela ne se fasse, il revit ses amis. Sonia s'était fiancée, et Guillaume cherchait l'âme sœur, et recherchait une vie simple. L'enseignement le satisfaisait, et il ne pouvait abandonner ses élèves. Louise, elle, était tentée par l'idée. A tel point qu'elle était déjà partie, une année auparavant, après leur avoir annoncé sa décision. Enfin, Lucien était tenté, mais aspirait à aller vers la capitale pour développer ses capacités autrement. Il était même surpris qu'Alastair pense qu'il trouverait le savoir au creux des routes, alors que les bibliothèques recelaient tant de savoir. Malgré les désaccords, ils se quittèrent cordialement, dans l'espoir de se revoir.

Il reprit les routes, seul cette fois-ci. Ses parents étaient trop âgés pour vivre comme ils avaient vécus, et pensaient que materner leur fils encore plus longtemps aurait été une erreur. La crainte en eux était tempérée par la puissance de leur fils, qui avait au cours de ses longues années d'études appris tant de choses, compris tant de sortilèges. Il en savait plus qu'eux, à présent.
Sahawi était son but. Il s'agissait d'une savane, qui ne semblait pas être intéressante. Alastair allant dans l'extrémité Ouest, notamment, donc à l'opposé de la plus grande ville : Faestelia.

Il était pourtant nécessaire de mieux connaître cette contrée. De découvrir d'où provenait le feu que dégageaient les animaux qui y vivaient, d'étudier les plantes. Découvrir par soi-même. Expérimenter des techniques, trouver des améliorations. Rencontrer des tribus solitaires.

Pour y aller, il fallait traverser les plaines mystiques, un lieu tranquille et habité. Divers villages parsemaient la route, et il était simple de se ravitailler, après une longue journée de marche. Le temps nécessaire n'effrayait pas tellement Alastair, qui allait comme durant sa jeunesse. La marche était soutenue, un peu rapide, et ponctuée de pauses régulières et inattendues. Les premières venaient du repos et des repas, les secondes des plantes remarquées ici ou là, d'une construction intéressante. Le croisement avec un autre voyageur, les échanges qui s'en suivaient, cordiaux.
Dans cette partie du monde, Alastair n'eut pas le moindre mal à survivre. N'importe quel mysticien aurait pu le faire. Il connaissait parfaitement les herbes, la marche à suivre pour les récolter, et transportait à l'image de ses parents une verrerie nécessaire à l'alchimie. Il se servait néanmoins de ses pouvoirs pour se passer de la majorité à transporter, et n'avait sur lui que celle élémentaire, qui était utile dans beaucoup de circonstances. Enfin, il avait sur lui assez d'argent pour se ravitailler dans les villages, ce qui palliait à la vacuité alimentaire des plaines, qui ne pouvait être outrepassée autrement qu'en volant les fruits ou les bêtes de braves paysans.

Dormir à la belle étoile rappela au voyageur son enfance, et il s'y fit rapidement. Un sortilège d'alarme suffisait à le garantir des bêtes sauvages. La vie était assez simple, mais peu intéressante. La liberté était plaisante, mais l'apprentissage faible. Après avoir passé presque vingt ans à travailler la magie assidument, Alastair avait l'impression de stagner.
La savane approchait, finalement. L'herbe était moins drue, plus ocre que verte, et les constructions se raréfiaient. Les connaissances du mage étaient cependant suffisantes pour qu'il ait l'impression d'avoir vécu ici et d'en connaître les moindres recoins. Le feu était présent dans de nombreux lieux, dans les brindilles comme dans les animaux. L'un d'eux, même, était immunisé à la magie grâce à ses écailles, le Shakcha. Et la majorité d'entre eux étaient agressifs. Il était nécessaire de connaître des techniques de protections. Cependant, cela ne semblait pas suffisant.

L'alchimiste pensait pouvoir contrer ces animaux la où le mage peinait. Il n'avait cependant pas les ingrédients nécessaires. Il fallait inventer une substance capable d'inhiber le feu, plus puissante que l'eau. Ou une encore qui pourrait augmenter son intensité sans le nourrir, afin de le faire vite mourir. Cette dernière semblait plus simple à mettre en œuvre que la première, dans cet environnement. En attendant, Alastair se contentait de désorienter les animaux, de les attirer ailleurs.
Le mage pouvait également avoir des idées. Les animaux insensibles pouvaient être attaqués de l'extérieur. Asphyxiés, en étant enfermés. Cela semblait cependant dur à réaliser, vu l'agressivité de la bête. Il était également possible de se rendre insensible à la chaleur. Par une potion, ou un sortilège.
Cela semblait également possible. Cela avait déjà été fait. Beaucoup de recettes avaient été créées depuis l'invention de l'alchimie, beaucoup de sorts depuis que les êtres pensants avaient su maîtriser la magie.

La savane était également remplie de tribus. Une multitude, qui se montra étonnamment accueillante envers le mage à la peau claire. Il en avait déjà rencontré certaines, jeune, lorsque ses parents voyageaient encore.
Elle était savantes, contrairement à ce que certaines personnes pouvaient penser. Et il y avait peu de chance que toutes leurs connaissances aient été référencées dans une bibliothèque. Le mage, enfant, avait appris quelques notions avec une des tribus. Il ne pouvait encore saisir ce que l'adulte comprenait. Ainsi, il était revenu, désireux de comprendre ce qui lui avait à l'époque échappé.
Respectueux, il s'était installé quelque temps dans certaines, et observé leurs coutumes. Elles étaient nombreuses, et il en redécouvrait certaines. Il observait également les conflits entre tribus, ce qui lui avait échappé jeune.
Il était possible que Louise ait choisi la magie offensive dans un tel but. Se protéger de razzias. Alastair s'efforçait de ne pas trop s'impliquer, lorsqu'elles survenaient. La tribu qui l'hébergeait avait sans doute attaqué un jour celle qui l'attaquait. Participer à la défense aurait été en un sens injuste.

Il était absurde que des peuples comprenant des médecins si sages guerroient entre eux. C'était décevant. La magie élémentaire que maitrisaient certains Sahawiens servait alors à anéantir l'adversaire.
En parallèle, ils étaient si chaleureux. Mais trop pauvre pour qu'un voyageur puisse s'implanter durablement.
Aussi, le mage erra dans Sahawi d'ouest en est, de tribu en tribu, afin de parfaire ses connaissances sur le pays, et sur diverses techniques médicales. Il en ressortit riche de savoir, mais hanté par les cris de guerre et le mauvais usage de la magie que pouvaient faire les hommes même qui en faisaient le meilleur.

Il découvrit la capitale de ce lieu, qui l'impressionna. Cependant, il ne tint pas à rester longtemps. Pas plus de temps qu'il ne lui en fallait pour rencontrer quelques mages, se réapprovisionner. Compter sur l'aide des tribus uniquement était une mauvaise idée.

Les nids de phénix l'attirèrent également. Pour élaborer des potions, leurs plumes pouvaient être nécessaires. Leurs œufs également. Ces créatures magiques étaient assez communes dans les montagnes de ce lieu, mais terriblement agressives.
Alastair réussit néanmoins à y aller, et à découvrir des plantes qui semblaient ne pousser qu'en ce lieu, ainsi que les ingrédients qu'il était venu chercher.
La répétition acharnée des même sorts, exigée à l'université, lui sembla claire à ce moment là. Elle lui avait permis de lancer rapidement des sorts défensifs, sans faire d'erreur, dans des moments de fatigue et de peur. Sa survie y tint pour beaucoup.

Mais il ne s'agissait pas tant d'un but que d'une étape. Volcania était sa destination finale, dans la région de Feu.
Rencontrer un dragon était passionnant, et il pourrait découvrir de nombreuses choses, s'abreuver de sa sagesse. Cependant, il fallait se préparer au mieux, et c'était pour cela qu'Alastair avait bravé les phénix. Il devait trouver un moyen de résister à la chaleur, avant tout. Et il ne le pourrait que grâce à l'aide de leurs plumes.
Il s'agissait d'une recette difficile à faire, tant par les ingrédients à récolter que par les manipulations. Au bout de quelques essais, L'alchimiste parvint cependant à obtenir un mélange satisfaisant, qui le garantirait des monstres, si les légendes étaient vraies. Et tout au moins de la chaleur d'un volcan en activité.
Il fabrique également cette substance capable d'inhiber le feu. L'expérimentation étant ce qu'elle était, elle se révéla peu efficace mais elle pourrait l'aider néanmoins.

La chaleur était au-delà de toute description. Sans la promesse de la rencontre avec une des créatures les plus sages au monde, jamais le mage n'aurait tenu. L'aventure était bien là, et dix années de plus à l'université ne l'auraient pas préparé à cela.
Des salamandres crachaient du feu, et étaient là par centaines. Les rares chemins encore praticables étaient au dessus de bassins de lave. La lave elle même semblait vivante, et des boules de feu en montaient. Le dragon ne devait pas voir beaucoup de monde.

La mort le frôla de nombreuses fois, avant qu'il ne rencontre enfin le dragon, perché sur un gigantesque tas d'or. Il était gigantesque, d'un rouge éclatant. Ses crocs faisaient la taille d'un elfe, son corps était bardé d'écailles. Les conteurs n'avaient jamais exagéré en parlant de lui. Beaucoup d'amateurs de l'hyperbole s'étaient même montrés prudent, en regard de la réalité.

Le dragon oscilla entre une attitude surprise, et une dédaigneuse. Le courage de l'humain ne lui ôtait pas son statut d'humain, de vermisseau en regard de la bête mythique qu'il était. Il n'était pas le premier à être venu, mais semblait moins affecté que la plupart de ses prédécesseurs.
Le vermisseau était habile, et semblait noble de cœur. Le dragon entrevoyait déjà une personne ayant un grand respect pour la nature, une maîtrise avancée de la magie, et une connaissance du monde. Sa quête de savoir était noble.
Il entrevoyait cependant dans le futur de cet être les plus grandes noirceurs.
Lui révéler son futur pourrait le modifier, ou le faire se réaliser. Il lui était cependant devenu courant de le faire, par bribes, à ceux qui venaient le voir, et étaient respectueux de sa personne. Les autres étaient carbonisés.

"Tu seras de ceux qui bouleverseront ce monde. Ta noblesse te mènera à une folle sagesse, et tous parleront te toi en exemple, dans un sens qui évoluera lors de ton existence. De ta main, deux seront un, et tous ne seront point." dit-il.

Alastair émit le vœu inconscient d'étudier auprès du dragon, et d'apprendre de lui des vérités cachées. Il avait bu tout récemment une pleine rasade de son philtre de résistance au feu, et se tenait prêt à ériger une barrière magique, avant de fuir.
Le saurien aurait été surpris de cette demande, s'il n'était clairvoyant et prophète. Il le fut, mais point autant qu'un autre l'eut été.

"Tu peux demeurer, humain. Mais ne compte pas sur moi pour assurer ta subsistance. Jusqu'à ce que tu me lasses, tu pourras apprendre de moi, mais tu devras alors partir, ou je te grillerai. Le feu d'un dragon est suffisamment puissant pour outrepasser tes protections."

Vivre dans Volcania était compliqué. Alastair ne se risquait pas à quitter le volcan pour aller au loin, et ne s'éloignait pas trop. Certaines créatures apparaissaient cependant comestibles, et il trouva diverses méthodes lui permettant d'économiser ses plumes de phénix.
Il tenait à converser avec le dragon le plus possible, afin de parfaire son savoir. Les dragons ayant une conception différente du temps de celle qu'ont les humains, celui-ci ne se lassa pas trop vite de cet être talentueux et vif. Il le laissa plusieurs mois apprendre de sa sagesse, comprendre que de nombreuses méthodes apprises auparavant étaient inexactes et peu pratiques. Il ne lui révélait que partiellement ses connaissances, afin d'étudier l'humain, et le laissait le questionner, sans penser à faire de cours. Le respect d'Alastair envers le dragon le sauva plusieurs fois d'une combustion spectaculaire.

La patience du saurien s'épuisa, cependant, et il aspira au bout d'un temps à la tranquillité. Une torpeur bien méritée, sans devoir répondre à cet humain. Il progresserait sans lui, de toute manière.
Le mage comprit vite qu'il n'était plus réellement le bienvenue, et qu'il était temps de partir.
Il était donc temps de reprendre la route, fort de ces connaissances, trésor qui équivalait à plusieurs années d'étude dans une université humaine. Le magie coulait en lui plus vivement, les sorts auparavant compliqués étaient devenus intuitifs. Il pouvait complexifier ces sorts, et était capable d'entrevoir de nouvelles possibilités.

Les montagnes appelaient le voyageur, après qu'il ait traversé le feu et en soit ressorti purifié.
Des légendes fabuleuses en émanaient : des cités magiques, remplies d'artefacts capables de tout. Le dragon était resté muet à ce sujet, mais, si la légende de Volcania s'était avérée vraie, pourquoi celle concernant Sola ne serait qu'un tissu de mensonges ?

La marche reprit, et il fallut se réhabituer aux températures normales, qui après la fournaise semblaient anormalement fraiches. La Terre des phénix, après Volcania, n'était plus un grave problème. Les animaux enflammés de Sahawi faisaient pâle figure face aux salamandres, surtout après s'être réapprovisionné en ingrédients.
Les plaines ressemblaient à un paradis après l'enfer, une zone sans la moindre importance.

Avant de trouver cette cité des légendes, il était nécessaire d'atteindre la capitale des Montagnes, pour se renseigner. Partir au hasard dans les montagnes équivaudrait à se livrer à une mort certaine.
Tilamus était un lieu grandiose, mais bien trop petit. Tout était à la taille des nains, sauf dans quelques endroits bien spécifiques.
Comme dans le jardin des merveilles, qui était fascinant. Rempli de dragons, bien moins imposants que celui de Volcania. Il était cependant difficile de négocier l'obtention des plantes rares qui y poussaient. De nombreux ingrédients n'existaient qu'à Tilamus, en réalité, et des gemmes et des herbes. Coûteuses, impossibles à acquérir.

Il fallut du temps pour se renseigner. Nombre de nains étaient sceptiques, la majorité incrédule. En parallèle, il fallait bien vivre ici, et se loger dans une auberge faite pour les touristes, car les autres étaient bien trop petites. La vente de potions fut nécessaire à ce projet. Leur efficacité lui permit de négocier quelques herbes, qu'il utiliserait à bon escient. Les gemmes par contre restèrent hors de sa portée.
Au bout de quelques semaines, au moment où il allait perdre patience, il trouva finalement un interlocuteur qui semblait savoir des choses sur la cité mythique.
Son discours était confus, et il déconseillait vivement de chercher à rejoindre ce lieu.
Il céda néanmoins devant l'assurance du mage, et lui donna une carte et des indications rudimentaires.

La traversée de Sola prit un peu du temps. Le terrain était assez inégal, les habitations éparses. Les personnes y vivant étaient plus occupées à creuser partout sous terre qu'à s'occuper de magie. A la recherche de richesse, elles éventraient le sol.
Ce qui prit plus de temps, cependant, ce fut l'errance autour de la localisation présumée de Foam. Alastair alla jusqu'aux montagnes noires, et s'y perdit longtemps. Il était difficile d'y vivre, à part avec les baies qui y poussaient. La magie seule permettait de se chauffer, et il faisait froid en altitude.
Obstine comme il était, le voyageur chercha longtemps. Il crut mourir de nombreuses fois. Cadavre incapable de transmettre son savoir, qui ne serait identifiable, seule marque d'un génie qui avait perdu la vie à la recherche d'une fable.

Au bout d'un moment, il cessa les recherches. Il ne pouvait se permettre de trépasser. Toute son énergie magique s'était épuisée à le nourrir, dans une volonté de survie, lorsqu'il put enfin rejoindre la civilisation. Il avait quitté les montagnes pour atterrir devant un village qui lui était inconnu.
Une semaine plus tard, il se réveilla. On l'avait nourri dans son sommeil, et s'il se sentait faible, il était vivant.

Alastair apprit qu'il avait dépassé les montagnes noires. Non loin, il y avait la mer, ou les marais. Il devait cependant se reposer...
Dans le temps de son trajet, il avait perdu ses provisions, ses ingrédients. La plupart de sa verrerie s'était brisée dans l'errance. Son carnet de voyage était heureusement intact.
Le village était paisible, et les habitants gentils. Éloignés du monde, néanmoins, et s'en souciant moins que les résultats de la prochaine pêche, ils l'avaient surement sauvé. Il s'agissait, de ce fait, d'un peuple isolationniste, qui s'était exilé pour tenter une expérience de vie différente, sans impôts, sans hiérarchie. Une utopie qu'ils avaient rendu réalité. Les résultats de la pêche et des récoltes étaient partagés lors de grands repas collectifs, les profiteurs étaient mis au ban. Ce village était créé depuis peu, cependant, et il s'agissait de la troisième génération, ce qui expliquait le faible taux de paresseux. Les adultes étaient les petit-fils de ceux qui avaient bâti ce rêve vif.
Ils s'efforçaient de vivre en paix avec la nature, et avaient accueilli le voyageur qui s'était évanoui à proximité de leur maison.

Alastair demeura longtemps ici. Il fallait reprendre des forces, et il se sentait assez bien, pour le moment. Il aidait comme il le pouvait, avec ses pouvoirs, ses bienfaiteurs, et il lui arrivait de leur conter son aventure.
L'un d'eux, nommé Nelad, se plaisait plus que les autres à les entendre. Il assurait la position de mage, parmi ses confrères. Il était à peine plus jeune qu'Alastair, mais était bien moins savant, et demandait à apprendre.
Ainsi, ce qui ne devait être qu'une simple halte se transforma en séjour. Nelad se montrait avide de connaissances, et un fort lien se noua entre le "maître" et son disciple.

Cependant, malgré l'affection que le premier vouait au second, il souhaita au bout d'un temps rentrer chez lui, revoir ses parents et ses amis. Il se contenta de leur envoyer une lettre, au début, par téléportation, pour les assurer de sa survie, avant de leur transmettre son carnet de voyage.
Dans un autre sens, il aspirait à fonder une famille, après plus de trois années d'errance. Il y avait de nombreuses femmes qui étaient aimables, et semblaient l'apprécier. Il s'était lié d'amitié avec l'une d'elle, Silène, et ils finirent par s'unir au yeux de son peuple d'adoption. Il recevait des nouvelles des siens par le même procédé qui lui permettait de leur envoyer.
Ce fut un temps paisible. Il semblait qu'il aurait bientôt un enfant, et il prévoyait de s'installer, alors que Nelad, lui, semblait vouloir partir. Explorer le monde.

En ce qui le concernait, la nostalgie ne suffisait pas à le priver du bonheur qu'il s'était forgé.

Cependant, des incidents imprévus le forcèrent à repartir. Une lettre reçue, plus pressante que les autres, en l’occurrence. Ses parents étaient malades, et il devait les voir. Ses amis l'attendaient, et espéraient qu'il viendrait vite.
La téléportation est une magie délicate, mais Alastair avait vécu la plus grande part de sa vie là où il projetait d'aller. Pour retourner d'où il venait, il était nécessaire de placer une marque. Le village était dur d'accès, et n'était référencé nul part, les cartographes n'étant pas venus récemment.

Le sortilège de repère fut simple à mettre en place ; la téléportation vers Terre également. Les adieux furent brefs. Silène comprenait le besoin de son cher et tendre de retrouver ses parents, et Nelad lui souhaita bon courage. Les autres villageois se soucièrent peu du départ, à l'exception de quelques uns, qui manifestèrent leurs vœux de rétablissement. L'absence devait être courte, et ne pas excéder le mois, afin que l'enfant ne naisse pas sans son père.

Le grenier, point d'arrivée, était désert. Alastair se hâta et descendit, découvrant par là ses amis et sa famille. En réalité, la mère ne souffrait que de l’émoi que lui causait l'état de son mari. Lui, en revanche, avait attrapé une maladie difficile à guérir. Les Sahawiens connaissaient des remèdes. Le mage le savait, il les avait vu à l’œuvre et avait beaucoup appris d'eux.
Ses parents n'avaient plus beaucoup d'ingrédients. Heureusement, ses amis en avaient. Il avait toujours été le meilleur alchimiste de leur groupe, et n'avaient pas osé faire grand chose avant sa venue, qui serait prompte grâce à la téléportation.
Un remède était possible, mais les préparations alchimiques mettent du temps à se préparer si on les veut optimales. Dans les Terres des Phénix, il avait mis beaucoup de temps à préparer des élixirs de résistance au feu. Ici, il en mettrait davantage, tout en soignant les symptômes. La guérison devait être parfaite, il ne devait pas y avoir de rechute. La précipitation aurait été fatale à son père.
Il écouta les récits de sa famille, de ses proches, et leur refit les siens, qu'ils connaissaient par écrit. Ils avaient du mal à croire certaines de ses histoires, mais virent à ses progrès qu'elles s'avéraient réelles.

Louise trouva dommage qu'il cesse sa quête pour avoir trouvé l'amour. Guillaume et Sonia, selon elle, étaient déjà tombé dans ce piège. Lui, avait le potentiel après ses découvertes de révolutionner la magie, et il ne l'exploitait pas pour avoir rencontré une fille.
Ses parents avaient continué leur quête, même après sa naissance. Il savait qu'il n'avait pas besoin de rester dans le village, alors pourquoi le faire ?

Les arguments ne suffirent pas à le convaincre. Il doutait que Silène puisse passer sa vie sur les routes, et avait trouvé une existence paisible. Il n'était pas le seul mage au monde, et d'autres trouveraient à sa place les moyens de "révolutionner la magie".

Les autres semblaient heureux pour lui, même si tous étaient un peu déçu. Sonia révéla que les jours qu'elle avait passés avec son mari étaient merveilleux, mais qu'elle regrettait les moments où elle se dévouait à comprendre la nature des forces qui régissent le monde. Guillaume l'encourageait dans sa voix, mais pensait qu'à défaut de voyager, il pouvait rester dans une grande ville pour étudier la magie. Dans un village perdu, il manquerait d'assistance.
Lucien gardait son avis pour lui. Ses parents l'incitaient à faire ce qui le rendrait heureux.

L'élixir fut prêt trois semaines après son départ, et semblait faire effet. Trois jours d'examen ne révélèrent aucun effet secondaire, et attestaient d'une certaine pérennité de l'effet. La transmission des lettres montrerait l'évolution de l'état de son père.

Les amis se promirent de se revoir, parlèrent de leurs projets. Et Alastair repartit.

Deux habitations sommaires l'attendaient, seulement, ainsi qu'un feu de camp. Le village n'était plus, et une vaste zone portait la marque du feu.
Le havre de paix s'était évanoui dans le temps où le mage était parti. A son retour, Nelad et Silène étaient les seuls témoins des évènements qui s'étaient déroulés. L'un était taciturne, l'autre souffrante de son état. Il manifestèrent leur joie, mais ne voulurent expliquer ce qui s'était passé. Pas maintenant.

Il s’avéra que plusieurs évènements s'étaient succédé. Les mauvaises récoltes avaient dans un premier temps encouragé la communauté à partir, pour trouver de meilleures terres. Un mouvement, qui ne devait être que temporaire, mais qui gagna en force, et sema le trouble. L'utopie n'était pas réalisable, parce qu'un de ses mécanismes était défaillant. Il pouvait s'agir de son organisation, comme le suggéra la rumeur.
En parallèle, Nelad avait voulu apprendre la magie à certaines personnes. Les mêmes théories que celles de Louise, Guillaume, Sonia et Lucien se retrouvèrent, mais sans l'amitié qui permettait qu'aucune dispute n'éclatât. Des troubles en résultèrent, qui s'ajoutèrent à ceux déjà existant.
Un bateau aperçu au large semblait avoir repéré le village, un jour, mais sans y faire halte. Un éclaireur pirate, peut être.

La communauté en implosa. Deux groupes émergèrent, le premier prêt au combat et se jugeant supérieur à l'autre, qui souhaitait que tout continuât comme avant.
Nelad se sentait responsable en partie de ce résultat, et ne prit pas parti. Silène, elle, attendait son mari. Étranger comme il était, il fut regardé avec méfiance tout au long de cette période, et tous finirent par éviter sa femme. Il pouvait être de mèche avec ce prétendu bateau pirate. Et puis, il partait après avoir appris au fauteur de troubles sa magie...

D'autres raisons, plus au moins plausibles s'y ajoutèrent, et forcèrent la pauvre dame à s'isoler. Et à attendre très vite que son mari revienne. Nelad, quant à lui, ne savait précisément où envoyer des lettres à Alastair, ni s'il pouvait revenir.

Il fallait donc partir.

Sans téléportation, ni sortilège aucun. L'enfant à naître aurait pu ne pas le supporter. Et il était impossible de marcher alors que la mère était dans un tel état. Une longue attente autour du feu de camp s'imposa. Jusqu'à l'accouchement.
Les Sahawiens encore une fois lui avaient appris de nombreuses choses dans ce domaine. Il pourrait se débrouiller, et ne pouvait partir chercher quelqu'un.

La naissance fut longue, et ardue. La souffrance était le sentiment qui marquait le mieux le miracle de la vie, et les cris de Silène étaient insupportables. L'anxiété rongeait Alastair, qui était responsable de la vie de sa femme et de son enfant.
La mère se montra courageuse. Aidé par Nelad, "la" sage-femme réussit à préserver les deux vies.
Le voyageur était à présent père d'une petite fille. Malgré les fluides qui la maculaient, elle était belle comme le jour, et son cri parut le plus beau son au monde.

La mère se remit sur pied le lendemain, au soir. L'expérience était éprouvante pour elle, mais elle avait conscience du danger à rester ici. Le village évanoui, les bêtes reviendraient bientôt.

La fille ne portait pas encore de nom. Il était, selon Silène, nécessaire d'attendre un peu. Lui donner une identité dans les ténèbres, sur les ruines de ce qui avait été un paradis, aurait marqué sa vie des plus obscurs destins.
Il était difficile de se remettre sur les chemins. Les cris de l'enfant, qui ne comprenait rien, étaient désespérants. Pour être protégés, les adultes ne savaient pas où ils étaient réellement, pour qu'ils n'aient pas la folle idée de s'éloigner de l'utopie que leurs grand-parents avaient fondée.
Alastair, lui, ne connaissait que très globalement leur emplacement. Une longue marche les attendait, et ils allaient surement croiser les marais de la désolation, avant de trouver un lieu plus sûr.

La subsistance, qui était si aisée dans des plaines habitées pour un seul homme, se révéla compliquée à quatre, dans un lieu perdu.

Ce ne fut rien en comparaison des tourbières. Les spectres volaient, et des bêtes indescriptibles avaient pris possession du lieu. Les ingrédients rares qui auraient piqué la curiosité d'Alastair ne l'effleurèrent même pas, tant il était préoccupé par la survie de ses compagnons.

Les plaines habitées s'ouvrirent après cette traversée. La petite était tombée malade, cependant. Il s’avéra difficile de la guérir.
Et si ce fut, par miracle, possible, elle eût de cette aventure une santé fragile.

Un village leur proposa un bref répit. Ils préférèrent ne pas s'installer durablement, et repartirent après s'être ravitaillés. Les vastes plaines étaient remplies de vie, qui était réconfortante, mais qui ne leur allait pas. La vie féodale avait été fuie par les parents de Silène et de Nelad.

L'errance fut longue. Drayame, cependant, en marqua la fin.
Un lieu fantastique, qu'étrangement Alastair n'avait jamais visité. Riant et beau, accueillant et magnifique. Il s'agissait de donner au nourrisson, maintenant bien grand, son nom. Luna. Il lui porterait bonheur, maintenant qu'elle l'avait acquit dans cette contrée fabuleuse.

Sa santé était cependant fluctuante, et inquiétante. Les elfes ne savaient que faire, et ne pouvaient qu'aider à traiter les symptômes, eux qui étaient si savants dans le domaine des plantes.
Alastair devait se remettre en quête de magie. Cette fois-ci, d'une magie capable d'assurer à son enfant une vie normale.

Nelad profita de son désir pour trouver une occasion de découvrir le monde, et l'accompagna. Deux aérosphères suffirent pour permettre le voyage jusqu'à Ciel. Silène resterait auprès de Luna.

L'endroit était surprenant. Magnifique.
Une ville construite pour les créatures célestes mais accessible aux humains. Un lieu, où les anges, maîtres guérisseurs, pourraient lui assurer le salut.
Il était assez étrange qu'il n'ait pas amené sa fille, et il n'était pas facile de traiter un malade à distance, lui dit-on. Cependant, tous semblèrent compatir, et comprirent ses raisons.
Les marais étaient dangereux, et il avait été fou d'y aller. Dans sa situation, il était coincé entre eux et l'océan, dans un territoire inconnu. Les montagnes semblaient, de l'autre côté, être une barrière impénétrable.
Des conseils et un guérisseur leur furent donnés. Le contact des anges pouvait tout guérir, lui assurait-on, et il n'avait pas à s'en faire. Dès qu'ils seraient revenus à Drayame, Luna serait soignée.

La désillusion fut cruelle. L'ange utilisait son pouvoir, mais il s'agissait d'une affection plus profonde qu'une simple plaie. Son don était inopérant, et la petite souffrirait toujours, selon lui, de ce mal étrange.
Cela ne se pouvait, selon lui. Ciel ne se limitait pas qu'à Sylfiria, de toute manière, et il trouverait quelqu'un d'autre.
Sceptique, le guérisseur leur souhaita bonne chance.

Misora était un lieu sublime, pour peu que l'altitude ne dérange guère. Le sol de nuage, les forêts magiques... tout rendait le cadre sublime.
De village en village, de forêt en forêt, Alastair récoltait savoir et ingrédients. Il restait avec Nelad, apprenant de nouvelles informations, alors que son cœur le pressait de reprendre au plus vite la route. La magie de guérison des anges prenait toute sa forme, à ses yeux. L'énergie nécessaire, son transfert. Et son effet.
Il semblait que la faiblesse de Luna, en tant que séquelle d'une maladie guérie, fasse partie d'elle et soit incurable. Le pouvoir angélique ne pourrait surement que traiter les symptômes, et seulement au moment où ils apparaitraient.
Alors, rester dans Ciel sembla futile. Les ingrédients qui y étaient disséminés recueillis, les amis revinrent sur Terre.

Une lettre envoyée à ses proches leur détailla la situation. En attendant, retourner au marais était nécessaire, pour y recueillir les virus et trouver des personnes, qui ayant à affronter le même phénomène, y avaient survécu.
Le voyage se fit à bride abattue ; la marche était rapide, et Alastair perdait peu de temps.

Devant le marais, les deux compères se regardèrent. Ils ne voulaient pas y retourner, mais le devaient. Recueillir les différents organismes responsables des maux qui affligeaient les voyageurs se révéla compliqué.
Une communauté d'exilés se trouva sur leur chemin. Touchés par l'histoire du père de la malade, et en échange de quelques denrées, ils exposèrent leurs méthodes pour traiter ceux touchés par l'affliction des marais. Saignées, et diverses plantes à administrer, remèdes qui parurent douteux. Une personne était atteinte des séquelles de cette affliction, pour y avoir survécu. Sa survie dans les marais attestait néanmoins de l'efficacité de certains d'entre eux.
Il s'agissait d'un adulte, cependant. Pas d'un nourrisson.

Dans sa recherche de remède, Alastair trouva des plantes et des champignons fascinants. Ses trouvailles aurait pu en faire un botaniste de renom, bien que la majeure partie d'entre elles soit connue, et seulement oubliée.

La téléportation facilita le chemin du retour. Luna était frêle, et n'allait pas bien.
Le cas semblait bien trop grave au père pour qu'il s'en occupe lui-même : il n'était pas le meilleur alchimiste du monde. Ce dernier devait être à Glace, d'après certains elfes, une fois la fierté patriotique dépassée.
Il fallait emmener le bébé, pour qu'il puisse l'examiner. Ceci était assez dangereux, mais nécessaire.

Pour limiter les risques du voyage, le transport se fit par téléportation. Nelad aidait à transporter Luna, et Alastair Silène, qui était plus massive.
L'arrivée à Luütran fut un choc. La température était bien différente de celle de Drayame, et une tempête de neige s'était levée. On prit peur pour la santé de l'enfant, qui tomba malade.
Prendre contact avec l'alchimiste était difficile. Il avait déjà de nombreuses demandes, de toute part, et eux n'étaient que des étrangers, sans noblesse aucune.
Alastair, le comprenant, décida d'exposer ses découvertes, tant magiques, apprises auprès des Sahawiens, à Volcania, ou d'autres expériences lors de ses voyages, tant botaniques ou alchimistes. Il devait s'imposer en tant que découvreur, explorateur. Se faire un nom.

Cela prit du temps. Mais il y parvint. Sa compréhension de la magie était profonde, et il la dévoila. Il n'était plus un voyageur inconnu, mais Alastair Samhain, grand magicien, alchimiste de talent.
Il fut alors plus facile d'avoir l'aide de l'alchimiste. Surtout avec les nombreux ingrédients qu'ils possédaient ensemble, auxquels s'ajoutaient certains, envoyés par les proches du mage.
Le mal de la petite en fut atténué : elle passait d'une vulnérabilité grande à une faiblesse notable. Les efforts prolongés l'épuiseraient, mais elle pourrait vivre comme une autre fille, sans craindre que le moindre rhume la tue.

Elle venait de fêter son dix-huitième mois, et le reste de sa vie s'annonçait sans nuages.

La joie était revenue. Nelad prévoyait de retourner sur les routes. Alastair, lui, ne souhaitait qu'une retraite paisible, où il pourrait faire des recherches, en étant sûr du bien-être de sa famille. Fâché cependant de voir son ami partir, il lui offrit de continuer son apprentissage sur bien des plans. Nelad était doué, mais n'avait que peu apprit, et l'année passée dans le village utopique n'avait pas suffit à lui donner le niveau d'Alastair. Un sortilège, pour lui, ne pouvait se lancer que d'une manière.
Sans revoir les modalités de lancement, telles que la gestuelle et la voix, il y avait tout simplement la voie.
Comme pour cuisiner. Lorsqu'il faut cuire, il y avait la possibilité de cuire la viande directement, en la mettant au dessus du feu. On pouvait également la faire bouillir, donc chauffer le contenant de la viande, l'eau ici. A Tilamus, il avait vu une cuisine étonnante, qui consistait à utiliser la vapeur. Donc, à faire bouillir l'eau, et à utiliser sa forme gazeuse pour faire cuire la viande. La magie est ici toujours le feu, et pour arriver au résultat de cuire la viande, qui est le but, il y a plusieurs voies imaginables.
Pour battre un adversaire immunisé à la magie, il y a de même de nombreuses manières de contourner le problème. Pour le Shakcha, qui avait des écailles résistantes aux sortilèges, il pouvait être attaqué de l'intérieur. Cette magie étant inconnue, il fallait faire autre chose, comme par exemple modifier l'extérieur. Au lieu de le paralyser, lui, rendre impénétrables ses contours. Il fallait une grande précision, mais l'effort était moindre que celui d'amplifier ses pouvoirs afin d'outrepasser cette barrière.
Pour le faire bouillir, il était possible d'augmenter la chaleur environnante. Si c'était possible. Les éléments n'étaient pas le fort d'Alastair. La magie en découlant était belle, mais il n'avait de don que pour les autres.
En parallèle, Luna disait ses premiers mots, commençait à marcher. Elle se montrait assez vive, malgré tout ce qui lui était arrivé. Ses parents lui consacraient beaucoup de temps.

Cette existence paisible dura. Jusqu'à un soir, où Louise vint les voir. Elle avait appris qu'ils étaient encore à Glace et avait à entretenir Alastair d'un projet qu'elle avait.
Elle savait que dans cette partie du monde, des magies parallèles s'étaient développées. Le climat était dur, et il y avait de grandes chances pour que l'instinct de survie suffise à donner à certaines personnes une vision différente de la magie, et les pousse à la pousser dans ses retranchements.

Lucien était de son avis, et était parti avec Sonia dans le désert. Elle avait abandonné sa famille temporairement. Guillaume, lui, continuait d'enseigner.
Ensemble, disait-elle, ils pourraient trouver une magie oubliée et précieuse. Ou méconnue.

Son verbe se fit habile cette soirée. Nelad la seconda, et ils parvinrent à persuader Alastair de se remettre à la recherche de ce qui l'animait véritablement : la magie. Il pouvait toujours retourner voir sa famille aisément, mais le monde avait besoin qu'il cherche des innovations. Il s'était procuré un artefact pour rester en lien avec ceux qui ne partaient pas, pour éviter les problèmes déjà rencontrés dans le village utopique.

Les contrées glacées avaient un charme certain. Le silence du lieu, que seul le vent perturbait. Il y avait bien des animaux, mais ils ne rompaient pas l'ambiance paisible de ce lieu où la survie était ardue.

L'est de Selian semblait un bon endroit pour débuter les recherches sur ces magies étranges. On avait rapporté le cas d'un cimetière étrange à Saline, notamment.
Les villages étaient peu savants dans le domaine de la magie, et l'endroit qui en était le plus empreint devait être Luütra, grâce à ses sources.
La patience ne fut pas le fort de tous. Louise brûlait d'un feu intérieur qui la poussait à continuer, mais était prompte à la colère, en allant de déception en déception.
Alastair, lui, avait un espoir profond, et s'était déjà trouvé confronté à l'errance, dans les montagnes. Il aurait pu continuer pendant des mois ses recherches, s'il n'avait eu une famille. Il leur envoyait chaque soir un message, rechargeant la magie de l'appareil de son côté, mais leur demandait de lui en envoyer moins souvent, pour économiser le pouvoir de l'artefact. Cela lui coûtait, mais il ne voulait pas manquer une information importante à cause de messages banals.
Nelad, lui, était heureux de voyager, l'ayant fort peu fait. Mais, inaccoutumé à la longueur que pouvaient prendre des recherches, sa jovialité s'épuisa vite.
Ils avaient atteint Cadrak en un peu plus de quatre mois, en explorant les lieux avoisinants, sans monture, dans un mois favorable aux expéditions. Et s'ils avançaient, c'était alors plus par habitude que par besoin.
Les habitants n'utilisaient pas la magie, dans ce lieu. Elle n'était pas aussi généralisée qu'il était permis de le croire, le froid avait surement congelé les facultés magiques des hommes, au lieu de les révéler, dans cette région.
Aussi, ils étaient amers. La téléportation les ramena vite à Luütra. Louise les quitta pour explorer les contours de Terra. Celle qui n'était pas de Glace.

Lucien et Sonia ne répondaient toujours pas, quant à eux.

Le mage décida de cesser ses expéditions. La bibliothèque de Luütra méritait d'être étudiée, et il avait une famille, dont il devait s'occuper. Nelad savait à présent beaucoup de choses. Il s'installa à part de la famille dès qu'il le put, sans aller trop loin. Il apprenait dans le temps qu'Alastair ne dévouait ni à ses recherches ni à Luna.

Un jour, il décida qu'il pouvait partir. L'Ouest de Glace pouvait être différent de l'Est, et la survie dans cette terre gelée ne lui posait que peu de souci, après son entrainement. Silena était le point de départ de ses recherches. Il fallait se préparer à une longue errance, cependant, comme à Saline.
Les tribus y vivant ressemblaient à celle Sahawiennes. Accueillantes, et savantes dans certains domaines. La magie n'était pas leur fort, cependant, mais Nelad n'y prêta guère attention. Il apprenait d'elles, comprenait leur vision du monde.

Il ne progressa pas pendant un long moment, mais savait déjà comment survivre dans Glace, et ne s'en faisait pas. Au moins, ici, il avait des chances de découvrir quelque chose.
Quelle ne fut pas sa surprise de voir, durant son trajet, une décharge s'abattre sur un Cerfroid sans la moindre mise en garde et sans trace d'aucun mage aux environs.
L'examen du corps révéla qu'il avait marché sur un étrange dessin, qui commençait à s'effacer. Sa mort était de cause magique, mais le sort avait été lancé à retardement, comme le sortilège d'alarme qui était lui rudimentaire.

Quelqu'un allait venir le récupérer, comme le braconnier vient vérifier ses collets. Aussi, il fallait attendre, car chercher la demeure de celui qui avait lancé le sortilège était trop risqué. Ce piège ne pouvait être le seul dressé.
L'attente ne fut point longue. Un vieil homme arriva bientôt, maigre et négligé.

Il fut surpris de voir un homme devant l'animal, et qui n'y avait pas touché. Il lui parla, et lui exposa sa demande.
Il ne souhaitait cependant pas être dérangé, et avait quitté le monde des hommes pour vivre en paix. Tel était son récit, dans une lettre transportée vers son mentor. Lui seul saurait le convaincre, et il devait savoir ce qui s'était passé.
Alastair hésitait, cette fois. Il savait de Guillaume que Louise allait venir à Sent'sura sous peu, et lui envoya un message qu'il devrait transmettre. Cependant, la tentation était trop forte, et il partit. Nelad avait été précis sur sa position, tout au sud de Silena, à la frontière de la Toundra.

Il réussit là où Nelad avait échoué. Il lui dénonça son âge avancé, le crime qu'il commettrait en laissant ce savoir enfoui. Il se montra tantôt doux, tantôt passionné.
L'art du vieillard était celui de la magie des runes. Une magie qui requérait de tracer sur le sol des symboles pour déclencher un sort, qui s'activerait sous certaines conditions. Celle de toucher la rune, en premier lieu, et en second celles qu'on voudrait bien ajouter lors de la confection.
Cette magie véhiculait les mêmes sorts que la magie classique, à quelques exceptions près. Sa complexité venait des symboles qui devaient être mis en place pour déclencher les sortilèges.

Il fallait les apprendre un à un, ou visualiser la magie en elle-même pour être capable de faire des runes correctes. Et toute modification des sorts pouvait changer totalement le tracé de la rune.
La rune parfaite contenait sa propre énergie, par un dessin impeccable notamment.
Les autres nécessitaient qu'on leur insuffle du pouvoir.

L'apprentissage fut compliqué et long. Presque deux années pour les bases. Revoir la façon dont fonctionnait le monde, à partir de ces nouvelles informations, tout d'abord. Ensuite, chaque sortilège élémentaire fut étudié, ainsi que quelques modifications, comme le déclenchement sur un mot de pouvoir, ou l'activation de la rune à distance, par la volonté. Le tracé était long, et il fallait fréquemment trouver de quoi tracer les runes. Les conditions ne permettaient pas de travailler tous les jours, également.
Louise était arrivée au cours de la première année. Leur maître mourut au terme de la seconde, au moment où tout se compliquait encore.

Son trépas causa du désarroi parmi les membres de l'équipée. La Toundra pouvait contenir les secrets qu'il avait découvert de son vivant. Ils en étaient proches, et pouvaient y aller.
Alastair avait maintenu sa correspondance avec sa famille. Luna grandissait tranquillement, et il lui arrivait de le réclamer.
Il décida de rentrer. Il comprenait le flux de la magie, et ne doutait pas de ses capacités à maitriser les runes sans poursuivre l'apprentissage. Sa famille avait besoin de lui. Et il y avait des chances pour que cette magie soit mentionnée dans un ouvrage dans une bibliothèque.

Louise, quant-à-elle, continua sa route. Nelad l'accompagna.

Alastair oscilla entre sa vie de famille et ses études. Finalement, il partit de Glace pour offrir à sa fille un climat plus agréable. La bibliothèque de Sent'sura était moins remplie que celle de Luütra, mais elle lui suffirait.
Le déménagement l'occupa un moment. Il fallait également trouver un lieu dans Terre qui serait libre. Par chance, c'était le cas.

Une fois dans Sent'sura, la vie fut paisible. Les lieux étaient magnifiques, et il y avait tant de choses ici possibles. Luna comprenait assez vite ce dont on lui parlait, mais la magie ne semblait pas l'intéresser. Ce n'était pas grave.
La nature de la magie était la question qui occupait Alastair. Avec la découverte des runes, grâce aux connaissances des variables qu'on pouvait introduire dans un sort, et en prenant en compte les pouvoirs naturels, les artefacts, l'existence de créatures magiques par essence, il semblait qu'il y avait quelque chose de caché. La magie baignait partout, et la compréhension intuitive qu'avait le mage de cette dernière lui en donnait la certitude.

A l'étude se succéda la méditation. Prolongée, centrée sur l'être vivant et sur le monde. Sur l'inanimé et sur les éléments. Sur ce qui fera, ce qui fut, et ce qui est.
La magie l'avait tenu en vie lors de son exploration dans les montagnes. Il était vide de toute énergie lorsqu'on l'avait sauvé. Elle intervenait donc dans le corps.
Certaines créatures sont liées à un élément. Il existe une magie élémentaire, comme pour les créatures de Sahawi. Elle est donc surement leur source d'énergie, et ils en sont la représentation.

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Alastair Zelphos Sand-g10Ven 5 Avr - 18:36
Suite de l'histoire... car j'ai dépassé la limite de texte autorisée.
Ah et merci à tous. Et non, je n'ai pas fini.

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Histoire



D'autres méditations se succédèrent, tirées de ses expériences, de ses lectures. De son passé et de ses essais. Elles s'interrompaient lorsque sa famille le rappelait, ou lorsque ses amis le contactaient, que ce soit par souci de sa santé, envie de se voir, ou besoin d'aide. Il le fit volontiers et sans se faire prier, heureux de leur compagnie. Il ne pouvait cependant pas vivre à leur contact seulement.

Jamais Alastair ne perdit complétement son habitude des voyages. Il lui arrivait de faire de longues marches, parfois accompagnés, dans Terre. Elles pouvaient durer quelques jours, mais souvent elles s'interrompaient à la tombée de la nuit.
Luna prit place dans une école de Sent'sura. Elle était assez générale, et ne portait pas sur la magie, mais sur la connaissance du monde.

Deux révélations résultèrent des méditations. L'omniprésence de la magie, et la beauté de Terra Mystica. Elle semblait en toute chose. La nature l'avait toujours attiré, lors de ses pérégrinations, mais à présent, elle semblait au dessus de cette attraction. Elle semblait magnifique. Sa conscience de la magie s'étendait au monde, aux êtres minuscules qui le peuplaient comme aux feuilles qui le jonchaient.

Profitant de ses certitudes, il passa de la méditation aux expériences, pour les vérifier. Des résultats intéressants en furent les fruits. L'un d'eux, notamment, qui remettait en cause la nature de toutes les connaissances des hommes.
C'était un jour de printemps 82, un jour d'averse effroyable. Alastair voyageait, et remarqua quelque chose de fort singulier. A un endroit en particulier, la perception qu'il avait du monde semblait légèrement faussée. Cela ne dura qu'un temps, un fraction de seconde.
Son esprit travailla, et l'idée lui resta. Après diverses manipulations magiques, une théorie s'établit. Farfelue, mais possible.

Il fallait réunir ses amis, et leur en parler. Louise ne put venir, mais tous les autres, Nelad comprit, vinrent.
Il leur exposa sa théorie. Celle d'un univers composé de plusieurs trames. Où la magie serait omniprésente, mais présenterait des singularités qui étaient à découvrir. Il leur expliqua son impression du jour d'orage, celle d'une faiblesse dans le monde. Comme si les trames s'étaient entrecroisées. Ou étaient proches de le faire. Une théorie encore à ses balbutiements, sur les failles spatio-temporelles.
Scepticisme, incrédulité. Puis réflexion. Le respect que lui portaient ses camarades les empêcha de rire, même si certains crurent à une mauvaise blague.

Ils ne semblaient pas très enthousiastes, mais voulurent bien croire qu'il y avait une possibilité qu'il ait raison. Alastair, lui, voulait en être sûr.
Il devait pour cela repartir. Sa fille pouvait se débrouiller sans lui, et l'enjeu dépassait tout ce qu'il pouvait croire.
Aussi, il le fit.

En douze années, il parcourut le monde et les bibliothèques, cherchant les traces d'anciens chercheurs, tentant de comprendre.
Il arriva à la frontière des Limbes, au rideau invisible. Rien ne séparait ce monde d'un autre, mais selon quelques témoignages, tout y différait. Une dimension et une autre.
Les Anciens avaient un jour déchiré ce rideau. Mais selon la légende, ils vivaient dans Foam, ce lieu qu'il avait cherché sans jamais le trouver.

Baigné de ses convictions, il vit au cours de son voyage que les hommes avaient souvent bouleversé la nature, et s'en étaient rendus maîtres. Ils chassaient parfois plus que de raison, et le traitement infligé à la terre dans les plaines ou dans Sola était révulsant. Il devint avec le temps de plus en plus misanthrope.

Il finit par comprendre le bien-fondé de sa théorie. Ces lieux, dont il avait une étrange perception, étaient trop nombreux pour qu'il s'agisse de coïncidences. Il réagissaient étrangement aux sorts ; certaines runes ne donnaient pas les mêmes résultats, tracées dans ces endroits, que tracées en dehors. Les failles existaient mais uniquement dans certains lieux précis.
En restant longtemps auprès d'un de ces lieux, et en repassant voir les autres, il acquit la certitude que ces endroits n'étaient pas générés aléatoirement et que ce phénomène ne disparaitrait pas. L'intensité de son impression variait, mais elle n'était jamais nulle. Le voile entre les limbes et Terra Mystica se retrouvait ici et là.

Un voile immense, qui avait comme des plis ou des craquelures. Les découvrir était miraculeux, et lui-même avait du mal à saisir d'où venait ses pressentiments.

Un multivers merveilleux pouvait l'attendre s'il parvenait à ouvrir les failles. Au vu de leur nature, il y avait de grandes chances qu'un bouleversement intense, dans un court intervalle de temps, en soit la cause. Comme avec les Anciens... dans Foam.
Le voile, alors déchiré, ne pourrait plus l'être avant un certain temps.

Après avoir raconté à Nelad ses trouvailles, il s'attela à la tache d'ouvrir le voile. Un voile qui ne mènerait pas aux Limbes, mais autre part.
Nelad, de son côté, avait remarqué que son ancien mentor était plus sombre. Que les possibilités qu'il évoquait étaient toutes teintées d'une amertume étrange, et que ses yeux dégageaient une lueur étrange lorsqu'il en parlait.

Six années furent nécessaires. Assez de temps pour accumuler de la magie, en prendre dans divers lieux de pouvoir. Comme avec les Anciens.
Il avait cessé de l'utiliser à tort et à travers depuis le début de sa quête, et voyait à présent sa sagesse. Divers essais lui révélèrent qu'il était possible de créer une petite faille par magie. Cependant, le monde caché par ce voile était sombre, démoniaque.
Il put l'observer par intermittence. Les créatures le peuplant étaient haineuses.

Sans qu'il ne s'en rende compte, au fond de lui, grondaient plusieurs forces qui le poussaient à continuer ses expériences. Celle de trouver un autre monde plus accueillant. Celle d'en savoir plus, par curiosité, par envie de savoir. Et une, plus profonde, plus enfouie, sauvage. Refoulée.
Elle lui dictait de débarrasser ce monde de la maladie qui le corrompt en employant ce remède. Il avait vu la folie dans le cœur des médecins les plus sages et l'orgueil des hommes.
L'utopie était irréalisable. Les hommes étaient voués à faire le mal.

Cette voix sommeillait en lui depuis longtemps. Elle prenait de l'ampleur, mais était contrebalancée par son éducation et l'amour qu'il portait à ses proches.
Elle prit de la force, cependant. Et un jour, il lui parut altruiste et charitable de purger le monde. D'en créer un dépourvu de ces êtres barbares derrière la faille, et de ces hommes prétendument civilisés de ce côté.

Alors, une conviction plus profonde que l'amour de la magie, l'amour de la vie naquit. Et son seul outil était une arme de mort. Il devait ouvrir une faille capable de faire passer assez de ces êtres d'ailleurs pour qu'eux et les humains s'exterminent. Si les deux faisaient la paix et s'aimaient mutuellement, alors, il serait sauvé, car il aurait eu tort.

Le 15 Nelnurr de l'an 100, il ouvrit La faille.
L'effort magique qu'il déploya fut indescriptible. La terre semblait se déchirer, le vent grondait. Autour de lui, des vibrations se faisaient ressentir, alors qu'il pliait le monde à sa volonté.
Et lui, ne bronchait pas devant l'énergie qu'il déchaina. Le voile séparant les deux mondes se craquelait, et ne suffisait plus à séparer les dimensions. Des runes gravées dans le sol éclairaient les lieux de la lumière d'un millier de soleil, amplifiaient et lançaient des sortilèges. Les perturbations que causait cette débauche de pouvoir étaient telles que ce jour serait resté dans les mémoires, même si la faille n'avait été créée.

Mais elle le fut. Des démons sortirent. Puis leur chef vint.
Sombre, grand et majestueux. Une étrange fumée noire, qui dégageait la même aura que le dragon, une même impression de puissance, et de respect mêlé de crainte.aire face.
Nelad s'était évanoui. Aucune importance.
Alastair était épuisé. Il devait cependant faire face à cet archidémon. Lui faire comprendre qu'il était de son côté, et était conscient de ses actes. Lui proposer une alliance, afin d'ouvrir pour toujours le portail, et fusionner les deux mondes.
Il n'avait cependant plus la force nécessaire. La faille s'était déjà renfermée, et il était à présent impossible de traverser les dimensions avant au moins un siècle.
Sa surprise passée, le démon fut d'une aide surprenante. Il n'était pas leur chef sans raison, visiblement.
Il fallait une source d'énergie conséquente. Pour se la procurer, il fallait trouver une solution. Ils discutèrent longuement, conjecturant et débattant sur les possibilités.

Ils en vinrent à l'idée de créer un clergé, afin de recruter des adeptes, et des archevêques. Afin de concentrer au maximum l'énergie vers ce monde ténébreux, ce qui permettrait de forcer le passage.
Alastair refusa de se plier au moindre des ordres du démon. Il lui dit qu'il était capable de le renvoyer là d'où il venait s'il le menaçait. Il lui expliqua qu'il était nécessaire à la fusion des mondes. Cet argument le convainquit surement plus que l'autre. Un chef intelligent aurait vite compris que si la faille était aussi distendue, il était impossible pour un mage aussi épuisé que l'était Alastair d'en ouvrir une individuelle. Surtout pour véhiculer un être puissant.

Nelad était parti, au cours des négociations et des calculs. Il était nécessaire de le contacter, et de lui faire prendre une position : ou il était avec lui, l'avait compris et participerait à sa grande œuvre, ou il devrait périr.
Cette pensée seule le chagrinait. Nelad était comme un frère pour lui. Mais s'il l'empêchait de faire ce qui devait être fait, il ne pourrait survivre, car tous devraient mourir. Dont lui, Luna et Silène. Ainsi que ses amis.
Cependant, eux et d'autres mourraient de vieillesse, après s'être assuré de la sécurité du monde.

Alastair Samhain Zelphos avait déclenché l'enfer sur Terra Mystica.
Pour lui permettre de survivre, et d'être un lieu meilleur.

Ses proches ne le comprirent pas. Aucun d'eux, et sa famille en dernier. Luna disparut, et les autres firent de leur mieux pour s'opposer à lui. En vain.
Le premier acte du démon fut de partir à la conquête de Ciel, après avoir apprit la géopolitique de Terra. Les nombreux voyages d'Alastair lui permirent d'être un professeur efficace. En parallèle, le culte de Zelphos se répandait peu à peu, pour une raison qui montrait bien la vacuité de l'existence humaine. La crainte les poussait à se rallier à celui qui venait envahir leur monde et détruire leur foyer, dans un comportement irrationnel, qui corroborait les idéaux du nouveau Grand Prêtre.

Les conflits ne le préoccupaient guère, en fait. Il se contentait de continuer ses expériences et de conseiller le démon. Lorsque des fidèles se montraient, il faisait bonne figure, et leur expliquait les motifs supposés du culte qu'il représentait. Ecoeurante mascarade, à laquelle ces êtres se pliaient volontiers, et qui n'aboutirait qu'à leur déception. Ces personnes, si aveugles, étaient finalement celles qui montraient la nécessité de ses actes et les feraient aboutir.
Les dieux mineurs étaient un exemple parmi d'autres des sources de magie inconnue. Il se pouvait qu'il soit de la magie née de la foi des hommes. Comme l'était d'une certaine manière son culte. Il était difficile d'en capturer, mais c'était nécessaire.
Ainsi que pour d'autres êtres, comme ces créatures enflammées. Il fallait les tester, voir les réactions qu'elles avaient. Des êtres de puissances. Vinrent ensuite les anges, lors de Ciel, des êtres incapables, dont les pouvoirs ne valaient pas le savoir des hommes, mais dont les capacités étaient innées, et donc reproductibles.

Du temps à améliorer les rituels nécessaires à l'établissement d'un sortilège pour qu'il ne coûte presque plus d'énergie. Des assemblées, où il convainquait les foules par son timbre et ses paroles. L'étude des runes, qui pourraient accroître ses pouvoirs. Leur perfectionnement, et leur dérive.
La recherche des archevêques, enfin. Les catalyseurs par lesquels le monde se déchirerait, pour renaître, ciselé comme le plus fin des diamants. Passé par le feu pour en ressortir plus pur.

Ils devaient répondre à tant de critères. Et il fallait se méfier de tous, car il était le symbole à présent du chaos, tout autant que l'était Aile Ténébreuse.
L'eau suivit le Ciel et le Feu. La Terre, ensuite. Tant de morts, parfois là où certains auraient du survivre. Mais ils étaient aveugles. Et s'il ne l'étaient, qu'importe, puisqu'ils étaient sans vie devant la mutilation de la planète que tous faisaient ?

La destruction de Flore était terrible. Mais il n'avait rien pu faire pour l'empêcher. Il devrait vivre avec ce sentiment, mais c'était un acte nécessaire, pour que le monde puisse enfin être en paix.
Il continuait ses activités. Il comprit un jour que les failles pouvaient être ouvertes pour invoquer des créatures, moyennant plus d'énergie qu'il ne voulait y consacrer. Quelque chose à ne faire qu'en cas d'urgence, ou pour récupérer un composant plus important que la dépense nécessaire.

Alastair se désintéressa de tout ce qui n'avait ni rapport avec la magie ni avec son but. Il avait trop sacrifié pour s’appesantir sur ce qu'il devrait consacrer à sa mission. Une fois, cependant, une véritable résistance apparut, dans la personne des Rebelles, qui symbolisaient la destruction de toute espoir d'un monde meilleur, mais auraient pu redonner foi en l'humanité au mage, s'il ne savait qu'un quotidien malheureux les poussait plus que toute idéologie à commettre leurs actes.
D'autres phénomènes consistèrent en l'apparition de la Prophétesse. Aile Ténébreuse s'était montré vague, et il n'était arrivé que trop tard. Des allusions lui firent comprendre que sa mort était nécessaire à l'accomplissement d'une prophétie qui permettrait de libérer un grand pouvoir.

Aussi, il se tuerait pour ouvrir la faille, s'il n'avait pas d'autres choix et que tous les autres objectifs étaient remplis. Il commencerait le sort, se tuerait d"épuisement et profiterait de l'énergie déployée par sa mort pour l'achever.

Il n'avait pas d'autre choix. Mais il le ferait.

Car rien d’autre n'avait d'importance.



La fin de la guerre apporta beaucoup de travail au Grand Prêtre qui se retrouva forcé de changer les prières du jour, d'honorer les victimes de la guerre, de proférer un nombre infini de sermon, de faire de nombreux discours pour les croyants. Son emploi du temps fut bien rempli après la mort de Galaad, et il n'eut pas une minute à lui pendant longtemps, même en déléguant ses responsabilités. Il est très déçu de l'issue du conflit qui risque de faire entrer trop d'humains sous l'emprise d'Aile Ténébreuse, et il redoute qu'en ouvrant le portail entre les mondes les démons gagnent pour toujours, contrairement à ce qui était prévu.
Il consacre à présent son temps libre au clergé et à l'étude de la magie, en suivant attentivement les progrès des adorateurs de Nayris. La crainte qu'ils puissent éventuellement parvenir à leurs fins l'encourage à poursuivre ses efforts, car tout vaudra mieux que la libération de cette déesse.




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