Noir. Couleur de l'encre. Couleur de la perte et de la peur. Noir. Tel était ce que voyait Aessila. Seulement du noir, partout autour d'elle. Une vague oppressante la saisie dans son cœur et elle cria. Un long cri silencieux. Puis elle se réveilla.

Encore un mauvais songe. Souvent il lui arrivait de sentir toute la noirceur de sa part de démon. Elle le supportait mal. Étant considérée comme une faible par les démons et comme un monstre par les humains, aucun camp ne pouvait lui permettre de se sentir parfaitement à sa place. Juste parce que, à l'origine, elle devait servir à un projet occulte qui n'avait pu aboutir.

Peut être était-ce mieux ainsi ? Peut être aurait-il fallut qu'elle gagne en force pour être avec Ailes Ténébreuses ? Ou qu'elle ne soit jamais née tout simplement. Le camp des humains. Un rire lui échappa, sec et amère.

Défendre la cause du bien semblait être la chose la plus normal pour certains. Bien franchement, elle ne pouvait s'y résoudre. D'une part oui, puisque le mal qui la rongeait vaincrait la race qui lui causait tout ses tourments. D'une part non, puisque même les humains ne semblaient pas intéressés à son sort autre que pour l'ajouter à leurs plans.

Les humains. Ces gens bavards qui disaient plus de choses qu'elles ne les pensaient ou encore ne les faisaient. Ces gens qui se vantaient, mais arrivé face à leur ennemi, tremblait avec force. Des gens souvent faibles et peu intéressés à se rendre fort. Une race avec peu d'intérêt.

Elle respectait son père bien sûr. Il en avait bavé avec elle durant son enfance. Plus forte que n'importe quelle fillette dès le début, elle devait souvent être maintenu par un ami de la famille. Un nain forgeron qui plus est, Thorbes.

Celui-là l'avait comprise, tout comme son père. Elle les appréciait beaucoup pour ce qu'ils lui avaient apporté de positif dans ce monde rongé d'indifférence et d'imbus de leur si chère personne. Beaucoup de ses clients étaient classés mentalement indésirable. Elle devait en faire abstraction pour payer de quoi vivre.

Aessila se leva, prenant la direction de la salle de bain. Elle avait eu l'impression de sombrer. Quelque chose de malsain qui la rongeait depuis toute petite. Était-ce un présage de mauvais augure ? Elle préféra chasser cette pensée.

Faisant couler l'eau des réservoirs (système ingénieux qui consistait à placer des gallons d'eau près du feu de chauffage de la maison), elle retira ses habits de nuit et plongea dans l'eau.

Il lui fallait enlever ses idées noires de son esprit. Qui plus est qu'elle avait beaucoup à faire dans la journée. C'était la fête des moissons et bien qu'elle ne fabriquerait que peu de plats, elle devait tout de même les préparer de bonne heure.

Ses amis méritaient bien d'elle cette petite attention. C'était les seuls qu'elle ait connus ayant démontrés une intelligence autre que vis-à-vis de leur profit personnel. C'était d'ailleurs les seuls à l'avoir connu jeune et à l'avoir accepté telle qu'elle était. D'ailleurs, à part Thorbes et son père Ovide, ils étaient aussi les seuls à connaître son pouvoir. Le don de voler par l'intermédiaire d'un tatouage de naissance.

Quoi qu'il en soit, elle avait l'intention de leur préparer des repas riches, si bien qu'ils risqueraient de ne plus pouvoir manger ce que les autres leur donnerait. C'était exactement ce qu'elle espérait. On pourrait imaginer d'elle une sorte de jalousie protective envers ses amis.

Elle pensa à sa jeunesse houleuse, et glissa dans les souvenirs de ses rêves. Ils étaient étranges. Il lui semblait souvent revoir la même personne, une femme grande et carrée qui semblait être féminin, mais non humaine.

Il lui semblait que cette créature voulait établir un lien avec elle. Et dans son fort intérieur, elle haïssait cette créature. C'était plus fort qu'elle, la voire la faisait grogner comme un fauve et cela semblait faire rire cette chose.

Peut être devrait-elle en parler à son père. Décrire un peu ce qu'elle voyait. Son père connaîtrait probablement une personne pour en savoir plus. Après tout, c'était un personnage qui lui revenait souvent en songe.

Elle sortit du bain et se vêtit hâtivement. Portant un chandail à la fois corset dont le dos était exposé, elle enfila un pantalon de voyage et ses bottes de randonnées. Approchant la fenêtre, elle y croisa le regard immatériel de la lune.

Elle sauta de la fenêtre du deuxième étage et partie vers les bois.

[ Correction Bonpatron.com et chirurgie orthographiale par Ae]