Trois fois... Par trois fois Datar avait échappé a la mort de justesse! Trois assassins envoyés par on ne sait pas qui.. qu'il n'a bien évidemment pas eu le temps d'interroger. Il en a tué deux par pur réflexe, le troisième a sentit qu'il n'avait pas d’échappatoire et a préféré se donner la mort en avalant une capsule de poison. Datar a eu beau se démener... le poison était trop fort. Il n'avait eu aucunes informations et ces attaques incessantes commençaient a le déranger. Non pas qu'il est peur, loin de là... il avait assez vaincu selon lui et si quelqu'un était assez fort pour le vaincre, il accepterait la Mort avec plaisir.

Mais pour l'heure la situation le tracassait. Il n'aurait de toute évidence pas le temps de s'occuper de sa sécurité a plein temps... il avait besoin d'une aide exterieure et pas n'importe laquelle! Il voulait le meilleur dans ce domaine! Un garde du corps compétent et efficace! Pour le moment il avait fait partir une trentaine de missive dans la cité elfique, stipulant que Sir K'Tarsis recherchait un garde du corps talentueux pour assurer sa protection. Il avait eu quelques visites... des inconnus... des gens pas très sur et pas très confiants. Il était donc encore sans protection.

C'est donc dans son salon, devant un bon feu de cheminé, un verre de liqueur a la main, que l'elfe attendait la fin de la journée. Mais quelqu'un sonna a la porte. La domestique s'empressa d'aller ouvrir la porte...

Yaelle ne pensait pas trouver aussi rapidement du travail, surtout en dehors de la guilde des Protecteurs. Sa dernière mission dans les plaines avait bien gonflé sa bourse et si elle avait de quoi vivre pendant encore un bon moment à ses aises ainsi qu’Ombrage, elle n’aimait pas rester inactive trop longtemps. Elle avait donc prit la direction d’une jolie petite ville dans les plaines mystiques non loin du Drayame. C’était la première ville qu’elle avait visité après avoir quitté sa famille et elle y connaissait de nombreuses personnes. Elle y avait également ses économies. Car oui, la jeune femme était plutôt économe. Elle avait toujours entendu son maître répéter que garder de l’argent de côté était une bonne chose car la vie peut parfois se montrer dure. Elle avait donc commencé à économiser dès le début de son activité de garde su corps et devait désormais posséder une belle petite somme. Mais comme la vie continuait sans lui poser d’embuche, elle n’avait jamais pioché dedans. C’était donc dans le but de mettre une partie de sa fortune à l’abri avant de chercher de nouveau du travail qu’elle s’était rendue en ville. Elle aimait l’atmosphère car étant proche du Drayame et du territoire elfique, les habitants ne se comportaient pas tout à fait de la même façon. Ils respectaient beaucoup les plantes et les animaux, commerçaient avec les elfes et se méfiaient des étrangers tout en restant hospitaliers. En ville, tout était serein et joyeux, on n’avait pas laissé les démons faire des ravages. Un grand domaine seigneurial non loin se chargeait de la sécurité en formant et payant des gardes fidèles à leur poste et honnêtes. En contre partie, un impôt était prélevé. Le système avait été décidé par la majorité de la commune et personne ne s’en plaignait.
La jeune femme arriva en ville, juchée sur sa monture. La selle de cuir qu’elle avait fabriquée pour son compagnon était ingénieuse : assemblage de cuir mais aussi de tissu molletonné, elle lui permettait de monter sur son dos en toute sécurité sans entraver ses mouvements de pattes ou d’ailes. Omb savait où il devait aller et se faufila dans la foule qui le regardait avec surprise jusqu’à une petite rue adjacente à la grande artère principale. Il se déplaçait en silence et même ses griffes ne cliquetaient pas contre le pavé. L’imposante créature finit par déboucher sur une petite placette avec en son centre une jolie fontaine. Autour on pouvait trouver une écurie, une auberge coquette, un libraire et quelques habitations. Yaëlle se leva sur sa selle, passa une jambe par-dessus l’échine de son griffon et mit pied à terre. Elle lui caressa le cou et l’invita à la suivre. Elle commença par l’écurie où elle loua un grand box pour son compagnon. Elle demanda à ce que la porte reste ouverte et qu’on lui serve de la viande au lieu du grain. Elle paya en conséquence ces services peu ordinaires mais auxquels le patron était habitué depuis qu’elle avait ramené le petit griffon à la fourrure brune dans ses bras. Puis, après l’avoir libéré de sa selle et brossé des oreilles à la queue, elle lui déposa un baiser sur le bec qu’il accepta dans un ronronnement félin et elle se rendit à l’auberge. La gérante l’accueillit comme une vieille tante qui recevrait de la visite et après lui avoir loué une chambre, elle accepta de parler affaire. C’était elle la banquière mystère de Yaëlle et cette dernière avait tout à fait confiance en elle. Pour la simple et bonne raison qu’elle l’avait envouté depuis déjà de longues années sans que personne ne soupçonne rien. Elle pouvait donc compter sur la discrétion totale de la part de la matrone et sur la cachette indétectable où reposait son argent.

- Tu sais chérie, si tu t’ennuie je crois que j’ai quelque chose pour toi. –

- C’est très gentil Youba mais je ne veux plus avoir à surveiller de commerçant, je ne suis pas faite pour rester dans une boutique sans bouger. –

- Je ne te parlais pas de ça, là c’est un vrai contrat. Je suis allée dans la ville des elfes il y a peu de temps pour acheter de quoi faire ma tisane. Et je suis tombée sur une affiche. Je l’ai prise par curiosité et je l’ai même gardée. Tu tombe bien si on peut dire. –

La femme tendit à la Yogaï un papier qu’elle tira de sous son comptoir. Dessus figurait effectivement une demande de contrat pour une protection rapprochée. Il s’agissait d’un elfe haut placé qui recherchait une personne pour veiller sur lui. Il avait l’air de chercher quelqu’un de très qualifié et Yaëlle eut un sourire. Elle ne demandait pas à ce que le destin lui en donne tant mais puisqu’il avait décidé de lui faciliter les choses… Les elfes étaient toujours très intéressants, elle n’en avait pas rencontré beaucoup mais pour le peu de discussions qu’elle avait put avoir avec eux, ils étaient fascinant. Très différents des humains avec qui elle avait toujours vécu. Elle remercia donc et se promit qu’elle irait se présenter à la demeure de cet elfe.

La jeune femme laissa s’écouler deux jours avant de faire ses affaires. Elle voulait se reposer avant, reconstituer ses forces et flâner en ville. Mais une fois le tour des magasins fait, elle remit sa cape de voyage pour repartir. Ombrage en pleine forme, elle prit la direction de la cité des elfes. Il ne lui fallut pas plus d’une journée pour la rallier grâce à son compagnon ailé et une fois sur place, on lui indiqua facilement où vivait le seigneur K’Tarsis.
Habillée d’un pantalon noir, d’un haut court et saillant dans les ton verts sombres, chaussées de hautes bottes de cuir, les cheveux ramenés en une queue de cheval dont seule quelques mèches violettes s’échappaient, la jeune femme était prête à n’importe quoi tout en restant féminine. A ses hanches battaient ses faucilles et dans son dos une épée bâtarde qu’elle affectionnait et dont la sangle du fourreau entourait l’épaule droite jusqu’à la hanche gauche de la jeune combattante. Déterminée, c’est un visage fermé mais poli qu’elle afficha au serviteur devant lequel elle se présenta. On lui indiqua le chemin à suivre jusqu’à une grande porte. Omb ne la quitta pas d’une semelle ce qui n’était pas gênant étant donnée la taille des couloirs. Quand elle arriva devant la porte à double battant, elle frappa trois coups fermes. Un bruit de pas se fit entendre et un nouveau serviteur vint lui ouvrir. Elle présenta rapidement l’objet de sa venue et on la fit entrer. Respectant ce qu’on lui avait apprit, elle passa le seuil mais ne s’aventura pas loin dans la pièce. Les mains dans le dos, elle se tenait droite sans pour autant avoir l’allure guindée des militaires devant leur supérieur que beaucoup de ses collègues pouvaient prendre pour paraitre plus servile ou mettre en avant leur carrure. Elle fixa le dossier du fauteuil où se tenait celui pour qui elle voulait travailler. Elle voyait sa main et son verre dépasser d’un accoudoir. Une main pâle et fine, délicate et pourtant masculine. Il n’y avait que les elfes pour avoir des mains comme celles-ci, qu’on a envie de toucher ne serait-ce que pour vérifier qu’elles sont aussi douces qu’elles y paraissent. Le silence s’éternisant, la Yogaï se présenta simplement :

- Bonjour Monseigneur. Je suis Yaëlle Sera, garde du corps. Je souhaite vous offrir mes services en réponse à votre annonce. -

Déséspérant... Tout les soit disant garde du corps qu'il avait pu voir étaient tous des incompétents notoires qui ne voulaient qu'une seule chose: la récompense. La richesse de la famille K'Tarsis n'étant plus a refaire, il était évident que l'elfe allait payer tout a fait gracieusement la personne qui serait en charge de sa sécurité. Après tout sa vie avait bien plus de valeur a ses yeux que n'importe quels joyaux qui pouvait y avoir dans les coffres de la famille. Mais pour le moment ce qui était clair c'est qu'aucuns de ceux qu'il avait vu jusque là ne méritait d'avoir sa vie entre ses mains. De vulgaires mercenaires pour la plupart qui n'avait que le mot "argent" a la bouche et qui seraient tout disposés a trancher la gorge du conseiller pendant son sommeil pour piquer le reste des richesses du manoir elfique. Inutile de préciser que l'elfe était au bord de la dépréssion nerveuse et qu'il avait une facheuse tendance a regarder souvent par la fenêtre... sans doute intéressé par une mort par défenêstration. Il allait avant toute chose passer sa soirée a boire a outrance.. mais il fut distrait par l'arrivée d'un nouveau prétendant au poste. La domestique vint le prévenir d'une visite après avoir amené jusqu'au grand salon la personne qui postulait.

Datar poussa un soupire d'agacement jusqu'a ce qu'il entende une voix derrière lui... une voix féminine... Féminine? Allons bon ca serait bien la première jeune femme a se présenter pour le poste. L'elfe tourna la tête croisant son regard et se leva de son fauteuil avec un geste gracieux, posant son verre sur la table basse au passage. Il s'avança vers la jeune femme, léger sourire aux lèvres, avant de venir saisir sa main en douceur pour y déposer un baiser chaste en guise de salutations.

"Je ne savais pas qu'on trouvait de si ravissantes demoiselles pour ce genre de travail... mais c'est pour moi une très agréable surprise je dois dire."

Fit-il en se redressant et en relachant la main de la demoiselle.

"Installez vous, si vous le voulez bien j'aimerais en apprendre un peu plu sur vous afin d'étudier vos capacités."

Dit-il en lui désignant le canapé de velours pourpre a côté de la table basse d'un geste léger de la main. Son regard acier passa sur celui de la jeune femme avant de venir reprendre place dans son fauteuil.

"Dame... Yaelle Sera, c'est bien cela? ... J'ai comme l'impression que ce nom ne m'est pas inconnu... vous devez jouir d'une réputation respectable pour que votre nom me soit parvenu. Dites m'en un peu plus sur vous, qu'est ce qui vous fait penser que vous serez a même d'assurer ma sécurité? Mais avant toute chose, est-ce que vous souhaitez boire quelque chose?"

Il reprit son verre posé sur la table basse en bois sculptée et le porta a ses lèvres, prenant une gorgée de liqueur de narcisse.

(HJ: le code couleur des paroles de Yaëlle n'est pas le bon parce que je l'ai oublié ^^' je change ça ce soir)

La jeune femme fut un eu surprise par l’extrême courtoisie de son hôte mais n’en laissa rien paraître. Elle n’avait pas l’habitude qu’on ai tant de considération pour elle, ne serait-ce que pour lui dire bonjour. Habituellement on lui serrait la main ou on lui adressait un signe de tête. Il était difficile de la traiter comme une dame car elle n’avait rien d’une dame en temps normale. Elle pouvait faire illusion dans une soirée, le temps d’un port de robe en soie mais la plupart du temps elle restait elle même et dans son travail, on ne s’embêtait pas avec les manières, le port de tête, la démarche ou les bijoux. Alors Yaëlle était souvent perçue comme une chienne de guerre, une jolie brute qui mérite tout au plus un sourire et un bonjour. Ca ne la dérangeait pas, elle ne voulait pas se lier d’amitié avec ceux pour qui elle travaillait mais elle n’allait pas se plaindre d’avoir droit à ce traitement pour une fois. Quoi qu’elle doute de l’authenticité du sentiment étant donné l’alcool trônant sur la table.
La demoiselle suivit l’elfe et s’installa sur le sofa qu’on lui présentait. Elle se tenait droite, les genoux serrés et l’air très à son aise. Elle déclina l’offre qu’il lui fit concernant l’alcool mais se sentie fière quand il remarqua qu’il connaissait son nom. Elle était donc à ce point connue ? Cela faisait maintenant quelques années qu’elle exerçait mais jamais on ne lui avait clairement dit que son nom était connu. C’était une sorte de récompense pour elle de savoir que ses services étaient appréciés et qu’on lui faisait de la bonne publicité.

- Une amie m’a dit que vous souhaitiez une protection et j’ai lu votre annonce. Si mon nom vous est parvenu alors vous vous doutez que je suis d’une efficacité plus que respectable. Je suis membre du peuple Yogaï et j’ai été… élevée depuis la petite enfance à ce métier. Je peux me fondre dans tous les milieux sociaux et assurer votre sécurité en dehors de votre demeure comme chez vous. Bien sur, étant spécialiste de la protection rapprochée, il me serait plus simple de pouvoir vous suivre presque partout mais je peux m’accommoder d’une certaine distance bien que je ne garantisse plus une efficacité maximum. Mon compagnon ici présent m’aide à ma tâche. -

La jeune femme désigna d’un mouvement de menton le grand griffon qui jugea que le moment était venu de se présenter à son tour. Il avança jusqu’au sofa et inclina brièvement la tête pour saluer avant de s’allonger en sphinx, son regard fixe posé sur l’elfe. Yaëlle se permit une caresse sur le sommet de sa tête. Il était son ami le plus fidèle et c’était un redoutable allié. Son ouïe excellente et sa vue sans défaut en faisait un gardien d’exception. Son intelligence aiguisée souvent ignorée des amis comme des adversaires était certainement son arme la plus redoutable.

- Il s’appelle Ombrage et vous servira aussi fidèlement que moi du moment que vous ne le traitez pas comme un animal stupide. Il ne causera aucun dégât mais mange beaucoup de viande. Il peut cependant aller chasser de temps à autre mais cela réduira sa présence à vos côtés, naturellement. -

Yaëlle ne voyait pas ce qu’il y avait à ajouter. Elle s’était présentée, avait parlé des conditions et des particularités de son mode de fonctionnement…Il ne restait plus qu’à faire le choix. Peut-être que la renommée dont elle jouissait ferait le travail à sa place ?

Datar resta sagement assis, le regard figé sur la jeune femme. De temps a autre il portait délicatement son verre a ses lèvres, buvant une gorgée avec l'élégance dû a son rang. A aucuns moments il ne se serait permis de lui couper la parole et il écouta donc avec la plus grande attention ce qu'elle avait a lui dire. Les propositions de la demoiselles étaient des plus sérieuses et certainement très professionnelles. De plus, Datar avait eu vent de cette Yaelle Sera, même si a l'heure actuelle il ne se souvenait plus avec précision des circonstances ... mais ca ne devait pas être une mauvaise chose puisqu'il s'en souvenait avec un vague sentiment de bonne réputation.

Néanmoins les choses devinrent un peu plus corsées quand elle lui présentation l'animal qui l'accompagnait. Si jusque là l'elfe n'y avait pas prêté grande attention, maintenant il serait difficile de passer a côté. Il observa l'animal sans grande considération... il faut dire que Datar n'était pas un fervent admirateur des bestioles et n'aimait pas vraiment être confronté aux animaux en tout genre. Trop dépendant... trop contraignants... les animaux ne lui inspiraient pas une grande confiance et pour être parfaitement honnête il les trouvait inutiles la majeur partie du temps. Pour cette fois il ferait l'effort de ne pas demander a ses domestiques de mettre la bête a l'écurie et la laisserait donc se vautrer sur son tapis... en espérant que l'animal ai apprit a retenir ses pulsions primaires. Il l'observa avec un peu d'attention et le jugea potentiellement apte a assurer sa sécurité... même s'il misait d'avantage sur les capacités de la jeune femme. Il reporta d'ailleurs son regard sur elle et se leva de son fauteuil, déposant son verre sur la table basse pour se diriger vers la fenêtre. Sa longue chevelure d'ébène voltigeant derrière lui a chacun de ses pas, les mains jointes derrières son dos, il s'arrêta devant la vitre de cristal et soupira légèrement.

"Il s'agira d'une protection rapprochée pendant mes déplacements, qui se font assez fréquents je préfère vous prévenir tout de suite. Je m'absente en général pour une durée allant de deux jour a un mois, pour les périodes les plus longues. Je ne crains pas pour ma vie quand je suis dans l'enceinte de la cité ou quand je travail au palais, néanmoins ici... en bordure de la forêt de Drayame, la protection de la garde elfique est inneficace, trop éloignée."

Il se tourna vers la jeune fille, gardant son air des plus sérieux.

"J'ai toujours été la cible de plusieurs contrat d'assassinats, visant a affaiblir la Reine en s'attaquant directement a moi, son Conseiller. Jusque là je dois avouer que j'ai réussit a m'en sortir par moi même, mes adversaires étant pour le moins ... ridiculement faibles et affreusement stupides. Cependant depuis quelques temps je dois admettre que les choses sont devenues plus compliquées. Les attaques, qui jusque là ne se produisaient une fois par mois tout au plus, deviennent de plus en plus fréquente. Deux tentatives d'assassinat en deux semaines... et des opposants nettement plus qualifiés que les précédents. A ce rythme là je ne donne pas cher de ma peau pour les prochains jours."

Il retourna s'assoir sur le fauteuil en soupirant, croisant les mains sur sa poitrine.

"Mes pouvoirs sont suffisamment puissants pour que j'assure ma propre protection dans un combat a la loyale.... Mais ils sont loin d'être efficaces face a une dague plantée dans ma gorge pendant mon sommeil. Hors je déteste l'idée de finir égorgé au beau milieu de mon lit sans avoir eu le loisir de défendre ma vie. Et c'est là que vous entrez en scène. Vous surveillerez mes arrières et assurerez ma protection quand je suis le plus vulnérable. La nuit et pendant mes déplacements a l'extérieur. Vous serez nourrit, logée, blanchit... vous aurez le droit d'aller et venir comme il vous plaira dans l'enceinte de ma demeure a condition de respecter les règles de ma maison. Je pense que vous ne serez pas trop de deux pour assurer cette tache, aussi j'espère que votre ... hum... Ombrage... se montrera aussi professionnel que vous l'êtes et surtout aussi efficace que votre réputation le laisse entendre."

Finit-il par dire en la regardant le plus sérieusement du monde, sans détourner son regard d'acier. Il inclina légèrement la tête sur le côté.

"Si les conditions vous semblent satisfaisantes et si vous pensez être a la hauteur de la tache, alors je vous engage. Il n'y aura plus qu'a parler des détails de paiement. Votre prix sera le mien..."

L’elfe avait l’air un peu sceptique quand aux capacités ou à la présence du griffon. Beaucoup pensaient comme lui mais la jeune femme trouvait cela étonnant : la plupart des elfes ne sous-estimaient jamais aucun être vivant et jamais aucun n’avait eu ce regard un peu supérieur qu’il avait posé un bref instant sur Ombrage. Ce dernier était resté de marbre mais n’avait rien manqué de cette charmante attention et pouvait sentir une légère tension envers lui. Il communiqua son mécontentement à sa maîtresse qui ne put que lui répondre qu’elle ne comprenait pas. Après tout, que pouvait-elle faire ? Un elfe qui n’appréciait pas les créatures magiques, pourquoi pas après tout ? Mais elle n’était pas là pour le faire changer d’avis. Elle ne put que conseiller à son ami de faire lui même ses preuves pour changer le regard de l’elfe.

Quand il revint s’asseoir, elle avait tout enregistré. Ce travaille ressemblait beaucoup à son tout premier, celui qu’elle n’avait jamais choisit d’exercer. Elle devait être présente en permanence, veiller sur lui jour et nuit pour qu’il puise vivre en paix. Se faire discrète bien sur, quel client aimait avoir collé a lui son garde du corps lui rappelant sans cesse la présence du danger ? Elle nota tout dans un coin de sa tête et ne trouva rien à y redire. Le marché était plus qu’honnête, elle avait l’habitude de ce genre de situations et avait beaucoup d’avantages à travailler de cette façon. La première étant qu’en compagnie d’un homme de renom, on gagne de la renommée soi même. La deuxième étant un confort non négligeable qu’elle appréciait à sa juste valeur après les années passées à dormir sur de la pierre froide comme un petit chien.

"Si les conditions vous semblent satisfaisantes et si vous pensez être à la hauteur de la tache, alors je vous engage. Il n'y aura plus qu’à parler des détails de paiement. Votre prix sera le mien..."

La jeune femme prit un instant pour réfléchir vraiment et refaire le tour de la question.
Elle ne voyait d’arnaque nul part et il était même disposé à lui payer le prix qu’elle lui demanderait. Que pouvait-elle dire d’autre que « oui » ?

- J’accepte. L’offre est intéressante et nous avons tout deux à gagner. Pour le prix, je prends trois phénix d’or par semaine, deux d’argent et cinq de cuivre. -

Pour un homme riche comme lui c’était très certainement une somme dérisoire mais la jeune femme avait des tarifs qu’elle avait calculés précisément et pour la plupart des personnes, cette somme était exorbitante. De plus, Yaëlle se laissait une marge pour tout le matériel qu’elle pouvait avoir besoin d’acheter. Elle le prévint d’ailleurs de cette éventualité

- Il est possible que je vous demande certains moyens financiers dans l’achat de quelques fournitures. La protection passe aussi par l’installation que quelques pièges à assassins si on peut les appeler comme ça. Pour les fabriquer il me faudra certains matériaux très précis. Vous aurez bien sur une liste complète de ces matériaux ainsi que la facture justifiant toute mes dépenses. -

Et oui, quand on se paye des services de haute qualité, il faut savoir allonger un peu la monnaie derrière. Yaëlle avait apprit quelques pièges grâce à son maître mais elle en avait également inventé beaucoup d’autres qui avaient fait leurs preuves et dont elle était la seule à connaître les secrets.
Guettant une approbation de la part de son nouveau maître, elle s’apprêtait à conclure l’accord et à lui serrer la main.

La jeune fille lui exposa ses tarifs... ce qui lui sembla tout a fait correct. Il accepta donc en hochant la tête légèrement. Les dépenses n'étaient pas ce qui le gênait le plus... ce qui l'inquiétait un peu plus c'était le fait de savoir qu'il allait confier sa vie a quelqu'un d'autre que lui même, pour la première fois de sa vie. Et il avait beau savoir que la jeune fille avait une très bonne réputation qu'elle devait surement a un talent certain pour son travail... il avait quelques réticences. Partout dans Drayame, Datar était réputé pour être un elfe étrange... Les plus anciens continuent de dire qu'il n'a pas sa place dans la cité et encore moins aux côtés de la Reine. D'un certain côté ils avaient raison. Dans l'esprit de Datar, son peuple n'était bon a rien, tout juste bon a être dirigé. Et la seule chose qu'il l'interessait était de mettre fin au règne de la Reine pour prendre sa place. La chose n'étant pas aisé, c'est avec les pires créatures du monde qu'il s'apprêtait a faire alliance pour obtenir le pouvoir: les démons.

Mais voila... quand il était seul il n'avait pas vraiment a faire attention, il faisait ce qu'il voulait quand il le voulait. Maintenant c'était tout autre. Il devrait se montrer discret pour certaines choses, notamment pour ses petites manigances. Si elles venaient a être découverte ce serait finit de lui et de ses ambitions! Il allait devoir rester sur ses gardes en permanences avec une intruse telle que Yaelle dans ses plans. Il esquissa un léger sourire satisfait en lui tendant la main pour la serrer, concluant ainsi le contrat entre eux. Après quoi il se leva et fit un geste de la main en direction du hall où se trouvait l'escalier menant a l'étage.

"Et bien si vous voulez bien me suivre, je vais donc vous faire visiter les lieux..."

Jette un coup d'oeil au griffon avant de regarder de nouveau la demoiselle.

"Je suppose qu'il dormira avec vous dans votre chambre c'est bien cela?"

La jeune femme hocha la tête et se leva ainsi que son animal. Elle sourit à l’elfe, un peu amusée par son dégoût évident pour la bête, pas encore convaincu de son efficacité.

-Oui, il dormira dans mes appartements. Ne vous en faites pas, il n’occasionnera aucun dégât dans votre maison. –

Yaëlle suit l’elfe à travers les couloirs et les escaliers, repérant d’un coup d’œil les endroits susceptibles d’être dangereux ou utiles pour un assassin. La demeure était luxueuse et pourtant décorée avec goût. La jeune femme se permit quand même d’admirer certains tapis ou certaine moulures de bois. Tout était d’une finesse remarquable et semblait de qualité. Elle avait à faire à quelqu’un, elle n’avait pas droit à l’erreur et ne pouvait pas s’empêcher de penser que si elle réussissait dans cette mission, elle aurait les honneurs et une réputation en or qui la suivrait longtemps. Elle avait ce devoir. Qui plus est, s’il était quelqu’un d’important avec des responsabilités, elle se devait de le maintenir en vie pour éviter la pagaille politique. Et les conséquences qui ne manqueraient pas de lui retomber dessus. En fait, cette mission était un cadeau dangereux : d’un côté elle pouvait la rendre célèbre, de l’autre elle pouvait la précipiter dans la déchéance.

*Pas le choix : il faudra être plus efficace que jamais.*

Elle porta ensuite son attention sur l’elfe en lui-même. Il était beau, c’était indéniable. Plein de grâce et de prestance, il devait être royal dans n’importe quelle situation. L’air sévère et froid, il ressemblait à un prédateur toujours capable de se retourner pour donner un coup mortel. Elle était curieuse d’en savoir un peu plus à son sujet.

Ils arrivèrent à une porte de bois joliment sculptée avec des motifs végétaux. L’elfe ouvrit la porte mais laissa la passage libre. Yaëlle entra et découvrit une grande pièce lumineuse qui lui laissa un air rêveur sur le visage. Tout était grand et propre, elle n’avait jamais eut le plaisir d’habiter une chambre pareille. Ombrage entra à son tour et s’installa immédiatement sur le tapis au pied du lit en ronronnant. Elle le comprenait : un tel confort rien que pour eux, il était aux anges. Elle se tourna vers l’elfe avec un sourire et s’inclina légèrement.

- Merci pour tout ce confort. Puis-je me permettre de vous demander où vous-même vous dormirez ? –

Elle voulait être certaine d’être non loin de sa chambre pour pouvoir être présente la nuit. C’était le moment le plus dangereux et si elle devait dormir loin, ça ne l’arrangeait pas, elle devrait faire des tours de garde avec son griffon. Des nuits incomplètes en perspective.

[PS: j'ai changé de couleur pour le confort des yeux. Je vais mettre le code dans ma signature]

La visite commença pas l'étage, Datar montant lentement les marches de l'escalier de bois sculpté. Sa démarche assurée et noble faisant lentement onduler sa chevelure d'ébène dans son dos alors que ses pas résonnaient sur les marches a chacun de ses pas. Arrivé a l'étage, l'elfe commença la visite en prenant tout de suite sur sa gauche Les portes se succédèrent avec les explications de Datar qui essayait de faire au plus court et au plus important, évitant de perdre trop de temps sur les pièces futiles.

"Ici vous avez la bibliothèques... Là la première salle de bain, se sera la votre, faite comme il vous plaira. Voila mon bureau, j'y passe la plupart de mon temps quand je suis chez moi. Là c'est le débarra où on met le linge de maison. Voila votre chambre, aménagée là comme bon vous semblera. Si vous souhaitez du mobilier en plus, prévenez la gouvenante elle meublera au mieux. "

Il s'arrêta pour faire face a la jeune fille, haussant un sourcil a sa question. Où il allait dormir C'était vraiment important? Peut être pour les assassinat de nuit... A l'idée de pouvoir mourir égorgé dans son sommeil, Datar grimaça légèrement. Cette idée ne lui plaisait pas du tout. Il montra donc une porte a côté de la chambre de la jeune femme.

"Ma chambre est a côté de la votre.. en face c'est ma salle de bain personnelle... "

Il marqua un temps de pause avant de pointer du doigt l'autre côté du couloir, a l'opposé de toutes ces pièces. Une porte seule se tenait là, au bout du couloir a droite.

"Voila mon atelier... l'entrée vous est interdite, comme pour toutes les personnes de cette maison... Quand je travaille dans mon laboratoire je ne souhaite pas être dérangé."

De nouveau il porta son regard vers elle avec un léger sourire aux coins des lèvres.

"Je reste néanmoins a votre disposition si vous avez besoin de quoi que se soit. Au rez de chaussé vous trouverez la cuisine, la salle a manger, le grand salon, une petite bibliothèque, le petit salon et les appartements des domestiques et de la gouvernante. Lorsque vous serez installés je vous laisse le soin d'aller donner vos horaires aux domestiques pour la préparation de vos repas et de votre bain. La demeure possède également un vaste jardin a l'arrière, une écurie et une réserve dans un bâtiment annexe, et une vaste cave sous les fondations de la maison principale qui nous sert de garde manger et de cave a vin et liqueur."

Il réfléchit un instant, essayant de voir s'il n'avait rien oublié.

"Et il me semble que c'est tout... vous avez des question?"

[PS: J'ai également changé la couleur... le vert ne semblait trop fade et me faisait un peu forcer sur les yeux.]

La jeune femme écouta et enregistra chaque information aussi précisément qu'elle put. Le travail commençait, elle allait devoir tout protéger et tout sécuriser. Conscient qu'il n'était plus temps de se vautrer dans le confort, Ombrage s'était relevé pour se poster derrière sa compagne, attentif aux mêmes consignes. Il était moins bête que beaucoup aurait aimé le croire et Yaëlle savait qu'il enregistrait tout au même titre qu'elle.

- Et il me semble que c'est tout... vous avez des question? -

- Oui. Y a-t-il des fenêtres dans votre atelier ? J'ai besoin de sécuriser chaque entrée et chaque sortie. J'aurai besoin que vous me laissiez l'accès aux fenêtres de l'atelier le temps de poser mon dispositif. Et à la porte également. Si personne à part vous ne peut y entrer, c'est un endroit parfait pour se cacher et vous y attendre. Quand au reste de la maison, je vais devoir en inspecter chaque recoin et établir une carte. Vérifier votre personnel également, rien de trop indiscret rassurez-vous. Nous allons passer chaque pièce de cette maison au peigne fin, avec votre autorisation Maît...Monseigneur. -

La demoiselle s'inclina avec une raideur militaire. Elle avait prit la décision de cesser d'appeler ses employeurs "maître". La plupart du temps, soit ils en abusaient soit ils se sentaient gênés. Et elle même ne voulait plus faire l'amalgame entre ceux qui la payaient pour travailler et ceux qui avaient le malheur de l'enchaîner. Un maître était toujours pour elle une personne cruelle qui la maltraitait et ne la considérait pas autrement que comme un animal. Cet homme la traitait avec beaucoup de considération, admirait son travail et la logeait dans des conditions impeccables. Elle ne voulait pas lui attribuer l'image d'une personne détestable. Il ne pouvait pas être mauvais puisqu'il la traitait de cette façon, si ?

- Je vous laisse y réfléchir, je comprend que vous ayez votre domaine privé. Je vais commencé par refaire un tour complet de la maison puis je reviendrai vous voir avant de descendre en ville. Il va me falloir du matériel. -

La jeune Yogaï s'inclina une nouvelle fois avant de sortir dans le couloir et de refermer la porte derrière elle. D'un pas rapide elle redescendit et demanda qu'on lui montre la cave en premier. Les sous-sols étaient immense, une véritable souricière. Elle avait demandé une planche rigide, une plume et du parchemin. D'un trait habile elle dessina chaque salle, notant quelques remarques dans un coin qu'elle mettrait au propre le soir venu. Une fois l'opération terminée, elle passa au rez-de-chaussée. Elle inspecta chaque chambre du personnel, se montrant toujours courtoise et laissant tout à sa place. Puis ce furent la cuisine, le salon, le hall d'entrée... Aucun placard qui ne puisse lui résister, aucune tenture qui ne soit soulevée. Elle termina par l'étage, inspectant ses propres appartements. Une fois la chose terminée, il était déjà le milieu d'après-midi. Elle avait plusieurs parchemins en main.

Elle descendit voir la gouvernante et lui communiqua ses heures de repas, lui demandant également avec un sourire si elle pouvait obtenir un bureau, une étagère et une armoire supplémentaire. Cette dernière hocha simplement la tête avec beaucoup de sérieux et prit congé. Yaëlle devrait s’accommoder de cette attitude... Elle avait rarement vu des domestiques aussi guindés face à elle mais savait que certains prenaient très au sérieux la notoriété de leur maître et ne voulait que s'en montrer digne. La famille K'Tarsis devait jouir d'une réputation considérable pour engager autant de personnel et surtout du personnel aussi efficace. La demoiselle songea que peut-être à force de patience, elle parviendrait à se faire acceptée comme un membre de la cour elle aussi.

Remontant comme promis pour aller avertir Datar, elle toqua doucement à la porte de son bureau et demanda la permission d'entrer. Jamais elle n'aurait eut le culot d'entrer sans frapper, surtout quand on lui a expressément dit quelques heures plus tôt qu'il y avait possibilité de déranger.

- J'ai terminé de faire le tour de votre demeure Monseigneur. Je vais me rendre en ville pour acheter le matériel qu'il me manque. Ombrage va rester avec vous pour assurer ma tâche. -

PS: J'ai aussi changé la couleur, je prend le bleu foncé dans ma signature pour plus de facilité de lecture =)

La suite de la conversation fut un peu moins plaisante. La laisser entrer dans son labo? Certainement pas... c'était même hors de question et pas la peine d'insister. Elle venait tout juste de débarquer et voila qu'elle voulait déjà entrer dans le jardin secret de Datar, là où même des personnes qu'il connait depuis plusieurs centaines d'années ne sont pas invitées a pénétrer. Il la jaugea un moment du regard essayant de voir si elle plaisantais mais apparemment elle était tout a fait sérieuse. Cependant Datar ne dit rien, il attendrait calmement qu'elle revienne pour bien lui faire comprendre que son laboratoire était un sanctuaire inviolé de la présence de qui que se soit... et qu'il y assurait seul sa protection. Il laissa la jeune fille s'éloigner accompagné de son griffon et repartit dans son bureau où l'attendait tout un tas de documents, tous plus ennuyants les uns que les autres.

Sans se soucier de ce que pouvait faire la demoiselle, la laissant vaquer a ses occupations, Datar commença a griffoner quelques notes sur ses parchemins, prenant le temps d'en lire d'autres, soupirant presque a intervalles réguliers. Il n'était pas un fervent adepte de la paperasse mais il faut bien avouer qu'il y avait un peu prit gout. C'était au moins plus agréable pour lui que de devoir s'entrainer a l'épée. La lecture n'était plus une corvée pour lui et l'écriture l'avait toujours apaisé. Pour l'heure il se contentait de lire les compte rendu militaire que les gradés lui avait donné pour en faire un mini condensé a l'intention de la Reine qui tenait a être au courant de tout se qui se passait sur son territoire. Laissant donc a Datar le soin de lui faire des résumés a peu près une fois par jour, suivit d'une réunion en fin de semaine. Les compte rendu militaires étant toujours les plus difficiles a lire et a retranscrire puisque l'elfe n'affectionnait pas vraiment le corps combattant de la nation. Sans doute un vieux reste de rancoeur vis a vis de son défunt père et qui le poussait aujourd'hui encore a ne pas se rapprocher de l'armée.

Quand il eut finit son compte rendu il prit le temps de lire des parchemins des dernières doléances du peuple. Toujours se tenir au courant de ce que le peuple reprochait a la Reine était un bon moyen pour lui de savoir comment prendre plus habilement le pouvoir quand le moment serait venu. A l'heure actuelle il avait déjà de quoi appaiser le peuple avec de belles promesses mais il était encore trop tot. La Reine avait encore trop de poids dans la balance... il faudrait attendre encore un peu. Quand Yaelle frappa a la porte il sortit de ses pensées et releva les yeux avant de lacher un léger "entrez". La jeune femme arriva dans le bureau et lui fit part de ses projets pour le reste de la journée. Datar se leva et fit le tour de son bureau pour se retrouver devant Yaelle.

"Très bien... Je vais donc vous donner de quoi contenter vos achats. Prenez quelques domestiques avec vous pour porter vos courses, si besoin est."

N'est pas vraiment enchanté de rester seul avec l'animal et ne compte pas vraiment engager les familiarités. Il comptait bien finir de lire les doléances avant de se réfugier dans sa bibliothèque pour se détendre un peu avec de la lecture nettement plus interessante. Le lendemain il devrait passer la journée complète au palais pour assister a une réunion et faire signer quelques documents a sa Majesté. Il soupira légèrement a cette pensée avant de reposer son attention sur Yaelle.

"Et pour ce qui est de mon laboratoire... j'apprécierais effectivement garder ma jardin secret. Cette pièce restera inviolée, j'y assure seul ma protection et il serait bien idiot de la part de mes ennemis de m'attaquer dans la pièce où je suis le plus puissant. N'ayez crainte, personne n'est en mesure d'y pénétrer par quelques moyens que se soit, ce laboratoire est une forteresse... et il le restera pour toute personne a part moi même."

Fit-il calmement mais sur un ton qui mettait fin a toutes discussions sur se sujet.

"Néanmoins vous avez mon entière confiance pour le reste des installations. Faites comme il vous plaira. Si besoin est demandez de l'aide aux domestiques."

Il contourne de nouveau son bureau et ouvre un tiroir, puis un deuxième avant d'attraper une bourse de cuir qu'il tends a Yaelle.

"Vous devriez en avoir suffisamment..."

La jeune femme le regarda droit dans les yeux un moment. Il faisait comme il le souhaitait après tout, c 'était sa maison et elle était son employée. Sa prudence naturelle la poussait à désapprouver mais il ne la connaissait pas et ne voulait pas lui livrer la pièce la plus intime, elle pouvait le concevoir. Elle espérait simplement qu'il soit vraiment aussi efficace qu'il le prétendait. Elle s'inclina donc profondément pour marquer son accord, mettant fin elle aussi à la conversation. Elle n'y reviendrait plus puisque c'était là le désir de son client.

- Vous devriez en avoir suffisamment... -

La demoiselle jeta un coup d’œil à la bourse et découvrit qu'elle était pleine de pièces d'or. Elle fut un peu surprise mais se rappela bien vite qu'elle avait à faire à une personne extrêmement riche. Normal qu'il ne regarde pas à la dépense si cela pouvait lui permettre de vivre. Elle caressa la tête de son griffon avant de partir et referma doucement la porte derrière elle. L'animal légendaire se coucha au sol près d'un mur, le bec reposant sur ses pattes avant, silencieux et immobile. On ne fait pas meilleur gardien qu'un griffon. La légende raconte qu'il ont été créés pour ça.
La jeune yogaï descendit les escaliers quatre à quatre et partit chercher un domestique. Elle lui demanda s'il avait du temps pour l'accompagner en ville. Le maître de maison l'avait demandé. L'homme face à elle devait avoir une trentaine d'année à peine. Il faisait partie de quelques non elfe de la maison. D'un hochement de tête il marqua son approbation. Aussi souriant que son maître celui-là... Elle laissa rapidement tomber et sortit de la grande demeure pour retourner en ville.

L'aide du domestique lui fut précieuse, elle mit deux fois moins de temps que d'habitude à trouver ce dont elle avait besoin. Elle commença par du fil d'araignée du Drayame. Puis quelques runes. De la poudre explosive, deux ou trois mécanismes, passa commande de pieux de métal auprès d'un forgeron à qui elle fit le descriptif exacte des objets. Elle acheta également une pierre à aiguiser, du tissu gris aussi étanche que possible, des pierres à feu, des mèches, des carrés de peau tannée souple et un set de couture. Une fois ses emplettes protection terminées, elle demanda au jeune homme de ramener le tout qui n'était pas très lourd à la demeure et de tout laisser dans sa chambre. Il s’exécuta avec un petit soupir qu'elle n'apprécia pas mais elle préféra l'ignorer.
Avec ce qu'il lui restait d'argent, elle allait pouvoir compéter sa garde-robe. Elle ne cherchait pas à profiter des largesses de son client mais pour une mission de longue durée, elle avait besoin de quelques tenues qu'elle ne pouvait pas s'offrir en temps normal à cause de ses revenus mais surtout à cause de ses petits bagages. Elle entra donc chez un premier couturier. Elle lui acheta trois tuniques dans les tons verts et beige, à la fois sellant et pratique pour bouger. De même elle prit trois pantalons, noirs. A quoi elle ajouta un manteau de voyage peut voyant. Puis elle quitta la boutique pour aller chez le cordonnier où elle acheta une paire de bottines fine, souples et très près du pied avant de s'élargir à la cheville pour laisser la place de glisser une petite arme. Des chaussures pour être discrète. Elle se dirigea ensuite vers une armurerie. Elle y acheta un corsage de cuir solide, le sien étant en trop mauvais état et ne faisant pas honneur à celui qu'elle servait. Elle prit également des gants renforcés et des jambières discrètes.

Après avoir fait le tour, elle estima avoir tout ce dont elle avait besoin et reprit donc la route de la grande demeure. Elle fila directement dans sa chambre où elle trouva un nouveau bureau et toutes ses courses. Rapidement elle rangea ses nouvelles affaires puis ordonna ses fournitures. Une fois armée, elle descendit une deuxième fois à la cave. Là elle installa quelques pièges dans des endroits stratégiques où personne n'aurait l'idée de se cacher mis à part une personne mal intentionnée. Les fils de soie d'araignée étaient particulièrement résistants et surtout, complètement invisibles. Elle installa une petite poulie métallique dans un coin dont elle maquilla la brillance avec de la poussière. Une fois les installations terminées en bas, elle remonta pour s’occuper de toutes les fenêtres et porte du rez-de-chaussée. Aucune ouverture ne fut épargnée. Elle tissa une toile invisible autour de chaque cadran dans un entrelacs dont elle seule avait le secret. Chacun était relié à une petite rune qu’elle activait avec une rapide incantation. C’était de la magie de base mais ce qui est basique est terriblement efficace. Et même elle pouvait l’utiliser. Puis elle remonta à l’étage pour faire les pièces, les siennes comprit. Elle termina par la chambre de son client.

C’était une grande et belle pièce, meublée avec goût mais d’une froideur impersonnelle terrifiante. La jeune femme ne put s’empêcher de regarder dans tous les coins en se dirigeant vers la fenêtre. Elle ouvrit les deux battants et remarqua qu’il était déjà tard. Elle avait travaillé toute la journée sans se rendre compte. Au moins, elle aurait terminé dans les temps. Elle se mit donc à poser les fils, à moitié penchée par la fenêtre pour pouvoir atteindre le bord extérieur.

Datar quant a lui passa sa journée le nez dans les parchemins. Il avait l'habitude maintenant et la lecture des nombreux rapports était devenue une habitude. Si bien que le temps passa assez rapidement. Quand il eut finit il était déjà l'heure du souper. Il descendit donc dans la salle a manger, soupa en silence, un livre a coté de lui qu'il feuilletait de temps a autres avant de remonter dans son laboratoire où il s'enferma. Ici, personne d'autre a part lui n'avait le droit d'entrer. Il faisait le ménage lui même et gardait l'endroit propre de son mieux, il interdisait cet accès a quiconque même a sa gouvernante qui était pourtant là depuis plusieurs centaines d'années. Elle n'avait jamais vu la moindre parcelle de se qu'il y avait derrière la porte du laboratoire et ne savait même pas ce que son maitre pouvait bien y faire. Et c'était tant mieux...

Au delà des potions, onguents et autres remède que l'alchimiste fabriquait, il s'adonnait également a des distractions un peu moins reluisantes que le simple fait de fabriquer des soins en tout genre. Depuis quelques siècles maintenant, Datar s’intéressait grandement a la nécromancie. Un art des plus sombres mais des plus attractifs pour l'elfe qui avait toujours aussi soif de connaissance et de pouvoir. La nécromancie... le pouvoir ultime de commander aux morts... un tabou pour toutes les civilisations et pourtant Datar ne pouvait pas s'en empêcher... il voulait apprendre, il voulait le contrôle des morts, il voulait le pouvoir. Cete envie lui dévorait les veines, lui brulait le corps. Alors depuis quelques temps l'elfe s'était mis au décryptage des runes nécromantiques, a la lecture de quelques incantations et même a quelques essais qui n'ont jamais été vraiment concluant. Après avoir de nouveau essayé de rendre vie au cadavre encore frais d'un petit lapin... il fut bien obligé de voir que ce n'était pas une réussite. L'animal restait déséspéremment... mort.

Datar poussa un soupire et finit par quitter son laboratoire, un livre de nécromantie sous les bras, bien décider a poursuivre sa lecture dans son lit. Il entra dans sa chambre et se stoppa net en voyant que Yaelle y était déjà.

"Mais qu'est ce que vous faite ici?"

La jeune femme faillit tomber à la renverse par la fenêtre quand elle entendit la voix dans son dos. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce que l'elfe rentre tout de suite. Mais elle avait été trop lente apparemment. Elle se retourna avec un air contrit et un sourire gêné.

- Je suis désolée, je n'ai pas été assez rapide. J'étais simplement en train de poser un système de détection à votre fenêtre. Venez, je vais vous expliquer. J'en ai posé à chaque porte et fenêtre qui donne sur l'extérieur.-

Elle s'épousseta les mains avec un semblant de sourire pour avoir moins glaciale, chose qu'on pouvait lui reprocher souvent. Elle désigna une imperceptible écharde du doigt.

- J'ai commencé par ici. Un fil de soie d'araignée encadre toute la fenêtre, impossible de passer au travers sans le toucher. Il est relié à une rune basique à laquelle je suis la seule à pour toucher. Si quelqu'un passe par cette fenêtre, je le saurai immédiatement et pourrais intervenir. -

Elle s'écarta du cadre en bois et referma les deux battants vitrés. Puis elle s'inclina légèrement pour prendre congés. Il était tard et il voulait se reposer, c'était naturel, elle l'avait déjà trop fait attendre.

- Je ne vous dérangerai plus. Passez une bonne nuit Seigneur. -

Elle repartit en silence, comme une ombre, comme on le lui avait apprit. Quand on est au service des grands, il faut savoir disparaitre même quand on est toujours dans la pièce. Etre discret et silencieux, toujours attentif aux désirs de ceux qui pouvaient vous employer même si ces désirs n’étaient pas formuler. Elle se devait de devancer Datar dans ses attentes. Etre dans la chambre alors qu’il y rentrait pour se reposer était déjà une erreur. Fut un temps, elle n’avait pas intérêt à commettre ce genre d’erreur sous peine de lourdes sanctions. Car si le maître ne pouvait pas la punir, il pouvait demander à quelqu’un de le faire. Et comme aucune cicatrice ne pouvait couturer son corps…Il n’y allait pas toujours de main morte. Heureusement, à l’heure actuelle elle n’était qu’une mercenaire chargée de la sécurité. Elle pouvait parfois se montrer un peu moins fine que ce qu’on avait exigé d’elle pendant son enfance. A son sens c’était une libération.

La demoiselle ferma la porte en douceur derrière elle et retourna dans sa chambre. Elle s’assit sur son lit et faillit se laisser aller dans les draps quand elle se rappela qu’elle n’avait toujours pas mangé. Elle descendit donc une nouvelle fois les escaliers pour aller prendre son assiette. On lui avait servit de la viande en sauce avec quelques légumes. Mais comme elle avait loupé l’heure du repas, c’était froid. Qu’a cela ne tienne, elle mangerait froid pour ce soir, ce n’était pas un drame. Mais elle ne voulait plus rester enfermée. Aussi se faufila-t-elle à l’extérieure pour rejoindre son compagnon a qui on avait donné un large box dans les écuries. Il pouvait y rester et vivre sa vie comme il l’entendait la plupart du temps mais il était fidèle au poste quand Yaelle l’appelait. La jeune femme entra dans l’écurie et s’assit à côté de la créature. Son compagnon eut la gentillesse de ne pas lui piquer de morceau de viande. Elle mourrait de faim et ne se sentait pas l’âme à trop partager.

* Alors, tu en penses quoi de cet endroit ? *

* Il y a de la place, ce n’est pas trop étouffant. On a la forêt juste derrière.*

* Et l’elfe ? Il a un air glacial…*

* Je crois qu’il n’aime pas trop les animaux. Mais il a l’air moins bête que tous les autres. Même s’il n’est pas très souriant, c’est vrai. On devrait attendre un peu avant de se forger une opinion, il m’intrigue. *

* A cause des cheveux longs ? *

* N’importe quoi…*

Ombrage pouffa de rire ce qui chez lui revenait à émettre une sorte de coassement étranglé et a un de ses étranges sourires. La jeune femme lui sourit en retour et termina son repas.
Au moment où elle se leva, son compagnon ailé reprit la conversation:

* Plus sérieusement Yaëlle, méfie-toi de lui. *

* Pourquoi ? Il ne va pas me faire de mal, je suis là pour le protéger. *

* Pas physiquement mais je sens que ce n'est pas un homme aussi honnête et propre sur lui qu'on ne le pense. *

La demoiselle aux cheveux mauves le regarda avec tout le sérieux du monde et hocha la tête. Elle comprenait son appréhension mais elle ne voulait pas tomber dans la psychose non plus. Pour l'instant elle n'avait pas à avoir ou non confiance en lui, il lui suffisait de faire son travail. Et la suite, elle la découvrirait avec le temps. Ombrage était sage mais parfois un peu trop protecteur avec elle.
Elle finit cependant par sourire et octroya une dernière caresse à l’animal avant de lui souhaiter bonne nuit et de rentrer à la demeure. Elle se glissa entre les lourds battants de la porte d’entrée et alla remettre l’assiette et les couverts en place. Puis elle monta en silence rejoindre sa chambre où elle put enfin s’étaler sur le lit comme elle le souhaitait. C’était bon de sentir des draps propres sous sa peau. Elle retira rapidement ses habits, ne conservant qu’un sous-vêtement et une chemise puis elle se glissa dans les draps avec un sourire satisfait. C’était parfait ! Elle ferma les yeux et trouva presque aussitôt le sommeil.

Datar garda caché l'ouvrage dans son dos. Il ne s'attendait vraiment pas a la voir ici et encore moins a la voir tranquillement installée a la fenêtre comme si de rien n'était. Il grogna légèrement et alla déposer son livre sur sa table de chevet avant de se mettre a la disposition de la jeune fille, écoutant ses explications. Malgré son attention, le regard d'acier de Datar n'exprimait que de la méfiance. Il n'appréciait pas trouver quelqu'un dans ses appartements privés.. même les domestiques n'y avaient pas accès, seulement la gouvernante et elle 'y passait que pour faire le ménage sans jamais toucher aux affaires de son maitre. Alors que cette jeune femme, de qui il se méfiait déjà en temps normal, venait de monter d'un cran dans l'échelle de la méfiance. Néanmoins il n'en dit rien et écouta les explications de sa garde du corp avec le plus grand intérêt. Il connaissait évidemment le matériel qu'elle avait utilisé mais il n'avait encore jamais eu l'occasion de le voir en action. Datar était le genre d'homme a savoir beaucoup de choses de manière théorique sans avoir jamais vu la pratique. Une chance pour lui de pouvoir le voir cette fois ci, lui qui était assoiffé de connaissances.

"Je prendrais donc garde a ne pas m'approcher de la fenêtre..."

Fit-il simplement. Ca n'allait pas vraiment le pénaliser, cette fenêtre restait tout le temps fermée. L'elfe ne supportait pas qu'une brise vienne mettre le bazar dans ses paperasses! La jeune fille lui souhaita bonne nuit, auquel il répondit par un signe de la tête et une légère révérence courtoise avant de se retrouver seul dans sa chambre. Il ne mit pas bien longtemps a se mettre au lit, torse nu comme a son habitude, les cheveux tressés pour ne pas les emmêler. Il prit le temps de lire un peu quelques pages de son livre avant de souffler la bougie et de s'endormir, plongeant dans un sommeil sans rêves... d'ailleurs il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait pu rêver.

Si le début de la nuit se passa bien... plus tard ce fut plus compliqué. L'elfe dormait paisiblement, sombrant ans les ténèbres de ses songes qui n'étaient plus que noirceurs. Aussi ne vit-il pas la forme qui passa sournoisement par la fenêtre, déclenchant la rune sans s'en apercevoir. L'ombre s'approcha du lit de Datar, silencieusement. L'lefe grogna un peu dans son sommeil, sans doute a cause du froid dut a la fenêtre ouverte. Mais il ne se réveilla pas pour autant. L'ombre dégaina un poignard, lentement, et le leva au dessus de la couche, au dessus de l'elfe... qui gardait encore et toujours les yeux fermés.

La jeune femme dormait depuis deux ou trois heure déjà quand elle se réveilla brutalement. Ses yeux s'ouvrirent tout grand dans la pénombre de la chambre et elle se redressa soudainement, une main sur le cœur, les yeux perdus dans un horizon qu'elle seule pouvait voir. Une sensation de brûlure déchirante l'avait réveillé, comme si son cœur était égratigné méchamment par un ongle coupant. Le genre de réaction qu'on reconnait être mille et en toute circonstance. Bien sur, son cœur n'avait subit aucune lésion de ce genre mais elle en sentait la douleur. A peine redressée une image s'était imposée à elle, brouillant sa vue et la vision de sa propre chambre. Elle vit comme dans un rêve une grande chambre meublée avec goût mais de façon impersonnelle. Cette pièce là, elle l'avait quitté quelques heures plus tôt et pourrait la reconnaître entre mille elle aussi.
Sans hésiter un seul instant, la demoiselle repoussa brutalement les draps et sortit de son lit, saisissant dans chaque main une faucille. En trois enjambées elle fut à sa porte dans un tourbillon de cheveux mauves, le regard acéré. Elle aurait aimé que le griffon soit avec elle. Mais en sentant l'antipathie de l'elfe, il avait préféré aller à l'écurie, au moins dans un premier temps. Elle était donc seule dans la demeure cette nuit pour assurer la sécurité de son maître. Se glissant dans le couloir comme une ombre, elle prit immédiatement la direction de la chambre de Datar. Il fallait faire vite mais en silence. Le mieux était de capturer l’assassin vivant mais le plus important était de garder son maître en vie.

Arrivée à sa porte de bois, elle expira doucement. Elle avait cette habitude pour calmer son cœur. Elle ne craignait pas pour sa vie, trop habituée à ce genre de chose et à la considérer comme moindre malgré sa fierté. Elle avait peur d’échouer, de retrouver le corps sans vie de l’elfe gisant dans ses draps. Elle le voyait la gorge ouverte, le regard vide braqué sur le plafond, les draps devenus presque noirs…D’un geste vif elle tourna la poignée et entra, cherchant du regard son adversaire, concentrée. Il était déjà près du lit, le poignard levé, prêt à tuer. Elle l’interrompit et intrigué, il ne put s’empêcher de tourner la tête vers elle. Erreur fatale. La jeune femme s’arrangeait toujours pour faire tomber en hypnose au moins légèrement son adversaire. Il était ainsi plus lent et se détournait de sa cible, préférant se focaliser sur elle.

C’était un homme, un elfe en fait. Il était assez grand, très mince et on pouvait sentir chacun de ses muscles entraîné à cette tâche immonde qu’était l’assassinat. Il venait prendre une vie mais ce n’était rien pour lui. Il en avait prit d’autres. Mais il devait avoir trop l’habitude car il n’avait rien vu du piège. Elle ne le lâcha pas du regard et il en fit de même, se redressant même, le bras baissé. La jeune femme estima que c’était le bon moment. D’un bond elle s’élança en avant, sans un mot. L’assassin en fit de même, semblant complètement oublié l’elfe qui dormait à côté de lui. Les lames se rencontrèrent dans un bruit métallique et quelques étincelles. Ils ne se lâchaient pas du regard, chacun était déterminé à en finir rapidement avec son adversaire.
Mais l’assassin n’avait qu’une arme en main, Yaelle en avait deux. Dégageant l’une de ses lames, elle fit un large mouvement pour ouvrir le ventre de l’intrus. D’un bond sur le côté il esquiva l’attaque pour se placer au centre de la pièce. La jeune femme plongea. Elle évita le poignard qui ne fit que lui entailler légèrement l’épaule et l’omoplate et se concentra sur les genoux de l’elfe. D’un mouvement rapide et précis, elle fit briller sa faucille à un rayon de lune qui s’attardait dans la chambre. Le sang constella le mur et l’assassin s’écroula dans un hurlement de douleur. Elle venait de lui sectionner les tendons juste derrière les genoux, le rendant incapable de se tenir debout. Les mains sur les jambes, l’homme ne pouvait pas retenir des cris de souffrance que Yaelle étouffa sans pitié avec un bâillon. C’était un meurtrier, pourquoi serait-elle douce ? Elle entendit un bruissement de couverture derrière elle. Avec le bruit qu’il avait fait, tout le manoir devait être réveillé. Et surtout Datar. La demoiselle fixa avec intensité son adversaire à terre, se concentrant au maximum. Bientôt l’elfe se tut, comme absorbé par la contemplation des iris de la jeuneYogaï. Une fois certaine qu’il soit totalement sous son emprise, elle soupira pour relâcher la tension. Elle essuya son arme sur les habits de l’assassin et resta accroupie à côté de lui, se moquant de sa tenue. Sa chemise était déchirée à l’épaule et teintée de bleu, laissant voir toute son épaule droite et une partie de son dos. Mais toute trace de blessure avait disparut. Un tatouage de griffon en colère était à moitié visible dans la clarté lunaire. La jeune femme attrapa le col de l’homme et lui ordonna le silence. Puis elle le traina dans le couloir. Pas la peine de le laisser plus longtemps dans la chambre du seigneur K’Tarsis.

Une fois lâché sur le plancher du couloir, l’elfe sur mit à ramper misérablement pour essayer de s’échapper. Yaelle lui ordonna d’une voix sèche de se tenir tranquille et il se raidit pour devenir immobile. Elle le retourna sur le dos du bout du pied et l’observa un moment. Il semblait à peine sortit de l’adolescence…

- Qui t’envoie ? –

Elle sentit l’esprit de l’elfe lui résister de toutes ses forces et seul un gémissement incompréhensible franchit la barrière des lèvres de l’assassin. Agacée d’avoir été obligée de se battre dès la première nuit, elle s’agenouilla à côté de lui et piqua sa gorge de sa faucille.

- Si tu veux sortir vivant d’ici, tu as intérêt à parler, raclure. Pour qui travailles-tu ? Qui t’as donné ce contrat ? Qui en veut à la vie du seigneur K’Tarsis ? –

Son regard était aussi vide d’émotion que celui d’un mort. Elle avait travaillé toute la journée et était fatiguée. Mais non, une nuit de sommeil, c’était trop demander. Il avait fallut qu’il s’incruste pour essayer de faire sa dégoutante besogne. Mais jamais elle ne laisserait en passer un seul. Aucun meurtrier ne s’approcherait de son maître, ne toucherait à un seul de ses longs cheveux noirs ou ne menacerait sa gorge blanche.
Consciente que la fatigue lui faisait avoir des pensées un peu trop personnelles concernant le physique avantageux de son employeur, la demoiselle aux cheveux violets remit en place une de ses longues mèches pour se re concentrer sur la situation actuelle.

Haaa les assassins! Rien de plus fourbe et de plus répugnant qu'un assassin. Des nuisibles, des cafards, ils sortent quand on ne les voit pas et ils envahissent votre espace vital comme la vermine qu'ils sont! Datar ne supportait pas les assassins... du moins pas quand c'est lui qui en était la cible! Il n'aimait surtout pas l'idée de finir la gorge ouverte, mort entre ses draps tachés de sang sans avoir eu l'occasion de se défendre. Bon, évidemment, critiquer les assassins était une preuve de mauvaise foi venant de la part de l'elfe, si on part du principe qu'il y a souvent fait appel pour se débarrasser de quelques opposants politiques pour le moins gênants. Mais il venait de voir le revers de la médaille quand on était soi même la cible d'un contrat d'assassinat. Alors forcément quand l'un d'entre eux se glisse dans sa chambre, arme au poing, avec l'intention d'en finir avec lui.. forcément ca chamboule un peu son jugement sur la question. Mais ca il ne pu en prendre conscience qu'a son réveil, en sursaut, en entendant le bruit du fer qui s'entrechoque. Un pieu de glace apparaissant directement dans sa main par pur réflexe, assis sur son lit, il regardait la scène de combat qui se déroulait devant lui.

Yaelle avait été prévenue, elle venait sans aucuns doutes de lui sauver la vie en interceptant le tueur. C'est a ce moment là précis que Datar se félicita lui même d'avoir engagé la jeune femme. Le combat se poursuivit sans que Datar ne bouge d'un iota, observant simplement la scène d'un oeil critique, jusqu'a ce que la jeune fille ne sectionne les tendons du tueur. Datar resta de glace, observant son assassin raté tomber au sol dans un cri de douleur. Méprisable créature... Si Datar n'aimait pas quelque chose c'était bien l'échec... Il aurait eu plus de respect pour ce cafard s'il avait au moins réussit dans sa tâche mais là... On lui envoyait un assassin de bas étages, un cloporte incompétent pour l’exécuter! Lui! Datar K'Tarsis méritait au moins le meilleur des assassins pour lui prendre la vie et pas un professionnel de bas niveau tout juste bon a escalader un mur!

Yaelle sortit le tueur dans le couloir et Datar fit disparaitre le pieu de glace pour finalement quitter le confort de ses draps et se lever. Il rejoint bien vite Yaelle dans le couloir encore éclairé par les bougies. Sans prendre la peine d'enfiler une veste, torse nu, le maitre des lieux arriva dans le couloir, croisant un moment le regard de son agresseur avant de soupirer lentement, le fixant toujours alors que ce dernier était menacé par Yaelle.

"Il a été engagé par un rassemblement d'habitants de la cité... des nobles pour la plupart. Un rassemblement qui estime que je n'ai pas ma place auprès de la Reine, que je ne suis qu'un vil manipulateur, un opportuniste... une vipère qui attends sagement le moment de mordre au meilleur endroit."

Fit-il calmement sans lacher l'assassin des yeux qui, malgré sa douleur visible, semblait résolu a soutenir le regard du Conseiller.

"Mais il semblerait que mes ennemis me sous estiment... C'est navrant."

Garde un visage fermé et froid. En un clin d'oeil une nuée de pics de glaces jaillie de ses doigts et vinrent se planter dans la gorge du malheureux qui lui lança un dernier regard de supplication avant de sombrer, noyer dans son propre sang qui lui envahissait la gorge, agonisant un moment avant de rendre son dernier souffle. Datar observa un moment le corps avant de regarder Yaelle, toujours aussi détaché de la scène macabre qu'il venait de créer.

"Je dois vous remercier, mademoiselle, sans vous j'aurais déjà la gorge tranchée. Vous êtes a la hauteur de votre réputation, je me félicite de vous avoir a mon service."

Esquisse un léger sourire avant de s'incliner respectueusement devant elle pour finalement de redresser.

"Débarrassez vous du cadavre... la fosse au bout du jardin devrait suffire, les charognards se chargeront de son cas.... Et par la suite rejoignez moi dans ma chambre, il y a deux ou trois petites choses qu'il faut que je vous dise..."

Lui fait un signe de tête avant de se retourner dans sa chambre sans même un regard au cadavre au sol.

La jeune femme jeta un coup d’œil par-dessus son épaule quand Datar prit la parole. Elle fronça légèrement les sourcils en entendant ses dires: c'était des nobles et des gens du peuple ? Ridicule ! Les elfes avaient vraiment leurs propres méthodes quand il s'agissait de se débarrasser de quelqu'un. D'un autre côté, s'ils devaient attendre que Datar meurt de vieillesse, c'était très mal partit. Elle ne comprenait tout de même pas. Pourquoi en vouloir à ce point à un homme qui rendait service au pouvoir de la reine ? Il était là pour l'orienter, la guider et la conseiller. S'il avait voulu prendre sa place, il y a surement longtemps qu'il l'aurait fait, les occasions ne manquaient pas. Et en ce moment, elle n'était pas non plus en odeur de sainteté auprès de tout le monde. Il devait se tapir une haine profonde et bien enracinée dans le cœur de ceux qui envoyaient tant d'assassins et Yaëlle ne pouvait pas croire que ce soit simplement à cause du poste qu'occupait le bel elfe. Mais après tout, elle connaissait assez le beau peuple.

- Débarrassez vous du cadavre... la fosse au bout du jardin devrait suffire, les charognards se chargeront de son cas.... Et par la suite rejoignez moi dans ma chambre, il y a deux ou trois petites choses qu'il faut que je vous dise... -

Elle hocha la tête et le regarda faire demi tour sans aucune considération pour le mort. Elle même n'en avait pas vraiment, c'était un inconnu qui avait voulu tuer son maître, il n'avait eut que ce qu'il méritait. Elle même ne lui aurait pas laissé la vie sauve, elle savait que ce genre de mauvaise herbe doit être brûlée sans pitié sinon elle s'enracine plus durablement et cause plus de mal encore.
Rapidement elle retourna dans sa chambre où elle prit un grand linge de qualité médiocre. Elle enroula le corps dedans, prenant soin de bien couvrir la gorge d'où sortait encore un filet de sang. Il s'était étouffé dans son propre sang...Elle était pour le tuer mais pas de cette façon. Elle donnait une mort rapide et indolore avant de se débarrasser du corps avec tout de même un certain respect. Un assassin n'en avait pas toujours été un et pour la personne qu'il avait été avant de sombrer dans les méandres de ce métier, il fallait le respecter. Elle n'avait rien dit car ce n'était pas son rôle de critiquer les méthodes de son maître mais à l'avenir, elle achèverait ses victimes rapidement et sans les interroger. A quoi bon ? Il semblait que le seigneur K'tarsis soit déjà au courant de tout. Mais elle ne le laisserait plus tuer. D'une part parce que ce n'était pas son travail et qu'il n'avait pas à se salir les mains. D'autre part parce qu'il semblait avoir des façons de faire assez cruelles.

Yaëlle souleva le corps et descendit les escaliers rapidement. Elle soufflait un peu, c'était assez lourd et personne ne s'était réveillé. Apparemment, ce n'était pas sur ses gens que le maître des lieu pouvait compter pour lui venir en aide la nuit. La demoiselle réussit à passer par une petite porte dérobée faire pour le service et qui donnait sur la cour arrière puis sur les jardins. Inutile de réveiller Ombrage pour si peu, elle pouvait le faire elle même. Pieds nus, elle porta son fardeau jusqu'au fond du jardin où elle trouva la fosse. A l’extrême limite du terrain, elle était à demi masquée par les arbres et la végétation. Les animaux sauvages devaient y avoir leurs habitudes car des restes de tissu et quelques ossements y étaient à demi enterrés. Yaëlle n'était pas fossoyeur aussi jeta-t-elle simplement le corps dans le grand trou avant de repartir. Elle se rendit compte en rentrant qu'elle avait une sublime et énorme tache de sang frais sur sa chemise. Entre son dos tâché de bleu et sa poitrine tâchée de rouge, elle n'avait plus qu'à brûler ce qu'elle considérait comme son pyjama... Mais pas le temps de faire sa toilette, elle devait se rendre chez l'elfe qui l'attendait surement avant de retourner se coucher. Elle s'arrangerait pour prendre un bain après. Froid bien entendu.

Arrivée en haut des escaliers, elle avança jusqu'à la porte de Datar et toqua doucement en s'annonçant. Puis elle entra comme on le lui demandait. La belle referma la porte derrière elle pour ne pas être déranger et pour ne pas déranger par la rumeur de leur conversation. Pourvu que ce ne soit pas pour la réprimander qu'il la convoque...

- Vous souhaitiez vous entretenir avec moi Monseigneur ? -

Elle se tenait droite, les mains dans le dos mais toujours détendue, loin de l'attitude coincée des militaire. Avec ses longs cheveux violets ondulant sur ses épaules, son regard farouche et le sang sur sa chemise, elle ressemblait à un animal sauvage, fascinant et mortel. Ce qu'elle était en un sens.

Datar repartit s'assoir au petit bureau dans sa chambre sur lequel trônaient quelques livres ouverts qu'il poussa d'un mouvement de bras. Il sortit du tiroir une liasse de parchemins qui relit calmement avant que Yaelle ne fasse son entrée dans la pièce. Il l'observa un moment avant de regarder de nouveau la liasse de parchemin qu'il tenait dans ses mains. Il aurait peut être du faire ça plus tôt mais il n'avait pas songé que ce serait réellement important... enfin il était évident que la jeune fille avait besoin de quelques informations complémentaires sur l'affaire, histoire de ne pas être trop paumée. C'était la moindre des choses a faire... mais ca impliquait également de lui révéler une partie de sa vie... et ça c'était moins réjouissant.

"Je crois qu'il est temps de vous informer de pourquoi mon propre peuple essais de me tuer."

Il lui désigne une chaise a côté de lui et lui tends la liasse de parchemins.

"J'ai conservé ça.. des lettres de menaces, de reproches, d'insultes... enfin un joli petit palmarès. Il y a même qui me préviennent que ma mort est proche, d'où l'envoie des assassins."

La laisse lire un peu. Des passages comme "tu resteras la honte de notre race", "abandonner ton propre sang" ou encore "celui qui a déserté" mériteront sans doute quelques explications plus personnelles mais Datar se contentera pour l'instant de rester dans le général.. au besoin et si la jeune fille en fait la demande, elle répondra des choses plus personnelles.

"Il y a longtemps... j'ai quitté mon peuple, et pas vraiment sous les meilleures hospices. Certains ont vu en moi un traitre a ma race, un déserteur, d'autre me prenaient simplement pour u monstre sans coeur, qui abandonnait sa patrie mais aussi ma famille. J'avais mes raisons d'avoir quitté Drayame.. et quand je suis revenu je n'ai pas vraiment été accueillis a bras ouverts. Néanmoins j'ai prouvé a bons nombres de reprises que j'était capable de me montrer utile a mon peuple. J'ai soigné bon nombre de mes compatriotes, j'ai participé aux batailles du temps où Aile Ténébreuse n'avait pas encore la main mise sur le peuple elfique... et j'ai finir par gagner la confiance de la Reine en personne. Seulement pour certains ce n'était pas encore suffisant. Ils pensent encore aujourd'hui que je me suis rapproché de sa Majesté dans l'unique but de l'évincer un jour ou l'autre pour prendre le pouvoir."

Fit-il avant de garder le silence. Évidemment, lui, il savait qu'ils avaient raison. Une poignée d'elfes censés et lucides parmi le troupeau d'abruti qu'il avait réussit a manipuler et a tromper. Un poignée d'homme dont il devait se débarrasser au plus vite...

"Pour la plupart il s'agit de nobles anciens qui connaissent assez bien ce qu'on dit de moi et qui se sont fait une fausse image basé sur les rumeurs. Ils ont réunis d'autres partisans qui me tiennent en horreur et me font passer pour un monstre.. jugeant que ma place est d'avantage au cimetière qu'auprès de la Reine. Ils ne seront satisfait que quand j'aurais la gorge tranchée... Evidemment Sa Majesté ne peut pas agir, pas de preuves suffisantes... et j'ai refusé son offre de mettre ma demeure sous surveillance de la garde. Je n'ai pas envie que ma maison devienne une forteresse. Vous savez donc a quoi vous attendre pour la suite... vous avez peut être des questions?"

La jeune femme s'avança comme il lui présenta un siège. Elle était étonnée qu'il l'invite pour une si simple raison. A vrai dire, elle ne s'attendait pas à recevoir des explications claires dès e début. elle était là pour le protéger, peu importait de qui, de quoi et pourquoi. Elle ferait son travail avec tout autant d'efficacité. Mais elle devait bien reconnaître qu'en savoir un peu plus sur cet elfe mystérieux et ses relations plutôt houleuses avec le peuple ce n'était pas de refus. La demoiselle prit la liasse de feuilles qu'il lui tendait en fronçant un peu les sourcils. Elle ne voyait pas le rapport.

- J'ai conservé ça.. des lettres de menaces, de reproches, d'insultes... enfin un joli petit palmarès. Il y a même qui me préviennent que ma mort est proche, d'où l'envoie des assassins. -

La jeune femme se mit à lire en diagonale. Pas la peine de s'attarder sur chaque mot pour comprendre où était le problème de ces lettres. Loin de se retenir dans les menaces de mort et les détails sordides, c'était un tas de fumier qu'elle tenait dans ses mains, pas du parchemin. Elle posa le tout avec un air méprisant et dégouté. Elle écouta la suite d'une oreille attentive. la vie semblait ici aussi compliquée que chez les hommes. Voir peut-être plus. Parce qu'ici, les rancunes avaient le temps de grandir pendant des siècles, de croire gentiment et de s'épanouir. C'était une situation terrible au fond.

- Vous avez peut être des questions ? -

Yaëlle réfléchit un instant rapidement. Elle ne pouvait pas pousser le bouchon trop loin et commencer à se montrer indiscrète. Elle aurait aimé savoir pourquoi il était partit mais ça ne la concernait pas. Elle aurait aimé savoir ce qu'il avait fait de si terrible pour être à ce point détesté car à son sens, partir de chez soi n'est pas un crime mais ça rejoignait sa première question et donc sa première conclusion. Elle ne voyait pour le moment pas grand chose à demander...Si.

- Jusque là, quelles ont été les tentatives pour vous assassiner ? Dans quels endroits vous a-t-on attaqué ? Et comment ? Je pourrai mieux évaluer la prochaine attaque en connaissant la nature des précédentes. -

Les tueurs faisaient toujours la même choses. Ils commençaient par envoyer des petits tueurs à la sauvette puis de vrai professionnels, pas trop cher et plus la victime résistait, plus ils y mettaient les moyens. Et plus un assassin était payé cher, plus ses techniques étaient sournoises. Mais elle avait apprit à les préméditer et à les prévenir. Elle gagnait ainsi un temps précieux.
C'était étrange de se rendre compte comme le cerveau pouvait faire le tri entre certaines informations. Quelques instants avant, trop accaparée par l'assassin et pas la curiosité, elle n'avait pas remarqué la tenue de Datar. Ni son air fatigué. Elle l'observa à la dérobade, l'air de rien. Il était très grand, bien plus qu'elle puisque le sommet de sa tête devait arriver sous le menton de l'elfe, à peine plus haut. Ses yeux étaient aussi froids qu'une lame acérée, du même gris que les nuages de pluie. Son visage fin et noble ne trahissait aucune émotion et était encadré par de longues mèches de cheveux noirs. C'était un noble qui pouvait se prélasser dans le luxe et pourtant, il n'avait pas une once de graisse comme tant d'autre. Sa musculature attestait d'un entretient régulier mais n'était pas celle d'un guerrier. Il avait l'air un peu fatigué mais à peine. Se réveiller au milieu de la nuit, ce n'est pas le mieux pour le sommeil. Yaëlle le trouvait indéniablement beau, séduisant, attirant même. Elle ne laissait pas la place à ce genre de considérations dans sa vie mais pouvait tout de même s'autoriser quelques constats. Il dépassait tous les humains bien sur. Mais même parmi les elfes, il avait quelque chose de différent qui la fascinait. C'était agréable en un sens de travailler pour une personne qui vous fascine.

A sa plus grande satisfaction, les questions que la jeune fille lui posa n'avait rien de très personnelles et Datar s'autorisa un léger sourire. Finalement la demoiselle savait garder son professionnalisme en toutes circonstances, voila une bonne nouvelle. Datar se mit tout de même a réfléchir pour lui répondre au mieux, essayant de se remémorer comment tout cela avait commencé et a quel endroit.

"Au début ils ont commencés par m'attaquer dans mon bureau, au beau milieu de la journée quand mes domestiques sont occupés a leurs taches habituelles. Malheureusement pour eux, je me défends nettement mieux quand je suis réveillé. Après ils ont tenté un empoisonnement, en remplaçant une de mes bouteilles de liqueur par un flacon de neurotoxines. Là encore se fut un échec, cette demeure regorge d'antipoisons et d'antidotes en tout genre que je fabrique moi même, ce ne fut pas difficile de m'en tirer."

Il fit une légère pause essayant encore une fois de se souvenir de toutes les méthodes ridicules que les assassins avaient utilisées pour en finir avec lui.

"Ho... ils ont essayé d'attaquer dans mon laboratoire également... mais sans m'atteindre. Mes sorts de protections se sont chargés des gêneurs si bien que l'assassin est mort avant même d'avoir pu mettre un pieds dans la pièce. Peut être qu'il voulait retenter l'expérience du poison en remplaçant cette fois aussi l'antidote qui aurait du me sauver. Mais comme je vous l'ai dit... m'attaquer dans mon laboratoire est la pire des erreurs possible. C'est sans aucuns doutes la pièce la plus protégée du manoir et le nombre de potion mortelle a ma portée ne mettraient pas longtemps a venir a bout de n'importe qui."

Fit-il avant de farfouiller dans le paquet de parchemin, en prenant un qu'il mit au dessus du tas.

"C'est cette dernière lettre de menace qui m'a mit la puce a l'oreille. La phrase "Tu ne te réveilleras jamais" m'a clairement indiqué que cette fois ci ils s'en prendraient a moi dans mon sommeil. Et si je suis parfaitement capable de me défendre par moi même quand je suis éveiller, je dois admettre qu'endormit je suis parfaitement vulnérable. C'est la raison de votre embauche... vous êtes un peu ma garde de nuit."

Fit-il en souriant, tournant son regard vers la jeune fille... remarquant qu'elle regardait vaguement la façon dont il était habillé. Il toussa un peu en remettant en arrière une mèche de cheveux noir qui lui barrait la vue.

"Hum... voila. Ce qui est sur c'est qu'il ne m'attaquent pas quand je me dirige vers le palais, sans doutes parce qu'ils savent que j'y suis attendu et que ma mort serait trop vite rapportée aux oreilles de Sa Majesté... ca ne les aiderait pas a passer inaperçu. Et bien évidemment, au palais je en risque rien, la sécurité est au maximum, même une sourit ne passerait pas les postes de gardes."

Il finit par se lever, se tenant bien droit et regardant toujours Yaelle.

"Je ne penses pas qu'ils retenteront de nuire a ma vie ce soir.... et c'est grace a vous si je respire encore a cette heure là. Vous avez donc toute ma gratitude, dame Yaelle."

Dit l'elfe en saisissant la main de la jeune fille, y déposant un chaste baiser sans la quitter des yeux, se redressant lentement sans pour autant relacher sa main qu'il garda dans la sienne.

"Et j'espère que ma tenue ne vous empêchera pas de trouver de nouveau le sommeil..."

La jeune femme jeta un nouveau coup d’œil à ce qu'il lui mettait en évidence, écoutant tout ce qu'il avait à dire. Apparemment, on l'avait grandement sous estimé si tant de tentatives avaient échouées. Ou alors les nobles avaient plutôt envie de garder leur argent, n'embauchant que des assassins de bas étages. Ce soir encore c'était un homme assez peu habile. Yaëlle en avait vu d'autres, bien plus redoutables et rusés. Ceux là il fallait s'en méfier comme de la peste. Mais pour l'instant, c'était du menu fretin. Elle était assez contente de tomber sur des incapables en fait, ainsi elle pourrait monter le niveau graduellement, tout comme eux. Sauf qu'elle aurait toujours une longueur d'avance.

L'elfe finit par se lever pour la remercier de son efficacité. Elle voulut lui dire qu'il n'avait pas à faire ça, elle n'avait fait que son travail après tout. Si elle était là c'était pour le protéger et rien de plus, il était normal qu'elle intervienne à tout moment. Elle se redressait à son tour quand il lui prit la main pour l'effleurer du bout des lèvres. La belle n'en avait vraiment pas l'habitude. Se faire traiter comme une dame, ce n'était pas sa tasse de thé mais elle pourrait s'y faire à la longue...C'était agréable d'être considérée.

- Et j'espère que ma tenue ne vous empêchera pas de trouver de nouveau le sommeil... -

La demoiselle rosit dans la pénombre. Elle pensait avoir été plus discrète que ça en le regardant. Mais il fallait croire qu'aveuglée par le charisme que cet homme dégageait, elle s'était montrée un peu trop insistante. Elle se promit immédiatement de ne plus jamais poser les yeux sur lui de cette façon. C'était anti-professionnel et surement contre-productif puisque ça allait la détourner de son travail.
Sans savoir vraiment pourquoi, ces paroles la troublèrent aussi parce qu'elles étaient peut-être à demi vraies. Yaëlle répondit avec un peu moins d'assurance qu'à l'accoutumée:

- J-je suis désolée, c'était déplacé. Ça ne se reproduira plus. -

Elle retira doucement sa main de celle, un peu trop chaude, de l'elfe. Et elle s'inclina avec raideur avant de faire demi-tour pour le laisser seul. Il était tard et il fallait dormir.

- Encore pardon. Passez une bonne nuit seigneur. -

Elle n'osait même plus le regarder. Un rayon de lune accrocha un éclat dans ses cheveux mauve avant qu'elle ne ferme la porte pour retourner au calme du couloir. La demoiselle inspira profondément et expira pour relâcher la tension. C'était ridicule, on aurait dit une adolescente prise la main dans le sac. Elle valait mieux que ça. Et la remarque de Datar était surement une façon de lui faire remarquer qu'elle avait été bien trop insistante. Elle se serait bien donné une petite claque en guise de punition mais il pouvait encore l'entendre. Revenant sur le lieu de la mort de l'assassin, elle remarqua le sang dont était gorgé le tapis. Rapidement elle roula le tissu, faisant disparaitre toute trace de l'incident et évitant une occasion de mettre les pieds dedans le lendemain.
Puis elle retourna dans sa chambre et referma doucement derrière elle. Sa chambre était comme elle l'avait laissé quelques instants avant l'attaque. Soudain fatiguée de toutes ces émotions, elle traîna un peu des pieds jusqu'à la fenêtre par laquelle elle observa le jardin, la forêt derrière puis le ciel sombre piqué d'étoiles. Au moins c'était terminé pour ce soir, il n'y aurait plus d'attaques. Elle devrait installer un nouveau piège dès le lendemain à la fenêtre de l'elfe.

Réalisant qu'elle était dans une tenue lamentable, elle retira sa chemise trouée et tachée, s'essuya rapidement avec avant de la jeter dans un coin. Dès le lendemain elle la jetterait quelque part. Ce fut donc presque nue qu'elle se glissa dans ses draps avec un soupir d'aise. Contrairement à ce qu'elle craignait, elle s'endormit très vite et ne fit pas un rêve.

Les premiers chants d'oiseaux accompagnés du soleil levant tirèrent la belle au bois dormant de son sommeil de très bon matin. Agacée par ce début de journée trop avancé, elle se retourna pour se rendormir encore une heure ou deux. Quand finalement elle émergea, elle entendit des bruits de vaisselle en bas. On sortait le couvert du maître surement. Elle s'étira longuement avant de sortir tranquillement des draps. Enfilant rapidement quelques habits, elle passa dans sa salle de bain où elle retira tout pour se laver avec la bassine d'eau chaude mise à sa disposition. Elle prendrait son bain le soir venu. Une fois propre, elle remit ses habits, serrant sa ceinture, lissant les plis du tissu, attachant ses cheveux en une queue de cheval simple d'où s'échappaient de longues mèches ondulées. Direction petit déjeuner. Une nouvelle journée s'annonçait.


Avec

♦ Datar K'Tarsis	♦ Yaelle Sera
♣ Camp: Neutre	♣ Camp: Neutre
♣ Age: 1200 ans	♣ Age: 25 ans
♣ Race: Elfe	♣ Race: Yogaï

♠ Sur la carte: Drayame

♦ Résumé: Datar a cruellement besoin d'un garde du corps compétent pour veiller sur lui dans les moments où il est le plus vulnérable. Yaëlle se présente après être tombée sur une annonce par hasard. Il l'engage, se fiant aux rumeurs à son sujet. La demoiselle installe ses affaires et fait le tour de la propriété pour y poser des pièges.
La nuit venue, elle se débarrasse du premier assassin de ce qui semble être une longue série. Datar lui donne quelques explications concernant sa vie et surtout, pourquoi on en veut tellement à sa vie. La jeune femme sait désormais à quoi s'en tenir...Et sent que cet elfe la trouble passablement.