"Le vent amène avec lui les graines de la discorde...

"Un jour, Nathan, après une nuit en bonne compagnie, se réveille en constatant que la demoiselle avec qui il a passé du bon temps est en réalité la fille d'un notable influent de la ville où il se trouvait alors. Celui-ci l'apprend et envoie des mercenaires très efficaces à la poursuite de Nathan. Comment le jeune homme réagit-il face à ces hommes qui, il semblerait, maîtrisent des arcanes puissantes ?"

Le chant d'un coq se fit entendre, et Nathan ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une pièce sombre, tout juste éclairée par le filet de lumière ténue qui passait entre les volets de la fenêtre. La pénombre ne lui permettait pas de distinguer le mobilier présent dans la pièce. Il se souvenait seulement d'une table, et d'un fauteuil moelleux, dans un coin, car lorsqu'il était arrivé la veille dans cette chambre d'auberge, il portait sur son corps déjà à moitié nu, une attirante jeune femme complètement ivre. Or, sitôt la porte de la piaule passée, Nathan et la femme s'étreignirent à l'aveugle sur tous les meubles de la pièce, dont le fauteuil et la table, avant de finir dans le lit, qu'ils secouèrent pendant une bonne demie-heure, sous les cris de plus en plus aigus de la damoiselle, avant de s'effondrer sous la fatigue. Il entendit alors la respiration de la jeune femme, assoupie contre lui, puis sentit la chaleur de son corps nu contre le sien. Une nouvelle fois, le coq chanta dehors, et l'on entendit également les premiers bruits d'une ville qui s'éveillait. Il y avait une boulangère qui criait la qualité son pain, ainsi qu'un pêcheur, qui revenait du lac en aval de la ville. Quelques charrues et des animaux venaient compléter le concert, signe que le soleil était levé depuis au moins une bonne heure.

Nathan quitta la chaleur du lit pour chercher ses affaires à tâtons. Mais au moment où il parvint à effleurer le froid métal qui ornait sa ceinture, une douce poigne l'attira à nouveau dans le lit, et il se retrouva à embrasser à pleine bouche une nouvelle fois cette magnifique inconnue. Au bout d'un court moment, sa bouche descendit pour parcourir le corps de la femme et finit par la prendre une nouvelle fois sur le lit … Une fois sa besogne terminée, Nathan se leva et s'habilla, sans écouter les paroles de son amante, qui lui suppliait de rester, et de l'épouser. Lorsqu'il se fut entièrement habillé, il attrapa ses armes, et sortit en direction de la salle de l'auberge, où il chipa discrètement un bol de gruau aux fruits, avec une flasque à moitié vide de vin, et sortit au dehors, camouflé par une passionnante discussion sur les récoltes du mois passé entre trois paysans au nez rouge et à la large moustache. Le vent frais vint le cueillir alors qu'il passait l'encadrement de la porte avec son butin. Le bol fut vite avalé, rapidement suivi par le vin, qui eut du mal à passer, car l'odeur matinale de bouse et de poissons était assez désagréable. Nathan se dirigea donc vers la sortie de la ville en évitant volontairement tous les regards.

- Hé, toi !

Nathan se figea, conscient que cette voix aïgue s'adressait à lui, et n'annonçait aucune bonne nouvelle. Il se retourna ensuite lentement, prêt à dégainer ses faux.

- Y a un type qui veut ta tête, et ce type paie bien. Alors tu vas être bien sage, et nous la laisser ici, et après tu pourras partir. BWARF BWAHAHAHAHAH !!!

C'était un type en robe noire, assez mince, et comme penché vers l'avant. Son visage ressemblait à celui d'un crapaud immonde, et son rire était franchement laid, au moins autant que sa face. Il était accompagné de deux types, sapés comme lui. Il y avait un grand costaud qui portait un large bouclier et un gigantesque fléau, le visage caché sous un effroyable casque métallique. Le dernier avait l'air d'être le chef des deux autres, et plus âgé. D'ailleurs, ce fût lui qui prit la parole :

- Ferme ta gueule Ren'. T'es vraiment con parfois … Mes hommages l'ami, je me nomme Sylvio Rayël. Je suis le leader des frères Rayël, tu as probablement déjà entendu parler de nous … Enfin, bref. Le maire de la ville veut ta tête, et comme l'a dit mon crétin de petit frère, il paye grassement pour l'avoir. Je suis désolé gamin, mais on va devoir te buter …

Nathan ferma les yeux. Les trois rigoles qui venaient de le provoquer avaient l'air puissants, mais il n'allait pas se laisser faire. En un éclair, il dégaina ses faux et les fit danser autour de lui pendant quelques secondes avant de prendre une position de combat. Les manières de l'homme qui venait de lui parler le gonflait, et il voulait en finir rapidement.

- Tu veux ma tête bâtard ? Viens la prendre.

- Ainsi soit-il.

Et, avant qu'il n'ait le temps de réagir, Nathan reçu une violente décharge d'énergie qui le projeta plusieurs mètres en arrière, jusqu'à une poutre en bois qu'il brisa. Le jeune homme fit une pirouette et se redressa, un peu sonné. Il eut à peine le temps de comprendre qu'il s'agissait d'une attaque magique du laideron que le plus grand des Rayël lui tombait déjà dessus avec un grand coup de fléau. Nathan esquiva au dernier moment, et le coup du géant fit voler en éclat la poutre en bois déjà mise à mal. Or, un nouveau coup cueillit le jeune homme au niveau du menton, le faisant craquer, et l'envoya au sol. Ces gars là étaient coriaces … Peut-être même trop pour lui. Il lui vint alors une idée assez folle, mais qui pouvait peut-être tourner la bataille à son avantage.

- Ben alors le gros porc, t'es franchement lent tu sais ? Même ton abruti de frangin, moche comme un mou, m'a touché deux fois. Faudrait penser à bouger ton gros cul, sinon tu vas jamais perdre ce gros tas de merde qui te sers de bide.

Et ce fut le coup de chance, la provocation de Nathan fit mouche. Le grand type se mit à hurler, et jeta violemment son bouclier sur son adversaire qui le para de ses faux, le pliant un peu sur le coup. Avec un sourire, l'homme vit alors que son géant d'adversaire se précipitait sur lui en tenant son fléau à deux mains.

- Drov ! Espèce d'abruti arrête ça !!!

Mais il était trop tard, le géant avait baissé sa garde, et Nathan bondit en un éclair, fendant sa large panse en deux, et répandant les tripes de l'homme sur le sol.

- Et d'un, à qui le tour les filles ?

Sans attendre de réponse, il fonça sur le crapaud, sans entendre les injures qui fusaient sur lui, et lui trancha les deux bras, alors qu'au même moment, une violente décharge d'énergie lui fêla plusieurs côtes. Nathan tomba à genou en grognant, tandis que le laideron s'effondra au sol en hurlant, et se vidant de son son sang. Le faucheur se releva péniblement avec un sourire, mais celui-ci s'effaça bien vite lorsque l'ainé des frères l'attrapa par le cou, et le souleva sans difficulté, le visage ravagé par la haine.

- Fils de chienne … Tu as tué mes frangins ! Sur l'âme de notre mère, je te jure que tu vas déguster !

La pression s'accentua sur la gorge de Nathan, qui manquait d'air. Toutefois, au lieu de paniqué, il émit un son strident, un rire étouffé.

- Pourquoi tu te marres espèce d'enfoiré ?!?

Nathan montra alors le sol aux pieds son agresseur, qui détourna vivement la tête. Juste au moment où il allait perdre connaissance, le jeune homme envoya un solide coup de coude dans la tête de Sylvio, qui le lâcha plus sous la surprise que la douleur, mais qui commit l'erreur de faire un pas en arrière. En effet, Nathan venait juste de créer une main d'ombre derrière le pied de son adversaire, qui s'effondra sur le dos en hoquetant lorsque cette dernière se saisit de lui. Le guerrier se saisit alors de ses faux, et, d'un vif mouvement, frappa droit sur le torse de l'homme au sol, soulevant une gerbe de sang. Tout était fini … enfin … Enfin presque, la mocheté était encore secoué de spasmes, et était tout blanc. Lorsque Nathan s'approcha de l'agonisant pour l'achever, sérieusement blessé lui même, ce dernier se mit à le maudire.

- Sale chien … J'ai tout perdu à cause de toi … Mes frères … On faisait ça pour la thune … Fils de …

Le dernier mot se perdit lorsque les lames détachèrent la tête immonde du corps difforme du plus jeune des frères Rayël. Trois âmes ont été envoyées à Nayris, et Nathan s'en ressentit déjà mieux. Sous les regards médusés de la foule, il sortit de la ville, boitant comme un vieux rat, et les faux toutes encroûtées de sang. Mais, au bout d'une lieue, il s'écroula, complètement épuisé au milieu du chemin. L'homme ne sut pendant combien de temps il resta là, seulement que ce fut le corbeau qui le réveilla. En ouvrant les yeux, il vit un masque d'os qui le toisait, au milieu d'une longue chevelure argentée. Nathan sourit avant de s'évanouir à nouveau ...