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 Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline]

 
Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Ven 2 Jan - 0:18
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28 de Nàdrillä 114


Une morne matinée, comme toutes celles qui avaient précédé et succédé au départ du général Trataïr Erubon et de ses troupes pour le village de Niezdrowy. C'était une petite communauté au demeurant très normale pourtant. Il y avait là une poignée de fermes, une petite placette où se vendaient les denrées produites sur place ou arrivées par le biais de marchands intrépides qui traversaient sans frémir les dangereuses forêts alentours peuplées de mécréants sans foi ni loi. Ce n'était pas très grand, on pouvait le tenir dans sa main selon les éclaireurs du général. C'était, bien sûr, une sympathique exagération, mais Trataïr n'était guère d'humeur à rire aujourd'hui. Le général démoniaque en personne lui avait demandé de faire pareil coup d'éclat. En effet, selon quelques rumeurs, le hameau abriterait d'anciens rebelles qui penseraient échapper aux griffes du Démon. « Cependant, Aile Ténébreuse voit tout et il a vu la vermine dans ce village. » Ceci sont les paroles même du général Féral. Le lycan avait donc ordre de prendre son armure, sa masse, quelques dizaines de ses archers et deux-trois pyromanciens parmi l'armée impériale et d'aller brûler chaque mansarde, chaque paysan, chaque veau de cet infect village. Malgré ses ressentiments, Trataïr se devait d'obéir aux ordres. C'était donc le cœur lourd mais prêt qu'il partit quelques heures plus tard seulement pour le lieu de l'attaque.

La brume du matin enveloppait de son doux voile les quelques bâtisses et leurs alentours. Le coq n'avait pas encore chanté et tous les habitants étaient encore tranquillement assoupis dans leur lit. Une belle journée en perspective pour les fermiers qui cultivaient la même terre que leur père et leur grand-père. Une de ces nombreuses bourgades sans histoire... Qui pouvait penser qu'il y nichaient d'anciens rebelles ? Au fond, ce n'était peut-être que des rumeurs colportés à travers l'armée... Trataïr savait que le premier but de cette mission n'était pas de tuer les rebelles, mais de faire un exemple, d'effrayer les villages alentours pour ne pas qu'il tente quoi que ce soit contre leur suzerain. Une stratégie efficace mais qui démontrait bien la cruauté dont il fallait faire preuve lorsque l'on faisait partie de pareille armée.

Le général d'archerie se tenait dans un bosquet, perché sur une colline juste au-dessus de sa cible. Là, ses hommes étaient cachés à la vue de potentiels insomniaques jusqu'à l'heure de l'attaque. Les ordres étaient clairs pour les deux dizaines d'archers déployés discrètement autour du village. Ils devaient tirer à vue sur tout ce qui bougeait. Homme, femme, enfant, chien... Plus rien ne devait rester de ce nid de vipère. Il y avait également trois mages aux côtés de Trataïr. Deux humains et un démon. Ils étaient chargés de bombarder la zone avec leurs sorts de pyromancie. Brûler les maisons, les champs, l'herbe même. Dans l'ordre de la création, tout ce qui est naît de la poussière et doit, un jour, y retourner. La petite troupe allait simplement.... précipiter cette fin immuable.

Les soldats étaient en place. Tous étaient cachés autour de l'enceinte de haie qui entourait les modestes chaumières. Ils étaient tous prêts à faire couler le sang. Le général, lui, était à l'entrée du bosquet, entouré par les trois mages, et devait se charger, après l'attaque, d'aller au milieu des décombres et de tuer les potentiels survivants. Il portait aujourd'hui sa flamboyante armure et sa masse au côté. Mais nulle trace du masque et de la capuche. Cet apparat, il le réservait lorsqu'il revêtait la peau du modeste garde du corps et conseiller de Al Mansur. Aujourd'hui, il était à visage découvert. Sa barbe légèrement longue et mal taillée reflétait les longues journées de cavalcade à travers les plaines sans escale ni repos. Ses longs cheveux bruns encadraient son visage à la mine attentive. Analysant chaque détail qui passait sous ses yeux, Trataïr savait que ses hommes n'attendaient plus qu'une chose, pouvoir massacrer. Pourtant, il continuait d'attendre, d'observer, de réfléchir...

- Général, pourquoi ne pas attaquer tout de suite ? Les hommes sont prêts ! Ils n'attendent plus que votre signal !

- Je veux juste attendre qu'ils se réveillent. Vous ne voulez pas octroyer à ces gens le plaisir de se voir brûler vif ? Soyez un peu patient mon cher...

En réalité, le pauvre général hésitait à donner son ordre. Tous ses beaux discours n'étaient que fariboles. Massacrer des innocents.... comment en était-il arrivé là... Il soupira longuement. Fermant ses yeux dans une dernière tentative désespéré de se réveiller d'un potentiel cauchemar. Mais rien n'y faisait. Lorsqu'il ouvrit ses pupilles émeraudes, il était toujours là, devant ce village de pauvres fermiers. Et il devait désormais donner l'ordre de les exécuter... Soudain, une mélodie vif et stridente s'éleva vers le ciel. Le coq chantait à tue-tête. Les habitants allaient bientôt se lever de leurs lits, manger, puis partir travailler. Les enfants tous heureux allaient sortir s'amuser dans le sable des chemins tandis que les femmes allaient tenir le foyer et préparer la soupe pour leurs hommes et leurs marmots. Un mode de vie qui rappellait à Trataïr son enfance parmi les chasseurs... Non, plus de place pour la nostalgie. Le temps était venu ! D'un geste lent et solennel, il leva son bras. Dès qu'il le baisserait, ses hommes déchaîneraient les Enfers dans un torrent de feu, de sang, de cris et de flèches.

Trataïr

Trataïr


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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Ven 2 Jan - 1:43
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Que le temps s’écoulait d’étrange manière lorsqu’il n’était plus rythmé par les temps de veille et de sommeil... Quelle perte de temps que tout cela. De son pas infatigable, revêtue des modestes atours d’une simple pèlerine au gré des chemins, Messaline était partie, seule, vers le nord. À présent que son initiation avait été faite et qu’elle portait le titre de prêtresse, il était logique de débuter son prêche par les terres qui l’avaient vu naître. Faestelia peut-être, Dahaliah plus sûrement, car l’influence de l’Aile Ténébreuse y était bien moins prégnante et il serait moins risqué d’y répandre les premiers germes de la conversion.
La route était encore longue toutefois, et elle fit halte de nombreuses fois, de hameaux en villages, évitant les lieux trop fréquentés pour ne pas éveiller les soupçons sur une nature qu’elle peinait encore à dissimuler totalement. Enveloppée de noir et de gris, voilée comme une nonne errante, elle allait dans une course résolue, sans toutefois négliger l’effet que quelques paroles ou bénédictions dissimulées pouvaient avoir sur les petites gens. Sans jamais prononcer le nom de la déesse cachée, elle répandait toutefois sa parole, ses mots, jouant de subtilité et d’habileté.

Comme souvent, elle avait humblement demandé l’hospitalité pour la nuit dans un petit village ô combien paisible d’humbles fermiers. Une vie simple, sans artifices, des gens pauvres et laborieux qui s’épuisaient chaque jour à subvenir à leurs besoins, mais aussi à engraisser ceux qui les écrasaient sous les charges et les corvées. Sans doute peu d’espoir dans une existence aussi limitée, aussi Messaline se faisait fort de le leur apporter, distillé par petites touches, susurré, murmuré sous des paroles d’apparence fort anodines.

À ceux qui avaient accepté de l’accueillir pour la nuit, faisant preuve d’autant plus de générosité que leur pitance était bien maigre et leur logis très modeste, elle avait conté son périple. Elle avait relaté les anciens temps futiles où elle avait couru tout le jour et toute la nuit après de vains plaisirs et des richesses inutiles, avant de recevoir en son sein la vérité et de délaisser tout ce qu’elle possédait — sans toutefois préciser jusqu’où cela était allé. Sous leurs regards teintés d’une incompréhension admirative, elle avait détaillé comment elle avait abandonné ses biens, ses relations, son passé, pour renaître toute autre dans une ascèse nouvelle.

Alors, tout doucement, elle avait instillé l’espoir à ces gens qui n’en avaient guère. Avec simplicité, elle avait murmuré dans le secret de la nuit les douces et vénéneuses promesses qui annonçaient la fin de toute souffrance, de toute crainte, la délivrance au-delà de l’ultime souffle. Elle savait fort bien que cela ne fonctionnait pas avec tous ; beaucoup avaient cet attachement puéril pour la vie qui vient au cœur de l’Homme ignorant, mais elle sut très vite distinguer ceux qui étaient les plus aptes à recevoir ses discours.

C’était auprès des démunis, des désespérés, des pauvres hères qui n’avaient plus rien qu’elle pouvait à loisir distiller les saints mots qui les amèneraient à regarder la vérité en face. Une veuve, le visage rongé par le chagrin, l’avait écoutée avec plus d’attention que les autres et au coin du feu, les deux femmes veillèrent bien tard. Un homme était resté avec elles ; une maladie cruelle le dévorait tout vif, et il ne semblait guère lui rester quoi que ce soit à attendre de l’existence. Les rassemblant tous deux autour d’elle, Messaline avait écouté leurs histoires, avec cette patiente qui vient à ceux pour qui le temps n’est plus rien. Souriante, aimante, elle avait faire preuve d’une douce et tendre miséricorde en promettant de leur montrer la voie qui les soulagerait de leurs peines. Alors, elle avait délivré, dans le secret silencieux de l’obscurité, des paroles plus profondes encore.

— Je vous vois tous deux bien plus sages que le commun, avait-elle dit en esquissant un sourire factice dans son visage de madone. Cette sagesse, ce savoir, vous l’avez acquis dans la souffrance, car elle est riche d’enseignements, plus que le bonheur qui n’est qu’une illusion. Combien de temps cela a-t-il duré, pour vous ? Un an, dix ans ? Un jour, une heure ? Ce ne sont que des ombres, il est vain de courir après elles, car toujours elles se déroberont à vous, et vous ne ferez jamais que gaspiller une énergie précieuse à vous attarder auprès de telles chimères. Le renoncement, voilà votre Salut : vous craignez la mort, mais pourquoi avoir peur d’elle ? Là, vous cesserez de souffrir, là, vous retournerez au néant et là, il n’y aura point de douleur, point de mal, point de deuil ni de mal à endurer. Renoncez, mes amis, mes chers, renoncez à aimer, à chérir, à quérir la réjouissance et le plaisir. Ont-ils jamais valu la souffrance que vous avez endurée en retour ?

Elle avait effleuré le visage de la veuve de ses longs doigts d’ivoire, lui adressant de nouveau l’une de ces expressions si douces et si tristes à la fois.

— Vous aimiez tendrement votre époux, m’avez-vous dit. Auriez-vous agi de la même façon si vous pouviez repartir en arrière ? Ne vous seriez-vous pas attachée à un autre ? Un autre qui aurait péri sans doute, encore, et encore un autre qui serait encore parti trop tôt ? Nous avons tous commis la même erreur, de croire que nous pouvions aimer sans qu’il n’y ait de prix à payer. Nos désirs sont un poison qu’il faut extraire, car de là découle l’attachement, et de l’attachement, la douleur, dans un monde où rien ne dure. Aimez des choses qui sont éternelles.

Une pause, puis elle avait repris, du même ton très paisible, très suave :

— Mais y a-t-il seulement quelque chose d’éternel ici-bas ? Pouvez-vous me le dire ? Les montagnes s’affaissent, se délitent et s’émoussent. Les cités tombent, les empires s’effondrent, toute race passe et s’en va. Les dieux même sont mortels, dit-on. Que nous reste-t-il ? À cela, je vous laisse le soin de trouver la réponse, et elle est bien plus évidente que vous le pensez. Elle est partout autour de nous, en tout temps, en tous lieux, elle règne sur tout ce qui vit, et ronge tout ce qui ne vit pas.

Messaline avait baissé la voix disant cela, la réduisant à un murmure tandis que les flammes hantaient son regard de longs reflets d’ambre. Alors, sur ces paroles, elle s’en était allée, les abandonnant à leurs réflexions. Elle était sortie un moment, saluant la lune et son lever, pour ne regagner sa couche que lorsque le croissant d’argent avait sombré à l’horizon déjà gagné par une clarté bleuté qui annonçait l’aube. Le chant du coq et le lever de la maîtresse de maison la trouvèrent assise près du feu, feignant de s’être endormie sur son siège après avoir prié. Il y eut quelques paroles échangées, vagues, ensommeillées, et puis, après une seconde d’un calme irréel, tout avait basculé.

L’ouïe fine de la liche avait distingué, dans les cris et les détonations qui embrasaient l’air du matin, le sifflement des flèches, leurs chocs sourds contre les murs, les portes, la chair et les os. Les portes s’ouvrirent dans un fracas quand les hommes sortirent, saisissant armes sommaires et fourches pour riposter contre les agresseurs, et Messaline demeura dans la grande salle près de l’âtre où femmes, enfants et vieillards, éperdus, terrifiés ou résignés, s’étaient réunis. Sans doute n’ayant pas encore conscience du danger, nul ne songea à fuir, tout d’abord, mais lorsqu’on entendit le ronflement terrible de flammes surnaturelles qui embrasaient les toitures et toute la végétation alentours, chacun compris alors qu’il était trop tard.

Des cris, des hurlements perçants résonnaient au-dehors, et soudain, un lourd choc sur la porte hâtivement refermée, des bruits et des fracas de planches et de poutres entassées furent assez explicites pour leur laisser comprendre le sort qu’on leur réservait : à quoi bon se fatiguer à courir après les petits enfants pour les égorger quand on pouvait les faire brûler vifs dans leurs propres lits, dans leurs propres demeures ? Sans grand espoir de survie, ils se réfugièrent dans la petite cave exiguë qui se trouvait sous la maison, serrés les uns contre les autres dans le noir, tandis que les lueurs de l’incendie transperçaient déjà l’obscurité. Alors, doucement, tout doucement, Messaline rassembla ces pauvres âmes autour d’elle et leur conta l’espoir et la délivrance qui les attendait.

Dans un sanglot, une mère se lamenta et maudit ceux qui avaient amené le malheur sur eux : des rebelles, de simples paysans et vagabonds révoltés contre leurs seigneurs qui avaient attiré l’ire des impériaux sur leur village. Messaline en aurait ri si elle l’avait pu : l’occasion était beaucoup trop belle pour se priver d’un coup d’éclat. Alors que le désastre submergeait le village, ils se blottirent les uns contre les autres et la voix de la liche gonfla comme un orage, une clarté soudaine dans les ténèbres.

— Tout ira bien, mes frères, mes sœurs, tout ira bien. Ne voyez-vous pas l’espoir qui demeure ? Votre sort est jeté, amis, mais il n’est point aussi funeste que vous pouvez le présager. Ne craignez pas le fer, ne craignez pas le feu ; celle qui vous accueillera en son sein n’aura que bienveillance pour vous. Ceux qui marchent vers elle en âme et conscience n’ont pas à la craindre, sachez-le.

Un ouragan de flammes embrasa la toiture, se propagea le long des boiseries qui la soutenaient, lécha les murs de torchis.

— Ne la craignez pas, car elle s’en vient, psalmodia Messaline ; le repos vous attend, libérez-vous de vos peines !

La veuve qui avait reçu son enseignement la veille se traîna à ses pieds, serrant convulsivement le manche d’un long couteau. Elle pleurait, et la fumée la suffoquait déjà, peu à peu. D’un geste très doux, la liche guida sa main tremblante lorsqu’elle plongea la lame dans sa poitrine et soutint son corps qui s’affaissait pour le laisser reposer au sol.
Tirant le couteau ensanglanté, l’élevant en l’air déjà envahi de fumerolles étouffantes, Messaline vit de nouveau venir à elle les désespérés, ceux qui préféraient un sort rapide à l’interminable agonie des flammes. Une fois, deux fois, le fer trancha la chair pour offrir le salut tandis que la prêtresse égrenait sa prière et que les cadavres s’amoncelaient. À un nourrisson encore sur sein de sa mère mourante, elle brisa la nuque, avant de recueillir le dernier souffle de la femme étendue, et puis il n’y eut plus rien. La toiture céda sur eux, et Messaline se contenta de s’abriter comme elle le put, terrée dans un angle du souterrain.

Un survivant éperdu se tira hors des décombres, rampant au milieu de l’incendie qui faiblissait déjà dans la terre humide. Le chaume et les poutres avaient déjà brûlé presque entièrement, consumés en instant par la magie, ne laissant que des murs noircis qui se dressaient comme des dents cariées dans le village dévasté. D’autres gémissaient dans les décombres, et dans le silence soudain, à peine rompu par les craquements et les sifflements sinistres des flammes, on n’entendit soudain planer que la brise du petit matin qui avivait les dernières braises et couchait les panaches de fumée sur les restes du village. Il ne s’en était fallu que de quelques minutes, en vérité ; quelques chocs sourds, bruits infâmes des chairs rompues sous le fer, sous les lames, les flèches et les projectiles brisèrent le calme.

Le plus gros était fait. Messaline tendit l’oreille, écoutant sans un bruit. Des frottements métalliques trahissaient la présence des soldats qui arpentaient manifestement les ruines à la recherche de survivants. Un de ceux qui étaient restés auprès d’elle vivait toujours, s’aperçut-elle non sans étonnement. Son regard conservait toute sa lucidité, terrible, âpre, douloureuse, derrière son masque de suie. Un jeune homme, dans la force de l’âge. Messaline lui sourit, tout doucement.

— Veux-tu vivre ? chuchota-t-elle.

Il hocha la tête, prudemment. L’âme dévastée était un champ fertile pour le prêche, Messaline ne le savait que trop bien.

— Pars, alors. Fuis, et parle. Souviens-toi de mes mots. Souviens-toi du salut, souviens-t’en, et offre-le à ceux qui le désirent. Tu n’as pas été épargné par hasard. C’est un signe, je le sais, et à présent que tu as tout perdu, vois où se trouve la vérité, vois où se trouve la liberté qui t’est offerte.

Elle lui pressa l’épaule, le poussant en avant.

— Va ! Nayris ne viendra pas pour toi, pas ce jour. Elle ne t’a pas épargné en vain.

Messaline avait à peine susurré ces derniers mots à son oreille, et lui fit signe de partir. Il souffrait de brûlures encore modérées, le souffle rongé par la fumée, mais il était tout à fait apte à s’en sortir. Les soldats étaient encore loin, quadrillant méthodiquement le village, mais la maison n’avait pas encore fait les frais de leur morbide ouvrage.
Le garçon semblait dégourdi, et de fait, il parvint sans peine à s’extraire du carnage. Le désordre qu’il fit dans sa fuite et les râles d’agonie de quelques mourants autour d’eux attirèrent cependant bien vite l’attention de ceux que l’on avait chargés de la funeste besogne d’achever les blessés. Désirant faire diversion, Messaline fit mine de se traîner jusqu’en haut de l’escalier de la cave et feignit de souffrir de blessures que l’on ne voyait pas. Restait à savoir de quelle manière elle parviendrait à se débarrasser de ceux qui avaient décidé de décimer un village entier sur la foi d’un soupçon...

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Ven 2 Jan - 15:11
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Sans un bruit, dans une trajectoire semblable à celle du soleil qui se couche sur le monde et laisse place à la nuit glacée, le bras du général impérial s'abaissa enfin. L'ordre était donné. Le village allait être annihilé. Les cris des soldats retentirent à travers tout le village. « Déchaînez les Enfers ! » Voilà le message qui vibrait à travers la brume. Trataïr laissa en hâte la place aux trois pyromanciens qui étaient en presse de brûler tout ce qui se trouvait devant leurs yeux. Ils lancèrent tour à tour d'immenses boules de feu qui léchèrent avec avidité les toits de chaume et les murs de torchis. Avalant sous leur fournaise tout ce qu'elles pouvaient. Les cris des malheureux ne tardèrent pas à déchirer l'air. Les hommes sortaient de leurs maisons, l'arme au poing, déterminés à résister aux attaquants. Mais ils se faisaient invariablement abattre dans la minute par un des archers de Trataïr. C'était une orgie de sang, de cris, de flammes et de chagrin. Un cocktail qui faisait frémir le général qui regardait pourtant la scène d'un visage impassible. Il essayait de donner le change, de paraître satisfait du résultat. De temps à autre, il prodiguait des encouragements aux soldats. Hurlait à travers la plaine de continuer, de tuer, de détruire tout ce qui passait sous leurs regards. Ses hommes galvanisés lui répondaient toujours en hurlant d'égale voix.

Quelques longues minutes plus tard, un funeste silence s'était installé dans le village. On entendait plus que quelques gémissements à peine audibles mais que le lycan percevait sans vraiment de mal. L'odeur acre de la fumée mélangée à celle métallisée de l'hémoglobine parvenait enfin au nez de l'impérial qui soupira. C'était un parfum tellement familier désormais. Le parfum de la mort, de la douleur... de la guerre en somme. Il rameuta tous ses hommes autour de lui. Ils étaient tous content de ce qu'ils faisaient et plaisantaient entre eux. Néanmoins, un mot de Trataïr et ils se turent tous. Même les mages qui restaient fier et persifleur en toutes circonstances écoutaient désormais le général d'une oreille attentive.

- Bien ! Vous avez fait du très bon travail. Je suis fier de vous et vous pouvez l'être également. Je vais m'occuper des survivants. Même si je doute qu'après pareil spectacle il en reste !

De fougueux éclats de rire résonnèrent à travers l'assemblée. Quelques secondes plus tard, Trataïr redemanda le silence d'un geste de la main.

- Vous, allez vous reposer, manger un bout et dormir un peu. Vous l'avez bien mérité.


Tous manifestèrent leur joie par des approbations bruyantes et des rires énergiques. Ils portèrent aussi leur général en triomphe en scandant son nom pendant une bonne minute. Celui-ci calma l'atmosphère de la main avant de laisser ses hommes partir vers le camp dans le bosquet de chênes. Lui resta immobile de nombreux instants devant le spectacle du hameau dévasté. Rongé par les flammes et la mort. Il ferma un peu les yeux avant de saisir sa masse d'arme et de descendre la petite pente qui menait aux ruines de ce qui était, il y a encore quelques minutes, un paisible village de fermier.

La scène qui se jouait devant ses yeux avait tout d'une peinture prophétique sur la fin du monde. Les cabanes dévorées par les flammes voyaient leur toit s'effondrer sous les attaques répétés du feu sur leurs poutres. Une épaisse fumée noire recouvrait l'ensemble de chaumières de sa présence lourde et morbide. Aux pieds de l'archer se tenait un chien, désormais mort, toujours son os entre les pattes. Un trait lui avait traversé la cage thoracique et il baignait désormais dans son sang. Où que le général posait les yeux, il n'y avait que destruction. Mais c'était son devoir, il devait détruire, il le faisait en toute connaissance de cause. Il entama ensuite sa funeste marche parmi les décombres. Il localisait aisément les survivants et les abattait le plus humainement possible. Tout en accomplissant sa mission, il chantait. Oui. Il chantait une ancienne chanson du peuple des elfes que son ami Valor lui avait apprit. Ils chantaient cela après chaque épreuve.

   Ú i vethed nâ i onnad
     Si boe ú-dhanna.
     Ae ú-esteli , esteliach nad.


Et en même temps que la mélodie lancinante résonnait à travers les ruines, il continuait inlassablement d'abattre un à un les survivants du massacre. Méthodiquement. Sans accorder ni une prière, ni une attention à ces pauvres victimes du mauvais sort.

    Ú i vethed nâ i onnad.
 
     Nâ boe ú i,
 
     Estelio han, estelio han, estelio,
     Estelio han, estelio meleth.

 

Puis, une légère pression se fit sentir sur le bas de son pantalon. Il baissa les yeux avec surprise et découvrit une femme à ses pieds. Elle avait les jambes bloquées par une large poutre. Son visage noyé de larme était en grande parti brûlé. Elle fixait les émeraudes de l'archer avec une telle intensité que celui-ci détourna le regard avec vigueur. Il leva sa masse au-dessus de la tête de la pauvre femme...


     Esteliach nad, estelio han.



Et en essayant de ne pas entendre les sanglots désespérés de la condamnée, il abattit vivement le morceau de métal sur son crâne qui se fendit en un craquement sourd. Puis, le silence revint. Le général n'accorda même pas un regard à sa victime et s'en alla vers une autre chaumière. Il fredonnait encore et toujours la même mélodie.

Ú i vethed nâ i onnad
     Si boe ú-dhanna.
     Ae ú-esteli , esteliach nad.
 
     Ú i vethed nâ i onnad.
 
     Nâ boe ú i,
 
     Estelio han, estelio han, estelio,
     Estelio han, estelio meleth.
 
     Esteliach nad, estelio han.


Tout en concluant le poème, il poussa la porte de la cabane. Celle-ci s'effondra sans opposer plus de résistance. La poutre en bois sur laquelle étaient fixés les gonds avaient été complètement rongée par le feu et elle céda d'une simple pression de la main du soldat. Derrière, il découvrit avec surprise une ravissante demoiselle. Son teint pâle rappelait l'éclat de la Lune et malgré ses pauvres habits, elle gardait une lueur fier, presque royale dans son regard sombre. Nul doute, elle était déterminée à rester en vie. Elle était la dernière de son village encore debout. Une bravoure qui pinça le cœur de Trataïr. Pourquoi pareille dame devait périr... pourquoi par sa main.... Il se ressaisit bien vite et se résolu d'au moins tenté d'entamer le dialogue. Autant offrir des derniers instants peu pénibles à cette femme si courageuse.

- Tiens, vous êtes encore debout ? Bravo. Vous vous êtes cachés quelque part ? Y'en a-t-il d'autres cachés ici ?

Trataïr

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Ven 2 Jan - 18:19
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Peu à peu, un funèbre silence tomba. Des sifflements de braises, des craquements de bois consumé, des grincements, et puis, plus rien. Au milieu de tout cela, la complainte tranquille du vent semblait incongrue, comme un rappel du réel, de ce qui vivait tout autour. Et plus étonnant encore, une voix. Messaline l’entendit au loin, au début ; elle se rapprochait, tranquille, comme indifférente à ce qui se passait. Un soldat, à n’en pas douter, ou bien quelqu’inconscient qui trouvât plaisant de chantonner au milieu des cadavres. La chose n’était pas désagréable et son esprit se prit à trouver cela joli ; il y avait une esthétique indéniable, une beauté funèbre à ce ton grave et mélodieux qui planait dans le calme soudain.

La voix était toute proche quand le jeune homme parvint à retrouver assez de présence d’esprit pour s’enfuir, jetant un dernier regard éperdu à Messaline, avant de disparaître derrière le mur calciné. Elle s’apprêtait à se relever pour en faire de même quand la porte, ou ce qu’il en restait, s’ouvrit sur un homme armé, sa cuirasse étincelante dans le soleil du matin, manifestement affairé à achever les derniers survivants, éclaboussé çà et là par sa tâche morbide. Fort heureusement, l’expressivité du visage de la liche put passer pour ce vide que l’on voit chez ceux qui sont en état de choc et ne pas alerter le soldat. Elle demeura debout, en alerte, sans manifester le léger étonnement amusé qui lui vint en distinguant une pointe de regret chez cet homme qui semblait se désoler de devoir s’en prendre à son joli minois.

— Non.

Elle désigna l’ouverture de la cave, à ses pieds.

— Je les ai aidés à se donner la mort. Ils l’ont préférée de moi, plutôt que de vous.

La liche rajusta son voile, les longs plis de sa robe souillée de sang et de centres. On ne lui voyait aucune blessure, rien, et au milieu du carnage, elle semblait plus irréelle que jamais dans ses humbles vêtements de pèlerine qui faisaient comme un nimbe sombre autour de son visage laiteux.

Quelque chose au fond d’elle s’ingénia à s’engouffrer dans l’infime, minuscule fracture qu’elle avait entrevue chez le soldat. Rares étaient les tueurs sans âme et sans reproches, il y avait toujours matière à remuer, à saisir, à s’emparer pour mieux se jouer d’eux. Elle était curieuse de ses réactions, et son œil froid prévoyait déjà, questionnait, envisageait les possibles...

— Préféreriez-vous que j’attende le trépas à genoux ? Cela serait-il plus seyant à vos yeux de bourreau ?

Sa voix était très douce, très suave, un brin monocorde, il est vrai, mais elle faisait des efforts pour la rendre plus humaine à l’oreille, un peu moins... Morte.

Ce disant, elle s’assit sur quelques pierres effondrées joignant les mains, affectant un sourire tristement ironique. Ainsi, elle ressemblait à quelques pleurantes que l’on voit, drapées de pierre et de marbre, figées pour toujours sur les mausolées et les tombeaux. Une antique figure, soudain si présente, toute en couleurs et en chair et en ombres, en reflets brillants ça et là. Partout où l’œil pouvait se poser sur elle, sur ce qu’elle laissait entrevoir depuis les replis de ses voiles, tout semblait trop parfait pour sembler réel. Les longs doigts joints avaient la couleur de l’ivoire poli, et le soleil qui tombait dans quelques mèches de sa chevelure semblait refléter une mer de cuivre et d’or mêlés.

Messaline

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Mar 6 Jan - 11:27
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La peau de la demoiselle, d’un blanc si pur, presque diaphane, alla presque jusqu’à émerveiller le général dans ce tableau de désolation et de mort. Telle une renaissance au milieu de la pourriture. Elle semblait d’autant plus belle et extraordinaire lorsque l’on se rendait compte que cet écrin de pureté avait vu le jour, aux yeux de Trataïr du moins, dans le plus grand des chaos. Où le sang se mêle à l’humidité ambiante tant il abonde pour donner à l’air une vague odeur de fer écœurante. Mais loin d’envouter le jeune homme, cette beauté le rendait… triste, amer. Comme si vous donniez le jouet préféré d’un enfant alors qu’il est devenu homme depuis longtemps. La demoiselle ne devait pas se trouver là. Pourquoi alors y était-elle ? Pourquoi de la beauté pouvait naître dans un pareil berceau ? Pourquoi fallait-il qu’il rencontre quelqu’un d’aussi déstabilisant pendant qu’il réalisait une bien basse besogne qu’il donnerait tout pour ne pas faire ? Le doute empli l’esprit de l’archer qui ne su rien faire pendant de longs instants. Il voyait la femme s’agenouiller pour attendre la mort. Alors c’était cela qu’il était devenu ? Un bourreau ? Désormais il était tellement marqué du sang des autres que les innocents se pliaient devant lui pour attendre qu’il fasse son funeste travail !

Les yeux chargés de colère, il leva sa puissante arme au-dessus de la tête de la jeune femme. Se préparant à l’abattre comme il l’avait fait avec une bonne demi-douzaine d’autres personnes depuis qu’il était descendu de sa colline. Mais là… il n’y arrivait pas. Il n’arrivait pas à frapper. Accablé de haine contre lui-même, il poussa un rugissement puissant tout en abattant violemment sa masse d’arme contre la table juste à côté d’eux qui se fracassa en projetant des éclats de bois dans toute la pièce. La poussière envahit bientôt les lieux mais lorsqu’elle retomba, Trataïr était toujours devant Messaline, mais ses crocs étaient clairement visible et un éclat bestial illuminait ses yeux d’une lueur prédatrice. Il voulait chasser, oui. Mais chasser quoi dans ce village morbide ? Sa haine, sa douleur, la jeune femme même pour qu’elle ne le hante plus… Tout. Tout pour oublier cette funeste journée.

D’un geste vif mais distrait, il lança de son experte main l’arme dans un coin de la pièce qui tomba au sol dans un bruit sourd. Il alla s’appuyer contre un mur, devant la demoiselle, le regard sévère en montrant les crocs et en grognant à intervalle régulier. Il fixait celle-ci comme le fauve qui attend que sa proie bouge pour lui sauter dessus et l’égorger. Et même si ce n’était aucunement son but, il savait très bien que ce corps serait capable de le pousser à faire une chose pareille. C’était si simple de tuer.

- Parles. Pourquoi est-tu ici ? Pourquoi est-tu vivante ? Pourquoi je n’ai pas réussi à te tuer comme tous les autres avant toi ? Utilises-tu une sombre magie qui m’empêcherait de le faire ?

Lui-même ne croyait pas en sa théorie. Ce serait trop facile. Ce serait trop facile que ce soit la faute de quelqu’un d’autre. Non… la vie est bien plus cruel et il ne faisait que reculer désespérément le jour des règlements de compte. Bien vite, le silence qu’elle faisait fort de maintenir mit très mal à l’aise le lycan qui recommença à grogner bruyamment. Il fit les cent pas en attendant qu’elle se décide à dire quelque chose. Mais l’attente était trop longue.

- PARLES !!


Il la dévisageait avec tant de haine qu’il cru presque que sa transformation en hybride était complète. Mais non. Il était toujours vêtu de sa peau d’humain. Une peau qu’il pensait désormais ne plus mériter. Il regardait la jeune femme droit dans les yeux. Il n’avait pas ce don de lire dans le regard des autres et là, il ne voyait que le néant. L’indifférence. Les ténèbres…

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Jeu 15 Jan - 15:37
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La tête courbée sous le voile, les mains jointes comme une orante endeuillée, Messaline releva néanmoins un œil curieux, guettant, embusquée sous la chevelure, la réaction du soldat. Le trouble, indicible, montait en lui comme une eau noire, sourdait de toutes parts, et sous son regard avisé, accoutumé de son vivant à contempler les états d’âme de son prochain, la liche observait sans mot dire les effets progressifs du doute, et de ce qui ressemblait à une sourde souffrance, obsédante, à une rage soudaine et sans motif, quelque chose qui avait perturbé la course inerte de son devoir machinal. Oh, peut-être s’était-il soudain rappelé qu’il avait une âme, quelle qu’elle soit, peut-être une conscience... Que c’était curieux ! Elle voulait en savoir plus. Les émois et les tourments de l’âme, leur connaissance intime et féroce serait fort utile dans son ouvrage ; partout où elle voyait une faille, elle n’avait de cesse de s’y engouffrer, déposant son poison comme on sème les graines de noirs liserons prêts à grandir et à tout étouffer.

Un chuintement, un sifflement d’air sur le fil de la lame qu’il leva fit presque sourire Messaline qui courba plus encore la tête et étira longuement sa nuque voilée pour mieux l’offrir à la morsure de l’âme. Nouvelle expérience, elle ignorait dans les faits ce que pourrait produire pareil coup sur elle. Peut-être passerait-elle pour morte, et elle espéra soudain secrètement que son souvenir, celui de l’acte qu’il s’apprêtait à commettre, puisse encore hanter le soldat, et qu’elle aurait l’occasion de retrouver sa trace pour en observer les effets. Qu’il la tue ou l’épargne, les deux solutions ne manquaient pas d’intérêt et produiraient des effets qui seraient tout à fait curieux.

Messaline attendit le coup fatal, qui ne vint pas. Le fracas soudain qui succéda au silence était assez éloquent. Elle eut à peine le réflexe de se protéger les yeux et le visage des débris du bois brisé et de la poussière qui s’éleva, et se remit lentement sur ses jambes dans un geste beaucoup trop mécanique pour être naturel. Soudain, tout avait changé, et la colère s’épanchait librement, brûlait sans entraves sur le visage transformé du soldat, ses crocs à nu comme des dagues tranchantes, et ses yeux incandescents. Elle demeura silencieuse, droite et humble dans ses atours tachés de sang et de cendres, ne cessant de l’observer de ses longs yeux sombres. Pas une expression, pas un signe d’effroi ou de surprise ne passa sur ses traits trop lisses, et elle était soudain si dérisoire, comme un jouet, une poupée de porcelaine dont il serait si facile de briser la nuque, les membres, disloquer ses os et sa chair aux quatre vents, et la rendre au sort funeste qui aurait dû l’attendre.

Muette, elle ne dit rien. Elle le laissa parler, oubliant à dessein de feindre la vie, ne cessant de détailler ses expressions, écoutant chaque intonation de sa voix rugissante, soudain tellement discordante et sourde comparée au mélodieux murmure qu’il avait promené dans les ruines un moment plus tôt. Il n’était pas humain, c’était un fait, sans doute un lycan. Il s’agitait, usé par le silence impavide de la liche, enrageait, elle sentait monter la violence et la rage au fond de lui, jusqu’à ce rugissement assourdissant qui franchit ses lèvres alors qu’il la fixait enfin dans les yeux. Sans doute cherchait-il quelque chose, dans l’ambre noir de ses iris immobiles, mais il n’y aurait jamais rien que l’abîme pour lui rendre son regard.

Enfin, la liche rompit son silence.

— Non, fit-elle d’une voix douce. Je n’ai rien fait. Tes yeux ne t’ont pas trompé, j’étais à ta merci, mais tu ne m’as pas tuée, tu as retenu ton bras et désobéi à tes ordres.

D’un geste, elle laissa tomber sur ses épaules le voile qui lui couvrait la tête, laissant son beau profil de statue se dessiner en pleine lumière entre les circonvolutions de ses cheveux roux. Sa bouche esquissa un sourire qui demeura suspendu sur ses traits purs, comme un masque.

— Pourquoi ? Tu as vu mon visage et tu as hésité. Répugnes tu tant que cela à tuer ce qui est beau, toi qui as assassiné l’innocence ?

Messaline

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Lun 9 Fév - 9:41
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Spoiler:

La nervosité du lycan était palpable. Plus qu’un pas. Un seul petit pas à franchir avant de tomber dans le gouffre de sa moitié animale. Une fois ceci fait, ce serait si simple. Il déchiquèterait sans aucun remord la survivante et l’histoire serait finie. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il ne se transformait pas ? Le voulait-il seulement ? Il n’était absolument pas le moment ni l’endroit de se remettre en question comme cela et pourtant… Voilà pourquoi la jeune femme lui paraissait aussi mystique et invulnérable. Complètement déconnectée de la réalité de ce monde, comme lui en cet instant, elle semblait se jouer des autres comme si ceux-ci n’étaient que de simples jouets entre ses frêles mains. Risible situation, mais le commandant fit abstraction des apparences, trop occupé à se tourmenter de questions. Lorsque, enfin, la demoiselle répondit, c’est avec effroi qu’il constata que, non seulement elle ne répondait à aucune de ses questions, mais en plus sa réponse lui faisait s’en poser de nouvelles.

En face de la liche, Trataïr ressentait quelque chose qu’il n’avait pas connu depuis longtemps : la peur. Pas la peur de mourir, non. Celle-ci était la compagne de tout guerrier, aussi courageux qu’il soit. Mais la peur qu’il éprouvait en ce moment était bien plus profonde, plus primale, mais aussi plus terrifiante. Il avait peur de se perdre. Comme les petits enfants dans la forêt. C’était une peur simple, enfantine, mais qui peut affirmer qu’elle était infondée ou que, avec du recul, elle était idiote. Non. Même adulte on continue à avoir cette phobie. Mais rares sont les fois où elle se manifeste. Mais là, maintenant, elle bombardait l’esprit du lycan avec tant d’ardeur qu’il crut que sa tête allait exploser. Il restait là, sans bouger, le corps secoué d’une respiration lente et puissante qui soulevait sa poitrine dans un rythme régulier. Ses dents très visibles reluisaient dans les faibles lueurs des braises rougeoyantes de la maison. Il avait la tête baissée, tel un repentant et de sa gorge s’échappaient des grognements sourds. Il voulait laisser libre court à sa colère. Simplement, celle-ci ne se satisferait point du sang d’une innocente. Du sang qui coulait si souvent sur le corps robuste du jeune homme qu’il ne satisferait plus jamais l’appétit de sa rage. Elle quémandait autre chose, mais quoi ?

En attendant que le temps lui réponde, Trataïr devait d’abord le faire à la jeune femme. Mais ce ne sera pas sans d’abord la saisir fermement par le bras en plantant son regard embrasé dans le sien toujours aussi vide de vie. Il fut surpris que celle-ci ne se défende pas. Elle se laissait balloter par les courants impétueux de la colère du lycan sans opposer aucune résistance. Agacé par ce dédain impérieux, le commandant impérial renonça cependant à tirer des émotions de ce morceau de pierre taillée en femme.

- Les innocents étaient faibles. Voilà pourquoi je les ai tués. Ils m’imploraient, me demandaient la pitié. L’Empire ne tolère pas de tels chiens dans ses terres. Toi… toi par contre, tu ne dis rien, tu ne bouges pas, comme si cela t’importait peu de mourir… Contrairement à ces vermines tu as du courage… ou de la folie. Dans les deux cas, l’Empire apprécie des gens comme toi. Je ne t’ai pas tuée parce que tu peux être utile à notre cause. Alors, cela t’intéresse-t-il ?

Ceci était bien évidemment un immense tissu de mensonges absurdes. Certes l’Empire affectionne les fous et les braves, mais là n’était pas la véritable raison du geste de l’archer. Elle s’en doutait certainement, car la folie se mêle souvent à l’intelligence. Mais ce n’était pas vraiment à elle que Trataïr mentait…

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Dim 1 Mar - 14:15
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Dans cet esprit froid et morne, tout fait de rouages et de métal qu’était devenue Messaline, il n’y eut aucun plaisir, aucune envie à voir le lycan dans un état aussi agité, dans cette colère douloureuse qui allumait des brasiers dans ses yeux ; juste de l’intérêt, pour tout dire, cette cruauté presque innocente qu’ont les enfants qui mettraient le feu à une fourmilière pour en observer les résultats. D’un mot, d’un sourire, elle perturbait la course de cet être, elle semait le chaos. C’était étrange, et ô combien fragile... Sans doute était-il tout proche de céder, sans doute n’était-il rien de plus qu’un échafaudage instable où on avait qu’à retirer une planche, bousculer un étai pour tout voir vaciller et s’effondrer comme un château de cartes.

Il était sur le fil, encore : elle le voyait dans son regard, dans la luisance malsaine de ses crocs à demi sortis, juste à un pas de céder à la sauvagerie et de ne faire qu’une bouchée d’elle. Intéressant. Elle n’avait que fort peu fréquenté de lycans, mais ils lui avaient toujours semblé si proches de l’animalité, et pire encore. Pire, parce que cette sauvagerie que l’on impute aux bêtes, qui leur est naturelle, qui n’est pas volonté de nuisance, mais simple nécessité de survie devenait consciente, ô combien consciente chez ceux qui avaient encore assez d’humanité pour savoir ce qu’ils faisaient... Et c’était cela, c’était ce frisson ardent de la cruauté qui se savait être et qui ne s’ignorait plus, qu’elle pouvait regarder s’enflammer dans les yeux du loup. Peut-être la crainte, aussi. Il réagissait comme un animal blessé, comme un fauve traque qui se retourne contre la main qui cherche à le blesser, une réaction instinctive et automatique d’attaque pour éviter d’être tué.

Représenterait-elle un danger pour lui ?

C’était presque risible, mais soudain il parla, de nouveau, sa voix pressée, sifflante et grondante toute à la fois, bien loin du murmure mélodieux qui avait voleté dans les ruines un moment plus tôt. Il avait saisi son bras, mais elle ne fit aucun mouvement pour tenter de lui échapper et se contenta de lui opposer un visage de porcelaine immobile, aussi perturbant et immuable que ceux des poupées. Soudain, elle rit. C’était faux, c’était feint, mais pour tout dire c’était ce qu’elle aurait fait de bon cœur si elle avait été vivante. Lui rire au nez, piétiner ses idéaux stupides. La force, la faiblesse, quelle importance ?

— Du courage ?

Un rictus lui tordit la bouche.

— Je n’en vois nulle part, ici. Certainement pas en toi.

Quelque chose prit son essor sur le visage de la liche, presque un sourire, plutôt un long étirement qui lui fit montrer les dents.

— Je sais, murmura-t-elle.

Sa longue main pâle s’éleva jusqu’à lui, effleura son visage, comme une caresse de givre.

— Je sais ce qui attise ta colère, soldat. Tu ne comprends pas, n’est-ce pas ? Pourquoi je n’ai pas de crainte devant toi, pourquoi je suis toujours là, je ne fuis ni ne t’implore, pourquoi je suis la preuve de ton massacre inutile...? Je suis une erreur, je ne devrais même pas exister, n’est-ce pas ? Mais il y a autre chose, je crois ; aucune ire ne peut être aussi profonde si elle n’est attisée par quelque chose.

Ses doigts s’attardèrent le long de sa mâchoire, glissant, si blancs et si froids qu’il semblaient fait de neige et non de chair vive. Soudain son sourire se faisait angélique, comme une madone bienfaisante qui lui faisait face sous son nimbe de soie rousse. Pourtant, malgré toute la douceur, malgré toute la tendresse de ses traits, ses yeux demeuraient froids, vides comme des puits d’ombres qui n’attendaient qu’une erreur pour le dévorer.

— Est-ce de moi que tu as peur ? murmura-t-elle.

Elle regretta presque de ne rien retirer de plaisant à cela. Pourtant, tout était réuni ; les circonstances étaient idéales, et elle n’aurait pu tomber mieux que sur cet homme. Elle, surgie de l’ombre, encore debout dans ce champ de mort, comme un cauchemar en plein jour échappé de cet interstice où se logent les terreurs d’enfants et les obscurités dévorantes, juste là au bon moment pour le faire dévier de sa course. Elle pensait avoir deviné ce qui se tramait là : l’incongruité de sa présence et de son être tout entier, ce décalage avec la réalité produisait bien plus que de la surprise : quelque instinct enfoui, sans doute, éveillait peut-être de la crainte, à tout le moins la rage de voir que quelque chose de ne cadrait pas, que tout n’allait pas de soi, dans une norme qui n’était jamais qu’une illusion.

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Sam 14 Mar - 10:18
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La sueur perlait sur le visage bestial du jeune homme. On ne pouvait deviner si cela provenait des flammes rugissantes tout autour d'eux ou bien si c'était autre chose, quelque chose de plus vil et insidieux, de plus terrible surtout. Car le feu aveugle dans sa destruction n'est rien comparé à ce sentiment qui détruit méthodiquement, avec précision et efficacité chaque barrière mentale que l'être soumis s'évertue à ériger depuis sa plus prime enfance pour se protéger de lui. Ce sentiment si puissant et redoutable... Trataïr ne l'avait pas ressenti depuis longtemps envers quelqu'un d'autre. La seule entité qui, depuis des mois, lui causait les même tourment c'était lui-même. Mais pour la première fois depuis sa transformation, quelqu'un d'autre lui faisait cela. Quelqu'un d'autre lui faisait peur.

Une peur primale, aussi instinctive que les griffes qui se dessinaient au bout de ses doigts alors que, dans l'esprit de Trataïr, le danger était de plus en plus grand. Mais pourquoi ? Pourquoi cette demoiselle au teint d'albâtre et aux cheveux de feu le terrifiait à ce point ? Il voulait savoir, il devait savoir. Lorsqu'elle se mit à rire, il sentit un immense frisson lui parcourir l'échine pour arriver en écho dans son crâne et faire vaciller sa raison. Ses mots... ses mots étaient si vrais... Il n'était pas le guerrier sans pitié que ses hommes peignaient de sa personne. Il n'était pas ce commandant puissant que rien n'arrêtait. Il n'était plus qu'un petit être fragile et instable, sur le fil de la terreur. Il était prêt à se laisser tomber dedans, à laisser des milliers de tourments refoulés lui revenir par bribes incessantes et lui dévorer peu à peu l'esprit.

Lorsqu'elle posa cette ultime question, le loup esquissa une dernière grimace de colère bouillonnante avant d'abandonner. Ses crocs disparurent derrière ses lèvres striées par la soif. Ses griffes laissèrent de nouveau la place à des ongles tout ce qu'il y avait de plus humain et la lueur sauvage de ses yeux s'éteignit. Son visage n'exprimait plus la colère mais un mélange maussade de tristesse et de résignation. Il laissa planer ce masque pathétique sur son visage ambré avant de dévisager la jeune femme d'un regard dénué de tout sentiment positif. Elle avait gagné... pour le moment.

- Oui, c'est vrai, j'ai peur... je te l'avoue. Mais sais-tu pourquoi ? Parce que je sais maintenant qui tu es... J'ai réussi ma mission, il n'y a plus personne de vivant dans ce hameau. Pas plus toi que d'autres. Ton cœur ne bat pas plus que celui de cette femme sous mes bottes quelques minutes plus tôt. Et pourtant... pourtant tu es debout, tu parles, tu ris et tu détruis...

Un rictus incongru tordit son visage.

- J'ai tué des hordes de pourritures revenues du royaume des morts comme toi. Mais la peur qu'ils m'inspiraient était... futile quand j'y repense. Mais toi... toi.... tous mes sens m'ordonnent en hurlant de m'enfuir devant toi.

Il s'approcha un peu plus de la demoiselle. Elle n'avait aucun parfum, aucune chaleur même dans ce brasier. Elle lui inspirait un dégoût innommable. Personne ne devrait rester de marbre face à autant de danger. Ce n'était pas une femme, mais un monstre dénué d'humanité. Comme elle le disait si bien, c'était une anormalité.

- Dis-moi sur le champ pourquoi. Pourquoi est-ce que même un loup, ce prédateur fier et puissant, fuirait devant toi sans demander grâce ? Tu n'es pas qu'un monceau de chair animé d'une quelconque capacité de se mouvoir... tu es autre chose. Quelque chose qui effraie même les monstres des fables.

Son regard était haineux. Mais sans aucune colère. C'était presque du mépris... mais c'était un masque évidemment. Par quelle volonté divine arrivait-il encore à supporter la vue de cette chose ? Le loup qui était en lui brûlait de fuir à toute vitesse, mais lui... l'humain... il restait là. C'était un rude combat que de faire face à son instinct et de lui résister, mais il y parvenait. Et il ne partirait pas sans réponses. Il se le jura pour lui-même.

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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Mar 24 Mar - 19:58
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Tout s’embrasa, l’incendie s’étendit, gonfla, ronfla dans les yeux du loup et puis, soudain, plus rien. Le feu rompu, vaincu, décrut et ne fut plus réduit qu’à des braises ardentes dans un regard qui mourait un peu alors que ses traits retrouvaient leur aspect initial. Petite victoire, victoire et demie. Il avait saisi, enfin, l’ironie de la chose : non, plus rien ne vivait, là. Il était le seul à respirer encore cet air chargé de cendres et de puanteurs d’agonie.

Pour toute réponse, Messaline se fendit d’un très long et très doux sourire plein d’une céleste pitié de madone. On aurait pu se délecter de toutes les émotions contraires qui pouvaient s’affronter dans le cœur et l’esprit du loup ; pourtant, peu à peu, il n’en laissa presque plus rien paraître, au point de sembler imperturbable à présent. Il ne dégageait qu’une haine farouche, implacable, celle que toute chose vivante porte aux morts qui marchent, et qui allait bien au-delà d’une simple opposition entre deux camps rivaux. Elle inclina sa jolie tête sur le côté, et sa longue chevelure ruissela, toute pleine d’éclats de soleil et de lueurs fugaces, irréelle et bien trop parfaite dans ses circonvolutions de soie rousse zébrée de miel sombre. Le vent souleva à peine les mèches lourdes qui ne répandaient pas plus de parfum qu’une fleur fanée, ne remuant qu’un vide abscons, ce néant qu’elle dégageait.

-Il y a donc quelque sagesse, au fond de toi, dit-elle enfin d’une voix très suave.

Elle baissa d’un ton, et de nouveau ce ne fut guère plus qu’un murmure qui s’éleva à fleur de lèvres.

-Tu devrais l’écouter.

Pourtant elle ne semblait pas dangereuse, si fine, si frêle au milieu de ses voiles couleur de cendre, presque dérisoire face à l’ire douloureuse du guerrier. Mais elle savait que pour se sortir de là, il lui fallait jouer sur la faiblesse qu’il avait eu le tort d’afficher, instiller, distiller la peur et la pousser à son paroxysme pour lui retourner l’esprit. Le pousser à la fuite, à l’erreur, assez pour lui permettre de s’échapper.

D’un geste tranquille, comme s’ils n’étaient que deux amis en train de converser et pas deux ennemis potentiellement affrontés, elle ramassa son voile qui gisait à ses pieds et s’en couvrir de nouveau, faisant disparaître sous l’étoffe couleur de cendre la chevelure flamboyante. Elle dissimula un instant son visage, jusque assez pour modifier les traits de son visage, de manière à peine perceptible. La couleur et la forme des yeux changea un peu, l’arc des sourcils s’incurva et s’épaissit, le menton s’allongea en avant, mais le sourire demeurait, immobile, comme suspendu.

-Mais suis-je seulement réelle ? lança-t-elle en s’écartant un peu, drapant coquettement son voile autour de sa jolie tête qui s’inclinait de nouveau dans une triste parodie d’innocence espiègle.

On ne vit soudain plus que ses yeux tandis que sa main élevait le pan d’étoffe pour dissimuler le reste, et ce mouvement aurait pu paraître si anodin, comme une coquette femme qui se retranche avec pudeur et modestie, s’il n’y avait l’éclat profond de ses pupilles façonnées d’ambre et de jaspe noir.

-Peut-être ne suis-je qu’un cauchemar qui t’apparaît dans le monde éveillé, peut-être ne suis-je rien qu’une illusion...

Ses longs doigts s’écartèrent et l’étoffe retomba sur la grimace d’un visage de cadavre. Les lèvres blanches se retroussaient sur un sourire jauni aux gencives pâles, les joues se creusaient, bleuâtres, sous des yeux caves enfoncés comme des pierres dans de longs puits de chair tuméfiée, la chevelure n’était plus que poignées de mèches rêches comme des herbes folles, et elle riait encore.

-Peut-être que tout n’est qu’illusion, après tout. Toute chair n’est-elle pas condamnée au néant ?


Un rire faux, un rire de corbeau qui n’a jamais connu l’aurore lui échappa dans un soubresaut.

-Sans doute m’aurais-tu tuée si je m’étais présentée à toi sous ce visage, n’est-il pas ?

Messaline

Messaline


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Il ne doit plus rester de vivants dans ce village ! [PV: Messaline] Sand-g10Mar 7 Avr - 15:09
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Messaline… Cette vestale spectrale qui jouait de sa silhouette gracieuse pour toujours plus perturber les émotions volcaniques du commandant impérial… Tout dans sa voix, ses gestes et sa posture respirait la terreur infernale que les fantômes revenus du royaume des morts s’amusent à répandre à travers le paisible monde. Les tourments infinis d’une vie de malheur incarnés dans cette demoiselle dont la seule mission était de tout rejeter sur la créature vivante qu’était Trataïr. Au milieu de ce nid de flammes ronflantes, son sourire aux lèvres, elle semblait aussi éternelle que le Néant qui se voyait dans ses yeux sans vie. C’était une abomination. Trataïr le savait maintenant. Elle n’était pas là pour lui, pour briser son misérable esprit, mais bien pour répandre le malheur sur toutes les créatures qui foulent cette terre. Elle était implacable, impersonnelle et imperturbable. Ce n’était qu’une arme, forgée par une Déesse folle pour se venger des enfants de son amant perdu. Cela faisait longtemps que le jeune homme connaissait cette légende, mais désormais il en voyait l’incarnation. Oh oui, il savait maintenant. Et c’est plein de détermination qu’il comptait bien repartir de cet endroit avec le cadavre, inerte cette fois, de cette demoiselle sous le bras.

Le venin qui transpirait de ses mots n’avait plus aucun effet sur le soldat qui n’écoutait déjà plus, se réjouissant déjà de déverser toute la souffrance qu’elle lui avait donné en si peu de temps sur son visage grâce à la masse d’acier qu’il avait dans les mains. Il affichait même un discret sourire en se concentrant sur l’unique idée de faire payer à ce fléau irréaliste toute la folie qu’elle semait autour d’elle. Elle recouvrit avec calme et lenteur son visage d’albâtre. Elle continuait de psalmodier comme une prière égoïste des phrases au sens philosophique plus qu’intéressant mais que Trataïr s’efforça d’ignorer le plus possible. Il devait rester calme, aussi impassible que le granit pour déjouer les plans de destructions de cette infamie.

Puis le voile retomba.

Et l’étoffe révéla un visage tout droit sorti des tréfonds cauchemardesques de contrées qu’on ne saurait nommer mais dont chaque pierre, chaque rayon de lune ou de soleil, chaque vestige d’anciennes demeures désormais rongées par le temps… tout cela était imprégner de la haine et de la cruauté d’une seule et unique entité qui avait créé ce qu’il avait devant lui. Comment ? Comment quelque chose d’aussi gracieux, l’incarnation de l’illusion qu’était l’innocence… Comment pouvait-elle devenir ça ? De douloureux souvenirs remontèrent par vagues lancinantes dans la tête du jeune homme… L’expédition, les hordes de cadavres putréfiés qui marchaient pourtant parmi les hommes. Enfin… plutôt en direction des hommes. Dont le seul but était d’infecter de leur virus malsain tous les êtres qui vivaient paisiblement dans ce monde. Ils voulaient tous détruire Terra, ils voulaient détruire la vie… Trataïr n’était pas exactement le héros des fables doté de mille prodiges et qui sauve la veuve et l’orphelin, mais il s’était juré, au fin fond du camp des Terres Infectés, que plus jamais il ne laisserait ce genre d’abominations perfides fouler le sol de cette terre impunément. Un rictus de haine infinie passa sur son visage qui s’éclaira d’une rage sans nulle autre pareille.

- Tu n’es que l’incarnation même de la perfidie pestilentielle de celle qui t’a créée… Tu n’es que son arme. Sans âme, sans but, sans existence… Tu n’es née que pour pourrir la vie des honnêtes gens qui vivent sur se sol car tel a été leur droit depuis l’aube des temps !! Une telle abomination ne devrait pas exister…

Tandis qu’il parlait, sa tête était baissée vers le sol. Des larmes chaudes coulaient sur ses joues et roulaient dans sa barbe qui devenait étrangement de plus en plus épaisse et blanche à chaque seconde. Tout son corps se recouvrait de poils couleur de neige. On voyait ses épaules se développer à vue d’œil à l’instar de tous les muscles apparents de son corps qui grandissait toujours plus. Son armure se détacha pour s’écrouler lourdement sur le sol. La morphologie entière de sa tête, de ses bras et de ses jambes se modifiait pour prendre les traits d’un loup puissant. Au bout d’une minute à peine, Trataïr avait revêtu un aspect monstrueusement inquiétant. Hybride entre l’homme et l’animal. Gorgé de haine et de tourments. Ses lèvres s’étiraient dans une large grimace qui découvrait ses multiples crocs. Son dos vouté se soulevait au rythme régulier, et étrangement calme, de sa respiration bruyante. Les émeraudes qu’étaient ses yeux luisaient d’un effroyable éclat sauvage encore plus accentué par le rayonnement du brasier. Ces véritables éclats sordides se posèrent sur la face défigurée de la madone. Sous cette effrayante apparence, d’un style tout différent de celle de Messaline, il arrivait à peine à parler. Sa voix était grondante et ses mots mal articulés. Mais elle était néanmoins compréhensible.

- … Et je ferais en sorte… que ce soit une réalité…. Tu vas rejoindre… ta putride déesse dans ses Limbes infâmes… et tu lui diras que je ferais parti des gens… qui lui résisteront jusqu’au bout…


Le monstre se jeta alors sur le frêle corps défraichi dans un bond à une vitesse incroyable. Avec une force démesurée, il plaqua le cadavre contre un de bois fragilisé par la morsure des flammes. Elle atterrit quelques mètres plus loin dans la pièce voisine. Une chambre qui n’était pour l’instant pas trop attaquée par le feu. Le loup hurla sa colère contre cette immondice avant de la regarder à nouveau.

- Tes mots sont bien jolies… sale cadavre… mais que peuvent-ils faire si l’on écrase ton crâne ? … J’ai combattu de longues semaines… des gens comme toi… Tu les éventrais… ils se relevaient… Cela ne devrait pas être ainsi… Cependant lorsque l’on vous attaque la tête… de n’importe quelle façon… vous ne vous relevez pas… Alors prépare-toi…

Trataïr

Trataïr


Lycan

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