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 Vous mourrez à mon ordre, pas avant !

 
Vous mourrez à mon ordre, pas avant ! Sand-g10Mer 14 Jan - 3:52
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Anna Myrkrähe était d'humeur bestiale. Une humeur plus revêche encore que ce que sa personne connaissait en temps normal, et il était une raison simple à cela : on lui avait "donné sa journée", pour utiliser le vocabulaire des pédérastes du continent opposé.

Qui avait besoin de repos ? Un Cardrakien vit pour combattre, il passe son existence à s'entraîner, et la moindre bouffée d'air aspirée, le moindre pas posé, tout cela est un défi, une épreuve, car rien ne garantissait votre survie à Cardrak, pas même le traître climat, et le sol qui l'était plus encore. Les lieux les plus calmes, dans cette cité ancestrale, étaient sans conteste les tavernes : tout étrangers qu'ils se voulaient à l'idéologie d'une civilisation qui privilégiait l'ordre à l'oisiveté et la force au repos, ces établissements n'en demeuraient pas moins les piliers oubliés qui soutenaient autant qu'ils étaient soutenus par les hordes de combattants qui appréciaient de goûter aux effluves des liqueurs plus ou moins exotiques en ressassant leurs incroyables aventures, et en s'entretenant comme ils pouvaient le faire sur le champ d'entrainement. Dire, en effet, qu'une taverne était calme relevait d'une curieuse logique, mais une logique révélatrice du rude peuple de Saline : il ne s'écoulait pas vingt minutes sans qu'une rixe n'éclate, et pas une soirée sans qu'un combat ne vienne à impliquer l'intégralité clients du débit de boisson, qui se transformait alors en riante arène où tables et tabourets auraient bien pu voler, si l'opiniâtreté des tenanciers n'avaient pas fini par fonder la coutume typiquement Cardrakienne de faire appel à des tailleurs de pierre pour creuser directement le mobilier dans la roche, et éviter ainsi d'avoir à le renouveler chaque soir ; du reste, le confort n'était certainement pas ce que recherchait les guerriers qui se retrouvaient dans ces lieux, eux qui étaient habitués à dormir sur la pierre !

Que faisait donc une Générale de Saline, quand elle se sentait mise à l'écart ? Elle allait se morfondre à la taverne, en pleine journée, inspirant dès son entrée, par sa seule taille, sa cape et sa broche de Huscarl, le nombre d'armes qu'elle portait par-dessus sa cotte de mailles, la crainte parmi la faune diurne, qui profitait généralement de la journée pour s'abstenir de tomber sur des guerriers. Ce n'était pas tant la crainte d'être pris à parti par ceux-ci qui motivaient cette mise à l'écart volontaire, car les guerriers, pour sûr, protégeaient Cardrak, autant que ses citoyens. Cette peur, elle émanait surtout de celle d'être pris dans la bagarre, et rien alors ne pourrait protéger le pauvre artisan ou le pécheur de devenir un dommage collatéral d'un poing trop arrosé.
Et pourtant, cela n'empêchait pas les citoyens les plus bourrus de venir expérimenter la vie de guerrier qu'ils avaient refusé à leurs dix ans en venant, l'espace d'une soirée, participer aux homériques bagarres de tavernes de Cardrak.

Aujourd'hui, pourtant, pas de gloire. Juste une Générale qui, d'un regard, parvint à vider l'intégralité du comptoir, alors que le tenancier crottait déjà ses chausses à l'idée de devoir dire le soir même que la Générale avait tout vidé alors encore que le soleil était à son zénith. Il était le dos au mur, car peu de solutions s'offraient à lui : refuser de servir Anna Myrkrähe et sa suite sanglante, c'était s'exposer à embrasser le comptoir. Avouer sa faiblesse aux guerriers nocturnes, c'était s'exposer à se voir encastré la tête dans un tonneau vide.

Il se contenta donc de déglutir en voyant la colossale générale s'asseoir face à lui, avec pour seule compagnie un homme plus énorme encore, particulièrement fort en taille et au faciès porcin fort peu commode, qu'un petit air candide et sympathique qu'il s'évertuait avec vigueur à modérer vous donnait l'impression d'avoir affaire à un simple d'esprit.
Un simple d'esprit qui aurait certainement pu écraser sa tête comme un fruit trop mûr avec une seule de ses énormes pattes potelées.

Il eût réellement peur quand il apprit la commande : des plats typiques de poissons séchés, de pain croustillant, de noix et de raves arrosés de beurre salé et ... du lait de chèvre.

Le lait de chèvre, quand il était commandé par les guerriers, provoquait la terrible volonté de rire, mais il signifiait également que le guerrier qui le commandait était tout particulièrement remonté, trop pour s'adonner au plaisir enfantin de la beuverie : s'esclaffer, en ce moment précis, lui aurait sûrement valu une hache dans le poitrail, alors il se contenta de courir en cuisine, pour ne revenir que lorsque tout fut prêt qu'on paya négligemment en espèces clinquantes lancées sur le comptoir.
Remontée, Anna Myrkrähe l'était tout particulièrement. Aujourd'hui était en effet le jour où un émissaire de l'Empire devait s'entretenir avec le Roi Harald, et c'était ce dernier en personne qui l'avait congédié, sous les protestations conjointes de la générale et de son propre fils, alors qu'ils s'accordaient tout les deux sur une chose bien précise : On ne discute pas, on découpe. On taille. On éventre. On disperse. On ventile. Si cela n'avait tenue qu'à la Générale, et elle ne manqua pas de le faire savoir, on aurait retrouvé le diplomate impérial aux quatre coins de Cardrak, éparpillé par petits bouts, à la manière d'un stomachion. Toute diplomate qu'elle était, c'était précisément ce qui serait arrivé si tôt que le gaillard se serait présenté : pas de respect pour les soumis, pas de respect pour les esclaves de plein gré !

Sage décision ou bévue, toujours était-il qu'Harald Wallah préféra ne pas risquer de montrer les factions qui grondaient déjà au sein même de sa contrée aux yeux un peu trop curieux des étrangers, et offrit une journée de repos à sa principale cheffe de guerre. Nulle doute qu'il aurait également aimé pouvoir en faire de même avec son fils, mais Anna sentait encore poindre sous la résolution calme de son souverain un désir ardent de pédagogue, et peut-être même un désir de contrebalancer des années de service sur le navire de la plus expéditive des capitaines de Saline.
Rien n'y ferait : pour Anna, c'était de la faiblesse, et Harald Wallah aurait tout aussi bien pu baisser ses chausses et offrir son auguste postérieur à un elfe sodomite qu'elle n'aurait pas vu grande différence.

Tout Roi qu'il était, si elle apprenait qu'il s'était soumis à l'Aile-de-Poulet, elle se serait empressé de remplir l'ultime devoir d'un Général, et pour protéger Cardrak, aurait commis un Régicide. Ou bien elle serait morte en essayant.

Ce ne fut vraisemblablement pas ça qui arriva, puisqu'en revenant à la forteresse, la panse bien remplie et résolue à en venir aux mains avec un Huscarl Berserker vis-à-vis du fait d'entrer en pleine cérémonie alors même que le Roi l'avait expressément proscrit, elle observa l'espace d'un instant un éclat tout aussi surnaturelle qu'aveuglant, suivi d'une détonation de tonnerre.

La rixe s'effaça aussi tôt que l'intégralité des personnes présentes tirèrent leurs armes pour se jeter dans la salle du trône, et pour constater le corps brûlé du monarque agonisant, et surtout la lame du bras-droit du Roi directement sous son nez.
Il était des moments où l'on plaisantait, où on raillait le Roi pour son caractère fantasque à vouloir discuter avec l'ennemi, mais dans l'action, la générale qui aurait très certainement, en temps normal, engagé le combat pour la simple menace d'une épée sous son nez, hocha simplement la tête, le regard d'acier.

" Breht ! " beugla-t-elle à son second dans ce qui s'apprêtait à être du salinéen très oral marqué des relents de charretiers du port, " Je veux ce putain de physionomiste ici dans quinze secondes, au bout d'une pique si il le faut, tant qu'il est capable de donner ses instructions ! "

Elle se tourna vers les Huscarls avec autant de politesse.

" Toi, le portier, tu vas avec lui et toi, la serrure, tu vas me chercher des renforts ! Tout le monde ! Tout de suite ! "

Comme une furie, elle n'attendit pas même que le plan se mette en branle pour se précipiter sur la cohue de conseillers, et sur le Roi en dessous. Avec sa finesse légendaire, elle attrapa le premier qui lui passa sous la pogne avec une vigueur formidable pour s'assurer de l'état de santé du souverain. Elle avait des notions de médecine, certes, mais rien de bien évolué. Tout juste de quoi traiter les plaies légères et les blessures liées à l'usage des armes de bord, et notamment des brûlures de canons.

Dans le cas présent, il semblait que le Roi Harald avait bouté lui-même le feu d'un canon défectueux, et que celui-ci lui avait explosé à la figure : de ce qu'on lui en raconta, cela ne semblait pas être un cas de figure bien différent. Il était seulement question de sorcellerie, et de piège tendu à la royauté de Cardrak.
On la prendrait, à vouloir négocier !

" Tête de noeud ! " souffla-t-elle vigoureusement au monarque, " Voilà ce qu'on obtient, quand on palabre avec des déserteurs, des sorciers et des parjures ! On aurait dû couler leur navire dans la rade du port quand on en avait encore l'occasion ! "

Derrière sa rage, c'était surtout la peur qui pointait le bout de son nez. La peur d'avoir failli à son rôle. La peur de n'avoir pas réussi à mener son rôle de Première Gardienne de la Cité contre toutes les menaces : la peur d'être trop faible. Elle n'avait pas osé tenir tête, pas suffisamment. Etait-ce la peur de perdre son rôle ? La peur de suivre dans l'exil l'ancienne Générale pour avoir par trop déplu à son souverain ?
Cela n'avait plus d'importance, maintenant.

Harald voulait une Générale ? Il aurait une Générale, que cela lui plaise ou non. Il aurait une véritable guerrière garante des traditions militaires et militaristes ancestrales de Cardrak pour éviter que cela ne puisse jamais se reproduire.

" Allez quérir le Prince ! " lança-t-elle d'une voix forte à un conseiller, faisant voleter ses mèches blanches au devant de sa crinière de jai alors qu'elle tournait le visage vers lui.

" Mais, il est parti s'entretenir avec l'Impératrice Iss... "

" Je n'entends pas suffisamment de bottes claquer sur ce dallage ! " riposta-t-elle aussi violemment qu'une salve d'artillerie maritime, " Tu lui porteras la nouvelle, préférablement avant que je ne t'expédie vers lui en mulet, éparpillé dans plusieurs tonneaux ! "

Confronté au choc de l'attentat, et à celui de la fureur de la Générale aux mèches d'albâtre, le conseiller se hâta de quitter la salle, cachant sûrement aussi bien qu'il put la crainte qui pouvait s'avérer bien concrète de finir ses jours en colis postal parce qu'il ne s'était pas suffisamment activé : on gratifiait Anna Myrkrähe d'exploits qui ne semblaient faire aucun doute sur sa résolution, et peut-être même sur sa folie...

" Toi. " fit-elle en pointant un deuxième conseiller, " La Reine doit être mise au courant ! "

" Ce n'est peut-être pas judicieux ... " tenta-t-il d'opposer, " Il me semble avoir entendu un dragon rôder à l'extérieur ! Peut-être vaudrait-il attendre que de périr dans la gueule d'un ... "

Sans coup férir, sans la moindre volonté de prévenir, Anna avait envoyé un fulgurant coup de poing dans la figure du conseiller, l'interrompant d'une autre directive subtile.

" Je ne t'ai pas donné la permission de mourir, pleutre. Debout ! En marche ! "

En faisant finalement moins d'histoires encore que son collègue, le deuxième conseiller se retira en courant pour aller quérir la Reine.

Anna, elle, en femme d'action, avait pris sa peur à deux mains. La crainte se camouflait derrière un rictus de haine, et une démarche assurée de démantèlement de l'armure, avant même que ne vienne à se présenter le médecin.
Elle avait couvert le Roi de sa chaude cape, et quand, finalement, le docteur vint à se présenter, elle ne resta pas loin, sortant un collier de coquillages usé d'une petite bourse nouée à sa ceinture par un lacet. Fermant les yeux et joignant les mains, elle entama une prière dans une langue aux accents d'exotisme, et aux intonations subtiles mêlant la douceur du miel et la rigueur du roc. Une langue moins rauque que le Salinéen, moins gutturale. Une langue légèrement plus sifflante aux accents de l'est. N'eût été égard au conseiller qu'elle avait molesté et à sa prise en main pragmatique de la situation, il aurait sûrement été un homme dans la salle pour attenter quelque chose contre elle, alors que tout le monde reconnaissait là une pratique des fidèles d'Azuria Mira. C'eût été futile.

C'eût été une distraction qui l'aurait fait revenir sur terre, alors qu'elle démontrait ce curieux pragmatisme des grandes personnalités à se tourner vers les Dieux en période de doute, pour trouver autant un coupable qu'une solution...

Anna Myrkrähe

Anna Myrkrähe


Humain


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