Reizak est un loup solitaire, il a horreur quand quelqu'un essaie de s'introduire dans sa vie. Pour lui c'est simple : la vie est trop courte pour la partager, il a déjà essayé par le passé, ce qui ne lui a apporté que des ennuis. Depuis cette histoire, il s'est toujours dit que lorsqu’il trouverait la personne qui lui permettrait de faire à nouveau confiance, et lui redonnerait envie de parler avec autrui, il le saurait au plus profond de son coeur. Mais jusque là, la seule présence qu'il accepte, c'est son public ou, bien sûr, les quelques badauds des tavernes lorsqu'ils apprécient une bonne bière bien méritée.

Ce qui le passionne le plus dans la vie, c'est découvrir le monde. Cela fait plusieurs dizaines d'années qu'il le parcourt, évitant les ennuis en se mêlant du moins de choses possible.

La deuxième chose qui lui tient le plus à cœur, c'est monter sur une caisse, un tonneau ou une table, et conter à la foule, des aventures... Des aventures qui lui sont arrivées, des aventures de héros, des aventures de miséreux oubliés du reste du monde, car ce n'est pas aux plus riches et aux plus célèbres qu'il arrive des choses incroyables. Mais aussi des aventures complètement fantastiques, merveilleuses, abracadabrantesques !!! Il aime voir les yeux ébahis des enfants, les regards amusés des adultes, et entendre les exclamations pendant ses histoires, ou encore, les acclamions lorsque tel ou tel personnage à réussi un exploit, les débuts de larmes quand il a échoué... Si vous demandez son métier à Reizak, il pourrait autant vous répondre conteur que distributeur de sourires, de pleurs ou plus généralement d'émotions selon son humeur et selon les histoires qu'il a en stock sur le moment... S'il daigne vous répondre bien sûr! Car dès qu'il est redescendu de sa scène, il se referme et il est très difficile d'obtenir une réponse à quoi que ce soit.

Face à un adversaire qui en veut à sa vie, il ne présentera aucune pitié. Pour avoir été fier combattant rebelle par le passé, il sait très bien se servir d'une hache ou encore d'un marteau de guerre.

Reizak vit le jour dans les Monts dorés. Contrairement à l’habitude, sa mère, Elerhin, travaillait pour leur faire gagner le peu d’argent avec lequel ils essayaient de se débrouiller, mais souvent complété par des prêts ou des dons, et son père, Findass, restait au foyer afin de s’occuper des tâches domestiques. Cette situation particulière, surtout chez les nains, était due à un accident que Findass avait subi, il y a longtemps de cela.

Findass a toujours rêvé de devenir un jour forgeron. Or lorsqu’il eut neuf ans, une place d’apprenti se libéra dans une des meilleures forges du pays. Tout le monde sait que l'apprentissage de ce métier commence à dix ans, ni avant, ni après. Mais le jeune garçon ne se laissa pas dégonfler. Il alla à la forge en question, le jour des sélections, et fit au public un discours pour convaincre tout le monde qu’il devait intégrer cette forge en particulier et aucune autre, que ce serait la plus grosse erreur de sa carrière pour Guldnost, le maître forgeron, de ne pas l’engager immédiatement. Il parla ainsi pendant 43 minutes, et lorsqu’il prononça la dernière syllabe, son cœur se serra. Pourquoi avait il fait ça ? C’était idiot, jamais on accepterait un jeune prétentieux comme lui dans une forge de cette qualité ! Le silence planait sur la foule. Puis vint du fond de la place un claquement de mains. Quelque secondes plus tard, un autre commença. Puis un autre, puis un autre, et la foule l’acclama. Findass Dümrohht, à neuf ans exactement, avait réussi à convaincre une foule de 442 nains d’une des choses les plus incroyables qui se passa durant ce siècle, dans ces montagnes. Guldnost n’hésita pas une seconde. Un gamin de cet âge avec autant de charisme ferait un marchand hors pair. Il arrêta immédiatement les sélections et s’enferma dans la forge avec l’enfant. Ainsi commença l’apprentissage du jeune Findass. Cette histoire fut contée à travers tout le pays, certains disaient même qu’il avait été aidé des dieux ou des démons, selon les versions et les croyances…
Quatre années durant il fut un exemple au milieu des apprentis. Il assimilait chaque chose deux à trois fois plus vite que ses deux compagnons, pourtant plus âgés que lui. C’est par un matin de Mellinià que l’accident arriva. Un accident stupide, simple, et pourtant qui condamna la vie de Findass aux taches les plus simples. Alors qu’il remplissait un moule d’acier en fusion, travail très délicat car se passant au dessus de la cuve contenant l’acier, un lingot bascula des réserves, au dessus de lui. Par un étrange hasard tout le monde le vit tomber…

Guldnost…

Les deux apprentis…


Pas Findass.

Ils n’eurent pas le temps de l’avertir. Le lingot l’assomma sur le coup et il s’effondra, un bras dans la cuve. La douleur le réveilla immédiatement, mais le temps qu’il le dégage de l’acier, il était déjà à moitié en cendre, encore incandescent. Guldnost lui envoya un seau d’eau dessus, puis un autre et encore un autre. Findass gémissait sur le sol, tenant son moignon. Le forgeron s’employa tout de suite à le soigner. Baume, bandage et plante anesthésiante. Pendant ce temps, les apprentis empêchaient la foule d’entrer. On raconte que le cri poussé par Findass lors de son réveil porta sur plusieurs kilomètres. Le maître et ses deux apprentis, eux, n’avaient rien entendu.
Le verdict des guérisseurs fut immédiat : le risque d’infection qui pourrait donner suite à une gangrène, ou autre maladie ignoble les poussa à l’amputation. Cette opération douloureuse mit fin à sa carrière, pourtant prometteuse. Cette frustration donna naissance à un rêve : voir son fils devenir forgeron.

C’est donc à l’âge de 10 ans que Reizak commença sa formation de sept ans. Sept ans de calvaire. Il avait horreur de ce métier. Horreur de la chaleur étouffante. Horreur des bruits de chocs de l’acier contre l’acier, dur, incessants. Mais chaque soir quand il rentrait, le visage épanoui de son père, le voyant réussir ce qu’il avait raté, et les yeux de sa mère emplis d’espoir, lui donnaient le courage, la volonté de continuer. Il ne voulait plus que sa famille vive de la pitié des gens.

Le jour de son dix-septième anniversaire, Trendür, son maître forgeron, lui offrit son propre marteau et le droit de continuer à travailler pour lui, dans sa forge. Reizak accepta en pensant à la fierté de ses parents. Il y travailla sept ans.

Puis vint la guerre. Avec elle, le recrutement automatique de tout homme valide en âge de manier une arme. Bien sûr, Findass ne fut pas engagé, mais Reizak n’y échappa pas. Il fut emmené dans un vaste camp d’entraînement où on le forma. Il nota très vite une préférence pour la hache double. Une arme pouvant provoquer de gros dégâts chez l’adversaire et assez résistante pour bloquer tous les coups. Au début du mois de Rael on le mena avec tout les soldats du camp vers l’endroit où aurait lieu la première bataille. Le voyage dura une vingtaine de jours et il arrivèrent le matin de la bataille. L’armée d’Ailes Ténébreuses ne fit que très peu de pertes chez les soldats de la Terra Mystica et ce fut une victoire écrasante pour ceux-ci. Reizak, repéré pendant la bataille, suivit un entraînement spécial jusqu'à la bataille suivante. C’est à cette occasion qu’il rencontra Andariel, un humain qui lui parut fort sympathique. Il sympathisèrent très vite et une confiance mutuelle et complète s’installa doucement entre eux. Suite à l’entraînement qu’il avait effectué, on confia un bataillon à Reizak.
Et la guerre revint, plus féroce que jamais. Le huit de Telniss la deuxième bataille de cette ère commença. Reizak se battit avec rage, bien plus efficacement que lors du premier affrontement. Il apercevait de temps à autre Andariel, semblable à un tourbillon de lames invisibles. Assassin de guerre, il exécutait ses adversaires sans qu’aucun ne le voie. Il se mouvait sur le champ de bataille, armé de sa dague et son épée, tranchant une jugulaire ici, coupant une jambe là, un véritable massacre. Malgré les efforts fournis par des centaines d’autres hommes comme ces deux là, noyés au milieux de dizaines de milliers d’autres, ce fut une défaite. L’armée terrianne dut se replier face au nombre phénoménal des fanatiques de Zélphos. Malheureusement, sur les soixante soldats confiés à Reizak, seuls quinze restaient entiers et vivants. La soirée fut arrosée de bière, destinée à faire oublier le nombre de tabourets inoccupés.

Dans les mois qui suivirent, Reizak s’entraîna avec ses hommes, se promettant qu’ils ne subiraient aucunes pertes lors de la prochaine bataille. Celle-ci vint après quelques mois à peine. La « Bataille des pleurs ». Aujourd’hui encore on parle de ce désastre. Les seize compagnons ne se quittèrent pas d’une semelle des cinq heures que dura la bataille. Enchaînant acrobaties, coups d’estoc et diversions, ils créèrent dans la zone où ils opéraient, un chaos incroyable chez les ennemis. Ils furent cependant contraints de se replier quand les autres parties de l’armée du grand démon se regroupèrent au milieu des quelques groupes qui résistaient comme celui-ci. Il perdirent un homme dans cette retraite. Aldar, un père de famille. Ils réussir à emmener son corps non sans difficulté. Cette défaite marqua la fin de la guerre.

Le soir de la bataille, Reizak alla se coucher, ivre, sans prendre la peine de retirer son armure. Il dormit mal, rongé par un mauvais sentiment. Il fut réveillé autour de cinq heures par le son caractéristique d’une lame qu’on tire son fourreau, suivi d’un petit cri étouffé. Il se leva silencieusement et colla son oreille contre la porte. Il entendit deux hommes chuchoter :
« - Et celui-là, pourquoi il était pas parti ?!
- J’en sais rien, j’suis pas dans sa tête ! Bon c’est cette porte»
La voix d’Andariel. Que faisait-il ?
« - Bien, voilà ton or. Tire-toi maintenant !
- Hé c’est quoi c'bordel, y’a à peine la moitié de c’qui était prévu ! Essayez pas de m’arnaquer ! »
Le traître. Il l’avait vendu. Un goût de fer emplit la bouche de Reizak. Il s’était mordu la joue de colère.
« - Écoute petit merdeux, des centaines d’autres gars comme moi ont pour mission de tuer les gars comme votre « Hache sanglante », et des centaines d’autres gars comme toi doivent être payés pour nous les livrer. On a du réduire les récompenses, on pensait pas tomber sur autant de balances chez vous. Maintenant dégage ! »
A ces mots, Reizak attrapa silencieusement sa hache et revint se coller contre la porte. Au même instant, un bruit de bousculade vint du couloir. Quelqu’un poussa un cri. Un corps tomba lourdement par terre.
« - Andariel… Tu me déçois sincèrement, je te croyais plus intelligent. Tu pensais vraiment qu’on allait te laisser tes armes ?
- Chien ! »
Il parlait avec difficulté, sans doute immobilisé au sol. Soudain, un cri de femme retentit du fin fond de la nuit. Suivi de centaines d’autres. Reizak sursauta et sa tête cogna la porte.
Tout alla très vite.
L’homme cria :
« - Défoncez-moi cette porte ! »
Reizak sauta en arrière et balança un coup de hache quand la porte sortit de ses gonds. Deux hommes furent littéralement coupés en deux à la taille. Derrière, il vit une quinzaine d’autres hommes ainsi qu’Andariel, maintenu à terre par une clé de bras, sûrement par le chef. Reizak fit une analyse rapide de la situation. Un nombre d’adversaires conséquent. Une chambre de la taille d’un petit cagibi. Une énorme hache. Fenêtre fermée. Premier étage. En bref, un désavantage tactique, autant pour le nombre d’adversaires que pour la place nécessaire pour correctement utiliser son arme. Une seule solution. Il sauta par la fenêtre en explosant le volet d’un coup de pied, et il se retrouva en l’air. A trois étage du sol. Maudit alcool.

Pendant sa chute, ce qu’il devait faire lui apparut d’un coup. Il devait partir. Il changerait d’identité, il ne serait plus « La Hache sanglante » mais un voyageur solitaire. Une fois parti, son unité serait dissoute en vertu de l’article 5-B du règlement militaire, ils seraient donc en sécurité, personne ne les retrouverait. L’exil était la seule solution.

Il traversa le toit d’une échoppe et arriva sur un sac de patates. Il se releva en vitesse et sortit en courant. Dès qu’il eut passé le pas de la porte, une flèche siffla à droite de sa tête. Il se précipita dans une ruelle et courut à travers la ville. En courant, il pensa à Andariel. Il l’avait trahi. Après tout ce qu’ils avaient vécu, après avoir frôlé la mort côte à côte, il l’avait abandonné pour un sac d’or. Jamais plus Reizak ne pourrait faire confiance. Il quitta la ville sans difficulté et courut encore sur une dizaine de kilomètres avant de s’arrêter. Il attendit une heure, caché dans un buisson, sa hache à la main. Personne ne l’avait suivi. En traversant la ville, il avait vu des dizaines de femmes et d’enfants se faire massacrer. Du sang jonchait les murs et le sol, coulait des plaies aux caniveaux. Un spectacle funeste pour une dernière traversée de la ville.

C'est ce jour que commença ce que Reizak appelle aujourd'hui son « Exil ». Pendant deux ans, il traversa des contés de la Terre et du Feu, sans aucun but. C'est au bord du Grand Lac, dans les Plaines mystiques qu'il fit la rencontre de l'homme qui changea à jamais sa vie.

Il marchait le long du lac, spectacle incroyable d'un véritable océan intérieur, quand il aperçut un camp de nomades au bord de l'eau. Cherchant la solitude, comme à son habitude, il contourna le camp mais tomba sur une vielle paillasse, sous un vieux pommier, sur laquelle reposaient une miche de pain et une cruche d'eau. Tout cela à une trentaine de mètres des tentes. Il n'y prêta guère attention, bien que cela l'intriguât.
« Sans doute un homme banni pour avoir commis une faute » pensa-t-il.
Au moment où il passait sous l'arbre, une branche craqua, et avant qu'il n'ait le temps de lever un œil, un homme surgit des branches et atterrit devant Reizak. C'était un homme d'âge avancé, assez grand et mince, une barbe grise, des sourcils broussailleux, mais surtout, un sourire chaleureux et bienveillant.
« - La thèse de l'exclu ? »
Il avait une voix claire et douce.
« - Pardon ?
- Vous pensez que je suis exclu de ce groupe ?
- Oui mais comment...
- Tout le monde pense ça. En réalité j'ai besoin d'être à l'écart et bizarrement d'être en hauteur pour bien développer mon imagination.
- Votre imagination ?
- Ho, mille excuses ! J'ai omis de me présenter ! Brahmine, conteur de mon état. J'accompagne les nomades que vous voyez là bas et les divertis de mes contes et légendes.
- Reizak, déchet trahi, perdu et sans but, de mon état.
- Ho ben mon vieux, t'as besoin d'une bière toi ! »
Il attrapa, bien enfoui dans les racines de l'arbre, un petit tonneau de bière. Il vida la cruche, la remplit de bière, et la donna à Reizak. Il s'assit dans l’herbe et invita Reizak à le rejoindre.
« - Raconte-moi ton histoire s’il te plaît »
Cet homme inspirait confiance, Reizak lui raconta donc son histoire. Depuis le début de l’entraînement à la trahison d’Andariel, en passant par les batailles, la rencontre avec chacun de ses autres camarades… Il parla longtemps, si longtemps que le ciel en devint rouge-orangé. La lumière se reflétait sur le lac, rendant le paysage plus magnifique encore qu’il ne l’était déjà. Il s’aperçut d'un coup de la durée de son histoire. Il fut étonné de se rendre compte que cela faisait longtemps qu’il ne regardait plus Brahmine. Il tourna la tête vers lui. Celui-ci avait la bouche entre-ouverte et le regard vide.
« - Pardon, tu as fini ?
- Pour la guerre oui, la trahison de cet homme à marqué la fin de mes fonctions. Je peux vous raconter mes trois dernières années, mais il n’y a guère à racon…
- Oui ! S’il te plaît raconte-moi ! »
Reizak fut étonné de le voir si captivé par son histoire, mais il continua donc. Le soleil se couchait, laissant apparaître le voile sombre de la nuit. Les gitans allumèrent des feux, ils ne se coucheraient pas avant un moment. Des sons de musique commencèrent à parvenir à Reizak alors qu’il parlait. Des sons magnifiques. Parfois doux, parfois brutaux, presque sauvages. Et Brahmine, lui, ne bougeait pas. Il écoutait, sans perdre un mot de cette longue histoire. Après quelque heures, la musique se tut, les feux commencèrent à s’éteindre peu à peu, les nomades allèrent se coucher un à un. Reizak, lui, continuait de parler, stupéfait lui même de la quantité d’événements qu’il avait vécus. Les mots défilaient sur ses lèvres, tels un torrent de paroles, sans qu’il n’ait à réfléchir, à les préparer.

Puis vint le moment où il n’eut plus rien à dire. Il s’aperçut d’un coup que cet homme, qu’il ne connaissait pas le matin même, savait tout de lui de ses dernières années. Il savait maintenant bien plus de choses que lui même quelques heures auparavant. Les feux avaient fini de s’éteindre, il ne restaient là bas que quelques braises mourantes et deux chiens assis, l’oreille au aguets d’une quelconque menace. De Brahmine, il ne devinait qu’une ombre à un mètre de lui. Il se demanda un instant s’il s’était endormi. Il ne bougea pas durant quelques minutes, puis pensant que c’était en effet le cas, il se leva, afin de quitter les lieux.
« - Assiez-toi je te prie. »
Reizak s’exécuta lentement. Son compagnon ne bougeait toujours pas.
« - Excusez-moi, je pensais que vous dormiez...
- Aucune importance, tu es toujours là. Écoute-moi bien Reizak, sans m’interrompre. Tu as été forgeron, tu as aussi été soldat, même officier. Tu as été bûcheron, pêcheur, mercenaire. Tu as beaucoup été vagabond. Laisse-moi maintenant t’apprendre à vagabonder correctement, laisse-moi t’apprendre mon métier. Tu as une parole incroyable, une façon de raconter les faits, d’insister sur les détails, absolument hors du commun. Mon ami, tu as une âme de conteur. Je te laisse la nuit pour y réfléchir et si tu le veux bien, je te formerai. Ne t’inquiète pas, ce sera rapide. »
Reizak en resta bouche-bée. Il s’attendait à tout sauf ça. Il entendit Brahmine s’allonger, et quelques instants plus tard, ronfler. Il réfléchit quelque temps. Cet homme lui proposait un nouveau départ. Il lui proposait de donner un but à son existence. En pensant à la proposition, il remarqua que raconter cette histoire lui avait plu. Il décida d’accepter la proposition. Satisfait de son choix, il s’allongea dans l’herbe et mit quelque minutes à s’endormir, pensant à son avenir proche. Au moment où il sombrait, une question lui vint à l’esprit : Comment Brahmine savait il qu’il avait été forgeron ? Puis les rêves envahirent son esprit.

Le lendemain, Reizak avait complètement oublié sa question. Il demanda à Brahmine de commencer son apprentissage, ce que celui-ci fit aussitôt. Pendant une semaine, il parcourut le pays avec les nomades. Son enseignant lui expliqua les techniques pour captiver un public. Il lui raconta beaucoup de contes, d'aventures de héros, mais aussi ses propres histoires. Après une semaine, Reizak disposait du minimum de connaissances nécessaire pour commencer ce métier. Le reste, il l'apprendrait « sur le terrain ». Le dernier soir, Brahmine lui demanda de se joindre au groupe. Le conteur commença alors son histoire. L'histoire d'un jeune garçon rêvant de devenir écuyer. Le jour de ces sept ans, les sélections commencèrent aux écuries royale et il fut accepté après avoir délivré à un public éberlué un discours incroyable. Ébahi, Reizak écoutait l'histoire de son père, réinventé pour plaire à un public humain et grand monteur de cheval. Quand le spectacle toucha à sa fin, Brahmine emmena son apprenti à l'écart.
« - Voilà mon dernier enseignement : Une histoire est une idée. Une idée prendra la forme que tu voudras. Et enfin, la règle capitale des conteurs : toutes les histoires son bonnes à raconter, même celles d'un gamin rêvant de devenir forgeron. »
Sur ces mots il alla se coucher. Avant de s'endormir, Reizak se rendit compte qu'il avait confiance en cet homme. Peut être un jour pourrait-il de nouveau avoir un ami, avec qui partager un bout de route. Il se promit qu'il reconnaîtrait cette personne. Puis il s’endormit.

Il se quittèrent près de Tilamas. Reizak avait alors vingt-huit ans. Il voyagea à travers le monde et y voyage encore. Nous sommes en 112 de cette ère, l'été commence en ce mois de Welnorr et Reizak approche les trente-six ans. Il a pour projet de retourner à l'endroit où il a rencontré Brahmine, en commémoration de sa dixième année de conteur. Il refera le trajet qu'il avait parcourut aux cotés de son mentor, puis il décidera de la suite de cette aventure...