Sauvage & farouche, Fìrnen ne se laisse jamais–ou très rarement- approcher. Il sait que la guerre fait rage sur Terra Mystica, & la guerre rend fou, avide de sang, de pouvoir & de vengeance. Alors, pour se protéger, il repousse toujours ceux qui viennent l’aborder, quelle que soit leur race, il évite soigneusement les villes –de toute façon, que viendrait faire un Dragon en ville ?- & vole toujours très haut, ainsi, depuis la terre ferme, on le confond avec quelque grand oiseau en voyage. Même s’il trouve une personne en danger, que ce soit la mort ou l’esclavage, il hésitera à lui porter secours. Par pas crainte, il sait qu’il est une créature intimidante & il ne doute pas de sa force, mais tout simplement par méfiance.
Téméraire, impétueux & sûr de lui, s’il est attaqué, cette fois, il n’aura aucune hésitation & ne reculera pas devant le danger. Hors de question de s’enfuir la queue entre les pattes ! Seuls les lâches agissent ainsi, & il est l’exact opposé. Au combat, Fìrnen n’obéit qu’à son instinct & à personne d’autre, on aurait beau lui hurler des ordres & gesticuler comme un excité fou furieux, il n’écouterait pas. D’ailleurs, avec son léger penchant pour l’impulsivité & la férocité, mieux vaut rester bien sage, sinon, ça pourrait mal finir –pour l’excité en question, évidemment-. Face à ses ennemis, il est implacable & mortel, limite sanguinaire. Ses adversaires ont donc tout intérêt à savoir se défendre contre un Dragon furieux, car sinon, la mort les attend à bras ouverts.
Fìrnen a beau être jeune, il n’est ni naïf ni crétin pour autant, si on lui ment & qu’on cherche à le tromper, il le découvrira avant que le plan machiavélique de mettre un Dragon à son service ait fonctionné ne serait-ce qu’une seule malheureuse petite minute. Evidemment, inutile de préciser que s’allier avec lui pour le trahir ensuite est une très mauvaise idée. A retenir : ne surtout pas tenter de l’amadouer avec du miel : il déteste ça, trop sucré, gluant & affreusement collant, ça ne fera que l’agacer davantage.
& sous cette image de Dragon sauvage & indomptable se cache un cœur en or, un être doux & bienveillant, réconfortant & protecteur, attachant & chaleureux. Seulement, il restera toujours aussi mystérieux & secret au sujet de lui & de son passé, mais ce n’est pas bien important. Calme & serein, Fìrnen adore s’allonger au bord d’une falaise ou sur un grand rocher chauffé par le soleil, ou encore se percher dans un arbre à la manière d’un oiseau. Pourquoi ? Il y a de multiples raisons : écouter le grondement du tonnerre, admirer les étoiles ou dormir, tout simplement. Les grottes & les cavernes ne lui conviennent pas, il ne supporte pas d’être enfermé entre quatre murs. Même s’il se nourrit peu, il chasse toujours avec vigueur & envie, & couvre parfois de longues distances pour trouver la proie la plus savoureuse. Il a une préférence pour la viande juteuse des cerfs & apprécie le goût légèrement sucré des fraises. Bien sûr, voler, défier la gravité & atteindre les énormes nuages blancs floconneux restera à jamais son plus grand plaisir ; c’est perdu dans l’immensité des cieux qu’il se sent heureux, libre & vivant.
Oh, sans oublier qu’il raffole des gratouilles derrière les cornes…

Fìrnen vit le jour le 17 de Nelnurr, en l’an 106. Sa mère, une grande dragonne aux écailles pourpres, resta à ses côtés pendant ses six premiers mois. Elle le protégea & le nourrit, & lorsqu’il eut assez grandit, elle lui apprit rapidement tout ce qui pourrait l’aider à survivre, & elle disparut pour ne plus jamais revenir. Le dragonneau n’en fut pas bouleversé. Sa mère était restée avec lui uniquement pour qu’il survive, seul, il serait mort après quelques heures. Survivre seul fut difficile, très difficile, mais Fìrnen puisait son courage & sa détermination dans sa rage de vivre. Il voulait grandir, devenir beau & fort. Ce désir devint un rêve, puis le rêve devint un objectif, un but qu’il devait absolument atteindre. C’était comme s’il était déconnecté du monde, une seule pensée flottait dans sa tête : survivre.
A l’âge de ses deux ans, Fìrnen était devenu assez grand & fort pour partir à la découverte du monde. Son monde. Il voyagea pendant deux longues années, traversa tout Terra Mystica, visita toutes ses contrées. Il s’établit huit longs mois à Drayame, l’immense forêt des Elfes. Là-bas, il travailla son endurance, sa force, sa rapidité & son agilité en vol. Il voulut visiter l’ancien empire des Fées, mais les Démons y étaient trop nombreux, il fut contraint d’y renoncer. Quand il quitta le couvert des grands arbres, il s’envola dans les cieux & s’installa près du Temple aux Milles Plumes, dans la belle cité de Sylfiria. Une nuit, deux hommes armés de haches & de leurs muscles l’attaquèrent dans son sommeil. Ils voulaient le tuer pour lui arracher ses écailles, ses cornes & ses crocs. Deux vagabonds qui cherchaient désespérément quelque chose qui leur procurait de l’argent, beaucoup d’argent. Comme Fìrnen ne crachait pas encore du feu, il eut du mal à se débarrasser des deux hommes qui furent de redoutables adversaires. L’un d’eux réussit à lui agripper une corne, & s’il n’avait secoué la tête jusqu’à en voir des étoiles, le jeune Dragon aurait fini sa vie à Sylfiria, le crâne ouvert en deux. Mais s’il arriva à envoyer l’homme dans un mur juste à temps, le tranchant de l’arme glissa le long de sa tête & l’entailla. Fìrnen ressortit victorieux du combat, mais à un prix : une cicatrice barrant son œil gauche.
Sans traîner plus longtemps, il se dépêcha de quitter les cieux & se rendit à Volcania dans l’espoir de réveiller ses flammes. Ce qui arriva. Alors, malgré le paysage morne & la forte chaleur, il resta près du volcan jusqu’à ce qu’il ait une parfaite maîtrise de ses flammes. Pour oublier les températures affolantes des pays du Feu, il se dirigea droit vers les Glaces. Désireux de ne croiser absolument personne, il s’arrêta aux frontières de la Toundra & il y resta longtemps, car grâce au feu qui brûlait maintenant en lui, il n’avait jamais froid. C’est ainsi que Fìrnen atteignit ses quatre ans. Il ne reprit pas son voyage, traversa de nouveau l’océan seulement pour rejoindre les Montagnes, son pays natal. Il défendit Foam & ses richesses avec jalousie, tous les jeunes écervelés en quête de trésors disparus repartaient aussi vite qu’ils étaient venus dès qu’ils apercevaient le Dragon noir. Après une année de plus passée ici, il commença à réfléchir sur lui, sur sa vie, qui n’avait pas vraiment de sens jusqu’à maintenant. Il voulait se sentir utile, il voulait combattre pour Terra Mystica, pour son monde, mais pour cela, il devait s’engager dans une armée & tuer, encore & encore, jusqu’à ce que le sol soit poisseux de sang… Pour chasser ces pensées morbides de son esprit, il décida de continuer son voyage, sans vraiment savoir où il devait se rendre. Voilà dans quelle situation se trouve actuellement Fìrnen, âgé de six ans.

Doit-il rester neutre & ainsi avoir la paix, ou doit-il combattre pour ce monde qu’il chérit tant ?