Esenheim faisait courir la neige entre les doigts de sa main ganté, le genou à terre.
La toundra... Voilà maintenant bien longtemps qu'il ne s'y était pas rendu. Il rassembla les brumes de souvenir qu'il lui restait de son passé tumultueux : Il avait arpenté sans fin ces étendue glacé, mais il ne se souvenait pas de grand chose. A l'époque il avait perdu l'esprit.

Aujourd'hui, il se remettait en chasse. Et c'est bien le terme de chasse qu'il convient d'utiliser, car ce qu'il cherchait était vivant, il en avait l'intime conviction.

Il avait entendu de nombreux racontar au sujet de ce cristal : Une larme de la déesse de ces lieux, un artéfact d'une autre ère, le coeur d'un dragon de glace...
Ish, son propre dragonnet de glace vint de blottir contre lui. Esenheim caressa du doigt son corps filiforme.

Ses études à ce sujet, et une image, issue de son passé tumultueux lui confirmait en quelque sorte la dernière hypothèse.
Il s'agissait bel et bien du coeur d'un dragon de givre, mais ce cristal était bien plus que ça il était le réceptacle même de l'essence d'un dragon de givre d'une puissance phénoménale, mort jadis pendant que la colère de la nature s'était abattu sur ce monde, tant ces créatures étaient lié à l'équilibre terrestre.
Avant se rendre son dernier souffle, dans un élan de fureur, la créature avait enfermée son essence, la représentation même de sa puissance en ce monde, dans son coeur gelé, créant de ce fait un cristal capable de survivre aux ravages du temps et des guerres, et de témoigné du passé.
Pour Esenheim, qui ne pouvait s'empêcher de respecter un tel acte de provocation, le coeur devait pourtant retrouvé sa place dans le monde, et quitté la prison de dévastation dans laquelle il était enfermé.

Il était le seul capable de mener à bien cette tâche, le cadeau empoisonnée de Nayris lui permettait de se nourrir des rigueur climatique qui auraient tué n'importe quel être humain. Mais il savait que la tâche serait rude, les créatures vivant ici étaient robuste, et il se doutait que la dernière volonté du dragon avait du causé l'apparition de gardien, ou de malédictions.

Néanmoins, il se releva, il était près.

Le vent soufflait en rafales plus ou moins denses sur la Toundra. Les quelques animaux arrivant à survivre dans ce monde si hostile restait terré sous terre, ou l’abri d’un des nombreuses grottes de ce paysage désertique. Car oui, la Toundra était qu’une immense étendue de glace, à perte de vue où l’on distinguait çà et là des arbres téméraires.
Mais il y a longtemps, des créatures encore plus grosses que les ours polaires, faisaient régner un semblant d’ordre dans ce désordre de neige. Un dragon en particulier, sage mais vaniteux à souhait, chassait régulièrement les touristes de ses terres.
Ce roi des glaces était une créature si puissante que son orgueil ne cessait de croitre avec le temps. Lors vint des temps bien plus difficile, dictés par Mère Nature elle-même, il refusa de se plier à sa volonté et de se protéger ses tumultes. Simplement, la nature ne perd jamais, et elle reprit ses droits en éliminant le dragon.
Cependant celui-ci, aveuglé par son orgueil, préféra subsister sur Terra sous la forme d’un cœur de cristal… Il attendait juste la bonne occasion de revenir en ce bas-monde.
Des siècles passèrent, et personne ne le vit refaire surface. Sa tanière transformée en palais de glace fut oublié. Tout de cet être n’était plus qu’un mythe, l’on oublia jusqu’à son nom. Il existe à présent un conte sur son histoire, qui est enseigné aux plus jeunes des enfants des Glaces. Mais même ici, son entité a été balayé et remplacé par un humain.
Aujourd’hui, au moment même où je vous parle, un être traverse la Toundra dans l’espoir de remettre la main dessus. Et si nous nous approchions ?
A première vue, il s’agit d’un homme. Assez grand, recouvert d’une armure sur tout le corps, ces mouvements restent assez fluides compte tenu du poids de son vêtement. Derrière son passage, des traces de pas qui sont recouvertes quasiment instantanément par la neige joueuse. Le froid ne semble pas l’atteindre et aucun souffle ne sort de son heaume, chose étrange… Il avance vers un but inconnu mais tourne le dos à toute forme de civilisation.
S’il l’on s’approche un peu, on peut remarquer que ses yeux ne semblent pas vraiment humain, et que le manque de grincement de la part de son armure confirme cette hypothèse. Il vient sans doute la chercher la mort, qui ou plutôt quoi qu’il soit.
Devant lui, le même paysage désertique. Nul végétation, nul vie apparente et pourtant… Non ne sommes pas les seuls à l’observer… Une faim tenace à ventre, c’est un tigre à dent de sabre qui le suit maintenant depuis au moins dix minutes

[hrp: tu me diras si c'est ce que tu attendais de moi et si mon style d'écriture te convient]

Esenheim marchait maintenant depuis ce qui semblait des heures dans l'étendue glacée, d'un pas régulier, inépuisable.
Le vent cinglant levait des volutes de neiges de si et de là, qui venait s'écraser sur le corps glacé du démon.
Esenheim se nourrisait de la puissance brute de cet endroit. Pour un démon de sa race, si on pouvait parler de race car à sa connaissance il était le seul représentant de son espèce, cet environnement était chargé de mane à l'état pur.
Certaines culture druidiques vouent à la nature, et la vie qui en résultat, des propriétés magiques. Esenheim sentait l'énergie naturelle de cet endroit, plus encore car l'environement de glace lui convenait, et que celui-ci n'avait jamais été souillé par la main humaine.

La réverbération du soleil sur la neige emplissait le lieux d'une sorte de luminescence iréelle. Si Esenheim ne "voyait" pas au sens ou on l'entendait, néanmoins cet éclairement incroyable affaiblirait d'autant une quelconque tentative de sa part de se servir de la magie des ombres.
Quand à la magie de glace... si ses pouvoirs étaient renforcés par l'environnement au délà de tout ce qui était imaginable, ils ne lui serviraient pas à grand chose contre les ennemis qu'il croiserait ici. Tous était adaptés au rude climat, capable de vivre malgré des température terriblement négative la nuit.
Non, point de magie ici, ce serait une lutte acharnée, où la glace de sa lance devrait affronté croc, griffes, et tout autre ennemis. Un combat de l'homme contre la nature, pourrait-on dire, s'il était réellement humain.

Alors qu'ils progressaient lentement au milieux des dunes de neiges, Ish, le dragonnet d'Esenheim se mit à pousser des trilles nerveuses, s'agitant autour d'Esenheim. Ce dernier, perplexe, arrêta sa progression.
Les dragons de givres sont natifs de ces terres, si son compagnon s'affolait ainsi, c'est que quelque chose n'allait pas.
Esenheim scruta l'horizon, cherchant à déterminer ce qu'avait senti son jeune compagnon.
Ne parvenant pas à voir quoi que ce soit, il se prépara à reprendre son avancé, quand soudain le reflet brillant du soleil sur la glace chatoyat. Esenheim se concentra sur le point d'où provenait cet éclat, et découvrit l'imposant traqueur qui le poursuivait.
Un tigre à dent de sabre, un bon mètre trente au garot, soit plus de deux cents kilos de férocité.

La bête, sentant probablement qu'elle avait été découverte, se mis à accélérer progressivement, sachant que son adversaire ne pourrait la fuir.

Concentrant ses pouvoirs dans la paume de sa main, Esenheim frappa violement le sol,relâchant une puissante décharge d'énergie frigorifique, transformant la neige amollie par le soleil en une glace extrèmement dur. Au moins, s'il devait affronter la créature, il le ferait sur un terrain de choix.
Il laissa son arme accrochée en travers de son dos pour le premier assaut, celui-ci serait trop rapide pour que sa lance fasse autre chose que le gêner.

La bête arriva, lancée de tout son poid. Arrivée sur le cercle de glace qu'Esenheim avait créé, elle perdit légèrement ses appuies, surprises par le changement subite du sol. Cette perte de stabilité était tout ce dont Esenheim avait besoin, alors que la bête bondit gauchement sur elle-même, il pivota en se décalant pour l'éviter, et tenta de lui assener un puissant crochet du gauche au niveau de la tempe pour sonner l'animal. Malheureusement, la vitesse d'éxécution d'une telle action était trop grande pour que la précision du coup soit parfaite. Au lieux d'atteindre son objectif, le poing d'Esenheim s'abbatit sur le haut du coup de l'animal, terminant de lui faire perdre son équilibre, et le projettant au sol.

Sans perdre un instant, Esenheim saisit son arme et l'abbatit sur le tigre. Malheureusement celui-ci se releva trop vite, et l'arme rippa sur l'os de son épaule, laissant une vilaine entaille le long du flanc de la bête.
La neige commença à se teinter de rouge.

Esenheim dit avec un ton de défis dans la voix : Le premier sang est pour moi.

La bête allait maintenant soit reculer, et rester prudente, soit attaquer folle de râge. Elle choisi la seconde solution. Elle attaqua, bondissant de toutes ses forces sur le démon. Etait-ce la rage qui décuplait ses forces, ou le sol endurcie qui faussait son estimation, toujours est-il qu'au lieux d'atteindre l'endroit ou aurait du être la gorge d'Esenheim, elle passa trop haut, percutant son adversaire de tout son poid, et les projettant tout les deux au sol.
La bête tenta d'arracher le casque de son adversaire, mais celui-ci interposa son arme, tenu à deux main devant lui.
La gueule de la bête se referma sur la hampe de son arme, qu'elle brisa d'un puissant coup de machoire.

Ne ratant pas sa chance, Esenheim enfonça profondément la hampe brisée dans le côté du cou de son adversaire, ressortant de l'autre côté.
Dans un dernier râle de douleur, la bête s'effrondra alors.

Le démon se dégagea difficilement, repoussa le corps sans vie. Regardant son adversaire déchu, il dit, la voix empleinte de respect :

Tu étais un adversaire digne de ce nom, et tu mérite ta place dans les prairies célèste des traqueurs.

Il dissipa sa lance, et la reforma à partir de la glace tachée du sang de la bête. Une fois le processus terminé, il arborait maintenant une lance d'un rouge sombre, ornée d'une emblème représentant le tigre à dent de sabre en plein assaut.

Je ferais honneur à ton sang. Ceci je te le promet

Esenheim reprit ensuite sa route.

Les éléments continuaient de se déchainer dans ce vaste pays décharné. Outre la morsure du vent, tout dans ce paysage devenait insupportable pour toute personne saine d’esprit : le blanc à perte de vue, le froid, le déchainement des vents, les crevasses… Rien ne permettait de distinguer le ciel de la terre. Même le soleil était absent.

Alors que l’intrus s’enfonçait de plus en plus dans les profondeurs de ce désert, il atteignit un lieu bien étrange. Au détour d’une crevasse, à l’abri d’une dune de glace, on entrait dans une cuvette étonnamment calme. Plus un bruit, plus un son ne venait agresser les oreilles du voyageur.

En plus de ce vide sonore, s’ajoutait un plaisir visuel. La glace n’était pas aussi dure qu’avant, perdant ainsi sa dureté et devenant bien plus agréable à marcher. Contre un bloc de glace s’épanouissait même une plante montante des neiges composée de magnifique fleur bleue.

On voyait bien qu’un dôme magique certainement protéger ce petit coin de vie. Très petit, il suffisait néanmoins à protéger un igloo assez grand et ce petit… jardin.
D’ailleurs, comme le laissait entendre des traces de pas, cet espace devait être habité par un ou deux habitants. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui, troublaient par l’arrivée d’un personnage aussi imposant, n’osait pas sorti pour lui demander de quitter leur propriété.

Il s’agissait ici d’un couple de vieux Lorialet qui avait décidé de se couper du reste du monde. Et quoi de mieux qu’un petit coin perdu au milieu d’un désert sans pitié ? Grâce à leurs pouvoirs et à un artefact spécial, ils avaient réussi à créer cette bulle et la maintenaient plus ou moins chauffée au moyen de leur aptitude à changer le climat les entourant.
Ils se terraient donc ici, tous deux bien serrés l’un contre l’autre, pensant leur fin proche mais le destin en décida autrement.

Esenheim commençait à fatiguer, non pas de cette éternelle marche, mais du paysage. Si Ish trouvait le climat tout à fait agréable, cette lueur blanche à portée de vu commençait à devenir monotone aux yeux d'Esenheim.

Il comprit pourquoi il ne gardait que peu de souvenir de ses cinquante ans d'errance au milieux de la toundra, une âme en peine au bord de la folie, ou les deux pieds dedans : Il n'y avait rien à se souvenir de cet endroit.

On pouvait certes trouvé le côté sauvage de cet endroit attrayant, comme le démon, mais la plupart de la surface qui le composait était vide, vide d'émotion, vide de vie, de beauté, d'espoir...

Soudain, le désert blanc fit place à un climat plus doux. Ish eut une trille de protestation face à ce brut réchauffement, et commença à frapper le casque d'Esenheim en signe de désapprobation. Du bout du doigt, Esenheim lui assena un petit coup sur le museau :

Tant que tu pèses moins que moi, c'est moi qui décide.

Le dragonnet haussa un sourcil, intéressé, le démon répondit juste :

Mais ne te fais pas des idées, quand tu pèseras plus lourd que moi, ce sera toujours moi qui déciderais, mais tu auras des arguments pour négocier.

Le dragonnet lui siffla dessus et se remit à bouder.
Ce changement de climat étonnait néanmoins Esenheim? Piège? Ou bonne surprise...
Il avança prudemment, le soleil se reflétant d'éclat rouge au contact de la lance sanguine du démon.
Plus il découvrait cet endroit, plus celui-ci ressemblait à une piège : Un oasis de douceur au milieux d'un enfer glacé.
Soudain, il découvrit une petite habitation, devant celle-ci, deux silhouette, Esenheim s'approcha, l'arme à la main, jusqu'à constaté qu'il s'agissait de deux personnes âgées. Que faisait-elle en plein milieux de cet endroit? Le démon l'ignorait, mais elles allaient peut-être être capable de le renseigner, et de lui permettre de retrouver son chemin avec plus de précision. Car si le dragonnet était capable de le guider approximativement, Esenheim doutait de sa fiabilité.

Il rengaina son arme, et approcha d'un pas pesant, s'arrêtant à une distance respectueuse de ses hôtes. inclinant légèrement la tête par politesse, il dit juste :

Salutation, anciens, soyez assuré que je ne vous veux aucun mal, mais que je défendrais chèrement ma carcasse dans une situation contraire. Je souhaiterais vous demander des renseignement...