Sacerdotium.

Lothaire était arrivé en Adhès depuis quelques jours seulement. Déjà son destin semblait avoir été tracé par des entités et des êtres bien plus importants que lui. Alors qu’il ne le savait pas encore une décision venait d’être prise concernant sa propre personne. Alors qu’il s’installait à peine sur place et avait eu le temps de faire quelque rencontre qu’il fut averti via une missive qu’on l’attendait au Temple. Qu’était la raison ? Lothaire Albann trouvait déjà cette région très étrange. Tout était sombre, brumeux, il y avait un côté macabre, une sorte de morbidité omniprésente.

L’atmosphère était presque étouffante pour le juriste. Certains qu’il aurait fini par devenir fou s’il n’avait été si droit dans sa conduite et certains de ses objectifs. Servir Nayris, afin de punir et de libérer l’humanité. De ses erreurs et de sa pauvre et inutile existence. Mais assez déblatéré. Il ne fallait pas s’enfermer dans la passivité, seule l’action primait, surtout quand il était question de la cause.
Ce qui choqua principalement le trentenaire, ce n’était pas le temps ou l’étrangeté des lieux mais les quelques habitants spéciaux.
Il y avait quelques morts-vivants, oh, ils de proliféraient comme dans quelque légende ou rumeur, simplement il y en avait. Ils n’étaient pas très dérangeant, plutôt passif comme bestioles même. Et s’ils n’ennuyaient pas Lothaire, ils avaient eu la chance de pouvoir étonné l’homme le plus rigide de Terra, et ainsi lui faire décrocher un regard exorbité devant la vue d’être qui lui était presque inconnue. Maintenant le juge s’y était habitué, ce n’était pas la première fois qu’il se rendait dans cette contrée. La présence de ces êtres l’amusait presque, bien qu’ils rentraient peu à peu dans les décors. Devenant de simples créatures parmi les autres.

Une fois arrivé dans les alentours du Temple, un prêtre, un homme plutôt âgé, d’un air sévère et avec un regard inquisiteur s’approcha de Lothaire. C’était un vieux religieux, un prêtre Maraudeur, assez rabougri par le temps. Son teint pâle rajoutait en sa présence une aura obscure. Il marchait lentement et parlait avec une voix tranquille et rocailleuse, comme si le son de sa gorge sortait des plus profondes catacombes que Terra pouvait abriter. L’homme l’invita à le suivre et alors qu’ils marchaient l’un à côté de l’autre, le prêtre qui se nommait Félix, était venu lui annoncer sa nomination. En effet Lothaire Albann venait d’être choisis pour endosser le rôle de prêtre, sa vocation venait d’être entendu, enfin il était reconnu pour ses efforts et son travail.
« Ce n’est pas trop tôt » pensé Lothaire, qui trouvait que les recherches avançaient bien trop lentement. Le seul malus selon lui de Nayris était de dépendre de mortel comme lui, devoir créer une religion composée d’humains et autres créatures immondes était tout de même réducteur pour la déesse. Du moins c’est ce que pensait le chercheur. Comme toujours il interprétait selon son histoire personnelle.

Il accepta avec joie et confirma son choix, la voit des maraudeurs lui semblaient la plus utile et la plus pressante pour le moment. Et bien entendu, il prenait plaisir à se plonger dans d’anciens parchemins afin de retrouver des écrits perdus qui malgré tout n’étaient pas toujours d’une grande utilité. Mais c’était une discipline forte intéressante.

On donnait donc rendez-vous à Lothaire deux jours plus tard dans le Temple. Et le Temple, quelle étrange merveille, il se ressemblait à aucun autre monument et son architecture si spécifique en faisait une sorte de joyaux unique. La beauté du lieu était très subjective mais on ne pouvait pas nier que la décoration ait été travaillée avec soins, représentant parfaitement le culte et abordant tous les attributs représentatifs de la mort. Ce fut encore Félix qui le reçut, accompagner des quelques autres prêtres principalement des prêcheurs. Mais le l’endroit embarrassait Lothaire qui n’appréciait pas ce lieu de culte. Il y avait un mauvais gout, un jeu de couleurs et d’ornements que le trentenaire trouvait vulgaire et inutile. Il préférait quelque chose de sobre et de froid, représentant bien mieux sa vision des choses. Mais il devait faire avec.

Il fut d’ailleurs étonné de voir le professionnalisme des prêtres, tous allaient pour préparer le rituel, nettoyant quelques objets, plaçant d’autres objets. Il voyait devant ses yeux une fresque de clerc en toutes sortes, préparant de leurs mains expertes le lieu tandis que Félix lui expliquait précisément la marche à suivre. Enfin, quelques minutes après, quand les explications arrivaient à leurs fins, un homme assez jeune fit son apparition, il était encadré par deux autres prêtres. Il avait le regard radieux, personnes ne faisait attention à lui, sauf Lothaire qui avait compris son triste rôle dans l’histoire à venir. Le bonhomme, un grand blond qu’on allongeait bien gentiment sur la table en pierre n’étaient autre que l’élément central, il allait être sacrifié.

Le rituel pouvait commencer. On avait installé le sacrifié, la bassine ainsi que le poignard. Le prêtre se mit en cercle auteur de Lothaire, seul Félix l’accompagnait dans ses gestes afin que tout soit fait selon la règle. Le juriste approcha donc la lame de la jugulaire de la victime et la trancha d’un simple coup, net et précis. La mort était rapide et la quantité de sang qui se versait dans le récipient était impressionnante. Si bien que lorsqu’on voulut y placer les cheveux, ceux-ci furent très rapidement imbibés. Entre-temps, Lothaire avait dû réciter une longue ode à Nayris, donnant par la même occasion une couleur pourpre au sang.

« Ô Nayris, déesse éternelle, déesse unique, déesse infinie. Délivre le monde, mais avant tout donne ta bénédiction à ce nouveau venu parmi nous. Car aujourd’hui, moi, Lothaire Albann rejoint l’ensemble de ton clergé afin de te servir. Fait de moi ton serviteur, accorde-moi la grâce de bien te servir. J’ai choisi la voie des maraudeurs, je choisis donc de donner ma vie pour te libérer des limbes où ton règne est total, afin d’étendre ton règne jusqu’aux contrées les plus sauvages et inexplorées de ce monde. Ô Nayris, grande et divine Naris, ce sacrifice est fait pour toi en ton nom, en signe de ma vocation. Je te prie Nayris, divinité suprême, laisse-moi t’adorer à ta juste mesure. »

Les cheveux étaient pourpres, le sacrifice avait eu lieu. Lothaire était un prêtre. Et tout semblait commencer.