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 Saskia Aélis Blancerf, veuve Carmeroi

 
Saskia Aélis Blancerf, veuve Carmeroi  Sand-g10Mar 7 Avr - 22:48
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Saskia Aélis Blancerf, veuve Carmeroi

On pourrait la prendre pour la rebouteuse qu’on débusque dans les contes et les histoires, et il y a de cela chez cette veuve sans argent qui s’use les mains à tenir sa maison debout. Aux âmes en peine et aux blessés de toutes sortes, la gironde châtelaine offrira toujours le réconfort attendu.


Informations

Surnom :
Aucun
Âge :
37 ans
Nationalité :
Terre. Elle n’a jamais quitté les frontières du duché de Blancval que pour se rendre à Sent'sura pour affaires.
Profession :
//
Camp :
Si vous lui posez la question, vous n’obtiendrez qu’une réponse convenue : son camp est celui de la duchesse, bien sûr. Celui d’Aile Ténébreuse, par conséquent. Néanmoins, elle n’en pense pas un mot et puisque de rébellion il n’y a point désormais, elle se contente de professer une neutralité bienveillante qui a ses limites. Qu’on ne lui parle ni de démons ni de nécromants !
Croyance :
Saskia révère par-dessus tout Yehadiel et porte un culte tout particulier et personnel à la Nature. Toute vie est pour elle digne d’estime, même si sa haine farouche des démons constitue une sérieuse entorse à cette règle : mais peut-on vraiment les considérer comme tels ? Après tout, ils ne sont pas de ce monde, ils sont une abomination, et à ce titre, celui-ci ferait bien de réfléchir à les expulser une bonne fois pour toutes, comme on crache un noyau gâté.

Ce n’est pourtant pas une mystique ; elle a chevillé au corps la foi simple et concrète des petites gens. Elle prie quand cela est nécessaire, mais ne manque jamais de rendre les grâces qu’elle estime devoir aux divinités qui daignent veiller sur eux.
Titre de noblesse :
Châtelaine du Guet d’Avara

Race
Humaine.

Caractère


Le moins que l’on puisse dire, c’est que Saskia n’a rien de la pauvre femme éplorée à laquelle on pourrait s’attendre. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle n’a pas tardé à reprendre sa vie, et celle de sa famille, en main.

Le fait d’avoir pu s’appuyer sur la clémence de l’ancien duc à son égard et celui de ses enfants a grandement adouci le deuil et la perspective qui pouvait s’offrir la veuve d’un seigneur exécuté, mais Saskia ne s’est jamais totalement reposée sur le peu qui lui était échu et a tâché de garder par-devers elle des ressources précieuses au cas où les choses devaient mal tourner, encore une fois.

C’est une femme fière et caractérielle, mais qui masque ses élans sous les dehors aimables d’une noble dame. Au quotidien, c’est une personne joviale qui a l’énergie tranquille des grands arbres et des mouvements cosmiques : elle va à son rythme, mais rien ne semble pouvoir l’arrêter. Elle sait se faire obéir, c’est un fait, et elle a gardé quelque chose d’un peu autoritaire, mais caché dans tant de douceur qu’elle parvient toujours à faire en sorte que les gens croient que l’impulsion vient d’eux, et non d’elle.

Solide comme un roc, Saskia est peut-être de noble naissance, mais avant tout une campagnarde qui n’a ni froid aux yeux ni peur de se salir les mains et le reste. Elle connaît bien ses forces et ses faiblesses et jamais ne lui viendrait à l’idée de les dépasser ni de prendre des risques inconsidérés — encore que, si l’on s’attaquait à sa progéniture, il y aurait des surprises — parce qu’elle sait bien la marche du monde et comment s’y frayer un chemin.

C’est une femme pragmatique et relativement peu impressionnable en ce qui concerne les bassesses de l’existence, les petits et les grands maux de la vie : quiconque a aidé aux accouchements difficiles et à recoudre des blessures de chasse dès l’enfance écope forcément d’un estomac solide, qui se double chez elle d’un rectitude à toute épreuve, si bien que lorsqu’elle prononce des mensonges plus gros qu’elle, on serait bien en peine de mettre en doute la parole d’une dame aussi digne et respectable qu’elle.

Franche et droite comme un i, Saskia a en toutes occasions un aplomb à redresser une tour penchée, comme si c’était elle l’axe du monde et que sans cela, tout s’effondrerait. Elle a le don rare de l’écoute, et une sagacité qui est fort versée dans les complexités de l’âme. On trouvera toujours chez elle quelque bon conseil et quelque parole réconfortante.

Comme certains sont faits pour aller à la guerre, pour gouverner des nations, Saskia se sait destinée à être mère, et cela lui convient tout à fait. Nul ne lui a forcé la main — il ferait beau voir ! — et c’est un choix conscient qu’elle assume : c’est à sa manière, dans les travaux simples et les soins à ses enfants qu’elle se sent à sa place. Elle a le goût des choses les plus évidentes, les plus modestes, n’a jamais froid aux yeux dès il s’agit de se retrousser les manches, et ne recule pas devant l’effort s’il est nécessaire : elle ne s’éparpille néanmoins jamais en activités inutiles, et fait en toutes choses dans l’efficace et le raisonné (sauf peut-être quand il est question de boire et de manger).
Elle aime les fruits de sa terre, ses enfants, ce qui vit et pousse, aussi bien à sa table que sur celle-ci : malgré son train de vie très simple, la châtelaine de Blancerf adore toujours autant lever le coude quand il y a de quoi et entretenir ses rondeurs maternelles de toutes les bonnes nourritures du domaine.

Malgré tout cela, au fond d’elle, une voix refuse de se taire quand elle doit s’effacer sur le passage de plus puissant qu’elle, lorsqu’elle doit subir cette humiliation de se voir réduite à une toute, toute petite noblesse de rien du tout devant des gens qui auraient dû la considérer comme une égale, si le sort n’en avait pas décidé autrement.

Cette voix-là se tait, la plupart du temps, mais parfois elle lui chuchote des murmures insidieux. Et pourquoi ne pas reprendre ce qui lui est dû ? Trouver un riche époux désœuvré, et lui apporter, par-dessus le marché, un bel héritier mâle et solide, et une jolie fille à marier. Saskia n’est point sotte ni laide, et n’aurait aucun mal à dénicher, dans la noblesse du cru, quelque seigneur capable, par une union bien choisie, de la faire parvenir à son but. Cette voix qui lui chuchote, les rares fois où elle rompt son isolement pour voyager, que ces terres qu’elle entrevoit au loin devraient être à elle.

Mais déjà, elle est lasse. Lasse d’avance de ces combats à mener, de ces intrigues dangereuses à faufiler, de la menace qui constante qui pèserait sur elle et sur ses enfants, et alors quelque chose d’autre s’élève pour répondre : à quoi bon ? Cela en vaut-il vraiment la peine ? À quoi bon tout sacrifier et tout risquer comme l’a fait Jebraël, à quoi bon ? Reste à savoir laquelle des deux voix prendra le dessus sur l’autre...

Là est la question, après tout. Cela vaut-il la peine de se battre ?





Physique
Une chose est sûre, Saskia n’a plus l’attrait de ses vingt ans, fanée par le deuil et les grossesses. Son joli visage s’est creusé de rides précoces, ses yeux se sont assombris et sa taille s’est alourdie de rondeurs aussi maternelles que dues à son penchant pour la bonne chère. Pour autant, elle n’est pas désagréable à regarder, mais il est certain que ses belles années sont déjà derrière elle et qu’un automne a flétri les fruits de sa jeunesse.

Petite, mais solide, elle a le physique bien charpenté des matrones et cela lui confère une allure à la fois très digne et rassurante, de celles à qui on offrirait le Bon Dieu sans confession tant elle semble inoffensive et toute faite de bienveillance. Le teint clair et les cheveux bruns, elle a de longs yeux noisette à l’expression très douce et rieuse, les pommettes saupoudrées de rougeurs bon enfant et de taches de son qui lui donnent des airs de petite madone réjouie.

A première vue, on ne la prendrait pour à peine plus qu’une femme de riche cultivateur, à peine bourgeoise, pas grand-chose de plus.

Pourtant, il y a quelque chose de parfois très beau dans ses manières de grande dame un peu dépenaillée, comme une antique reine perdue dans les champs et les masures d’une humble campagne devenue son refuge. Une gravité sereine chasse de temps à autre les signes de l’âge et de la lassitude, et parvient à lui redonner, comme à un joyau terni, son éclat d’avant. Il y a chez elle en toutes choses un calme impénétrable, comme si les soucis et les chagrins du monde ne pouvaient plus l’atteindre ; quelque chose de très tendre, d’infiniment maternel, d’infiniment bienveillant envers tout être.

Oh, bien sûr, la colère vient parfois rallumer dans ses yeux cernés les flammes d’une rancœur longue et profonde comme le lit d’un fleuve, ramener à la surface de vieux souvenirs déjà usés, mais encore si vifs, quand elle voit passer devant sa porte ceux qui portent leur allégeance à l’Aile ténébreuse.

Saskia est une personne honnête et franche, même si les nécessités de la vie l’ont forcée à se compromettre dans quelques menteries et faux semblants de rigueur, mais elle ne laissera personne mettre en doute un honneur qu’elle sait défendre, le verbe haut, bien qu’on ne puisse guère considérer comme une menace physique cette petite femme ronde comme une pomme.

Saskia est une travailleuse. Elle n’a plus rien de frêle, plus rien de délicat, ses mains sont calleuse et usées sur le fil du fuseau et les va-et-viens de la trame, à prendre soin de tout ce qui l’entoure.

Drapée dans ses voiles, elle garde un fantôme de richesse, quelques bijoux ternis, quelques étoffes précieuses et rapiécées, quelques teintes encore vives qui transpercent les frustes robes de laine écrue qu’elle porte au quotidien. De la simplicité, toujours. Rien que du fonctionnel, du pratique, et cela ne la rend pas laide, lorsqu’elle arrange ses voiles sur sa longue chevelure et que lui vient l’allure d’une madone, de ces déesses mères au profil émoussé de vieilles dames éternellement jeunes. Saskia aime la vie, ne renie pas ses plaisirs, et cela se voit autant dans son tour de taille que dans ses manières.
Capacités

Arme :
Saskia n’a pas été éduquée aux armes (à quoi bon ?) et si elle n’a pas vraiment de chances en combat singulier face à un guerrier (qui en aurait, de toute façon ?), c’est une femme pleine de ressources qui se sait capable de frapper n’importe qui avec n’importe quel objet.

Autant dire qu’il est fortement déconseillé de la provoquer quand elle a une poêle à frire à portée de main.
Pouvoirs :
Aucun
Familier :
Saskia est constamment flanquée d’un gros chat roux surnommé Monseigneur, qui n’est pas à proprement parler un familier, mais que l’on soupçonne, à demi-mot, d’être ses yeux et ses oreilles.

Plus d’un gredin venu voler les pommes du verger s’est retrouvé nez à nez avec le regard réprobateur de l’angora, et il y a une telle complicité entre l’animal et sa Saskia que c’est toujours un peu déroutant. Même ses propres enfants se méfient de ce félin qui décampe au dernier moment, comme pour aller rapporter quelques secrets à la maîtresse de maison.
Artefact magique :
Aucun
Autre :
Ayant mis à profit les ouvrages de la bibliothèque de ses parents et les savoirs traditionnels transmises par les quelques guérisseurs de passages et autres sages des villages alentours, Saskia a de véritables talents en ce qui concerne l’herboristerie.

Avec une faucille, un peu de mixture de sa composition et un coup de gnôle, aucun petit mal du quotidien ne lui résiste : mais ne lui demandez pas de faire repousser un bras ou de réparer une blessure fatale, c’est hors de sa portée. Elle a néanmoins des connaissances élémentaires en médecine (ou en boucherie-chirurgie, c’est selon) et peut faire office de sage femme autant que de médecin de fortune quand les circonstances l’y obligent, et elles l’y obligent souvent.


Histoire


Les Blancerf prétendaient à qui voulait l’entendre que leur lignée était l’une des plus anciennes du duché et qu’ils avaient régné autrefois sur le comté de Sylveronce et même un peu plus loin.

Cela n’empêchait pas les seigneurs de Blancerf de ne plus gouverner que quelques arpents de terres agricoles et d’être à peine mieux lotis que leurs vassaux. Leur manoir, imposant vaisseau de pierre et de bois échoué dans la campagne, regorgeait de souvenirs, réels ou inventés, de vieux livres poussiéreux aux armoiries quasi illisibles qui tournaient au palimpseste à mesure que les vérités devenaient légendes, et les légendes des pieux mensonges que l’on se racontait pour se tenir chaud au cœur dans les rudes soirées d’hiver où la toiture laissait s’insinuer la bise jusque dans les grandes salles. La fierté ne nourrit pas son homme, ou bien les Blancerfs auraient été gras comme des cochons...

La demeure tenait plus du musée que de l’habitation, à peine égayée par Ariel, le châtelain, sa femme Aélis, un beau-père acariâtre et semi impotent, quelques valets et une intendante raide comme la justice. C’était Silas, le patriarche, qui régnait sur la maisonnée : lui, il savait. Cet ancien instructeur de l’armée s’était retiré des combats après avoir perdu un œil, l’usage de son bras gauche et quelques doigts, mais l’humiliation cuisante de devoir finir sa vie chez son gendre comme un antique rebut laissé de côté avait rendu tout à fait imbuvable un caractère déjà assez mal disposé. Pourtant, Saskia l’aimait bien : il était très vieux, très sage, rempli d’histoires, parfois sordides, mais toujours intéressantes pour une enfant dégourdie, et lui se rappelait encore du temps où les Blancerfs étaient un peu plus que de petits propriétaires à peine bardés d’un titre de noblesse tombé en désuétude.

Saskia se fichait bien de savoir quel sang coulait dans ses veines : la grande maison glaciale, peuplée de fantômes et de souvenirs, ne lui inspirait rien d’autre qu’une curiosité polie, et un effroi un peu irrationnel quand elle s’aventurait avec ses frères et sœurs dans les salles vides, sablées de poussière, où étaient entreposées toutes les vieilleries qui n’avaient pas été vendues pour maintenir la lignée à flot.

La banqueroute avait coûté aux Blancerf non seulement les trois quarts de leurs terres, mais aussi tous les objets précieux en leur possession, et ne restaient plus que des armures désarticulées, des armes dépareillées et des archives mangées par les rats. Qu’un tel patrimoine familial fût ainsi livré à la destruction pure et simple aurait paru ahurissant à un esprit plus mature, mais Saskia se contentait de regarder tout cela partir en fumée avec la fascination qu’ont les petits pour les choses qui disparaissent.
Elle était la troisième enfant du couple, du moins la troisième sur les sept à avoir survécu à l’accouchement et aux fièvres, aux accidents qui fauchent si vite les santés les plus fragiles ; sa vie était tracée au cordeau et elle le savait très bien. On lui trouverait un riche mari pour la tirer de cet antre à poussière, en croisant les doigts pour que l’échange matrimonial vienne redorer un peu le blason.

Néanmoins, avant de devoir se préoccuper de ces alliances, elle eut le loisir d’une jeunesse laborieuse et inconfortable, certes, mais plutôt paisible. Les menus travaux lui plaisaient, et l’activité manuelle ne la rebutait aucunement, si bien qu’elle apprit très vite à tenir une maison et à accomplir toutes les tâches nécessaires quand on n’a pas assez de domestiques pour le faire à sa place.

Cela ne contribua pas à en faire une noble dame, mais au moins, elle savait se débrouiller seule. Très jeune, elle apprit déjà à soigner les animaux et s’occuper du jardin, même si sa mère se rembrunissait un peu de voir une Blancerf se salir les bottes dans les carrés de choux. Son aïeul en revanche observait cela plutôt d’un œil plutôt favorable, sans doute parce que Saskia se rendait utile et aidait à maintenir la maisonnée à flot.
Chacun avait fini par se résoudre : on ne mène pas un train de vie de grand prince quand la bourse est vide et qu’on voit le fond de la marmite.

Les terres de son père dépendaient à présent du ressort de lointains suzrerains plus fortunés, qui avaient la bienveillance de visiter parfois leurs plus humbles vassaux, et pas seulement pour vérifier de la bonne tenue des fermes. Sans doute par respect pour l’ancienneté et la splendide déchéance de cette lignée, le baron de Carmeroi réservait un sort tout particulier au seigneur de Blancerf et au vénérable Silas, celui qu’on témoigne aux pieds des vieilles pierres et des ruines. Ce n’était pas très flatteur, et tous le savaient très bien, mais c’était toujours mieux que rien. Tout le monde ne pouvait se targuer de recevoir un baron à sa table comme un ami, et dans ces instants tranquilles où Saskia s’endormait près du feu dans le brouhaha des conversations, il lui semblait entrevoir, dans un rêve éveillé, des évocations fugaces de la grandeur d’antan, des lumières sous les hautes voutes neuves et des tentures brodées devant lesquelles les nobles gens venaient s’asseoir en longues rangées de belles figures couronnées d’or et de fer.

Saskia avait à peine quinze ans quand elle rencontra Jebraël, le fils du baron, pour la première fois. Échappant à l’attention de la valetaille et de sa mère, elle s’était éloignée dans les bois, flânant dans les sentes qu’elle connaissait par cœur pour les avoir arpentés avec ses frères et sœurs jusque là. La solitude lui pesait, depuis que ses sœurs s’étaient mariées, et la maisonnée s’était trouvée bien vide, bien plus que d’ordinaire. Elle savait que ce serait bientôt son tour, et que très vite, débuteraient les interminables préparatifs destinés à lui faire rencontrer l’heureux élu qu’elle n’espéra point trop laid ni trop vieux, bien que ses aînées eussent la chance d’avoir leur mot à dire sur leur union. Il fallait avouer qu’on ne se bousculait pas beaucoup pour épouser les filles du seigneur, qui avait peiné à réunir la dot nécessaire, mais qui en retour s’était vu offrir de précieuses ressources et quelques lopins de terre supplémentaire.

Saskia s’était arrêtée faire des ricochets sur une mare d’eau noire quand elle vit venir quelqu’un, un noble, plus noble qu’elle, à n’en pas douter. La livrée crottée de boue, il avait l’air d’avoir écopé d’une mauvaise chute de cheval et la mine défaite du garçon, un peu plus âgé qu’elle, trahissait la détresse vexée d’une déconvenue furieuse.

Saskia ne put s’empêcher de rire, et non sans un léger et délicieux sentiment de supériorité, elle accepta d’aider le jeune homme à retrouver son chemin. En marchant, il se présenta, sans doute un peu contrarié de s’être vu moqué par une souillon : c’était le fils du baron de Carmeroi, et il revenait à peine de longues années passées à apprendre les armes auprès d’un ami de son père. Ses souvenirs de la région en étaient fort émoussés et il ne reconnaissait plus rien des bois de son enfance. Lorsqu’il la remercia de l’aider et lui demanda poliment de quelle ferme elle venait, le sang de Saskia ne fit qu’un tour : on avait beaucoup trop enseigné la fierté à la fillette pour qu’elle supporte l’affront, quand bien même elle s’était permis de rire de l’infortune de Jebraël. Elle répliqua fort vertement qu’elle était la cadette des Blancerfs, et chacun se le tint pour dit : leurs caractères étaient manifestement aussi impossibles l’un que l’autre, et tous deux étaient aussi portés sur la moquerie, ce qui n’arrangeait rien.

Le ramenant à son père, l’orgueil de Saskia ne faiblit pas. On racontait que les Blancerfs avaient cette terre dans le sang, et elle était ravie de prouver au fils de son suzerain à quel point elle connaissait mieux son pays que lui.

Les entrevues suivantes ne furent guère plus paisibles : les deux jeunes gens semblaient s’être pris en grippe à la manière qu’ont certains animaux de se faire la cour. On montre les crocs, on hérisse le poil, on se déteste, et puis on dépose les armes quand on parvient à égalité, quand il est certain que ni l’un ni l’autre n’aura le dessus.

Saskia était méfiante, en vérité : elle ne savait que trop ce qui pouvait lui arriver si un nobliau de ce genre décidait de s’attaquer à elle, aussi elle s’assura au préalable qu’il serait suffisamment échaudé pour renoncer à tout cela avant de bien vouloir daigner se laisser approcher. Une chatte sauvage n’aurait pas pris plus de temps... Quant au garçon, il ne fut pas en reste. Sans doute craignait-il l’ambition d’une cadette désargentée comme elle, ou simplement avait-il trop goûté du caractère de la jeune fille pour accepter de s’y frotter davantage ?

Deux ans après leur première rencontre, Jebraël lui avouait ses tendres penchants et de lui demandait sa main. Sa main, à elle, avant d’aller parler à son père ; Saskia lui sut gré de cette délicatesse, faute de quoi il aurait certainement essuyé un refus cinglant... Mais c’est à elle qu’il fit sa proposition en premier lieu, parce qu’il la connaissait fort bien, et c’est à lui qu’elle dit oui la première fois. Cela pouvait lui suffire, foin de cérémonie !

Eût égard à l’amitié qu’il avait pour l’aïeul de Saskia et le respect qu’il entretenait pour la lignée des Blancerfs, fut-elle mangée aux mites et en pleine décrépitude, le baron de Carmeroi accepta l’union. Au moins sa descendance était-elle entre de bonnes mains, d’autant qu’il appréciait beaucoup la jeune fille : à défaut d’avoir les manières d’une dame, c’était quelqu’un de solide pour ses quinze ans et toute à fait apte à tenir sa maison, fut-ce au sens propre.

« Il était mon soleil », écrivit plus tard Saskia. « Il faisait cet effet-là à tout le monde. Tellement brillant, tellement ardent qu’on ne pouvait le fixer trop longtemps sans en être ébloui.

Nous étions très différents, presque opposés, moi la terre et lui le feu, mais cela ne nous rendit que plus complémentaires, je crois. De cela, il n’en avait cure. C’est lui qui m’a ravie, ou bien moi qui l’ai pris, je ne sais plus très bien, à la longue. »


Mariée à dix-huit ans, Saskia accoucha de son premier enfant l’année suivante. Le baron avait cédé au couple l’ancien douaire de la défunte mère, qui consistait en un confortable domaine, et ils y coulèrent des jours qui parurent, a posteriori, d’une irréelle tranquillité.

Joreth, le fils aîné, passa avec succès le cap difficile des premières années et devint un garçon plein de vie qui tenait beaucoup de son père, à commencer par son excentricité naturelle et son penchant pour les expériences de toutes sortes. Fin lettré, musicien et poète, l’époux était en effet plus un baladin qu’un seigneur et n’avait aucun goût pour les armes auxquelles il préférait la chasse au vol et les mystères du jardinage.

À vingt et un ans, Saskia fut de nouveau mère et accoucha d’une petite Mélisande. Mais déjà, les nuages s’amoncelaient à l’horizon : l’année suivante, l’Œil de l’Aile Ténébreuse fendit l’azur, plongeant le duché dans l’affliction et la terreur. Cela demeura bien loin toutefois, et cela monta, comme un écho, une grande vague, comme une déferlante sauvage qui fait se retirer la mer avant de s’abattre sans pitié.

Des rumeurs, d’abord : un démon, surgi de la déchirure des cieux, qui imposait sa domination de toutes parts : que c’était hors d’atteinte, mais que c’était effrayant ! On se crut à l’abri, un temps, mais quel abri existe-t-il face à une menace capable de tout engloutir ? La grisaille dévora tout. Les années d’attente, vigilantes, émaillées de récits de batailles, d’horizons rougis de cendres et de longs flots de réfugiés aux visages hâves qui poussaient devant eux des carrioles chargées de leurs maigres biens, comme un exode d’insectes en déroute que même l’extrémité du monde ne pourrait arrêter dans leur lente et funeste migration.

Sur le pas de sa porte, Saskia les regarda passer, les accueillit, les aida de son mieux, la peur au ventre, s’abîmant dans le travail pour oublier l’effroi qui rampait. Bientôt, chuchotait quelque chose au fond d’elle, comme un pressentiment obscur, bientôt ce sera ton tour.

Et bientôt, ce fut leur tour. Aile Ténébreuse aux portes de Blancval, tous furent appelés, réunis, mobilisés, même si la rumeur courait que le duc souhaitait se rendre sans combattre tant la nouvelle des massacres avait fait craindre le pire pour la population.

Cela révolta Jebraël qui, fut-il un sage, un diplomate, un parleur et non un soldat, refusa tout net de se voir plier le genou devant pareille abomination, quoi qu’il lui en coûtât. Une exaltation héroïque, sincère peut-être, mais tellement vaine, lui saisit le sang et il s’en fut sans coup férir rassembler tous ceux qui lui prêtèrent l’oreille. Ils furent nombreux, mais pas assez, peut-on l’être assez pour arrêter la marée ?

« C’était un excentrique, un poète, certainement pas un guerrier, et c’est ce qui causa sa perte, et la nôtre, à tous. », écrit encore Saskia. « Je ne peux guère lui en vouloir d’avoir pris les armes pour défendre ses idéaux, mais, Dieux, qu’allait-il faire dans cette galère ? Il n’aimait pas la guerre, il la méprisait comme le dernier recours des idiots à court d’arguments. Il disait qu’il y avait toujours une solution, mais avait-il, ce jour fatal où il avait décidé de porter le combat contre l’Aile Ténébreuse, avait-il compris que face à cette puissance obscure qui allait s’abattre sur nous, il n’y avait point de dialogue qui puisse s’établir, sinon celui de la reddition ?

Il était trop fier pour l’accepter et qu’ai-je pu faire, sinon le mettre en garde ? Je n’aimais pas cela, moi non plus : on disait trop de mauvaises choses et la menace pure et simple de se voir gouvernés par des démons m’était insupportable ; peut-être était-ce de la lâcheté, je l’ignore, je ne puis dire si c’était lâcheté, prudence, ou simple paresse de défendre ce qui m’était cher.

Qu’importe. Cela est loin, à présent. Il a fait son choix, j’ai fait le mien, et je l’ai regardé partir dans une aube frissonnante avec le pressentiment que c’était peut-être la dernière fois que je le voyais. »


Comme beaucoup en un jour morose, Saskia se tenait sur le seuil lorsque Jebraël s’en fut rejoindre les troupes de ceux qui avaient décidé de résister. C’était vain, pourtant, tellement vain ! Mais il fallait essayer, il fallait tenter, il fallait au moins se battre, juste un peu, pour pouvoir se dire qu’on avait tout fait avant de choisir la pire des solutions. La veille de son départ, une violente dispute avait éclaté entre eux : Jebraël souhaitait emmener son aîné avec lui, et le jeune homme ne voulait rien de mieux que d’accompagner son père accomplir de prodigieux exploits guerriers et libérer le duché.

« Ma mère ! me disait-il, les yeux tous brillants. Ton fils deviendra un héros. » Sans doute n’avait-il pas encore compris que les héros le sont souvent lorsqu’ils sont morts, hélas...

Devant l’entêtement de sa femme à garder son fils près d’elle, Jebraël céda. De guerre lasse, il renonça, au grand soulagement de Saskia qui refusait tout net l’idée de mettre Joreth en danger, fut-ce pour la bonne cause.

« Tu ne pourras le garder sous ton aile très longtemps, » avait-il reproché ce soir-là. Saskia avait prié pour que cela ne se produise pas avant de longues années...

Longtemps, Saskia guetta les nouvelles. Elles arrivèrent, bien trop tôt, annoncer la défaite, et ce furent des gardes qui vinrent chercher Saskia et ses enfants pour un triste voyage vers Castelronce où elle devait revoir une ultime fois son époux. Trop tard pour lui, pour eux tous.

Le duc était clément lorsqu’il avait intérêt à l’être ; le sort de Jebraël était scellé par sa rébellion, mais Saskia avait l’espoir de s’en sortir, et de fait, jamais on ne la vit plus digne et plus froide qu’en ces jours où elle fut assignée à résidence dans la capitale, sous bonne garde.

« J’eus plus tard le loisir de le revoir, mais ce fut au fond d’une geôle, la veille de son exécution, et jamais il n’y eut de plus tristes adieux, rien de plus inévitable, rien de plus implacable. J’étais au premier rang, mes enfants autour de moi, pour regarder choir la lame.

Je n’ai pas fermé les yeux. Peut-être aurais-je dû, mais tout me semblait si irréel, comme si j’évoluais dans un cauchemar affreux qui allait bientôt prendre fin. J’allais me réveiller près de lui, dans notre chambre, et rien ne se serait passé. Ni la guerre, ni la rébellion, rien de tout cela... Mais je n’avais pas le loisir de me complaire. »


C’est sur le craquement sinistre de la nuque de Jebraël que s’acheva le trop court chapitre de la jeunesse de Saskia. À présent, qu’était-elle, sinon une veuve sans le sou ? Les biens de son mari furent saisis, mais le duc eut la bonté de lui déléguer une terre qu’elle avait acquise en son nom, et qui suffirait sans doute à assurer leur subsistance.

On lui laissa ses effets personnels, et quelques babioles qu’elle put récupérer dans son ancienne demeure, où elle n’aurait de toute manière pas toléré de résider à nouveau : l’idée de revenir dans les lieux qu’ils avaient habités, encore hantés de sa présence, lui était insupportable. C’était leur maison, et non la sienne, et elle n’avait plus rien.

« Tout m’évoque sa présence. Le parfum des fleurs au printemps, ces parterres bariolés qu’il aimait tant, les vieux rosiers aux fleurs rouges et roses, serrées, drues comme des grappes de raisins très doux, le galop des chevaux, et les cris des faucons en vol, ceux qu’il aimait tant mener à la chasse.

Il est là, encore, dans les yeux de mes enfants. Ils ont leur sourire, sais-tu ? Je l’entrevois parfois dans le rire de mon aîné, dans les yeux de Mélisande, partout en ombres, en souvenirs, comme s’il ne m’avait quittée que pour quelques instants, comme s’il allait de nouveau franchir le seuil de notre maison. Et puis, plus rien. Je me réveille seule dans une chambre vide, et j’entends encore les pas des soldats derrière la porte.

La joie de ces années valait-elle le chagrin qui les suivit ensuite ? Je ne pourrais le dire. »


Sans faiblir, Saskia endura l’exil dans ce lointain domaine de Griselande, dans une région qui ne lui était guère familière. Elle retrouva sans plaisir la vie fruste de sa jeunesse, abandonnant l’opulence pour une retraite dans la campagne. Ce fut plus pénible encore pour ses Joreth et Mélisande qui avaient grandi dans la richesse et devaient dire adieu à tous les commodités de cette existence, vivant dans le fantôme de leur passée, hantés par la certitude de la noblesse d’un sang qui n’avait plus de valeur.

Saskia savait que c’était l’ancienneté de sa lignée et de celle de son époux qui avait forcé la bienveillance du duc, de même que l’apaisement qu’il voulait en offrant à la veuve un confort inespéré. Impossible de se soulever sans faire preuve d’ingratitude... Il comptait bien sur Saskia pour élever les enfants de Jebraël dans la honte de l’action de leur père, elle l’avait immédiatement saisi.

Elle n’en fit rien, les premiers temps, et puis très vite, comprit que l’on ne peut rien construire sur les champs de ronce d’un orgueil blessé, rangea sa rancœur et accepta son sort avec moins de résignation qu’elle ne l’aurait cru au premier abord. Elle ne souhaitait pas à ses enfants de grandir dans le vide laissé par le deuil, nourris de haine et de volonté de revanche, d’esprit de vengeance et d’aigreur impuissante. Il faut parfois consentir de ne rien pouvoir faire... Tout en restant à l’affût du jour où ils pourraient se dévoiler.

Saskia tâcha avant tout de ne pas perdre la face : le chagrin et l’humiliation auraient été des biens trop précieux pour ceux qui étaient devenus des ennemis. Elle était faible, pourtant : une veuve, flanquée de deux enfants à peine montés en graine...

Elle apprit à se battre, à sa façon, avec ses armes, le secret et la bienveillance, la discrétion modeste d’une mère endeuillée, la dévotion cachée d’une fidèle. N’était-elle pas une respectable femme, malgré la trahison de son époux ? Après tout, aucun soupçon ne pesait sur elle, certains étaient allés jusqu’à en témoigner auprès du duc.

Peu à peu, Saskia retrouva sa place, régnant sur une cour de paysans et de miséreux, d'artisans et de gens de passage, dispensant sagesse, réconfort et petits remèdes, veillant sur ses habitants comme s’ils étaient sa propre famille. Châtelaine, intendante, rebouteuse et conseillère, Saskia était partout à la fois. Car après tout, ce lopin de terre semé de vergers et de champs, c’était ce qui lui restait, et cela, c’était à elle de le faire fructifier, de s’y établir et de tout faire pour que rien ne puisse l’en déraciner.

Saskia savait veiller sur ses gens, ça oui, disait-on, et on louait sa bienveillance et sa bonté, de même que l’on redoutait la sagacité et la sévérité de ses décisions. Elle connaissait tout, ou presque, des tracas et des petits maux des habitants du domaine, parce qu’elle avait compris au fil du temps que savoir écouter, ce qui est dit, ce qui ne l’est pas, ce qui doit être su et ce qui ne doit pas, est un atout majeur plus fort encore que toutes les puissances du monde. On l’avait laissée sans armes, eh bien, de toutes les pierres qu’on lui avait jetées, elle s’était construit un manoir.

À tous, elle montra l’aimable visage de celle qui accepte son sort ; c’était le cas, après tout, car elle retrouva dans cette vie simple, cette existence paisible et si humble des choses qu’elle avait oubliées, une joie tranquille et sereine que plus rien ne venait troubler.

Mais tout au fond, rien n’avait changé : elle haïssait toujours les démons, et puisque la raison l’empêchait d’en vouloir au duc qui avait somme toute pris une décision sensée devant l’inévitable, c’était à eux qu’elle reprochait la mort de son époux. Sans eux, tout serait encore si heureux...

Saskia entreprit d’aider, à sa manière, à sa mesure, ne manquant jamais de respecter ses devoirs d’hospitalité, les oreilles ouvertes à toutes les rumeurs, n’offrant jamais qu’une complaisance de façade à ceux qui faisaient allégeance au Démon. Durant un temps, plus d’un rebelle de passage se vit gratifié du meilleur pain de son four et de quelques conseils avisés sur les chemins de traverse à emprunter pour s’enfuir en cachette. Quand ils cessèrent d’aller et venir, quand les échos de la bataille devant Sen'tsura lui parvinrent, elle cessa d’espérer, ou presque : n’y a-t-il pas toujours une petite étincelle pour éclairer l’obscurité ?

Elle eut bientôt d’autres soucis, d’autres sombres inquiétudes auxquelles prêter l’oreille : on disait que de grands cataclysmes s’étaient produits dans des pays lointains dont elle ne connaissait que le nom, que les Limbes en refluant avaient dévoilé des terres nouvelles, que les frontières fragiles laissaient s’échapper des flots de monstres et que la Mort elle-même s'apprêtait à s’abattre sur eux. Les présages s’étaient multipliés, ces derniers temps, le monde muait et sombrait lentement.

Saskia se cacha plus encore, et des morts et des démons, renfermée dans la crainte de voir tout ce qu’elle avait pu édifier s’effondrer de nouveau comme un château de cartes. Elle aida, tant qu’elle put, tous ceux qui le lui demandaient, changeant parfois sa demeure en refuge quand venaient à elle des miséreux, des exilés, des blessés.

Alma mater, disaient les anciens ; la mère de tout. Cela la faisait sourire, mais cela paraissait si vain de défendre une fragile pousse de vie dnas un océan de destruction.

Pourtant, n’était-ce pas une petite victoire en soi ? Elle maintenait à flot son monde, ses champs calmement ordonnés dans une campagne verdoyante, ses gens bien soignés et bien nourris, autant que possible, dans un univers de poche où rien ne semblait pouvoir se briser. Loin, loin autour d’eux, la terre s’abîmait dans la tourmente, mais c’était comme d’être dans l’œil du cyclone : un îlot et de paix. Tout était si lointain, si irréel...




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Saskia Blancerf

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