Terra Mystica

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 Théodore Svalt

 
Théodore Svalt  Sand-g10Dim 15 Fév - 9:57
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Théodore Svalt

Fier à l'arrogance - Curieux - Déterminé - Sûr de lui - Manipulateur - Passionné - Intelligent - Moqueur - Taquin - Susceptible - Sensible - Stratège - Séducteur - Jaloux - Rancunier - Généreux.


Informations

Surnom : L'Immortel.
Age : 37 ans
Nationalité : Terre
Profession : Commandant d'infanterie
Camp : Pro-AT
Croyance : Zelphos
Titre de noblesse : Autrefois Duc mais a perdu ses terres.
Race
Humain

Caractère



Théodore est un de ces caractères qui naissent de l'union de deux partis qui n'étaient pas supposés s'entendre. Sa droiture et sa fierté lui proviennent de la noblesse de son père, mais ses coups de sang ainsi que sa langue acerbe sont les dignes traits de sa mère qui avait travaillé la terre la majeure partie de sa vie. Avant toute chose, c'est cette différence qui le marque mais qui lui a permis d'avoir un regard neuf au sein de ses pairs aveugles. Son sang lie Théodore aux classes les plus basses de l'Empire, plus que toutes les expérience de sa vie, et il ressent une compassion pour les pauvres gens qui lui vaut depuis toujours le dédain des nobles l'entourant. Si le monde des fermes et des gamins de rue l'obsédaient, enfant, il s'en désintéressa au fur et à mesure des années par nécessité, et déception ; chez les plus intransigeants de sa caste, il était un bâtard, et auprès des pauvres, il était un nobliau que les paysannes regardaient avec l'intérêt qu'on porte à un parti salvateur, et leurs frères et pères avec la peur mais également le dédain qu'on a envers l'autorité illégitime.

Soldat. C'était un mot qu'il avait assimilé très vite, et comment faire autrement lorsque son père lui-même avait servi les souverains, et son père avant lui. Les Svalt étaient nobles par leurs faits d'armes, il y avait des générations, et avaient perdus depuis leur notoriété d'antan.. enfin, le bâtard tâchait de restituer à son nom sa grandeur. Théodore admire l'exploit militaire, et il idéalise beaucoup trop la guerre dans le récit qu'il en fait, bien qu'il ait assisté lui-même à son horreur. Bien plus que l'assister, il est l'outil si ce n'est l'arme de la tempête qui s'abat sur le continent depuis l'arrivée des démons. S'il s'était dressé contre le nouveau Dieu à ses premières heures, il le sert cependant dans l'honneur. Théo est certain de deux choses ; il vaincra, et il œuvre pour le bien des siens, qu'importe leur caste. Populaire chez ses hommes, c'est ce qui lui vaut d'occuper son poste, d'ailleurs, il savoure la reconnaissance qu'il n'a su trouver que dans l'exercice de la violence. Autre moralité ; s'il a toujours tenté d'approcher les siens, qu'ils soient pauvres ou riches, de manière pacifique, ç'aura toujours été dans ses démonstrations les plus sanglantes qu'on aura reconnu son intérêt ; ses hommes ne lui ont jamais voué plus de respect qu'à la fin de massacres qu'il aura mené à leurs côtés, et la noblesse assise et bien pensante cessa alors de lui rappeler quel bâtard il était pour l'épauler avec le sourire d'un investisseur ravi.

Théodore s'est laissé pervertir lentement par Zelphos, abandonnant tout son amour pour ce que représentait Terre avant l'Empire et ce pourquoi s'est sacrifié son père. Peu à peu, ses vices se sont libérés et ont fait de lui un homme redoutable ; il désire plus, attend plus, mais n'a pas perdu les qualités qui font son commandement. Il est l'incarnation parfaite d'une reconversion à l'avantage des démons et il s'en satisfait lui-même car jamais il ne s'est senti plus lui qu'au service d'Aile Ténébreuse.







Physique

Taille : 190 cm
Poids : 93 kg

Théodore est un Terrian à n'en pas douter. Bien que plus grand que la moyenne, il possède la finesse des humains du continent. Châtain fier et au regard amusé, teinté d'une certaine condescendance, il aime être soigné. Lorsqu'il ne porte pas son armure, marquée par ses batailles malgré ses soins, il se tient à la mode de Sen'tsura de laquelle il tire toutes ses préférences. Un visage mince, une barbe plus ou moins naissante, des cheveux courts, il représente un standard sans réelles imperfections, un certain idéal lorsqu'on se penche sur ce qui ne s'arrête pas au physique.

Théo est donc banal sans vraiment l'être, sa gestuelle et ses manières font la différence ainsi que les petits détails de son physique soigné. Si elle peut ne pas être évidente, on ressent malgré tout la nervosité de son corps qui réside une arme meurtrière, marquée des innombrables cicatrices de ses batailles, et notamment celles des flèches elfiques qui ont manqué lui arracher la vie. L'immortel porte bel et bien son nom lorsqu'il apparaît à la lumière de ses expériences, mais sa grandeur se meurt dès lors qu'il se couvre. Peut-être les plus avisés sauront-ils lire dans ses pupilles malines ses avertissements ou invitations.

Capacités

Arme : Epée, bouclier, lance.
Pouvoirs : Aucun
Familier : Aucun
Artefact magique : Aucun
Autre : Aucun


Histoire


La première fois que Théodore aperçut sa mère, la vraie, celle qui l'avait mis au monde peut-être pas plus loin que la chaumière en bas de la vallée, ils se fixèrent un moment sans se reconnaître, comme deux inconnus se regardent le temps d'un instant, fugace, à des lieux de penser qu'ils partageaient plus que des racines communes à cette terre qu'elle labourait. Du moins, c'était ce dont Théo se persuadait alors qu'il portait ses yeux d'enfant sur les sujets du duché ; cette femme qui venait de baisser les siens sur son outil pouvait très bien être n'importe qui, mais il aimait rêver. Un autre de ces défauts à corriger s'il comptait récolter plus que les moqueries habituelles. De toute manière, chaque retour de cet appel qu'il lançait au-dehors restait muet, il était le fils de la main qui tenait le domaine et on ne le reconnaîtrait jamais que pour ça, ou rien que ça.

« ... et à l'Est, que trouve-t-on ? répéta patiemment Rhon, son précepteur.

C'était un jeune homme qui avait accepté d'enseigner à Théodore toutes les bases nécessaires à la culture d'un duc digne de ce nom, et depuis plusieurs mois qu'il donnait au garçon leurs leçons en extérieur, il s'était montré d'une patience remarquable, quand bien même le bâtard se mettait à se perdre dans ses songes éveillés.

- Drayame, répondit ce dernier, ses yeux noisette se détachant finalement de la silhouette cambrée. Flore, puis les Montagnes. En longeant le fleuve jusqu'aux chutes de Néhélia, on rejoint la citée des arbres, récita-t-il, retournant de nouveau à l'étude de la paysanne quand Rhon sembla satisfait de sa réponse.

- C'est très bien, Théodore, dit-il, un léger sourire illustrant sa satisfaction qu'il ne cachait pas. Pourquoi ne poseriez-vous pas les questions, maintenant que vous avez répondu aux miennes ?

Un échange de regards amusés. Chacun jaugeait l'autre.

- Où est ma mère ? s'empressa-t-il de demander bien qu'il savait pertinemment quelle allait être la réponse.

- Allons, Théo... une à laquelle je puisse répondre.

L'enfant eut une moue agacée et croisa ses bras, assis sur le muret de pierres qui servait de banc à leurs leçons. Il baissa les yeux sur le sol ; le gravier marquait la route qui serpentait entre les collines, entourée des propriétés et des champs sous la garde du château qui trônait à la plus haute place dans la vallée. Ses yeux s'attardèrent sur les brins d'herbes qui dépassaient de la couche de minéraux, comme d'ultimes résistants qui se dressaient malgré le poids du monde inflexible qui s'abattait sur eux.

- Comment rendre Père fier ? bafouilla-t-il alors qu'il balançait ses jambes nerveusement et triturait les fibres de son surcot.

- Le rendre plus fier qu'il ne l'est déjà ? En devenant commandant, ou général, se moqua Rhon un instant.

Théodore souleva quelques graviers du bout des chausses pour les envoyer d'un geste agacé plus loin et fronça les sourcils lorsque la main du précepteur se posa sur sa tête.

- Votre père est déjà très fier de vous, Théodore. N'oubliez pas qu'il œuvre pour que vous lui succédiez, et votre nom est l'une des preuves de son amour. Retenez vos leçons et accomplissez vos devoirs, il sera alors le plus fier des pères. »

~ ~ ~

Théodore repensait souvent à cet instant, au moins à chaque fois qu'il doutait des intentions de son père, de ses attentes. Enfant, il n'avait cessé de se répéter que son paternel avait aimé sa mère même s'il n'avait jamais un mot ou l'illusion d'une pensée pour elle. Quand on appelait son fils un don de Dieu, on ne pouvait pas ne rien ressentir pour sa mère, ça, au moins, Théo en était persuadé, mais le silence régnait autour de cette figure mystérieuse et il semblait définitif qu'il ne pourrait jamais mettre un visage sur celle qu'il aurait aimé avoir à ses côtés. Alors il remplaçait cette case vide dans sa vie, cette absence d'un réconfort qu'il semblait désirer plus que tout, par n'importe quelle femme qui puisse faire naître en lui quelque chose. A ses débuts, il les avait approchées avec une timidité commune aux novices mais une curiosité dévorante qui avait surpassé ses hésitations. Durant son adolescence, bousculée par les leçons et les entrainements pour lesquels il se révéla doué, il se montra enclin à toutes les rencontres, la plupart concluantes et donnant naissance à des liaisons sur le long terme, et d'autres catastrophiques, car il s'agissait d'une noble trop sur ses principes, ou d'une simple aventure avec une paysanne qui lui attira les foudres de son père. Bien vite il fit l'expérience d'assez d'entre elles pour retenir et reconnaître celles qui lui plaisaient ; quand l'intérêt évident des plus pauvres le décevait, la fierté trop mal placée des plus riches le rebutait. Il eut donc des années tranquilles pour s'épanouir jusqu'à la vingtaine, âge qui marqua l'arrivée d'Ailes Ténébreuses sur Terra.

Comme tout jeune homme inexpérimenté dans les choses de la guerre, et comme dans beaucoup d'autres, Théodore eut la prétention de vouloir se préparer au combat. Son inconscience et sa témérité lui criaient de mettre en pratique ce qu'on lui enseignait depuis des années, mais l'évidence frappait plus que la raison qu'on lui ordonnait d'avoir ; les démons, malgré leurs défaites à chacune de leurs nouvelles tentatives, écrasaient leurs opposants. Ciel tomba, puis Eau, et Feu s'enlisa dans un conflit d'usure qui ne se gagnerait pas par les armes, bientôt viendrait le tour de Terre qui avait sonné le glas du rassemblement, mais déjà la traitrise parsemait les rangs.

« - Nos côtes souffrent déjà des pirates, lorsque les démons s'y mettront nous ne pourrons les retenir.

- Sen'tsura nous...

- Ils ne feront rien ! Les souverains se cachent déjà derrière leurs murs tandis que les ducs prêtent serment à l'ennemi ! Nous sommes seuls !

Le ton montait dans la salle de réunion du château, il pleuvait dehors et les éclairs venaient strier le ciel de sourires narquois mais grondants, comme une alarme. Les vétérans de l'armée de Svalt étaient rassemblés autour de la table, présidée par le père et duc. Théodore, lui, les coudes posés sur le bois noble et les mains jointes devant sa bouche muette, assistait à la scène des esprits paniqués qui appelaient au sang-froid.

- Nous pouvons crever que les elfes ne bougeront pas un pouce. Il n'y a rien à faire si ce n'est attendre, ou frapper avant qu'ils ne viennent nous cueillir.

Théodore fixa son père alors qu'il comprenait la décision que ce dernier allait prendre. La trahison ou une fin honorable.

- Nous partons demain, tous... sauf toi, dit-il en fixant son fils au travers de ses mèches poivre et sel. »

Théodore aurait pu clamer son désaccord, il n'aurait reçu rien d'autre qu'une humiliation, et alors qu'il posait à son tour ses yeux sur son père, presque pour la dernière fois, il s'assura de le rendre fier et garda le silence comme réponse à cet ordre qui mit fin au à la réunion et ouvrait les hostilités.

Théodore n'avait jamais été un croyant très pratiquant, pourtant il pria cette nuit-là. Agenouillé aux pieds de son lit, emprunt d'un terrible sentiment de solitude, il lui semblait déjà entendre les chants des funérailles alors que les lourdes gouttes s'abattaient contre les vitres de la demeure. Il pria Yehadiel d'apporter à son père les honneurs qu'il méritait, que sa chute soit digne des œuvres de sa vie, car il n'y avait pas de place à l'espoir ; les forces que le duché allait envoyer étaient misérables comparées à celles que les éclaireurs avaient annoncées. On parlait de plus de dix mille hommes et créatures réunies de tous les coins du nord et de l'ouest, un tableau terrifiant même pour le plus brave. Que chaque lame de Svalt emporte avec elle dix de ses ennemis, que la Mère soit clémente avec les âmes de ceux qui auraient pu l'offenser, que le sacrifice des enfants de Terre soit honoré. Il serra ses poings dans l'air comme s'il pouvait attraper la manche d'un de ces dieux qu'il n'avait jamais vu et ferma ses paupières sur ces quelques mots qui résonnèrent dans l'obscurité.

Les semaines qui suivirent ces adieux furent entourées d'une aura glauque, comme si la mort elle-même s’emparait des lieux. Plus un homme à perte de vue, si ce n'était les quelques qui fauchaient la terre comme d'éternels esprits qui, depuis des centaines d'années, répétaient ces gestes. Théodore passait ses journées à surveiller cet horizon malheureux et suspendu dans le temps, il maudissait le brouillard que la déesse moqueuse semblait avoir jeté sur leurs terres comme pour les envelopper d'un châle mortuaire. Il avait dépassé la vingtaine mais son visage semblait avoir pris des années depuis que son père l'avait laissé sous une averse ténébreuse, il rageait de ne pas avoir pu l'épauler dans la dernière épreuve et souffrait de voir son héritage mourir. Les collines s'étalaient telles des corps mourants et jamais elles n'avaient parues si laides au jeune homme. Qu'avait-il à accomplir ici ? Quand les démons marcheraient dans cette boue qu'il répugnait, il n'aurait d'autre alternative que de s'offrir sans la moindre résistance, et quel pillage serait-ce alors, quelles horreurs se dérouleraient dans les rues et les foyers qu'il surplombait de sa mine grave. Théodore l'avait accepté mais il ne comprenait toujours pas les raisons qui avaient poussé son père à agir ainsi.

« - Qu'attendent-ils ? Pas un homme n'est revenu, pas un survivant... voilà des jours que nous aurions dû les voir percer ce maudit brouillard ! jura Théodore, son visage à quelques centimètres de la vitre alors qu'il se tenait contre le mur de pierres froides, sa main crispée sur la paroi rugueuse.

- Votre père ne s'est pas sacrifié en vain, Théodore. Qui sait pour combien de temps il aura retenu les démons, répondit Rhon, debout plus loin, les mains dans le dos.

- Mon père s'est sacrifié par honneur, il a laissé derrière lui une terre vierge de toute défense. Nous n'avons plus que des gamins et des fermiers ici.

- Qui sait comment la guerre se déroule là-bas... »

Théodore ne resta pas longtemps ignorant des exploits de son père et du temps qu'il avait fait perdre aux démons. La bataille qui avait eu lieu les jours suivant cette nuit où la pluie avait marqué leurs adieux fut l'une des plus braves de mémoire d'homme. Il ne se passa pas quelques semaines, ni quelques mois, avant que l'ennemi ne se décide d'empiéter pour de bon sur les terres qu'il enviait depuis toujours, mais bien des années.

La réelle transformation de Théodore en ce qui allait faire de lui l'un des humains les plus respectés chez les terrians eut certainement lieu durant ces années d'attente et de siège. Il se durcit, se contraignant à devoir grappiller la moindre ressource, la moindre chose qui puisse les faire tenir plus longtemps. Il était le chef d'une meute meurtrie et qui ne pouvait pas fuir. A plusieurs reprises les démons attaquèrent leurs terres, mais ils tinrent bon et l'héritier Svalt eut alors l'occasion de prouver sur quelques champs de bataille ce qu'il valait. Si la résistance fut notable, et inscrite dans la durée, il ne resta bientôt plus des forces du duché que le fantôme d'un bataillon, et, à l'aube de l'année 110, se rassemblèrent à l'horizon les forces d'une armée dont Théodore savait qu'il ne pourrait leur résister.

L'évidence eut lieu et suite à un siège malgré tout couteux pour ce qu'ils avaient pris, les démons mirent fin à la résistance humaine, jusque dans la salle principale du château, le dernier lieu de combat. Au sol, encore conscient mais la chair tranchée, la cuisse percée d'un javelot et le dos baignant dans son sang, Théodore Svalt respirait difficilement, sa gorge se gonflant difficilement sous la menace d'une lame courbée, une relique des pillages de Feu. Il s'était battu avec pour dernière pensée son père et pour seule volonté celle de l'honorer, mais Yehadiel seul savait pourquoi la mort l'avait évité comme si son jour n'était pas venu. Peut-être le Dieu savait-il... mais comme à son habitude, il était resté muet aux question de ses fidèles, alors que celui des envahisseurs hissait sur le continent son ombre. Tremblant, Théodore avait lancé un regard vers son vieil ami et précepteur Rhon. Son corps gisait dans l'un des recoins de la salle, son crâne perforé. Qu'avait fait pour lui son dieu à qui il avait dédié sa vie ?

On ne tua pas Théodore, un miracle qu'il ne considéra pas comme tel au début. Il fallait croire que sa prestation avait été appréciée et, ignorant si on l'emmenait pour mieux savourer sa défaite de ses cris torturés, il s'évanouit lorsqu'on le transporta hors de l'endroit macabre, plus seul que jamais et arraché à toutes les certitudes qui avaient fondé sa vie.

~ ~ ~

Les jours qui avaient suivi sa défaite furent ténébreux et il n'en garda aucun souvenir, mais il se souvenait clairement s'être réveillé dans un lit, reposé et ses plaies couvertes de soins attentionnés. Les changements n'étaient pas seulement physiques et il ne manquait pas de constater qu'aucune haine ou colère ne l'habitait. Il ignorait où il était, mais il s'en fichait. Son intérêt pour tout ce qu'il pensait avoir toujours possédé s'était envolé et il ne ressentait aucune peine ou presque lorsqu'il jetait ses yeux au dehors sans rien reconnaître. Le paysage était familier, des plaines bordées d'une forêt qui s'étendait sans fin, Drayame peut-être. Il entendait autour de lui l'activité d'un immense camp, comme ceux qui s'installaient lors de campagnes militaires.

Dès qu'il fut réveillé, on le renseigna alors sur toutes les raisons qui le maintenaient en vie. Des prêtres de Zelphos lui rendirent visite et répondirent à ses questions, tout se déroula bien loin de la violence qui avait toujours caractérisé les démons. Des démons, il y en avait même peu, force était de constater qu'on lui avait envoyé une élite le jour de sa défaite, ce qui avait gonflé son égo et surement motivé le fait qu'on lui laisse la vie sauve ; le message était clair, il pouvait les joindre ou être abattu dans le champ à côté. Les quelques hommes qui étaient venu le persuader de changer d'allégeance furent convaincant, même s'ils n'avait plus besoin de le convaincre ; Théodore avait jeté ses yeux à l'extérieur dès qu'il se présentait à lui entre les allers et venus des fidèles, et il dut reconnaître que ce fameux nouveau dieu avait de quoi ravir sa légitimité même à Nayris. La puissance d'Aile Ténébreuse était palpable, elle transpirait des hommes qui lui vouaient fidélité comme un soleil déverse ses rayons. Une fraction de seconde suffit à ce qu'il croise le regard d'un être de Zelphos, et il sut, bien plus qu'il n'avait pu le savoir lors de ses combats avec eux, que les démons vaincraient. Il put lire dans cette pupille la bestialité d'un cœur grondant, une haine dévorante, des désirs insatiables et une pointe de reconnaissance, même si le mot était puissant. Alors, comme si ç'avait été la chose la plus simple, il assura qu'il rejoindrait l'Aile Ténébreuse, le nouveau dieu de ce monde.

L'exploit de Théodore avait eu un effet retentissant auprès des humains comme des démons. S'il n'en avait rien su au début, la nouvelle de sa défaite avait été une déception autant pour ceux de son camp que pour les autres. Qu'on serve Aile Ténébreuse ou la résistance terrianne, tout le monde semblait s'accorder à dire qu'il avait fait preuve d'une bravoure rarement égalée, mais il ne fallut pas attendre longtemps pour que ce statut de héro ne se transforme en celui de traitre. Pour les pro-Galaad, il était mort, et Théodore, lui, n'en avait que faire. Personne n'était venu le soutenir lorsqu'il avait été si "héroïque". Au final, la seule chance qui lui avait été offerte venait des démons, ses agresseurs, qui l'avaient reconnu davantage que ceux se prétendant ses alliés. L'allégeance à l’arche-démon sonnait comme une libération, Théodore se releva, le cœur libéré de tout remords.

L'évolution de l'humain fut drastique. Au sein des démons, il se révéla être un chef respecté par ses hommes et un instrument redoutable. On lui offrit d'abord la place de capitaine, dans ses premières années, celles qui le virent participer à la prise de Sen'tsura. Éprouva-t-il du plaisir lorsqu'il vit Galaad fuir et les souverains, ces lâches, pris en otages ? Certainement. On disait de lui qu'il était mort, et il l'était certainement, mais l'homme né depuis conservait ses vieilles rancunes. Zelphos s’emparait de Théodore et libérait ses vices, ses désirs. Plus le temps passait, plus il se nourrissait de l'énergie destructrice de la guerre et des démons.

Le tournant de sa carrière naissante mais déjà bien avancée dans le nouvel empire eut lieu en Drayame, chez les elfes. Théodore fut l'un des rares survivants de la défaite cuisante qu'infligèrent ces derniers aux forces d'Aile Ténébreuse, mais il s'en réchappa, comme il avait réchappé des démons. On ne lui avait pas reproché d'avoir fui, ni même reproché la défaite, car il n'avait pas fui et avait déjà annoncé que cette bataille serait certainement vaine ; Théodore était un tacticien et son éducation dans la noblesse humaine lui avait enseigné qu'il était suicidaire d'attaquer les elfes dans leur forêt. Mise en garde qui n'avait pas été écoutée mais qui lui avait donné raison. On retrouva son corps criblé de flèches parmi ceux de ses soldats et il s'en était fallu de peu pour qu'il soit déposé comme les autres au fond des fosses qu'on creusait à l'occasion de ces batailles terribles. La survie de Théodore n'avait tenu qu'à son soubresaut lorsque son corps était passé sous les yeux des médecins qui entreprirent alors de le maintenir en vie. Peut-être que cette foutue Nayris ne voulait pas de lui, il n'en savait rien, mais il se réveilla de nouveau dans un lit,sous la lumière filtrée de Sen'tsura, dans l'une de ces tours grandioses qui surplombaient les terres de la plus grande nation de Terra.

Il eut droit au surnom d'Immortel à la suite de cette bataille dont on ne se souvenait pas qu'il l'avait perdue, mais qu'il lui avait survécu. La capitulation des elfes effaça assez vite le souvenir douloureux des hommes perdus vainement dans cette entreprise osée, et Théodore s'en sortit avec l'intérêt des instances. Si sa promotion n'était pas officielle, on lui fit comprendre qu'il était sur la bonne voie pour obtenir plus d'importance dans les années à venir, et ce fut lors de la bataille de Sen'tsura, quatre ans plus tard, qu'il fut promu au rang de commandant d'infanterie de l'Empire.

Désormais, Théodore organise l'invulnérabilité des hommes sous son commandement. Il offre aux troupes diverses et variées d'Aile Ténébreuse la discipline d'un savoir millénaire qui lui a été transmis par son père, le seul dont il garde un souvenir positif et pour lequel il aura jamais prié. Au fur et à mesure des années, le commandant s'est imprégné des influences de Zelphos et a fini par adopter cette religion, enfin reconnu et non renié pour ses origines.







Dans la vraie vie


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Comment avez-vous connu le forum ? DC
Avez-vous déjà fréquenté d'autre forum, si oui lesquels ? Tous morts.
Vos passions : Cf Harald.
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Phrase fétiche : Dei, quod reliquum est, nolite metuere, et ossa tua liberabit, exspectans.

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