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Raconte le jour où Blagwist a trouvé son jardin.

[Nous revoilà à l'Aube de la vie de notre ami Blagwist. Son précepteur l'ayant congédié après lui avoir appris tout ce qu'il pouvait.]

Cela faisait maintenant plusieurs heures que Blagwist avait quitté son maître pour trouver sa vocation. Peut-être allait-il être un Gnome des Bois ? Ou encore un gnome domestique ? Allait-il se retrouver sur des terres froides et hostiles pour devenir un Gnome des neiges ? Il verrait bien, après tout, il n'était pas pressé. Pendant qu'il traversait la clairière où se mariaient les couleurs des champs aux rayons du soleil, Blagwist inspira longuement pour s'enivrer de cette troublante odeur d'herbe, de plante et de bois. Que c'était bon. Il continua sa route, ramassant quelques brindilles au passage pour s'occuper un peu, car il faut le dire,la solitude était de mise dans cette quête.

La nuit commençait lentement à pointer le bout de son nez quand notre Gnome décida de s'arrêter près d'une haie de buissons pour se reposer. Il récupéra quelques brindilles et autres feuilles puis tenta de trouver le sommeil. Etrangement ce soir-là, il ne réussi pas à s'endormir. Quelque chose le tracassait. Quelque chose le retenait éveillé ! Ceci n'est pas dans les habitudes des Gnomes qui s'endorment plus vite qu'un chaton, mais ce soir-là avait quelque chose de spécial. En effet, Blagwist semblait bouillir de l'intérieur. Il pestait contre lui-même et décida de marcher un peu, histoire de visiter les environs. Le gnome arriva donc près d'un énorme terrier. Il passa la tête par delà le seuil pour se tenir au courant de son voisin d'une nuit. C'est alors qu'il se fit accueillir sous une rafale de griffe par une famille de Blaireaux. Ni une, ni deux, notre petit camarade pris ses jambes à son cou et traversa d'un bond la haie de buisson qui longeait son couchage.

Ce fut comme une apparition. Le voilà le lieu envers lequel il allait être lié. Il ne pouvait expliquer pourquoi ni comment, et certains même trouveraient ça stupide de choisir un endroit sur un coup de tête, mais il s'en fichait. Un terrain vague, aussi fertile qu'une naine à barbe, allait devenir son chez-lui. La terre était aussi sèche que celle qu'on trouve dans les terres de Feu. La lune lui donnait une couleur funeste, presque magique. Le Gnome en prit une poignée et l'écrasa dans sa petite main. Seule de la poussière s'en échappa. Il alla ensuite voir les quelques herbes qui poussaient tant bien que mal sur cette croûte. A côté du chiendent, La tâche était rude, mais notre compagnon n'était pas du genre à rechigner. Il savait à présent ce qu'il était devenu : un Gnome des Jardins. Sans perdre de temps, il commença son labeur. Le grand arbre ici, entouré de champignons, allait devenir son terrier. Par là, il y aurait une marre où quelques poissons pourraient venir écouler des jours heureux. Ici, des arbres fruitiers attireraient bien quelques oiseaux. De ce côté, un potager où pousseraient toutes sores de légumes, dans le seul but de pouvoir manger. Bien entendu, il ferait pousser tout ce qui pourrait lui être utile. Plantes à longues feuilles pour récupérer les gouttes de rosée, fleurs citronnées pour éloigner des insectes parasites et, pour couronner le tout, des guirlandes de lucioles qui éclaireront les petits chemins dans lesquels le Gnome se déplacera. Avant de commencer à « creuser son trou », il lui fallait des outils. Où allait-il pouvoir trouver de tels engins ? Il leva la tête et vit l'astre nocturne se refléter sur des pierres. Une demeure Humaine, juste à côté de son coin ! Il visita la maison juste en face de son jardin, dans le but de récupérer quelques ustensiles tels qu'une cuillère ou encore un gobelet. Une fois tout cela chapardé, son jardin allait pouvoir commencer.

Il entra dans ce qui semblait être la pièce principale. Quelques bougies éclairaient les corps endormis d'un homme âgé, d'une femme plus jeune et d'enfants. Le chien au coin du feu, ronflait aussi fort que Blagwist, si ce n'est plus. Ceci le fît sourire. Ces gens semblaient vivre une vie paisible dans leur petit nid douillet, et ils ne sauront même pas qu'il existe un Gnome qui cultive son jardin à côté de chez eux. Le petit être souffla une bougie, qu'il passa par le même trou de souris par lequel il était entré, puis parti en quête d'une cuillère. Il sauta sur un morceau de bois qui devait servir de chaise puis se retrouva sur la table. Il grignota un grain de raisin puis récupéra ce dont il avait besoin. Après avoir sorti ses nouveaux objets de la maison, il se souvînt qu'un gobelet pouvait lui être utile. Il retourna donc dans la maison. Le jour pointait le bout de son nez, et les Humains n'allaient pas tarder à se réveiller. Il évolua dans la pièce sur la pointe des pieds, voulant faire le moins de bruit possible et attrapa d'un coup vif le verre se trouvant sur sa droite. BADABOUM ! Les autres gobelets présents sur la table se renversèrent, réveillant les habitants. Le sang de Blagwist ne fit qu'un tour. Après les Blaireaux, c'est maintenant les humains qu'il doit fuir, c'est bien sa veine ! Il claqua des doigts et s'échappa dans un nuage de fumée florale avant que quiconque n'ai pu le voir.

Le soleil était désormais haut dans le ciel. Il était temps de se mettre au travail. Tout d'abord, le Gnome des Jardins plaqua sa main au sol pour faire pousser de l'herbe. Une fois cela fait, il remonta ses manches et retira tout ce qui pouvait le gêner. Cailloux, branches mortes, cadavres, tous se retrouvèrent de l'autre côté de la haie en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Le Blaireau n'allait pas être content, mais il n'avait qu'à être plus aimable la nuit pasée. Après cela, il fallait labourer avec une petite fourche la terre où sera le potager, faire des trous à la cuillère où se trouveront les fleurs et d'encore plus gros trous pour les arbres fruitiers. Ensuite, il traça des sillons pour récupérer l'eau de pluie qui alimentera les plantes en eau et planta des branches reliées par des lianes pour y accrocher les lucioles censées éclairer son petit coin de paradis. Blagwist ne vit pas la nuit tomber, ni l'orage se profiler à l'horizon, mais une fois tout cela terminé, il releva la tête et vit avec déception que son jardin n'avait pas beaucoup évolué et qu'il ressemblait plutôt à un vieux champ de bataille où les soldats avaient abandonné armes et dépouilles pour fuir. Cela ne pouvait pas rester comme ça indéfiniment ! Le Gnome était plutôt du genre à penser qu'il fallait laisser le temps au temps, mais pas aujourd'hui, ce dernier lui manquait ! De ce fait il fallait utiliser la solution de facilité. Blagwist plaqua les deux mains au sol, prit une grande inspiration et ferma les yeux. L'herbe se mit à pousser, les courges à grossir et les fleurs à éclore. Voilà qui était parfait. Rien n'avait atteint maturité, mais il avait consommé trop d'énergie pour que son jardin ne se développe encore plus. Mort de fatigue, il se posa au pied de son arbre, qui n'était pas encore aménagé, et piqua un petit roupillon bien mérité !