Prémices. Le bois murmurait dans les premiers vents du printemps, tout proche, tout proche, à toucher du doigt. Des bourgeons, ça et là, quelques pousses vertes sous l’humus noir de l’hiver qui s’attarde, quelques feuilles vives, quelques indices de la vie toute prête à éclore et à s’épandre au premier rayon de soleil, à la première aurore tiède du renouveau de l’année. Il avait plu toute la nuit et le bois exhalait un million de parfums humides et lourds de terre remuée, de végétaux fanés et de feuilles mortes, lourd et prenant comme un parfum capiteux d’ambre vert gorgé d’une sève précoce et de la résine des pins. Les sentiers qui serpentaient entre les herbes folles, sèches et rases, laissaient entrevoir de traîtresses ornières pleines de flaques boueuses où quelques oiseaux encore gonflés de leur plumage d’hiver venaient s’abreuver avant de s’ébrouer en pépiant. Dans les buissons, on entendait bruisser les petits animaux qui se tiraient de la torpeur des mois de froidure pour revenir à l’ouvrage, et de temps à autre la course lourde et pesante d’un gibier plus massif venait trouver le calme qui régnait sous les frondaisons. Là haut, dans les bractées morcelées par la lueur d’un soleil fugace, quelques écureuils disputaient leurs butins aux sittelles et aux moineaux, à demi dissimulés par les feuillages les plus précoces de certains arbres parmi les plus hâtifs.
De loin en loin, quelques bribes d’une chanson voletaient sur le fil d’une brise légère, chargée de l’humidité des sous-bois ; un aboiement ou deux résonnaient un peu plus fort, quelques éclats de voix, un rire. Bientôt, deux chiens fendirent les fourrés, le pelage tout semé de perles d’eau claire et de feuilles mortes, griffé aux épines des ajoncs et des ronciers. Ils caracolèrent un moment au bord du sentier, bousculant les amas de fougères sèches et les flaques troubles, avant d’être rappelés un peu plus loin par un sifflement.
Là se tenait une jeune fille, son épaisse chevelure brune et emmêlée tombant sur ses épaules drapées d’un épais manteau de laine brune, qui se hâta de soulever ses jupes commodément retroussées sur ses chausses lacées pour rattraper la petite femme qui cheminait loin devant elle, un panier glissé à son bras et qui chantonnait en souriant dans la brise. Près d’elle, un jeune homme à la mine renfrognée suivait en silence, assez peu gagné manifestement par l’allégresse tranquille de sa mère qui ne semblait pas se démonter et persistait dans sa gaieté tranquille, même s’il fallait bien avouer que le cœur n’y était pas.
Cela faisait plusieurs semaines maintenant que le recruteur de l’armée impériale avait fait étape au Gué d’Avara et avait emmené avec lui plusieurs jeunes gens de l’âge de Joreth, après avoir échoué à convaincre celui-ci. Depuis, le jeune homme faisait grise mine, emmuré dans un silence maussade d’où Saskia ne parvenait pas à le tirer tout en sachant fort bien ce qui pouvait ainsi tourmenter son aîné. Les paroles de Geralt avaient fait mouche, mine de rien, et avaient semé le doute : quelle utilité le garçon avait-il dans cette guerre, restant à s’user les mains à la ferme et à demeurer isolé dans cette campagne où rien ne se passait ? Il rêvait sans doute à bien plus, et cela, Saskia ne pouvait le lui ôter.
Elle avait elle-même le cœur bien lourd, depuis. Les doutes les plus pressants revenaient la tenailler : elle avait fait le bon choix pour elle-même, mais était-ce vraiment le cas pour ses enfants ?
Tandis qu’ils cheminaient, Mélisande rattrapa son frère et lui prit le bras pour l’entraîner plus avant avec les chiens, laissant leur mère en arrière. Celle-ci esquissa un trop bref sourire, songeant à quel point ces enfants pouvaient être inséparables. S’il y avait quelqu’un qui saurait recueillir les confidences de Joreth, ce serait sans aucun doute sa petite sœur, laquelle resterait en retour aussi muette qu’une tombe : Saskia s’était plus d’une fois cassée les dents sur le silence obstiné de sa cadette.
Baste. La matrone haussa les épaules. Ils n’étaient plus si jeunes, tous les deux, bientôt des adultes, aptes à faire leurs propres choix, et elle n’aurait pas d’autre option que de se retirer, elle. Soulevant le linge qui couvrait son panier, elle tordit le nez devant la maigreur de la récolte qu’ils avaient fait en forêt : quelques précieux lichens qui donneraient des remèdes des plus efficaces, quelques champignons et les dernières tiges flétries de sauges tardives. Il y avait encore fort à faire et elle n’avait pas encore exploré les quelques recoins où elle était toujours certaine de trouver quelques variétés intéressantes. Les réserves s’amenuisaient fortement à cette saison, ô combien cruciale quand la soudure faisait craindre la disette et que les maux s’acharnaient sur les paysans épuisés par la froidure des mois d’hiver.
Penchée sur un pied de genièvre dont elle extrayait les racines avec précautions, Saskia se redressa vivement quand le son mat de sabots ferrés résonna tout près d’elle. Elle n’était pas particulièrement méfiante envers les étrangers, mais par les temps qui couraient, on n’était jamais trop prudents.
— Qui va là ? Héla-t-elle en fouillant du regard la pénombre des bois.
Non loin, les aboiements des chiens résonnèrent de nouveau. Ils avaient peut-être senti l’odeur de l’animal, mais autant que faire ce peu, Saskia serait plus rassurée si ses enfants restaient à distance, tant qu’elle n’avait pas la chose en ligne de mire. Sa serpette bien serrée dans le creux de sa main boueuse, elle se mit debout et attendit.
Saskia Blancerf
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Mer 29 Avr - 16:00
Prémices
Fin Kelrenn 115 ft. Saskia Blancerf
Cachée sous une couverture légère, Farrhasys laissait Sable la guidée à l’orée des bois, passant d’un ciel plus clair où les premiers rayons réchauffants de l’astre jaunes venaient parfois caresser son visage au recoin plus sombre des bois. Endroit où immanquablement la nymphe frissonait. Elle n’avait pas assez dormi cette nuit à cause de la pluie. Pourtant le bruit des gouttes sur les feuilles de l’arbre où elle s’était réfugié n’aurait pas dû la dérangeait, mais cette fois, le saule n’avait cessé de vouloir se plaindre à la nymphe. Et que l’hiver avait été long, qu’une magie sombre planait sur Terra. C’était vrai qu’elle avait aussi eu des renseignements. Les limbes étaient instables et une ville pirate avaient été balayé par la nature.
Farrhasys repensait parfois aux paroles de Morgane, est-ce que la nature avait décidé de se venger pour tout ce que les démons lui avaient fait subir. Mais à sa connaissance la Nature n’aurait pas eu de raison de s’en prendre à un endroit si loin de Sent’sura. Et puis peut-être que les chose étaient encore plus compliqué qu’elle ne l’avait cru. Elle avait discuté avec une caravane d’Eau récemment qui lui avait appris que les pirates étaient plutôt du côté de l’Empire, mais pas tous. Peut être qu’elle devrait chercher à obtenir leur soutien à eux aussi. Morgane n’avait pas tord en disant que les terre des Glaces ne seraient pas les plus hospitalières, pourtant elle lui semblait les plus éloignés de tout le malheur qu’elle avait connu jusqu’ici.
Fa...arrête de te torturer. Je… Je pense pas à ca ! Tu mens encore plus mal qu’un âne ! Ok, mais le saule m’a parlé toute la nuit, je n’ai pas fermé l’oeil et maintenant, j’ai froid. En plus je suis sure que... Qui va là ? T’avais pas dit que je pouvais dormir parce qu’on croiserait personne ? Ouais… ca va… j’ai évité les chiens ! Je voulais pas qu’ils me mordent râla l'équidé alors que la nymphe se glissait au bas de sa monture.
Elle poussa les branches qui lui cachait la vue pour aller à la rencontre de la femme. Serpe à la main, la reine se recula légèrement en voyant l’instrument tranchant pointé vers elle. Elle toisa la femme quelques minutes, promenant ses yeux bleus sur toute la silhouette menue, témoignant d’une vie dure, de la fin de l’hiver aussi . La nymphe posa son propre sac par terre sans avancé. Le son des feuilles et racines qu’elle avait ramassé sur le sol terreux incita le poney à se rapprocher.
Bonjour, je suis désolée de vous avoir fait peur, nous discutions et je n’ai pas fait attention. Je m’appelle Farrhasys et je suis … une voyageuse. la nymphe regarda derrière la dame en cherchant le panier qu’elle tenait. Il ne lui paru pas assez rempli. Si… si vous voulez je peux vous aider dans votre récolte ? Personnellement j’ai assez de réserve pour une semaine. Ce sera ma façon de me faire pardonner?
Pour accompagner ses paroles, elle sortit de sa poche sa petite serpe. La lame était toujours inpécaple depuis que le fermier le lui avait offerte et appris à en prendre soin.
Spoiler:
Désolée j'ai pris du retard ^^'
Farrhasys
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Jeu 30 Avr - 22:25
Il fallait bien avouer que Saskia s’était attendue à beaucoup de choses, mais pas à cela. La femme qui sortit d’entre les buissons était très belle, et semblait à la fois très jeune et très âgée, sans doute à cause des longs cheveux argentés qui encadraient son joli visage marqué d’une étrange figure entre les deux yeux. Elle cligna des yeux, réfléchit un instant, se remémorant les récits de voyageurs et les ouvrages qu’elle avait lus : une nymphe ? Ou une fée... Elle ne savait jamais quelle était la différence entre les deux.
— Pardon, ma dame, lança Saskia en s’inclinant profondément. J’étais méfiante, je l’avoue ; on ne sait jamais sur qui on tombe, ces temps-ci, n’est-ce pas ?
Se redressant, elle eut un petit sourire encourageant.
— Je m’appelle Saskia Blancerf, reprit-elle. Je suis la châtelaine de ces terres, et je vous y souhaite la bienvenue, voyageuse.
Pour tout dire, elle semblait rassurée et soulagée de constater qu’elle avait affaire à quelqu’un de pacifique qui n’avait manifestement pas d’autre projets pour l’heure que de lui donner un coup de main, qu’elle accepta de bonne grâce.
— Eh bien, fit-elle en haussant les épaules, je doute qu’il y ait beaucoup à récolter à cette saison, mais je ne perds pas espoir. S’il vous plaît de m’aider, je ne refuserai pas une paire de mains supplémentaire.
Ces derniers mots avaient fusé dans un sourire très gai, tandis qu’elle se remettait à l’ouvrage, déterrant délicatement les racines du genévrier flétri. Pourtant, tout n’était pas si tranquille, et même si Saskia était ravie d’avoir un peu de compagnie, surtout celle d’une nymphe, cela ne suffisait pas encore à dissiper les sombres nuages qui pesaient sur ses pensées.
— Vous n’avez à vous faire pardonner de rien, reprit-elle après un instant de silence. Je suis même bien aise de rencontrer âme qui vive, dans ces bois. Mes enfants sont partis baguenauder au loin, et l’ambiance ne prête guère à rire, en ce moment.
Elle avait dit cela comme un aveu, détournant un peu le regard en faisant mine de s’absorber dans sa tâche. Toute courbée qu’elle était sur ce qu’elle faisait, accroupie à ras de terre dans ses jupes teintes d’un vert sourd et de nuances rouilles et rousses, elle ressemblait à quelque vieille déesse-mère couronnée de tresses brunes, les mains noircies de terre humide. Une inquiétude sournoise jetait un voile sur son joli visage semé de taches de son, et ternissait l’éclat de ses yeux dorés.
Au bout d’un moment, il devint évident que quelque chose semblait préoccuper Saskia, comme un doute qui la tenaillait et dont elle n’osait faire part à la nymphe. N’y tenant plus, elle se pencha vers elle et dit à voix basse en épiant les environs, comme si elle craignait qu’on les entendît :
— On dit que des choses étranges se passent un peu partout et qu’une sombre magie perturbe la nature, est-ce vrai ?
Il y avait un effroi larvé dans sa voix, et de l’incrédulité, comme si elle ne pouvait prêter foi à tout cela.
Saskia Blancerf
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